En cours au Siège de l'ONU

Soixante-quatorzième session,
14e séance plénière – matin
AG/12200

L’Assemblée générale entérine les Déclarations politiques sur la couverture sanitaire universelle et les « Orientations de Samoa »

L’Assemblée générale a adopté ce matin, sans vote, deux résolutions par lesquelles elle entérine les Déclarations politiques adoptées respectivement lors des réunions de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, le 23 septembre 2019, et sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre des « Orientations de Samoa », le 27 septembre. 

Dans les 83 paragraphes de la Déclaration politique issue de la Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, les chefs d’État et de gouvernement constatent qu’au moins la moitié de la population mondiale n’a pas accès à des services de santé essentiels et que, chaque année, près de 100 millions de personnes tombent dans la pauvreté en raison des frais médicaux à leur charge.  Les patients assument en effet le tiers des 7 500 milliards de dollars de dépenses de santé annuelles dans le monde.

Pour inverser cette tendance, les chefs d’État et de gouvernement prennent acte de la recommandation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tendant à ce qu’au moins 1% du PIB en plus soit consacré aux dépenses de santé.  Pour appuyer les efforts nationaux, ils envisagent d’utiliser des mécanismes de financement traditionnels ou novateurs tels que l’Alliance du Vaccin ou encore le Mécanisme mondial de financement pour les femmes, les enfants et les adolescents.  Ils réaffirment aussi l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) pour promouvoir un meilleur accès à des médicaments abordables, dont les médicaments génériques. 

Les chefs d’État et de gouvernement n’oublient pas qu’ils manquent quelque 18 millions de travailleurs sanitaires dans le monde.  Ils promettent donc de répondre à la demande croissante qui exige la création de 40 millions d’emplois dans le secteur de la santé d’ici à 2030.  Ils se donnent d’ailleurs rendez-vous, en 2023 à New York, pour faire le point sur la mise en œuvre de leur Déclaration politique. 

Cette Déclaration a été commentée par plusieurs délégations, aujourd’hui, dont certaines, comme la Hongrie et les États-Unis, ont émis des réserves sur les dispositions relatives à la santé sexuelle et procréative et à la couverture sanitaire des migrants. 

L’Assemblée générale a également adopté la Déclaration politique issue de la Réunion de haut niveau chargée d’examiner les progrès dans les Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement dites « Orientations de Samoa », adoptées à la troisième Conférence internationale sur ces États qui s’est déroulée, à Apia, du 1er au 4 septembre 2014.  Le Guatamala, les États-Unis, l’Union européenne et Belize ont fait des commentaires aujourd’hui. 

La Déclaration politique se décline en 31 paragraphes sur le préambule; les progrès, lacunes et défis; et l’appel à l’action.  Pour épauler des États qui « continuent de se heurter à un ensemble de problèmes que posent en particulier leur éloignement géographique, leur économie à petite échelle, les coûts élevés et les répercussions négatives des changements climatiques et des catastrophes naturelles », les chefs d’État et de gouvernement préconisent 24 mesures. 

Comme on l’a vu dernièrement aux Bahamas, le passage d’un ouragan peut balayer des années d’efforts de développement.  Les chefs d’État et de gouvernement s’engagent donc à aider les petits États insulaires en développement à atténuer les effets néfastes des changements climatiques et à s’y adapter en adoptant diverses méthodes, telles que des solutions fondées sur les écosystèmes et la nature, sans risquer de mettre en péril la viabilité de la dette, en étudiant des mécanismes tels que des initiatives d’échange de dettes semblables à l’initiative d’échange de dettes contre des mesures d’adaptation aux changements climatiques de la Commission économique pour l’Amérique latine et des Caraïbes (CEPALC). 

D’autres instruments et mécanismes financiers novateurs seront recherchés comme l’échange de créances contre des programmes de développement ou les obligations bleues ou vertes.  Les chefs d’État et de gouvernement constatent aussi avec préoccupation les problèmes de transition rencontrés par les petits États insulaires récemment sortis de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) ou sur le point d’en sortir.  Soucieux de faire en sorte que la sortie de cette catégorie ne ralentisse pas les progrès en matière de développement, ils soulignent qu’il est nécessaire d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie de transition pluriannuelle viable pour empêcher que ces pays perdent des prêts à des conditions favorables, réduire le risque qu’ils s’endettent lourdement et assurer leur stabilité macrofinancière. 

Par ailleurs, sur recommandation de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, l’Assemblée générale a adopté sans vote une résolution en vertu de laquelle les Comores, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie seront autorisées à participer aux votes, étant donné que « le non-paiement, par ses États, de la totalité du montant minimum requis pour éviter l’application de l’Article 19 de la Charte est dû à des circonstances indépendantes de leur volonté ». 

L’Assemblée générale a également suivi une autre recommandation de sa Cinquième Commission en approuvant la nomination de Mme Donna-Marie Chiurazzi-Maxfield, des États-Unis, du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), pour un mandat allant du 14 octobre 2019 au 31 décembre 2020.

