De la « coalition pour l’espoir » de l’Iran aux changements climatiques, le débat de l’Assemblée générale placé sous le signe des tensions régionales
Le deuxième jour du débat général a été marqué par la venue du Président de l’Iran qui, face au risque d’embrasement du Golfe persique, a proposé de créer une « coalition pour l’espoir » réunissant les pays de la région, arguant que « la sécurité ne peut être ni achetée, ni fournie par des gouvernements étrangers ».
La vaste majorité des 31 chefs d’État et les six chefs de gouvernement qui se sont succédé à la tribune ont également prévenu de l’urgence qu’il y a à régler le problème des changements climatiques, à l’instar de nombreux pays africains, mais aussi du Premier Ministre des Fidji qui a fustigé l’inaction des nations « trop aveugles pour voir la catastrophe qui se déploie à leurs pieds ou trop impotentes pour faire ce qu’il faut ».
Arguant que la communauté internationale se trouve à un moment déterminant qui définira le cours de l’histoire, M. J. V. Bainimara a notamment exhorté le monde à s’unir autour de ses intérêts communs pour combattre un ennemi des plus puissants: « un monstre que nous avons créé nous-mêmes; une planète en surchauffe qui titube sous le poids de nos excès, nous qui avons pris la résilience pour acquis ».
Le Premier Ministre de la République tchèque, M. Andrej Babiš, a toutefois trouvé injuste et faux de prétendre que personne ne faisait rien. « En tant que Membres des Nations Unies, nous avons une responsabilité commune envers notre planète. Cependant, en tant que dirigeants de nos pays, nous avons une responsabilité envers nos citoyens. Nous avons un mandat pour leur assurer une économie prospère et la protection de l’environnement », a-t-il résumé.
Outre les changements climatiques, nombre de dirigeants se sont préoccupés de la persistance de divers foyers de tensions dans le monde, à commencer par le Président Rouhani, de l’Iran, qui a expliqué que la « coalition pour l’espoir » qu’il préconise permettrait de renforcer les relations pacifiques et amicales entre pays voisins et d’assurer « collectivement » la liberté de navigation et la sécurité de l’approvisionnement énergétique, ainsi que la libre circulation du pétrole et d’autres ressources dans le détroit d’Ormuz et au-delà.
« Notre région est au bord de l’effondrement et une simple maladresse pourrait attiser un feu terrible », a mis en garde M. Rouhani qui a appelé à ne tolérer aucune « intervention provocatrice étrangère ».
Le Chef d’État iranien a également précisé que son retour à la table de négociation sur le Plan d’action global commun ne se fera qu’une fois les sanctions américaines levées. « Je vous le dis sans ambages: si vous êtes satisfaits avec le minimum, alors nous aussi nous en accommoderons, mais si vous voulez davantage alors vous devez donner davantage », a affirmé le Président Rouhani qui a sommé les partenaires de l’Iran de revenir à la « réalité » des négociations, faisant observer que « la séance photo est la dernière étape des négociations, pas la première ».
Les tensions dans la région ont également préoccupé le Président Salih de l’Iraq qui a lui aussi jugé nécessaire de mettre en place un système de sécurité collective. « Nous n’accepterons pas de servir de tremplin pour une guerre contre nos voisins », a-t-il prévenu, tout en estimant que l’Iraq peut devenir un pôle économique pour la région. Il a en outre appelé à faire de la lutte contre l’extrémisme et la création de perspectives pour les jeunes de la région des priorités immédiates.
Toujours au Moyen-Orient, le Président du Liban a dénoncé, pour sa part, le recours permanent à la raison du plus fort, y voyant le « cœur du problème » pour les peuples de la région. Pointant « certains pays et organisations internationales », M. Michel Aoun a par ailleurs dénoncé les « allégations faisant état d’une situation sécuritaire incontrôlée en Syrie » visant, selon lui, à « susciter des inquiétudes chez les personnes déplacées ». Il a dit craindre que ces dernières ne deviennent « otages d’un éventuel troc dans le cadre d’une solution politique internationale à venir » et a prévenu qu’une telle attitude pourrait de facto pousser son gouvernement à encourager le processus de retour des réfugiés, en accord avec l’État syrien, afin de résoudre cette problématique « qui menace l’existence même du Liban ».
La situation en Libye s’est également imposée, notamment en raison de l’appel du Chef d’État libyen au lancement d’une mission d’établissement des faits du Conseil de sécurité et de la Cour pénale internationale (CPI) sur les attaques lancées par le général Khalifa Haftar. « Dans ce conflit, le silence est aussi une arme pour les agresseurs », a notamment souligné M. Faiez Mustafa Serraj.
Le Président du Mali s’est, pour sa part, particulièrement soucié des répercussions de la situation en Libye sur le Sahel. Prévenant que l’environnement demeure volatile, il a souligné que les pays du G5 Sahel étaient conscients qu’une stratégie « tout sécuritaire » ne saurait apporter une paix durable dans la région. Toujours en Afrique, le Président de la République centrafricaine, M. Faustin Archange Touadéra, a plaidé, pour sa part, pour une levée totale de l’embargo sur les armes pour permettre à l’État d’étendre son autorité sur l’ensemble du territoire national.
Du côté des Amériques, ce sont les répercussions de la crise au Venezuela qui ont le plus préoccupé les chefs d’État de la région qui sont intervenus aujourd’hui. Le Président de la Colombie, M. Iván Duque, a notamment accusé la « dictature vénézuélienne » d’être un maillon supplémentaire de la chaîne du terrorisme transnational et a affirmé disposer de preuves formelles démontrant la « complicité » de M. Nicolás Maduro qui abriterait, sur le territoire vénézuélien, des éléments de l’Armée de libération nationale (ELN), un groupe rebelle colombien.
Ce deuxième jour a également été marqué par la première intervention, depuis la tribune, du nouveau Président de l’Ukraine, M. Volodymyr Zelinski, qui a brandi une balle de 12,5 millimètres depuis la tribune, pour ensuite déplorer que « l’on résout les problèmes par les armes et non pas par les mots et le dialogue ».
Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, jeudi 26 septembre à partir de 9 heures.
Suite du débat général
M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, a relevé que tous les pays représentés à l’Assemblée générale ont des valeurs et des problèmes différents, mais quelque chose les unit: « chacun d’entre nous a prononcé une première allocution depuis cette tribune ». Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là, lorsque le mélange de pragmatisme et de réalité géopolitique n’avait pas encore épuisé votre foi en votre capacité de pouvoir changer le monde? leur a-t-il demandé. « Rappelez-vous combien il était important pour vous de faire passer le message, de vous faire entendre? Je ressens la même chose aujourd’hui », a-t-il avoué.
Il a ensuite cité le cas de Vasyl Slipak, un chanteur d’opéra ukrainien de renommée mondiale dont la carrière a été coupée court dans le Donbass « par une balle » alors qu’il défendait son pays contre l’agression russe. Brandissant une balle depuis la tribune, M. Zelensky a indiqué que l’engin de 12,5 millimètres qui avait coûté la vie à l’artiste lyrique peut s’acheter pour moins de 10 dollars. « Voilà le coût d’une vie humaine aujourd’hui », a déploré le Président ukrainien en s’exclamant: « bienvenue au XXIe siècle, un siècle de possibilités, comme celle d’être tué au lieu d’être écouté et entendu ».
Il s’est attardé sur le conflit que connaît son pays depuis cinq ans, précisant que celui-ci avait fait, à ce jour, 13 000 morts et 1,5 million de déplacés. Il a affirmé que mettre fin à la guerre, regagner tous les territoires ukrainiens occupés et rétablir la paix sont ses principaux objectifs, mais a prévenu qu’il ne le fera pas au coût de la vie de ses citoyens. Il a réclamé l’appui de la communauté internationale pour mettre fin à cette guerre « qui fait rage au centre de l’Europe ».
« On ne peut pas fermer les yeux sur ce genre de chose et penser que cela ne nous concerne pas », a mis en garde M. Zelensky en rappelant que c’est précisément l’absence de volonté et l’inaction qui étaient à l’origine de deux guerres mondiales. L’Ukraine n’a pas oublié et elle a toujours fait la preuve de son attachement à la paix, notamment en renonçant à son arsenal nucléaire, a-t-il ajouté. Elle croit en un avenir et en un effort collectif qui pourrait faire émerger un monde nouveau, un monde où chacun serait entendu et respecté, qu’on soit une puissance nucléaire ou pas.
Le Président ukrainien a précisé qu’il ne remet pas en question la crédibilité du système international, et surtout pas celle de l’ONU, mais a néanmoins estimé qu’une révision de ce système s’impose. « Au final, qu’est-ce qui unit les nations aujourd’hui: les catastrophes et les conflits ou des valeurs et objectifs communs? » s’est-il interrogé.
Que faut-il faire lorsque les fondements même de la sécurité internationale sont compromis, a-t-il poursuivi, constatant que chaque guerre représente une menace pour la civilisation dans son ensemble. « L’humanité a toujours su trouver des solutions pour raccourcir les distances ou soigner les malades, mais une chose n’a jamais changé, à savoir que l’on résout les problèmes par les armes et non pas par les mots et le dialogue. »
Il a alerté que les avancées technologiques sont telles qu’en l’espace de temps suffisant pour prononcer quelques mots, des mondes entiers peuvent être rayés de la carte. Dès lors, M. Zelensky a estimé que chaque dirigeant doit assumer sa part de responsabilité pour son pays, mais aussi le reste du monde. À ses yeux, un dirigeant fort, c’est celui qui garde à l’esprit l’importance de chaque vie humaine. « Sinon quelle est la finalité des réunions que nous avons ici? S’agit-il simplement d’une tribune pour annoncer des bonnes intentions alors que les actes ne suivent pas? » a-t-il ironisé. C’est pourtant les vies de sept milliards de personnes qui en dépendent puisque les principes de base de ce scenario sont fixés ici, a-t-il commenté.
Citant les écrivains Erich Maria Remarque et Ernest Hemingway, il a appelé à un nouvel état d’esprit qui fasse fi de l’agression, de la colère et de la haine, avant de mettre en garde qu’à défaut, les générations futures, « ces générations paralysées », connaîtront d’autres guerres. « Nous devons tout faire pour qu’il n’y ait pas de troisième guerre mondiale », a-t-il conclu sur une note grave.
M. KLAUS WERNER IOHANNIS, Président de la Roumanie, a renouvelé l’engagement de son pays en faveur du multilatéralisme. Il a passé en revue le chemin parcouru par la Roumanie depuis la chute du rideau de fer pour adopter les « valeurs occidentales » et respecter le droit international, pour ensuite faire part de son soutien à la réforme de l’ONU.
Le Président roumain s’est inquiété des « conséquences dévastatrices » des changements climatiques qui, a-t-il indiqué, n’épargnent pas la Roumanie. Il a détaillé les actions menées par son pays pour limiter le réchauffement climatique, respecter l’Accord de Paris et atteindre les 17 objectifs de développement durable. Il a également souligné le rôle de la Roumanie au sein de l’Union européenne pour faire avancer la transition vers une économie neutre en carbone.
Évoquant les questions sécuritaires, M. Iohannis a dénoncé des « actions délibérées visant à saper la sécurité », citant notamment le cas de la mer Noire. Il a dénoncé des ingérences qui minent la sécurité des États avec la présence de troupes étrangères sur le territoire d’autres nations et l’utilisation de « techniques hybrides ». Il a ensuite insisté sur le respect des résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU.
M. Iohannis est également revenu sur la participation de son pays aux missions de maintien de la paix de l’ONU, notamment au Mali. Il a fait part de sa profonde préoccupation face à la propagation du terrorisme, notamment lorsque des missions diplomatiques sont prises pour cibles. Il a déploré la mort de deux citoyens roumains et les blessures subies par un troisième lors d’un récent attentat à Kaboul, en Afghanistan.
M. BARHAM SALIH, Président de l’Iraq, a rappelé que l’ONU se fonde sur la coopération afin de réaliser les valeurs qui la sous-tendent et régler les conflits par des moyens pacifiques. Ce cheminement est long, jonché de succès et d’échecs, mais les espoirs de millions de personnes s’appuient encore sur « notre Organisation », a-t-il dit.
Il a ensuite indiqué parler au nom d’un pays qui continue de lutter contre le terrorisme, en essayant de préserver la dignité de ses citoyens, tout en cherchant à parvenir à la paix et au développement durables. Le projet terroriste de Daech avait pour but de détruire l’Iraq et la région, et les Iraquiens ont consentis d’énormes sacrifices dans leur combat contre ce fléau, aux côtés de leurs alliés, a poursuivi M. Salih. L’histoire ne l’oubliera pas. L’Iraq a réussi à déjouer le projet takfiri, a-t-il tranché.
Faisant état d’avancées positives, le Président a appelé à les consolider en tenant compte de tout ce qu’a subi le peuple iraquien ces 40 dernières années. Pratiquement aucun autre pays n’a subi ce qu’a enduré l’Iraq sur la durée, a-t-il estimé. Il a demandé à la communauté internationale de reconnaître cet exploit, tout en lui rappelant qu’il existe encore de nombreux défis à relever, lesquels exigent une coopération internationale afin de répondre, notamment, aux causes profondes des problèmes de l’Iraq et de la région.
M. Salih a tiré la sonnette d’alarme face aux foyers terroristes dangereux qui cherchent à réémerger, en Syrie notamment. Notre région est frappée par des conflits et des guerres et il faut impérativement trouver des solutions pour sortir de cette impasse, notamment en Syrie où une solution politique s’impose de toute urgence, a-t-il estimé. Il a également réaffirmé le droit légitime du peuple palestinien à créer son propre État sur ses territoires, et a dénoncé l’annexion du plateau du Golan par Israël.
Le Chef de l’État iraquien s’est également inquiété de constater que la sécurité des pays du Golfe est prise pour cible. La communauté internationale doit apporter son aide pour faire face à cette situation qui, a-t-il mis en garde, pourrait avoir des incidences graves sur la région et le monde. Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle guerre dans la région, s’est-il impatienté, en appelant au dialogue. Il a souligné que la lutte contre l’extrémisme et la création de perspectives pour les jeunes de la région sont des priorités immédiates, « alors faisons en sorte de calmer les tensions et adoptons une approche constructive ».
À cet égard, le Président a reconnu l’importance que revêt la stabilité de l’Iraq pour le reste de la région et s’est engagé à tout faire pour que sa stabilité soit durable. L’Iraq doit devenir une passerelle pour une plus grande coopération, a voulu le Président, en appelant à mettre en place un système de sécurité collective pour la région. « Nous n’accepterons pas de servir de tremplin pour une guerre contre nos voisins », a-t-il prévenu, rappelant notamment les liens culturels et religieux « très forts » qui unissent l’Iraq et l’Iran, mais aussi la Turquie. Un Iraq démocratique, uni et stable permettra de rapprocher les voisins et de renforcer la coopération entre ces pays, a-t-il souligné. Dès lors M. Salih espère que ces pays voisins et la communauté internationale veilleront à ce que l’Iraq n’ait pas à payer pour leurs conflits.
Il a expliqué que son gouvernement s’est fixé pour priorité de consolider les acquis, de reconstruire un pays ravagé par la guerre et de créer un environnement propice au retour des réfugiés iraquiens, tout en offrant des opportunités aux générations futures et en luttant contre la corruption et le terrorisme « qui vont main dans la main ». En effet, il faut assécher collectivement les sources de financement du terrorisme, un fléau qui concerne tout le monde, a affirmé le Président.
M. Salih a rappelé que le patrimoine pluriconfessionnel et historique de la Mésopotamie fait de l’Iraq une culture de tolérance. Il a plaidé pour un projet à grande échelle pour la reconstruction de l’Iraq et au retour de l’investissement privé, estimant que l’Iraq peut devenir un pôle économique pour la région. Avant de conclure son intervention, il a prononcé en kurde quelques mots sur l’Islam en tant que religion de paix.
Le Libéria est un franc succès des Nations Unies, a déclaré M. GEORGE MANNEH WEAH, Président du Libéria, dès l’entame de son discours, revenant brièvement sur la guerre civile qui a dévasté son pays pendant 14 ans. Sous les auspices de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), la plus grande opération de maintien de la paix dans l’histoire de l’Organisation, les Libériens ont pu jouir de 16 ans de paix. Depuis le départ de la MINUL, il y a deux ans, la responsabilité de la paix repose désormais sur le Gouvernement, a dit le Président, qui s’énorgueillit que son pays soit une référence en matière de démocratie en Afrique.
« Il n’y a pas de prisonniers politiques » au Libéria, a-t-il poursuivi. Les libertés de presse, d’expression et d’association sont respectées et les manifestations qui ont lieu de temps en temps sont l’expression de la maturité de notre démocratie. Cependant, il a fait part de l’émergence de « menaces rampantes » à la paix et stabilité du pays, accusant certains individus, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, notamment des candidats malheureux aux élections, de véhiculer à travers les réseaux sociaux et autres supports, un discours de haine avec comme objectif d’accéder au pouvoir par des moyens non démocratiques. « Cela est inacceptable et ne doit en aucun cas être encouragé », s’est-il emporté, invitant l’ensemble des Libériens, y compris la majorité et l’opposition, à respecter les règles de droit.
