En cours au Siège de l'ONU

Soixante-treizième session,
Manifestation de haut niveau, matin
AG/12126-FEM/2172

Message des « femmes au pouvoir » à l’Assemblée générale: « on ne doit jamais consentir à ramper quand on sent le besoin de s’élever »

S’il fallait résumer le sentiment général de ce matin, lors de la manifestation de haut niveau que l’Assemblée générale a tenue sur « Les femmes au pouvoir », ce sont les mots de l’activiste américaine du siècle dernier, Helen Keller, repris par la Présidente de l’Assemblée, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, qui le font le mieux: « On ne doit jamais consentir à ramper quand on sent le besoin de s’élever ».

Pas moins de 10 des 21 femmes présidentes et chefs de gouvernement dans le monde ont témoigné, aujourd’hui, de leur expérience personnelle.  Présentées comme modèles pour susciter l’émulation, elles ont imprimé un élan politique de taille aux travaux de la Commission de la condition de la femme, ce dont s’est réjouie la Présidente de la soixante-troisième session de ladite Commission, l’Irlandaise Geraldine Byrne Nason.

Dans un monde toujours marqué par une culture masculine dominatrice, comme l’a décrit le Secrétaire général, M. António Guterres, parler de l’égalité des sexes est fondamentalement une question de pouvoir.  Les structures du pouvoir ont été établies par les hommes, il y a des siècles, a acquiescé la Première Ministre de l’Islande, Mme Katrín Jakobsdóttir, et aujourd’hui, il s’agit de les changer pour y faire accéder les femmes.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: plus de 90% des chefs d’État sont des hommes et 76% des parlementaires le sont aussi, alors que la grande majorité des pays n’ont jamais été gouvernés par une femme.  Tirant la sonnette d’alarme, la Présidente de l’Assemblée générale, quatrième femme élue à ce poste depuis la création de l’ONU en 1945, a averti que si cette tendance se poursuit, il faudra 107 ans pour parvenir à la parité dans les enceintes politiques.

Pourtant l’absence ou la sous-représentation des femmes dans la vie politique a un impact direct sur la reconnaissance de leurs droits dans les sociétés, a confirmé la Présidente de l’Estonie, Mme Kersti Kaljulaid, pour laquelle il ne fait pas de doute qu’à partir du moment où les femmes intègrent un gouvernement, les lois changent et la législation sociale avance.

Quels sont les freins à une plus forte représentation des femmes dans la sphère politique?  Les stéréotypes et les préjugés restent présents, a souligné la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et les questions de sécurité, Mme Federica Mogherini.  Mais cela peut être aussi, a-t-elle nuancé, l’absence ou l’insuffisance de bases juridiques et constitutionnelles solides qui rendent les changements possibles, un avis défendu par la Présidente du Népal, Mme Bidhya Devi Bhandaria.  Tant que les parlements seront dominés par les hommes qui occupent aussi la majorité des postes législatifs, ces bases ne risquent pas d’évoluer aussi vite qu’il le faudrait, a fait observer la Ministre de la défense de la Bosnie-Herzégovine, Mme Marina Pendeš. 

D’où l’appel unanime lancé aujourd’hui par « les femmes au pouvoir » pour que leurs pairs n’hésitent plus à s’engager en politique.  C’est à elles que revient d’abord la lourde tâche d’abattre « les obstacles du silence et de la discrimination ».  Si les femmes ont « conquis » leurs droits, l’heure est venue de passer à l’action pour assurer leur présence à tous les niveaux politiques. 

Mme Mary Robinson, ancienne Présidente de l’Irlande, a milité pour la solidarité entre femmes et entre générations mais aussi pour le mentorat, deux aspects qu’elle dit avoir retrouvés ici aujourd’hui.  C’est aux femmes d’ouvrir la voie à celles qui leur succèderont et de savoir capitaliser sur les générations à venir, car « notre avenir deviendra le passé d’autres femmes », comme disait la poétesse irlandaise, Eavan Boland.

Le mantra de la Haute Représentante de l’Union européenne est: « si les hommes peuvent le faire, les femmes aussi peuvent le faire », alors que pour Mme Mary Robinson, le message à faire passer aux jeunes filles, c’est « croyez en vous », à l’image de cette jeune suédoise de 16 ans qui est devenue en quelques mois la « super star » de la lutte contre les changements climatiques. 

Mais pour cela, il est crucial que « l’égalité commence à la maison », d’où l’importance du rôle de la mère, dépositaire de l’éducation des enfants dans la plupart des sociétés.  La Présidente de la Croatie, Mme Kolinda Grabar-Kitarović, et la cheika Al Mayassa, du Qatar, ont insisté sur le rôle de l’éducation et l’accès à la santé, deux outils « puissants » de l’émancipation économique et politique des femmes.

