En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6896

L’ECOSOC termine ses travaux entre espoirs, inquiétudes et réticences face à la réforme du système des Nations Unies pour le développement

Les délégations étaient prévenues: ce segment « activités opérationnelles de développement » servirait à « poser les bases du consensus » sur les propositions de réforme du Secrétaire général visant à hisser le système des Nations Unies à la hauteur des défis liés au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Après trois jours de débats, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a retenu des discussions le caractère « réalisable » des propositions.

L’ambition de cette session, comme l’expliquait, il y a trois jours, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Marc Pecsteen de Buytswerve, était de « laisser aux États tout le temps de s’exprimer ».  Les délégations ont partagé espoirs, inquiétudes et réticences face aux sept axes de changement et 38 actions et recommandations que le Secrétaire général de l’ONU propose pour donner vie au projet de « repositionnement » du système des Nations Unies pour le développement.

Les axes comprennent la création d’une nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies bénéficiant de compétences renforcées, d’une présence physique optimisée et d’un soutien administratif consolidé et efficace; un système des coordonnateurs résidents impartiaux et aux moyens d’action renforcés; l’adoption d’une démarche à l’échelle du système pour les partenariats; et un nouveau pacte de financement entre les États Membres et le système des Nations Unies pour le développement.

« Pierre angulaire de la réforme », le renforcement du système des coordonnateurs résidents a cristallisé les discussions.  À l’instar du Secrétaire général, la France a estimé que des coordonnateurs résidents dotés des pouvoirs, des compétences et des moyens nécessaires pour remplir leur mission de coordination des équipes de pays sur le terrain vont gagner en légitimité indispensable aussi bien à l’égard des agences, fonds et programmes que des gouvernements hôtes.  

Accorder davantage d’autorité au coordonnateur résident ne veut pas dire qu’il n’aura de comptes à rendre à personne, avait aussi rassuré la Vice-Secrétaire générale, au premier jour des travaux.  Bien au contraire, un coordonnateur résident indépendant aurait toute la latitude pour obtenir des entités de l’ONU qu’elles s’alignent sur les priorités du pays devant lequel elles sont comptables de leurs actes.

L’Alliance des petits États insulaires s’est tout de même dite inquiète de ce « glissement », prenant soin d’insister sur des coordonnateurs résidents, certes indépendants et impartiaux, mais surtout au fait des sensibilités culturelles des pays dans lesquels ils travaillent et soucieux du principe d’appropriation et de direction nationales.  Elle a pris soin de rappeler avec fermeté que ce n’est pas aux Nations Unies de mettre en œuvre le Programme 2030, mais bien aux États.  L’Inde a soulevé une autre question, celle des coordonnateurs résidents « pluridisciplinaires » chargés du nexus développement-humanitaire-consolidation de la paix. 

Ce nexus, soutenu par l’Afghanistan, ne peut, a tranché l’Inde, s’appliquer que dans les pays aux situations d’urgence ou post-conflit et en conséquence, on ne saurait demander aux États Membres « un chèque en blanc » pour une telle approche.  Les coordonnateurs résidents « pluridisciplinaires » doivent être l’exception et non la règle, car l’objectif ultime est de réussir le Programme 2030, a insisté l’Inde, et soutenu par le Groupe des pays les moins avancés (PMA). 

Le Mexique a avoué que des pays comme le sien s’inquiètent de la séparation proposée des coordonnateurs résidents d’avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Nous voulons garder le PNUD chez nous, s’est-il alarmé.  Si la Suisse a appuyé l’idée de contributions obligatoires pour financer le système des coordonnateurs résidents, les États-Unis ont dit craindre une perte d’indépendance et la politisation du travail.

En conclusion, le Vice-Président de l’ECOSOC a retenu des interventions la nécessité de clarifier le rôle du coordonnateur résident comme point focal des discussions et des interactions avec les gouvernements.  Pour continuer les discussions sur le « repositionnement » du système des Nations Unies pour le développement, les États vont se retrouver autour des Représentants permanents de l’Algérie et du Danemark, les deux facilitateurs du processus intergouvernemental de l’Assemblée générale chargé de travailler sur les propositions de réforme du Secrétaire général.  Les délégations attendent aussi avec impatience le dialogue qui doit se tenir sur le financement des opérations menées par le système des Nations Unies sur le terrain, dont le « pacte de financement » que le Secrétaire général propose entre les États Membres et le système.

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 71/243 de l’Assemblée générale relative à l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies en 2018 (A/73/63-E/2018/8)

Table ronde: « Renforcer la responsabilité, la transparence et le contrôle au niveau mondial du système des Nations Unies pour le développement »

Le Modérateur et Vice-Président de l’ECOSOC, M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE a demandé aux panélistes de réagir à la proposition du Secrétaire général de créer à New York un conseil d’administration conjoint des fonds et programmes des Nations Unies. 

Dans son rapport sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement en vue de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Secrétaire général de l’ONU propose l’intégration progressive des conseils d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)/Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)/Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS); du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes). 

Ce conseil conjoint permettrait d’harmoniser les positions des États Membres et de garantir une approche cohérente à l’égard des entités ayant une incidence opérationnelle majeure, conformément aux orientations fournies par un Conseil économique et social renforcé.  La mise en place d’un tel conseil rehausserait le rôle d’orientation et de supervision des États Membres en matière de stratégies, de planification et de résultats communs, sans toutefois compromettre leur propre mission de supervision et l’engagement qu’ils ont pris d’appuyer les priorités établies par les entités au titre de leur programme individuel.

Le Président du Conseil d’administration du PNUD, du FNUAP et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) et Représentant permanent de Maurice auprès des Nations Unies, M. JAGDISH D.  KOONJUL, a rappelé que l’avantage de son Conseil d’administration est qu’il encourage la cohérence et la coordination, et permet, dans le même temps, de se pencher sur les points spécifiques de chaque agence.  Le deuxième avantage est l’existence d’un secrétariat unique et une collaboration plus harmonieuse entre les agences qui préservent néanmoins leur spécificité.  L’arrangement actuel permet aussi des gains d’efficacité, notamment la baisse du coût des déplacements.  Sur le plan financier et des ressources humaines, la préparation conjointe des documents permet également de faire des économies substantielles. 

Comme la proposition du Secrétaire général, M. Koonjul a estimé que c’est plutôt au niveau des pays qu’il faut plus de coordination et de cohérence pour une bonne mise en œuvre du Programme 2030.  Mais, a-t-il prévenu, le plus grand inconvénient de la proposition est qu’elle limiterait « le nombre de cerveaux » et la confrontation des idées. 

La fusion des conseils d’administration se fera progressivement, a rassuré le Président du Conseil du PNUD, du FNUAP et de l’UNOPS, en répondant aux préoccupations du Bangladesh.  Les fonds et programmes sont censés s’acheminer progressivement vers la fusion.  Au Royaume-Uni, qui demandait à qui appartiendrait le pouvoir de décision dans ce conseil d’administration conjoint, il a été dit que le but est de parvenir à des décisions communes. 

Le Secrétaire général défend une idée « intéressante », a commenté, à son tour, le Président du Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), et Représentant permanent de la Norvège auprès des Nations Unies, en soulevant la question de la composition d’un tel conseil d’administration.  M. TORE HATTREM a tout de même vu dans cette idée l’avantage de pouvoir traiter de nombreuses questions d’intérêt commun.  Il a suggéré une évaluation indépendante des conseils d’administration avant toute fusion.  Le représentant a aussi commenté les idées du Secrétaire général sur le segment « activités opérationnelles » de l’ECOSOC.  Il a pris note de la proposition de tenir deux sessions du segment par an au lieu d’une seule et estimé qu’il faut y réfléchir, sans pour autant gonfler le nombre total des réunions du Conseil.  Au nom des pays non-alignés, l’Égypte a jugé risqué d’étendre le rôle de l’ECOSOC au-delà de son mandat actuel.  Elle a en outre dénoncé une rétention d’informations, arguant du droit des États Membres « d’estimer au préalable l’impact des changements. »  Le Bangladesh et El Salvador ont réclamé un processus de réflexion transparent, coordonné et cohérent avec tous les États Membres.

Le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), M. AMIR ABDULLA, s’exprimant par vidéoconférence à Rome, s’est dit favorable aux propositions de réforme du PAM et a dit apprécier toute idée pour la gouvernance et renforcer le contrôle exercé par les États Membres.  Le Directeur a plaidé pour des évaluations conjointes, non sans annoncer que son Programme a adhéré à l’« International Aide Transparency Initiative ». 