M. Weah a ensuite rappelé que la Commission Vérité et réconciliation, créée en vertu de l’Accord de paix global signé à Accra (Ghana) en août 2003 qui a mis fin à la guerre , s’était prononcée en faveur de l’établissement d’un tribunal pénal extraordinaire pour juger les personnes accusées d’avoir commis de graves violations des droits de l’homme et des crimes économiques entre 1979 et 2003, ainsi que la mise en place d’un mécanisme de résolution des conflits le Programme Case à palabres, traditionnellement en usage au Libéria.
Le Président libérien a aussi rappelé que l’année dernière, depuis cette même tribune, il avait marqué sa préférence pour le dialogue en tant que mécanisme de résolution des conflits pour que le Gouvernement et le peuple puissent ensemble axer davantage leurs « efforts » sur la réduction de la pauvreté, la croissance, le développement économique que sur la vengeance.
Cependant, depuis lors, a-t-il poursuivi, de plus en plus de voix se sont élevées pour appeler à l’établissement d’un « tribunal économique et pour crimes de guerre ». Il a expliqué que ces voix émanent aussi bien de victimes de guerre que des présumés coupables qui souhaitent libérer leur conscience. De nombreuses organisations internationales ainsi que certains partenaires internationaux soutiennent aussi cette idée.
Le Président a avoué ne pas comprendre cette ferveur soudaine en faveur de l’établissement d’une telle cour, une décennie après les premières recommandations issues de l’Accord de paix d’Accra. Néanmoins, a-t-il assuré, notre gouvernement reste à l’écoute et reconnaît l’importance de s’accorder sur un mécanisme capable d’assurer la paix, la stabilité, la justice et la réconciliation, mais aussi d’améliorer nos perspectives de relèvement économique.
Il a indiqué avoir d’ores et déjà entamé un large processus de consultations inclusives auprès de la législature nationale et des partenaires internationaux stratégiques, afin de définir des questions pertinentes, liées notamment au cadre juridique, au calendrier, à l’emplacement et au financement.
Il a appelé à un large soutien alors que « nous nous embarquons dans cette importante entreprise nationale ».
Sur le volet économique, il a parlé de la mise en œuvre du « Pro-Poor Agenda for Prosperity and Development », « compas pour la reconstruction, le développement et la modernisation ». Il a cependant fait état d’importants défis de mise en œuvre en raison notamment de la chute du prix des principales exportations du pays, de manque de revenus et de déséquilibres structuraux. Il a annoncé que son administration avait récemment mis sur pied un nouveau cadre d’incitations à l’investissement et d’allégements fiscaux et a invité les investisseurs à se saisir de cette opportunité. Le leadership et la gestion de la Banque centrale sont en cours de réorganisation afin de la rendre plus efficace, et un dialogue économique national a été initié récemment.
Pour finir, il a fait part de la détermination de son pays à demeurer engagé en tant que membre responsable de la communauté internationale sur les plans, bilatéral, régional et multilatéral.
M. MICHEL AOUN, Président du Liban, s’est tout d’abord félicité du vote, le 16 septembre dernier, par l’Assemblée générale, de la résolution relative à la création de « l’Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue » au Liban et a remercié les pays ayant parrainé ce projet. « La paix véritable est celle qui reste celle qui unit les humains et non pas celle inscrite sur le papier », a-t-il affirmé, insistant sur le rôle du Liban comme terre de « convergence et de dialogue ».
Évoquant les changements climatiques, il a indiqué que son pays soutient l’initiative lancée par le Président autrichien visant à atteindre des bilans carbone nationaux neutres en 2050. Il a rappelé que le Liban a été un des premiers pays à signer l’Accord de Paris de 2015.
Il a souligné que le Liban a lancé un « plan d’action national complet » pour l’exécution de la résolution 1325 concernant les droits des femmes, la paix et la sécurité. Il a précisé que les travaux menant à la création d’une commission nationale des droits de l’homme et d’un comité contre la torture sont achevés.
M. Aoun s’est ensuite inquiété « de l’impact négatif de grande ampleur qu’entraîne la crise des personnes déplacées sur notre territoire sur les plans politique, social, économique et environnemental ». Il a averti que cette crise « menace de façon grave » tout programme de développement durable au Liban. Il a appelé les dirigeants du monde à contribuer au retour « en toute sécurité » des déplacés en Syrie. « La communauté internationale ne peut pas se contenter de fournir une assistance minimale aux personnes déplacées dans les terres d’asile », a-t-il martelé.
« Aujourd’hui, les conditions d’un retour sont réunies », a estimé le Président libanais. Invoquant « les experts internationaux », il a affirmé que la situation sécuritaire est stabilisée dans la majeure partie de la Syrie et que les affrontements militaires ne concernent plus que la région d’Edleb. Il a également dit que 250 000 personnes sont rentrées en Syrie sans qu’aucune information concernant des persécutions ou des mauvais traitements n’ait été signalée.
Pointant « certains pays et organisations internationales », M. Aoun a dénoncé des « allégations faisant état d’une situation sécuritaire incontrôlée en Syrie » visant à « susciter des inquiétudes chez les personnes déplacées ». Il a dit craindre que ces dernières ne deviennent « otages d’un éventuel troc dans le cadre d’une solution politique internationale à venir ». « Une telle attitude pourrait de facto pousser le Liban à encourager le processus de retour des réfugiés, en accord avec l’État syrien, afin de résoudre cette problématique qui menace l’existence même du pays », a-t-il prévenu.
M. Aoun s’est notamment appuyé sur l’exemple des réfugiés chypriotes au Liban, en 1974, pour illustrer la possibilité d’un retour rapide après un cessez-le-feu malgré l’absence de solution politique. Il a pris le cas des réfugiés palestiniens, présents au Liban depuis 1948, comme contre-exemple: l’attente d’une solution politique et l’exécution de la résolution 194 de l’ONU sur leur retour restant vaine depuis plus de 70 ans.
Le Président libanais a aussi mis en garde contre la réduction du financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui exerce « une pression sociale et financière accrue » sur les réfugiés palestiniens. Il a avancé que la jeunesse palestinienne « au lieu d’être demandeuse d’enseignement, n’a plus soif que de revanche », pour ensuite appeler les pays contributeurs à l’UNRWA à doubler leur effort financier.
Abordant la question israélo-palestinienne, M. Aoun a affirmé que « toutes les pratiques israéliennes sont en contradiction avec les principes des Nations Unies ». Il a évoqué, entre autres: « la judaïsation de Jérusalem, la politique systématique de colonisation, la législation contraire aux droits de l’homme, la reconnaissance de l’annexion de territoires occupés par la force, et les promesses d’annexions de nouveaux territoires ».
M. Aoun a aussi a dénoncé les violations répétées de la résolution 1701, qui a mis fin à la guerre de 2006, par Israël. Il a notamment considéré « l’acte offensif qui a eu lieu le mois dernier dans une zone résidentielle du cœur de Beyrouth comme la violation la plus grave de cette résolution ».
Le Chef de l’État a réaffirmé les droits territoriaux du Liban sur les fermes de Chebaa, les collines de Kfarchouba et le nord du Ghajar, qu’il considère comme « occupés par Israël ». Il a précisé que le Liban ne laisserait pas passer une occasion de fixer ses frontières internationales, terrestres et maritimes, annonçant dans la foulée que le Liban commencera des opérations de forage du pétrole et du gaz dans ses eaux territoriales avant la fin de l’année.
Il a dénoncé le recours permanent à la raison du plus fort comme le « cœur du problème » pour les peuples du Moyen-Orient. Élargissant son point de vue, il a évoqué « un principe pervers qui mène aujourd’hui les stratégies politiques et a fait perdre au monde sa stabilité ». « Toutes les opportunités pour résoudre les conflits se sont perdues, cédant la place au chaos », s’est-il notamment inquiété.
M. Aoun a considéré l’ONU comme le seul recours pour garantir le droit international. « Aucune justice ne pourra être établie, aucun droit ne sera préservé, aucune paix ne sera trouvée tant que le principe qui prévaut dans le monde restera: je suis fort donc j’ai raison! » a-t-il conclu.
Alors que l’ONU fait face aux multiples défis auxquels est confrontée l’humanité, les sept décennies qui se sont écoulées depuis sa création démontrent que « le multilatéralisme est un ingrédient essentiel pour la paix mondiale », a observé M. MSWATI III, Chef d’État du Royaume d’Eswatini. Cet effort collectif, qui s’appuie sur la coopération, a notamment permis d’arracher plus d’un milliard de personnes à la pauvreté, a-t-il applaudi, reconnaissant toutefois que des menaces continuent de peser sur la paix, prenant la forme de conflits violents ou d’atrocités de masse. Déplorant que certains de ces conflits soient « parrainés par ceux qui pensent avoir le droit d’imposer leur idéologie aux autres nations du monde », il a appelé le Secrétaire général à décourager ces comportements contraires aux objectifs de l’Organisation.
Pour le souverain, le thème du débat général de cette session de l’Assemblée générale, à savoir « Dynamiser les efforts multilatéraux pour l’éradication de la pauvreté, l’éducation de qualité, l’action contre les changements climatiques et l’inclusion », renvoie au rôle essentiel que jouent les Nations Unies dans la période actuelle. Notant que la plupart des défis contemporains, qu’il s’agisse du terrorisme, des changements climatiques, des migrations ou de la criminalité transnationale organisée, ne peuvent être traités sans recourir à la coopération multilatérale, il a invité l’Assemblée générale à s’employer à réduire les écarts entre les nations et à promouvoir l’action collective. À cet égard, a-t-il relevé, si la communauté internationale a déjà fait beaucoup pour atténuer la pauvreté, d’autres investissements sont nécessaires pour aider les pays en développement à atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030. Or, l’austérité économique mondiale rend aujourd’hui aléatoire le financement de tels efforts pour des pays comme l’Eswatini, a mis en garde le monarque, affirmant compter sur l’intégration des économies africaines pour relever ce défi.
Au-delà des conflits, le continent africain est confronté aux défis de maladies telles que la fièvre hémorragique Ebola, le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, a-t-il poursuivi. Or, au lieu de se concentrer sur leurs objectifs de développement, nombre d’États africains sont confrontés à des problématiques de financement pour répondre à l’urgence sanitaire, a souligné le monarque, réclamant notamment des fonds supplémentaires pour combattre le paludisme en Afrique. Il a cependant indiqué que son royaume figurait parmi les 21 pays du monde en capacité d’inverser la transmission du paludisme indigène d’ici à 2020, ce qui reviendrait à éradiquer la maladie dans le pays. Après avoir lancé un fonds consacré à la lutte contre cette pathologie, l’Eswatini compte faire de même avec le VIH/sida afin d’éliminer cette menace d’ici à 2022, a-t-il dit, saluant le soutien des partenaires du Royaume, à commencer par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Enfin, s’agissant des changements climatiques, le Roi d’Eswatini s’est inquiété des implications de ce fléau sur le développement de l’Afrique. « Les catastrophes naturelles ne connaissent plus de limites dans la région de l’Afrique australe et les pays les plus gravement affectés ne disposent des ressources et des capacités suffisantes pour répondre à de tels défis », a-t-il alerté, se prononçant, là encore, pour une action collective afin de créer un fonds régional permanent à cet effet ainsi que des centres humanitaires sous-régionaux, équipés pour venir en aide rapidement aux victimes. « Le prix à payer, si nous ne réagissons pas promptement aux changements climatiques, sera trop élevé », a insisté le Roi Mswati III.
« Le Moyen-Orient est ravagé par les flammes des guerres, les bains de sang, les agressions, l’oppression et les fanatismes religieux et sectaires », a déclaré M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, à l’entame de son intervention. Le peuple opprimé de Palestine en est la plus grande victime, a-t-il affirmé, pour ensuite estimer que les plans « imposés » par les États-Unis et les sionistes, comme « le deal du siècle », qui reconnaissent Beit-ul Moqaddas comme capitale du régime sioniste et l’accession du Golan syrien et d’autres territoires occupés, sont sans aucun doute voués à l’échec.
Pendant ce temps, l’assistance et la coopération régionale et internationale de l’Iran en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme a été bien plus déterminante, a-t-il poursuivi, en voulant pour preuve la coopération avec la Russie et la Turquie dans le cadre des Accords d’Astana ainsi que la proposition de paix pour le Yémen, proposée par l’Iran, qui a conduit à l’Accord de paix de Stockholm sur le port de Hodeïda.
Je viens d’un pays qui a subi et résisté à un « terrorisme économique sans pitié », a poursuivi le Président iranien. Il a accusé le Gouvernement américain, en imposant des sanctions extraterritoriales et en faisant planer des menaces contre d’autres nations, d’avoir déployé beaucoup d’efforts pour priver l’Iran des avantages liés à sa participation à l’économie mondiale. Il a également accusé les États-Unis d’avoir eu recours à « la piraterie internationale » en faisant un usage à mauvais escient du système bancaire international.
Après avoir souligné que les Iraniens ont été les pionniers des mouvements des défenseurs de la liberté dans la région et qu’ils n’ont jamais accepté de courber l’échine face à l’agression étrangère, le Président Rouhani a dit « ne pas croire en l’invitation de ceux qui revendiquent avoir imposé les pires sanctions de l’histoire contre la dignité et la prospérité de notre nation ».
Comment peut-on comprendre, face au meurtre silencieux d’une grande nation et les pressions exercées sur les vies de 83 millions d’Iraniens, que les responsables du Gouvernement américain s’enorgueillissent de telles pressions et des exploits de leurs sanctions imposées à une panoplie de pays allant de l’Iran au Venezuela, de Cuba à la Chine et la Russie, s’est-il indigné. La nation iranienne n’oubliera jamais ces crimes et ne pardonnera jamais à ces criminels, a-t-il déclaré sans ambages.
M. Rouhani a ensuite dénoncé l’attitude du régime américain actuel vis-à-vis du Plan d’action global commun, une attitude qui, à ses yeux, non seulement foule au pied les dispositions de la résolution 2231 du Conseil de sécurité, mais représente aussi une violation de la souveraineté et de l’indépendance politique et économique de tous les pays du monde.
Il a fait savoir qu’en dépit du retrait américain du Plan d’action global commun, et pendant une année entière, l’Iran a pleinement respecté ses engagements nucléaires en vertu de cet accord. L’Iran a également donné la possibilité à l’Europe de compenser pour les États-Unis en honorant les 11 engagements qu’elle a pris. Mais, a regretté le Président, « les belles paroles n’ont pas été suivies d’actions ». Lorsque les États-Unis ne respectent pas les résolutions du Conseil de sécurité et lorsque l’Europe est incapable d’agir, nous n’avons pas d’autres choix que de nous fonder sur notre dignité et force nationales. « Ils nous appellent à négocier alors qu’ils tournent le dos aux traités et accords », s’est indigné M. Rouhani.
Ce dernier a ensuite annoncé que tant que des sanctions seront imposées à la nation iranienne, sa réponse à toute offre de négociation sera négative. « Si vous souhaitez une réponse positive, et pour qu’il y ait des pourparlers, il faut respecter les accords », a-t-il martelé, et « si le Plan d’action global commun est important pour vous, alors vous pouvez revenir à son cadre et lever les sanctions afin d’ouvrir la voie à la reprise des négociations ». « Je vous le dis sans ambages », a poursuivi M. Rouhani, « si vous êtes satisfaits avec le minimum, alors nous aussi nous en accommoderons, mais si vous voulez davantage alors vous devez donner davantage ». Plutôt qu’un « simulacre de négociations », M. Rouhani a sommé les contreparties de l’Iran de revenir à la réalité des négociations, faisant observer que « la séance photo est la dernière étape des négociations, pas la première ».
Poursuivant, le Chef de l’État iranien a indiqué que la doctrine sécuritaire de l’Iran se fonde sur le maintien de la paix et de la stabilité dans le golfe Persique et sur la liberté de navigation dans le détroit d’Ormuz. Il a constaté que de récents développements ont gravement mis en jeux cette sécurité, estimant toutefois que la sécurité et la paix dans le golfe Persique, la mer d’Oman et le détroit d’Ormuz pourraient être assurées avec la participation des pays de la région et le libre flux du pétrole et d’autres ressources énergétiques. Il a invité les pays directement concernés par les développements récents dans le golfe Persique et le détroit d’Ormuz à rejoindre la « Coalition pour l’espoir », dans le but de promouvoir la paix, la stabilité et le progrès, mais aussi de renforcer la compréhension mutuelle et les relations pacifiques et amicales entre eux.
Il a expliqué que cette initiative vise à englober plusieurs voies de coopération, afin d’assurer collectivement la sécurité de l’approvisionnement énergétique, la liberté de navigation et le libre transfert du pétrole et d’autres ressources depuis et vers le détroit d’Ormuz et au-delà. La Coalition pour l’espoir se fonde sur des principes importants, a-t-il précisé, citant notamment le respect mutuel, le dialogue, le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, l’inviolabilité des frontières internationales et les principes de non-agression et de non-ingérence dans les affaires internes des uns et des autres. La présence des Nations Unies semble indispensable à M. Rouhani pour venir appuyer cette Coalition, et le Ministre des affaires étrangères de l’Iran fournira plus de détails sur cette initiative aux nations bénéficiaires.
M. Rouhani a ensuite vu dans la formation d’une coalition de sécurité pour la région sous commandement étranger un exemple flagrant d’ingérence dans les affaires de la région. Il a estimé que la « sécurisation de la navigation » va à l’encontre du droit à la libre navigation et du droit au développement et risque d’exacerber les tensions et de mettre en péril la paix et la stabilité régionales.
