En cours au Siège de l'ONU

Conférence intergouvernementale pour les migrations,
5e à 8e séances plénières, Matin, après-midi & soir
DEV/3378

Migration: à Marrakech, les délégations saluent l’adoption d’un Pacte mondial pour faire front aux inégalités de la « loterie de la naissance »

MARRAKECH (Maroc), 11 décembre -- Au deuxième et dernier jour de la Conférence intergouvernementale sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, la grande majorité des intervenants ont marqué leur satisfaction suite à l’adoption d’un texte considéré par beaucoup comme l’un des « plus importants de notre génération ».

« Pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, nous avons réussi à nous attaquer à un problème qui a longtemps été perçu comme hors de portée à l’échelle mondiale », s’est félicitée la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les migrations, pour qui le Pacte de Marrakech restera la référence pour toutes les initiatives futures traitant de la mobilité humaine transfrontalière.

« Plutôt que d’ignorer l’élan de certains souhaitant changer de pays ou, pire, tenter de l’écraser à un coût exorbitant, la communauté internationale s’engage désormais en faveur de méthodes plus sûres et plus équitables de gestion des frontières », a salué Mme Louise Arbour.  « Nos efforts, a-t-elle encore dit, contribueront, au fil du temps, à réduire les profondes inégalités que la loterie de la naissance continuerait d’aggraver. »

« New York a donné l’impulsion, Marrakech a donné le souffle et organisé le ralliement », s’est félicité à son tour M. Nasser Bourita, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc.

« Mais si l’adoption est un premier pas, une étape majeure demeure, celle de la concrétisation des engagements à l’échelle nationale, régionale et internationale », a souligné le Ministre qui a insisté sur toute l’importance qu’il y a à « démystifier » le langage et les idées autour de la migration et d’opposer des données factuelles à toute récupération politicienne. 

À ses côtés, la Présidente de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, a estimé que le message lancé à la communauté internationale est sans équivoque: le multilatéralisme fonctionne.

Aboutissement d’un processus inédit amorcé en 2015 à l’initiative de plusieurs pays, le Pacte propose un cadre de coopération et d’action et contient une somme d’engagements politiques qui respectent la pleine souveraineté des États, un point sur lequel n’ont cessé d’insister les délégations.

Centré sur la personne, le Pacte incite à respecter les droits fondamentaux de chacun indépendamment de son statut migratoire, un aspect soulevé par le Costa Rica qui a dit l’importance de « mettre un visage humain » sur ce phénomène.  La lutte contre la migration irrégulière est un des autres fils rouges de ce texte qui établit clairement la distinction entre les migrants réguliers et irréguliers.

« Si nous échouons à mettre un terme à la migration irrégulière, si nous échouons à maintenir le contrôle, les populations du monde risquent de tourner le dos à la coopération internationale, et nous ne pouvons laisser faire cela », avait déjà averti hier le Danemark.

Reconnaissant qu’il n’existe pas de droit à la migration et que le Pacte n’en crée aucun, de nombreux intervenants, comme la Bosnie-Herzégovine, la Jordanie, l’Azerbaïdjan ou encore l’Ordre souverain de Malte ont en outre insisté sur l’idée que la migration ne devrait jamais être un acte de désespoir ou une nécessité, appelant à tout mettre en œuvre pour que celle-ci puisse être un choix.

« C’est une dimension fondamentale quand certaines surenchères politiciennes, y compris dans mon pays, font parfois perdre de vue la souffrance humaine générée par les phénomènes des migrations désordonnées et les trafics de migrants », a commenté, de son côté, la France, « animée par la conviction que le multilatéralisme est la seule réponse possible aux défis globaux ». 

Il est illusoire, a encore insisté la délégation, de penser que nous pourrions ériger des murs hermétiques ou totalement dissuader ceux qui pensent trouver un avenir meilleur ailleurs que dans leur pays.

Des divergences de vues ont cependant émergé sur le principe de la responsabilité partagée pour la prise en charge des migrants.  Ainsi la Fédération de Russie a rejeté cette idée en arguant que cela suppose que des pays qui n’ont souvent rien à voir avec les causes de l’exode massif provoqué par « des interférences irresponsables dans les affaires internes d’États souverains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord » soient appelés à en partager le fardeau.

Pour la Libye, les manquements du texte découlent du peu de place accordé aux causes sous-jacentes des flux migratoires irréguliers de ces dernières années, ainsi qu’au rôle des groupes terroristes armés qui se sont approprié les routes migratoires et qui génèrent des avoirs à travers la traite et le trafic des migrants.

De son côté, le Ghana a reproché au Pacte de ne pas tenir compte des préoccupations de l’Afrique, estimant que le texte aurait bénéficié d’un appel à l’interdiction totale des « plateformes de débarquement », des centres de sélection, ou encore de la détention des migrants.  De l’avis de la Norvège, la détention d’étrangers peut toutefois être justifiée dans certains cas, « même pour les mineurs ».

Autre point d’achoppement, celui de la corrélation, qui est faite dans le Pacte, entre l’impact des changements climatiques et certains mouvements migratoires.  Salué par la plupart des petits États insulaires en développement, dont Tuvalu et les Bahamas, qui ont expliqué faire face à un afflux « énorme » de migrants illégaux, cet argument a en revanche été rejeté par la Fédération de Russie sous prétexte qu’il n’existerait pas de preuves pour le justifier.

Préoccupé par la polarisation du débat autour du Pacte, l’Institut allemand d’études des affaires étrangères et de la sécurité a par ailleurs averti que cette situation présage des difficultés à venir dans sa mise en œuvre, dénonçant avec force les informations fallacieuses qui ont circulé sur Internet au sujet du processus.

Outre le débat plénier, auquel ont participé plus d’une centaine d’États Membres, ainsi que des entités du système des Nations Unies et des organisations de la société civile, la Conférence de Marrakech a été marquée par la tenue de deux dialogues* consacrés à l’identification des moyens nécessaires pour appuyer la mise en œuvre du Pacte.

Après Marrakech, le Pacte mondial doit être entériné par l’Assemblée générale le 19 décembre, à New York.

*     DEV/3377 et DEV/3379

CONFÉRENCE INTERGOUVERNEMENTALE CHARGÉE D’ADOPTER LE PACTE MONDIAL POUR DES MIGRATIONS SÛRES, ORDONNÉES ET RÉGULIÈRES

Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (A/CONF.231/3)

Suite des déclarations

M. AHMEDOU OULD ABDALLA, Ministre de l’intérieur et de la décentralisation de la Mauritanie, s’est félicité du chemin parcouru depuis la fin des négociations intergouvernementales qui se sont achevées en juillet 2018 et auxquelles a participé son pays.  Le Pacte, a-t-il rappelé, a été adopté sur fonds de discours de rejet les plus extrêmes.  Parmi ses 23 objectifs, on trouve la nécessité de collecter des données et la gestion des frontières de manière intégrée, sûre et coordonnée, de même que l’importance de veiller à l’invariabilité et à la prévisibilité des procédures migratoires.  Le Ministre a rappelé que son gouvernement et son Président ont toujours accueilli des migrants légaux qui voulaient contribuer au développement de la société mauritanienne.  M. Abdalla s’est en conclusion déclaré convaincu que le phénomène migratoire ne peut être appréhendé que par le truchement de la coopération internationale. 

M. GHEHZONGAR MILTON FINDLEY, Ministre des affaires étrangères du Libéria, a déclaré que l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières oblige les États à honorer leurs promesses et transformer leur volonté politique en actions.  Pour sa part, le Libéria entend respecter les instruments internationaux et régionaux sur les réfugiés auxquels il adhère.  Il faut que les migrations fonctionnent pour tout le monde, a souligné le Ministre en citant le rapport du Secrétaire général.  Les jeunes doivent pouvoir croire en un avenir meilleur.  À cette fin, il faut également protéger l’environnement et lutter pour mettre fin à tous les conflits qui ravagent le monde.

M. SANTIAGO CHAVEZ, Vice-Ministre de la mobilité humaine auprès du Ministre des relations extérieures et de la mobilité humaine de l’Équateur, a dit avoir activement participé aux négociations du Pacte qui devient le premier accord négocié au niveau intergouvernemental sous les auspices de l’ONU, censé couvrir toutes les dimensions de la migration internationale et ce, d’une façon systémique et intégrale.  Le Pacte est le résultat d’un processus inédit amorcé en 2015 à l’initiative de plusieurs pays, dont l’Équateur sur un thème jusque-là peu discuté, voire fréquemment éludé.  M. Chavez a ajouté que beaucoup reste à faire; l’engagement pris dans ce document représente un appui sans précédent aux efforts multilatéraux tendant à une meilleure gestion des flux migratoires aux niveaux national, régional et international sur la base du respect des droits de l’homme.

À l’échelle régionale, l’Équateur s’est attelé à répondre à la crise humanitaire engendrée par la migration de trois millions de Vénézuéliens, dont plus d’un million a transité ou a décidé de s’installer en Équateur, où ils sont environ 250 000 à résider à présent.  À cet égard, le Vice-Ministre a évoqué la Déclaration de Quito, adoptée par 11 gouvernements d’Amérique latine, et qui contient 18 points axés sur la sensibilisation des gouvernements et organismes internationaux sur la nécessité d’appliquer des mesures concrètes pour assister et intégrer les migrants vénézuéliens.  De son côté, le Plan d’action de Quito contient des propositions sur les mécanismes d’asile, la coopération régionale avec le Venezuela et la coopération internationale.  La troisième réunion régionale sur les migrants vénézuéliens aura lieu en mars prochain également en Équateur.

M. MAMADOU TANGARA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et des Gambiens de l’extérieur de la Gambie, a dit que les migrations ne sont pas un phénomène nouveau.  Pour qu’elles aient un impact positif, il faut bien les gérer.  Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et ses 23 objectifs respectent les objectifs de développement durable et le principe de ne laisser personne de côté.  Le Pacte mondial s’ajoute à d’autres instruments comme le fonds d’affectation de l’Union africaine pour les migrations.  Très consciente de sa situation et de sa responsabilité vis-à-vis des migrants, la Gambie participe à ce Pacte mondial en tant que pays d’origine, de transit et de destination. 

Le Gouvernement s’engage à honorer ses responsabilités, a poursuivi M. Tangara, et s’emploie à renforcer ses institutions démocratiques.  Deux millions d’habitants de la Gambie peuvent être considérés comme des migrants économiques, a précisé le Ministre.  « Nous sommes en train d’élaborer une politique nationale des migrations. »  L’adoption par le Gouvernement de ce Pacte traduit son engagement à construire un avenir inclusif pour tous les Gambiens et tous les gens qui vivent dans le pays.

D’après le Ministre des affaires étrangères de la Norvège, Mme MARIANNE HAGEN, le Pacte mondial est « un pas dans la bonne direction ».  Le texte final est savamment équilibré et prend en compte les points de vue de ceux qui veulent un outil de développement et de ceux qui veulent un outil de gouvernance de la migration.  « Compte tenu de la complexité des intérêts divergents, c’est sans doute le meilleur compromis possible », s’est réjoui la Ministre, tout en observant que les récentes délibérations politiques dans divers pays d’Europe montrent que tous les pays de destination estiment que le Pacte ne servira pas leurs intérêts.  Compte tenu de l’intérêt public suscité par le Pacte, la Ministre tiendra le Parlement informé des principaux objectifs de ce document, avant qu’il ne soit présenté à l’Assemblée générale.  Elle le fera d’autant plus que des voix ont exprimé des craintes selon lesquelles le Pacte limitera la liberté d’expression et visera une représentation asymétrique de la migration.  Or pour la Norvège, la liberté d’expression, dont celle de la presse, sont fondamentales dans une société démocratique et cela a été un point central défendu par sa délégation durant les négociations.  Elle est heureuse de voir que le texte final reconnaît ces libertés fondamentales, a-t-il dit.  La délégation n’a rien vu dans ce Pacte qui limite le droit de la presse à rapporter des faits sur la migration. 

Même si la Norvège appuie le Pacte, elle tient toutefois à clarifier sa position sur certains points, « en raison de l’ambigüité du texte », a fait remarquer la Ministre.  Ainsi, il a souligné que le Pacte n’est pas juridiquement contraignant et ne cherche pas à établir une coutume de droit international.  Le Pacte réaffirme en outre le droit souverain des États à déterminer leurs politiques migratoires; il réaffirme aussi leurs prérogatives sur la gouvernance migratoire, en conformité avec leurs législations; il ne crée pas de droit à la migration, pas plus qu’il ne crée de nouvelles catégories de migrants. 

