ECOSOC: multiples commentaires sur le « pacte de financement » du Secrétaire général pour le système des Nations Unies
De toutes les 38 recommandations et actions proposées par le Secrétaire général pour hisser le système des Nations Unies à la hauteur des défis du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la plus commentée a été peut-être celle sur la création du « pacte de financement », alors que le Conseil économique et social (ECOSOC) poursuivait son segment « activités opérationnelles de développement ».
Dans son rapport, le Secrétaire général évoque le chiffre astronomique de 5 000 à 7 000 milliards de dollars par an pour financer le développement durable d’ici à 2030. Bien qu’elles soient faibles en comparaison, les ressources versées par les agences, fonds et programmes des Nations Unies, dit-il, peuvent avoir d’importantes répercussions car elles ont tendance à mieux cibler la réalisation des objectifs de développement que d’autres ressources. En outre, le système des Nations Unies peut utiliser ses fonds pour encourager la mobilisation de ressources supplémentaires, notamment des ressources nationales.
Or, comme l’a expliqué aujourd’hui le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, le tableau du financement du système des Nations Unies est pour le moins « mitigé » tant sur la quantité et que sur la qualité. M. Liu Zhenmin a précisé que le financement total a atteint un sommet historique de 29,5 milliards de dollars en 2016 et a plus que doublé en termes réels entre 2002 et 2016. Mais cette augmentation est principalement due à la forte croissance de l’aide humanitaire qui a presque triplé pendant cette période.
La qualité du financement continue, elle, de se dégrader, 22% des fonds seulement étant consacrés aux activités opérationnelles sous la forme de contributions de base et aucun progrès n’a été fait pour rendre plus flexibles les modalités d’utilisation des fonds préaffectés. Les contributions que les agences mettent en commun sont restées au même niveau depuis 2009 et l’allocation des ressources reste concentrée dans un petit nombre de pays. En 2016, a précisé le Secrétaire général adjoint, 71% des fonds ont été dépensés dans 27 pays. Les agences ont dépensé moins de 50 millions dans 79 pays voire moins de 20 millions dans 43 d’entre eux. Cela veut dire que les neuf entités présentes dans ces 79 pays ont dépensé chacune en moyenne la somme de 2,7 millions de dollars.
Le « pacte de financement » entre les États Membres et le système des Nations Unies serait donc là pour éviter « la fluctuation des fonds », a précisé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed. Le pacte serait structuré autour d’un nombre restreint d’engagements mutuels concrets et réalistes reposant sur les principes fondamentaux d’universalité, de multilatéralisme, de neutralité, de prévisibilité, de transparence, de responsabilité, de gestion axée sur les résultats, d’efficacité et d’efficience.
L’Union européenne a estimé que l’idée est « un élément crucial » de la réforme. Elle a prôné des mesures incitatives pour élargir la base des donateurs et assurer l’équilibre entre les ressources de base et les ressources préaffectées. Mais pour ce faire, a-t-elle prévenu, le système des Nations Unies doit être suffisamment clair sur le « retour sur investissement ». Le lien « étroit » entre investissements et amélioration de l’efficacité du système de l’ONU, a été souligné par la Finlande.
L’Union européenne a également salué les propositions sur des mécanismes innovants de financement, y compris les fonds non concessionnels et une collaboration plus étroite avec les institutions financières internationales et les fonds verticaux tels que le Fonds mondial de lutte contre le sida et l’Alliance mondiale pour les vaccins. Le Groupe des 77 et la Chine se sont félicités de l’intention du Secrétaire général de tenir un dialogue sur le financement. Les États-Unis ont insisté pour que l’on réfléchisse « dans les limites des ressources existantes ». L’Union européenne a dit attendre un exposé clair sur les domaines où l’ONU entend dépenser moins, grâce aux avantages comparatifs de différents agences, fonds et programmes. « Il ne sera pas facile de vendre ces propositions à nos gouvernements et à nos parlements. On a besoin d’exemples concrets pour convaincre nos décideurs », a prévenu l’Allemagne.
L’ECOSOC, qui a tenu deux tables rondes et entamé son débat général, poursuivra ses travaux demain jeudi 1er mars, à partir de 10 heures.
ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT
Rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 71/243 de l’Assemblée générale relative à l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies en 2018 (A/73/63-E/2018/8)
C’est M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui a présenté le rapport du Secrétaire général et souligné que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur les changements climatiques et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, adoptés il y a deux ans, exercent des pressions très lourdes sur le système des Nations Unies pour le développement.
Le haut fonctionnaire a insisté sur huit messages et d’abord le fait que la transposition de l’esprit, des compétences, de l’architecture et des arrangements organisationnels des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à ceux du développement durable est toujours en cours, en partie parce que l’on attend les décisions des États Membres sur des éléments essentiels.
L’alignement de la planification et des activités avec l’examen quadriennal est encore à ses débuts, et ici aussi dans l’attente des décisions que prendront les États Membres. Quatre entités ont franchi une première étape en faisant figurer dans leurs plans stratégiques pour la période 2018-2021 un chapitre commun dans lequel elles s’engagent à collaborer de façon plus étroite et plus cohérente.