Le Président iranien a affirmé que la sécurité de la région ne pourra être assurée que lorsque les troupes américaines se seront retirées, et qu’elle ne saurait être garantie par les armes américaines. Après 18 ans, les États-Unis ont échoué à endiguer le terrorisme, a-t-il souligné, tandis que l’Iran a réussi à combattre le fléau de Daech avec l’appui des pays voisins.
La sécurité ne peut être ni achetée, ni fournie par des gouvernements étrangers, a tranché le Président iranien, avant de déclarer que la paix, la sécurité et l’indépendance de « nos voisins sont notre paix, notre sécurité et notre indépendance ». L’Amérique n’est pas notre voisin, a-t-il souligné, martelant que l’Iran s’adresse ici à ses voisins et qu’en cas d’incident « nous demeurerons seuls ».
Les États-Unis se trouvent ici-même, pas au Moyen-Orient et les États-Unis ne sont pas l’avocat de quelque nation que ce soit, a-t-il martelé. Si les flammes de l’incendie au Yémen se sont propagées au Hijaz aujourd’hui, il faut trouver le coupable et le punir plutôt que d’accuser des innocents, s’est-il impatienté. M. Rouhani a de plus présagé que la sécurité de l’Arabie saoudite sera garantie une fois qu’on aura mis fin à l’agression contre le Yémen et non pas en sollicitant des étrangers. Il a estimé que la solution pour la paix dans la péninsule arabique et la sécurité du golfe Persique devraient être recherchées au sein de la région elle-même et non pas à l’extérieur. Il a douté de la capacité des États-Unis à y parvenir, rappelant notamment leurs échecs en Afghanistan, en Syrie et en Iraq sans oublier leur soutien au « talibanisme et au daechisme ».
Notre région est au bord de l’effondrement et une simple maladresse peut attiser un feu terrible, a mis en garde M. Rouhani en appelant à ne pas tolérer toute « intervention provocatrice étrangère ». Pour l’Iran l’alternative consiste à renforcer la consolidation entre toutes les nations qui partagent un intérêt commun dans le golfe Persique et la région d’Ormuz. Le message de la nation iranienne est clair, a déclaré le Président iranien s’adressant directement à ces nations: « investissons dans l’espoir d’un avenir meilleur plutôt que dans la guerre et la violence. Revenons à la justice, à la paix, au droit, aux engagements, aux promesses et à la table de négociation ».
M. TOMMY ESANG REMENGESAU JR, Président des Palaos, a noté que son archipel, bien que figurant parmi les plus petits États Membres de l’ONU, est un pays qui compte dans le monde du fait de son sens des responsabilités en matière de protection de l’environnement marin et du système climatique. « En tant qu’État océanique, nous croyons fermement que notre petite nation insulaire a beaucoup à apporter à ces efforts mondiaux », a-t-il dit. Rappelant que la protection de l’océan est une tradition multimillénaire pour les Palaos, il a indiqué que son pays avait su gérer son environnement marin avec le temps, au point de disposer à présent des récifs coralliens les mieux préservés au monde. Face au problème de surpêche induit par la mondialisation, M. Remengesau Jr a annoncé qu’il lancera en janvier 2020 le sanctuaire national marin des Palaos, qui transformera en zone d’interdiction de pêche 80% de sa Zone économique exclusive (ZEE), soit 500 000 kilomètres carrés d’océan. Les 20% restants sont réservés à la pêche artisanale, a-t-il précisé.
En tant que coprésident du Groupe de haut niveau pour une économie océanique durable, M. Remengesau Jr a dit œuvrer avec 13 autres chefs d’État au « rééquilibrage du contrat passé par l’humanité avec l’océan ». Alors que le Groupe prépare ses recommandations en vue de la deuxième Conférence sur les océans, qui se tiendra l’an prochain à Lisbonne, il a réitéré son appel aux industriels et au secteur privé pour qu’ils se joignent à cet effort. Il a également déclaré attendre beaucoup des négociations sur l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant relatif à la biodiversité marine dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale.
Évoquant à son tour les changements climatiques, il a noté que le dernier rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) fait état d’un réchauffement et d’une acidification des océans, ce qui a pour effet de menacer le cycle de vie des poissons et les récifs de corail. « Pour un pays comme les Palaos, dont l’économie, la culture et le mode de vie sont dépendants de l’océan, il s’agit d’une préoccupation existentielle », a-t-il souligné, appelant à une prise de conscience mondiale. Après avoir remercié le Secrétaire général pour l’organisation du Sommet Action Climat 2019, il s’est dit honoré d’avoir contribué aux travaux préparatoires sur la transition énergétique et d’avoir présenté les solutions des petits États insulaires en développement (PEID). À cet égard, il a assuré que son pays progressait dans la réalisation des objectifs de développement durable, tout en estimant que des partenariats et une plus grande coopération multilatérale permettraient d’accélérer ce processus. Il a ainsi déclaré attendre avec impatience l’ouverture d’un bureau des Nations Unies pour le Pacifique Nord, échelon indispensable, selon lui, pour soutenir les efforts des PEID micronésiens en matière d’ODD.
Mme SALOME ZOURABICHVILI, Présidente de la Géorgie, a expliqué que la première priorité de son pays était la paix. Elle a dit que la Géorgie, qui participe actuellement aux missions de maintien de la paix en Afghanistan, au Mali et en Afrique centrale, a souffert de nombreuses invasions aux cours des siècles. « Tbilissi, la capitale de la Géorgie a été détruite 26 fois, notre territoire a été occupé durant des courtes et longues périodes, notre religion et notre identité ont été réprimées, mais nous avons survécu et aujourd’hui nous sommes fiers de faire partie des pays démocratiques développés », a dit la Présidente de la Géorgie.
Elle a expliqué que cette résilience était la réponse de la Géorgie lors de la guerre de 2008 suivie de l’occupation de 20% de son territoire par la Russie. Elle a mis l’accent sur les souffrances des populations qui vivent autour de la ligne de démarcation dans les villes et villages divisés, où les incidents et provocations sont devenus une réalité quotidienne autour des « nouvelles frontières illégales ». Elle s’est fait l’écho des difficultés rencontrées par les populations qui vivent dans les territoires occupés de l’Abkhazie et Tskhinvali, théâtres de violations permanentes des droits de l’homme, de restrictions de liberté de mouvement et d’accès aux services de santé et d’éducation. « Les points de passage aux deux régions occupées sont régulièrement fermées, ce qui est source de souffrance humanitaire », a ajouté Mme Zourabichvili.
La Présidente a également alerté que la langue géorgienne et la langue abkhaze, reconnues par la Constitution géorgienne, sont menacées de disparition dans l’Abkhazie occupée et que le peuple abkhaze connaît une réduction drastique de sa population. Elle a appelé à la sauvegarde de cette riche diversité qui a fait que les Arabes ont appelé le Caucase « la montagne des langues ». Elle a précisé que son pays ne disposait pas de troupes près de la ligne d’occupation et avait renoncé unilatéralement à l’usage de la force.
Face à cette situation, la Géorgie a tendu la main aux citoyens des territoires occupés pour qu’ils puissent avoir accès à l’éducation et à la santé et participer au développement économique de la Géorgie, « lorsqu’ils n’en sont pas empêchés ». Elle a également indiqué que la Géorgie avait accueilli 1,5 million de touristes russes en 2018 sans le moindre incident.
Mme Zourabichvili a souhaité qu’un changement intervienne tout en reconnaissant que ce changement ne pouvait pas émaner de la seule initiative de son pays. « Nous avons besoin de l’engagement de tous pour parvenir à la paix durable dans la région », a-t-elle souligné. Elle a notamment appelé à modifier la dimension politique des formats existants afin de mener des discussions de fond. Il faut, a-t-elle dit, passer de négociations d’experts à des négociations politiques afin que le « format de Genève » puisse permettre de résoudre le conflit, et pas uniquement de le gérer. Elle a souhaité que toutes les opportunités de dialogue soient utilisées pour pousser la Russie à reprendre les discussions autour de la stricte mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, et permettre à la Mission de surveillance de l’Union européenne d’observer l’ensemble du territoire géorgien.
Retraçant le chemin parcouru par son pays depuis la « restauration » de son indépendance, il y a 28 ans, la Présidente s’est félicitée des progrès réalisés par la Géorgie dans la consolidation de la démocratie. Elle a cité, notamment, l’adoption d’un système proportionnel pour les élections parlementaires de 2020. Elle a précisé que la Constitution géorgienne de 1921 avait permis aux femmes de voter et d’être élues. Elle a cité l’objectif d’un budget de l’éducation atteignant 6% du PIB d’ici à 2022, avant de souligner les difficultés de son pays pour faire face aux besoins de 300 000 personnes déplacées.
M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a constaté que c’est « à l’ère de la mondialisation que nous sommes soumis aux périls des nationalismes et du repli identitaire », s’inquiétant du fait que « le rejet de l’autre et l’extrémisme s’expriment de plus en plus violemment ». Il a affirmé que c’est dans un sursaut collectif de mutualisation de leurs efforts que les États Membres viendront à bout des divers foyers de tensions et de crises qui persistent dans le monde. « Le défi qui nous est posé en tant que leaders c’est d’avoir le courage d’oser: oser nous remettre en question pour sortir des solutions novatrices, efficaces et efficientes afin de consolider la paix, la stabilité et créer des bases solides d’un développement durable », a-t-il dit.
Passant aux préoccupations sécuritaires, M. Touadera a indiqué qu’en Afrique, l’état des lieux laisse constater que la prolifération des armes légères et de petit calibre constitue une menace réelle pour la paix et la sécurité. Il a estimé que l’exemple du Sommet conjoint CEDEAO-CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest/Communauté économique des États de l’Afrique centrale), qui s’est tenu à Lomé en juillet 2018, doit inspirer des actions davantage concertées et coordonnées au moment où la circulation des armes légères et de petit calibre défie les frontières nationales. Il a aussi souligné que la mise en œuvre effective du Traité sur le commerce des armes réduirait sensiblement cette menace qui pèse sur le continent.
Le Chef de l’État a ensuite appelé à impulser une « dynamique vertueuse » d’éradication de la pauvreté par des actions « concrètes et fortes ». Il a annoncé avoir engagé son gouvernement à élaborer le Plan de relèvement et de consolidation de la paix en Centrafrique qui, a-t-il expliqué, prend en compte les grandes orientations du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que celles de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Dans le sillage de la reconstruction nationale, a-t-il poursuivi, mon pays veut miser sur une éducation qui allie la qualité à la rationalisation des ressources. « Investir sur l’apprenant, mais aussi sur l’enseignant, c’est notre pari », a-t-il affirmé, ajoutant que les efforts sont également à orienter vers les opportunités qu’offrent les nouvelles technologies. Il a également appelé à ouvrir une discussion à l’échelle internationale sur l’éducation « afin de sortir d’un certain nombre de pièges tels que les programmes d’éducation pour tous qui finissent par être de simples séances d’alphabétisation ».
Dans son intervention, M. Touadera s’est également préoccupé de l’exploitation abusive des ressource naturelles. Il a appelé « avec insistance » à la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris et a fondé l’espoir de voir sensiblement réduit le taux de carbone par les pays développés et la tenue des engagements financiers s’agissant des crédits carbones. Sans inventer de nouvelles actions, a-t-il estimé, notre responsabilité collective est de mettre en œuvre les résolutions issues de la COP24, ainsi que les recommandations émises à la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement durable.
Le Chef de l’État a ensuite salué la mobilisation de la solidarité internationale qui a permis à la République centrafricaine d’ouvrir une nouvelle page de son histoire grâce à la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation entre son gouvernement et les 14 groupes armés, le 6 février 2019. Il a indiqué qu’en bénéficiant de l’appui de tous les partenaires de la sous-région, « nous enregistrons des progrès, certes modestes mais sûrs » au sujet de l’extension de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national, des réformes dans le secteur de la sécurité et de la défense.
M. Touadera a toutefois signalé que la situation de son pays reste fragile malgré quelques avancées « réelles », indiquant notamment que les groupes armés continuent à s’approvisionner en matériels de guerre et en munitions par des voies illicites. Il a salué le vote unanime du Conseil de sécurité de la résolution 2488 (2019) qui a permis d’alléger l’embargo sur les armes en faveur des forces de défenses et de sécurité du Gouvernement. Toutefois, a-t-il ajouté, je réitère solennellement la demande du Gouvernement et l’aspiration légitime du peuple centrafricain en faveur d’une levée totale de cet embargo pour permettre à l’État d’étendre son autorité sur l’ensemble du territoire national. Il a notamment argué que le rapport à mi-parcours, du 15 juin 2019, soumis par son gouvernent démontre que les conditionnalités fixées par le Comité des sanctions ont été remplies, en plus de progrès « significatifs » dans le processus de réforme des secteurs de défense et de sécurité. « Pour venir à bout de la crise qui a secoué mon pays, j’en appelle à une action multilatérale, dynamique, concertée, cohérente et coordonnée », a-t-il déclaré.
À l’entame d’un discours autrement centré sur la consolidation de la paix dans son pays et la crise vénézuélienne, M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la Colombie, a souligné combien les changements climatiques étaient « le principal défi » de l’humanité.
En tant que Président d’un pays composé à plus 40% de forêts tropicales humides, M. Duque Márquez a affirmé que la Colombie était l’une des nations les plus exposées au monde aux effets des changements climatiques. Il est clair, a-t-il dit, que la déforestation de l’Amazonie est « directement liée » aux groupes armés illégaux en quête de territoires pour s’adonner à leurs activités illicites, lesquelles sont elles-mêmes financées par le trafic de drogue. Pour mettre un terme à cette situation, le Président a affirmé que son gouvernement était parvenu, cette année, à réduire d’environ 17% la déforestation dans son pays. M. Duque Márquez a précisé que, plus tôt, ce mois-ci, son pays avait signé, aux côtés de six autres pays amazoniens, le « pacte de Leticia », dont l’objectif est de protéger la plus grande forêt tropicale au monde, dévastée depuis plusieurs semaines par des incendies.
Passant à la consolidation de la paix en Colombie, le Président Duque Márquez a mis l’accent sur les efforts pour instaurer une « culture de la légalité » dans le pays, suite à l’accord de paix signé, en 2016, entre son gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC-EP). Dans ce cadre, il a précisé que la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des anciens guérilleros suivait son cours, à l’image des 29 projets productifs » dont ont bénéficié à ce jour 1 934 ex-combattants.
« Aujourd’hui, c’est une nation unie qui s’exprime devant cette Assemblée, confiante dans sa capacité à venir à bout de la violence par l’entremise de la légalité », a affirmé le Chef de l’État, avant de remercier la communauté internationale pour la création de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie. M. Duque Márquez a toutefois lancé un avertissement à ceux qui « persistent sur la voie de la criminalité ». Il y a quelques semaines, a-t-il expliqué, un « groupe de narcoterroristes », allié à la « dictature qui opprime le peuple vénézuélien », a tenté d’intimider la Colombie « sous de faux prétextes idéologiques ». M. Duque Márquez a indiqué que son gouvernement n’avait pas cédé aux menaces de ce groupe, soutenu selon lui « par des économies illégales basées sur le narcotrafic ».
Pour preuve de sa détermination à lutter contre ce trafic, le Chef de l’État a mentionné que son gouvernement était parvenu, pour la première fois en sept ans, à limiter l’essor de la culture de coca dans le pays. « Plus il y a de coca, moins il y a de paix », a-t-il insisté, qualifiant le trafic de drogue de « prédateur de l’environnement », de « nid de la corruption » et de « carburant du terrorisme ». Afin de lutter plus efficacement contre les conséquences de ce trafic, le Chef de l’État a indiqué qu’il militait, aux côtés d’autres, pour la création d’une cour internationale anticorruption.
Passant à la crise vénézuélienne, M. Duque Márquez a indiqué qu’au moins 4,2 millions de personnes avaient fui le pays, en raison de la « dictature brutale » de M. Nicolás Maduro. « Ils fuient une nation naguère riche et aujourd’hui famélique, qui a été une démocratie et est aujourd’hui un régime autoritaire sans ressources ni libertés », a-t-il déclaré. Selon lui, depuis le début de la crise, 1,4 million de Vénézuéliens ont trouvé refuge en Colombie, qui les a accueillis « à bras ouverts ». Le Chef de l’État a rappelé que son pays, aux côtés de plus de 50 autres nations membres du Groupe de soutien de Lima, avait reconnu la « présidence légitime » de M. Juan Guaidó.
« La dictature vénézuélienne est un maillon supplémentaire de la chaîne du terrorisme transnational », a en outre affirmé M. Duque Márquez. « Ses structures corrompues sont à la solde des cartels de la drogue ». Le Chef de l’État a affirmé qu’il disposait de preuves formelles de l’appui octroyé par le régime de M. Maduro à des « groupes criminels et narcotrafiquants », lesquels tenteraient, depuis le Venezuela, « d’attenter à la Colombie ». Il a indiqué qu’il entendait remettre très prochainement ces preuves au Président de l’Assemblée générale et au Secrétaire général de l’ONU, y compris un dossier de 128 pages démontrant la « complicité » de M. Maduro, qui abriterait les éléments de l’Armée de libération nationale (ELN), un groupe rebelle colombien.