« L’objectif d’améliorer la migration régulière ne peut être interprété comme une obligation pour la Norvège de revoir ses législations relatives au droit du travail, aux opportunités d’éducation, à l’immigration familiale, tant elles sont déjà conformes au droit international », s’est expliquée la Ministre.  La Norvège estime en outre que la détention d’étrangers peut être justifiée dans certains cas, même pour les mineurs.  Puisque le Pacte stipule l’obligation internationale des États d’accueillir leurs ressortissants ayant séjourné illégalement dans un autre pays, la Norvège cherchera à devenir membre d’accords de réadmission et à les mettre en œuvre dans le but d’accroître la coopération. 

M. GITESH SHARMA, Vice-Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a estimé que les migrations internationales légales sont un phénomène positif qui est essentiel à la réalisation du développement durable, conformément à l’objectif 10.7 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Pacte mondial est un document ambitieux qui cherche à faciliter les voies légales pour migrer et reconnaît le droit souverain de chaque État à définir sa propre politique migratoire.  Les migrants internationaux contribueraient à hauteur de près de 10% du produit mondial brut alors qu’ils ne représentent que 3% de la population mondiale, a argué le Vice-Ministre.  Les migrations de travailleurs, d’infirmières, d’ingénieurs, d’étudiants, de professeurs, de chercheurs, de scientifiques forment selon lui un aspect intégral de l’économie actuelle et des modèles de développement.  « Des infrastructures dans de nombreux pays ont été construites et reconstruites grâce à la diligence et aux compétences de millions de travailleurs à travers le monde », a-t-il souligné, en rappelant que Mahatma Ghandi a étudié, travaillé et vécu en Afrique du Sud et Angleterre pendant des périodes considérables et reste dans les esprits comme l’un des migrants indiens ayant le plus contribué au progrès de l’humanité.  Aujourd’hui, a indiqué M. Sharma, l’Inde a une diaspora de plus de 30 millions de personnes à travers le monde, qui tous apportent des contributions diverses à leurs pays de destination.

M. NORIKAZU SUZUKI, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, s’est félicité que les Nations Unies aient abordé la question des migrations en adoptant le Pacte mondial, premier cadre international de ce type.  Nous croyons, a-t-il ajouté, que le Pacte mondial favorisera la solidarité de la communauté internationale, élément essentiel pour assurer des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Pour ce faire, nous devons nous attaquer aux causes profondes des déplacements forcés, sauver la vie des migrants et protéger nos frontières, a dit le représentant.  Il a assuré que le Japon s’engageait à fournir une aide d’urgence et une coopération à long terme afin de renforcer la « sécurité humaine » et le « nexus humanitaire, développement et paix ».  Le Japon compte en outre travailler étroitement avec la communauté internationale et continuer d’appuyer les pays d’Asie, d’Afrique et de l’Amérique latine en matière de migrations.

M. DORIN PURICE, Secrétaire d’État de l’intérieur de Moldova, a indiqué que son pays est l’un des plus touchés par la migration, le quart de sa population vivant à l’étranger.  Il a souligné que 20% du produit intérieur brut provenait des envois de fonds des migrants qui permettent d’appuyer les mesures en cours pour remédier à la pauvreté, améliorer les conditions dans les établissements scolaires, couvrir les dépenses en matière de santé et favoriser le commerce local.  D’autre part, a-t-il précisé, le quart des étudiants moldaves suivent leurs études à l’étranger, bénéficiant ainsi de l’accès au savoir, aux réseaux, et aux expériences multiculturelles, leur permettant ainsi d’améliorer leurs opportunités d’emploi.

Cependant, les bienfaits de la migration sont en partie occultés par son coût négatif, notamment celui de la migration irrégulière et de l’exploitation en tous genres, comme l’abandon familial et leur lot de vies brisées.  Il a déclaré qu’il n’était plus possible d’accepter de telles tendances, ni de perdre autant de professionnels et de personnes instruites, d’où la nécessité, selon lui, de se concentrer sur des approches adéquates pour dégager des synergies pertinentes en matière de migration.  La Stratégie de développement 2030 du pays, adoptée récemment, s’efforce de changer le paradigme actuel en matière de développement en faveur d’un modèle dynamique reposant sur la création de services et d’industries de services d’exportations, a-t-il encore expliqué, ajoutant que la croissance économique avait atteint 4,5% au cours du premier semestre 2018, et atteindra 4,8% cette année, selon les estimations de la Banque mondiale.  

Tout en se félicitant de l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, M. NGUYEN QUOC DUNG, Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a reconnu qu’il n’existait pas d’accords multilatéraux et mondiaux parfaits de nature à répondre aux divers exigences et intérêts de tous les pays.  « C’est pourquoi nous sommes convaincus de la nécessité de continuellement améliorer le Pacte à mesure qu’il est mis en œuvre », a-t-il préconisé.  Il a rappelé que la politique migratoire de son pays reposait sur des principes comme celui de promouvoir les migrations légales, en particulier celles relatives au travail, mais aussi lutter contre les migrations illégales et prévenir la traite des personnes, protéger les droits des ressortissants vietnamiens et promouvoir la coopération internationale.

M. VIKTOR DIMOVSKI, Secrétaire d’État des affaires étrangères de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a rappelé qu’en 2015, lorsque la crise de la migration était à son paroxysme en Europe et que son pays avait fourni une assistance à plus de 800 000 migrants et réfugiés le long de la route des Balkans, il était apparu évident qu’aucun pays ne saurait gérer, seul, le flux migratoire, massif et chaotique, sans la coopération internationale, y compris des pays d’origine, de transit et de destination.

Dans ce contexte, le Pacte est un outil de renforcement de la gouvernance mondiale en matière de migration par le truchement d’une coopération resserrée et d’une gamme d’engagements et d’instruments d’exécution et de suivi.  Il s’est dit convaincu qu’une approche conjointe et une responsabilité partagée des parties prenantes étaient les seuls gages de réussite dans la gestion des flux migratoires, comme cela est désormais consacré dans le Pacte.  M. Dimoski a ensuite pleinement endossé la série de principes transversaux et interdépendants, ainsi que les 23 objectifs détaillés dans le document.  Il s’est également prononcé en faveur d’un contrôle renforcé aux frontières en tant qu’instrument essentiel pour réduire la migration irrégulière, combattre le trafic et la traite des migrants et des êtres humains et s’attaquer aux problèmes liés à la criminalité organisée, au commerce illégal et au terrorismes.    

M. MARKOS TEKLE, Ministre d’État des affaires étrangères de l’Éthiopie, a noté que les défis dans la gestion des flux migratoires se posent sans relâche.  « La situation montre clairement que nos tentatives de réponse sont loin d’être satisfaisantes et qu’il existe un fossé énorme pour assurer une gouvernance robuste aux niveaux national, régional et international. »  Il est donc temps pour la communauté internationale d’assumer sa responsabilité en résolvant la question et en mettant fin aux souffrances des migrants dans le cadre d’une réflexion et de refonte de l’architecture mondiale des migrations, a dit le Ministre.

L’Éthiopie a contribué au processus de négociations du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, a précisé M. Tekle qui a rappelé les trois principes que sa délégation a défendus, à savoir: une coopération internationale renforcée; le renforcement des opportunités économiques, la création d’emplois et le développement inclusif; une approche fondée sur les droits pour assurer la dignité des migrants.  « La tâche qui nous attend est de générer la volonté politique nécessaire et l’engagement pour une mise en œuvre totale du Pacte mondial, a conclu M. Tekle.

M. SANDI ČURIN, Secrétaire d’État à l’intérieur de la Slovénie, a considéré l’adoption du Pacte comme « historique », son pays ayant figuré parmi les premiers à plaider pour un meilleur échange d’informations et une coopération internationale plus étroite lorsque la route des Balkans occidentaux a vu un afflux considérable de migrants.  Mais la mise en œuvre de ce document exigera une ferme volonté politique et un effort collaboratif soutenu, dont le leadership devra être assuré par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  M. Čurin a déclaré qu’il attendait une coopération redoublée avec le réseau des Nations Unies consacré aux migrations.  La hausse significative du nombre de migrants dans les Balkans occidentaux démontre la nécessité d’agir et de faire de la coopération internationale le moyen de mieux gérer et encadrer les migrations.

M. NURZHAN ALTAYEV, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la population du Kazakhstan, a assuré que sa délégation était prête à apporter sa contribution pour élargir la coopération internationale dans le cadre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Le Pacte s’ajoute à d’autres instruments régionaux et internationaux sur la migration comme le processus d’Almaty qui permet de suivre les tendances migratoires et de trouver des solutions dans la région.  Pour le Vice-Ministre, les États de destination ont le droit de contrôler les migrations illégales et les personnes qui vivent illégalement sur leur territoire.  En même temps, il faut créer les conditions positives dans les pays d’origine, a reconnu le Vice-Ministre.

Le Kazakhstan est un pays de transit et de destination, notamment des enfants migrants, a rapporté M. Altayev.  Pour y faire face, le Gouvernement renforce ses capacités d’action.  « Nous aurons une politique nationale d’ici à 2019 et lancerons des manifestations pour faire connaître ce Pacte », a-t-il déclaré.  Il faut défendre les droits des migrants, respecter les intérêts des États et des individus, a-t-il conclu.

M. MAGDY MOHAMED ABDELHAMID ABDELGHAFAR (Égypte) a plaidé en faveur de solutions communes pour relever les défis migratoires, tout en tenant compte de la nécessité de respecter les droits des migrants.  Il s’est dit conscient que les migrations sont une source d’enrichissement pour les civilisations, ce dont l’Égypte peut témoigner, elle qui est le « foyer d’accueil » de 5 millions de migrants et réfugiés qui se sont intégrés dans la société et jouissent de tous les avantages des citoyens égyptiens. 

Depuis l’époque des Pharaons, l’Égypte a su faire montre d’hospitalité et tendre la main aux populations déplacées, malgré le fardeau qu’elles font peser sur le pays, a poursuivi M. Abdelghafar.  Il a mis en évidence la dimension régionale des migrations, précisant que 70% des migrants africains se déplacent à l’intérieur du continent.  L’Égypte a en conclusion regretté la position peu constructive de certains États vis-à-vis du Pacte mondial, leur demandant de reconsidérer leur position dans la mesure où ce document n’est pas contraignant et respecte la souveraineté des États.

Mme CHU BUN ENG, Secrétaire d’État de l’intérieur du Cambodge, a déclaré qu’en tant que pays d’origine, de transit et de destination, le Cambodge reconnait que le phénomène de la migration joue un rôle vital dans le domaine du développement.  La migration devient une question d’ordre socioéconomique et politique, en raison des capacités de gestion qu’elle requiert et de ses impacts potentiels lorsque, dans certains contextes, elle conduit au trafic des migrants, à la traite des personnes et autres formes d’esclavage moderne.

Si les migrants apportent leur contribution économique tant dans les pays d’origine que d’accueil, un grand nombre d’entre eux sont victimes de violations de leurs droits fondamentaux, d’exploitation physique et sexuelle au cours de leur parcours migratoire, a encore déploré la Ministre.  C’est la raison pour laquelle le Cambodge concentre ses efforts sur la prochaine génération de migrants qui subira le même sort si des réponses appropriées ne sont pas envisagées à temps.  Reconnaissant les défis auxquels se heurtent les pays d’origine et de destination, La Ministre a appuyé le Pacte mondial, partant de la constatation qu’aucun pays ne peut les surmonter seul, sans une coopération internationale.

M. SAMUELU LALONIU (Tuvalu) s’est félicité du fait que le Pacte mondial reconnait la dégradation environnementale et les effets des changements climatiques en tant que facteurs des migrations.  Son adoption nous donne l’occasion de faire des actions concrètes pour soutenir les États et leurs peuples, en particulier ceux qui se trouvent dans des situations vulnérables en raison des changements climatiques.  Il a averti que l’augmentation du niveau de la mer et les effets pervers des changements climatiques poussent déjà les populations du Pacifique et de Tuvalu à la migration.  À l’allure où s’accélère le réchauffement climatique, des mesures appropriées doivent être prises pour affronter le déplacement climatique.  Il a estimé que le Pacte offre un cadre pour développer un régime complet à l’intention des populations contraintes de quitter leurs pays à cause des effets pervers des changements climatiques.  Le représentant a par ailleurs appelé à assurer la cohérence politique entre le Pacte et les autres instruments mondiaux relatifs aux changements climatiques, et à la gestion des catastrophes naturelles et environnementales.    