Deuxièmement, a poursuivi M. Zhenmin, les faits montrent que le système est efficace dans le renforcement des capacités nationales mais que les gouvernements veulent des approches plus systématiques et plus coordonnées et un recours plus fréquent aux institutions et systèmes nationaux. Le système doit encore renoncer aux approches sectorielles propres à chaque entité et renforcer sa capacité à fournir, de manière intégrée, des conseils sur les politiques, cela est d’autant plus important pour les pays à revenu intermédiaire où les coordonnateurs résidents soulignent la nécessité de passer du soutien direct aux conseils sur les politiques et à une réflexion novatrice sur la mobilisation des ressources.
À ce propos, le tableau est mitigé tant sur la quantité que sur la qualité du financement des activités opérationnelles de développement. Le financement total a atteint un sommet historique de 29,5 milliards de dollars en 2016 et a plus que doublé en termes réels entre 2002 et 2016. L’augmentation est principalement due à la forte croissance de l’aide humanitaire qui a presque triplé pendant cette période.
Cependant, la qualité du financement continue de se dégrader, 22% des fonds seulement étant consacrés aux activités opérationnelles sous la forme de contributions de base. Aucun progrès n’a été fait pour rendre plus flexibles les modalités d’utilisation des fonds préaffectés. Les contributions que les agences mettent en commun sont restées au même niveau depuis 2009 et l’allocation des ressources reste concentrée dans un petit nombre de pays. En 2016, a précisé le Secrétaire général adjoint, 71% des fonds ont été dépensés dans 27 pays. Les agences ont dépensé moins de 50 millions dans 79 pays voire moins de 20 millions dans 43 d’entre eux. Cela veut dire que les neuf entités présentes dans ces 79 pays ont dépensé chacune en moyenne la somme de 2,7 millions de dollars.
Quatrièmement, a encore indiqué le Secrétaire général adjoint, l’ONU continue à multiplier les partenariats mais seules quelques entités en suivent les résultats. Des politiques et des lignes directrices plus efficaces sont donc nécessaires pour atténuer les risques pour la réputation de l’Organisation. Les faits montrent également que le système doit développer ses propres capacités pour aider les gouvernements à mobiliser des partenariats, des fonds, de la technologie, des connaissances et de l’expertise.
Le Secrétaire général adjoint a fait part de « bons progrès » dans la coopération sud-sud, laquelle a été incorporée dans la plupart des plans stratégiques des entités de l’ONU. Un modèle prometteur de coopération est d’ailleurs en train d’être mis en place en Amérique latine entre les gouvernements, l’équipe de pays des Nations Unies et le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud.
Cinquièmement, a-t-il poursuivi, aligner la présence des Nations Unies pour répondre aux besoins spécifiques des pays est essentiel pour optimiser l’efficacité des résultats. Les coordonnateurs résidents se plaignent d’un manque de compétences, s’agissant en particulier de l’analyse économique et de l’approche intégrée. Ils se plaignent aussi de leur faible autorité, en particulier sur les équipes de pays. Il est révélateur, a fait observer le Secrétaire général adjoint, que 94 coordonnateurs résidents aient commenté les synergies potentielles pour améliorer les ressources humaines, financières et matérielles, et lancé de nombreux appels à plus de programmation conjointe.
Sixièmement, contrairement aux pays, les coordonnateurs résidents disent ne tirer que très peu de bénéfices des commissions régionales. Ces constatations pointent sur la nécessité d’explorer des modèles programmatiques alternatifs et rentables aux niveaux national et régional, notamment pour améliorer l’interaction entre les équipes de pays et les experts techniques des commissions régionales.
Septièmement, le Secrétaire général adjoint a souligné la nécessité de mieux harmoniser la façon de travailler et de passer à la mise en commun des fonctions administratives. Quelque 75% des équipes de pays jugent d’ailleurs que les différentes règles et réglementations sont leur plus grand obstacle.
Finalement, il faut faire plus sur les aspects importants de la gestion axée sur les résultats. Les gouvernements plaident tous pour la simplification du plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), la rationalisation des processus de planification et de programmation des agences et l’amélioration du contenu et de la couverture des rapports qu’ils soumettent. La gestion du savoir n’est pas encore une priorité stratégique, a reconnu le Secrétaire général adjoint.
Tables rondes
Dialogue avec les chefs de secrétariat du système des Nations Unies pour le développement: planifier et produire des résultats collectifs
En réponse à l’appel lancé par les États Membres en faveur d’un système de développement des Nations Unies stratégique, responsable, transparent, collaboratif, efficace, et axé sur les résultats, la table ronde était axée sur la capacité des agences, fonds et programmes des Nations Unies à travailler en synergie pour améliorer les résultats dans la réalisation des objectifs de développement durable.
Les échanges ont tourné autour de la promesse du Secrétaire général de l’ONU de passer d’un modèle selon lequel la plupart des institutions fonctionnent indépendamment les unes des autres à un modèle à la réponse plus intégrée et mieux adaptée aux priorités nationales. Mais avant de discuter de propositions pour améliorer le système des Nations Unies, les intervenants ont d’abord posé un diagnostic sans complaisance.