M. Duque Márquez a exhorté M. Maduro à « mettre fin à l’usurpation » en cédant la place à un Gouvernement de transition, dans l’attente de la tenue d’élections libres au Venezuela. « Les crimes de Maduro contre son peuple n’ont d’égal que ceux de Slobodan Milošević en ex-Yougoslavie », a-t-il martelé, précisant que pas moins de 16 pays latino-américains partageaient son point de vue. Aux yeux de M. Duque Márquez, en effet, le régime de M. Maduro « représente une menace pour le maintien de la paix et la sécurité du continent ». Aussi a-t-il appelé la communauté internationale à adopter des sanctions à son encontre, au nom de la sauvegarde des droits et libertés des Colombiens comme des Vénézuéliens.
Alors que nous approchons des 75 ans de l’organisation mondiale, de nombreux peuples sont malheureusement laissés de côté, a regretté M. DANNY FAURE, Président des Seychelles. En cause: « l’inaction et les lacunes » qui plongent aujourd’hui l’humanité dans la menace des conflits, la misère économique et les changements climatiques. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser les peuples dans la désillusion et perdre les visions d’espoir et de sécurité sur lesquelles les Nations Unies ont été bâties, a-t-il dit.
Le Président a indiqué qu’aux Seychelles, l’individu est placé au centre du développement pour qu’il vive dans la dignité et réalise son plein potentiel afin de contribuer à « notre vibrante démocratie ». L’approche inclusive est, à ses yeux, la voie qui mènera les nations vers un avenir durable et sûr, et le multilatéralisme la clef pour réunir ensemble les peuples pour une prospérité mutuelle et une paix durable.
Plus que d’autres, les États insulaires doivent avoir foi en l’ordre international multilatéral, car isolés par nature, dépendants du reste du monde pour leurs moyens de subsistance, l’action ou l’inaction des autres nations impactent directement leur survie, a expliqué le Président Faure. S’il est vrai que le développement a sorti nos peuples de la pauvreté, en revanche, avec la surexploitation des ressources, nous condamnons l’avenir des générations futures, a-t-il mis en garde.
M. Faure s’est réjoui de voir les jeunes à travers le monde prendre position pour assurer leur avenir. Il a expliqué que dans son pays, des organisations non gouvernementales dirigées par les jeunes forment des partenariats avec le Gouvernement pour hiérarchiser la lutte contre les changements climatiques, la pollution et d’autres menaces à l’environnement. Pour nous, insulaires, l’océan reste l’unique moyen de subsistance mais représente aussi un style de vie. C’est pourquoi, les Seychellois exploitent le potentiel des océans pour atteindre les objectifs de développement durable inscrits dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
« Nous sommes devenus les champions d’Afrique en matière d’économie bleue », s’est-il enorgueilli, ajoutant que son pays travaille avec les partenaires intéressés pour un déploiement international de l’économie bleue. Les Seychelles demeureront à l’avant-garde du discours sur les changements climatiques, et comptent se battre avec un sens de l’urgence passionné contre les inégalités qui impactent directement son pays, a-t-il martelé. Il s’est pleinement engagé en faveur de la création d’un cadre juridiquement contraignant pour conserver nos océans, « car si nous voulons survivre, c’est la seule voie qui nous reste ». De fait, a-t-il conclu, les Seychellois n’ont pas le luxe de s’interroger sur la question du «et si on », car la situation exige une action maintenant.
M. MOHAMED OULD CHEIKH EL GHAZOUANI, Président de la Mauritanie, a déclaré que son pays a axé ses stratégies de développement sur les objectifs de développement durable et obtenu des résultats tangibles. « Nous avons centré nos efforts sur le développement des énergies renouvelables tant éolienne que solaire », a-t-il ajouté, avant de préciser que 40% de l’énergie consommée aujourd’hui en Mauritanie est d’origine renouvelable. « Avec d’autres pays du Sahel, la Mauritanie a lancé l’initiative de la grande enceinte verte pour contrer les effets des changements climatiques sur nos ressources agricoles », a-t-il ajouté. Le Président de la Mauritanie a aussi mis l’accent sur les initiatives de son pays pour lutter contre la désertification et valoriser de larges étendues de terres afin qu’elles puissent à nouveau être cultivées. « Nous avons rationalisé l’exploitation de nos ressources maritimes et œuvré avec 10 États du Sahel dans le cadre de l’initiative énergie du Sahel - Desert to Power (DtP) ». Il a expliqué que cette initiative vise, en partenariat avec la Banque africaine du développement (BAD), à transformer le désert en énergie et raccorder à l’électricité 29 millions d’Africains d’ici à 2020.
Poursuivant, le Président a indiqué que la Mauritanie poursuit ses efforts pour atteindre l’objectif de l’éducation obligatoire et gratuite pour tous et la parité entre les genres, avant de citer l’amélioration de la couverture sanitaire universelle grâce au développement des infrastructures et de compétences médicales. « Nous avons mis l’accent sur la formation des jeunes » a aussi dit M. El Ghazouani, avant de mettre l’accent sur les efforts de son pays pour promouvoir la bonne gouvernance, la sauvegarde des droits de l’homme, la démocratie et la protection des libertés tant individuelles que collectives. Il a aussi cité la création de mécanismes juridiques susceptibles d’éliminer la corruption. Faisant le lien entre développement et sécurité, le Président de la Mauritanie a indiqué que son pays a mis en place une stratégie de lutte contre le terrorisme et autres formes d’extrémisme qui s’appuie sur une approche globale qui tient compte des dimensions intellectuelle, économique et sociale. Il a par ailleurs indiqué que son pays allait accueillir 50 000 réfugiés maliens en attendant le retour à la paix dans ce pays voisin.
Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, s’est félicitée qu’une génération après les problèmes « d’occupation » qu’ont connus les pays baltes, son pays soit élu membre du Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle a affirmé que forte de son histoire, l’Estonie fait preuve de considération pour les États faibles, ceux dont la voix nécessite d’être amplifiée par un système multilatéral. « Le multilatéralisme n’est rien d’autre que la compassion envers le destin des autres », a expliqué la Présidente, et l’Estonie en a bénéficié quand elle a reconquis son indépendance et reconstruit son État. En conséquence, l’Estonie ne parle pas des autres pays, mais parle avec les autres pays, a-t-elle nuancé.
Affirmant que l’autorité morale des Nations Unies, « tuteur global de l’humanité », était chère à son cœur, l’Estonie, en sa qualité de seul pays gouverné de manière entièrement digitale, a orienté son intervention sur l’impact des nouvelles technologies et ses éventuels dangers. « Beaucoup nous suivent de près dans la cybersphère, a appuyé la Présidente. De nouvelles menaces sur notre souveraineté apparaissent, liées à la cybercriminalité et au fait que le cyberespace est devenu un nouvel espace militaire », a-t-elle expliqué. Revendiquant à cet égard une meilleure protection du cyberespace, l’Estonie travaillera au sein du Conseil de sécurité pour veiller à ce que le droit international soit aussi appliqué dans l’espace digital.
Soutenant sans réserve les réformes engagées par le Secrétaire général, la Présidente de l’Estonie a souhaité que l’ONU joue un rôle de leadeur en bénéficiant des dernières avancées technologiques. « Internet est un outil formidable pour éduquer les filles, offrir un emploi aux femmes, et donc réduire la croissance démographique par l’émancipation des femmes », a souligné Mme Kaljulaid.
Concernant les changements climatiques, l’Estonie joue sa part. C’est de ce pays qu’est né le mouvement de la « Journée mondiale du nettoyage », aujourd’hui présent dans 179 pays et territoires, y compris l’Antarctique, mobilisant plus de 20 millions de personnes, a-t-elle notamment rappelé. Le secteur des start-ups estonien a quant à lui promis de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2030.
Insistant sur le rôle déterminant des entreprises et de la société civile dans l’action contre les changements climatiques, la Présidente estonienne a noté que la communauté internationale péchait par la nature « fragmentée » des actions entreprises. Cette fragmentation « est un obstacle pour un modèle de développement global. C’est un obstacle pour prendre à bras le corps le développement de l’énergie solaire, même si nous savons qu’une superficie n’excédant pas celle de l’Espagne suffirait à combler tous les besoins de la planète en énergie ». Selon l’Estonie, seules les Nations Unies et le multilatéralisme permettront à l’humanité de surmonter cette fragmentation des volontés.
M. ALPHA CONDÉ, Président de la Guinée, a déclaré qu’un monde plus juste, plus inclusif et solidaire a toujours fait partie de ses rêves, se disant nostalgique d’une période où on mettait la personne humaine, son devenir et sa condition au centre de nos préoccupations. « Nous oublions que nous avons comme mission et devoir de protéger et respecter notre prochain et préserver cette terre que nous avons empruntée de nos ancêtres et que nous devons transmettre à notre tour aux générations futures », a-t-il affirmé, appelant à « reprendre conscience de nos valeurs ».
Il a rappelé comment, tout au long de sa vie, il a eu pour ambition de contribuer concrètement à une Guinée plus juste et solidaire, où chaque citoyen, indépendamment de ses origines et de son statut social puisse, s’épanouir dans un environnement sain. Les premières années ont été difficiles et il a fallu faire des choix difficiles, mais la Guinée a surmonté cette période grâce à la responsabilité et à la collaboration de tous les Guinéens, s’est-il félicité.
Remettre la Guinée sur la carte des investisseurs n’a pas été non plus facile, mais nous assistons enfin à une forte croissance des investissements privés en Guinée dans tous les secteurs, a souligné le Président guinéen. En ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, le Gouvernement guinéen a créé l’Agence nationale de financement des collectivités locales et l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale.
M. Condé a précisé que la participation au processus de prise de décisions des jeunes et des femmes est au centre des actions du Gouvernement, avec la mise en place d’un programme de microcrédit, des centres d’autonomie modernes, des formations dans toutes les filières, le recrutement de 6 857 femmes dans la fonction publique pour la période 2010-2018, et 3 314 paysannes formées en technique améliorée de production agricole.
En plus du respect de la parité dans les effectifs scolaires et universitaires ainsi que l’élimination du mariage précoce et d’autres pratiques discriminatoires, la Guinée a aussi mis en place des programmes de partenariats public-privé au service des jeunes et des femmes pour combattre le chômage.
Le Président guinéen a aussi indiqué qu’il a été possible de lancer beaucoup de projets dans le domaine des infrastructures « qui ont changé le visage de la Guinée ». D’importants projets de construction de logements sociaux, d’infrastructures routières, ferroviaires, portuaires avec la mise en place de zones économiques spéciales permettront à la Guinée de devenir un pays exportateur de produits finis, s’est-il félicité.
Sur le plan environnemental et la lutte contre le réchauffement climatique, a-t-il poursuivi, la Guinée s’est engagée à réduire de 13% les émissions des gaz à effet de serre. Un vaste programme de reboisement de deux millions d’hectares sur toute l’étendue du territoire guinéen est prévu d’ici à 2030. Le Président guinéen a également rappelé le lancement de l’Initiative pour les énergies renouvelables en Afrique lors de la COP21. Sous la présidence guinéenne de l’Union africaine, un engagement ferme de tous les pays africains de faire de cette initiative un modèle pour tous a été pris, dont les mots d’ordre sont le développement durable et le respect du climat.
Il a ensuite annoncé que le Conseil d’administration de l’AREI, du 23 septembre dernier, avait confirmé que l’objectif de financement de 10 gigawatts d’électricité pour le continent qui avait été fixé pour fin 2020 sera largement dépensé, ayant déjà atteint à la date d’aujourd’hui le financement de plus de 200 projets énergétiques équivalents à une puissance de 9,99 gigawatts.
M. Condé a expliqué que ceci permettra de donner de l’énergie propre à des millions de foyers répartis dans toutes les régions du continent, précisant que deux tiers des Africains n’ont pas accès à l’électricité. Le Président a ensuite lancé un appel pour solliciter l’implication de plus de partenaires publics et privés à investir dans le secteur des énergies renouvelables en Afrique. « Ceci permettra à notre continent d’exploiter plus efficacement ses ressources et de rendre la vie plus agréable et attractive à nos jeunes, pour qu’ils puissent enfin considérer l’émigration comme un choix et non comme une contrainte inévitable », a-t-il affirmé.
Le Président Guinéen a conclu en déclarant que « lorsque l’Afrique parle d’une seule voix, elle gagne. Quand l’Afrique gagne, c’est le monde qui gagne car l’Afrique est l’avenir du monde ».
M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a affirmé que l’éradication de la pauvreté est faisable, évoquant les progrès remarquables réalisés dans ce domaine. La malnutrition et l’analphabétisme des jeunes ont également baissé substantiellement. Mais un million de personnes continuent de vivre dans une pauvreté extrême, a-t-il déploré, avant d’appeler à veiller à ce qu’aucun enfant n’aille plus se coucher affamé, et que personne ne soit obligé de choisir entre envoyer sa fille à l’école ou au travail.
Le Président zambien a ensuite applaudi le leadership de l’ONU dans la lutte contre les changements climatiques qui, s’est-il inquiété, entravent les efforts visant à relever le niveau de vie des pauvres dans le monde. Il a aussi signalé que l’impact des changements climatiques dans sa région est dévastateur: des cyclones ont affecté trois des voisins de la Zambie, qui a elle-même subi une sécheresse qui a provoqué une baisse de la productivité agricole et des niveaux de l’eau pour la production hydroélectrique.
Il a souligné que l’impact des changements climatiques nécessite des efforts de collaboration mondiaux, et un soutien aux stratégies d’atténuation et d’adaptation. De plus, améliorer l’accès au soutien financier, particulièrement pour les pays aux ressources limitées, leur permettrait de contribuer à l’effort mondial et de supporter la charge des coûts induits par les changements climatiques, a-t-il dit.
M. Lungu s’est également attardé sur la nécessité de sécuriser et promouvoir la faune et la flore, et d’établir des partenariats avec les communautés et le secteur privé pour ce faire, améliorant ainsi les bénéfices économiques issus de la nature.
Le Président zambien a ensuite rappelé que la plupart des pays africains n’ont pas pu atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement, en raison de divers problèmes, à commencer par l’insuffisance des ressources financières. Il a prévenu que dans sa poursuite des objectifs de développement durable, il est probable que cette tendance se poursuive, à moins que l’Afrique ne conçoive des moyens plus innovants de relever ses défis en matière de développement.
Il a indiqué que la Zambie a ciblé les membres de la société les plus vulnérables pour améliorer leur capacité à s’impliquer dans la vie économique et sociale du pays. Des mesures ont été prises pour fournir une éducation de base à tous et un programme de réforme de la santé est aussi en cours. Regrettant cependant que ces mesures et programmes ne soient pas suffisants pour atteindre les résultats voulus, principalement à cause de ressources financières limitées, le Président zambien a appelé tous les partenaires à se joindre aux efforts pour améliorer la vie des peuples.
Le Président zambien a également appelé les Nations Unies et les organisations humanitaires à aider la Zambie à s’occuper des réfugiés, et a exhorté tous les partenaires à se joindre aux efforts pour protéger les enfants et les jeunes, citant notamment les « énormes progrès » de la Zambie dans sa campagne pour mettre fin au mariage des enfants.
Il a par ailleurs parlé des contributions de la Zambie au mécanisme régional de prévention des conflits et d’efforts de consolidation de la paix, et son accueil d’une rencontre de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) sur la mise en œuvre des résolutions 1540 et 2004 du Conseil de sécurité visant à prévenir la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques aux acteurs non étatiques, dont les terroristes. La communauté internationale doit sérieusement se soucier du spectre du terrorisme international, a souligné le Président zambien, pour protéger la vie humaine.
Le Président zambien a indiqué que les Nations Unies restent la seule institution multilatérale capable de faire face aux défis de notre monde. Pour être efficace, il est nécessaire de réformer les Nations Unies. Notamment, le Conseil de sécurité devrait être davantage représentatif, démocratique et redevable.
M. IDRISS DEBY ITNO, Président du Tchad, a averti que « notre rêve commun » de bâtir un monde stable et paisible est en train de céder le pas à l’angoisse et à l’incertitude, soulignant que la question de la pauvreté est liée à celle des crises et des conflits, des migrations et des dérèglements climatiques. Il a souligné que l’élimination de la pauvreté revêt une importance capitale et que les ressources à mobiliser à cet effet sont à la portée de la communauté internationale, « pourvu qu’elle fasse preuve de volonté et de détermination ». Les priorités et attentes de l’Afrique sont connues, et les résultats attendus du Programme 2030 sont loin d’être au rendez-vous.
Le Président tchadien a constaté que l’absence des résultats tangibles par rapport aux engagements contractés touche également la lutte contre les changements climatiques, prévenant que les graves conséquences des changements climatiques se font sentir en Afrique et en particulier au Sahel comme le prouvent l’avancée du désert, la déforestation ou encore la dégradation des sols.
Par ses effets pervers, le dérèglement climatique exacerbe aussi les crises et conflits autour des ressources naturelles, provoque insécurité alimentaire et exodes massifs des populations, rend aléatoire l’accès aux services sociaux de base et accentue la pauvreté au point de pousser les jeunes chômeurs à tomber dans les bras des groupes terroristes, a-t-il dit.
Réitérant son appel à une réduction des gaz à effet de serre et au renforcement de la résilience aux changements climatiques, le Président Deby Itno a souligné que l’Accord de Paris n’est crédible que s’il s’accompagne d’actions concrètes. Il a insisté sur l’impérieuse nécessité, pour les pays développés, de tenir leur engagement de répondre aux besoins des pays en développement en matière d’atténuation et d’adaptation.