M. COURTENEY RATTRAY (Jamaïque) a rappelé que c’est dans le contexte actuel que les États avaient pris part au processus intergouvernemental qui a duré 18 mois, pour aboutir au Pacte mondial.  Celui-ci est fondé sur une vision qui envisage les migrations à la fois comme un défi et une opportunité, a-t-il souligné.  Sa délégation a reconnu l’équilibre délicat nécessaire pour garantir que les politiques migratoires reflètent une approche simultanément respectueuse des droits de l’homme et des intérêts nationaux.  Un tel équilibre doit être atteint, compte tenu de notre situation de petit État insulaire en développement placé sur l’une des voies de transport les plus empruntées au niveau international, et des défis qui se posent à la sécurisation de « frontières poreuses ».  Nous devons également, a ajouté le représentant, tenir compte des intérêts d’environ 1,3 million de Jamaïcains expatriés, qui représentent presque 50% de la population insulaire.

M. LESEGO MAKGOTHI, Ministre des affaires étrangères du Lesotho, a dit que cette conférence est l’occasion de commencer à mettre en œuvre le Pacte mondial et instituer des mesures pratiques.  Pour sa part, le Gouvernement du Lesotho a entrepris des actions pour la pleine réalisation du Pacte, comme le renforcement de la gestion de la migration via des projets soutenus par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Dans le cadre de la Déclaration de New York, le Gouvernement avait déjà créé une plateforme de discussion sur le Pacte.

Important récipiendaire des envois de fonds dans le monde, le Lesotho a fait en sorte que les bénéfices des migrations soient amplifiés et les effets négatifs minorés, conformément au Programme 2030 et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a expliqué M. Makgothi.  S’agissant de la politique et du cadre juridique de mise en œuvre du Pacte, au niveau national, le pays a adopté une loi sur la double nationalité qui résoudra le problème du statut des migrants irréguliers qui vivent dans le pays et, en particulier, en Afrique du Sud.  Le Lesotho appuie la vision de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la question de la mobilité de la main-d’œuvre, dans la perspective du forum d’examen de la migration internationale en 2022.

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a estimé que les violations constantes des droits des migrants étaient inadmissibles, dénonçant le fait que ces deniers soient soumis à des procédures inappropriées pour déterminer leur statut.  Dès lors, la communauté internationale devrait utiliser le Pacte pour éliminer ces politiques migratoires discriminatoires et xénophobes, a affirmé le représentant.  Même si la souveraineté des États doit être respectée, la migration reste un phénomène transnational, a-t-il affirmé, avant de juger qu’il est inacceptable de « construire des murs » aux frontières et de « séparer des enfants de leurs parents ». 

Cuba a toujours plaidé pour l’élimination des causes profondes des phénomènes migratoires, a argué le représentant, en plaidant pour la transformation d’un ordre économique injuste.  Mais il a également défendu le respect de l’intégrité territoriale des États et le principe de la non-ingérence, qui sont tout autant indispensables à ses yeux.  Cuba, a ajouté M. Rodriguez, comprend l’importance culturelle des migrations dans la construction de son identité nationale, « nous sommes conscients de cela ».  Aussi, a-t-il réitéré l’engagement de son gouvernement à respecter le Pacte.

M. OPIMAKH (Bélarus) a déclaré que les migrations dictent l’ordre du jour mondial.  Si les déplacements de populations présentent des défis, les migrations peuvent avoir des effets positifs.  Il a indiqué que le Belarus soutient les principes du Pacte, soulignant que son pays est le premier pays de sa région à avoir organisé des discussions nationales à ce sujet avant son adoption.  D’ores et déjà, le Gouvernement s’attèle à la mise en place d’une politique nationale des migrations qui tiendra compte des principes du Pacte. 

Le représentant a ensuite appelé à renforcer la coopération dans la lutte contre la traite de personnes et l’exploitation.  Il a aussi estimé que l’objectif le plus important est l’élimination des causes de migrations, comme les conflits et les crises.  Le représentant a souligné que les autorités locales sont appelées à jouer un rôle central dans la mise en œuvre du Pacte.  Il a par ailleurs indiqué qu’un centre d’études sur les migrations a été créé à Minsk dans le but de renforcer les compétences des experts nationaux et internationaux.     

M. NEBIL SAID (Érythrée) a souligné que son pays qui compte une importante et active diaspora est conscient du rôle et de la contribution d’une migration bien organisée.  C’est pourquoi il a appelé à tirer profit des capacités des migrants et de la diaspora à travers la mise en œuvre des objectifs du Pacte mondial.  À cet égard, le représentant a préconisé de lever les obstacles administratifs et juridiques qui entravent les communautés des migrants et de la diaspora pour qu’elles puissent faire partie de la solution.  « Un échec dans la mise en œuvre du Pacte constituerait un revers dans nos futurs efforts et conforterait la position des sceptiques », a-t-il mis en garde.  Pour finir, M. Said a réitéré la détermination de l’Érythrée d’élargir les partenariats et d’œuvrer de concert avec toutes les nations au plan bilatéral ainsi que dans le cadre du Pacte pour faire de la migration un choix « sûr et bénéfique » pour tous.

M. MERGEN GURDOV (Turkménistan) s’est dit convaincu que la coopération des États permettra de surmonter les enjeux de la migration puisque le Pacte comprend un mécanisme de mise en œuvre tout en visant à la réalisation des objectifs de développement durable. Le Turkménistan pour sa part a établi un système de gestion des entrées et délivre des documents de voyage biométriques.  Des milliers d’apatrides d’Asie centrale ont désormais des documents d’identité, conformément aux directives des Nations Unies.  Un plan d’action d’élimination de l’apatridie d’ici à 2024 a également été adopté et est en cours d’application.  Le Turkménistan cherche à créer des contacts internationaux pour améliorer les conditions de vie des individus tout en visant à atteindre les objectifs et cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. CHAISIRI ANAMARN (Thaïlande) a jugé important de démontrer que le Pacte fonctionne et a exhorté les États Membres à l’appliquer, soulignant que son utilité se mesurera à l’aune des résultats obtenus.  Les États Membres et l’ONU, à travers le réseau des Nations Unies consacré aux migrations, doivent en assurer une mise en œuvre efficace à tous les niveaux.  Le représentant a préconisé d’utiliser tous les forums internationaux consacrés au travail décent afin de galvaniser l’appui international au Pacte.  Il a réitéré la nécessité d’une approche équilibrée dans la mise en œuvre.  Nos attentes sont immenses, a-t-il souligné et nous espérons que dans quatre ans, les progrès seront énormes.  Lorsque la bonne volonté est présente, on peut tirer parti des migrations, a-t-il ajouté.

M. AZKEROV (Azerbaïdjan) a estimé que les migrations sont bénéfiques à condition d’être gérées efficacement et a vu dans le Pacte mondial le premier document qui fournit, à la communauté internationale, une « vision à 360° » sur les migrations.  Le représentant a souligné sa nature non contraignante.  Nous devons être fiers du produit final, a-t-il indiqué, ajoutant que pour protéger les droits de l’homme des migrants, il faut réaliser l’objectif de transformer les migrations en phénomène positif pour nos pays.  Pour y parvenir, a-t-il poursuivi, il est nécessaire de faire de la migration un choix et non un acte désespéré pour fuir la pauvreté.  Nous devons aussi résoudre les facteurs de migrations forcées et faire en sorte que le Pacte devienne une lueur d’espoir. 

Le représentant a ensuite assuré que l’Azerbaïdjan s’engage à protéger les droits de tous les travailleurs migrants.  Le Gouvernement est en train d’élaborer sa stratégie nationale en matière de migration qui prendra en compte les principes du Pacte.  Il faudra également accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable qui recoupent les objectifs du Pacte, a-t-il ajouté.  Le représentant a par ailleurs demandé à ce que la communauté internationale n’oublie pas le cas des personnes migrantes dans leurs propres pays comme les Azerbaidjanais vivant dans le territoire national occupé par l’Arménie.  

M. CARLOS CASTANEDA (Pérou) a salué l’approche tendant à reconnaître la migration comme un facteur positif contribuant au développement et aux économies.  Il a souligné l’importance du respect des droits de l’homme des migrants et des membres de leur famille.  En tant que pays qui a 3,5 millions de migrants vivant à l’étranger, le Pérou se félicite de contribuer à la Conférence sud-américaine sur la migration pour faire le suivi, entre autres, du Pacte mondial.  La législation péruvienne a également été révisée, à la suite d’une ample consultation avec les organismes impliqués et la société civile, en accordant une attention particulière aux groupes vulnérables, aux femmes et aux mineurs.

Il s’agit aussi d’autonomiser tous les acteurs œuvrant avec les migrants, d’accroître les ressources dans le contexte de la mondialisation de l’économie, a poursuivi le représentant.  Il a plaidé en faveur de la responsabilité partagée, telle que soulignée dans le Pacte, en insistant également sur l’autonomisation des migrants, qui ont accès à tous les services administratifs et sociaux de l’État péruvien pour « une société inclusive, plurielle et ouverte à tous ».

M. RAGNHILDUR ARNLJÓTSDÓTTIR (Islande) s’est félicité de l’accent mis sur les droits de l’homme ainsi que de l’approche « centrée sur les personnes » dans le Pacte.  Il s’est dit heureux que cet accord tienne compte des personnes vulnérables et des aspects liés au genre et aux enfants.  De même qu’il a apprécié l’importance accordée à la lutte contre le trafic d’êtres humains.  L’Islande salue également le lien avec le Programme pour le développement durable à l’horizon 2030.  L’Islande, a précisé le représentant, accueille des réfugiés depuis 1956 et a renforcé son programme de réinstallation axé essentiellement sur les groupes vulnérables, tels que les femmes et les communautés LGBT.

Pour M. Arnljótsdóttir, l’adoption de ce texte non contraignant n’altère en rien les droits et libertés des citoyens islandais.  D’ailleurs, a-t-il ajouté, toute la législation pertinente de son pays est compatible avec les engagements contenus dans le Pacte.  Il s’est dit convaincu, pour finir, que ce texte se révélera être « un jalon dans le domaine de la migration ».

M. LI LI(Chine) s’est félicité de l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, qui renforcera la gouvernance mondiale des migrations.  Au XXIe siècle, les migrations sont importantes pour le développement.  Les migrations irrégulières risquent pourtant de renforcer les réseaux criminels en tout genre, a-t-il averti.  Le représentant a souligné que le Pacte prend en compte les intérêts des pays d’origine, de transit et de destination.  Favorable au multilatéralisme, la Chine estime toutefois que le Pacte doit respecter la souveraineté nationale, chaque pays ayant le droit d’élaborer ses propres lois migratoires.

La Chine, a expliqué son représentant, est en faveur des droits légitimes des migrants dans les domaines de la santé et du travail.  Il a en outre plaidé pour une coopération internationale pour contrer la traite des migrants.  « Seul le développement permettra de trouver une solution au problème des migrations », a fait valoir M. Li.  La Chine, a-t-il assuré, est prête à aider les pays dans leurs efforts de développement et dans la lutte contre les effets de catastrophes naturelles.  « L’unilatéralisme n’est pas une solution. »  Pour ce qui est de la mise en œuvre du Pacte, il n’a pas jugé utile d’avoir un calendrier et des cibles, mais il a recommandé de soutenir les État Membres dans la mise en œuvre du Pacte au niveau national.  En ce qui la concerne, la Chine a pris des mesures pour protéger les droits de ses citoyens dans ses frontières et appliquer le Pacte dans le respect de sa législation.

M. SEYED ALI MOHAMMAD MOUSAVI (République islamique d’Iran) a rappelé que les migrations peuvent être source de prospérité, d’innovation et de développement durable dans notre monde globalisé, ce que le Pacte de Marrakech pourrait faciliter grâce à la coopération internationale.  Sous réserve, a-t-il dit, que soient prises en considération les capacités inégales des États Membres, et que le reste de la communauté internationale s’engage à mettre en œuvre le Pacte de bonne foi.  « Dans un tel contexte, le rejet du Pacte par certains pays développés est assez révélateur et signifie une pression accrue pour certains pays en développement déjà accablés par divers flux migratoires », a déploré le représentant.  N’oublions pas, a-t-il ajouté, que la majorité des pays développés sont équipés de longue date d’outils normatifs et de barrières naturelles ou dressées par l’homme pour se prémunir des impacts négatifs des migrations, ou « tailler sur mesure » les flux migratoires de manière à maintenir ou renforcer leur niveau de développement, a-t-il encore argué.  Pour sa part, l’Iran, tout en reconnaissant le caractère non contraignant du Pacte, réitère qu’il s’agit seulement d’un « véhicule volontaire » destiné à renforcer la coopération entre États Membres pour gérer les flux migratoires sans créer de nouvelles obligations juridiques.  « Comme tout autre État souverain, l’Iran décide ses politiques migratoires en fonction de sa législation et de ses priorités nationales, ainsi que de ses circonstances économiques et sociales. »

M. LUTFI ALMUGHRABI (Libye) a déploré que le Pacte n’accorde pas la place souhaitée aux causes sous-jacentes aux flux migratoires irréguliers des dernières années, au moment même où les pays de transit et de destination sont aux prises avec un éventail de problèmes qu’ils ne peuvent résoudre individuellement sans la coopération internationale.  L’analyse des causes est vitale pour la gestion des flux migratoires, a-t-il fait valoir, appelant à la mise en place de mécanismes idoines et transparents pour résoudre les problèmes qui se posent dans ce contexte.