« Je dois avouer que j’avais peur de rejoindre le système des Nations Unies et ses innombrables réunions inutiles », a témoigné non sans humour le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM). M. DAVID BEASLEY, qui intervenait par visioconférence à partir de son siège à Rome, a d’ailleurs préféré écourter son intervention pour aller discuter avec des partenaires qui peuvent apporter 7 milliards de dollars de fonds pour nourrir les populations affectées par les crises dans le monde. L’ONU fonctionne malheureusement avec énormément de silos, a-t-il dénoncé, en faisant observer qu’il serait plus efficace d’adopter une approche commune pour des résultats plus probants.
Par exemple, ma Commission utilise une méthodologie d’évaluation des risques de catastrophes naturelles différente de celle du Bureau régional du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a avoué Mme ALICIA BARCENA, Coordonnatrice des commissions économiques régionales des Nations Unies, et Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC). Face à « la compétition » que se livrent les agences sur le terrain, de nombreux intervenants ont fait des propositions pour rendre le système des Nations Unies pour le développement plus efficace. Certains ont suggéré que chaque agence se limite à ses avantages comparatifs. Elles peuvent aussi partager les locaux pour faire des économies. La mise en commun des fonctions administratives communes fait d’ailleurs partie des propositions de réforme du Secrétaire général de l’ONU.
M. António Guterres estime par exemple que les quelque 2 900 bureaux répartis dans le monde, dont 16% seulement sont communs, permettraient des économies si le Comité de haut niveau sur la gestion et le Groupe des Nations Unies pour le développement (GNUD) créaient d’ici à 2022 des services administratifs communs pour toutes les équipes de pays des Nations Unies. Pourquoi ne pas étendre cette initiative aux sièges de ces agences ici à New York? a demandé le Chili.
Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le PNUD ont déjà intégré leurs fonctions administratives sur le terrain, a assuré M. RAMIZ ALAKBAROV, Directeur des programmes au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Le FNUAP n’a plus de compte en banque propre, a-t-il ajouté. Certains pays, comme le Viet Nam, appliquent depuis une dizaine d’années les directives générales de l’initiative « Unis dans l’action ».
Aujourd’hui, l’égalité entre hommes et femmes est la thématique centrale des plans stratégiques de la plupart des agences, a fait observer M. YANNICK GLEMAREC, Directeur exécutif adjoint d’ONU-Femmes. En conséquence, les Commissions régionales collaborent avec les agences de l’ONU à la compilation des données, a souligné la Coordonnatrice des commissions régionales. Nous devons travailler ensemble tout au long du cycle programmatique, de l’analyse situationnelle à l’évaluation des résultats en passant par l’élaboration et la mise en œuvre des projets, a proposé la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme HENRIETTA H. FORE qui a, elle aussi, insisté sur les avantages comparatifs de chaque agence. Elle est allée plus loin et a proposé une collaboration élargie au secteur privé afin de tirer parti des innovations, répondant ainsi à une préoccupation de la France qui s’est interrogée sur les mesures prises pour collaborer avec « des acteurs qui paraissent parfois mieux outillés pour atteindre les résultats ».
Les chefs de secrétariat ont unanimement salué les réunions du Comité directeur conjoint des chefs d’agence, une mesure qui devrait renforcer la cohésion et la collaboration. Dans la même optique, le Secrétaire général a décidé de renommer le Groupe des Nations Unies pour le développement « Groupe des Nations Unies pour le développement durable », afin de « rendre compte du caractère global et intégré du Programme 2030 et de l’ampleur de ses objectifs ». De même, un Département des affaires économiques et sociales remanié, plus efficace et plus efficient, devrait pouvoir réaffirmer sa position à l’avant-garde des politiques de développement durable au niveau mondial et aider réellement les États Membres à mettre en œuvre le Programme 2030, estime le Secrétaire général.
Dans son rapport, il se félicite du fait que le FNUAP, ONU-Femmes, le PNUD et l’UNICEF aient fait figurer dans leur plan stratégique 2018-2021 un chapitre commun énonçant de manière détaillée les domaines spécifiques dans lesquels ils gagneraient à collaborer. C’est dans ce cadre que nous avons décidé de nous focaliser sur l’éradication de la pauvreté et sur les pays les plus vulnérables, dont les pays les moins avancés (PMA), a témoigné M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Président du GNUD. Il a aussi noté que ces agences mènent déjà des activités communes de mobilisation de fonds pour ce chapitre commun.
Toutefois, des voix se sont fait entendre pour souligner les risques et les obstacles. Pour le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT) par exemple, il faut que la reddition des comptes se fasse d’abord au sein de chaque agence avant les rapports communs. Il ne faut pas oublier que chaque agence a un mandat spécifique, a prévenu M. GUY RYDER. S’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), les Maldives ont dit craindre que la configuration proposée ne fasse oublier les préoccupations spécifiques des pays. De quoi est-il vraiment question quand on parle de ce fameux « nexus » ou du lien entre les questions de développement, de maintien de la paix et d’activités humanitaires? a demandé le Canada. La Norvège a mis en avant le danger d’une dissolution du pouvoir des agences au profit du coordonnateur résident et insisté sur « l’obligation de résultats de chaque agence ». Le Directeur des programmes au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a préféré l’obligation des agences d’être comptables de leurs actes devant les gouvernements. Que le changement des mécanismes actuels ne conduise à plus d’obstacles que de résultats, a-t-il mis en garde, en faisant valoir « le succès du modèle économique du FNUAP ».