Abordant ensuite la question de l’éducation, « levier de premier plan pour un développement durable, le Président tchadien s’est inquiété du fait que des centaines de millions d’enfants sont privés d’accès à une éducation de base, ainsi que de l’immensité des défis à relever et de l’insuffisance des ressources disponibles. D’où la nécessité, pour le Président, d’une mobilisation constante pour accompagner les efforts des pays les moins nantis pour donner la chance à tous les enfants du monde d’accéder à une éducation de qualité.
Le Président Deby Itno s’est aussi soucié de la montée du terrorisme en Afrique qui compromet les efforts de développement. Il a expliqué que le Tchad est mobilisé tant dans le cadre de la Force multinationale mixte des pays du bassin du lac Tchad que dans celui de la Force conjointe du G5 Sahel pour faire face à cette menace. Cet élan de mobilisation des États ne saurait laisser indifférente la communauté internationale dont le soutien est vital pour gagner son combat, a-t-il rappelé, réitérant l’appel des États du G5 Sahel au Conseil de sécurité d’assurer un financement pérenne à la Force conjointe du G5 Sahel sur le budget ordinaire des Nations Unies. Par ailleurs, dans l’optique de la mutualisation des forces, le Président tchadien a souligné la nécessité d’une coordination plus poussée des forces au Sahel dans le respect de la vocation de chaque entité.
Poursuivant, le Président tchadien s’est penché sur la situation « toujours préoccupante » en Libye, relevant que les efforts entrepris sont compromis par les confrontations armées interlibyennes, elles-mêmes aggravées par des interférences extérieures. Le règlement de la crise passera par la prise de conscience des Libyens eux-mêmes, a estimé le Président tchadien. Il a souligné que le retour de la paix et de la stabilité en Libye conditionne le retour de la paix et de la stabilité dans les pays voisins. Il a ainsi plaidé en faveur d’une forte implication de l’Union africaine et des Nations Unies dans la recherche d’une solution durable.
Le Président tchadien a ensuite souligné que la question de la réforme de l’ONU, et notamment celle du Conseil de sécurité mérite toute l’attention requise. L’Afrique ne demande pas autre chose que la réparation d’un préjudice à un continent qui compte plus d’un milliard d’âmes, privé injustement de sa place légitime dans le système des Nations Unies, a-t-il affirmé.
M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a déclaré que son pays a souffert de la corruption pendant des décennies. Il a souligné les efforts de son gouvernement pour mettre fin à l’impunité et lutter contre une criminalité qui, a-t-il déploré, a fait du Honduras le pays le plus dangereux du monde. « Grâce au démantèlement des réseaux de criminalité organisée, nous avons des institutions beaucoup plus solides et les taux d’homicide ont été divisés par 2 », s’est cependant félicité le Président hondurien, avant de citer la création de forces spéciales chargées de lutter contre les extorsions. Il a précisé que la criminalité organisée à fait 66 000 morts en 15 ans dans son pays. Il a dénoncé la persistance d’activités d’intimidation de la part des groupes criminels qui, a-t-il affirmé, s’attaquent à l’économie par le biais d’une guerre de désinformation qui trouve parfois son origine au Venezuela, dirigé par le Président Maduro.
Par ailleurs, le Président du Honduras a exhorté les États à développer des opportunités en faveur des plus vulnérables afin qu’ils ne soient plus obligés de migrer. Il a remercié le Mexique pour son aide au développement du secteur privé et à la reforestation du Honduras, ainsi que le Secrétaire général de l’ONU pour son appui au plan intégré de développement de l’Amérique centrale. « Nous sommes sur la voie de la réalisation des objectifs de développement durable », a assuré M. Hernández Alvarado.
En outre, le Président du Honduras a estimé qu’une des causes des migrations est la crise du café liée aux faibles prix et aux changements climatiques. Il a expliqué que la vie de 120 millions de familles de producteurs de café dans le monde serait améliorée si les producteurs de café obtenaient des prix décents pour leur récolte. Précisant que le Honduras fait partie, avec le Porto Rico et le Myanmar, des trois territoires du monde les plus touchés par les aléas climatiques, il a regretté la difficulté d’accéder à des fonds verts.
À l’approche de leur soixante-quinzième anniversaire, les Nations Unies doivent se réformer et évoluer pour répondre efficacement aux défis du XXIe siècle, a d’emblée estimé M. SCOTT MORRISON, Premier Ministre de l’Australie. Et pour remplir son mandat, l’ONU doit garder à l’esprit les principes et les valeurs qui fondent son action, a-t-il dit, relevant que les valeurs démocratiques libérales de l’Organisation sont aussi celles de l’Australie. « Nous pensons qu’elles devraient rester les principes directeurs de l’ONU à l’avenir », a plaidé le Chef du Gouvernement australien, pour qui l’Organisation est le gardien de l’ordre fondé sur des règles mais aussi des mécanismes de dialogue et d’arbitrage qui l’étayent. Il a ainsi rappelé que, le mois dernier, l’Australie a ratifié un traité établissant une nouvelle frontière maritime avec le Timor-Leste, à la suite de la toute première conciliation initiée en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.
Rappelant, à cet égard, que l’ONU travaille en partenariat avec l’Australie pour faire du Pacifique une région plus durable et résiliente, il a mis l’accent sur la réponse de son pays, une « île continent », aux défis environnementaux dont l’un des plus urgents est, à ses yeux, la protection des océans. L’Australie est ainsi en première ligne pour combattre la pollution au plastique qui étouffe les océans, la surexploitation des zones de pêche, la destruction des habitats marins et les changements climatiques, a-t-il souligné, évoquant également le rôle de leader de son pays en matière de recyclage et d’innovations comme le « bioplastique ». Affirmant soutenir les travaux du Groupe de haut niveau sur l’économie océanique durable, il a souligné les actions menées par l’Australie en faveur des océans et de la biodiversité marine dans le cadre de l’Organisation maritime internationale (OMI) et du G20.
M. Morrison a ensuite évoqué les actions prises par son pays pour lutter contre les changements climatiques, affirmant obtenir de vrais résultats en la matière. L’Australie n’est responsable que de 1,3% des émissions mondiales, s’est-il enorgueilli. Mieux encore, elle aura dépassé en 2020 les promesses faites dans le cadre du Protocole de Kyoto, avec une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre supérieure de 367 millions de tonnes à ses engagements. « Peu de pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) peuvent en dire autant », a-t-il commenté.
Si l’Australie a plus que respecté ses objectifs de Kyoto, il en ira de même avec ceux de l’Accord de Paris sur le climat, a poursuivi le Premier Ministre, rappelant l’engagement de son pays en faveur d’une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28% en dessous des niveaux de 2005 d’ici à 2030. « Cela revient à réduire de moitié les émissions par personne en Australie, soit une baisse de deux tiers des émissions par unité de PIB », a-t-il insisté, avant de mettre en exergue le plan de solutions climatiques de 3,5 milliards de dollars mis en œuvre par son gouvernement pour soutenir des projets de transition énergétique.
« L’Australie a désormais l’investissement par habitant le plus élevé au monde en matière de technologies énergétiques propres et un foyer australien sur cinq est équipé d’un toit à panneaux solaires », s’est-il réjoui. Le pays pense aussi à ses voisins, comme en témoigne son investissement de 500 millions de dollars sur cinq ans pour la promotion des énergies renouvelables dans le Pacifique, un moyen d’action préféré au Fonds vert pour le climat. « Cela nous permet d’apporter un soutien direct aux nations insulaires du Pacifique et de nous assurer que cette aide leur parvient en temps et en heure », a-t-il expliqué, assurant que sa « généreuse nation » est d’abord soucieuse de préserver « l’avenir commun » de la région.
Nous avons entendu, cette semaine, des appels à l’action pour un monde plus vibrant et plus résilient. Mais, a constaté M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji, ces appels ne sont pas venus des leaders du monde mais des jeunes gens. Des jeunes, a-t-il souligné, fatigués de regarder impuissants leur avenir confisqué par des nations trop aveugles pour voir la catastrophe qui se déploie à leurs pieds ou trop impotentes pour faire ce qu’il faut. Les jeunes, a prévenu le Premier Ministre, vivent dans la terreur de leur avenir mais ils ont le courage de parler alors qu’ils auraient pu avoir la lâcheté de se taire. Il y a quelques heures, a rappelé le Premier Ministre, les plus grands climatologues ont publié un rapport qui ajoute une nouvelle dimension à « l’horreur » du monde que nous allons léguer à nos enfants et à nos petits-enfants. Ils prédisent une élévation du niveau de la mer d’un mètre d’ici à 2100, ce qui est une nouvelle « déchirante » pour des dizaines de milliers de Fidjiens dont le Gouvernement réalise, s’il en était besoin, l’urgence de développer le Fonds d’affectation spéciale pour la réinstallation, lancé ici même lundi dernier.
« Lisez le rapport », a pressé le Premier Ministre. Vous lisez bien avec empressement toutes les découvertes scientifiques et exploitez avec le même empressement les meilleures recherches disponibles dans tous les autres domaines. Pourquoi refusez-vous d’écouter les scientifiques quand ils parlent des changements climatiques? Le moment de vérité a sonné, a tancé le Premier Ministre, un moment déterminant qui définira le cours de l’histoire. Les générations précédentes se faisaient la guerre pour défendre leurs intérêts mais aujourd’hui, a dit le Premier Ministre, le monde doit s’unir autour de ses intérêts communs pour combattre un ennemi des plus puissants, « un monstre » que nous avons créé nous-mêmes: une planète en surchauffe qui titube sous le poids de nos excès, nous qui avons pris la résilience pour acquis.
Toutes les nations ont un rôle à jouer, a reconnu le Premier Ministre, mais seules, a-t-il tempéré, les nations industrialisées ont les capacités économiques et des technologies suffisamment sophistiquées pour conduire le monde à la victoire car la défaite n’est pas une option. Alors, a averti le Premier Ministre, « ceux qui sont venus à New York sans nouveau plan d’attaque contre la crise climatique ou juste par curiosité, s’il vous plaît, analysez les preuves, les faits et pour l’amour du ciel, assumez vos responsabilités ».
Il n’y a pas d’autres choix, a prescrit le Premier Ministre, que de s’engager en faveur de la neutralité carbone d’ici à 2050, pas d’autres choix que de bloquer l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degrés Celsius au-dessus de l’ère préindustrielle, voire moins, pas d’autres choix que de réduire l’utilisation des combustibles fossiles et d’accélérer le développement des énergies renouvelables, pas d’autres choix que de renoncer au charbon. Parce qu’on ne peut avoir un climat stable sans des océans sains, le Premier Ministre a attiré l’attention sur la « COP Bleue », la vingt-cinquième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, prévue au mois de décembre au Chili.
Les COP ne sont pas les seuls endroits où les Fidji ont montré leur leadership, a poursuivi le Premier Ministre, qui a rappelé que les soldats fidjiens se déploient depuis 40 ans dans les opérations de paix de l’ONU. La détermination des Fidji de consacrer du temps et de l’énergie aux appels du monde à l’action, qu’il s’agisse du maintien de la paix, des changements climatiques ou de la préservation des océans, leur a valu un respect sans précédent, s’est enorgueilli le Premier Ministre. Mais tous ces progrès resteront vains si le monde n’écoute pas la voix des jeunes et refuse de s’attaquer à la menace climatique.
Suite du débat général
M. LENÍN MORENO GARCÉS, Président Constitutionnel de la République d’Équateur, a axé son discours sur l’importance du multilatéralisme. Il a rappelé qu’il existe des principes de coexistence universels qui sont en vigueur en temps de paix comme de conflit. Ces principes, on les retrouve dans la Charte des Nations Unies, a-t-il rappelé, pour ensuite souligner que si les Nations Unies et leurs actions existent c’est parce que ces principes nous sont utiles, car ils garantissent la paix et l’harmonie.
Le Président a estimé que le multilatéralisme continue d’être un instrument nécessaire, et le règlement pacifique des différends est toujours à l’ordre du jour. Or, nous assistons à des tentatives visant à affaiblir la coopération internationale et le multilatéralisme, a-t-il dénoncé, pointant les crises diverses qui existent actuellement.
M. Moreno Garcès a souligné que le dialogue est à la base du multilatéralisme, et qu’il faut continuer à l’encourager. « Sans dialogue, sans multilatéralisme nous ne pouvons pas nous comprendre », a-t-il affirmé, exhortant les États à cesser de se concentrer sur ce qui les sépare et à penser à ce qui les unis. L’approche multilatérale est le meilleur outil pour construire un monde meilleur que nous souhaitons tous, a-t-il encore dit.
Face aux défis, tels que ceux de l’environnement, des inégalités de richesse, le risque d’utilisation d’armes de destruction massive, le seul outil pour faire face aux manquements, c’est l’action concertée des États, a plaidé le Président équatorien qui a martelé: « les problèmes mondiaux sont notre affaire à tous. »
Il a ensuite mis l’accent sur les droits fondamentaux des êtres humains. Il a donné pour exemple l’action décidée de son pays pour les enfants et les migrants, l’Équateur ayant accueilli plus de 500 000 Vénézuéliens. Il a appelé l’ONU à rechercher une solution définitive pour le Venezuela. Si les Vénézuéliens quittent leur pays, c’est face à un gouvernement despotique, a-t-il accusé pour ensuite appeler au dialogue avec les victimes du conflit.
Le Président équatorien a également souligné l’importance des droits sociaux, économiques et culturels, ainsi que des droits civils et politiques.
Quant à la protection de la planète, M. Moreno Garcès a appelé à ne pas attendre.
M. JIMMY MORALES, Président de la République du Guatemala, a initié son allocution par une présentation des progrès réalisés dans son pays dans le domaine électoral tout d’abord avec la mise en œuvre, pour la première fois, du vote de ses citoyens depuis l’étranger. Dans celui de l’éducation, ensuite avec le quadruplement du budget de l’alimentation à l’école et la scolarisation de plus de trois millions d’enfants supplémentaires. De plus, le Président Morales a vanté un autre axe de développement réalisé par le plan dit de Gouvernement ouvert 2016-2018 qui a renforcé une culture de transparence, de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Cette initiative a aussi permis la mise en place de la commission présidentielle de gestion publique dont le travail s’harmonise avec le quatrième plan d’action national de Gouvernement ouvert 2018-2020.
Sur la question de la sécurité, le Président a présenté une évolution positive avec la plus favorable tendance à la baisse des homicides jamais enregistrée en 20 ans, grâce à la professionnalisation, l’épuration et l’efficacité des forces de l’ordre, dont les effectifs sont passés de 31 000 agents en 2015 à 42 000 en 2020.
Le Président Morales a aussi vanté l’amélioration du réseau routier guatémaltèque et particulièrement insisté sur le travail de son gouvernement en matière d’environnement avec le projet de reforestation d’1,2 million d’hectares en 2032 et l’investissement de 200 millions de dollars dans des programmes forestiers ainsi que l’installation de procédés innovants, des barrières spéciales, pour l’épuration des plastiques dans les cours d’eau.
Dans le domaine des relations internationales, le Président s’est félicité de l’option pacifique choisie par le Guatemala et Belize qui se traduit par la présentation de leur différend territorial devant la Cour internationale de Justice (CIJ). D’ailleurs, les relations entre les deux pays sont actuellement à leur meilleur niveau.
Après avoir réitéré son soutien à l’entrée de la République de Chine (Taiwan) à l’ONU, le Président Morales a réaffirmé son engagement pour des politiques migratoires qui placent la personne humaine au centre du développement et de la prospérité, et pour une gouvernance migratoire qui respecte les droits humains des migrants à tout moment. S’il partage les idéaux d’une migration sûre, ordonnée et légale, il entend aussi prendre en compte, avec d’autres pays, les vraies causes des migrations et promouvoir avec eux une responsabilité partagée.
Par ailleurs, le Président a regretté en termes virulents que le Secrétariat ait contribué à la polarisation de la société guatémaltèque au travers de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), qui, a-t-il dit, à lésé les principes de souveraineté nationale, manqué de respect pour les lois de son pays et sapé l’autonomie des institutions, mettant en danger la paix sociale et défiant le Gouvernement. Il s’est étonné que de tels agissements aient reçu le consentement de l’ONU, et sous le masque de la lutte contre la corruption, « contribué à politiser la justice et judiciariser la politique ». Le Président a réclamé une enquête approfondie sur cette Commission qui, a-t-il dit, a utilisé l’image de l’ONU à des fins politiques au Guatemala. Il a notamment accusé M. Iván Velásquez, le dirigeant de cette Commission, d’avoir transformé les poursuites pénales en « instrument de persécution sélective et politique qui viole les droits universels et bafoue la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention américaine relative aux droits de l’homme et la Constitution du Guatemala ».
Le Président a notamment dénoncé les atteintes à la présomption d’innocence, au droit à la légitime défense et aux garanties de procédures judiciaires qui ont eu pour conséquence « la mort en prison préventive de plusieurs personnes et l’incarcération de nombreuses autres pendant des années avant leur libération, faute de preuves ».