En capitalisant sur l’architecture internationale pour faire avancer la condition de la femme, dont le Programme de développement durable à l’horizon 2030, « une arme puissante en faveur de l’égalité », les femmes ont été sommées de devenir le rempart du multilatéralisme, les championnes de la démocratie, mise à mal dans le monde actuel, et les agents de la paix et de la réconciliation.  Les femmes ont prouvé que leur apport aux processus de paix, c’est leur don d’exploiter les dénominateurs communs et de trouver des solutions orientées vers l’avenir plutôt que de ressasser le passé, a dit la Haute Représentante de l’Union européenne.

La Présidente de l’Assemblée générale a estimé que le meilleur hommage que nous puissions rendre aux femmes à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la Conférence de Beijing est précisément de lutter pour leur accès au pouvoir et leur leadership dans le monde. 

MANIFESTATION DE HAUT NIVEAU SUR LE THÈME « LES FEMMES AU POUVOIR »

Séance d’ouverture

Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, Présidente de l’Assemblée générale, a inauguré cet évènement de haut niveau sur le thème « Les femmes au pouvoir » en rappelant que l’histoire de l’humanité a été écrite par les hommes et les femmes, mais qu’elle a aussi été marquée par la violence et la discrimination à l’encontre des femmes alors même que ces femmes ont été les protagonistes des transformations sociales et politiques les plus importantes.  Des milliers de femmes ont lutté, mais la plupart d’entre elles ont été « effacées, rendues invisibles », a dénoncé Mme Espinosa.

Le chemin du droit des femmes a été extrêmement long et aucune des avancées n’auraient été possible sans la lutte des femmes autochtones, rurales, migrantes, travailleuses, artistes, jeunes, handicapées, scientifiques et toutes les autres, a-t-elle martelé.  Malheureusement, a-t-elle constaté, il reste encore beaucoup de lacunes à combler, de choses à changer.  Alors que le monde dispose aujourd’hui d’une solide architecture internationale pour faire avancer la condition des femmes, y compris le Programme de développement durable à l’horizon 2030 « qui est une arme puissante en faveur de l’égalité », il faut maintenant s’atteler à la mise en œuvre, a-t-elle recommandé.

Mme Espinosa a saisi cette occasion pour rendre hommage au Secrétaire général qui a réussi à réaliser la parité aux plus hauts niveaux de leadership du système des Nations Unies, ce qui prouve, à ses yeux, qu’il s’agit bien d’une question de volonté politique.  Mais dans le domaine de la participation politique, les chiffres parlent d’eux-mêmes puisque plus de 90% des chefs d’État sont des hommes et 76% des parlementaires le sont aussi.  La grande majorité des pays n’ont jamais été gouvernés par une femme et si cette tendance se poursuit, il faudra 107 ans pour parvenir à la parité, a prévenu Mme Espinosa.  C’est d’autant plus grave, a-t-elle estimé, qu’en 2015, on avait projeté qu’il ne faudrait que 30 ans, ce qui montre bien « le retour en arrière » frappant qui est en cours.

La Présidente de l’Assemblée générale a donné des lignes directrices pour guider les débats de cet évènement de haut niveau, à commencer par le recensement des défis auxquels font face les femmes en politique.  Certains stéréotypes sociaux persistent, a-t-elle en effet noté en constatant que les femmes continuent à s’opposer à la résistance des hommes, parfois au sein même de leurs partis.  L’absence ou la sous-représentation des femmes dans la vie politique a pourtant un impact direct sur la reconnaissance des droits des femmes dans nos sociétés, a regretté la Présidente.

Les bénéfices de la présence des femmes dans les enceintes politiques et dans les prises de décisions: tel est le deuxième angle qu’elle a proposé pour les discussions.  Pour Mme Espinosa, il est essentiel d’associer « l’autre moitié de l’humanité » à la prise de décisions, sans quoi la réalisation du Programme 2030 sera compromise et les progrès dans les processus de paix, la santé, l’éducation et la protection sociale en feront les frais.

« Les droits que nous avons, nous les avons conquis », a-t-elle martelé.  La lutte pour la participation politique des femmes est, pour Mme Espinosa, « le meilleur hommage que nous puissions rendre aux femmes à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la Conférence de Beijing ».  Si elle a jugé important de réclamer les droits des femmes et de souligner leurs conquêtes, elle a aussi invité les femmes à passer à l’action pour assurer leur présence à tous les niveaux politiques et faire entendre la voix des femmes jeunes.  Il ne s’agit pas d’une question de chiffres ou de statistiques, mais plutôt d’une question de qualité, a-t-elle précisé, ajoutant qu’il s’agit de prouver comment, par l’exercice du pouvoir, les femmes peuvent construire des sociétés plus inclusives.