Il a aussi plaidé pour le renforcement des capacités des pays d’origine et de transit, notamment dans la prestation de services et la création d’emplois, ce qui permettrait aux candidats à la migration irrégulière de décider de rester dans leur pays d’origine.

Deuxièmement, a-t-il poursuivi, le Pacte ne prend pas suffisamment en compte un facteur dangereux et déterminant dans la crise migratoire: les groupes terroristes armés qui se sont appropriés les routes migratoire de deux façons: l’une en exploitant les vagues de migrants et en les infiltrant avec leurs combattants pour mieux proliférer et propager leur idéologie; l’autre en générant des avoirs à travers la traite et le trafic des migrants, des armes, des stupéfiants et en recrutant de jeunes proies faciles à endoctriner et à radicaliser.

Le représentant a ensuite décrit les différentes voies empruntées en Libye par les groupes armés et les organisations de la criminalité transnationale organisée, notamment dans le sud de ce pays.  Il a cité comme exemple l’enlèvement et l’assassinat de six jeunes dans le village de Fogara.

M. Almughrabi a également attiré l’attention sur le problème de la fertilité sur le continent africain, dont le taux est le plus élevé au monde.  Les estimations prévoient que l’Afrique comptera 2 milliards d’habitants en 2050, ce qui risque de potentiellement multiplier le problème de la migration si rien n’est fait pour le prévenir, a-t-il signalé.  

Le représentant a par ailleurs relevé que le Pacte appelle à accorder des droits aux migrants indépendamment de leur statut migratoire, notant que cela risque parfois d’être en contravention avec la législation nationale, certains migrants illégaux faisant partie de réseaux criminels et de trafic.  Il a aussi noté que certains migrants cherchent à se faire enregistrer comme réfugiés, alors que ces deux catégories sont bien distinctes en termes de statut.  Il a insisté pour que soit respectée la législation nationale, surtout en Libye, qui espère atteindre une stabilité politique et économique dans un avenir très proche.

M. MARTIN FRICK, Directeur des affaires étrangères du Liechtenstein, a estimé qu’une migration correctement gérée, de manière régulière et ordonnée, est « dans notre intérêt national et collectif », afin d’améliorer la situation des migrants dans le monde.  À travers la coopération pour le développement, le Lichtenstein appuie financièrement des projets relatifs à la migration depuis des années.  Soulignant toutefois qu’une partie de la population appréhende ce texte, le représentant a indiqué que le pays ne vise pas la mise en œuvre totale de tous les objectifs du pacte, en particulier les objectif 5, 7, 13 18 et 22, pour lesquels il a ses propres clarifications et interprétations.  « Le Pacte ne donne pas et ne conduira pas à un droit individuel à la migration ou l’obligation aux États Membres d’élargir les voies légales de la migration. »

En outre, a estimé M. Frick, le Pacte ne peut pas donner le droit à la réunification des familles ou le droit à la régularisation d’un migrant irrégulier.  Toutefois, a-t-il souligné, la détention d’enfants ne peut être qu’une mesure de dernier ressort à prendre sur la base des principes de l’état de droit et de la proportionnalité.  À cet égard, le Liechtenstein s’engage à éviter la détention d’enfants, conformément notamment à la Convention relative aux droits de l’enfant.  En outre, le représentant a estimé que sa politique de reconnaissance des qualifications professionnelles est suffisante et prend en compte les besoins de l’économie nationale.  Enfin, des règles claires existent pour avoir droit aux prestations de sécurité sociale et aux bénéfices pour les migrants.  Par conséquent, « le pays ne se sent pas obligé de revoir ses réglementations ».

Mme AMATLAIN KABUA (Îles Marshall) a relevé que l’importance d’un dialogue international sur la question des migrations s’accompagne d’une réticence de certaines nations à s’engager en faveur du Pacte.  Pays d’origine et d’accueil, les Îles Marshall ressentent la pression de l’hémorragie démographique, sa population cherchant, à juste raison, de nouveaux horizons.  En tant que nation d’accueil, le pays est aussi conscient de tous les défis qui se posent aux nouvelles communautés, ce qui fait que les Îles Marshall ne perçoivent pas les dispositions du Pacte comme une atteinte à leur souveraineté mais davantage comme une base pour mener de futur dialogue sous la houlette des Nations Unies.  Décrivant la complexité de ces deux situations pour un petit pays insulaire, elle a estimé que les Nations Unies doivent veiller à ce que les nations les plus petites et les plus fragiles puissent faire entendre leur voix.  Le Pacte est donc non seulement un solide moyen d’exprimer des défis complexes, mais aussi la base du dialogue et de la compréhension à venir.   

M. SHAWABKAH Jordanie a espéré que le Pacte mondial sera un point de départ pour relever les nombreux défis complexes de la migration et des déplacements de par le monde.  Il a espéré également que la migration deviendra un choix et non pas une nécessité ou urgence.  La Jordanie subit de plein fouet les déplacements et l’émigration depuis le siècle dernier à cause des conflits politiques ou les guerres qui ont frappé la région.  Les vagues successives de migrants et réfugiés ont exercé une pression exacerbée sur la population jordanienne.

Il a cité une longue liste de réfugiés -Palestiniens, Iraquiens, Syriens et autres– qui se comptent désormais par millions dans son pays, en soulignant les efforts déployés par la Jordanie à leur égard malgré les ressources limitées et la situation actuelle dans la région.  Les réfugiés relèvent de la responsabilité commune de la communauté internationale qui devrait gérer cette situation, a estimé le représentant.  Les pays ont le droit souverain de se doter de leur propre politique migratoire nationale et de l’aligner sur leurs obligations nationales en fonction des instruments qu’ils ont signé et ratifié.  Le représentant de la Jordanie a insisté sur la nécessité d’honorer le principe de responsabilité commune s’agissant de la Convention relative au statut des réfugiés.  Le Pacte, de son côté, ne saurait contraindre la Jordanie à appliquer des instruments auxquels elle n’a pas souscrit, a-t-il affirmé.  La migration doit être gérée de façon optimale pour qu’elle n’ouvre pas la voie aux abus et au trafic, a-t-il conseillé en conclusion.  

M. GAMINI SENEVIRATNE, Secrétaire au Ministère du travail et de l’emploi à l’étranger à Sri Lanka, a indiqué que la mise en œuvre et l’examen du Pacte dépendra de la flexibilité et de l’espace offert aux gouvernements de décider et de mener tous les processus nécessaires, en accord avec leurs priorités.  Mais compte tenu qu’aucun pays ne peut à lui seul répondre à tous les défis et opportunités offertes par la migration, et puisque le Pacte souligne l’importance de la coopération Sud-Sud et Nord-Sud, le Sri Lanka appelle à un ferme engagement en faveur du renforcement des capacités et du développement des mécanismes proposés par le Pacte.

En ce qui le concerne, Sri Lanka a déjà commencé un travail d’identification des priorités et objectifs du Pacte, tant les domaines du contrôle des frontières, de la crise migratoire, ou des données liées.  Sri Lanka a déjà déployé des efforts, notamment dans le domaine de la régularisation du marché du travail.  De plus, les cadres de recrutement, de formation, de retraite et pré-retraite, d’accès à l’information ou à la protection sociale des travailleurs migrants ont été mis en conformité avec les normes internationales.  

En outre, les processus consultatifs régionaux, comme le Processus de Colombo et le Dialogue d’Abu Dhabi permettent aux États qui en sont membres d’échanger leurs vues, pratiques et expériences sur le marché du travail pour les migrants.  Pour cette raison, la délégation est heureuse que le Pacte reconnaisse le rôle que ces processus régionaux peuvent jouer dans sa mise en œuvre et dans son suivi, a-t-il indiqué.

M. SHUVAEV (Fédération de Russie) dont la délégation a soutenu l’adoption du Pacte, a estimé que ce « document de compromis » couvre de nombreuses dimensions des migrations internationales, y compris les aspects humanitaires, les questions de développement, les droits humains et la lutte contre le crime.  Il a dit s’attendre à ce que le Pacte devienne la base d’une coopération internationale sur le long terme pour, inter alia, mettre en place des voies pour des migrations légales ainsi que des mécanismes de contrôle effectifs des processus migratoires, mais aussi pour élaborer des instruments de lutte contre la migration illégale, notamment des systèmes de réadmission, et contrer les crimes liés aux migrations.  Le représentant a également insisté sur le besoin de jeter des bases solides pour une vie paisible, voire le retour des migrants dans leur pays d’origine, lorsque des États sont confrontés à un exode de masse.  Il est évident que, bien souvent, les causes d’un tel exode peuvent être appréhendées par un règlement pacifique de la situation dans les pays d’origine des migrants et en octroyant une assistance à ces pays pour leur développement socioéconomique et la consolidation de l’État, a encore remarqué le délégué.

« Il ne faut ménager aucun effort pour éviter que des terroristes s’infiltrent parmi les migrants en réel besoin de soutien dans les pays de destination », a insisté le représentant.  Il s’est ensuite dissocié du concept de la « responsabilité partagée » qui, sous sa forme actuelle, impliquerait « le partage du fardeau de l’accueil forcé de migrants » entre des pays qui n’ont souvent rien à voir avec les causes de l’exode massif de ces personnes.  « Nous ne sommes pas favorables à l’idée de transférer la charge à d’autres alors que la situation actuelle est largement le fruit de l’interférence irresponsable dans les affaires internes d’États souverains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », a précisé le représentant.  Il a sommé les pays responsables de cette interférence d’en assumer la responsabilité, y compris pour ce qui est des questions liées à la migration.

La Fédération de Russie, a-t-il enchainé, n’est pas non plus d’accord pour que l’on fasse une corrélation directe entre changements climatiques et facteurs environnementaux et les déplacements de personnes, estimant qu’à ce jour cela n’a pas été prouvé.  Le représentant a ensuite souligné que le Pacte est un texte qui n’est pas juridiquement contraignant et sans obligations légales et financières pour les pays qui y accèdent.  C’est une feuille de route pour définir les contours d’une approche universelle du phénomène des migrations internationales.  Il faut maintenant développer des mécanismes de mise en œuvre du Pacte mondial dans le cadre de la coopération internationale mais aussi sur le plan national en tenant compte des intérêts nationaux, y compris en termes de sécurité et de défense des intérêts de leurs citoyens, a conclu le représentant en ajoutant que son pays s’est d’ores et déjà activement engagé sur cette voie.

M.  ARMEN GHAZARYAN (Arménie) a applaudi divers aspects du Pacte, soulignant toutefois qu’il ne faut laisser « aucune zone grise » au sujet de la migration.  L’Arménie a accueilli 60 000 réfugiés d’Azerbaïdjan suite à une campagne de nettoyage ethnique.  Elle a aussi ouvert les bras à des milliers de Syriens depuis le début de la guerre dans ce pays et a également distribué une aide humanitaire lors du siège d’Alep.  Les compétences de la population déplacée de Syrie représentent un apport positif pour l’Arménie, surtout dans le secteur des petites et moyennes entreprises, raison pour laquelle la naturalisation, l’octroi du permis de résidence, l’aide à monter des entreprises et d’autres services font partie de la politique arménienne vis-à-vis de ces réfugiés, a-t-il expliqué.

Des mesures pratiques ont été prises pour la réalisation de l’objectif 8 sur la création d’emplois et l’aide aux entreprises.  Des projets ont été mis au point dans ce domaine en collaboration avec les migrants et réfugiés dont les besoins sont multiples en raison de leur vulnérabilité.  Des solutions à long terme sont également basées sur les valeurs de partage des responsabilité et solidarité.  Le représentant a estimé que ces situations ne doivent pas faire l’objet de manipulations à des fins politiques mais exigent de s’attaquer aux causes profondes de la migration. 

M. GARCIA (Argentine) a estimé que les États Membres doivent être en mesure de créer un équilibre entre les besoins de développement et les besoins des migrants.  Pour sa part, l’Argentine a commencé par identifier les besoins en ressources humaines pour gérer le phénomène migratoire et les résultats de cette étude ont été utilisés pour orienter les migrants.  Le représentant a précisé que même si les migrations en Argentine sont plutôt économiques, il est nécessaire d’échanger toutes les informations sur les personnes à risque pour assurer leur bien-être et pour la sécurité de tous.  Mais en définitive, a-t-il ajouté, c’est la coopération internationale qui importe avant tout.