La question principale est d’éliminer les doublons, a rappelé l’Égypte, au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Elle s’est étonnée que certaines propositions du Secrétaire général aillent au-delà de l’examen quadriennal. Cuba a mis en garde contre toute « réinterprétation » de l’examen.
Le projet de document stratégique à l’échelle du système pourrait contribuer à régler certains des problèmes susmentionnés, a tempéré l’Administrateur du PNUD, avant que sa collège, la Directrice exécutive de l’UNICEF, ne rappelle que « nous travaillons mieux quand nous travaillons ensemble », demandant aussi que l’on « mette davantage l’accent sur les résultats et pas sur les processus », crédo du Secrétaire général depuis son premier discours à l’Assemblée générale.
Revitaliser l’architecture de financement du système de développement des Nations Unies à l'appui de la mise en œuvre du Programme 2030: vers un accord
Cette table ronde a commencé par un exposé de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, qui a affirmé que le financement des agences de l’ONU n’est pas adapté au Programme 2030. Les contributions préaffectées ont augmenté six fois plus vite que les ressources de base, ce qui veut dire que sur un dollar, 80 cents font l’objet d’un contrôle strict. En conséquence, le système des Nations Unies pour le développement manque de souplesse et est trop rigide pour s’adapter à l’évolution des besoins et plus enclin aux bagarres bureaucratiques pour obtenir des fonds. Une base de financement fragmentée donne des résultats fragmentés, a prévenu la Vice-Secrétaire générale.
Le Secrétaire général a donc proposé un pacte de financement entre le système des Nations Unies pour le développement et les États Membres pour éviter la fluctuation des fonds disponibles. La mise en commun des ressources, a argué la Vice-Secrétaire générale, a montré sa pertinence, dont la réduction des coûts de transaction. L’ambition de ce Programme 2030 ne peut se contenter d’un système conçu pour répondre aux besoins d’hier, a-t-elle insisté.
Les éléments les plus cruciaux pour attirer des fonds, ce sont les résultats et la transparence, ont tranché les États-Unis. Nous avons de bons résultats et de bonnes pratiques aux Nations Unies, a répondu la Vice-Secrétaire générale. Les États-Unis continuent d’insister sur la nécessité de penser l’efficacité du système dans les limites des ressources existantes. Pourquoi toujours songer à augmenter les ressources? La vraie question, c’est le coût de l’inaction, surtout pour les citoyens ordinaires, s’est défendu le Directeur du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et des partenariats de l’Afrique du Sud, M. GHULAM ASMAL qui a souligné que le but est qu’à long terme les investissements remplacent l’aide.
La mise en commun des fonds est d’autant plus importante, a estimé le Secrétaire principal du Premier Ministre du Bangladesh, que les agences auraient les moyens de s’attaquer à des problèmes plus larges comme celui des réfugiés. M. NOJIBUR RAHMAN parlait naturellement de la crise à la frontière de son pays et a insisté sur l’importance qu’il y a à ce que toute décision soit conforme aux priorités nationales, pour assurer l’appropriation nationale du développement. Il faut « dépolitiser » le débat sur le financement du développement.
C’est vrai qu’il est extrêmement difficile de travailler dans le contexte financier actuel, a reconnu M. EFRAIM GOMEZ, Directeur général adjoint du Département des politiques du Ministère des affaires étrangères de la Suède. Le système des Nations Unies doit restaurer la confiance chez les États Membres et pour y parvenir, il faut des résultats, à impact à long terme et responsables. La Suède est aussi revenue à la résolution 71/243 de l’Assemblée générale qui réaffirme l’importance pour les organismes des Nations Unies de procéder à un recouvrement intégral des dépenses, pour éviter le recours à des ressources de base afin de subventionner des activités financées par d’autres ressources, cette pratique réduisant le montant des ressources de base disponibles pour la programmation. La Suisse a acquiescé, avant que les Maldives ne demandent des explications sur cette procédure de recouvrement des dépenses.
L’ancien système n’est pas encore mort et le nouveau n’est pas encore né. Nous avons l’occasion de créer quelque chose de nouveau qui nous aide à avancer, a commenté le Directeur du NEPAD et des partenariats de l’Afrique du Sud en réponse à l’Alliance des petits États insulaires en développement. Le débat sur le financement ne doit pas oublier le rôle des institutions financières comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), a ajouté la Chine. En toutes choses, il faut strictement respecter la volonté des États Membres, s’agissant en particulier de la définition du pacte de financement.
Il ne sera pas facile de « vendre » ces propositions à nos gouvernementaux et à nos parlements, a prévenu l’Allemagne. On a besoin d’exemples « concrets » pour convaincre nos décideurs. « J’invite la Vice-Secrétaire générale à venir en Allemagne pour convaincre notre nouveau Gouvernement et notre nouveau Parlement ». La Vice-Secrétaire générale a rappelé que l’un des éléments de la réforme du Secrétaire général est une meilleure communication avec toutes les parties prenantes. Je souhaite tout l’appui possible des capitales pour pouvoir convaincre les parlements nationaux de débloquer les fonds, a dit la Vice-Secrétaire générale.