C’est la raison pour laquelle la présence des chefs d’État est aussi importante aujourd’hui, a-t-elle estimé en les appelant à en finir avec « les obstacles du silence et de la discrimination », pour mener les nations à bon port.  Elle a conclu son intervention par une citation de Helen Keller: « On ne doit jamais consentir à ramper quand on sent le besoin de s’élever. »

Le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a indiqué que nous vivons dans un monde dominé par des hommes et avec une « culture masculine dominatrice ».  De ce fait, « l’égalité des genres est fondamentalement une question de pouvoir ».  Et c’est pourquoi il dit avoir poussé avec insistance pour la parité des genres au sein des Nations Unies.  Il s’est ainsi félicité du fait que, pour la première fois, le Conseil de gestion de l’Organisation compte en son sein plus de femmes que d’hommes.  De même, la parité est de mise pour la fonction de coordonnateur résident, et l’ONU est en voie d’atteindre la parité pour les postes de direction d’ici à 2021.  « Nous lutterons pour résister à ces résistances et nous n’abanderons pas », a-t-il promis.

Pour le Secrétaire général, la parité est nécessaire pour changer les relations de pouvoir au sein des sociétés.  Il a expliqué que le monde a besoin de ces modifications dans les relations de pouvoir afin de véritablement faire avancer la paix et la sécurité pour tous, de promouvoir les droits de l’homme pour tous, et d’assurer le développement pour tous.  Il a rappelé que lorsque les femmes sont autour de la table, les chances de paix augmentent.  Et lorsque les femmes ont les mêmes opportunités que les hommes au travail, le développement s’accélère.  De même, quand le genre est au cœur de l’action humanitaire, l’assistance a plus d’impact et bénéficie à tous.  Pour le Secrétaire général, la recette est simple: « quand on exclut les femmes, tout le monde en paye le prix, et quand les femmes sont incluses, c’est le monde qui en ressort gagnant ».  Faisant référence au thème de la session de la Commission de la condition de la femme, il a plaidé pour des infrastructures durables, afin de bâtir des sociétés, changer les relations de pouvoir, combler les lacunes et s’attaquer aux préjugés.  Cela signifie donc « préserver les acquis et repousser les frontières du possible ». 

Reprenant les paroles d’Eavan Boland, la Présidente de la Commission de la condition de la femme, Mme GERALDINE BYRNE NASON, s’est adressée à la salle en disant que « notre avenir deviendra le passé d’autres femmes ».  Elle s’est dite ravie que cette réunion puisse donner une impulsion politique au travail de fond de la Commission.  « Les femmes ne cherchent pas à prendre le pouvoir des hommes mais simplement à avoir le pouvoir sur leur propre vie », a-t-elle assuré en remarquant toutefois que cela s’avère difficile, surtout à un moment où le multilatéralisme est mis à mal. 

C’est d’autant plus une raison pour que les femmes travaillent main dans la main pour faire avancer le changement dans les structures de pouvoir et y assurer leur représentation, a-t-elle estimé.  Il faut pour cela du courage politique, qui doit être impérativement soutenu par la législation, a-t-elle recommandé, car l’autonomisation doit être fondée sur des lois.  En conclusion, Mme Byrne Nason a remercié les centaines de femmes présentes ici aujourd’hui, car « si on trouve les mots, il y aura toujours une oreille pour les entendre ».

Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a invité les femmes à « faire pression sur les pressions ».  Elle a salué la parité en vigueur au sein des Nations Unies, tout en se désolant du fait qu’actuellement dans le monde, seul 10 pays ont des gouvernements paritaires et à peine 5% des grandes entreprises ont des femmes au poste de président-directeur général.  Malheureusement, les institutions ont été créées par et pour les hommes, a-t-elle déploré.

Les femmes ont donc l’obligation de pousser pour le changement, partout où elles se trouvent, afin d’ouvrir la voie pour celles qui viendront après elles, a plaidé Mme Mlambo-Ngcuka.  Pour elle, les femmes qui sont à des postes de responsabilité aujourd’hui sont des privilégiées, alors que celles qui le seront demain devraient l’être de droit.  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a recommandé d’agir pour la décennie restante de mise en œuvre des objectifs de développement durable, afin qu’elle soit une décennie de changement pour les femmes et pour le monde entier. 

Table ronde de haut niveau sur le thème « Comment les femmes au pouvoir changent le monde »

Animée dans un premier temps par M. RICHARD LUI, journaliste de la chaîne de télévision MSNBC, cette table ronde a accueilli trois présidentes, une vice-présidente et la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la sécurité, qui sont venues témoigner de leurs propres expériences et faire des recommandations pour aller de l’avant.