L’Argentine, a-t-il poursuivi, accueille aujourd’hui plus de 120 000 Vénézuéliens.  Avec l’Organisation internationale pour les migrations, le Gouvernement cherche des solutions à ce problème.  Il a appelé la communauté internationale à résoudre cette crise qui est « la plus importante dans l’histoire de l’Amérique latine. »  Le délégué a en outre assuré que certains principes du Pacte sont déjà intégrés dans la politique argentine sur les migrations.  Pays ouvert, l’Argentine accueille ceux qui fuient les conflits, la guerre et la faim, a poursuivi le représentant.  Il a rappelé que quatre des six derniers présidents argentins sont des descendants de migrants, comme c’est le cas de l’actuel Président dont le père était un émigrant italien. 

M. CHUNG BYUN-HA, Directeur général adjoint pour les organisations internationales, Ministère des affaires étrangères de la République de Corée, a déclaré qu’avec 260 millions de migrants internationaux, il est évident qu’aucun pays ne pourra gérer à lui seul la migration mondiale.  Il a salué la tendance observée ces dernières années avec l’adoption d’une série de documents concrets sur cette question, la communauté internationale ayant notamment tenu, dans le Pacte, à préserver les droits des migrants et à lutter contre les migrations irrégulières et leurs répercussions négatives.  Il s’est réjoui de voir que les principes directeurs incluent l’intérêt supérieur de l’enfant et la protection des femmes ainsi que la lutte contre la traite des personnes et contre les passeurs. Il a réaffirmé le droit souverain des États à déterminer leur législation nationale en matière de migration.  Le Gouvernement coréen s’efforcera d’appliquer le Pacte tant qu’il n’empiète pas sur sa législation nationale et continuera de coopérer avec d’autres États pour tenir la promesse du Pacte, a-t-il conclu. 

M. RÉGIS IMMONGAULT, Ministre d’État, Ministre des affaires étrangères, de la coopération, de la francophonie et de l’intégration régionale du Gabon, a voulu partager l’expérience de son pays, « terre d’hospitalité » pour des migrants provenant d’horizons différents et qui attache dans le même temps un respect au principe de souveraineté nationale et de responsabilité de chaque État d’assurer la protection de ses frontières.  Il s’agit également, pour lui, de garantir le respect de la législation de l’État et des intérêts de sa population.  Bien entendu, « nous demeurons fermement convaincus que tous les migrants, quel que soit leur statut juridique, ont droit au strict respect de leurs droits humains ».  Tous les migrants devraient être en mesure de participer pleinement à la vie économique et sociale de leur pays d’accueil et de leur pays d’origine, a-t-il poursuivi.

Pour le Gabon, la réponse aux migrations internationales passe nécessairement par une vision globale s’articulant autour du nexus migration-développement, du renforcement de la coopération, de la responsabilité partagée des États et du respect des droits humains des migrants.  La conclusion de ce Pacte démontre toute la force et la pertinence du multilatéralisme ainsi que « notre capacité à répondre ensemble aux défis d’envergure globale qui requièrent une mobilisation internationale, a déclaré M. Immongault.  En effet, a-t-il ajouté, « notre succès se mesurera à l’aune de notre détermination à coopérer et dialoguer à toutes les échelles en vue de trouver des solutions efficaces aux défis qui entravent la marche vers la prospérité de nos peuples ».  Pour conclure, il en a appelé à la conscience universelle vis-à-vis de ce Pacte, qui met en exergue des principes directeurs chers à la plupart des États, parmi lesquels: le respect des droits de l’homme, la souveraineté nationale, la primauté du droit et les garanties d’une procédure régulière. 

Je viens d’un pays qui a été bâti grâce à la contribution des migrants, européens pour la plupart, venus établir une vie meilleure et plus digne pour eux et leurs enfants, a déclaré d’emblée M. MUINO DE CORSO (Uruguay), qui a souligné qu’à présent cette population s’est conjuguée avec les créoles (criollos), personnes d’ascendance africaine venues comme esclaves, ainsi qu’avec les peuples autochtones.  Il a aussi rappelé que la crise économique et l’instabilité politique des années 1960, en particulier une période de dictature militaire, a forcé des centaines de milliers de nationaux à enclencher un processus migratoire qui s’est ralenti au début du XXIe siècle.

C’est ainsi, a-t-il poursuivi que l’Uruguay a appris, au fil du temps, à dire au revoir à ses citoyens et à les accueillir à nouveau à leur retour.  D’autre part, de nombreux migrants étrangers, et leurs familles, choisissent de s’installer en Uruguay.

Qui peut prétendre aujourd’hui qu’il n’a ou ne sera pas un jour un migrant ou réfugié, a-t-il demandé à la ronde, en se targuant du fait que l’Uruguay avait souscrit à de nombreux accords, conventions et traités internationaux sur la migration et la protection des droits de l’homme, en plus de s’être doté d’un cadre normatif reposant sur la pleine reconnaissance des droits des migrants et des membres de leur famille.

Le représentant a mis l’accent sur l’égalité de traitement et la jouissance des droits, tant pour les nationaux que les étrangers, ainsi que sur la non-discrimination, l’intégration socioculturelle, le respect de la diversité et de l’identité culturelle, sans oublier l’égalité des sexes et la protection intégrale des groupes de migrants parmi les plus vulnérables.  Il a défendu le droit d’émigrer, de retourner et de rester volontairement dans le pays de résidence ainsi que le lien entre le développement et la migration.    

M. SUKHARULIDZE (Géorgie) a constaté que dans le monde interdépendant actuel, il faut aborder de manière adéquate le phénomène des migrations internationales.  Le Pacte est à ses yeux l’expression de bonne volonté des États pour règlementer les migrations, tout en tenant compte des intérêts nationaux et des capacités nationales.  Le représentant a souligné deux points qui ont amené la Géorgie à y souscrire, à commencer par la présence, dans le Pacte, de certaines mesures et objectifs qui existent déjà dans son pays grâce au concours de l’Union européenne et d’autres partenaires, et, d’autre part, la nature non contraignante du Pacte qui permet de l’examiner à la lumière des intérêts nationaux.

M. MNYEPE (République-Unie de Tanzanie) a estimé que cette conférence historique arrive à point nommé en raison des importants mouvements de migrants dont le monde est témoin aujourd’hui.  Il s’est dit convaincu que le Pacte permettra de dégager des solutions aux différents problèmes relatifs à la migration.  Après avoir détaillé les raisons qui poussent les populations à la migration, il a jugé impératif de mieux gérer la migration pour tirer parti des opportunités multiples qu’elle présente.  Dans le cas contraire, a-t-il averti, nos sociétés seront confrontées à des vagues de migrants inattendus, dont le nombre risque d’accroitre avec le temps.

La Tanzanie, pays d’origine, de transit et de destination est confrontée au défi migratoire que connaît l’Afrique.  C’est pourquoi le représentant a jugé impératif de miser sur le renforcement des capacités au travers des Nations Unies en vue de la mise en œuvre du Pacte.  En effet, a-t-il poursuivi, « disposer du Pacte sur le papier est une chose, l’appliquer en est une autre ».  Plus que jamais, a-t-il souligné, le monde a besoin d’une gouvernance de la migration ancrée sur le respect des droits des migrants et celui des pays de destination.

Mme SHEILA CAREY (Bahamas) a souligné qu’en tant qu’archipel aux frontières poreuses, les Bahamas sont à la fois une source et une destination pour les migrations.  Si le pays apprécie la contribution des migrants en situation régulière, il se trouve en revanche face à un flux « énorme » de migrants illégaux, la plupart à la recherche d’opportunités économiques.  Initialement en transit, ils finissent par faire de l’archipel leur destination finale.  C’est dans ce contexte, que les Bahamas réitèrent leur soutien au Pacte qui contribue aux efforts visant à consolider et promouvoir une migration sûre, ordonnée et régulière.  Bien que certaines dispositions du Pacte ne sont pas compatibles avec « notre contexte national », cela ne limite pas pour autant « notre engagement et responsabilité » en faveur d’une migration sûre, ordonnée et régulière, a insisté la représentante. Les Bahamas comptent, en outre, sur le mécanisme de renforcement des capacités des Nations Unies et la coopération des autres acteurs, ainsi que sur la collecte des données pour bénéficier d’informations réelles.  De même qu’elle a réitéré son soutien aux rôle de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le réseau des Nations Unies consacré aux migrations.

Mme VIVES BALMANA (Andorre) s’est réjouie de l’adoption du Pacte, y voyant une feuille de route indispensable pour mettre en place des stratégies de coopérations internationales et régionales efficaces dans le domaine de la migration.  Elle a indiqué qu’en 2017, 65% de la population d’Andorre n’était pas née sur son territoire.  Ainsi en tant que pays d’accueil par excellence, avec plus de 100 nationalités qui y cohabitent sur une population de 60 000 habitants, Andorre a choisi de miser sur l’éducation aux droits de l’homme et aux valeurs démocratiques dans le but de promouvoir le respect de l’autre dans sa différence.  Outre ce travail d’éducation, la cohésion sociale nationale y a été renforcée par l’adoption de la loi sur la non-discrimination.

« Les mouvements migratoires font partie de l’histoire de l’humanité même si de nos jours c’est un phénomène très complexe », a constaté l’intervenante.  Et pourtant, plus que jamais, a-t-elle poursuivi, il faut en faire un acte digne pour ceux qui quittent leurs foyers en garantissant le respect de leurs droits fondamentaux, en particulier ceux des femmes et des filles qui représentent plus de la moitié des migrants et sont souvent victimes de la traite des personnes et des abus sexuels.  Face à l’aggravation des effets des changements climatiques et de leurs potentiels effets sur la migration, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour mettre un terme à la destruction de notre planète à travers le multilatéralisme et la coopération nationale, a-t-elle conclu en appelant le monde à miser sur le multilatéralisme, seul moyen pour répondre à ce double défi mondial.

M. MILOS PRICA (Bosnie-Herzégovine) a relevé que la migration n’est pas un problème du monde moderne uniquement, car elle fait partie de l’histoire de l’humanité. Néanmoins les principaux facteurs aujourd’hui sont les conditions économiques difficiles, les guerres et les changements climatiques.  Ces 25 dernières années, une immense vague migratoire a frappé son pays, notamment à cause des guerres tragiques.  Cela a conduit à l’émigration de « nos jeunes compétents et diplômés » vers les pays européens plus développés.

Pour ce qui est de la crise migratoire déclenchée par les pays touchés par la guerre, notamment au Moyen-Orient, la route des migrants des Balkans n’a concerné son pays que sporadiquement. Mais depuis 2018, cette vague est devenue plus alarmante, selon lui.  Ce sont quelque 21 201 personnes qui sont ainsi entrées dans son pays.  Entre 4 500 et 60 000 réfugiés et migrants sont actuellement en Bosnie-Herzégovine et ont besoin d’assistance humanitaire.

Le représentant a tenu à remercier, à cet égard, les efforts de l’Union européenne, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ainsi que d’autres agences des Nations Unies, avant de préciser que les autorités de son pays font de leur mieux pour répondre au besoin de ces populations vulnérables.  Pour lui, la migration ne devrait être un cas de désespoir. Pour finir, il a averti des risques de voir cette situation faire germer la criminalité et autres groupes terroristes et radicaux.  Il a salué le fait que la prévention soit prise en compte dans le Pacte.

M. AUSAMAH ALABSI (Bahreïn) a déclaré que nous étions dans une ère dangereuse marquée pourtant par une amélioration du savoir mais aussi par un recul de l’empathie. « Nous sommes à l’ère de la machine de l’apprentissage et de l’intelligence artificielle et aussi du comportement humain primitif. »  Le représentant a pressé les États de joindre l’acte à la parole et de ne laisser personne pour compte, en particulier au sein de leurs sociétés respectives.  De l’avis de Bahreïn, le Pacte n’est pas un document sur le droit de passer les frontières, ni sur le droit souverain d’un État à accueillir ou pas des étrangers, ces deux droits n’étant pas contestés par le Pacte, mais il apporte des éléments pour gérer cette problématique.

Le représentant a affirmé que Bahreïn s’était embarqué depuis longtemps dans une initiative de réforme au cœur de la question migratoire à commencer par un changement de terminologie avant une modification de la législation en 2006.  Il s’agissait avant tout de réfléchir aux moyens de régler les problèmes des citoyens du Bahreïn avant de s’attaquer à la question migratoire et au traitement des migrants: la réforme commence de l’intérieur, a-t-il expliqué.  L’objectif majeur de cette réforme, amorcée en 2004, consiste à résoudre le problème du système de kafala comme unique moyen d’aborder la gestion de la migration, en octroyant droits et protection aux migrants, et en éduquant les personnes qui les accueillent.  Cela est d’autant plus louable, a fait valoir le représentant, que cette réforme a été mise en œuvre en pleine crise économique et financière (2008-2009), puis pendant la crise de 2011 et la crise pétrolière de 2014. Les efforts ont payé puisqu’en 2017 le premier système exempt de kafala a été créé: il permet aux migrants de travailler et de vivre sans sponsor, sans un employé assigné et sans un emploi immuable.