Il a également regretté que des fonctionnaires internationaux au service des États se soient activés à discréditer son pays devant la communauté internationale et a demandé qu’un audit par une firme de niveau mondial soit mené au sujet des fonds utilisés ou budgétisés pour cette Commission afin que les donateurs soient informés de l’usage de leurs deniers « dans un effort inédit des Nations Unies qui ont échoué au Guatemala ». Il a aussi demandé qu’un rapport exhaustif soit entrepris sur les agissements de la CICIG au Guatemala, « car la vérité, dit-il, citant Jésus, nous rendra libres ».
M. UHURU KENYATTA, Président de la République du Kenya, a prévenu les responsables mondiaux qu’ils étaient face à un choix crucial: bâtir l’avenir ou le détruire. Il les a appelés à faire preuve d’audace, d’abord en plaçant leurs populations au cœur du développement, notamment en soutenant les jeunes pour qu’ils décident de leur avenir « sans en devenir les victimes ». Il s’agit pour ce faire d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable. Au Kenya a-t-il expliqué, la transition entre l’école primaire et secondaire est désormais accomplie « à 100% »: les filles qui ont quitté l’école en raison d’une grossesse y sont réintégrées - et des serviettes périodiques sont distribuées à toutes les écolières. En moyenne un jeune Kényan suit 10,7 années d’école, soit le taux de scolarisation le plus élevé de la région, s’est-il enorgueilli.
Mais, a-t-il poursuivi, il ne saurait y avoir de développement sans paix durable, or la Corne de l’Afrique, confrontée à toute une série de défis, a connu depuis trois décennies une succession de menaces, exacerbées par les effets des changements climatiques qui accentuent les vulnérabilités. Le Président a cependant félicité le Soudan, qui s’est engagé sur la voie de la paix avec l’aide de l’Union africaine et s’est dit encouragé par les progrès enregistrés au Soudan du Sud avec une réduction de la violence depuis la signature de l’Accord de paix revitalisé. Il a salué Riek Machar pour s’être rendu à Djouba afin de rencontrer face à face le Président Salva Kiir.
Dans le même esprit, a ajouté M. Kenyatta, le Kenya recherche toujours une issue à l’amiable avec la Somalie concernant le différend sur la frontière maritime commune qui les oppose.
Poursuivant, le Chef d’État Kényan a appelé les responsables à agir ensemble pour protéger les ressources, tout en tenant compte de la pression démographique, de la diminution de ces ressources et des changements climatiques. Nous devons adopter une gestion durable de nos ressources pour restaurer l’équilibre de nos écosystèmes, a-t-il insisté.
La Corne de l’Afrique observe en effet une convergence entre la dégradation du climat et les conflits, avec des sécheresses cycliques qui mettent sous pression les ressources alimentaires, alimentent les tensions autour de la terre, de l’eau, et sont susceptibles de déclencher des conflits.
Enfin, le développement appelle à davantage de soutien avec des besoins estimés de 2 500 à 3 000 milliards de dollars annuels pour financer les ODD et l’action en faveur du climat. Il a appelé à introduire des mécanismes innovants de financement et réorienter les capitaux privés en créant de nouveaux instruments de financement. La technologie aussi est un vecteur de développement, la révolution digitale offrant de multiples opportunités d’emplois et de services.
Mais tout ceci, a-t-il tempéré, nécessite davantage de coopération internationale, de partenariat et impose de revitaliser le système multilatéral.
M. HAGE G. GEINGOB, Président de la Namibie, a parlé des progrès réalisés par son pays pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités. Mettant l’accent sur les incidences positives des investissements sociaux, il a expliqué que la pauvreté a décliné de 70% en 22 ans, ce qui a permis à 400 000 personnes de sortir de la pauvreté depuis l’indépendance. Il a expliqué que le succès de la Namibie dans la réduction de la pauvreté est lié à la mise en place de programmes bien ciblés mettant l’accent sur des aides financières aux segments les plus vulnérables de la population. « La mise en place de filets de sécurité sociaux a constitué la pierre angulaire de la lutte contre la pauvreté », a indiqué M. Geingob. Il a assuré que la Namibie, un des pays les plus inégalitaires du monde, travaillait à construire une société plus inclusive, pour ensuite mettre l’accent sur les difficultés particulières des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Il a souhaité que cette classification, qui repose sur le revenu national brut (RNB) par habitant, soit revue.
Passant aux changements climatiques, M. Geingob a indiqué que la Namibie connaissait un état d’urgence en raison d’une sècheresse prolongée qui affecte les personnes et les moyens de subsistance. Il a expliqué que cette vulnérabilité représentait un obstacle majeur à la réalisation des objectifs de développement durable. Tout en réaffirmant l’engagement de son pays à mettre en œuvre l’Accord de Paris, le Président de la Namibie a souhaité que le principe de la responsabilité commune mais différenciée guide l’action pour tacler les défis climatiques.
M. Geingob a ensuite salué les partenariats entre l’Union africaine et l’ONU pour résoudre les conflits, estimant qu’il sera impossible, sans l’avènement de la paix, de réaliser l’Agenda 2063 et l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine.
Appelant par ailleurs à ne pas laisser de côté les peuples du Sahara occidental et de la Palestine, le Président de la Namibie a salué l’organisation, par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en mars 2019 en Afrique du Sud, d’une conférence de solidarité avec le Polisario et le peuple du Sahara occidental. Pour ce qui est de la Palestine, il a appelé à l’avènement d’une solution des deux États. Il a aussi demandé la levée des sanctions contre Cuba et le Zimbabwe et dit sa solidarité à l’égard du peuple du Venezuela. Enfin, il a souhaité que le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, en 2020, soit l’occasion de conclure la réforme du Conseil de sécurité. À cet égard, il a réitéré la position commune africaine articulée autour du consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.
Enfin, « 20 ans après l’adoption le 31 octobre 2000 de la résolution 1325 sous la présidence namibienne du Conseil de sécurité », le Président de la Namibie s’est félicité de la participation croissante des femmes dans les opérations de paix des Nations Unies et de l’Union africaine.
M. LAURENTINO CORTIZO COHEN, Président du Panama, a fait part de son attachement au multilatéralisme, pour ensuite évoquer la situation géographique particulière du pays, trait d’union entre deux océans, comme un symbole de paix et de concorde. Remontant aux origines indiennes et afro-antillaises de la nation panaméenne, le Président a rappelé que son pays a jadis bâti la première voie ferrée ayant uni deux océans, l’Atlantique et le Pacifique, y voyant un symbole fort dans le caractère rassembleur de la nation et sa capacité de négoce. Il a également évoqué le café cultivé par les peuples autochtones, « le meilleur du monde »; ainsi que les efforts de paix, de dialogue et de consensus de la nation panaméenne. Remontant à Simon Bolivar, le Président a rappelé la lutte de plusieurs générations de dirigeants panaméens pour garantir la liberté de son peuple, notamment Omar Torrijos, qui, suite aux négociations avec l’ancien Président américain Jimmy Carter, est parvenu à un accord historique restituant au pays le canal de Panama, son intégrité territoriale et sa souveraineté.
S’estimant privilégié de parler pour la première fois depuis la tribune de l’Assemblée générale, M. Cortizo Cohen a proposé son aide pour résoudre les conflits régionaux. Il a également qualifié la lutte contre la pauvreté et les inégalités de « prochaine conquête ». Se déclarant soucieux de l’avenir de la jeunesse panaméenne et de celle de toute la planète, il a qualifié d’intolérable l’extrême pauvreté, et s’est insurgé contre le fait qu’il est encore possible, aujourd’hui, de mourir dans l’indifférence.
« Nos enfants vont à l’école, mais n’apprennent pas. Ils doivent, au contraire, apprendre à travailler en équipe, à penser, à faire preuve de créativité », a-t-il plaidé. « L’éducation, c’est la paix sociale, la dignité humaine. Partager la connaissance est un objectif de développement durable depuis la petite enfance jusqu’à la meilleure université au monde. »
Partageant « l’urgence climatique » ressentie par la communauté internationale, M. Cortizo Cohen a loué la verdure et la biodiversité tropicale du Panama. Il a appelé les États Membres de l’ONU à s’unir pour s’éloigner des dangers d’une extinction des espèces, et à respecter les engagements des traités internationaux: « ce qui est signé doit être mis en œuvre », a-t-il martelé.
Face aux menaces communes, et pour ne pas répéter les erreurs du passé, M. CARLOS ALVARADO QUESADA, Président du Costa Rica, a vanté les bienfaits du multilatéralisme et cité en exemple la Charte des Nations Unies, les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris sur le climat. À ce propos, s’est félicité le Président, le Costa Rica accueillera du 8 au 10 octobre prochain la PreCOP25, pour préparer la COP25 qui se tiendra en décembre au Chili. En février 2019, le Costa Rica a lancé un plan national de décarbonisation qui doit aboutir à une économie verte, résiliente et inclusive d’ici à 2050. La couverture forestière du pays est passée de 20% dans les années 80 à 50% aujourd’hui, a encore noté M. Quesada.
Selon le Président costaricien, la question de la migration en Amérique centrale est liée au développement économique et social des zones rurales. C’est pourquoi la région doit pouvoir compter sur des marchés internationaux justes qui rémunèrent bien les produits agropastoraux. M. Quesada a plaidé pour une baisse des dépenses militaires et davantage d’investissements dans la lutte contre la pauvreté, l’inégalité et les changements climatiques.
Le dirigeant a également jugé impératif de combler le fossé numérique et entre les sexes, de promouvoir des emplois décents et, de façon générale, de préserver le tissu démocratique et social. Il a proposé une « initiative mondiale d’inclusion et d’alphabétisation numérique ». Le mois prochain, a annoncé le Président, le Costa Rica accueillera une réunion de haut niveau pour le renforcement de l’action mondiale en faveur des droits des personnes d’ascendance africaine, organisée par la Vice-Présidente du Costa Rica, Mme Epsy Campbell, première femme d’ascendance africaine à occuper un tel poste sur le continent.
Préoccupé par les violations des droits de l’homme dans les pays de la région, M. Quesada a préconisé un dialogue national et un processus électoral inclusif, transparent et sous supervision internationale au Nicaragua. De même, il a souhaité que la communauté internationale trouve rapidement une solution pacifique à la situation au Venezuela.
M. FAIEZ MUSTAFA SERRAJ, Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale de l’État de Libye, a déclaré porter sur ses épaules la cause d’un pays qui vit une crise grave due à une ingérence étrangère négative qui sème la discorde et mine les institutions autant que la paix civile. Il a notamment pointé la dernière attaque menée par le général Khalifa Haftar contre la capitale Tripoli le 4 avril, pour ensuite souligner que la stabilité de la Lybie est essentielle pour la région autant que pour le monde entier.
À cette attaque s’ajoute aussi une tentative de coup d’État, heureusement déjouée, qui visait à bloquer les réformes entreprises pour les populations civiles et militariser le pays. Il a signalé que le général Khalifa Haftar, « ennemi assoiffé de sang et de victoires » profite de l’appuis de certains pays, citant notamment les Émirats arabes unis, « qui ont servi de base arrière » pour ensuite indiquer que des missiles d’origine française ont été trouvés dans les villages reconquis par les forces gouvernementales.
L’Égypte peut bien nous donner des leçons sur nos institutions et le partage des richesses dans notre pays, mais nous dénonçons tous ceux qui soutiennent cette tentative de déstabilisation, a-t-il affirmé avant de prévenir: nous vaincrons les agresseurs et ne laisserons personne causer un bain de sang sur notre territoire.
M. Serraj a indiqué que la contre-offensive militaire « Volcan de colère » avait été couronnée de succès. Mais le dessein des agresseurs est évident quand on constate le bilan des assassinats et des disparitions forcées, y compris parmi les parlementaires, a-t-il dénoncé, faisant état d’un bilan de 3 000 victimes et de centaines de milliers de personnes déplacées. Il a également indiqué qu’à Tripoli et Mourzouk, l’attaque s’est accompagnée de crimes de guerre et de bombardement sur des infrastructures civiles, des hôpitaux et des ambulances. Des enfants ont aussi été recrutés comme soldats.
Mais dans ce conflit, a-t-il accusé, le silence est aussi une arme pour les agresseurs, voilà pourquoi nous souhaitons que le Conseil de sécurité et la Cour pénale internationale (CPI) participent à une mission d’établissement des faits.
Haftar se réclame de la lutte antiterroriste pour justifier son action mais nous poursuivrons notre bataille pour éliminer ce terrorisme, a martelé le Président. Cet agresseur tente de fomenter une guerre entre l’est et l’ouest du pays, et accroître la tension entre une entité civile et l’autre militaire. Pour le Chef de l’État libyen, il revient à présent à l’est du pays de se doter d’institutions civiles suffisamment solides pour pouvoir promouvoir un véritable consensus national. « Car dans ce conflit, seule la Libye est perdante. »
Le Président a également appelé les jeunes à choisir la voie du consensus national en rentrant chez eux pour participer à la vie de la société libyenne.
Il a salué l’adoption de la résolution 2486 (2019) du Conseil de sécurité visant, dans le contexte des évènements du 4 avril, à élaborer une solution politique et constitutionnelle par le biais d’élections. Dans ce but, a-t-il précisé, nous organisons une conférence nationale rassemblant l’élite intellectuelle du pays, les femmes et la société civile en vue de renforcer les institutions et d’organiser des élections législatives et présidentielles.
Sur le plan économique, a-t-il enchaîné, le Gouvernement d’entente nationale a pris des mesures pour assurer la décentralisation et les transferts budgétaires vers les municipalités. Il s’efforce aussi de prévenir la vente irrégulière de pétrole libyen en dehors du circuit de la compagnie pétrolière nationale.
M. Serraj a aussi abordé le problème de l’immigration. Il a expliqué que le flot de migrants irréguliers nuit à l’économie et à la société libyenne et sont proies faciles du terrorisme. Dans le silence assourdissant de la communauté internationale, des centres de migrants ont été directement visés par des bombardements, s’est-il indigné. Il a plaidé pour une coopération entre les pays de destination d’origine et de transit, appelant notamment à fournir une aide au développement des pays d’origine.
Pour sa part, la Libye a besoin de plus de moyens, et de moyens proportionnés à l’ampleur de la tâche qui dépasse les capacités du pays. Pour le Président, seule la sécurité peut apporter une stabilité suffisante pour ses institutions et pour la création d’emplois. Il a appelé la communauté internationale à coopérer avec le Gouvernement d’entente nationale, car « le sang a assez coulé ».
M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, s’est longuement attardé sur la notion de pauvreté, observant que la définition proposée par les Nations Unies a le mérite d’être acceptée par tous. Toutefois, a-t-il fait valoir, pour un trop grand nombre de ceux qui vivent dans des pays en développement, il s’agit d’une réalité quotidienne qui les prive du droit à la dignité. De fait, a-t-il admis, « nous savons que notre performance en tant que gouvernement sera jugée à l’aune de notre capacité à réduire, voire éliminer la pauvreté dans nos pays ». Fort heureusement, a-t-il noté, les avancées technologiques viennent court-circuiter les chemins permettant de s’extraire de la pauvreté. C’est ainsi que les téléphones portables, dont on craignait un temps qu’ils ne deviennent les symboles du fossé entre pays riches et pauvres, sont aujourd’hui partout dans le monde. « Aujourd’hui, la plus pauvre des personnes, vivant dans la région la plus reculée du plus pauvre des pays dispose d’un téléphone portable, et même souvent d’un smartphone », a-t-il observé.
« Ce phénomène a largement transformé nos vies », a poursuivi le Chef de l’État ghanéen, notant que son pays compte à présent 41 millions d’abonnés au téléphone mobile, contre seulement 90 000 en l’an 2000. Si cette évolution a changé le niveau des communications à l’intérieur du pays et vers le reste du monde, elle a aussi ouvert une partie de la population au secteur bancaire formel. Selon lui, l’application de la technologie peut mener à la prospérité, notamment en permettant de moderniser le secteur agricole. Il faut pour cela que les jeunes soient associés à ce processus, a-t-il plaidé en louant leurs capacités d’innovation.
Pour M. Akufo-Addo, cette bataille vers le progrès serait facilitée par des pratiques commerciales justes et équitables. Reste à savoir si les nations riches sont disposées à rendre possible un tel ordre économique mondial, ce qui, à ses yeux, n’est pas encore le cas. Bien que le sous-sol africain regorge de minerais utilisés par l’industrie mondiale, le continent reste pauvre, a-t-il déploré. « Non seulement nous ne touchons pas les dividendes de cette richesse, mais nos terres, notre environnement et nos océans sont dévastés par le processus d’extraction, tandis que la compétition qui règne pour le contrôle des minerais est souvent facteur d’insécurité dans nos pays », a-t-il dénoncé avec force. Il a ensuite constaté que l’iniquité de l’ordre économique mondial sape la lutte contre la pauvreté en Afrique puisque, selon un récent rapport sur la question, le continent perd chaque année plus de 50 milliards de dollars de recettes en raison de flux financiers illicites. Il s’est félicité à cet égard de la création d’une zone africaine de libre-échange qui permettra, selon lui, une intensification des échanges commerciaux entre les pays du continent, au bénéfice de leurs peuples.