La Présidente de la Lituanie, Mme DALIA GRYBAUSKAITĖ, qui jouit toujours de plus de 63% de taux d’approbation après 10 ans au pouvoir, a d’abord regretté la sous-représentation des femmes en politique, rappelant qu’aujourd’hui il n’y a toujours que 10 femmes présidentes dans le monde et encore moins de femmes premiers ministres.  Elle a reconnu que poursuivre une carrière politique suppose pour une femme de sortir de sa zone de confort et de s’exposer à des attaques souvent biaisées.  De plus, même si les nouvelles technologies permettent de nos jours de faire passer des messages à de larges audiences sans avoir à débourser des sommes considérables et sans avoir à se déplacer comme dans le passé, cet outil du changement politique a aussi ses travers, a-t-elle relevé: il permet aux femmes d’être plus visibles, mais les expose à un environnement anonyme où toute personne peut les attaquer.  Cela ne l’a pas empêchée d’encourager les femmes à se lancer en politique, arguant qu’il est d’autant plus important que les femmes s’engagent en politique qu’elles ont « ce sens des responsabilités ».  Elle-même s’est lancée dans le métier au moment où son pays traversait une crise profonde, et le Premier Ministre britannique, Mme May, a fait la même chose, a-t-elle rappelé. 

La remerciant pour « son honnêteté », le modérateur a ensuite passé la parole à la Présidente du Népal, Mme BIDHYA DEVI BHANDARIA, qui a partagé son parcours politique en précisant qu’elle venait « du bas de l’échelle sociale ».  Sa décision de s’engager en politique était motivée par son désir de défendre les droits des femmes.  Lorsqu’il est question d’égalité hommes-femmes, il ne faut jamais perdre de vue la notion d’équité, a-t-elle déclaré.  Il faut changer la donne en se fondant sur sa propre expérience, a-t-elle recommandé en expliquant que s’il existe une base juridique et constitutionnelle solide, alors ces changements sont possibles.  Elle en a voulu pour preuve qu’au Népal, près de 40% des représentants de la vie politique sont aujourd’hui des femmes, grâce à des garanties constitutionnelles et juridiques et des quotas obligatoires de femmes dans les enceintes politiques.

Lui emboîtant le pas, la Présidente de Trinité-et-Tobago, Mme PAULA-MAE WEEKES, s’est dite optimiste quant à la possibilité de réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030 dans les Caraïbes.  Elle s’est basée sur les avancées significatives des femmes au cours des dernières années et a rappelé que 30% des députés sont désormais des femmes.  Cependant, elle s’est dite consciente du fait qu’il faut aller plus loin.  En attendant, elle a fait part de sa « fierté », car ce niveau de représentation des femmes a été atteint naturellement et non pas grâce à la législation. 

La Vice-Présidente de la Colombie, Mme MARTA LUCÍA RAMÍREZ, a fait part quant à elle des efforts de son pays pour identifier les obstacles qui empêchent les femmes d’accéder au pouvoir.  Pour parvenir à l’égalité hommes-femmes, il faut, à ses yeux, disposer d’une base juridique solide et provoquer des changements culturels au sein même de la société.  En tant que première Vice-Présidente de la Colombie, elle a pris en charge elle-même cette question. 

La représentation des femmes en politique reste très faible en Amérique latine, et la grande majorité des postes législatifs sont toujours aux mains des hommes, a-t-elle rappelé avant d’appeler la société dans son ensemble à devenir un moteur du changement.  Pour avoir été opposée dans des « primaires » au Président Iván Duque, où elle avait défendu l’idée d’un gouvernement paritaire, elle est d’autant plus fière de faire partie du premier gouvernement paritaire en Colombie.

Avec la Ministre de l’éducation, Mme Ramírez travaille actuellement pour faire en sorte que plus de femmes aient accès à l’éducation supérieure et que leurs salaires soient alignés sur ceux des hommes.  Combler ces lacunes salariales « injustifiables » suppose, selon elle, un travail avec le secteur privé, un secteur qui s’est engagé à soutenir cette transformation sociale.  Elle attend de voir les résultats à la fin de son mandat et persiste à dire que le changement doit venir de la société et des changements de mentalités.  C’est précisément là que la Vice-Présidente voit le rôle primordial des mères dans l’éducation de leurs enfants.  Les jeunes filles doivent devenir agents de transformation pour parvenir à cette égalité, et le véritable leadership féminin, c’est celui qui va tisser des liens et créer des espaces pour les autres femmes, a-t-elle conclu.

Mme FEDERICA MOGHERINI, Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a commencé son propos en relevant, à cette table ronde, la situation « inédite d’un homme qui présente des femmes, ce qui reste assez rare ».  Parlant de sa propre expérience, elle s’est souvenue des questions qui avaient été soulevées lors de sa prise de fonctions au poste de haute représentante à cause de son « jeune âge », estimant avec le recul que c’était d’abord le fait qu’elle soit une femme, puis son âge, qui dérangeaient « l’establishment masculin », d’autant plus qu’elle allait occuper un poste diplomatique de haut niveau. 

Forte de cette expérience, le mantra de Mme Mogherini est que « si les hommes peuvent le faire, les femmes peuvent le faire aussi ».  C’est cette idée qu’il faut renforcer auprès des femmes et des jeunes filles du monde, qu’elles occupent des postes de responsabilité ou pas, de manière à encourager plus de femmes, et notamment les jeunes, à s’engager sur cette voie. 