De son côté, le Bélarus a souhaité que, dans la perspective du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU en 2020, l’Assemblée proclame une journée internationale des délégués commémorant le lancement de la Conférence de San Francisco qui a donné naissance à l’Organisation.  Mais c’est la journée internationale de l’accès universel à l’information qui devrait être proclamée à la prochaine séance prévue, jeudi 15 octobre, à partir de 11 heures.  L’Assemblée devrait aussi adopter la Déclaration politique de son Forum de haut niveau sur le développement durable. 

APPLICATION ET SUIVI INTEGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES

Pour l’examen de cette question, l’Assemblée générale était saisie d’une note du Secrétaire général transmettant le rapport sur les activités en 2018 ainsi que les budget et programme de travail en 2019 de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés (A/74/134).  Installée à Gebze, en Turquie, la Banque aide les 47 pays les moins avancés à renforcer leurs capacités scientifiques, technologiques et d’innovation en vue d’un développement durable. 

L’Assemblée était également saisie d’une note du Secrétaire général transmettant le rapport du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel sur la Troisième Décennie du développement de l’Afrique (2016-2025) (A/74/199)

Le rapport rappelle l’entrée en vigueur, le 30 mai 2019, de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine, qui pourrait catalyser la transformation structurelle, en dynamisant l’industrialisation, la diversification économique et l’emploi.  La Zone créera un marché continental de 1,2 milliard de consommateurs et avec un PIB combiné de 2 500 milliards de dollars.  Pour exploiter tout le potentiel de la Zone en matière d’industrialisation, les dirigeants africains, ainsi que les entreprises du continent, sont appelés à s’adapter au nouvel environnement numérique.

Déclaration

Le représentant du Bélarus a rappelé que l’année prochaine, l’ONU célébrera son soixante-quinzième anniversaire.  Dans ce contexte, mon pays, a aussi rappelé le représentant, a proposé à l’Assemblée générale la proclamation de la Journée internationale des délégués pour commémorer le lancement de la Conférence de San Francisco qui a donné naissance à l’Organisation. 

SANTÉ MONDIALE ET POLITIQUE ÉTRANGÈRE

Après l’adoption de la Déclaration politique issue de la Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, du 23 septembre dernier, (A/74/L.4), l’Assemblée générale a entendu plusieurs commentaires. 

La représentante du Guatemala a exprimé des réserves sur le paragraphe 68 de la Déclaration qui dit: « assurer, d’ici à 2030, un accès universel aux soins de santé sexuelle et procréative, y compris en ce qui concerne la planification familiale, l’information et l’éducation et la prise en compte des questions de santé procréative dans les stratégies et politiques nationales et faire en sorte que chacun et chacune puissent exercer ses droits en matière de procréation… ».  La Constitution guatémaltèque, a souligné la représentante, dispose que l’État est chargé « de protéger et de garantir la vie humaine dès la conception ». 

Président du Groupe des Amis de la couverture sanitaire universelle, le représentant du Japon a lié cette question à celle de la sécurité humaine qui est de « ne laisser personne sur le côté ».  C’est dans ce cadre que le Japon promeut la couverture sanitaire universelle sur les plans bilatéral et multilatéral, y compris au sein des organisations internationales, du G7 et plus récemment, lors de sa présidence du G20.  Il est temps que les États Membres mettent en œuvre leurs engagements, s’est impatienté le représentant. 

Son homologue de la Hongrie a dénoncé une Déclaration politique qui ne tient pas compte de la souveraineté nationale.  Commentant en particulier les dispositions sur l’accès des migrants à la santé, elle a prévenu que son gouvernement n’entend en aucun cas mettre en place des politiques qui pourraient défavoriser ses propres citoyens en les mettant sur un pied d’égalité avec des étrangers.  La représentante a aussi rappelé que la notion de santé sexuelle et procréative ne fait toujours pas l’objet d’un consensus international.

Le délégué de la Libye a, à son tour, regretté l’introduction de la Déclaration politique de « notions controversées ».  La question de la santé sexuelle et procréative ne fait pas l’unanimité dans le monde, a-t-il confirmé, ajoutant qu’elle est tout aussi contraire à la Constitution libyenne.    

La représentante des États-Unis a d’abord rappelé que son pays a consacré, en 2019, la somme de 19 milliards de dollars à des programmes de santé à travers le monde.  Il ne faut pas pour autant, a-t-elle prévenu, mettre en avant des questions « sensibles » comme celle de l’avortement, alors qu’il n’existe aucun consensus.  Chaque pays a ses propres besoins sanitaires et il est inacceptable que des délégations politisent la Déclaration politique, a tancé la représentante, en émettant, à son tour, des réserves aux références à la santé sexuelle et procréative.  Chaque enfant, s’est-elle expliquée, « est un don de Dieu ».  La représentante a aussi appuyé les propos de la Hongrie sur l’accès des migrants à la santé « Tous les migrants ne peuvent être considérés comme vulnérables en vertu du droit international », a-t-elle argué.