La proposition du Secrétaire général sur la création d’un mécanisme d’évaluation à l’échelle du système est « judicieuse », a estimé le Secrétaire général adjoint aux services de contrôle interne.  Quand les mécanismes de gouvernance et de contrôle sont clairs, les évaluations sont tout aussi claires, surtout si elles sont indépendantes, a dit le secrétaire général adjoint. 

L’expérience a montré qu’il est toujours préférable d’exploiter les structures et ressources existantes, a tempéré le Président du Corps commun d’inspection (CCI), M. JEREMY KRAMER.  Il faut savoir avec précision ce qu’on attend d’une évaluation.  À qui est-elle destinée?  Comment ses recommandations sont mises en œuvre?  Pour commencer, a-t-il suggéré, l’ECOSOC devrait examiner les deux évaluations pilotes que le CCI a produites afin de déterminer quelles orientations pourraient être proposées et quelle politique pourrait être élaborée.

Au cours des 15 dernières années, on n’a cessé de discuter de la nécessité d’une évaluation indépendante « crédible » à l’échelle du système, a rappelé le Vice-Président du Groupe des Nations Unies pour l’évaluation, M. INDRAN A.  NAIDOO.  Retarder une décision sur le mécanisme proposé par le Secrétaire général aurait une incidence sur la capacité de l’Organisation à soutenir les progrès vers les objectifs de développement durable, a-t-il prévenu.  La petite unité indépendante pourrait coordonner les évaluations sur des questions stratégiques à l’échelle du système et synthétiser les principales conclusions sur la performance de l’Organisation.  Cela permettrait aux États Membres d’avoir une ONU collectivement comptable de ses actes et de savoir avec précision quel type d’appui apporter pour aller de l’avant. 

Débat général

Au nom des pays les moins avancés (PMA), M. NOJIBUR RAHMAN (Bangladesh) a salué les sept axes de changement et les 38 actions et recommandations que le Secrétaire général de l’ONU propose pour rendre le système des Nations Unies pour le développement plus efficace et plus comptable de ses actes.  Pour les PMA, c’est la résolution de l’Assemblée générale sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement qui doit guider le processus de réforme et la faculté du système de l’ONU à apporter le soutien nécessaire aux États pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Les PMA espèrent que les trois piliers du développement durable -économie, social, environnement- seront mis sur un pied d’égalité.  De même, les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID) doivent bénéficier d’une attention particulière de la part du système des Nations Unies pour le développement, s’agissant surtout des piliers « économie et environnement ».  Ces pays ont besoin d’un soutien au renforcement de leurs capacités de production et à leur transformation structurelle.

Les PMA estiment que le plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) est crucial parce qu’instrument unique pour tout le système de l’ONU, il assure une bonne planification au niveau national.  En la matière, le Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA est le meilleur guide.  Quand ils sont en fonction dans les PMA, a poursuivi le représentant, les coordonnateurs résidents doivent se focaliser sur les défis du développement, en s’attachant au principe d’appropriation nationale et de non-politisation des activités.  La priorité, c’est le développement, a insisté le représentant qui a prévenu que sans des ressources adéquates, prévisibles et flexibles, le système des Nations Unies pour le développement ne pourrait rien. 

Au nom du Forum des îles du Pacifique M. ODO TEVI (Vanuatu) a mis l’accent sur la nécessité d’obtenir une réforme adaptée pour que le système du coordonnateur résident et bureaux multipays soit à la hauteur des besoins et attentes de la région.  Tout en se félicitant de la Stratégie des Nations Unies pour le Pacifique 2018-2022, le représentant a rappelé l’énorme charge de travail qui pèse sur la Coordonnatrice résidente basée aux Fidji, accréditée auprès des 10 pays à la dynamique de développement propre, et qui doit travailler avec des pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Îles Salomon, nourrir des relations avec la Commission de consolidation de la paix (CCP) et son Fonds de consolidation de la paix, tout en mettant en œuvre les « Orientations de Samoa » et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le tout avec très peu d’appui et de ressources, notamment pour se déplacer dans une zone de quelque 40 millions de kilomètres carrés. 

Le Forum des îles du Pacifique souhaite donc une réforme qui fasse du coordonnateur résident le véritable chef d’une nouvelle génération d’équipes de pays, dispose du soutien de tous les membres du Groupe des Nations Unies pour le développement et des ressources nécessaires.  Le Forum demande aussi que les bureaux multipays soient mieux placés géographiquement et couvrent un nombre plus limité d’États – « moins de 10 ».  Leur efficacité doit être renforcée sur la base des principes d’impartialité, de neutralité et de respect de la souveraineté nationale.  On nous dit souvent, a confié le représentant, que chaque bureau du Pacifique est très petit, voire non viable, mais, si on les additionne, ils représentent des centaines de millions de dollars de projets.  La présence des Nations Unies dans le Pacifique est donc importante, mais elle peut être mieux organisée, a conclu M. Tevi.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires M. ALI NASSER MOHAMED (Maldives) a rappelé que les petits États insulaires en développement faisaient face à des défis spécifiques qui doivent être traités de manière inclusive.  Il n’y a pas d’approche unique pour tous les petits États insulaires, a-t-il prévenu.  Rappelant que dans le cadre du Programme 2030, l’appropriation et la direction nationales sont des éléments essentiels, le représentant a demandé une plus grande participation des États à la mise en place des plans-cadres.  Il s’est dit inquiet d’un « glissement » dans les interventions de plusieurs panélistes et a rappelé avec fermeté que ce n’est pas aux Nations Unies de mettre en œuvre le Programme 2030, mais aux États.  Les plans-cadres ne doivent pas être vus comme un outil au service des Nations Unies mais comme le moyen dont se sert le système des Nations Unies pour contribuer à la mise en œuvre des priorités définies par les États eux-mêmes. 

Le représentant a rappelé les arrangements liés aux bureaux multipays et a demandé que la nouvelle génération d’équipe de pays soit en mesure de fournir une assistance « spécifique » à chacun des pays qui dépendent d’un bureau multipays.  Il ne faut pas croire que les pays d’une même sous-région ont tous les mêmes priorités, a-t-il insisté.  Les plans-cadres doivent être propres à chaque pays et répondre à leurs priorités individuelles.  Le représentant a en outre plaidé pour un recours plus systématique à l’expertise locale et prévenu qu’il n’est « pas possible physiquement » d’avoir un coordonnateur résident pour 10 pays ou plus, « sans même mentionner le coût des déplacements ». 

Les petits États insulaires en développement demandent que les nouveaux coordonnateurs résidents soient indépendants et impartiaux, mais aussi qu’ils soient sensibles aux aspects culturels des pays dans lesquels ils travaillent, respectent le principe d’appropriation et de direction nationales et se rendent périodiquement dans les pays.  Le représentant a mis en garde contre la tentation de réorganiser les activités régionales aux dépens du niveau sous-régional. 

Il a insisté sur le rôle important du Département des affaires économiques et sociales et du Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.  Les petits États insulaires en développement rappellent également qu’ils n’attendent pas du système des Nations Unies qu’il assume la responsabilité de la gestion des partenariats mais qu’il les aide plutôt à les faciliter.  Enfin, les petits États insulaires en développement demandent que les ressources de base restent le pilier du financement du système des Nations Unies pour le développement.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a souligné l’importance du caractère volontaire et de la base des donations sur lesquels repose le système des Nations Unies pour le développement, ainsi que sa neutralité et son multilatéralisme.  C’est ce qui doit guider le processus de repositionnement, a-t-elle dit, en réaffirmant son attachement aux mandats de la résolution 71/243 de l’Assemblée générale.  Elle a aussi souligné la nécessité de respecter le leadership des pays en développement et leur appropriation des processus, ainsi que la responsabilité du système de garantir des mécanismes de gouvernance, de transparence et de reddition des comptes.  Elle a plaidé pour de la souplesse, soulignant qu’il n’y a pas de solution toute faite quand il s’agit du développement.

En ce qui concerne le coordonnateur résident, la représentante a souhaité que son autorité sur l’équipe de pays soit renforcée mais elle s’est opposé aux propositions qui entraîneraient une distorsion du mandat de ce fonctionnaire qui doit se consacrer exclusivement au développement ou qui s’écarteraient des principes tels que le respect de la souveraineté nationale.  Venant au financement, la représentante a estimé qu’il faut analyser plus avant les propositions, tout en appelant à un équilibre entre les ressources de base et les ressources préaffectés.  Il faut aussi mieux réfléchir à l’idée de fusionner les conseils exécutifs des entités de l’ONU et de créer un segment additionnel de l’ECOSOC sur les activités opérationnelles de développement.  Elle a conclu sur la nécessité de renforcer les fonctions et les capacités des commissions économiques régionales. 