Pour la Haute Représentante, les femmes au pouvoir en politique ont une double responsabilité: façonner des espaces pour les femmes et adopter les bonnes politiques pour les protéger, les autonomiser et les associer aux processus de paix et de réconciliation.  Parlant par expérience, Mme Mogherini a affirmé que lorsque les femmes participent aux négociations de paix, cela permet de trouver des solutions axées sur l’avenir plutôt que de s’attarder sur le passé.  Elle a expliqué qu’en effet, les femmes sont plus enclines à comprendre l’importance des dénominateurs communs pour pouvoir avancer.  Les accords qu’elles négocient sont en général plus durables, a remarqué la chef de la diplomatie européenne, qui a également mis l’accent sur la « crise actuelle de la démocratie dans le monde ».  Pour elle, cela s’explique en partie par le fait que les citoyens ne se reconnaissent pas dans leurs représentants.  Cela montre que l’autonomisation des femmes et leur représentation à tous les niveaux dans les enceintes politiques est un moyen de renforcer la vitalité des démocraties du monde.

La Présidente de la République de Malte, Mme MARIE-LOUISE COLEIRO PRECA, qui intervenait par visioconférence, a soutenu l’idée de célébrer la visibilité des femmes aux postes de responsabilité pour inciter d’autres à leur emboîter le pas.  Elle a également appelé ses pairs à militer pour les femmes dans l’espace politique et économique. 

Le modérateur ayant ensuite invité les panélistes à raconter des anecdotes qui ont marqué leurs carrières politiques, la Haute Représentante de l’Union européenne a relaté une discussion qu’elle avait eue avec la Secrétaire d’État américaine, Mme Madeleine Albright.  Celle-ci s’était vu dire, après quelques mois en poste: « Madeleine, tu as pris du poids ».  Ce à quoi elle aurait rétorqué: « Non, en fait je prends de l’importance » (« my skin is getting thicker »).

Pour la Présidente du Népal, c’était l’occasion de raconter l’histoire de son village natal où les enfants n’avaient pas accès à l’éducation et à la santé.  Étant la fille de « l’homme le plus éduqué du village » qui mourut à 32 ans pour n’avoir pas pu accéder aux soins médicaux, elle a réalisé que l’accès à l’éducation et à la santé devrait être un droit pour tous.  Ce vécu a été son inspiration pour s’engager en politique dans le but de devenir un moteur du changement.

De son côté, la Vice-Présidente de la Colombie a parlé de celle qui a été son modèle et son inspiration: une femme qui a lutté pour le droit de vote des femmes et qui a été la première juge en Colombie.  Elle s’est juré de reprendre son flambeau et, lorsqu’elle a été Ministre de la défense, elle a lutté pour que les femmes puissent faire une carrière militaire. 

Dans le cadre de la discussion qui a suivi, avec l’ensemble des délégations des États Membres, la représentante de la France a soutenu l’idée d’établissement de quotas afin de s’assurer que femmes et hommes partagent le pouvoir.

Celle de la Hongrie a indiqué que son pays entend encourager les femmes à se lancer, puisque « le partage du pouvoir entre les sexes est une équation gagnant-gagnant ».  La Hongrie est le pays de l’Union européenne qui a le plus bas écart salarial entre les sexes, s’est-elle félicitée. 

La Vice-Présidente de la République dominicaine a invité les femmes à remettre en cause le statut quo alors que la déléguée du Canada a plaidé pour des modèles féminins qui feront avancer les choses.  Elle a mis en garde contre les retours en arrière, se félicitant d’être la première femme afghane et musulmane au sein du Gouvernement canadien.  Elle a aussi déploré la violence en ligne qui fait des victimes chez les femmes notamment.

Les panélistes ont reconnu qu’elles n’avaient pas imaginé, dans leur enfance, qu’elles pourraient accéder au pouvoir.  La Présidente de la Lituanie a, pour sa part, avoué que même aujourd’hui, « elle croit rêver », mais elle a dit apprécier la réaction de son entourage qui lui rappelle l’étendue de ses responsabilités.  Les panélistes ont ensuite démonté le préjugé de la représentation de la femme sous l’angle de la beauté.  Pour elles, on peut prendre soin de son physique en tant que femme tout en conquérant le pouvoir et en l’assumant. 

La deuxième partie de la table ronde a été animée par Mme SHERY AHN, journaliste à Bloomberg TV.  Deux présidentes d’Europe de l’Est et deux premières ministres sont intervenues pour enrichir la discussion.

Mme KOLINDA GRABAR-KITAROVIĆ, Présidente de la Croatie, a remarqué tout d’abord que l’une des questions fréquemment posées aux femmes au pouvoir est celle de l’adéquation de la vie publique avec la vie familiale.  Le monde a besoin de femmes au pouvoir, a-t-elle ensuite déclaré en se justifiant par le fait qu’il faut respecter la représentation des deux sexes sur le plan démographique, ce qui contribue au respect de l’exigence démocratique de représentation de toute la population.  Elle a aussi invoqué un argument économique et invité à se départir du préjugé selon lequel les femmes sont dépendantes des hommes pour subvenir à leurs besoins.