Débat général
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine M. MOHAMED EDREES (Égypte) a estimé que la configuration des équipes de pays des Nations Unies doit être déterminée avec le plein accord des gouvernements, soulignant en outre que les pays les plus vulnérables ont besoin d’une forte présence de ces équipes. Il a également appelé les coordonnateurs résidents à faciliter la mise en œuvre du plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, en privilégiant une perspective « non politisée ». Il a voulu que l’on améliore le recrutement pour avoir de véritables professionnels du développement durable et une bonne représentation géographique, sans oublier celle des femmes. Le représentant a rejeté l’idée que le financement des coordonnateurs résidents devienne le fardeau des pays en développement.
Il a regretté que dans ces rapports, le Secrétaire général ne parle suffisamment de l’approche régionale. Il a d’ailleurs dûment récusé les approches à « taille unique », plaidant pour des propositions souples et élaborées en fonction des spécificités de chaque pays. Pour toute décision sur les propositions de réforme, le représentant a fait valoir le rôle de l’ECOSOC, mettant en garde contre tout processus parallèle.
Il n’a pas manqué de s’inquiéter de la baisse continue des contributions de base. Il a voulu plus de souplesse dans la gestion des fonds et s’est félicité de la proposition du Secrétaire général de tenir un « dialogue sur le financement ». Le représentant a par ailleurs estimé que la proposition visant à faire des bureaux des coordonnateurs résidents des plaques tournantes du partenariat outrepasse le mandat donné par l’examen quadriennal. Ici aussi, il a insisté sur la primauté du processus intergouvernemental sur toute décision. Il a d’ailleurs vu dans la proposition de faire du document stratégique à l’échelle du système un « document vivant », une voie parallèle au processus intergouvernemental, tout comme l’approche « transpiliers » proposée.
Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a déclaré que le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement devrait être entrepris dans le cadre d’une approche flexible susceptible de répondre aux besoins et aux spécificités de chaque pays et région. Le délégué a insisté pour que la dimension régionale du système de développement et son processus de repositionnement tiennent compte des caractéristiques spécifiques de chaque commission économique régionale. Aussi, a-t-il apporté son soutien au travail effectué par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes au cours de ses 70 années d’existence, laquelle doit être renforcée et son mandat protégé dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030. Le représentant a ensuite salué les discussions sur les propositions de réforme visant à aligner la présence physique du système de développement des Nations Unies avec les besoins et les priorités de chaque nation.
Après avoir plaidé pour le renforcement du système des coordonnateurs résidents, il a souligné le rôle crucial du financement et en particulier des ressources de base. Les propositions visant à un financement commun interagences et un financement par secteur sont des options positives que nous aimerions explorer davantage, a estimé M. Escalante Hasbun. Il a tout de même souligné que, parallèlement aux ressources traditionnelles canalisées par l’aide publique au développement (APD), les partenariats sont déterminants pour mettre en œuvre le Programme 2030.
Au nom de l’Union européenne, Mme YULIANA ZHIVKOVA ANGELOVA (Bulgarie) a rappelé que l’objectif ultime est d’avoir un système des Nations Unies pour le développement rompu à la tâche pour mieux soutenir la mise en œuvre du Programme 2030. Cela signifie qu’il faut réorienter l’ONU vers les domaines où elle excelle. Parmi les propositions de réforme du Secrétaire général, l’Union européenne salue celle du Département des affaires économiques et sociales (DAES) afin de le rendre plus rationnel et plus orienté vers les résultats et les objectifs, tout en évitant les doublons.
L’Union européenne soutient la nouvelle vision des coordonnateurs résidents telle que présentée par le Secrétaire général. Ils doivent être impartiaux, indépendants et à l’autorité renforcée pour un système de développement redynamisé, plus intégré et plus efficace. L’Impartialité et l’indépendance du système de coordonnateur résident doivent continuer à être préservées au cours du processus de sélection des candidats au poste. Ces coordonnateurs résidents doivent en outre avoir accès aux ressources nécessaires pour leur mission et ils doivent avoir l’autorité de tirer parti de l’expertise et des atouts de tout le système. Ces fonctionnaires onusiens doivent aussi avoir la double casquette de coordonnateurs résidents et de coordonnateur humanitaire, devant ainsi être à la fois expert en coopération au développement et en aide humanitaire.
La représentante a aussi salué la proposition du Secrétaire général visant à assurer qu’à l’horizon 2021, la moitié des locaux du système des Nations Unies soit partagée. Elle s’est félicitée de la volonté du Secrétaire général de faire du plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD) l’instrument central de planification et d’appui à la réalisation du Programme 2030. De même, le Pacte de financement proposé par le Secrétaire général est un élément crucial. Pour l’UE, il faut créer des mesures incitatives pour élargir la base des donateurs pour assurer l’équilibre entre les ressources de base et les ressources préaffectées. Mais pour ce faire, le système des Nations Unies doit être suffisamment clair sur le « retour sur investissement ».
La représentante a également salué les propositions sur des mécanismes innovants de financement, y compris les fonds non concessionnels et une collaboration plus étroite avec les institutions financières internationales et les fonds verticaux tels que le Fonds mondial de lutte contre le sida et l’Alliance mondiale pour les vaccins. L’Union européenne attend un exposé clair sur les domaines où l’ONU entend dépenser moins, grâce aux avantages comparatifs de différentes agences, fonds et programmes.