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a souligné que l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement a déjà dicté au système des Nations Unies les principes et les orientations pour la première phase de la mise en œuvre du Programme 2030.  Notre tâche n’est pas de rouvrir l’examen mais bien d’assurer la mise en œuvre intégrale de ses conclusions, a dit le représentant.  À cet égard, il a estimé que les propositions du Secrétariat sont une bonne base de discussions.  Le Brésil a précisé qu’il veut voir des équipes de pays flexibles, adaptées aux particularités locales, ancrées dans le plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement et travaillant en collaboration étroite avec le gouvernement concerné.  La mise en commun des fonctions administratives doit être consolidée et les économies dégagées, investies dans l’action des équipes de pays.  Les coordonnateurs résidents doivent effectivement diriger ces équipes dans l’élaboration et la mise en œuvre du plan-cadre, en veillant à l’appropriation nationale et en se sachant comptables de leurs actes devant les gouvernements. 

Les ressources de base demeurent le pilier du système, a insisté le représentant.  Pour les compléter, il a dit appuyer des modalités plus souples d’utilisation des fonds préaffectés, comme les fonds communs qui contribuent d’ailleurs à réduire la fragmentation, les coûts de transaction et le fardeau qui pèse sur les initiatives de coopération au développement.  La mise en commun des fonds devrait être programmée sur le terrain pour coller au plus près aux priorités du pays concerné et renforcer la capacité des pays à exploiter tout le potentiel de ces fonds communs est essentiel, a souligné le représentant.  Il a conclu sur l’importance des partenariats, en insistant sur le fait que ce sont les gouvernements eux-mêmes qui doivent les définir.  Il a ajouté que les coopérations Sud-Sud et triangulaire devraient être mieux exploitées dans le cadre d’un système des Nations Unies repositionné. 

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a souhaité que les cinq premiers objectifs de développement durables se voient allouer davantage de ressources, constatant qu’il existe un déséquilibre en matière de financement.  Il a également estimé que toute l’attention requise doit être accordée aux priorités nationales, soulignant que toute décision liée à la présence des entités de l’ONU sur le terrain doit être prise en consultation avec les autorités nationales.  Le représentant a dit ne pas comprendre comment la séparation des fonctions de coordonnateur résident permettra à ces derniers de mieux accomplir leur travail.  Ces derniers pourront-ils toujours compter sur les services d’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)?  Le délégué a souhaité que le « pacte de financement » proposé par le Secrétaire général s’ancre dans les priorités des pays et reflète la voie tracée par les autorités nationales elles-mêmes.

Mme IRINA VELICHKO (Bélarus) a appelé à l’équilibre dans les changements à apporter au système des Nations Unies pour le développement, prévenant que la réorganisation envisagée ne saurait en aucun cas constituer un fardeau supplémentaire pour les États.  Il faut éviter, a-t-elle insisté, les lourdeurs bureaucratiques et améliorer le rendement des équipes de pays et des coordonnateurs résidents.  Il faut à tout prix renforcer la collaboration entre le système des Nations Unies et les pays hôtes, pour veiller au respect du principe d’appropriation nationale.  Le Belarus soutient les efforts du Secrétaire général en faveur des pays à revenu intermédiaire, notamment la création d’un poste de coordonnateur en charge de ce groupe de pays au sein du Département des affaires économiques et sociales (DAES). 

M. JAVAD MOMENI (République islamique d’Iran) a estimé que l’éradication de la pauvreté dans toutes ses formes et dans toutes ses dimensions doit être la question la plus urgente pour l’équipe de pays.  Le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement doit dûment respecter le principe d’appropriation nationale et le leadership du pays concerné et répondre aux besoins et aux défis de tous les pays en développement.  Le développement, a insisté le représentant, doit être au centre du processus de réforme du système des Nations Unies.  La configuration et la présence des équipes de pays doivent être déterminées avec l’accord du pays concerné pour bien répondre aux besoins et aux défis spécifiques.  La décision finale sur le plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement relève exclusivement du pays concerné et le coordonnateur résident doit se concentrer sur le développement et servir la cause du plan-cadre. 

Le rôle des commissions économiques régionales et leur interaction avec les pays hôtes doivent être préservés et renforcés, puisqu’ils sont essentiels à la coopération entre les gouvernements et à l’intégration régionale.  Un financement plus stable, plus robuste, plus prévisible et plus durable des activés de développement des Nations Unies est crucial.  Il a relevé la « nécessité fondamentale » d’améliorer le financement à l’échelle du système et de l’aligner sur les priorités et les stratégies des pays-programmes.  Les agences non résidentes, qui ont des décennies d’expérience dans les besoins en développement, doivent avoir un rôle renforcé dans un système des Nations Unies repositionné, a conclu le représentant. 

M. VICTOR MORARU (République de Moldova) a déclaré que l’action au niveau des pays sera le test décisif de la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  Il a appuyé la proposition visant à améliorer la coordination au niveau des pays et la cohérence de la présence sur le terrain, et à renforcer la redevabilité et l’efficacité.  Il a également estimé qu’une nouvelle génération d’équipes de pays, coordonnée de manière efficace par des coordonnateurs résidents indépendants et dotée d’un appui adéquat, représente un modèle d’encadrement prometteur.

Pour faciliter le processus de prise de décisions des États Membres, le délégué a estimé que davantage d’informations sont nécessaires, notamment en ce qui concerne l’efficacité, la réduction des doubles emplois et la diminution des coûts.  Il a aussi recommandé d’envisager la proposition de fusionner les conseils exécutifs comme une mesure à long terme, en parallèle avec les efforts actuellement en cours pour améliorer l’efficacité des conseils basés à New York.  Le représentant a aussi réclamé davantage de précisions sur la manière dont l’unité d’évaluation à l’échelle du système proposée par le Secrétaire général interagirait avec le Corps commun d’inspection (CCI).

Il a ensuite insisté sur l’importance du financement et a estimé que le repositionnement du système des Nations Unies doit permettre à celui-ci de jouer un rôle plus important pour financer les objectifs de développement durable, notamment en aidant les gouvernements à mettre à profit les partenariats et les ressources du secteur privé.  Il a estimé que le pacte de financement proposé par le Secrétaire général pourrait être la solution.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a souligné que l’appropriation nationale et le leadership des pays est la clef d’un bon repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  Il a plaidé pour que le système repositionné traite des besoins en infrastructures, en technologies et en financements des pays les moins avancés (PMA).  La réforme, a-t-il poursuivi, doit veiller à l’équilibre délicat entre paix et développement.  Le nouveau système des coordonnateurs résidents doit jouer un rôle accru dans la coordination de l’assistance humanitaire et dans les efforts de consolidation de la paix au niveau national. 

Le représentant a tout de même posé quelques questions: comment les mandats et les cadres administratives et juridiques des coordonnateurs résidents seront-ils négociés avec les pays hôtes?  Le coordonnateur résident sera-t-il nommé par tous les États Membres, sinon, sur quels critères?  Peut-on avoir une simulation sur la manière dont les nouveaux mandats des coordonnateurs résidents seront exécutés sans créer de doubles-emplois avec les mécanismes régionaux et thématiques existants?  À la lumière des propositions du Secrétaire général pour faire du plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, le principal document de planification d’un pays, comment se passera la préparation dudit plan-cadre dans le nouveau système?  Comment le nouveau système affectera-t-il à moyen et à long terme les bureaux des agences et organismes de l’ONU? 

M. WU HAITAO (Chine) a insisté sur le fait que le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement doit donner la priorité à l’élimination de la pauvreté.  Il faut également que les États Membres veillent à ce que ces réformes répondent véritablement aux besoins des pays en développement et respectent les buts et principes de la Charte et les modèles de développement choisis par les pays eux-mêmes.  Ce faisant, il faut respecter strictement les conclusions de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement et garder à l’esprit la nécessité d’un équilibre entre développement, consolidation de la paix et activités humanitaires.  La réforme du système de coordonnateurs résidents doit faire l’objet d’un consensus visant à ce que ces fonctionnaires s’en tiennent à leur mandat et à leur coopération obligatoire avec le pays hôte.  Les commissions économiques régionales doivent pouvoir poursuivre leur rôle positif, a conclu le représentant, en appelant les pays développés à tenir leur promesse en matière d’aide publique au développement (APD).