De façon générale, a-t-elle ajouté, la parité est nécessaire dans tous les aspects de la vie sociale et elle permet de stimuler le développement.  La Présidente de la Croatie a fait observer que le produit intérieur brut (PIB) mondial augmenterait de 31% si la parité était atteinte.  Elle a enfin indiqué que les femmes sont cruciales pour gérer les questions de paix et sécurité.  Elle a relevé que si le monde compte 10 femmes chefs d’État, seules trois d’entre elles ont été élues au suffrage universel direct.  Enfin, pour elle, « l’égalité commence à la maison ».  Elle a demandé d’éviter de mettre les enfants dans des boîtes et de « tuer » leur génie, sans quoi on permet aux préjugés de détourner les femmes des filières scientifiques. 

Forte de ce constat, la Présidente de l’Estonie, Mme KERSTI KALJULAID, a demandé aux femmes de ne pas céder aux préjugés.  Elle a aussi estimé que les femmes dirigeantes doivent tenir compte du rythme de la société, c’est-à-dire de l’évolution des mœurs, afin de ne pas heurter les sensibilités.  À son avis et « aussi surprenant que cela puisse paraître », les femmes de la société civile sont plus à même de faire bouger les choses que celles au pouvoir sur qui tous les projeteurs sont braqués.  Celles qui sont au pouvoir doivent donc garantir aux femmes de la société civile le droit de manifester sans être réprimées, afin de faire avancer les choses.  Revenant au problème des préjugés, la Présidente a mentionné le fait que lorsqu’elle est en déplacement à l’étranger, les services de protocole la prennent souvent pour une ministre ou un membre de la délégation « parce que les gens ne s’attendent pas à voir une femme présidente ».  Si elle prend cela avec humour, elle s’assure que cela ne se reproduise pas. 

Mme KATRÍN JAKOBSDÓTTIR, Première Ministre de l’Islande, a rappelé que les structures du pouvoir ont été établies par les hommes il y a des siècles et que donc aujourd’hui, faire accéder les femmes au pouvoir exige de changer ces structures.  Elle a aussi parlé de son cas personnel, louant le modèle sociétal islandais de partage des tâches ménagères entre conjoints.  Elle a assuré que c’est grâce à cet aménagement qu’elle a pu se consacrer à sa carrière politique alors qu’elle est mère de trois enfants.  De plus, pour la dirigeante, « il est totalement inacceptable qu’au XXIsiècle, des femmes subissent encore des violences sexuelles et sexistes ».  Pour y mettre un terme, elle a demandé des alliances entre femmes et hommes.  C’est ce qui s’est passé avec la vague du mouvement « Me Too » qui a conduit le pays à modifier sa législation après un débat social entre les deux sexes.

Pour éviter que ce genre de violence se perpétue, la Ministre de la coopération et de l’intégration africaine de la Guinée, Mme DJÉNÉ KEÏTA, a demandé que les femmes, dépositaires de l’éducation des enfants dans la plupart des sociétés, fassent des garçons des champions de l’initiative « HeForShe ».  Elle a salué la résilience des femmes au pouvoir, « celles-là qui ont fait face à de l’adversité et parfois des supplices atroces au cours de leur parcours, mais qui ont tout de même réussi à arriver au sommet ».  Elle a ainsi déploré la violence sexuelle et sexiste qui marque la vie des femmes, prenant en exemple le mariage précoce qui constitue un obstacle à l’épanouissement des femmes. 

« Quand je vous regarde », a relevé une députée de la Fédération de Russie à l’endroit des femmes dirigeantes, « j’imagine ce que vous avez dû endurer ».  La représentante de la Douma a mentionné les préjugés sexistes, tels que la beauté ou la douceur, qui sont accolés aux femmes.  Elle a en même temps fait remarquer qu’arriver au pouvoir n’est pas tout et qu’il faut évaluer la gestion faite par les femmes pour la comparer à celle des hommes.

Dans un message vidéo, Première Ministre de la Nouvelle-Zélande, Mme JACINDA ARDERN, a rappelé être la troisième femme du pays à occuper ce poste.  Elle a invité à faire en sorte que le sexe ne soit pas une entrave aux aspirations des femmes qui veulent diriger.  Dans un langage imagé, elle a indiqué que les femmes se sont tellement battues « pour entrer dans la salle » qu’il serait opportun pour elles de « bloquer la porte du pied » afin de permettre à leurs congénères d’y accéder à leur tour. 