La représentante a enfin soutenu l’avis du Secrétaire général selon lequel la redevabilité doit se faire selon une évaluation robuste et indépendante. Mais, la proposition de créer une unité d’évaluation indépendante à l’échelle du système doit se concrétiser dans les limites des ressources disponibles. Nous voulons comprendre en quoi cette unité sera complémentaire et quelle sera sa valeur ajoutée.
Le document stratégique proposé à l'échelle du système doit être assez détaillé et contenir une vision des avantages comparatifs, a insisté la représentante qui a aussi estimé que la première étape pour maximiser le soutien régional serait de clarifier la division des tâches, à la fois au sein des agences et entre elles. Il faut aussi voir si l’approche régionale apporte suffisamment de valeur ajoutée.
Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyana), s’est dit attaché aux propositions relatives à l’alignement du système des Nations Unies et au système des coordinateurs résidents. Si la CARICOM soutient les efforts de réforme du Secrétaire général, elle estime que certaines préoccupations spécifiques des petits États insulaires en développement doivent être traitées si on veut réellement ne laisser personne sur le bord du chemin, a déclaré M. Ten-Pow.
Le représentant a rappelé que le système de développement des Nations Unies actuel avait abouti à ce que de nombreux pays de la CARICOM soient traités selon le système « multipays » en vertu duquel un seul Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement est préparé pour plusieurs États, lesquels ont souvent des niveaux de développement différents. Étant donné les contraintes budgétaires, beaucoup des pays de la CARICOM sont victimes d’un manque d’attention, a-t-il regretté.
La CARICOM demande donc qu’une attention particulière soit accordée aux difficultés qui résultent de ce système multipays et exige de participer au processus de restructuration. Le représentant a notamment demandé que même dans le cadre d’un arrangement multipays, chacun des États concernés dispose de son propre plan-cadre. Les compétences requises pour la gestion d’un bureau multipays ont également des implications sur les ressources, a-t-il fait observer, en rappelant que les pays à revenu intermédiaire comme ceux de la CARICOM ont besoin de ressources prévisibles.
LA CARICOM demande en outre que le système des Nations Unies mette l’accent sur le développement et en particulier l’éradication de la pauvreté. Les catastrophes naturelles créent de temps en temps des demandes d’assistance humanitaire mais elles doivent avoir leurs propres fonds. Le représentant a en effet rejeté l’idée d’un budget unique ou d’un fonds partagé pour le développement et les urgences humanitaires. La région, a expliqué M. Ten-Pow, a fait l’expérience, à l’occasion de cyclones, du déséquilibre entre les ressources à destination humanitaire et celles consacrées au développement.
Le représentant a par ailleurs rendu hommage aux commissions économiques régionales et spécifiquement à la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), en tant qu’éléments importants de l’architecture du système des Nations Unies pour le développement. Il a aussi souhaité qu’elles soient mieux intégrées dans le système. Il a également plaidé en faveur de la coopération Sud-Sud et a dit apprécier la prise en compte de celle-ci dans le système des Nations Unies, mais a ajouté que la coopération Sud-Sud ne devait pas être considérée comme un remplaçant de la coopération Nord-Sud. Il a conclu en mettant l’accent sur l’importance du renforcement des capacités nationales, y compris dans le domaine de la collecte et de l’analyse des données.
Également au nom du Canada et de l’Australie, M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a appuyé l’ensemble de mesures proposées par le Secrétaire général. Il a estimé qu’au niveau des pays, la réforme requérait deux engagements liés, à savoir: de la part des États Membres, le financement du coordonnateur résident et, de la part du Groupe des Nations Unies pour le développement, un investissement fort et démontré.
Au niveau régional, le système des Nations Unies doit compléter le développement et non le gêner, a poursuivi le représentant, pour qui cela implique de réfléchir au rôle, au financement et à la valeur ajoutée des commissions économiques régionales des Nations Unies. L’aspect régional de la réforme dépend aussi d’autres éléments, notamment la réforme de la gestion et un examen du Département des affaires économiques et sociales.
Au niveau mondial, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande soutiennent une supervision plus efficace et plus stratégique du système des Nations Unies, y compris par le biais de changements au sein de l’ECOSOC. Les trois pays appuient l’idée d’une simplification du segment « aux activités opérationnelles ». Le représentant a salué les mesures déjà prises pour améliorer la gestion de l’information en provenance des agences, fonds et programmes, ainsi que les efforts en cours pour améliorer la cohérence du système. Il a enfin a rappelé que, pour financer les objectifs de développement durable, il faut chercher de nouvelles sources de financement, y compris en élargissant la base des donateurs et en encourageant les bailleurs non traditionnels. Il a aussi appelé à la recherche de nouvelles incitations à investir, non seulement de la part des États Membres, mais aussi du secteur privé, des organisations philanthropiques et de la société civile.
Au nom des pays en développement sans littoral, M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a appuyé les efforts du Secrétaire général pour un repositionnement du système de développement onusien, dont il a espéré qu’il donne la priorité aux pays qui se trouvent « dans des situations spéciales ». Il a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Vienne pour les pays en développement sans littoral, en insistant sur le rôle des coordonnateurs résidents et des équipes pays dans l’intégration des priorités dudit Programme d’action au sein des stratégies de développement des pays concernés. Le délégué a en outre demandé un accroissement de l’appui financier pour les pays en développement sans littoral, avant de rappeler l’importance du Programme d’action d’Addis-Abeba qui reconnaît les spécificités de ces pays. Enfin, le délégué a demandé une amélioration du fonctionnement et de la transparence du système de développement onusien.
Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, Mme JANE J. CHIGIYAL (Micronésie) a mis en avant le caractère spécifique du contexte opérationnel dans la Pacifique. Rappelant que le système des Nations Unies fonctionne dans la région sur la base d’un engagement multipays, dirigé par deux coordonnateurs résidents et une équipe de pays conjointe avec deux « hubs » régionaux, aux Fidji et aux Samoa, il a fait état des défis importants liés à l’éloignement de beaucoup des États concernés par rapport aux bureaux régionaux.
Les petits États insulaires en développement du Pacifique appuient une réforme du système des Nations Unies qui renforcerait le système des coordonnateurs résidents afin qu’il y ait « un visage connu, visible et doté de moyens pour toutes les activités de terrain ». Le Programme 2030 demande une intégration des activités et le système réformé devra satisfaire cette exigence, a déclaré le représentant. Il a en outre demandé que les plans-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement soient élaborés en consultation étroite avec les États Membres et reflètent bien leurs priorités nationales. Dans le contexte du Pacifique, il faut en outre que le plan régional –actuellement la Stratégie des Nations Unies pour le Pacifique 2018-2022– s’équilibre avec les plans nationaux, a demandé le représentant, qui a souhaité une nouvelle génération d’équipe de pays, comprenant des fonctionnaires internationaux dont l’expérience est taillée pour les priorités locales.
Enfin, il a voulu que les bureaux multipays soient dotés des ressources nécessaires pour assurer les déplacements de leur personnel et les demandes croissantes de coordination. Il a estimé que la proposition de fonds discrétionnaire représentait une voie à examiner. Rappelant que la résolution sur l’examen quadriennal envisage une limitation du nombre de pays couverts par un seul bureau multi-pays, Il a aussi demandé la création d’un nouveau bureau dans le Pacifique-Nord.
Au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire M. ROLANDO CASTRO CÓRDOBA (Costa Rica) a déclaré que la redynamisation de l’appui du système des Nations Unies aux pays à revenu intermédiaire est essentielle à la réalisation du développement durable, faisant notamment observer que ces pays hébergent 73% des pauvres du monde, et que les inégalités sont rampantes.
Il a expliqué que les activités opérationnelles de développement jouent un rôle fondamental pour promouvoir l’innovation, le renforcement des capacités, l’élaboration de politiques publiques et le transfert de technologie, dans l’intérêt de la croissance économique et du développement durable des pays à revenu intermédiaire. Il a toutefois estimé qu’une meilleure coordination du système et un examen stratégique du travail sur le terrain s’imposent.
Il a estimé que le système des Nations Unies doit veiller à ce que les programmes régionaux et internationaux, en coordination avec les équipes de pays et les coordonnateurs résidents, disposent d’outils pour s’adapter avec plus de souplesse à l’évolution des besoins des pays. Le système doit tenir compte des besoins précis des pays à revenu intermédiaire, notamment pour ce qui est de la pauvreté multidimensionnelle et du développement multidimensionnel, a-t-il ajouté. Il a également voulu que la réforme de la présence physique du système des Nations Unies soit alignée avec les stratégies nationales et vise notamment à promouvoir les synergies et à éviter les doubles emplois.
Le représentant a également souhaité que les prochains rapports du Secrétaire général mettent davantage en valeur le rôle joué par l’économiste en chef pour renforcer la communication avec les institutions financières internationales afin de réexaminer le financement concessionnel et les politiques de gradation qui concernent les pays à revenu intermédiaire.
Le système des Nations Unies doit également continuer d’intégrer l’appui à la coopération Sud-Sud et à la coopération triangulaire. Dans leur ensemble, de telles améliorations, a-t-il indiqué, permettraient au système de répondre aux facteurs d’exclusion qui entravent la possibilité d’accéder à la coopération internationale.
Au nom du Groupe MIKTA (Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie), Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a salué le processus ambitieux de repositionnement du système des Nations Unies ainsi que la « vision » du Secrétaire général visant à renforcer l’appropriation nationale du Programme 2030, à élaborer des réponses axées sur le contexte des pays et à veiller à des résultats effectifs sur le terrain.
Le représentant a également appuyé les efforts de renforcement du système de coordonnateurs résidents tout en appelant à privilégier l’appropriation et les priorités nationales. Ce système, a-t-il ajouté, pourrait également renforcer la coordination avec les efforts humanitaires et de maintien de la paix dans les pays en proie à une urgence humanitaire ou faisant face à une situation de conflit ou postconflit.
Il a estimé qu’une « nouvelle génération » d’équipe de pays doit pouvoir répondre et travailler avec les gouvernements. En la matière, le Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement doit servir de base pour un engagement plus stratégique avec les gouvernements.
Le Groupe MIKTA appuie en outre tout effort visant à élargir et mettre sur pied des partenariats, notamment avec le secteur privé. Un travail renforcé avec la Banque mondiale, les institutions financières internationales, ainsi qu’en relation avec la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire s’impose également. Le délégué a par ailleurs appelé à améliorer la coordination entre les entités de l’ONU au niveau régional en tenant compte des enseignements et des meilleures pratiques des institutions régionales. Il serait également judicieux de faire de l’ECOSOC un organe plus délibérant, a-t-il ajouté.