Mme KEISHA MCGUIRE (Grenade) a indiqué que son pays est officiellement devenue membre de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le 29 juin dernier.  Elle a également assuré que son pays, qui reconnaît les apports positifs des migrants, s’aligne sur la promesse du Pacte d’assurer des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Car la migration n’est pas un phénomène nouveau, ni un nouveau terme de vocabulaire, a-t-elle commenté.  En tant que petit État insulaire, la Grenade ne peut ignorer la perspective qu’elle pourrait, elle aussi, être touchée par « une vague de migration ».  C’est pour cette raison, qu’elle n’a jamais raté l’occasion de ces rencontres internationales pour discuter du sujet, des défis et solutions à y apporter.

Étant donné que les îles caribéennes, comme la Grenade sont particulièrement vulnérables aux évènements métrologiques extrêmes et aux changements climatiques, la représentante s’est félicitée du fait que le Pacte reconnait que les catastrophes naturelles, les effets des changements climatiques et la dégradation de l’environnement peuvent contraindre certains à quitter leurs pays.  Du point de vue de la Grenade, c’est l’occasion de poursuivre sur la voie de l’élaboration d’un accord mondial d’engagements à long terme, qui garantisse la survie et la protection des plus vulnérables et leur octroie des conditions réelles d’un développement durable.

M. LEE GALEN (Singapour) a noté que malgré les divergences de points de vue des États Membres tout au long du processus de négociation, le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières reflète un esprit de multilatéralisme et de coopération internationale.  Pour Singapour, la migration est une question « vitale » et bien que son territoire soit petit, le pays a gardé ses frontières ouvertes aux migrations légales qui favorisent l’inclusion des migrants dans le tissu social national.

Le phénomène migratoire mondial a gagné en complexité et en ampleur, a constaté le représentant, et aucun pays ne peut y faire face à lui seul. Par conséquent, la communauté internationale, par le biais de ce Pacte, cherche à s’attaquer aux migrations irrégulières et à réglementer, voire faciliter les migrations légales.  Ainsi, le Pacte est avant tout « un cadre de coopération non juridiquement contraignant qui respecte la souveraineté de chaque État de fixer sa propre politique migratoire en termes de résidence, d’emploi et à d’autres égards ».  À l’avenir, a conclu le représentant, il sera important que les états continuent de travailler en étroite coopération pour répondre aux différents aspects de ce phénomène.

M. RALALA ROGER PIERRE (Madagascar) venu assister à cette conférence alors même que le deuxième tour de l’élection présidentielle dans son pays aura lieu la semaine prochaine, a estimé que malgré les défections de dernière minute, « car cela aussi est la démocratie », l’adoption du Pacte témoigne de la volonté d’avancer en matière de gouvernance de la migration.  Force est de souligner que nous sommes en train de vivre un moment historique qui, a-t-il espéré, augure d’une coopération multilatérale, « seule et unique voie à même de nous conduire vers une gestion équilibrée du fait migratoire dans le monde d’aujourd’hui ».  La migration reste un phénomène sujet à des perceptions souvent parcellaires, voire sommaires, parfois superficielles, en tout cas appréhendées machinalement à partir de données statistiques.  « Nous ne voyons pas, ou nous ne voulons pas voir, les drames cachés ou les droits humains bafoués », a constaté le représentant.  C’est la raison pour laquelle la connaissance du phénomène est capitale, a-t-il ajouté, « car elle suscitera la prise de conscience nécessaire ».

Madagascar, soucieuse du sort de ses ressortissants à l’étranger, s’est résolument engagée dans l’intégralité du processus et a convenu de déployer les efforts requis pour participer aux diverses étapes de consultations et négociations aux niveaux local, régional et international, a poursuivi M. Pierre.  Le Gouvernement a également relevé parmi les 23 objectifs du Pacte, 9 objectifs sur lesquels il estime devoir s’investir prioritairement et à très court terme, a-t-il expliqué en citant notamment la gestion des données, la gestion intégrée des frontières, la lutte contre la traite des personnes, le traitement des facteurs négatifs favorisant l’émigration, la pleine intégration des migrants et le perfectionnement des compétences.  Il a assuré qu’aujourd’hui l’élaboration de la politique migratoire nationale est inscrite dans l’agenda à court terme de Madagascar.

Pour M. HASHMI (Pakistan), c’est un truisme que de dire que la migration a existé.  De même, il est évident que celle-ci est appelée à durer.  Le Pacte, a-t-il poursuivi, fruit d’un compromis délicat, a ménagé suffisamment les États en respectant leur contexte propre.  Il représente, à ses yeux, le succès du multilatéralisme.  Ce texte est un cadre d’engagement commun qui balaie divers aspects de la migration.  C’est un point de référence et ne contraint en aucun cas les États.  C’est pourquoi, il a fait part de sa déception de voir une poignée de pays choisir de s’en éloigner.  Ceci donne à réfléchir sur la vitalité du Pacte, a-t-il mis en garde, formant le vœu que ces pays revisitent leur position.  Le succès du document sera mesuré à l’aune de sa mise en œuvre, a-t-il souligné.   

Contrairement aux mythes véhiculés sur la migration, a enchaîné le représentant, la plupart des migrations concernent les pays en développement.  En tant que pays d’origine, de transit et de destination, le Pakistan croit en le potentiel de la migration qui est une source de prospérité.  Il en veut pour preuve « notre diaspora qui est une source importante de dynamisme pour notre pays et les pays hôtes ». 

Mme VARGAS JAUBERT (Costa Rica) a commencé son propos en évoquant le cas de cette petite fille, Tija, abandonnée avec un baluchon à un poste de frontière costaricain.  Ce n’est qu’en mettant un visage humain sur le phénomène migratoire qu’on pourra l’appréhender dans toute sa complexité, a-t-elle soutenu, plaidant aussi pour le respect des droits des enfants migrants. 

Si des millions d’individus se mobilisent aux frontières des États avec leurs papiers et passeports pour y entrer de manière légale, d’autres se voient contraints à prendre la voie de la migration irrégulière, « un phénomène qui doit avoir un visage humain », a-t-elle martelé.  On ne saurait adopter les politiques migratoires de manière unilatérale, a-t-elle averti avant d’appeler à la concertation pour trouver des solutions conjointes aux défis de la mobilité humaine par-delà les frontières, un phénomène qui fait intégralement partie de la mondialisation.  Elle a également souligné que, de plus en plus, la migration est un phénomène Sud-Sud.

Au niveau de sa sous-région, la conférence sur les migrations de l’Amérique centrale et du Sud a débouché sur l’adoption d’un mécanisme pour faciliter des migrations sûres, ordonnées et régulières, a précisé la représentante, qui a souhaité que cela puisse être répliqué dans d’autres régions du monde avec le concours du nouveau réseau des Nations Unies consacré aux migrations.  Nombreuses sont les causes qui poussent un individu à quitter son pays, et le Pacte est la feuille de route qui nous montrera le chemin à suivre pour ne laisser personne de côté, a-t-elle conclu.

M. BWESIGYE (Ouganda) a appelé à se concentrer sur les atouts de la migration, « qui remonte à l’aube de l’humanité », et a relevé que le Pacte s’efforce de renforcer la coopération et la solidarité du fait de la nature transnationale de ce phénomène.  Il est essentiel de redoubler d’efforts pour renforcer les mécanismes de coopération internationale notamment avec les parties prenantes, a-t-il dit.  Il a plaidé pour un appui accru avec les partenaires internationaux pour aboutir à une migration sûre, ordonnée et régulière.

L’Ouganda, en tant que pays d’origine, de transit et de destination accorde une grande importance à ce Pacte, notamment au plan interrégional.  Il a indiqué que son pays, avec les États de l’Afrique de l’Est, a mis en place un projet d’intégration du Couloir Nord, en aménageant des réseaux ferroviaires, autoroutiers et autres infrastructures pour « assurer la transformation socioéconomique de nos sociétés ».  De même, il a évoqué l’adoption d’une feuille de route, visant le lancement d’un passeport électronique au bénéfice des populations de la région pour faciliter la libre circulation des personnes.  Cette approche holistique vise à traiter les causes profondes des migrations et la réalisation des objectifs de développement durable, mais exige toutefois des capitaux massifs, d’où la nécessité de renforcer la coopération avec nos partenaires internationaux.  Il a souligné que ces initiatives régionales sont de nature à contribuer à la réalisation des objectifs contenus dans le Pacte.

M. AYADOKOUN (Bénin) a rappelé que la migration fait partie de l’histoire de l’humanité depuis la nuit des temps, d’où l’importance de se donner les moyens de gérer ce phénomène dans l’intérêt de tous.  Des instances internationales ont été créées à cet effet, et l’avènement de ce Pacte reflète cette volonté collective a noté le représentant avant de citer un proverbe africain qui dit que « les fleurs de demain se trouvent dans les semences d’aujourd’hui ».  Ce Pacte veille au respect et à l’intégration des migrants dans les sociétés d’accueil ainsi qu’à une meilleure protection des migrants vulnérables tels que les enfants et les femmes, a-t-il encore relevé.

Pour sa part, le Bénin a participé à toutes les étapes des travaux qui ont conduit à l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qui va renforcer les nombreux efforts déjà engagés pour le développement de nos pays.  Aujourd’hui, a poursuivi le représentant, il n’y a plus besoin de démontrer l’intérêt de la migration pour le développement.  C’est dans cet esprit que les peuples d’Afrique de l’Ouest restent très attachés à la libre circulation des biens et des personnes dans la sous-région, a-t-il précisé, et que le Bénin a supprimé les visas pour les ressortissants africains.  Après avoir attiré l’attention de la communauté internationale sur le fait que son pays fait partie de la chaîne migratoire, le représentant a passé en revue certaines mesures prises au plan national dans ce contexte.

Selon M. NTRAKWA (Ghana), les préoccupations particulières de l’Afrique auraient dû être prises en compte par le Pacte pour assurer une approche complète et holistique de la question migratoire.  Cela comprend l’appel à l’interdiction totale des camps et des abris pour les réfugiés et des « plateformes de débarquement », des centres de sélection, ou encore des centres de détention des migrants, car ils peuvent mener à de graves violations et abus des droits de l’homme des migrants.  Encore une fois, a ajouté le représentant, la nécessité d’arrêter immédiatement et définitivement la détention d’enfants n’a pas reçu l’attention qu’elle mérite, bien qu’elle soit contraire au principe de l’intérêt supérieur de l’enfant et aux obligations des États en vertu de la Convention relative aux droits des enfants. 

Au-delà de l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, nous avons aujourd’hui besoin de concentrer nos énergies sur son application, a poursuivi M. Ntrakwa.  Au niveau national, le Ghana a lancé la politique nationale de la migration et son plan de mise en œuvre, en 2016, afin d’aider à gérer les flux migratoires intérieurs, intrarégionaux et internationaux.  L’objectif politique majeur est de promouvoir et protéger les intérêts, les droits et le bien-être des citoyens et des migrants au Ghana et à l’étranger.  Le Gouvernement a aussi aligné ses politiques, y compris la politique nationale de migration, sur le Pacte mondial en collaboration avec les États Membres afin d’assurer sa mise en œuvre. 

Pour M. FLORES MONTERREY, Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, la mobilité humaine et les migrations ont toujours été un « processus naturel » de grande importance pour l’humanité.  Il a salué l’engagement pris aujourd’hui par « l’immense majorité des pays » afin de faire des migrations la responsabilité de chacun des États.  L’adoption du Pacte illustre en effet la vigueur du multilatéralisme pour traiter les problèmes qui affectent l’ensemble de la communauté internationale, s’est félicité le Ministre, pour qui il s’agit d’un « premier pas ».  Si nous voulons sauver la vie des milliers de personnes qui décident de migrer pour améliorer leur sort, nous devrons « améliorer et renforcer » le Pacte au cours de sa mise en œuvre, a-t-il ajouté. 

Selon lui, la crise des migrants qui frappe différentes régions du monde est le résultat de l’échec du « système mondial ».  « Tant que la richesse demeurera entre les mains de quelques-uns au dépens de la majorité, les engagements et les objectifs que nous adoptons demeureront limités et précaires », a martelé le Ministre.  Il a plutôt préconisé la mise en place d’un système mondial fondé sur la solidarité et l’harmonie entre les peuples et la nature. 