Mme BESIANA KADARE (Albanie) a rappelé qu’un nombre important de pauvres vivent dans les pays à revenu intermédiaire, précisant que ces États pourraient faire avancer de manière notable le développement durable dans son ensemble s’ils parviennent à accélérer leur propre développement.  Elle a estimé que les nouvelles équipes de pays pourrait être d’une d’aide très précieuse en la matière.  Évoquant la candidature de l’Albanie à l’Union européenne, elle a aussi appelé à tirer profit de la synergie avec d’autres acteurs de développement.  La représentante a appuyé le renforcement du plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, estimant que celui-ci doit servir d’outil de base pour les négociations et la définition de l’appui de l’ONU.  Elle a aussi fait part de son appui à la reconceptualisation du système des coordonnateurs résidents. 

M. IRMA ALEJANDRINA ROSA SUAZO (Honduras) a expliqué que le système des Nations Unies pour le développement était obligé de prévoir des mécanismes solides pour apporter un soutien normatif, technique et exécutif de manière intégrée et coordonnée à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, étant donné que les problèmes de développement gagnent en complexité et que les capacités des pays sont différentes.  Les rapports du Secrétaire général constituent une bonne base de discussion, a-t-il estimé en espérant que cela pourrait permettre d’inverser la tendance aux financements fragmentés pour aller vers davantage d’harmonisation.  Il a jugé utile de discuter en particulier des propositions consistant à aligner la présence physique du système avec les priorités nationales, en tenant compte des demandes multidimensionnelles qu’implique la mise en œuvre du Programme 2030.

Le représentant a plaidé en faveur de modèles souples et rentables et pour une collaboration dans l’analyse de la présence du système sur le terrain.  Il a aussi rappelé qu’il fallait tenir compte, dans le processus de réforme, des difficultés importantes que rencontrent les pays à revenu intermédiaire.  Il a remis en question la classification actuelle en fonction du revenu national, qui, selon lui, ne permet pas d’exploiter tout le potentiel de la coopération au développement.

M. DOYEON WON (République de Corée) a salué l’idée d’un système des Nations Unies pour le développement revigoré pour assurer un mode de travail plus intégré sur le terrain, avec l’accent qu’il faut sur la redevabilité et l’impartialité.  Il a souligné la nécessité de sécuriser un financement adéquat, prévisible et durable pour le système des coordonnateurs résidents.  Il a souhaité une analyse détaillée des quatre options de financement pour pouvoir prendre « une décision informée ».  Le représentant a insisté sur le fait qu’un coordonnateur résident doit être capable de coordonner les actions du triptyque humanitaire-développement-paix, au niveau national.  Le recrutement doit viser la parité entre les sexes et la diversité géographique.

Le représentant a aussi salué l’approche des partenariats à l’échelle du système, ajoutant qu’une bonne vérification et une bonne gestion des risques pourraient assurer l’intégrité du système.  Des normes harmonisées et communes, le respect des critères fixés et une bonne communication entre les agences sur la réputation des partenaires éventuels sont essentiels pour dépasser les partenariats fragmentés et mieux appuyer les pays dans la mobilisation des ressources.  Le représentant n’a pas oublié d’insister sur le rôle du secteur privé, crucial non seulement pour promouvoir des financements innovants mais aussi pour combler les lacunes en matière de connaissances, de sciences et de technologies.  Il a dit attendre des informations pour se faire une bonne idée d’un Bureau des partenariats réformé et des plans d’engagement du secteur privé. 

Sur le « pacte de financement », le représentant a salué le fait qu’il s’appuie sur les fonds communs comme ressources de base.  Le pacte doit s’ancrer dans les résultats au niveau des pays, a insisté le représentant qui a appuyé l’idée du Secrétaire général de lier le Fonds conjoint pour le Programme 2030 et le Fonds pour la consolidation de la paix aux plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement.  Mais il a voulu davantage d’informations sur la manière dont ces deux fonds et le pouvoir discrétionnaire du coordonnateur résident fonctionneront sur le terrain. 

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) s’est inquiété de la persistance des inégalités dans le monde, citant notamment la situation des femmes et des jeunes.  Il a appuyé la création d’équipes de pays aux caractéristiques spécifiques; les formules à taille unique ne contribuant efficacement au développement.  Le représentant a aussi plaidé pour le respect de la spécificité de chaque commission économique régionale.  S’agissant des coordonnateurs résident, il a souhaité qu’ils travaillent surtout à l’élimination des doublons.

M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a dit comprendre la nécessité de réformer le système des coordonnateurs résidents pour en améliorer l’efficacité, mais a rappelé que les questions étaient de savoir comment, dans quelle mesure et avec quels moyens financiers.  Relevant à propos du « pacte de financement » que le Secrétaire général présente dans son rapport, l’amélioration de la transparence et la redevabilité comme « notre engagement », il a dit attendre « des engagements concrets » en faveur de l’efficacité comme le demande la résolution relative à l’examen quadriennal complet.  Il a d’ailleurs cité en exemple l’UNICEF. 

Le représentant a aussi estimé que l’appropriation nationale et les partenariats sont des éléments clefs pour la mise en œuvre efficace du Programme 2030.  Les Nations Unies jouent un rôle important dans cet effort, mais il faut accepter le fait qu’elles ne doivent pas être les seules à traiter des objectifs de développement durable, a déclaré le représentant.  Pour le Japon, il est nécessaire que dans chaque pays l’on prenne en compte les avantages comparatifs des uns et des autres.  Il faut continuer d’étudier pour chaque projet la possibilité et les modalités de rendre les partenariats plu efficaces, y compris en ce qui concerne le recalibrage des équipes de pays et la fonction de chaque entité. 

M. MATÍAS PAOLINO LABORDE (Uruguay) a exprimé son soutien au Secrétaire général dans cette entreprise de réforme, espérant que le système des Nations Unies pour le développement sera en mesure de soutenir tous les pays en développement dans la mise en œuvre du Programme 2030, conformément aux plans nationaux.  Il a jugé crucial de doter les activités opérationnelles d’un financement stable, prévisible et durable, en précisant qu’il devait aussi être aligné sur les priorités et stratégies nationales et prendre en compte les particularismes de chaque État.  Soulignant l’importance de la coopération Sud-Sud, il a en même temps réaffirmé qu’elle ne devait pas se substituer à la coopération Nord-Sud mais plutôt la compléter.

Le représentant a ensuite réaffirmé que la fonction centrale des coordonnateurs résidents est de garantir la coordination des activités opérationnelles, en collaboration avec les équipes de pays des Nations Unies et sous la direction des gouvernements.  Il a souligné l’importance d’une répartition géographique équilibrée et de la parité pour ce qui concerne le personnel.  Il a aussi prôné un renforcement de la collaboration et des synergies entre les agences onusiennes, en éliminant la concurrence entre elles et en faisant une utilisation optimale des ressources.  Il a conseillé de tirer les leçons de l’expérience pilote « Unis dans l’action » pour en garder les bonnes pratiques.

M. ABDELLAH LARHMAID (Maroc) a déclaré que la lutte contre la pauvreté doit être placée au centre de l’action du système onusien pour le développement et a jugé impératif de prendre en compte les priorités de l’Afrique au cours du processus de réforme.  Il a appuyé une analyse des moyens appropriés pour renforcer les capacités du système et favoriser les coopérations Sud-Sud et triangulaire. 

Le Maroc est également d’avis que les propositions visant à renforcer la coordination et la cohérence entre les agences onusiennes doivent être mises en œuvre dans le respect total du modèle de développement de chaque État Membre.  Pour ce faire, a ajouté le représentant, l’amélioration envisagée du système des coordonnateurs résidents doit se faire dans le respect du principe d’appropriation nationale.  Il a aussi estimé important de faire en sorte que le plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement soit le seul instrument de coopération du système des Nations Unies.  En outre, les propositions concernant la révision des structures de reddition de comptes et de contrôle au niveau des instances onusiennes méritent une attention particulière.  Le délégué a aussi appuyé la mise en place d’une stratégie de financement plus durable prenant en considération les besoins de pays en développement.

M. ASHISH SINHA (Inde) a voulu que l’élimination de la pauvreté reste la priorité et le principe directeur des activités du système des Nations Unies pour le développement.  Ce système doit aider les pays à mettre en œuvre le Programme 2030, conformément à leurs priorités, plans et stratégies nationaux.  Son repositionnement doit dûment maintenir l’appropriation et le leadership nationaux.  Les entités, a poursuivi le représentant, doivent se savoir comptables de leurs actes devant les États Membres et l’expertise du système doit aider les pays-programmes à lever et à canaliser les ressources, en tenant compte de leurs différents niveaux de développement et de la réalité sur le terrain.

