En cours au Siège de l'ONU

Soixante-treizième session,
99e séance plénière (reprise) – matin
AG/12165

Assemblée générale: Les États se donnent rendez-vous à Nairobi pour « accélérer les promesses » du Programme d’action du Caire sur la population et le développement

Au deuxième jour du vingt-cinquième anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), qui s’est tenue au Caire, du 5 au 13 septembre 1994, les États se sont quittés en se donnant rendez-vous à Nairobi pour « accélérer les promesses « de leur Programme d’action.  

Le Sommet, qui se tiendra dans la capitale kényane du 13 au 15 novembre 2019, aura pour thème « Assurer les promesses afin de discuter et de convenir des initiatives permettant de stimuler la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, un volet incontournable pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. »

Il y a 25 ans, dans la capitale égyptienne, les dirigeants du monde ont promis de faire avancer la santé et les droits des femmes.  Ont-ils tenu leurs promesses?  Selon le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), la mortalité maternelle n’a baissé que d’environ 40% entre 1990 et 2015.  Une femme a toujours une chance sur trois de subir des violences physiques et sexuelles au cours de sa vie.  En 2019, une fille sur cinq est une enfant épouse et, avec la hausse de la population mondiale, le nombre des filles touchées par les mutilations génitales augmente en valeur absolue.  Dans les régions en développement, plus de 200 millions de femmes n’utilisent toujours pas des moyens sûrs et efficaces de planification familiale.  Aujourd’hui, moins d’un quart des parlementaires sont des femmes.

Le Sommet de Nairobi devrait être couronné par l’adoption d’une déclaration politique approuvée en avril dernier par la Commission de la population et du développement.  Les États y estiment que le Programme d’action du Caire ne peut être mis en œuvre que si les ressources nécessaires sont mobilisées aux niveaux national et international, dont des ressources nouvelles et les ressources additionnelles destinées aux pays en développement et provenant de tous les mécanismes de financement existants, y compris les sources multilatérales, bilatérales et privées.

Hôte de ce Sommet, le Kenya a dit attendre des « engagements forts et des résultats tangibles ».

Les promesses faites, il y a 25 ans, au Caire exigent plus d’efforts concertés.  Il a espéré que le Sommet focalise le débat sur les 3 zéros: « zéro besoin non satisfait en matière de planification familiale, zéro décès maternel et zéro violence sexuelle et sexiste et pratiques préjudiciables aux femmes et aux filles ».

Comme un relent des divergences manifestées, il y a un quart de siècle, au Caire, les États-Unis ont réitéré leur rejet de l’avortement comme méthode de planification familiale.  Ils se sont néanmoins targués d’être les plus grands donateurs bilatéraux des programmes de santé.  La Conférence du Caire a constitué un « consensus mondial sans précédent » puisqu’elle est passée d’un débat sur le contrôle de la croissance démographique à une approche fondée sur des cibles, a souligné l’Inde, qui a mis en avant le fait que l’amélioration de la santé et le plein exercice des droits sont les éléments qui peuvent inverser la courbe des naissances et de la population.

Le Programme du Caire « reste parfaitement valide et n’appelle aucun amendement », a estimé la Fédération de Russie, qui a reconnu qu’il faut faire mieux, sans pour autant accepter l’idée d’un document juridiquement contraignant.  Le Sommet de Nairobi, a rassuré le Danemark, ne changera rien à ce qui a été agréé au Caire.  Il s’agit tout simplement de faire le point et de se mettre d’accord sur ce qu’il convient de faire à l’avenir.  Nous devons respecter nos promesses et garantir que le droit fondamental de disposer de son corps ne soit pas considéré comme un privilège, a dit le Danemark.

Face aux critiques contre le multilatéralisme, a alerté l’Équateur, il nous faut des solutions mondiales aux problèmes mondiaux.  La réactivation de la loi Helms-Burton, a renchéri Cuba, dont le but est l’internationalisation du blocus économique, commercial et financier américain, impose des obstacles concrets à l’accès au financement, aux technologies, aux produits et services indispensables aux politiques nationales de population et développement.

Le Programme d’action du Caire, le Consensus de Montevideo et le Programme 2030 sont des canaux idoines pour résoudre les inégalités entre pays et au sein des sociétés, a insisté Cuba.  

Quelques succès ont été présentés aujourd’hui.  L’Inde, qui abrite un sixième de la population mondiale, a reçu les applaudissements du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour avoir réussi à réduire de manière significative la pauvreté, sans laisser de côté les groupes les plus vulnérables.  Elle a mentionné son programme d’intégration financière, appuyé par un usage novateur des technologiques modernes, qui a sorti des millions de personnes de la pauvreté.  L’Inde a en outre lancé, en septembre 2018, le plus large programme de couverture sanitaire universelle.  Elle a aussi parlé de sa « Clean India Mission » contre la défécation à l’air libre et de la gestion scientifique des déchets, qui débutera d’ici le 2 octobre prochain, la date du cent-cinquantième anniversaire de Mahatma Gandhi.

L’Alliance solaire internationale, initiée avec la France, compte désormais 76 autres nations qui contribuent concrètement à l’action climatique.  Madagascar s’est prévalu d’une baisse de 28% du taux de mortalité maternelle, entre 1992 et 2018; d’une de 4%, entre 2012 et 2018, du taux de fécondité chez les adolescentes; et d’une nette amélioration du taux d’utilisation des contraceptifs.  Les engagements en matière de population et de développement sont cadrés dans la nouvelle politique générale lancée cette année pour rattraper le retard.  Cette politique est articulée dans le plan émergence Madagascar (2019-2023) en cours d’élaboration.  La loi sur la santé reproductive et la planification familiale, priorité absolue pour Madagascar, a été adoptée en juin 2017

Le Libéria a créé l’Institut national des statistiques, un Ministère du bien-être social et un programme de développement axé sur les pauvres, qui met les Libériens au cœur de toute intervention publique.  Quatrième pays le plus peuplé au monde avec une moyenne d’âge de 28 ans, et membre du Comité d’attribution du Prix des Nations Unies en matière de population, l’Indonésie s’est targuée d’un taux de fertilité stable, à 2,4 en 2017, tandis que le taux d’utilisation des contraceptifs est passé d’environ 10% en 1970 à près de 64% en 2017.

Le Chili a mis en place des politiques publiques pour un « vieillissement positif » et El Salvador a fait état de ses progrès sur l’identité et l’orientation sexuelles, le mariage précoce et les droits de l’enfant.  Mais les Maldives ont prévenu que la responsabilité collective est la clef pour transformer notre monde.  

L’Assemblée générale reprendra ses travaux le jeudi 18 juillet pour célébrer la Journée internationale Nelson Mandela.

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