Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur la République centrafricaine
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de février M. Mansour Ayyad Sh. A. Alotaibi (Koweït)
Les membres du Conseil de sécurité se sont réunis le 22 février 2018 pour examiner la situation en République centrafricaine (RCA) et les activités de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA). Ils ont entendu un exposé du Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine et Chef de la MINUSCA, M. Parfait Onanga-Anyanga, du Représentant spécial de l’Union africaine pour la République centrafricaine, M. Bédializoun Moussa Nébié, du Président du Comité des sanctions créé par la résolution 2127 (2013) concernant la République centrafricaine, l’Ambassadeur Bernard Tanoh-Boutchoué, du Directeur général de l’état-major de l’Union européenne, le général Esa Pulkkinen, et du Président de la formation République centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix, l’Ambassadeur Omar Hilale.
Les membres du Conseil ont renouvelé leur soutien au Président Faustin-Archange Touadéra et à son gouvernement et salué à nouveau ses efforts pour faire progresser le dialogue avec les groupes armés et la réconciliation nationale et étendre l’autorité de l’État à tout le pays. En particulier, ils se sont félicités du déploiement des préfets et sous-préfets, de la reprise des audiences pénales à Bouar et à Bangui, des efforts visant à rendre opérationnelle la Cour pénale spéciale, ainsi que des premiers résultats du projet pilote de désarmement, de démobilisation et de réintégration, avec l’incorporation d’anciens éléments de groupes armés dans les forces armées. Ils ont demandé aux autorités centrafricaines de poursuivre leur action de mise en œuvre de mesures transparentes et bénéfiques à tous qui permettra de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité, de favoriser la stabilisation et la réconciliation en République centrafricaine et de rétablir l’autorité effective de l’État sur l’ensemble du territoire de la République centrafricaine, de lutter contre l’impunité par le rétablissement de l’administration de la justice et du système de justice pénale, de réaliser la réforme des forces armées centrafricaines et des forces de sécurité intérieure afin de mettre en place des forces de sécurité multiethniques, professionnelles et républicaines bien équipées, pour assurer le désarmement, la démobilisation, la réinsertion et le rapatriement efficaces et sans exclusive des groupes armés, et pour instituer une gestion efficace des finances publiques de manière à faire face aux dépenses de fonctionnement de l’État, exécuter des plans de relèvement rapide et redynamiser l’économie.
Les membres du Conseil ont réaffirmé leur appui à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine et à sa feuille de route, qui a été adoptée à Libreville le 17 juillet 2017, et qui constitue le principal cadre pour une solution politique en République centrafricaine, comme convenu par les autorités centrafricaines et sous leur direction. Ils ont salué l’amorce de consultations par le Panel de facilitateurs de l’Initiative africaine, qu’ils ont encouragé à travailler de façon cohérente et à mettre en œuvre un programme ambitieux et un dialogue sans exclusive avec les groupes armés et tous les secteurs de la société, en favorisant la participation pleine et effective des femmes à ce processus et en continuant de s’appuyer sur la MINUSCA et d’autres partenaires pour parvenir à un accord politique global. Ils ont également encouragé le Président Touadéra à consolider et à élargir l’appropriation nationale du processus de paix, en étroite collaboration avec le Panel de facilitateurs. Ils ont souligné que le rôle et la contribution continus de l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et des pays voisins, demeuraient déterminants dans la promotion d’une paix et d’une stabilité durables en République centrafricaine. Ils ont exigé que tous les groupes armés déposent les armes et s’engagent de manière constructive dans le processus de paix immédiatement et sans conditions.
Les membres du Conseil ont constaté avec préoccupation que des groupes armés continuaient de s’affronter en République centrafricaine et que des civils de certaines communautés, des soldats de la paix des Nations Unies et des membres du personnel humanitaire continuaient d’être pris pour cible, ce qui ne cessait de déstabiliser le pays, de faire de nombreuses victimes civiles et de causer d’importants déplacements de population, alors même que les parties au conflit avaient convenu de mettre un terme immédiat aux hostilités. En particulier, ils ont condamné énergiquement les récents actes de violence qui ont eu lieu à Paoua, dans le nord-ouest de la République centrafricaine, et ont conduit à près de 60 000 déplacés et à 20 000 réfugiés.
Les membres du Conseil ont déploré toutes les attaques dirigées contre des civils et contre des hôpitaux en violation du droit humanitaire international, les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits, y compris les actes de violence sexuelle et de violence sexiste commis en période de conflit, ainsi que le recrutement d’enfants par des groupes armés, et réaffirmé qu’il était urgent et impératif de traduire en justice tous les auteurs de ces violations ou de ces atteintes, quels que soient leur statut ou leur appartenance politique.