Le nexus développement-humanitaire-consolidation de la paix ne peut s’appliquer que dans les pays aux situations d’urgence ou post-conflit, a souligné le représentant.  En conséquence, on ne saurait demander aux États Membres « un chèque en blanc » pour une telle approche qui ne peut être appliquée qu’au cas par cas.  Quant aux critères de sélection des coordonnateurs résidents, les compétences doivent répondre aux besoins des pays, être différentes selon qu’il s’agisse d’un pays en crise humanitaire, d’un pays post-conflit ou autre.  Les coordonnateurs résidents « pluridisciplinaires » doivent être l’exception et non la règle, car l’objectif ultime est de réussir le Programme 2030. 

Le représentant a poursuivi sur la configuration et la présence des équipes de pays, lesquelles doivent relever de la prérogative des gouvernements et répondre aux besoins et défis identifiés dans les plans nationaux.  Le plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement doit pouvoir réunir toutes les parties prenantes « sur la même page » pour aligner les activités opérationnelles avec les priorités et plans nationaux.  M. Sinha a par ailleurs jugé nécessaire de parvenir à une compréhension commune des modalités régissant les partenariats, tant au niveau des pays qu’au Siège.  Le document stratégique à l’échelle du système, a-t-il encore dit, doit être un document agréé par les gouvernements.  Il a insisté sur le fait que le repositionnement du système des Nations Unies ne doit en aucun cas alourdir le fardeau des pays en développement.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a souligné qu’un système de coordonnateurs résidents renforcé, impartial et indépendant, avec des équipes de pays plus intégrées et alignées autour d’un cadre commun d’aide au développement constituait l’étape fondamentale vers une action plus efficace et plus coordonnée des différents organismes sur le terrain.  Le délégué a également appelé à des partenariats multipartites plus solides avec une participation plus efficace et plus intégrée du Département des affaires économiques et sociales et des commissions régionales.  En tant que pays donateur, l’Italie dispose déjà d’une structure de financement qui privilégie les contributions financières multilatérales et de base, a rappelé le représentant qui a reconnu la nécessité de réformer le système de développement des Nations Unies de manière similaire, afin de le rendre plus objectif, plus transparent et plus responsable et accroître sa crédibilité et son financement.

Mme BARANDUA (Suisse) a jugé indispensable de redynamiser le rôle du coordonnateur résident et a estimé que les propositions faites dans le rapport constituent « un minimum absolu » pour permettre à ce dernier et aux agences onusiennes de travailler de manière plus stratégique et plus efficace.  Elle a soutenu l’utilisation de contributions obligatoires pour le financement du système des coordonnateurs résidents, ajoutant qu’afin d’assurer un financement prévisible et durable, la Suisse est ouverte à un financement qui combine des contributions obligatoires avec d’autres sources de financement à définir.

La représentante a ensuite estimé que des travaux supplémentaires sont nécessaires pour mieux cibler « l’offre » du document stratégique à l’échelle du système.  S’agissant enfin de l’élaboration d’un pacte de financement, elle a insisté sur l’importance d’un financement adéquat, utilisé de manière efficace et du renforcement des mécanismes conjoints de redevabilité.  Les contributions à des fonds communs doivent être encouragées, non seulement par le système onusien, mais aussi par l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), en les reconnaissant comme des contributions de base, a-t-elle ajouté.

M. NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a indiqué que le système des Nations Unies pour le développement devait avoir pour priorité l’éradication de la pauvreté, dans le respect de la souveraineté des États et de leurs priorités de développement.  La nouvelle génération d’équipes de pays de l’ONU doit bénéficier des capacités nécessaires pour mettre en œuvre le Programme 2030, a-t-il dit, en appelant ces équipes à coopérer étroitement avec les pays hôtes.  Il a mentionné le plan stratégique unique 2017-2020, développé par son gouvernement et par l’équipe de pays, qui est aligné avec les stratégies de développement du Viet Nam.  Le délégué a appelé au renforcement du rôle des coordonnateurs résidents qui doivent être impartiaux et coopérer efficacement avec les pays hôtes.  Enfin, il a demandé que les engagements pris dans le Programme d’action d’Addis-Abeba au titre de l’aide publique au développement soient honorés. 

M. MARCOS MONTILLA (République dominicaine) a appelé de ses vœux un renouvellement et un renforcement du système des Nations Unies pour le développement, afin d’accompagner efficacement les efforts nationaux d’éradication de la pauvreté.  Il a invité à reconnaître les particularités de chaque pays, plaidant pour un respect du rôle primordial de l’État dans la construction de son propre destin.  La « nouvelle vision » du rôle du coordonnateur résident doit être examinée avec soin, a-t-il souhaité en soulignant le besoin de souplesse, car il faut s’éloigner du « modèle unique ».  En ce qui concerne la nouvelle génération des équipes de pays, le représentant a prévenu qu’il faudrait prévoir des modalités de travail claires et promouvoir une planification stratégique, avec des mandats cohérents. 

Le délégué a ensuite énoncé les trois priorités de la République dominicaine pour le processus de réforme: un pacte de financement qui donne des fonds de manière souple et en même temps prévisible; le renforcement des commissions économiques régionales, dont le soutien aux actions nationales et régionales de développement est crucial; et la promotion de la participation de tous les secteurs impliqués dans la réalisation du Programme 2030.  Il a souligné à cet égard le rôle central et la responsabilité des États pour coordonner les efforts de collaboration sur leurs territoires.

M. NAZIFULLAH SALARZAI (Afghanistan) a insisté sur l’importance d’un rapprochement entre les activités de paix, de développement et humanitaires, seul moyen de parvenir à l’approche globale nécessaire pour réaliser le Programme 2030, en particulier dans les pays qui font face à des conflits ou des crises humanitaires.  Le représentant a apporté son soutien à la proposition du Secrétaire général visant à utiliser le segment « activités opérationnelles » de l’ECOSOC pour renforcer l’orientation sur la coordination du développement avec l’assistance humanitaire et les efforts de consolidation de la paix.  L’Afghanistan appuie également les propositions visant à mieux préparer les coordonnateurs résidents à travailler sur ces trois domaines.  Le pays juge aussi important de consolider les rôles de l’ECOSOC comme espace intergouvernemental chargé de renforcer la culture de prévention et de se concentrer sur une culture de résultats. 

Favorable à la mise en place d’une nouvelle génération d’équipes de pays, l’Afghanistan souhaite que soient éliminés les doublons comme la fragmentation des activités et que la présence des Nations Unies soit configurée en fonction des besoins et des priorités des pays hôtes.  Le représentant a insisté sur l’appropriation nationale et le respect de la souveraineté.  Rappelant que son pays accueille un nombre important d’opérations des Nations Unies ainsi qu’une mission politique spéciale, M. Salarzai a souhaité un système de développement des Nations Unies renforcé et capable de renforcer son appui aux efforts du gouvernement grâce à plus d’efficacité mais aussi de transparence et de redevabilité. 

Enfin, l’Afghanistan estime qu’une refonte de l’approche régionale devrait être l’un des objectifs de la réforme.  Les pays les moins avancés ou les pays en développement sans littoral comme l’Afghanistan ont besoin d’un appui bien calibré et il est important que le système de Nations Unies renforce les capacités nationales et aligne ses activités en fonction là encore des priorités nationales des États, mais aussi que les Commissions économiques régionales des Nations Unies fassent preuve de plus grande coordination avec les autres activités afin de construire les synergies nécessaires à la mise en œuvre du Programme 2030.

M. GIOVANNI BATTISTA BUTTIGIEG (Malte) a appuyé les projets de réformes du Secrétaire général, estimant qu’au-delà de la mise en œuvre du Programme 2030, elles permettraient aux Nations Unies d’évoluer et de s’adapter aux défis nouveaux et émergents, assurant ainsi à l’Organisation un rôle dirigeant.  Pour qu’une telle réforme soit vraiment efficace, il est essentiel que tous les États Membres des Nations Unies puissent s’exprimer et apporter leur contribution, indépendamment de leur taille ou de leur statut international, a plaidé le représentant. 

L’avantage comparatif des Nations Unies tient à son universalité mais pas seulement, a poursuivi le représentant, pour qui la réforme doit aussi mettre en évidence les domaines où l’Organisation est efficace et ceux dans lesquels les objectifs seraient mieux atteints en partenariat avec d’autres organisations internationales.  Pour le représentant, les propositions présentées sont néanmoins un pas dans la bonne direction.  Malte est favorable au renforcement du système des coordonnateurs résidents dans le cadre d’un ensemble plus impartial et plus indépendant, qui bénéficiera aussi aux équipes de pays, lesquelles doivent aussi être restructurées pour améliorer la coordination. 