Son homologue de l’Union européenne a insisté sur son attachement aux droits de la personne, y compris les droits à la santé sexuelle et procréative.  « Chaque individu a le droit de prendre soin de son propre corps sans aucune discrimination », a-t-il asséné, promettant que l´Union européenne poursuivra son œuvre de vulgarisation de la couverture sanitaire universelle dans son espace et dans le monde entier. 

Le représentant de la Fédération de Russie a appelé les délégations à un dialogue constructif pour universaliser la couverture sanitaire. 

L’Observateur du Saint-Siège a demandé que l’attention soit surtout portée sur les besoins sanitaires des plus pauvres et de tous ceux qui risquent d’être laissés sur le côté.  Il a tout de même rejeté l’interprétation selon laquelle l’avortement par choix personnel ou raison médicale, les mères porteuses ou autre stérilisation font partie de la couverture sanitaire universelle.  Il a aussi dit tenir à l’usage « ordinaire et généralement accepté » du terme genre.  Le genre, a-t-il tranché, c’est l’identité biologique qui distingue le mâle de la femelle. 

À son tour, le représentant de la Suisse a appelé à un dialogue constructif pour faire avancer le concept de couverture sanitaire universelle. 

SUIVI ET APPLICATION DES MODALITÉS D’ACTION ACCÉLÉRÉES DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DEVELOPPEMENT (ORIENTATIONS DE SAMOA)

L’Assemblée générale, qui a adopté la Déclaration politique issue de la Réunion de haut niveau chargée d’examiner les progrès dans les Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (A/74/L.3), a ici aussi entendu plusieurs commentaires.

La représentante du Guatemala a d’abord exprimé sa solidarité avec les Bahamas et tous les pays frappés par l’ouragan Dorian, à cause des changements climatiques.  La Déclaration politique, s’est-elle réjouie, met en exergue l’importance des alliances en faveur du développement mais aussi des envois de fonds, dont l’importance est reconnue dans la résolution proclamant la Journée internationale des envois de fonds familiaux.  Insistant sur l’accès des petits États insulaires aux financements, elle a salué l’initiative « Dette contre adaptation au climat » de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Elle a par ailleurs plaidé pour un transfert de technologies « approprié, fiable, abordable, moderne et écologique ». 

Son homologue des États-Unis a rappelé que son pays a débloqué une somme de plus de 43 millions pour venir en aide aux Bahamas après le passage de l’ouragan Dorian.  L’aide publique au développement des États-Unis s’est élevé à 3,2 milliards de dollars cette année, sans oublier les plus de 350 millions que les différents organismes américains ont versé pour aider les pays de la région.  La représentante a tout de même tenu à souligner que, pour son pays, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement sont des documents « non contraignants ». 

Nous refusons, a-t-elle ajouté, que le Programme 2030 serve de prétexte pour créer des obligations en matière de propriété intellectuelle ou d’échanges commerciaux.  Elle a confirmé que son pays s’est bien retiré de l’Accord de Paris sur le climat et réitéré la position de ce dernier sur le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes.  Chaque État, a-t-elle asséné, a le droit « souverain » de déterminer sa coopération avec tel ou tel pays.  Elle s’est félicitée des bonnes relations commerciales qu’entretient son pays, sur la base d’une collaboration libre et réciproque.  « Nous ne recevrons pas d’ordre de l’ONU », a-t-elle prévenu. 

La représentante s’est attardée sur l’alinéa 22 de la Déclaration politique lequel parle des envois de fonds, de leurs coûts, et de l’accès restreint aux services de correspondants bancaires.  Elle a argué que l’accès à certains services doit être contrôlé pour le barrer à ceux qui pourraient utiliser ces services à mauvais escient.  Quant à l’alinéa 30 k) qui parle de la prise en compte des questions de genre dans les domaines prioritaires du développement durable, elle a souligné que l’accès à l’avortement ne fait en aucun cas partie de ces droits des femmes. 

Le représentant de l’Union européenne a lié la Déclaration politique au Cadre de Sendaï et à tous les autres documents relatifs aux mesures à prendre en faveur des petits États insulaires en développement.  Il a regretté un libellé trop faible et souligné que toute discussion sur les risques liés aux catastrophes doit tenir compte de tout ce qui a été préalablement agréé. 

Son homologue de Belize a insisté sur le caractère fondamental d’une pleine application des Orientations de Samoa.  Il faut des mesures rapides et adéquates pour aider les États concernés et enrayer l’impact des émissions de gaz à effet de serre.  Le représentant a aussi plaidé pour la reconfiguration des bureaux de l’ONU dans la région et pour un plus grand rôle des commissions régionales.  Elle a plaidé pour des actions ambitieuses pour que l’on puisse « nous acquitter des responsabilités envers nos peuples ». 

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