M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a estimé qu’un système des Nations Unies pour le développement plus cohérent ne peut se faire sans des ressources stables et prévisibles. Il a ainsi déploré le déséquilibre entre les ressources de base et les autres ressources. Il a relevé que les attentes croissantes vis-à-vis du système ne sont pas suivies par des allocations de fonds conséquentes. C’est pourquoi les gouvernements doivent établir des partenariats nationaux à la hauteur des besoins locaux. Au niveau mondial, ces partenariats, particulièrement avec les institutions financières internationales, doivent être flexibles et tenir compte du caractère unifié des objectifs de développement durable. Il faut donc garder à l’esprit le caractère indivisible de ces objectifs.
L’Afrique du Sud souhaite que le lien entre le maintien de la paix, les activités humanitaires et celles dévolues au développement ne conduise pas à la baisse de ressources consacrées aux activités de développement. Il a enfin plaidé pour que l’examen quadriennal contribue effectivement à l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes, notamment avec une communauté internationale qui soutiendrait le renforcement des capacités et le transfert de technologies, et créerait les conditions d’un environnement international ouvert et équitable.
M. ROLANDO CASTRO CÓRDOBA (Costa Rica) a joint sa voix à celles de nombreuses délégations qui souhaitent un système des Nations Unies qui soit « plus efficace et plus transparent » et qui explore de nouvelles formes de travail, dans le but de répondre aux besoins de tous les États Membres. Il a salué l’« énorme effort » consenti par le Secrétaire général et son équipe pour élaborer une stratégie intégrale et tenir compte des différentes positions sur la forme et sur le fond. Parmi les points qu’il a jugés essentiels, il a parlé en premier de la vision du développement durable qui, à son avis, doit se transformer progressivement, pour reconnaître ses trois dimensions sociale, économique et environnementale dans la détermination des besoins spécifiques des pays.
Le deuxième point important, selon la délégation du Costa Rica, est la reconnaissance des obstacles particuliers que rencontrent les pays à revenu intermédiaire. Le représentant a ainsi appelé à reconnaître que ces pays, s’ils sont bénéficiaires de la coopération internationale, sont aussi des moteurs des coopérations Sud-Sud et triangulaire. Il a cité à cet égard l’effet multiplicateur des stratégies de développement régional. En troisième lieu, M. Castro Córdoba a souhaité que le système des Nations Unies agisse de façon coordonnée et stratégique. Les commissions régionales doivent être reconnues au-delà de leur rôle de « think-tank », a-t-il aussi recommandé, en soulignant leur rôle de promoteur de politiques publiques et de bonnes pratiques. Enfin, le délégué a appelé à la prudence en ce qui concerne le financement des activités opérationnelles et des coordonnateurs résidents, voulant que l’on réponde de manière cohérente aux besoins et capacités des pays.
M. JOUNI LAAKSONEN (Finlande) a souhaité que la nouvelle génération d’équipes de pays de l’ONU soit plus intégrée, plus efficace et plus axée sur les résultats. Il a constaté que les opportunités abondent pour renforcer les synergies et une plus grande intégration stratégique des fonctions et des ressources au niveau de pays. Il a également salué la proposition de renforcer le système des coordonnateurs résidents, soulignant que le système des Nations Unies a besoin de coordonnateurs résidents impartiaux et indépendants exerçant une autorité sur l’équipe de pays. Il s’est toutefois préoccupé du fait que la proposition actuelle risque de politiser cette fonction. S’agissant des paramètres proposés pour le pacte de financement, le représentant a mis en évidence les liens étroits entre l’investissement dans le système des Nations Unies et l’amélioration de son efficacité. Il s’est inquiété de l’absence de références à la mobilisation des ressources domestiques ou au rôle du secteur privé. Il a également souhaité obtenir davantage de précisions sur les économies et les gains d’efficacité que l’on attend des propositions de réforme. Enfin, il a insisté sur l’importance de la parité et a voulu que l’on tire pleinement parti de l’expertise d’ONU-Femme tout au long des réformes.
Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a mentionné l’afflux dans son pays de plus de 1,2 million de déplacés en raison de la crise syrienne et le rôle des agences onusiennes pour y remédier. L’ancien programme de pays appuyé par l’UNICEF a été redimensionné en une réponse de crise à grande échelle, a-t-elle dit. Elle a insisté sur une bonne coordination des activités humanitaires et de développement pour répondre aux besoins des déplacés et des communautés hôtes. Elle a rappelé le nouveau Cadre stratégique 2017- 2020 signé par son pays et l’ONU et a appelé au renforcement des commissions économiques régionales, sans oublier de saluer le rôle clef joué par la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale.
M. PATRICIO AGUIRRE VACCHIERI (Chili) Il a salué le fait que le segment « activités opérationnelles de développement » soit participatif, même s’il aurait souhaité entendre l’avis de tous les acteurs de la société comme les ONG et le secteur privé. Une vision globale de ces activités impose une cohérence aux niveaux mondial comme régional. Le Chili, a dit le représentant, accorde une grande importance aux préoccupations des pays à revenu intermédiaire. Il a aussi insisté sur la prise en compte des spécificités de chaque région, saluant au passage le rôle et l’importance de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).