En tout cas, elles sont déjà cinq à avoir été Présidentes de la Suisse, a témoigné M. ALAIN BERSET, Conseiller fédéral et Chef du Département de l’intérieur de la Suisse.  Il a tout de même modestement avoué que ce n’est pas un motif de fierté, « puisque l’élection se fait chaque année » et aussi car les femmes suisses n’ont acquis le droit de vote qu’en 1971.  Avec la participation des femmes au Gouvernement, ce sont les lois qui ont changé, a-t-il souligné.  Par exemple, l’homme n’est plus le chef de la famille, et c’est un cabinet marqué par une forte présence féminine qui a récemment décidé d’adopter la prudente option de « détourner le pays de l’énergie nucléaire ». 

En Estonie, a renchéri la Présidente, c’est également les femmes qui ont permis d’avoir une législation sociale forte.  La conséquence positive est que le pays est désormais celui au monde ayant le taux de mortalité néonatal le plus bas.

La représentante de la Géorgie s’est félicitée du fait que son pays ait élu une femme à sa tête l’an dernier.  Elle a tout de même relevé que les femmes en affaires prospèrent plus que dans le domaine politique.  C’est pourquoi les panélistes ont également unanimement reconnu l’importance pour les jeunes femmes d’avoir des modèles féminins afin de pouvoir susciter l’émulation chez elles. 

Table ronde de haut niveau sur le thème « L’avenir du leadership des femmes »

Animée par Mme FOLLY BAH THIBAULT, journaliste à Al Jazeera, cette table ronde a été l’occasion pour Mme MARY ROBINSON, Présidente de la Fondation Mary Robinson et du Conseil des Sages, mais aussi ancienne Présidente de l’Irlande et militante passionnée de l’égalité hommes-femmes, de saluer l’enthousiasme des femmes et des jeunes filles présentes ici, à l’ONU, et de relever « ce sentiment de mentorat » qui prévaut. 

C’est précisément dans cet esprit qu’elle fait partie des 30 dirigeantes signataires de la lettre ouverte publiée cette année à l’occasion de la Journée internationale des femmes par trois collègues de haut niveau des Nations Unies, l’ancienne Ministre argentine des affaires étrangères, Mme Susana Malcorra, l’ancienne Première Ministre néo-zélandaise, Mme Helen Clark, et la politicienne bulgare et ancienne Directrice de l’UNESCO, Mme Irina Bokova.  Dans cette lettre, elles appellent le monde à réinvestir dans des politiques et des cadres assurant l’égalité et l’inclusion des sexes et à remettre en cause les structures patriarcales qui persistent. 

Lors de la conférence de Cancún sur le climat, Mme Robinson avait noté que les femmes ministres présentes y avaient pris conscience de leur « position de pouvoir » qui leur permettait de décider qui allait participer à leurs délégations.  Cela leur avait permis d’y associer des jeunes femmes et des femmes autochtones de leurs pays. 

Forte de ces constats, Mme Robinson a appelé le monde, et plus particulièrement les femmes, à réfléchir à des stratégies pour donner la voix aux jeunes femmes en martelant que le potentiel générationnel est significatif et qu’il faut associer toutes les femmes à ce combat commun pour une participation plus marquée des femmes dans la sphère politique.  Elle en a profité pour faire sienne la notion de liberté défendue par Rosa Luxembourg qui avait dit que « la liberté, c’est toujours la liberté pour ceux qui pensent différemment ».  La femme est la meilleure ambassadrice de la diversité, a-t-elle ajouté.

Pour la cheika AL MAYASSA BINT HAMAD BIN KHALIFA AL THANI, Présidente des musées du Qatar, qui a été présentée comme « une inspiration pour les femmes du monde arabe » et la fille de la Première Dame, Moza bint Nasser, quand on parle de leadership des femmes cela couvre tout le spectre des femmes aux premières loges jusqu’à celles qui opèrent en coulisse.  Elle a dit avoir eu beaucoup de chance, parce que son père l’a toujours traitée de la même façon que ses cinq frères et que sa mère était une pionnière de l’engagement et du travail des femmes.  Sans la vision de son père, « qui est un homme », il n’y aurait pas eu de Première Dame du Golfe, un poste que sa mère occupe toujours. 

Pour la cheika Al Mayassa, l’équilibre entre les sexes est une question qui s’adresse autant aux hommes qu’aux femmes.  Notant qu’au Qatar aujourd’hui, il y a plus de femmes diplômées que d’hommes, et que de nombreuses femmes travaillent, y compris dans ses équipes, elle a mis l’accent sur la nécessité de créer des structures qui permettent aux femmes d’être à la fois mères et de poursuivre leur carrière.  C’est dans cet esprit qu’elle a mis en place une garderie dans ses propres bureaux.

La modératrice d’Al Jazeera est revenue sur les acquis des femmes au Qatar, en notant que ce n’est pas forcément la perception que l’on a de ce pays, et a demandé à la panéliste comment cela était compatible avec les traditions et la culture locale.