En ce qui concerne le pacte de financement, Malte souhaite un système modernisé, plus souple, plus viable et plus intersectoriel, et prône des partenariats avec le secteur privé et les autres organisations internationales, y compris les institutions financières internationales, afin d’élargir la base des contributeurs.  Malte souhaite aussi une évaluation de l’architecture régionale afin de supprimer les doublons et de mieux coordonner les approches. 

M. BERIT FLADBY (Norvège) a déclaré qu’en tant que contributeur important au système des Nations Unies pour le développement, son pays souhaitait voir améliorer les résultats communs et les gains d’efficacité.  La Norvège soutient la vision du Secrétaire général en matière de réforme.  La Norvège approuve les propositions tendant à mettre en place une nouvelle génération d’équipes de pays fondées sur les priorités des plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement.  Elle souhaite aussi que ces équipes servent à véhiculer les valeurs de la Charte et les normes internationales.  Elle demande que soient nommés des coordonnateur résidents impartiaux et dotés d’autorité et que des ressources suffisantes et prévisibles soient garanties.  La Norvège souhaite aussi une plus grande redevabilité. 

En même temps, la Norvège rappelle que certaines exigences de la réforme s’adressent aux États Membres.  Elle voit notamment dans la proposition relative au pacte de financement une opportunité d’inverser la tendance croissance à une fragmentation des financements.  Les engagements réciproques doivent être concrets et suivis, a ajouté le représentant.  Enfin, la Norvège estime que la réforme dans son ensemble suppose que le système des Nations Unies et toutes les entités concernées mettent en œuvre l’ensemble des dispositions de l’examen quadriennal complet.  Or, a fait remarquer M. Frydelund, le rapport du Secrétaire général montre qu’il y a encore beaucoup à faire.  Il a illustré son propos par la difficulté actuelle à suivre les allocations des ressources consacrées à l’autonomisation des femmes ou à l’égalité entre les sexes, alors que ces questions sont une condition sine qua non du développement durable.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a déclaré que le processus et l’objectif final du repositionnement du système des Nations Unies pour le développement devraient être guidés par les six principes suivants: l’élimination de la pauvreté; la focalisation du système sur le développement durable; l’appropriation, le leadership et la responsabilité des gouvernements nationaux; le lien entre développement, action humanitaire et consolidation de la paix; la prévisibilité du financement; et la lutte contre les écarts entre le système des Nations Unies pour le développement et la réalisation des objectifs de développement. 

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a indiqué que dans son pays, l’approche « Unis dans l’action » est en marche depuis 2006.  Le système onusien y est installé dans un bureau unique et les interactions avec les institutions nationales se sont améliorées de manière significative, tandis que le leadership national s’est renforcé, permettant ainsi un plan-cadre qui traduit une harmonisation parfaite entre la Stratégie nationale de développement et le Programme 2030.  Cabo Verde salue les 10 ans et plus de cette approche qui aura été une expérience de grande valeur.  Pour le représentant, l’expérience de Cabo Verde offre une base pour la réforme de l’ensemble du système, une nouvelle génération d’équipes de pays et un système de coordonnateurs résidents revigoré.

Après la sortie de Cabo Verde du statut de PMA pour entrer dans celui de pays à revenu intermédiaire en 2008, on avait pensé à une nouvelle fenêtre d’opportunités, a avoué le représentant.  Mais le pays fait plutôt face à des vulnérabilités économiques, sociales et environnementales du fait de son statut de petit État insulaire en développement.  Le représentant a donc invité le système des Nations Unies pour le développement à considérer des solutions aux problèmes de compétitivité et de résilience des pays à revenu intermédiaire, conformément au mot d’ordre « de ne laisser personne sur le côté ».

M. PAUST (Allemagne) a dit qu’il ne faut pas perdre l’opportunité unique de cette réforme du système des Nations Unies pour le développement.  Nous soutenons la proposition du Secrétaire général dans son ensemble notamment le renforcement du plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), les efforts pour aider le système des coordonnateurs résidents et le travail du PNUD dont le cadre d’engagement devrait être défini plus clairement.  Nous soutenons aussi une nouvelle étude de l’utilisation des ressources humaines et autres au niveau régional.  Le délégué a également apporté son soutien au pacte de financement du Secrétaire général « dans ses grandes lignes. » 

M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande) a salué les échanges entre les délégations et a dit espérer que les facilitateurs des négociations qui se profilent à l’horizon, à savoir les Représentants permanents de l’Algérie et du Danemark, vont s’en servir pour la suite du processus.  Alors que la confiance envers l’ONU s’étiole, le représentant a jugé important que le système des Nations Unies pour le développement inspire confiance, c’est pourquoi il faut le rendre adapté aux réalités du terrain.

Mme STEFANIE AMADEO (États-Unis) a déclaré que des modifications sont nécessaires dans la proposition de réforme du système des Nations Unies pour le développement.  Elle a douté de fusionner les conseils d’administration des agences de l’ONU, ne voyant pas comment cela accélèrerait la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a aussi douté des propositions sur le système des coordonnateurs résidents qui certes a besoin d’un nouvel élan mais qui doit demeurer indépendant.  Or les propositions sur le financement de ce système rendraient les coordonnateurs résidents plus dépendants et politiseraient leur action.  La mise en œuvre des conclusions de l’examen quadriennal doit continuer de se faire de manière volontaire.  En toutes choses, a conclu la représentante, il faut se concentrer sur ceux qui sont vraiment dans le besoin. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) a salué les recommandations du Secrétaire général concernant ce qui constitue la pierre angulaire de la réforme, à savoir le renforcement du système des coordonnateurs résidents et la reconfiguration des équipes de pays.  Ces réformes doivent aboutir à la nomination de coordonnateurs résidents dotés des pouvoirs, des compétences et des moyens nécessaires pour remplir leur mission de coordination des équipes de pays sur le terrain.  Elles doivent également leur donner la légitimité indispensable aussi bien à l’égard des agences, fonds et programmes que des gouvernements hôtes.  Ces coordonnateurs résidents devront également être en position de mener des politiques cohérentes avec les acteurs humanitaires et du maintien de la paix, afin de contribuer à la mise en œuvre du nexus paix-sécurité-humanitaire-développement.

En outre, l’adaptation de la présence des Nations Unies sur le terrain doit lui permettre de concentrer son action vers ceux qui en ont le plus besoin, conformément au principe directeur du Programme 2030:« aucun laissé pour compte ».  C’est pourquoi les PMA, les sociétés fragiles et les petites îles en développement doivent être la priorité du système des Nations Unies.  De même, la reconfiguration des équipes de pays devra également conduire à la rationalisation du système, notamment par le détachement d’experts d’agences, fonds et programmes spécialisés auprès de structures implantées sur le terrain, ainsi que par la mutualisation des locaux et services de soutien.

La France accorde également du prix à « une réforme en profondeur » du Département des affaires économiques et sociales, ainsi que des commissions régionales.  Elle attend de ces structures qu’elles travaillent de manière efficace, collaborative et cohérente, en fonction de leurs avantages comparatifs avérés et en évitant les doublons. 

M. HENRY VIERA SALAZAR (Équateur) a fait sienne la vision du Secrétaire général qui propose de réformer le système des Nations Unies pour le développement, en vue de renforcer la coordination et l’intégration aux niveaux global, régional et national.  Il a souhaité que le « repositionnement » soit abordé selon une approche souple, qui réponde aux besoins, visions, réalités et spécificités de chaque pays et de chaque région.  La composition, les capacités et les programmes des équipes de pays doivent, à son avis, mieux refléter le changement de paradigme conceptuel et le caractère universel et multidimensionnel des objectifs de développement durable.  Il a demandé que la même rationalité soit appliquée aux entités du système présentes sur le terrain, en tenant compte des demandes multidimensionnelles du Programme 2030 et d’autres objectifs agréés internationalement, comme le Nouveau Programme pour les villes.

Le représentant a aussi appuyé le système des coordonnateurs résidents, avant de réitérer l’importance du système pour mobiliser les ressources nécessaires -les financements comme les capacités- pour atteindre les objectifs économiques.  De manière générale, a-t-il poursuivi, l’Équateur appuie la proposition du Secrétaire général de renforcer la mise en œuvre du Programme 2030.  Toutefois, il a prévenu du risque d’occulter la dimension régionale du développement.  Il a dès lors demandé de ne pas limiter les compétences des commissions régionales à des questions tels que le financement du développement, les aspects macroéconomiques ou encore le développement urbain.  Il a déclaré à ce propos vouloir renforcer les liens entre son pays et la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.  Quant au pacte de financement, il a abondé dans le sens d’une augmentation des ressources de base prévisibles et pluriannuelles, et dans l’idée que les ressources complémentaires doivent être centrées sur les priorités des gouvernements.

