Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur le Mali
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre, M. Sacha Sergio Llorentty Solíz (Bolivie):
Les membres du Conseil de sécurité ont entendu le 19 octobre 2018 un exposé du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, sur la situation au Mali.
Les membres du Conseil de sécurité se sont félicités de la signature, le 15 octobre 2018, d’un Pacte pour la paix entre le Gouvernement malien et l’Organisation des Nations Unies, avec l’appui de l’équipe de médiation internationale, comme demandé dans la résolution 2423 (2018). Ils se sont félicités de l’engagement renouvelé du Gouvernement malien, de la coalition des groupes armés la Plateforme et de la coalition des groupes armés la Coordination des Mouvements de l’Azawad à accélérer la mise en œuvre intégrale et sans exclusive de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (l « Accord »). Ils ont pris note avec satisfaction des dispositions du Pacte pour la paix, qui réaffirment l’engagement pris par l’Organisation des Nations Unies d’appuyer pleinement la mise en œuvre de l’Accord, reconnaissent le caractère exécutoire des décisions et des arbitrages de l’équipe de médiation internationale en cas de divergence dans l’application de l’Accord, et demandent à l’Observateur indépendant de formuler toute recommandation pertinente ainsi qu’au Comité des sanctions créé par la résolution 2374 (2017) de prendre toutes mesures qu’il estime nécessaires afin d’aider à lever les obstacles qui entravent l’application de l’Accord.
Les membres du Conseil de sécurité se sont félicités des mesures positives prises récemment dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord. Ils ont appelé toutes les parties prenantes maliennes à unir leurs efforts au lendemain de la réélection du Président Keita et à travailler ensemble pour promouvoir une paix durable, les droits de l’homme et relever les défis de sécurité et de développement auxquels le Mali fait face. Ils ont salué la mobilisation du Premier Ministre en faveur de la mise en œuvre de l’Accord. Ils se sont en outre félicités de la représentation accrue des femmes dans le nouveau gouvernement, conformément au seuil légal national de 30 %.
Les membres du Conseil de sécurité ont souligné l’urgence absolue pour le Gouvernement malien, la coalition des groupes armés la Plateforme et la coalition des groupes armés la Coordination des Mouvements de l’Azawad de prendre des mesures sans précédent pour s’acquitter pleinement et rapidement de leurs obligations restantes au titre de l’Accord. Ils ont rappelé les dispositions de la résolution 2423 (2018) dans laquelle le Conseil priait le Secrétaire général de lui rendre compte, six mois après l’investiture du Président des progrès accomplis dans l’application de l’Accord et exprimait son intention, si des progrès significatifs n’étaient pas accomplis, de demander au Secrétaire général de proposer des options pour une éventuelle adaptation significative de la MINUSMA à l’expiration de son mandat actuel.
Les membres du Conseil de sécurité ont réaffirmé leur plein appui au Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali et Chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, à l’équipe internationale de médiation dirigée par l’Algérie, à la MINUSMA et aux autres forces de sécurité présentes au Mali et dans la région du Sahel, comme indiqué dans la résolution 2423 (2018). Ils ont souligné que le Représentant spécial du Secrétaire général devait continuer de jouer un rôle central pour ce qui est de soutenir et de superviser l’application de l’Accord par les parties maliennes. Ils ont demandé à tous les membres du Comité de suivi de l’Accord et aux autres partenaires internationaux concernés d’accroître leur engagement en faveur de la mise en œuvre intégrale, effective et sans exclusive de l’Accord.
Les membres du Conseil de sécurité se sont déclarés profondément préoccupés par la détérioration persistante des conditions de sécurité dans le centre du Mali. Ils ont fermement condamné la poursuite des attentats, y compris les attentats terroristes, perpétrés contre des civils, contre des représentants des institutions locales, régionales et étatiques, et contre les forces de sécurité nationales et internationales et celles des Nations Unies. Ils se sont déclarés gravement préoccupés par les multiples allégations de violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire par les Forces de défense et de sécurité maliennes. Ils ont demandé instamment aux autorités maliennes de faire en sorte que tous les auteurs de crimes ayant donné lieu à des violations des droits de l’homme ou du droit international humanitaire, notamment des violations perpétrées à l’encontre d’enfants ou ayant comporté des actes de violence sexuelle et sexiste, soient tenus responsables et traduits en justice sans retard indu. Ils ont souligné que la stabilisation de la situation dans le centre du Mali ne pouvait se faire sans un plan pleinement intégré englobant la poursuite simultanée de progrès dans le domaine de la sécurité, de la gouvernance, du développement et de la réconciliation ainsi que de la protection et de la promotion des droits de l’homme. Ils se sont félicités des mesures prises par le Gouvernement malien à l’appui de la mise en œuvre de son plan global destiné à rétablir la présence de l’État dans le centre du Mali (Plan de sécurisation intégrée des régions du Centre – PSIRC), encouragé la poursuite des efforts en ce sens, et demandé un soutien accru de la part de tous les acteurs. Ils ont relevé avec satisfaction que le déploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes dans plusieurs villes de la région de Mopti y avait entraîné une diminution de la violence. Ils ont instamment demandé à la MINUSMA et au Gouvernement malien de redoubler d’efforts en vue de parvenir à l’application rapide, intégrale et effective du mémorandum d’accord sur l’appui au redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes. Ils ont engagé la MINUSMA à poursuivre l’exécution de son mandat de bons offices, de réconciliation et de protection des civils conformément aux dispositions pertinentes de la résolution 2423 (2018).
Les membres du Conseil de sécurité ont réaffirmé leur ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Mali. Ils ont souligné qu’il n’y aurait pas de paix ni de sécurité durables dans la région du Sahel si l’Accord n’était pas appliqué de façon intégrale, effective et sans exclusive et si des efforts conjugués n’étaient pas déployés pour assurer la sécurité et le développement.