La cheika Al Mayassa n’a pas hésité à dire qu’il n’y a pas de traditions culturelles qui disent que les choses sont telles qu’elles sont, et que l’islam a donné les mêmes droits aux hommes et aux femmes.  À ses yeux, ce sont des obstacles structurels qui persistent.  Chaque pays doit trouver les meilleures pratiques pour autonomiser ses femmes et leur permettre de choisir la vie qu’elles veulent mener.

Lui succédant, la Ministre de la défense de la Bosnie-Herzégovine, Mme MARINA PENDEŠ, a remarqué que « quoi que l’on dise », le leadership des femmes, qu’il soit politique ou économique, reste de nos jours « un phénomène » à défaut d’être devenu la norme.  Forte de sa propre expérience, elle a affirmé que les femmes sont tout aussi efficaces que les hommes, y compris dans le secteur de la défense.  Depuis sa prise de fonctions, et dans le but de leur garantir plus de visibilité, elle a demandé à ses équipes de travailler sur la mise en œuvre concrète de la résolution 1325 de l’ONU, précisant que son objectif est de faire passer le pourcentage de femmes dans l’armée de 8% à 10%.  Pour la Ministre, l’éducation et la santé sont les deux facteurs clefs de l’autonomisation des femmes. 

Cependant, avec 21% de femmes au Parlement, et tant que les femmes ne s’engagent pas en politique, il sera difficile de changer la donne sur le terrain, a-t-elle remarqué en appelant les femmes à être plus présentes dans la vie publique, tout en reconnaissant l’importance des cadres juridiques nationaux pour cela.

« Chaque fille est un leader né », a affirmé d’emblée Mme MUNIBA MAZARI, artiste, humanitaire, animatrice à la télévision et ambassadrice de bonne volonté pour ONU-Femme au Pakistan.  Elle a mis l’accent sur cette notion de mentorat et de solidarité entre femmes, allant même jusqu’à reformuler le dicton selon lequel derrière chaque grand homme, il y a une femme, en le complétant en affirmant que « derrière chaque grande femme, il y a aussi une femme ».  Dans son cas, c’était sa mère. 

Pour Mme Mazari, les femmes ne demandent pas une faveur, mais simplement l’exercice de leurs droits fondamentaux, ce qui commence par l’éducation.  « Puisque nous parlons de femmes leaders, mon fils de 8 ans n’a aucun problème à accepter l’égalité entre les hommes et les femmes », a-t-elle affirmé pour dénoncer les idées préconçues qui perpétuent ces inégalités.  Elle a lancé un appel aux femmes occupant des postes de responsabilité pour qu’elles deviennent les porte-voix de celles qui n’en ont pas.

À la question de savoir ce qu’il faut dire aujourd’hui à la génération montante, la Présidente de la Fondation Mary Robinson et du Conseil des Sages s’est empressée de répondre que l’important pour les jeunes filles est de « croire en elles », citant le cas de cette jeune suédoise de 16 ans qui est devenue une « super star » de la lutte contre les changements climatiques.  C’est aussi ce qui l’a amenée à reprendre les paroles de Kofi Annan pour lequel « on n’est jamais trop jeune pour diriger, et jamais trop vieux pour apprendre ».

Dans le cadre de la discussion qui a suivi ces interventions, la représentante du Royaume-Uni a mis l’accent sur la situation des femmes dans les zones de conflit: comment leur permettre de sortir de leur silence?  De manière générale, elle a incité les femmes à « arracher » une place à la table des négociations en ajoutant simplement leur chaise. 

Venues témoigner des succès d’un processus progressif pour augmenter la participation des femmes dans la sphère politique, la représentante de Cuba a indiqué que les femmes représentent aujourd’hui, dans son pays, 48,4% du Conseil d’État, 77% des postes de juge et occupent le poste de procureur général.  Au Timor-Leste, a renchéri la représentante de ce pays, les femmes représentent 44% des parlementaires et occupent presque un quart des postes de ministre, et seulement 33% de la fonction publique.  Ce constat a poussé la représentante du Timor-Leste à défendre un système de quotas pour garantir une présence minimum des femmes à tous les échelons, une approche qui reste controversée, comme l’a remarqué la modératrice.

En Belgique, les quotas se sont révélés efficaces pour assurer la présence des femmes dans les conseils d’administration et sur les listes électorales, a indiqué un ministre belge qui a reconnu toutefois qu’il n’existe pas un instrument unique pour permettre l’accès des femmes aux postes de leadership politique et économique.  Pour lui, le pire obstacle pour les femmes reste souvent la présence de « murs de verre », illustrant son propos par l’exemple anecdotique de cette femme cycliste qui, lors d’une course, avait rattrapé les cyclistes hommes, ce qui lui avait valu de devoir interrompre sa course. 

Ce sont, en effet, souvent des stéréotypes qui bloquent les femmes, a rebondit la modératrice avant de demander ce qu’il en est au sein de l’armée à la Ministre de la défense de la Bosnie-Herzégovine.  Celle-ci a soutenu l’approche des quotas pour ouvrir la voie aux femmes dans un premier temps.

 

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