Le Président ghanéen a ensuite jugé que la lutte contre la pauvreté est intrinsèquement liée à la qualité de l’éducation. Conscient de l’importance que constitue une population éduquée et qualifiée pour rivaliser dans l’économie mondiale, le Ghana consacre à cette question une large part de sa richesse nationale, à savoir un tiers du budget de la nation, a-t-il souligné. À cet égard, il a estimé que l’emploi à bon escient de la technologie permettrait d’accélérer la fourniture d’une éducation de qualité au plus grand nombre. Mais pour pouvoir bénéficier des opportunités qu’offre la technologie, il faut d’abord pouvoir s’appuyer sur une infrastructure de base, a-t-il souligné. Il convient donc de fournir une électricité fiable et des services Internet aux habitants de nos villes et villages afin de leur donner la possibilité de tirer profit de cette technologie, vecteur d’éducation de qualité, a-t-il ajouté. « Nous pourrons, alors, compter de manière réaliste sur un avenir prospère. »
L’histoire, a dit M. GITANAS NAUSEDA, Président de la Lituanie, est un bon professeur. Elle nous apprend à ne pas répéter les erreurs du passé et nous encourage à viser toujours plus haut. Il y a quelques mois à peine, a-t-il rappelé, nous avons commémoré le quatre-vingtième anniversaire du fameux Pacte Molotov-Ribbentrop, ce « complot criminel » qui a conduit à la Deuxième Guerre mondiale et à l’occupation des trois pays baltes. Le même jour, nous avons célébré aussi un grand moment de triomphe: le jour où il y a 30 ans, les peuples de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie ont déployé un cordon humain sur les 650 kilomètres de la Voie balte, pour dénoncer le Pacte. C’était une étape importante de notre lutte pour la liberté et nous ne l’oublierons jamais, a assuré le Président.
Aujourd’hui, en cette ère de grandes incertitudes, nous avons plus que jamais besoin de mécanismes multilatéraux, a-t-il poursuivi, en appuyant fermement la réforme de l’ONU lancée par le Secrétaire général. Mais dans ce monde qui ploie sous les crises, l’Europe n’est plus une exception: la Fédération de Russie, un membre permanent du Conseil de sécurité, encouragée par la faible réaction internationale à son agression en Géorgie, en 2008, tente désormais de déstabiliser les autres États de son proche voisinage. Les opérations militaires « odieuses » contre l’Ukraine durent depuis cinq ans maintenant, s’est impatienté le Président. Nous ne reconnaîtrons jamais, a-t-il prévenu, l’annexion illégale de la Crimée et l’occupation de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. La mise en œuvre des accords de Minsk est la condition préalable et incontournable à la normalisation des relations avec la Russie, a martelé le Président.
Certains leaders politiques, s’est-il étonné, agitent l’idée de créer un nouvel espace géopolitique de l’océan Atlantique à Vladivostok lequel engloberait donc la Russie. L’idée n’est pas inintéressante mais, s’est demandé le Président, avons-nous une base commune? Partageons-nous les mêmes valeurs? La réponse est non, a-t-il tranché. Souvenons-nous de l’histoire, a-t-il plutôt conseillé, rappelant le temps où « certains intellectuels de gauche » saluaient l’accession au pouvoir de Lénine pendant la révolution russe ou encore celui où on demandait aux pays baltes de freiner un peu leurs velléités d’indépendance pour ne pas compromettre la perestroïka de Mikhail Gorbatchev. Les deux fois, a souligné le Président, le sang des innocents a coulé. Arrêtons, s’est-il énervé, de promouvoir des unions où certains sont les sujets de l’histoire et les autres, les objets. À ce jour, la Russie n’a rien fait pour inspirer la confiance. La situation peut-elle changer? Bien sûr, a répondu le Président, et nous serions les premiers à nous féliciter d’une Russie démocratique et respectueuse du droit international et de la souveraineté des autres.
Entre-temps, a poursuivi le Président, la Lituanie attend toujours qu’on lui rende justice après les évènements brutaux de 1991 quand les chars soviétiques ont attaqué des manifestants pacifiques dans une Lituanie nouvellement indépendante, faisant 14 morts et plus de 800 blessés. Aujourd’hui, la Russie protège toujours les auteurs de ces actes et elle n’hésite pas à lancer des procédures pénales contre les juges et procureurs lituaniens qui ont enquêté sur l’affaire. C’est, s’est emporté le Président, une ingérence « intolérable » dans le système judiciaire d’un État souverain.
Prouvant son attachement aux droits de l’homme, il a annoncé la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme pour la période 2022-2024. Pour la Lituanie, a-t-il affirmé, les violations de l’ordre international, la transformation de l’espace en une piste de course à l’armement, le mépris des normes écologiques et de sécurité nucléaire et le déni des changements climatiques doivent être considérés comme des crimes graves. Pour la quatrième fois consécutive, la Lituanie compte d’ailleurs présenter un projet de résolution sur les risques liés aux armes chimiques jetées dans la mer.
M. MICHAEL D. HIGGINS, Président de l’Irlande, a remarqué qu’à l’heure où se tient ce débat, l’ONU et ses agences sont sous le feu des critiques, sous-financées, privées de certains soutiens notamment de la part des plus puissants qui, a-t-il accusé, défendent leurs intérêts propres aux dépends du multilatéralisme.
L’ONU et le multilatéralisme ont pourtant généré des avancées majeures pour les peuples à travers le monde en conduisant des programmes d’atténuation de la pauvreté, de soins médicaux et d’éducation ou de renforcement de la position des femmes, a-t-il indiqué. Le multilatéralisme, a encore dit M. Higgins, a permis d’adopter des mécanismes de résolution des conflits, de maintien et de consolidation de la paix, sans compter les progrès en matière de droit international. L’Irlande voit l’ONU comme une enceinte qui a donné une voix aux sans voix, aux marginaux et à ceux privés de pouvoir et de richesse. L’ONU est aussi à ses yeux un vaste projet dédié au développement juste et durable, à la résolution des conflits, à l’accueil des persécutés qui fuient la guerre, la famine et les désastres.
Hélas, l’idée même d’une gouvernance fondée sur la règle est remise en cause et sapée, a-t-il regretté. Le partenariat, la coopération, la confiance mutuelle et le respect qui figurent au cœur du multilatéralisme sont enracinés dans l’état de droit. Le multilatéralisme se fonde, dans sa meilleure pratique, sur le compromis, la vision partagée, la capacité à se retrouver dans un langage commun, la prise en compte des idées et des préoccupations de « l’autre ».
Or, jamais plus qu’aujourd’hui, les défis mais aussi les menaces ont été aussi mondiaux et nous ont appelés à reconnaître notre responsabilité collective. Rejeter une action collective pour lui préférer une attitude individuelle et agressive, une rhétorique guerrière, ne promet qu’instabilité, déséquilibres, inégalités sociales et chaos, a-t-il prévenu.
Pour M. Higgins, il n’y a pas de conflit qui ne saurait être résolu par un véritable engagement. Il a rappelé que l’Irlande a connu un conflit prolongé et a souligné que le compromis ouvre la voie à un règlement.
Il a notamment parlé d’Israël et de la Palestine, se disant convaincu que les besoins des deux peuples ne peuvent être assurés que par deux États souverains. Les deux peuples ont tout à y gagner « et nous le disons de notre propre expérience », a-t-il insisté, avant d’engager la communauté internationale de demander aux leaders des deux côtés de s’assoir face à face, sans délai.
Le Président de l’Irlande s’est ensuite inquiété du fait que les changements climatiques avancent plus vite que les efforts déployés pour s’y préparer. Une action rapide est indispensable pour parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable, prévenant que le coût de l’inaction serait catastrophique. Le Nord et le Sud doivent trouver le courage d’agir, a-t-il affirmé, évoquant l’appel des jeunes générations.
M. Higgins a aussi relevé que si les nouvelles technologies ont rendu le monde mieux interconnecté, elles peuvent aussi être mal utilisées pour répandre la xénophobie et la haine. Face à ce phénomène, il a appelé à une action efficace globale au niveau institutionnel et multilatéral.
Poursuivant, le Premier Ministre a annoncé que l’Irlande a lancé une nouvelle politique de développement centrée sur quatre priorités: égalité de genre, action climatique, bonne gouvernance et lutte contre la pauvreté. Elle continuera par ailleurs à répondre aux besoins urgents des pays en situation de conflit en République centrafricaine, Palestine, Soudan du Sud, Syrie, Yémen et ailleurs et reconnait à cet égard la générosité des nombreux États qui, se trouvant sur la ligne de front, accueillent un grand nombre de personnes déplacées par les conflits.
Enfin le Président irlandais a plaidé pour des politiques migratoires intégrées, car les migrations irrégulières coûtent trop chères en vies humaines perdues, en mer ou dans les déserts. Il a en outre rappelé que 10 à 12% du PIB mondial est assuré par des migrants.
M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA (Mali) a indiqué que son pays fait la douloureuse expérience, depuis janvier 2012, d’une menace terroriste quotidienne « ne visant rien de moins qu’à saper ses fondements », mais ne manque pas d’amis en ces moments difficiles, via un appui multiforme, politique, diplomatique et militaire de la part de la communauté internationale pour « combattre la barbarie de hordes terroristes ou reconstruire notre unité mise à mal ».
C’est dans une large mesure grâce à ces appuis qu’existe l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, auquel le Président demeure particulièrement attaché. Il a expliqué que l’un des acquis majeurs de cet accord est l’absence de belligérance entre les Forces de défense et de sécurité maliennes et les mouvements signataires, ainsi que le retour progressif de la confiance entre les parties maliennes. « S’y ajoutent la réintégration de plus de 500 combattants dans les Forces de défense et de sécurité maliennes et l’enregistrement de près de 2 000 ex-combattants, membres du mécanisme opérationnel de coordination, dans le cadre du processus de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) accéléré », a détaillé le Président.
M. Keita a toutefois souligné que, si ces progrès constituaient des préalables au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, le chemin à parcourir restait long pour parvenir à une paix durable. Dans cette optique, le Mali se prépare à la tenue, « dans les meilleurs délais », d’un dialogue national inclusif devant conduire à la réconciliation nationale et à l’approfondissement de la démocratie dans le pays.
Le Président a ensuite détaillé deux mesures importantes prises au plan intérieur: la prorogation, jusqu’au 2 mai 2020, du mandat des députés de l’Assemblée nationale « pour lui permettre d’adopter les réformes politiques et institutionnelles qui en viendraient à être préconisées lors du dialogue national inclusif », et la promulgation, en juillet, de « la Loi d’entente nationale ». Cette loi exonère de poursuites pénales engagées ou envisagées les personnes ayant commis ou ayant été complices de crimes durant les « évènements douloureux survenus au Mali à partir de janvier 2012 ». La loi exclut cependant de son champ d’action les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les viols et « les crimes réputés imprescriptibles », a précisé M. Keita. Elle prévoit des compensations pour les victimes directes ou collatérales de ces crimes, en s’appuyant sur le « travail remarquable » déjà accompli par la Commission vérité justice et réconciliation qui, à ce jour, a auditionné plus de 14 000 Maliennes et Maliens.
Dans ce même esprit, M. Keita a célébré la création du Fonds de développement durable (FDD) « doté de 72 millions de dollars américains », et conçu comme l’instrument financier de la stratégie de développement du nord du pays, notamment dans les régions de Kidal, Ménaka, Tombouctou et Gao.
Rendant un vibrant hommage à l’action de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), M. Keita a ajouté qu’au sein du G5 Sahel, les pays étaient conscients qu’une stratégie « tout sécuritaire » ne saurait apporter une paix durable dans la région. L’environnement demeure volatile; les tensions intercommunautaires ont endeuillé le Mali, le conduisant à prendre « une série de mesures pour rétablir l’ordre et la sécurité » dans régions affectées. Le Président a aussi évoqué un programme de récupération d’armes et un programme d’assistance sanitaire.
Dédiant son second mandat à la promotion de la jeunesse, M. Keita s’est dit engagé dans la promotion de l’emploi des jeunes, et a célébré l’octroi, en 2018, de 3 000 logements sociaux pour personnes à revenus intermédiaires et faibles. Le Président a enfin évoqué les impératifs de développement industriel dans le pays, déplorant que le Mali, grand producteur de coton, ne transformait que 2% du total de son coton produit.
Préoccupé par la situation en Libye qui continue d’impacter toute la région du Sahel, le Mali suit aussi avec attention la situation dans les territoires palestiniens occupés, et appelé à la fin des conflits en Syrie et au Yémen, et appelle au respect du droit des migrants prévu dans le Pacte de l’ONU sur les migrations.
Touché de plein fouet par les conséquences du changement climatique, « la montée du désert », l’impact sur la faune et la flore, l’assèchement des fleuves et cours d’eau, le Mali appelle de plus à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat et à déclencher « une vague accélérée d’investissements pour parvenir à la neutralité carbone », et travaille d’ailleurs en ce sens au sein de Union africaine.
M. TANETI MAAMAU BERETITENTI, Président de la République de Kiribati, a tout d’abord présenté ses condoléances aux Bahamas pour les pertes causées par l’ouragan Dorian et a noté que les « avertissements » vont devenir de plus en plus fréquents, tout comme les impacts. C’est un appel urgent à l’action et à la mise en œuvre transformative, a-t-il déclaré.
Il a ensuite indiqué que face aux défis que représentent la pauvreté et les inégalités, le Gouvernement de Kiribati a fait de substantiels investissements, de plus de 31 millions de dollars australiens, en subventionnant le copra, ciblant ainsi les ménages et les producteurs de noix de coco. Renforcer l’inclusion des segments marginalisés de la communauté figure au cœur de notre culture égalitaire, a aussi déclaré le Président kiribatien, donnant l’exemple d’un programme de subvention pour personnes âgées et aux besoins spéciaux de son pays. Toujours dans l’idée de ne laisser personne de côté, des investissements sont en cours pour améliorer les infrastructures des îles périphériques. Ces projets d’investissement répondent au problème d’isolement de Kiribati en favorisant les échanges et la mobilité des personnes, des biens et des services, et en renforçant la fourniture de services publics, tout en réduisant les coûts d’accessibilité. De même, un projet permettra de fournir de l’eau potable 24 heures sur 24 à tous les résidents de Tarawa Sud pour la première fois dans l’histoire, en exploitant l’eau des océans.
Poursuivant, le Président de Kiribati a souligné l’importance de conduire une éducation inclusive, en améliorant l’accès à l’éducation et en assurant une éducation de qualité pour tous.
Ces investissements changeront la donne en matière de développement de Kiribati, a souligné son Président, qui a reconnu le support de ses partenaires au développement tels que la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement ou encore le Fonds mondial en faveur du climat.
Quant aux changements climatiques, ils sont, selon le Président Beretitenti, un dilemme alarmant de la plus grande importance pour Kiribati et le Pacifique, pour sécuriser le futur des jeunes et des générations à venir. De même, les négociations en cours sur le projet d’accord sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale sont d’une importance capitale pour cette région.
Il a souligné que la publication du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), faisant état d’une montée significative du niveau des mers, doit servir de catalyseur à une action urgente et informée de la part des gouvernements. Il a aussi averti du risque que représente l’excès dans la technologisation du développement des petits États insulaires en développement. Il a également indiqué que Kiribati vit dans un paradoxe, faisant face à une situation précaire due à son état de vulnérabilité, tout en ayant un revenu per capita relativement élevé.
Le Président Beretitenti a, par ailleurs, parlé des séquelles de l’exploitation du phosphate et des essais nucléaires sur les habitants de son pays qui voient leur santé affectée et leur terre détruite. Il a estimé que certaines violations des droits de l’homme méritent réparations.
M. EMMERSON DAMBUDZO MNANGAGWA, Président du Zimbabwe, a indiqué que son gouvernement est déterminé à surmonter la réalité d’une économie en difficulté et les conséquences des sanctions illégales imposées au pays, dont il a d’ailleurs réclamé la levée immédiate. Il a indiqué que beaucoup de choses ont été accomplies depuis son accession au pouvoir, à commencer par la bonne reprise de l’économie et la stabilisation de la croissance. Il a aussi cité les progrès significatifs en matière macroéconomique et de stabilisation fiscale, en plus de projets à forte incidence sur l’initiative privée. Il y a également une forte volonté d’éradiquer la pauvreté, de fournir une éducation de qualité aux populations, de créer des emplois pour les femmes et les jeunes en plus d’atténuer les effets négatifs des changements climatiques, a-t-il ajouté.
De plus, le ferme engagement du retour du Zimbabwe dans le concert des nations connaît un progrès notable et nos bras sont grands ouverts pour tous ceux qui souhaitent se joindre à cette aventure passionnante de la renaissance du pays. Le Président a parlé de l’ouverture de l’espace démocratique où tous les partis politiques sont invités à un franc débat, et des multiples réformes mises en œuvre en faveur de la prospérité des citoyens en droite ligne de leurs aspirations. Et ces réalisations sont accomplies en dépit des sanctions illégales imposées à notre pays. Celles-ci constituent, à son grand regret, un déni des droits humains et un frein pour le développement du pays, en plus d’appauvrir les plus vulnérables.
M. Mnangagwa a applaudi la position de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’Union africaine (UA) et tous ceux qui ont soutenu son pays pour demander de lever ces sanctions punitives. Il a invité ceux qui sont à l’origine de ces sanctions, à écouter cet appel et à agir en conséquence « maintenant ». La coopération repose sur une approche gagnant-gagnant par opposition aux sanctions, a-t-il dit. Le Zimbabwe mérite bien un « nouveau départ », a-t-il insisté, énumérant toutes les réformes menées par son administration à tous les niveaux, notamment le renforcement des institutions, la transparence et la reddition de comptes, la liberté de la presse et l’accès à l’information.