Aux politiques de criminalisation adoptées par certains pays, le représentant a opposé la mise en œuvre de politiques de régularisation des migrations permettant aux migrants l’accès à la justice.  Il a plaidé, à cet effet, pour une « citoyenneté universelle » permettant le plein exercice des droits des citoyens où qu’ils se trouvent.  Enfin, il a rejeté les dépenses publiques affectées à la construction de murs et de centres de détention de migrants plutôt qu’à des programme d’intégration ou au renforcement de l’économie locale. 

M. PASCAL TEIXEIRA (France) a endossé le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Selon lui, le Pacte doit être salué pour quatre raisons: c’est le premier texte sur les migrations à l’échelle des Nations Unies et il propose un cadre de coopération et d’action pour aborder « un phénomène global et qui nous concerne tous »; c’est une somme d’engagements politiques qui respectent la pleine souveraineté des États; il établit clairement la distinction entre les migrants réguliers et irréguliers; enfin, il propose de gérer les phénomènes migratoires dans le respect des droits des personnes.  « C’est une dimension fondamentale quand certaines surenchères politiciennes, y compris dans mon pays, font parfois perdre de vue la souffrance humaine générée par les phénomènes des migrations désordonnées et les trafics de migrants », a commenté M. Teixeira.

C’est « une illusion » de penser que chaque État peut traiter seul le défi des migrations, a souligné M. Teixeira.  Sur ce sujet comme sur tant d’autres, la France est animée par la conviction que le multilatéralisme est « la seule réponse possible aux défis globaux ».  Il est illusoire, a-t-il insisté, de penser que nous pourrions ériger des murs hermétiques ou totalement dissuader ceux qui pensent trouver un avenir meilleur dans leur pays.  Cependant, a précisé M. Teixeira, « il n’existe pas de droit à la migration et le Pacte n’en crée aucun ».  Il est certain que les migrations subies, désordonnées et irrégulières ne profitent à personne.  Toute coopération repose sur des règles.  Il faut donc que les États agissent pour mettre fin aux trafics, démanteler les réseaux et sanctionner ceux qui font commerce de la misère, a estimé M. Teixeira.  Après avoir rappelé l’obligation des pays d’origine de coopérer pour permettre le retour et la réintégration dans leur pays des étrangers en situation irrégulière, il s’est félicité de la contribution essentielle apportée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Mme ASHA KEMOY DESUZA (Saint-Kitts-et-Nevis) a partagé l’avis selon lequel les migrations peuvent être bénéfiques en termes économiques et sociaux à la fois aux pays d’origine et aux pays de destination.  Par conséquent, elle a appelé à appuyer les efforts à l’échelle internationale pour tirer parti des avantages de la migration et répondre aux défis qu’elles peuvent entrainer, tout en insistant sur l’importance de migrations sûres, ordonnées et régulières, conformes aux législations nationales.

Poursuivant, la représentante a expliqué que la législation nationale de Saint-Kitts-et-Nevis a été mise à niveau pour faire face à ces nouvelles réalités en mettant l’accent sur la sécurité de ses frontières.  Rappelant que son pays a vécu le passage des ouragans Irma et Maria l’an dernier, la représentante a salué la reconnaissance du fait que les changements climatiques sont un des moteurs de la migration dans la mesure où ils risquent d’exacerber les tensions économiques, environnementales et sociales, poussant ainsi plus de personnes à émigrer au cours des prochaines décennies.

La représentante a également mis l’accent sur le rôle des diasporas en tant que partenaires du développement durable de leurs pays d’origine.  Son pays a d’ailleurs élaboré une « politique nationale pour la diaspora » à l’issue d’une conférence sur cette question l’an dernier.  Dans la foulée elle a appelé à la baisse des frais imposés aux envois de fonds des travailleurs migrants.

La représentante a en outre souligné qu’un grand nombre des objectifs fixés par le Pacte mondial suppose à la fois le renforcement de la coopération et des partenariats mondiaux mais aussi plus d’aide publique au développement et d’assistance technique, notamment pour doter les pays en développement de capacités adéquates de collecte et de traitement de données sur la migration.

M. AL DAHMAK (République arabe syrienne) a déclaré que son pays faisait face, depuis sept ans, à des violations flagrantes du droit international en raison des actions de la coalition des États-Unis qui porte atteinte au peuple syrien, incitant nombre de ses concitoyens à quitter leur pays.  Le représentant a donné l’assurance que son gouvernement s’efforce de répondre aux besoins des Syriens.  « Dans le cadre des exploits que nous et nos alliés avons accompli face aux terroristes, nous avons invité l’ensemble des Syriens à retourner dans leur pays, en insistant sur la sureté et la dignité de ce retour », a-t-il avancé.  Mais, a-t-il dénoncé, certains États tentent d’appuyer le terrorisme, en établissant un lien entre la « reconstruction » du pays et des « conditions politisées », lesquelles constituent des violations du droit humanitaire.  Estimant qu’il faut se concentrer sur les droits de l’homme, le représentant a appelé à mettre fin aux politiques des États qui parrainent le terrorisme, et empêchent les populations civiles d’avoir accès à l’aide humanitaire et aux médicaments, les conduisant à fuir à l’étranger rechercher le soutien nécessaire. 

L’Afghanistan est aujourd’hui confronté à des défis de longue durée causés par la guerre et la pauvreté, a souligné M. DAVID MAJED (Afghanistan) qui a indiqué que ces problèmes, couplés à la peur d’un avenir incertain, imposent une pression sur de nombreux Afghans qui quittent le pays pour de meilleures opportunités.  Aujourd’hui, a-t-il précisé, ce sont quelque 6 millions d’Afghans qui ont choisi le chemin de l’exil.

Le Gouvernement a donc mis en place les politiques nécessaires et les instruments y afférents pour traiter cette question et a signé des accords bilatéraux et multilatéraux.  Cependant, a-t-il nuancé, l’Afghanistan fait face à des difficultés notamment s’agissant du traitement de l’immigration illégale.

Le représentant a appelé à davantage de synergies avec les acteurs régionaux pour une coopération fructueuse, pour ensuite faire part de l’engagement de son gouvernement à mettre en œuvre le Pacte.

En attendant, son gouvernement est engagé dans de prochaines négociations avec les Taliban sur un processus de paix.  Le représentant a précisé que si celui-ci se concrétisait, il permettrait à une vaste majorité de migrants afghans de regagner le pays, et allégerait le fardeau supporté par « nos voisins ».

M. ANTONIO VITORINO, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a affirmé que le Pacte constituait un document historique et premier du genre, fruit de négociations intergouvernementales sous l’égide des Nations Unies.  Il n’encourage pas la migration ni ne veut l’empêcher, il respecte la souveraineté des États et n’est pas juridiquement contraignant, a-t-il martelé.

M. Vitorino a surtout insisté sur sa mise en œuvre au niveau national, l’État décidant de ses priorités et choix, qu’il soit d’origine, de transit ou de destination.  La mise en œuvre exige une meilleure coopération entre les États et avec les autres parties prenantes, une bonne gouvernance en matière de migration et l’appui de la société civile et des milieux universitaires, a-t-il préconisé, notant que les efforts régionaux seront tout aussi importants.  La mise en œuvre du Pacte doit aussi se faire en harmonie avec d’autres documents internationaux, notamment en matière de développement durable.

Il a aussi salué l’idée du mécanisme envisagé dans le Pacte ainsi que le lancement, aujourd’hui même, d’un fonds d’affectation auquel il a encouragé les États à contribuer.  La migration irrégulière constitue une des violations les plus graves des droits de l’homme des migrants, a souligné M. Vitorino.  L’OIM s’engage quant à elle à appuyer les États membres et à coordonner l’application du Pacte, convaincue qu’elle est de sa mission de mettre les migrants au centre de ses activités dans l’esprit et la lettre du Pacte. 

M. ALBRECHT FREIHERR VON BOESELAGER, de l'Ordre souverain de Malte, a affirmé son appui aux 23 objectifs du Pacte mondial, « même si ce document est forcément le fruit d’un compromis entre différents avis ».  Il a regretté le retrait de dernière minute d’un certain nombre de pays du Pacte, estimant que le texte adopte pourtant une approche équilibrée qui reflète l’intérêt de tous les pays concernés. En effet, a-t-il poursuivi, d’une part il réaffirme les droits fondamentaux des migrants, et, d’autre part il répond dans les termes les plus fermes aux défis de la traite des personnes et d’autres pratiques illégales liées aux migrations. 

Pour l’Ordre souverain de Malte, les migrations représentent des opportunités et des avantages pour les migrants, les communautés d’accueil et les communautés d’origine.  Cependant, lorsqu’elles ne sont pas bien règlementées elles peuvent représenter des défis majeurs, a reconnu le représentant.  Il a ensuite expliqué que depuis 900 ans, l’Ordre apporte un soutien humanitaire aux malades, aux pauvres et aux plus vulnérables de ce monde, y compris aux migrants.

Persuadé que ni les murs, ni la fermeture des frontières viendront à bout des flux migratoires et ne représentent pas des solutions à long-terme, il a préconisé l’établissement de voies légales pour la migration ainsi que des accords entre pays d’origine, de transit et de destination des migrants. 

Il a salué la référence spécifique faite dans le Pacte au rôle des institutions religieuses et confessionnelles dans sa mise en œuvre, rappelant notamment le rôle que l’Ordre a lui-même assumé pendant plusieurs décennies au Liban, en Libye ainsi que ses opérations de secours en Méditerranée.  Il a par ailleurs appelé à minimiser les facteurs structurels qui poussent les gens à quitter leurs pays d’origine.  « La migration ne devrait jamais être un acte de désespoir », a-t-il tranché.

M. ANTÓNIO PEDRO ROQUE, Assemblée parlementaire de la Méditerranée, a rappelé que le Pacte de Marrakech n’est pas juridiquement contraignant, et qu’il importe d’en assurer la mise en œuvre et le suivi.  Il s’est déclaré convaincu que la coopération internationale est essentielle pour obtenir les résultats escomptés, à savoir atténuer les souffrances et réduire le chaos.  Il a préconisé d’harmoniser les législations nationales dans la mise en œuvre de ce Pacte.

Ce qui a débuté à New York voit son aboutissement aujourd’hui à Marrakech, s’est félicité M. MICHAEL SPINDELEGGER, Directeur général du Centre international pour le développement des politiques migratoires, qui a salué ce « grand bond en avant » que représente le Pacte, produit d’un large consensus entre les États.  Il a cependant rappelé que le Pacte n’est pas une fin en soi mais plutôt le début d’un autre processus, celui de son application.  Il a encouragé à continuer à inclure les États qui ont décidé de s’abstenir ou de ne pas se joindre à ce document.  La migration connecte les pays, les communautés et les régions d’une manière sans précédent, a-t-il souligné.  Et il faut dès lors être conscient des particularités de chaque région et des documents qui ont été adoptés par les unes et les autres.  Il a appelé au renforcement des cadres de travail régionaux de migration déjà existants, et à rassembler les efforts et le savoir-faire.  Il faudra aussi être inclusif et inviter chaque fois plus d’acteurs à participer à la mise en œuvre du Pacte, a-t-il indiqué.  

M. DAVID FISHER, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), s’est dit satisfait de constater que le Pacte reflète la plupart des préoccupations humanitaires de son organisation, qui est prête à mettre en œuvre ses directives.  L’observateur a indiqué que le CICR avait notamment à cœur de vérifier si les migrants détenus se voient accorder des voies de recours juridiques adéquates et si leur dignité est préservée.

Mme ISABELLE DURANT, Secrétaire générale adjointe de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), a considéré que l’Observatoire des migrations qui sera prochainement mis en place à Rabat sera un instrument précieux.  La transformation structurelle des pays de migration est un enjeu de taille.  La CNUCED et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont développé un guide d’entreprenariat pour les migrants et les réfugiés, car l’expérience migratoire et la résilience qu’elle exige favorise l’esprit d’entreprenariat.  Le guide fournit aux différentes parties prenantes un éventail de recommandations, d’exemples, d’expériences positives et réussies, en partant des principes et conditions ayant permis cette réussite, et dans le souci d’éviter la concurrence entre les communautés d’accueil et les réfugiés ou migrants.  Ce guide est la contribution du CNUCED au Pacte, a-t-elle conclu, en invitant à en faire usage.