M. TEODORO L. LOCSIN (Philippines) a indiqué que la lutte contre la pauvreté nécessite que l’on abandonne les systèmes classiques d’évaluation fondés sur des indicateurs macroéconomiques pour privilégier ceux qui tiennent compte du développement humain.  Il a aussi voulu que l’on tienne compte des défis spécifiques des pays à revenu intermédiaire lors de la conceptualisation de la nouvelle génération d’équipes de pays et du renforcement du système de coordonnateurs résidents.  La refonte du système doit reposer sur les objectifs de développement durable identifiés comme prioritaires par les pays eux-mêmes.  Le représentant a insisté sur l’importance de mécanismes de financement « réalistes » qui répondent à la tendance à la baisse des contributions de base.

Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a dit que le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement doit favoriser une démarche cohérente et coordonnée.  La déléguée a insisté pour que ce repositionnement permette la réalisation de tous les objectifs de développement.  Dans le même temps, il faut répondre aux besoins spécifiques de chaque pays.  Le système des coordonnateurs résidents doit donc tenir compte des priorités nationales.  La représentante a répété que la priorité doit être l’élimination totale de la pauvreté et le renforcement des capacités des pays vulnérables, en particulier les pays en développement sans littoral.  Elle a aussi appelé à une augmentation substantielle des financements.

M. KONSTANTIN Y. KULIKOV (Fédération de Russie) a souhaité qu’un équilibre entre les États soit trouvé pour la mise en œuvre de ce repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  Il a rappelé que les États Membres avaient atteint un consensus en adoptant la résolution sur l’examen quadriennal complet.  La Fédération de Russie, a-t-il avoué, n’est pas pleinement convaincue de la pertinence des réformes envisagées pour la fonction de coordonnateur résident.  Les propositions du Secrétariat ne semblent pas prendre en compte tous les avis.  De même, la fusion des fonctions administratives de toutes les agences ne va pas forcément conduire à la réduction des coûts de transaction.  Il faut donc, avant de s’engager, qu’un document de consensus soit établi pour la mise en œuvre de l’examen quadriennal, en tenant compte des avis des uns et des autres.

M. TIERNEY (Irlande) a jugé important de maintenir l’accent sur les pays les moins avancés et d’améliorer la coordination avec la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales.  Il a appuyé l’élaboration de nouvelles méthodes de travail qui visent à renforcer l’interaction, au niveau des pays, avec la société civile, le secteur privé et d’autres parties prenantes.  Le représentant a ensuite assuré que son gouvernement continuera de fournir un financement souple et coordonné au système des Nations Unies pour le développement.  L’Irlande compte d’ailleurs fournir un financement pluriannuel à davantage de partenaires dans un avenir proche et continuer d’appuyer les mécanismes de financement commun.  S’ils sont bien ciblés, les financements communs peuvent être des moteurs catalytiques pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il estimé.

M. EFRAIM GOMEZ (Suède) a souligné les points importants pour sa délégation.  La Suède soutient fermement les propositions pour avoir une réponse personnalisée et flexible des Nations Unies au niveau des pays.  L’ONU est utile et pertinente dans tous les contextes mais son rôle sera différent dans chaque contexte.  Les équipes de pays des Nations Unies doivent combiner des appuis normatifs et opérationnels dans toutes les dimensions du développement durable.  Il faut s’assurer que les équipes de pays puissent offrir des conseils dans le domaine du genre, de l’humanitaire, des droits de l’homme, de la paix et du développement.  Les équipes de pays nécessitent aussi un leadership fort. 

En outre, l’indépendance du système des coordonnateurs résidents est nécessaire mais doit s’accompagner d’un renforcement de la fonction de coordonnateur résident qui irait au-delà du son mandat de coordination.  Le coordonnateur résident doit avoir accès à des financements pour encourager la collaboration et donner de la vigueur aux activités du système.  Enfin, il faut un financement amélioré et adéquat du système des Nations Unies pour le développement si l’on veut réussir la mise en œuvre du Programme 2030, a conclu le représentant. 

M. GEBEYEHU GANGA GAYITO (Éthiopie) s’est félicitée que le principe d’appropriation nationale préside le processus de réforme du Secrétaire général.  Les Nations Unies étant un de ses principaux partenaires au développement, l’Éthiopie accorde une grande importance à la réforme du système des Nations Unies.  Elle appuie fortement un système qui viendrait en aide aux pays en développement, et en particulier aux pays les moins avancés, conformément aux priorités nationales que ces derniers auront définies.  Il est donc impératif de créer une nouvelle génération d’équipes de pays.  L’Éthiopie juge bon de renforcer le système des coordonnateurs résidents de manière à améliorer la transparence, l’efficacité et la coordination au plan national.  Mais le représentant a demandé que l’on veille à ce que la réforme n’impose pas de nouvelles charges financières à des pays comme le sien au cas où le coordonnateur résident serait financé par le budget ordinaire.  Il a également souhaité un renforcement des commissions économiques régionales des Nations Unies.

Il a rappelé que la réforme du système des Nations Unies exige de traiter du déséquilibre actuel entre les ressources de base et les autres.  S’il faut renforcer l’efficience du système, il est également indispensable que les partenaires au développement honorent leurs engagements au titre du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis Abeba, a-t-il insisté.  Il a enfin estimé que la réforme du système des Nations Unies ne pourra se faire que dans le cadre de partenariats renouvelés et multiples.

Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a demandé à ce que la configuration des équipes de pays des Nations Unies soit déterminée en consultation et avec le consentement des pays hôtes.  Elles doivent respecter les stratégies nationales de développement des pays hôtes et le rôle central et déterminant des gouvernements.  Le système de coordonnateurs résidents devrait se focaliser principalement sur le développement sous le leadership des gouvernements nationaux.  Les coordonnateurs résidents doivent être des professionnels du développement durable qui ne doivent en aucun cas dévier du principal objectif du plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement.  Troisièmement, le succès du Programme 2030 dépend d’un financement plus prévisible et plus durable et de la multiplication de partenariats efficaces, a estimé la représentante.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a salué le fait que le Secrétaire général ait déjà pris des mesures pour ajuster le système des Nations Unies pour le développement et l’adapter au Programme 2030, comme la nomination de la Vice-Secrétaire générale au poste de présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable.  Il l’a aussi remercié pour sa proposition relative aux équipes de pays et aux coordonnateurs résidents, indiquant que des pays comme le sien souhaitent faire des contributions pour maintenir le PNUD chez eux, surtout dans la perspective d’une séparation du coordonnateur résident d’avec le Programme.  En ce qui concerne les commissions économiques régionales, il a jugé utile de tenir compte des différences entre les régions et sous-régions, en évitant d’appliquer des solutions toutes faites.  Il a même demandé que la CEPALC soit renforcée.

Le représentant a également conseillé de s’appuyer sur l’ECOSOC comme organe délibérant le mieux à même d’assurer le suivi du Programme 2030.  Il a appelé à réfléchir notamment à ce que l’on attend du segment « activités opérationnelles » et à se demander s’il pourrait servir d’espace au conseil d’administration unique des agences de l’ONU.  Le représentant a également dit apprécier la proposition du Secrétaire général de renforcer les fonds interinstitutions et les fonds thématiques propres à chaque entité.  Le partage des bonnes pratiques et le renforcement des capacités doivent être comptabilisés dans les contributions volontaires, a-t-il aussi suggéré.

M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a dit que le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement pourrait permettre de corriger les anomalies d’un système « dépérissant ».  Ce système doit tenir compte des pays les plus vulnérables, a-t-il plaidé, en prévenant que si l’on veut changer les mandats de coordonnateurs résidents, alors il faut d’abord s’assurer que le nouveau système va effectivement marcher.  Pour le Népal, un système repositionné doit pourvoir aider les pays à procéder à des réformes structurelles de leur économie.  Le pacte de financement proposé par le Secrétaire général doit assurer la prévisibilité des ressources et éviter les chevauchements entre agences.  Le représentant a dit soutenir l’appel du Secrétaire général à une augmentation des ressources de base.  Le repositionnement devra donc répondre aux lacunes du système et apporter synergie, cohérence, et permettre de se prémunir de toute politisation des activités de développement.