Les membres du Conseil ont exprimé leur profonde préoccupation face à la situation humanitaire en République centrafricaine, y compris le nombre sans précédent de plus de 545 000 réfugiés et 688 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays, où la moitié de la population a besoin d’une aide humanitaire. Ils ont enjoint de nouveau à toutes les parties d’autoriser et de faciliter pleinement l’acheminement rapide, en toute sécurité et sans entrave, de l’aide humanitaire destinée aux personnes qui en ont besoin. Ils ont encouragé les États Membres à accroître le financement pour répondre d’urgence aux besoins humanitaires dans le pays.
Les membres du Conseil ont rappelé l’adoption de la résolution 2399 (2018) et souligné l’importance capitale de l’application effective du régime de sanctions, notamment du rôle clef des autorités centrafricaines, des États voisins, ainsi que des organisations régionales et sous-régionales à cet égard. Ils ont rappelé que la perpétration d’actes d’incitation à la violence, en particulier sur une base ethnique ou religieuse, et le fait de se livrer ou de prêter appui à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité en République centrafricaine pouvaient désormais donner lieu à désignation aux fins de sanctions, en application de la résolution 2399 (2018).
Les membres du Conseil se sont félicités de la visite du Secrétaire général en République centrafricaine du 24 au 27 octobre 2017 et ont renouvelé leur soutien énergique à son Représentant spécial, M. Parfait Onanga-Anyanga, et à la MINUSCA dans l’exécution de son mandat à l’appui des autorités centrafricaines, en particulier en matière de protection des civils, notamment par l’adoption d’une position active et ferme, l’appui au processus de paix et l’instauration d’un climat de sécurité propice à l’acheminement de l’aide humanitaire conformément à la résolution 2387 (2017). Ils ont particulièrement rendu hommage à la MINUSCA pour son opération « Mbaranga » menée à Paoua en janvier 2018 en vue de protéger les civils. Ils ont également encouragé les efforts déployés pour continuer d’optimiser les résultats de la MINUSCA et attendent avec intérêt la présentation de rapports sur les prestations des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police. À cet égard, ils ont pris note de l’enquête spéciale indépendante sur les graves attaques contre des civils qui se sont produites dans les préfectures du sud-est du 1er mai au 31 août 2017 et de la réaction de la MINUSCA face à ces attaques et appelé le Secrétariat et la MINUSCA à rendre compte de l’application de ses recommandations. Enfin, ils ont accueilli avec satisfaction les initiatives actuellement menées par le Secrétariat pour obtenir les forces autorisées supplémentaires sans tarder pour accroître la souplesse et la mobilité de la MINUSCA conformément aux dispositions du paragraphe 32 de la résolution 2387 (2017).
Les membres du Conseil ont relevé les diverses mesures prises par la MINUSCA et les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police pour lutter contre l’exploitation et les sévices sexuels, ce qui a permis de réduire le nombre de cas signalés, mais se sont dits gravement préoccupés par les allégations faisant état d’exploitation et de sévices sexuels qui auraient été commis par des soldats de la paix en République centrafricaine, ainsi que des forces non onusiennes, et ont à nouveau souligné la nécessité pour les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police et, le cas échéant, la MINUSCA, d’enquêter rapidement sur ces allégations.
Les membres du Conseil ont salué le travail accompli par la mission de formation de l’Union européenne et d’autres partenaires internationaux et régionaux au titre de la formation et du renforcement des capacités des forces nationales de sécurité et de défense, et mis l’accent sur l’importance d’une coordination effective avec la MINUSCA et la mission de formation de l’Union européenne à cet égard. Ils ont également pris note de la collaboration fructueuse qui s’est établie entre le Gouvernement centrafricain et ses partenaires internationaux, dont la MINUSCA et la mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine, afin de préparer le redéploiement durable des forces armées centrafricaines formées par la Mission de formation de l’Union européenne en République centrafricaine dans le cadre plus large de l’extension de l’autorité de l’État et de la sécurité.
Les membres du Conseil ont salué l’engagement pris par le Secrétaire général de présenter des recommandations sur l’appui que la MINUSCA pourrait apporter au redéploiement progressif et coordonné des unités des forces armées centrafricaines formées par la mission de formation de l’Union européenne au Conseil de sécurité pour examen et approbation éventuelle d’ici au 15 mai 2018 conformément aux dispositions de l’alinéa a) iv) du paragraphe 43 de la résolution 2387 (2017).