« Laissez-nous accélérer notre quête pour éradiquer la pauvreté à l’horizon 2030 », a-t-il plaidé, rappelant l’impact du récent cyclone Idai qui a frappé l’Afrique australe. « Nous sommes encore en train de nous relever du désastre dont le coût de la reconstruction est estimé à quelque 600 millions de dollars pour le seul Zimbabwe », a-t-il indiqué. Il a expliqué que l’impact de la catastrophe sur l’ensemble de l’économie du Zimbabwe, basée essentiellement sur l’agriculture qui contribue entre 15 à 20% du PBI, avait amené son gouvernement à décréter l’état de catastrophe nationale.
SHEIKH JABER AL-MUBARAK AL-HAMAD AL SABAH, Premier Ministre de l’État du Koweït, a indiqué qu’alors que son mandat de deux ans en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité touche à sa fin, le Koweït est devenu plus sensible à l’importance du renforcement du dialogue et du pluralisme pour faire face aux grands défis mondiaux.
Cette année, a-t-il enchaîné, la région arabe du Golfe a été secouée par une série d’actes terroristes et subversifs qui ont menacé la liberté de navigation dans cette région vitale et mis en danger le flux de l’approvisionnement énergétique. Il a notamment cité la récente attaque contre le Royaume frère d’Arabie saoudite et qui a ciblé en particulier les installations vitales dans les provinces de Abqaiq et Hijrat Khurais. À cet égard, il a appelé la communauté internationale à assumer sa responsabilité en veillant à faire respecter la libre navigation dans cette importante partie du monde ainsi que le respect du droit de la mer.
S’agissant de la question palestinienne, le Premier Ministre a estimé important de poursuivre les efforts pour la relance de négociations sérieuses afin de parvenir à une paix juste et globale, conforme au processus de paix, aux résolutions internationales et à l’Initiative de paix arabe.
Il a également parlé de la crise syrienne, qui rentre dans sa neuvième année, et a réaffirmé la ferme position du Koweït selon laquelle il n’y a pas de solution militaire à cette question. Il a encouragé à œuvrer pour la réalisation d’un règlement politique conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2254 (2015) et le Communiqué de Genève de 2012.
Sur le volet yéménite, la persistance de la crise dans ce pays demeure, selon lui, un indicateur de la réalité à laquelle est confrontée la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Ici aussi, la solution militaire est à écarter, a-t-il dit renouvelant son appui aux efforts des Nations Unies pour faciliter le processus politique. À cet égard, il a annoncé que le Koweït est prêt à accueillir « nos frères yéménites » pour abriter un nouveau cycle de négociation sous les auspices des Nations Unies.
À l’Iran, le Premier Ministre koweitien a proposé de mettre en œuvre de sérieuses mesures de rétablissement de la confiance pour inaugurer un dialogue sur le respect de la souveraineté des États et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, en plus d’œuvrer à la réduction des tensions dans la région du Golfe et au maintien de la sécurité de la navigation maritime.
Abordant la question du terrorisme, l’un des défis les plus dangereux qui a frappé le cœur du système international, il a rappelé que c’est la région du Moyen-Orient qui a payé le plus lourd tribut, pointant notamment le groupe Daech qui, a-t-il accusé, se sert de l’Islam comme couverture pour mener ses sombres desseins. À la lumière de l’exacerbation de ce danger qui plane sur plusieurs pays de la région, notamment le Yémen, la Libye, la Syrie, la Somalie et l’Afghanistan, le Premier Ministre a voulu mettre en avant l’expérience de l’Iraq qui, à la faveur de l’appui de la communauté internationale, a pu purger son pays de la nébuleuse terroriste.
M. NIKOL PASHINIAN, Premier Ministre de l’Arménie, a rappelé le succès des dernières élections parlementaires de décembre 2018, les premières depuis 25 ans à se dérouler sans contestation de leurs résultats par le public, ni par aucun parti politique. Ce scrutin décrit comme libre, juste et transparent par les observateurs internationaux constitue un succès de la révolution de velours de 2018, qui vaut à l’Arménie l’approbation de la communauté internationale et des médias, s’est-il enorgueilli.
Le Premier Ministre a regretté néanmoins que la transformation démocratique et la politique de zéro tolérance de son pays contre la corruption rencontre la résistance d’une ancienne élite corrompue. Alors que la presse est libre de toute interférence du Gouvernement, cette élite s’immisce dans les médias pour propager des « fake news » et miner la confiance du public dans les objectifs de notre révolution, a-t-il dénoncé.
Le Premier Ministre a aussi déploré que l’on puisse voir autre chose dans la révolution de velours que la volonté du peuple de rejeter la corruption, les abus et la monopolisation du pouvoir, et que ce dernier se voit accusé d’être le produit de l’influence de puissances étrangères concurrentes dans la région. Cette révolution pacifique, a soutenu le Premier Ministre, n’était que le début de notre mission et sans doute sa phase la plus facile, car il s’agit maintenant de prouver que la transformation démocratique est durable.
M. Pashinian a ensuite expliqué que sur le plan économique, la croissance est fondée sur une très importante transformation idéologique, qui privilégie dorénavant l’effort individuel des citoyens. Les institutions sont réformées et renforcées par l’établissement d’une justice indépendante; d’institutions anticorruption et d’un terrain égal pour tous les acteurs économiques et politiques du pays.
Il a salué la coopération internationale dont bénéficie l’Arménie, notant que celle-ci lui permet de gagner un temps précieux et d’éviter les erreurs commises par d’autres démocraties.
Malheureusement, des tensions persistent, a—t-il enchaîné, précisant que deux des quatre frontières internationales de l’Arménie, sont toujours fermées, dont celle avec la Turquie qui l’est depuis trois décennies. Il a affirmé qu’en refusant de nouer des relations diplomatiques avec l’Arménie, et en soutenant ouvertement l’Azerbaïdjan contre l’Arménie et le Nagorno-Karabakh, la Turquie représente toujours un danger sérieux pour la sécurité de l’Arménie et de son peuple, « victime de la profonde tragédie du génocide et toujours en butte à la négation de la vérité et de la justice ».
Poursuivant, M. Pashinian a indiqué que la résolution du conflit au Nagorno-Karabach est cruciale pour la stabilité de la région. Malheureusement, a-t-il déploré, les autorités azerbaïdjanaises ne souhaitent pas trouver une solution et préfèrent miser sur la défaite du peuple du Nagorno-Karabakh. Il les a accusés de rechercher une revanche pour leurs tentatives « ratées » d’agression contre le Nagorno-Karabakh en 1990 et en 2016; et de tenter de ramener le statut du Nagorno-Karabakh à celui qu’il subissait durant l’ère soviétique.
Le Premier Ministre de l’Arménie a ensuite appelé le Président de l’Azerbaïdjan, M. Ilham Aliev à accepter les conditions d’une avancée du processus pacifique et une solution qui soit acceptable pour les peuples de l’Armenie, du Nagorno-Karabach et de l’Azerbaijan. « Nous devons travailler ensemble à faire de cette formule une réalité », a-t-il affirmé.
M. ANDREJ BABIŠ, Premier Ministre de la République tchèque, a célébré « avec fierté » les 30 ans de la Révolution de velours ainsi que la mémoire de Vaclav Havel, « symbole de la révolution ».
Encore « contrôlé par un empire étranger en 1989 », avec une industrie en berne, un paysage et une nature détruits, et un système politique sans réponse face aux attentes de ses citoyens, la République tchèque a, 10 ans plus tard, intégré l’Otan, avant de devenir membre de l’Union européenne en 2004, a rappelé son Premier Ministre, passant d’un système communiste à « une société civile en plein essor » et à « une économie forte ».
Célébrant ses racines manufacturières du début du XXe siècle et les réussites industrielles comme Skoda, Bata ou Jawa, M. Babiš a regretté que l’inexpérience des élites du pays au sortir du communisme les ait conduits à des « erreurs » et « à un gâchis de temps et de ressources », aujourd’hui « en voie d'être réparées », a-t-il pointé.
Se réjouissant d’être « la septième nation la plus sûre du monde », la République tchèque a aussi le meilleur taux d’emploi de l’Union européenne, et se classe septième dans des pays classés dans l’index des objectifs de développement durable. Rappelant par ailleurs l’étymologie du mot « robot », aux racines tchèques, le Premier Ministre a souhaité que son pays devienne un leader européen en matière d’innovation et d’intelligence artificielle.
Concernant l’Union européenne (UE), M. Babiš a préconisé davantage de dynamisme et d’activité en matière de politique étrangère, de commerce international, et de politique migratoire. Concernant notamment l’immigration en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient, il a souhaité une « reprise de contrôle des flux migratoires ».
Les changements climatiques préoccupent également la République tchèque au plus haut point, a poursuivi le Premier Ministre. Le pays, qui soutient l’Accord de Paris, s’est engagé à fortement réduire ses émissions de CO2 pour atteindre la neutralité carbone. Il a cependant expliqué que l’Union européenne ne pouvait être la seule à réduire ses émissions et adapter son économie. « L’Europe ne peut pas rester seule à agir de manière ambitieuse dans la bataille contre les changements climatiques. Il n’y a qu’une planète pour chacun d’entre nous. Tous ceux responsables des changements climatiques doivent trouver le courage politique de faire partie de la solution. Mais en même temps, nous ne pouvons et ne voulons pas faire de mal au meilleur de notre économie. »
Il a indiqué que réduire de 80% les émissions d’ici à 2050 devrait couter 140 000 milliards de dollars parce que le monde est complètement dépendant des énergies fossiles, et que les énergies propres ne sont pas encore efficaces. « Les lycéens manifestants ont donc raison: le monde échoue face aux changements climatiques. » Mais leur approche, selon M. Babiš, est mauvaise. Leurs revendications trop ambitieuses de réduction des émissions ne fonctionneront pas, « puisque les énergies vertes ne sont pas encore arrivées à maturité », a-t-il expliqué. « L’éolien et le solaire ne contribuent qu’à 1% de la production d’énergie mondiale mais reçoivent 129 milliards de dollars de subventions annuelles, a argumenté le Premier Ministre. De son avis, le monde devrait donc davantage investir dans la recherche et le développement des énergies vertes pour que leur prix baisse en-deca du prix des énergies fossiles.
Qualifiant l'intervention, lundi dernier, de la militante suédoise de l’environnement Greta Thunberg d’intéressante, mais critiquant sa théâtralité « hystérique », « agressive » et contreproductive, M. Babiš a trouvé injuste et faux de prétendre que personne ne faisait rien. « En tant que membres des Nations Unies, nous avons une responsabilité commune envers notre planète. Cependant, en tant que dirigeants de nos pays, nous avons une responsabilité envers nos citoyens. Nous avons un mandat pour les assurer d’une économie prospère et de la protection de l'environnement », a-t-il résumé.
Concernant la politique migratoire, M. Babiš a appelé à éliminer les causes migratoires à la racine: « les réfugiés doivent être motivés de rentrer chez eux, et cela arrivera seulement quand leur foyer leur donnera de nouveau de l’espoir. C'est pourquoi nous soutenons le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui aidera à éliminer les causes de la fuite de populations de zones de guerre ou de fuir des économies incapables de leur procurer une vie décente. »
Engagée en Afrique et particulièrement au Mali, partisane d’un corridor sécurisé en Syrie, la République tchèque a surtout appelé l’Union européenne à trouver un langage commun avec la Turquie pour régler le problème des réfugiés syriens, et de parvenir à la paix dans la région pour construire des appartements, des hôpitaux et des écoles au lieu de camps de réfugiés. « La situation ne s’améliorera que si l’Union européenne parle davantage avec le Président Erdogan », a-t-il conclu.
M. JAVIER ESPOT ZAMORA, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a remarqué que les 17 objectifs de développement durable ont eu le grand mérite d’harmoniser les priorités de la communauté internationale. Afin d’y parvenir, tous les acteurs doivent être mobilisés, c'est pourquoi Andorre a adopté récemment un plan stratégique national.
Il a soutenu sans réserve l’action de la Cour pénale internationale et a célébré l’élargissement de sa juridiction il y a un an, pour ensuite résumer les quatre défis mondiaux: l’éradication de la pauvreté, l’accès à une éducation de qualité, l’action pour le climat et l'inclusion. Tous les défis mondiaux sont liés à la pauvreté, a remarqué le Chef de Gouvernement.
Petit pays disposant de peu de ressources naturelles, Andorre sait à quel point une éducation de qualité peut avoir un impact positif. Société multilingue prête à prendre la mondialisation à bras le corps, on y parle dès le plus jeune âge espagnol, catalan, français, anglais, et même, plus récemment, portugais, suite à l’apport de l’immigration, a-t-il expliqué. En outre, pour relever les défis du monde actuel, Andorre a promu des politiques éducatives inclusives, et réitéré son engagement en faveur d’une éducation de qualité pour promouvoir l’égalité des chances.
Concernant les changements climatiques, M. Espot Zamora a jugé impossible de parvenir à une efficacité sans multilatéralisme. Il a indiqué que la fonte des glaces menace le secteur du ski en Andorre, et « ni Andorre, ni aucun autre pays du monde, grand ou petit, puissant ou faible, n'y pourra rien. « Évoquant la crise financière de 2008, qui a amené de profondes réformes de transparence fiscale en Andorre, il a fait le parallèle entre les efforts fournis par Andorre dans le domaine de la transparence financière et ceux que doivent aujourd’hui fournir les principaux pays pollueurs du monde. Jugeant le débat sur la réalité des changements climatiques clos, le Gouvernement s’est attaqué aux deux principales sources de pollution en Andorre: les transports et le chauffage. Un plan de mobilité partagée a été lancé. Le pays a aussi refondé le système de transports et repense actuellement les systèmes de chauffage des bâtiments, dans le but de parvenir à une baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici à 2050.
Fidèle à son histoire démocratique vieille de plus de 600 ans, Andorre a en conclusion plaidé pour un multilatéralisme éclairé, dirigé vers un développement durable et inclusif.
« La durabilité est plus qu’un terme de marketing pour l’Élite post matérielle », a plaisanté M. HEIKO MAAS, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne. Il a souligné qu’une politique durable, implique d’apporter des solutions durables aux conflits qui reposent sur des accords durables et non sur des accords conclus à la hâte. Une politique étrangère durable est par essence une politique étrangère multilatérale, a-t-il souligné.
Prônant une stratégie des petits pas et de la collaboration, il a donné pour exemple la situation au Moyen-Orient. Il a averti que l’attaque en Arabie saoudite nous montre à quel point les choses peuvent s’accélérer, affirmant dans la foulée que l’Iran en porte la responsabilité « comme l’ont dit clairement les Européens au Ministre des affaires étrangères iranien ». Il a estimé que le seul moyen de réduire les tensions entre les États-Unis et l’Iran est d’organiser des pourparlers. Mais cela n’aura lieu, a-t-il insisté, que si l’on n’impose pas des préconditions impossibles à ce dialogue. Pour l’Allemagne, l’objectif est un Iran dépourvu d’armes nucléaires. Mais cela implique que nous attendons que l’Iran respecte ses obligations envers la communauté internationale.
Tournant son attention à la situation en Afghanistan, il a déploré la « terrible » attaque par les Taliban qui ont saboté les négociations de Doha auxquelles l’Allemagne croyait beaucoup. Il a considéré que la seule solution durable au conflit passe par des compromis politiques, garants d’une solution à long terme. M. Maas a jugé qu’un accord avec les Taliban ne peut être qu’une première étape qui précède les dialogues intra-afghans que soutient l’Allemagne, dans l’espoir d’un ordre constitutionnel, d’un minimum de stabilité, et d’un respect des droits de l’homme, particulièrement ceux des femmes et des jeunes filles.
Sur le dossier ukrainien, le Ministre a refusé d’accepter le blocage du processus de Minsk, au regard des 13 000 victimes de ce conflit, et s’est réjoui des « petits pas importants » réalisés au niveau local comme la reconstruction du pont de Stanytsia Luhanska.
En Syrie, M. Haas a vu dans la création d’un comité constitutionnel un pas important du processus politique et a exhorté à appliquer rapidement la résolution 2254. Il a estimé que l’impunité dont jouissent les tourmenteurs de milliers de Syriens réduit la crédibilité du processus de paix. Il a proposé de créer une alliance contre l’impunité qui renforcerait la juridiction criminelle internationale.
« Autant que l’énergie et la résilience, une politique étrangère durable implique une collaboration, a rappelé le Ministre, comme le prouvent les progrès au Soudan et au Mali, où 1000 Casques Bleus allemands participent au maintien d’une paix fragile.
M. Haas a également parlé de l’expérience allemande après neuf mois de présence au Conseil de sécurité. Il a relevé que les conflits n’y sont pas abordés avant les premiers coups de feu et les premiers morts. D’où le souhait de son pays de placer des sujets importants, tel le climat et la sécurité, en tête de l’ordre du jour du Conseil, de même que le thème du rôle des femmes et la violence faite aux femmes en tant que tactique de guerre.
Plus que tout autre pays, l’Allemagne, qui, a dit le Ministre, « a déclenché le feu et la destruction en Europe il y a 80 ans », assume sa responsabilité pour un ordre mondial qui garantisse la paix, et affirme que la coopération ne constitue pas une trahison de son pays, mais plutôt la condition préalable à la sécurité et la prospérité.