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a relevé que plus de la moitié du budget du système des Nations Unies pour le développement est alloué aux domaines d’activité liés aux six premiers objectifs de développement durable, et a appelé à accélérer les réformes pour rendre le système « plus stratégique, plus transparent, plus efficace et plus axé sur les résultats ». Il a souligné que toutes les activités visant à repositionner le système doivent renforcer l’appropriation et la mobilisation nationales, s’adapter aux contextes nationaux et veiller à des résultats sur le terrain.  La pleine participation des États Membres dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des plans-cadres pour l’aide au développement est cruciale, a-t-il ajouté, et les coordonnateurs résidents doivent travailler d’une manière indépendante et impartiale, en collaboration étroite avec les gouvernements.  Il est également essentiel d’assurer une bonne représentation géographique dans les nominations.  Le représentant a en outre fait valoir que l’augmentation du volume et la prévisibilité des ressources de base est aussi important que de préserver la neutralité et le caractère multilatéral du système.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a estimé que le rapport du Secrétaire général constituait une bonne base de discussion sur l’alignement du système des Nations Unies pour le développement avec le Programme 2030.  Il a noté des « idées utiles » pour améliorer la coordination sur le terrain.  Le délégué s’est en revanche demandé comment la fusion des conseils d’administration améliorerait la cohérence et la coordination.  En fait, de tels changements pourraient avoir un impact négatif sur les mandats des agences.  Cette idée, qui a priori vise à accélérer la réalisation des objectifs de développement durable, ne doit pas oublier le principe de représentation géographique dans le conseil d’administration conjoint.  Il faudra aussi éviter les approches uniques applicables à toutes les régions.  Le représentant a aussi voulu que l’on préserve les commissions régionales pour tirer parti de leurs expériences spécifiques.  En toute chose, n’oublions pas que la responsabilité du développement incombe en premier lieu aux gouvernements eux-mêmes, a-t-il conclu.

M. FAYE O’CONNOR (Royaume-Uni) a mis l’accent sur la redevabilité, estimant que le « besoin d’améliorer la redevabilité du système » mis en avant par le Secrétaire général pouvait se diviser en trois aspects.  Le premier est l’amélioration de la redevabilité du système des Nations Unies envers ses bénéficiaires.  Le deuxième est celle du système envers les États Membres et, à cet égard, le Royaume-Uni juge essentielle la proposition du Secrétaire général de mettre en place un bureau d’évaluation indépendant. 

Enfin, la troisième forme de redevabilité est celle des entités et du système, à l’égard des investisseurs.  Le Royaume-Uni, qui est un des principaux contributeurs des Nations Unies et de son système de développement juge décevant la stagnation du nombre des investisseurs importants.  Nous devons avoir des conversations « honnêtes » sur ce que les Nations Unies doivent faire pour attirer de nouveaux investisseurs, a estimé le représentant, pour qui le projet de pacte de financement du Secrétaire général est un bon point de départ qui devra être discuté plus avant dans les prochains mois.

M. FILIEP DECORTE , Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a déclaré que comme chaque agence de l’ONU a son mandat et son expertise, il faut assurer que les systèmes soient en place pour mobiliser cette expertise de manière effective et rentable en particulier pour les agences non-résidentes comme ONU-Habitat qui doit aussi pouvoir apporter un soutien intégré aux pays, aux villes et aux communautés.  En outre, la stratégie à l’échelle des Nations Unies de la mise en œuvre du Programme des Nations Unies pour les établissements humains et ses dimensions « développement durable » seront un instrument important pour assurer la cohérence et faire la différence au niveau des pays.  Il en est de même pour le mécanisme multipartite au service du développement urbain durable et le Fonds commun pour le Programme 2030.

ONU-Habitat s’est engagé à devenir une agence tournée vers l’avenir qui utilise sa valeur ajoutée pour soutenir les efforts de Nations Unies.  Il travaille également pour des partenariats plus égaux avec les parties prenantes non-onusiennes.  Enfin, le neuvième Forum mondial des villes qui vient de se tenir à Kuala Lumpur a débattu de la mise en œuvre concrète des étapes et des modèles de partenariats pour construire des villes pour tous, en utilisant le Nouveau Programme pour les villes comme outil stratégique de la réalisation des objectifs de développement durable.

Mme RIEFQAH JAPPIE, Centre du commerce international (CCI), a dit qu’en tant qu’agence conjointe de l’ONU et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le CCI vise à faire en sorte que le commerce soit utile aux 99% de la population.  Cela passe par un soutien aux petites et moyennes entreprises (PME), y compris celles détenues par les femmes dans les pays en développement, notamment les pays les moins avancés (PMA), afin d’améliorer leur compétitivité.  Mme Jappie a souligné que le CCI est une agence non-résidente basée à Genève, avec un mandat ciblé et un ensemble de méthodologies éprouvées qui peuvent servir aux coordonnateurs résidents et au système des Nations Unies pour le développement comme outil de soutien aux priorités de développement nationales et régionales.  Le Centre est prêt à partager son expérience d’approche souple et basée sur les besoins des pays, dans le cadre du processus de réforme.

Déclarations de clôture

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de Nations Unies, s’est félicitée de ce que les discussions aient montré le caractère « réalisable » des propositions avancées pour réformer le système des Nations Unies pour le développement.  Nous atteignons la dernière ligne droite sur la voie du repositionnement du système, et ce que nous souhaitons tous c’est un système plus efficace pour garantir la réalisation des objectifs de développement durable,« partout et pour tous ».

Le Vice-Président de l’ECOSOC, M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE, a résumé en six messages clefs les trois jours du segment « activités opérationnelles de développement » et d’abord la « centralité » du plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, comme plan unique orienté vers les résultats pour le travail de toutes les entités des Nations Unies, élaboré en consultation avec le gouvernement concerné et conforme aux priorités nationales.  Le nouveau processus du plan-cadre doit aussi impliquer une collaboration renforcée entre l’équipe de pays et les agences non résidentes, y compris les structures régionales. 

Le nouveau rôle du PNUD et sa plateforme des objectifs du développement durable, dans des équipes de pays renouvelées, a besoin d’être clarifié.  La couverture, les lacunes et les chevauchements identifiés dans le premier rapport du Secrétaire général de juin dernier méritent d’être traités, en prenant en compte le fait que l’ONU ne doit pas tout faire et partout.

Deuxièmement, le Vice-Président a relevé que, selon les délégations, un travail à plein temps du coordonnateur résident et la réforme du système des coordonnateurs résidents pour se concentrer sur les résultats permettront à ces fonctionnaires d’être indépendants, cohérents et souples.  Il est tout aussi nécessaire de clarifier le rôle du coordonnateur résident comme point focal des discussions et des interactions avec les gouvernements.

Troisièmement, le Vice-Président a noté chez les délégations des appels à la mise en place d’une approche des partenariats à l’échelle du système et à des critères de base pour les partenaires, telles que l’adhésion aux valeurs des Nations Unies et la capacité de contribuer de manière significative à la réalisation des objectifs de développement durable.

Quatrièmement, les délégations ont insisté sur une approche centrée sur le Programme 2030, comme meilleure garantie du succès dans l’approche à l’échelle du système.  Le document stratégique à l'échelle du système et le chapitre commun des plans stratégiques sont, pour elles, l’incarnation de l’approche conjointe autour des plans-cadres et des priorités nationales.  Les lignes existantes de redevabilité ne doivent pas être un obstacle à la cohérence au niveau des pays.

Cinquièmement, à côté de la nécessité d’accroître les ressources de base, les délégations ont parlé du potentiel énorme, dans l’intérêt de la  prévisibilité, de l’efficience, de l’efficacité, de la cohésion et de l’action axée sur les résultats, des fonds communs.  Elles ont voulu que l’on apprenne à mieux les concevoir, pour pouvoir les utiliser sagement et de manière responsable.  Les États Membres ont dit attendre avec intérêt le dialogue sur le financement.

Sixièmement, le Vice-Président a dit avoir entendu beaucoup d’interventions sur la redevabilité vis-à-vis des pays qui doit être renforcée, et l'évaluation des méthodes de travail des conseils d’administration qui doit être poursuivie.  Il est nécessaire, ont estimé les délégations, de réfléchir davantage aux options proposées par le Secrétaire général sur la mise en place d’une nouvelle unité d’évaluation à l'échelle du système et sur la fusion progressive des conseils d’administration, en tenant compte des aspects importants telle que la responsabilité fiduciaire des différentes agences des Nations Unies.

Finalement, l’idée de diviser le segment « activités opérationnelles de développement » de l’ECOSOC en deux sessions annuelles doit, selon les délégations, être discutée en dehors du suivi de l’examen quadriennal complet.  

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