M. PHILIPPE TREMBLAY, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a expliqué que l’insécurité et les difficultés économiques continueraient de provoquer des mouvements migratoires, une situation dont tient compte ce Pacte.  Les nouveaux engagements pris à ce titre devront être mis en œuvre par les États, aux niveaux national et régional.  Pour sa part, l’OSCE est prête à servir de passerelle entre eux, en partenariat avec les organisations partenaires, comme l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

M. HENRI ELI MONCEAU, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a indiqué que l’adoption du Pacte marque une étape majeure de l’effort mondial en faveur de la construction d’un cadre international de coopération sur la migration.  Il a ajouté que l’OIF, dont les 88 États et gouvernements membres sont présents sur les cinq continents, est, de fait, particulièrement concernée par les mouvements migratoires.  Il a souligné qu’une part importante de ces déplacements massifs et contraints se réalise de manière horizontale depuis et vers des régions du sud et que de nombreuses routes migratoires traversent l’espace francophone.

Il a appelé à une réponse solidaire, globale, coordonnée, complémentaire et multilatérale fondée sur une approche de respect et de protection des droits de l’homme et de la dignité humaine.  C’est à ces conditions que nous parviendrons à changer les regards et les approches sur les migrations et à faire en sorte qu’elles puissent être réellement bénéfiques pour tous, a-t-il soutenu.  Il a souligné que ces exigences étaient consignées dans le rapport sur les migrations dans l’espace francophone qui trace des pistes d’action pour répondre aux défis posés par ces mouvements massifs et contraints de personnes, mais aussi pour valoriser les aspects positifs de la migration

Mme ENAS MOSTAFA EL-FERGANY, de la Ligue des États arabes, a constaté que, depuis 2011, la région arabe a été le théâtre d’un flux migratoire croissant qui a fait que les pays arabes accueillent actuellement 14% des réfugiés et migrants du monde, issus aussi bien de la région que de l’étranger.  En réponse à cette situation sans précédent, la Ligue des États arabes a mis en place des mécanismes de renforcement de l’assistance humanitaire, en coopération avec les organisations internationales et régionales.  Elle s’est notamment dotée, en 2014, d’un organisme de consultation sur la migration pour renforcer le dialogue entre ses différents États membres, ainsi qu’une équipe de travail sur la migration dans le monde arabe présidée conjointement par la Ligue, la Commission économique pour l’Asie occidentale et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en coopération avec 15 institutions spécialisées des Nations Unies.  Pour sa part, la Commission arabo-africaine de coordination de la migration est chargée de l’exécution de la résolution de 2013 adoptée lors du troisième Sommet arabo-africain qui s’est déroulé au Koweït.

Par ailleurs et dans le cadre des négociations du Pacte mondial, la Ligue des États arabes a tenu, en juillet 2017, une session extraordinaire pour présenter une position unifiée sur les migrations irrégulières.  Elle a ainsi dégagé comme priorités principales: la résolution des conflits; le renforcement de la coopération entre pays d’origine et d’accueil; les canaux de migration régulière; le respect des droits de l’homme et la lutte contre toutes les formes de discrimination, la xénophobie et l’islamophobie ou la discrimination fondée sur l’appartenance religieuse; le renforcement de la coopération entre le secteur du développement et l’assistance humanitaire; l’inclusion de la problématique de la migration dans les projets de réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030; et l’entraide des pays d’origine et d’accueil pour un retour volontaire et l’intégration des migrants.  Enfin, la Ligue tiendra, début 2019, une réunion de consultation en vue de réfléchir aux moyens de mise en œuvre du Pacte et de ses objectifs.

M. TOMAS BOCEK, du Conseil de l’Europe, s’est dit convaincu qu’une gouvernance des migrations durables ne peut advenir que dans le respect des droits de l’homme.  Il a indiqué que le Conseil de l’Europe est une organisation internationale qui rassemble 820 millions de ressortissants de 47 États membres, par le biais des normes juridiques dans les domaines de la protection des droits de l’homme, du renforcement de la démocratie et de la prééminence du droit en Europe. L’observateur a déclaré que le Conseil de l’Europe avait considérablement enrichi les normes à partir desquelles cette organisation travaille dans le domaine migratoire.  Le principe partagé des droits de l’homme peut nous unir, a-t-il souligné, avant de reconnaître que de nombreuses propositions législatives au sein de certains pays membres de l’Union européenne vont à l’encontre des normes européennes des droits de la personne.

M. JESÚS GUADALUPË FUENTES BLANCO, Fonds pour le développement des peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes, a indiqué que la région compte plus de 800 différents peuples autochtones, soit une population totale de 45 millions de personnes, dont la majeure partie se trouve dans les pays andins, amazoniens et méso-américains.

Il a expliqué que la migration internationale de ces groupes est essentiellement transfrontalière en raison de l’établissement arbitraire de frontières nationales qui divisent les territoires ancestraux des peuples autochtones, notamment en Bolivie, Chili, Costa Rica, Guatemala, Mexique, Panama et Paraguay.  Il a précisé que 9 migrants sur 10 proviennent d’un pays voisin.

Au cours des dernières années, a-t-il poursuivi, des peuples autochtones comme les Kichwas, Mayas ou Quichés ont commencé à émigrer vers les pays du nord, aux États-Unis et dans une moindre mesure, en Espagne.  L’intervenante a expliqué que ces migrations trouvent leur origine dans leur déplacement forcé, le conflit armé, la construction de mégaprojets, les répercussions du changement climatique, la marginalisation, la paupérisation et l’absence de services de base. 

M. FRANCESCO ROCCA, Président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a décrit son travail avec et pour les réfugiés et les migrants, quel que soit leur statut juridique, dans les pays d’origine, de transit et de destination.  En tant que mouvement unifié, et en coopération avec le CICR, la priorité du FICR consiste à « sauver des vies », à les protéger contre la mort, la séparation et les menaces et abus.  On ne peut pas penser que les actions humanitaires sont des crimes, a-t-il soutenu, dénonçant le fait que ses agents humanitaires sont parfois pris à parti.  Il a fortement insisté pour que les migrants puissent bénéficier de l’aide humanitaire sans craindre pour leur sécurité, ni faire l’objet de représailles.  Il a notamment appelé à prévenir et à protéger les enfants et adolescents séparés de leur famille, soulignant que les répercussions sont particulièrement lourdes pour les enfants car les dégâts provoqués par la séparation sont parfois irréparables.  Il s’est félicité que le Pacte mondial prenne en considération toutes ces questions.

Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), au nom des cinq commissions régionales des Nations Unies, a estimé que les commissions économiques des Nations Unies peuvent contribuer à la mise en œuvre du Pacte de Marrakech, notamment en améliorant la collecte des données à l’appui d’une gouvernance des migrations.  En outre, ces commissions peuvent jeter des passerelles entre le Pacte et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a indiqué la haute fonctionnaire, qui a également suggéré d’inscrire la mise en œuvre de ce document dans le cadre de la coopération Sud-Sud.

Mme MAUREEN HINDA, Vice-Ministre des affaires étrangère de la Namibie, a appuyé les « nobles principes » figurant dans le Pacte, pour ensuite indiquer que la Constitution namibienne consacre le respect des droits de l’homme et la liberté de mouvement entre les frontières.  Elle a jugé indispensable de tenir des registres nationaux de naissance et a indiqué que son gouvernement s’est engagé à mettre en application le Pacte dans le contexte national.  La migration est tout aussi essentielle que la circulation des biens et des ressources naturelles, a-t-elle argué, fustigeant les barrières artificielles érigées alors que le monde a progressé grâce aux déplacements des personnes. Souvenons-nous de Vasco de Gama et autres explorateurs, a-t-elle rappelé, avant de paraphraser Nelson Mandela qui avait affirmé que nul ne peut arrêter une personne qui cherche à mieux vivre et à être libre. 

M. GUY RYDER, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé que la majorité des migrants sont exposés à des abus dans le cadre de leur périple, notamment dans les pays de destination où ils peuvent être exploités par des employeurs peu scrupuleux.  « Grâce au Pacte adopté hier, les États membres et tous nos partenaires et alliés ont la possibilité de faire des droits des migrants une réalité », s’est félicité le haut fonctionnaire.  Il a assuré que l’OIT serait en mesure de contribuer de manière significative à cet effort, grâce à une expérience accumulée de plus de 70 ans.

M. KOSTAS STAMOULIS, Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a estimé que la migration est intrinsèquement liée au travail de la FAO qui s’efforce de répondre aux défis qu’elle représente, la moitié de la population en développement vivant dans des zones rurales jusqu’en 2050.  Beaucoup de migrants sont d’ailleurs d’origine rurale et n’ont jamais migré avant.  Les nouveaux phénomènes naturels obligent chaque fois plus de personnes à quitter leur pays, d’où l’importance d’approches multisectorielles pour appuyer les zones rurales ou garantir que la migration devienne sûre, régulière et ordonnée.

L’investissement dans l’agriculture et le milieu rural est important comme alternative à la migration, a assuré M. Stamoulis.  La FAO est aussi en faveur de la création d’emplois décents dans les zones rurales appauvries par les changements climatiques.  Il s’agit aussi de favoriser la contribution des migrants dans leur société d’origine, en particulier dans les zones agricoles.  La FAO est prête à aider les États dans l’exécution des principes directeurs contenus dans le Pacte.

M. ILIAS CHATZIS, de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a vu dans le Pacte un accord sur la coopération, coopération entre États, mais aussi entre la famille de l’ONU et ses partenaires.  C’est la raison pour laquelle il s’est félicité du fait que l’ONUDC fasse partie du Comité exécutif du réseau des Nations Unies consacré aux migrations qui facilitera l’assistance de l’ONU aux États Membres dans la mise en œuvre des principes directeurs.  L’ONUDC est également coordonnateur permanent du Groupe de coopération interagences contre la traite des personnes, le principal mécanisme du système des Nations Unies visant à répondre à la traite des personnes, et qui est formé de 23 agences, a précisé le haut fonctionnaire. 

Mme MEHREEN AFZAL, du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), s’est félicité de l’adoption du Pacte tout en relevant le climat politique divisé et le langage utilisé pour discuter des migrations, qui est devenu impitoyable et laisse la voie à la discrimination, au racisme et à la xénophobie.  Les migrants et les réfugiés sont fréquemment, et sans aucune raison, perçus comme des menaces à la sécurité, a-t-il constaté.  Le multilatéralisme reste l’outil le plus efficace pour traiter de ces questions complexes, a estimé le représentant avant de présenter le Pacte comme un document à la fois basé sur des principes et réalisable en pratique.  Le Pacte est respectueux de la souveraineté des États, a-t-il dit en ajoutant que c’est un catalyseur pour l’action collective.  Il a souligné que le Haut-Commissariat serait membre du nouveau réseau des Nations Unies consacré aux migrations.  Il a rappelé que le Pacte mondial sur les réfugiés avait été adopté également cette année.  Les deux Pactes, ensemble, marquent un moment critique dans la réalisation des objectifs de la Déclaration de New York.

Mme MARIKA PALOSAARI, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a sincèrement félicité les États Membres pour l’adoption du Pacte.  À première vue, a-t-elle indiqué, la détérioration de l’environnement et les changements climatiques ont des effets sur les modes de vie et moyens de subsistance, ce qui fait que chaque année des milliers de personnes doivent quitter leur foyer pour aller vivre ailleurs.  Des stratégies de résilience sont toutefois en train d’être mises en place pour prévenir ces départs contraints qui viennent s’ajouter à ceux provoqués par la déforestation, la désertification et autres phénomènes.  Le PNUE est prêt à travailler avec les États et d’autres partenaires pour analyser l’impact des changements climatiques sur la migration et pour lutter contre les menaces environnementales qui sapent les communautés.  Elle a salué la création du Réseau des Nations Unies pour les migrations et insisté sur le fait que les changements climatiques et la migration « sont notre avenir commun ». 

« Le monde s’est exprimé à Marrakech: tous les migrants, indépendamment de leur statut, et où qu’ils se trouvent, sont des êtres humains avec des droits de l’homme », s’est félicité M. CRAIG MOKHIBER, du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  À cette occasion, a-t-il ajouté, une ligne a été tracée entre les approches de migration abusives, chaotiques et, au bout du compte, vouées à l’échec, pour privilégier une nouvelle vision fondée sur les droits de l’homme en vue de mouvements de personnes sûrs, ordonnés et réguliers.  Une ligne entre la peur, le mythe, la distorsion et le préjugé d’un côté et de l’autre, les faits, les preuves, et nos valeurs relatives aux droits de l’homme de l’autre.

Une ligne a aussi été tracée entre ceux qui veulent confronter les migrants avec des murs, des fils barbelés et des politiques repoussoirs, et une communauté internationale éclairée qui a choisi, au contraire, d’embrasser la coopération internationale, d’élargir les possibilités pour une migration sûre, la sécurité et la dignité humaine.  En traçant cette ligne, les Nations Unies ont emprunté une voie qui s’écarte du paradigme récent des politiques migratoires qui ont laissé des migrants périr noyés en mer ou dans le désert, et déstabilisé les gouvernements, abreuvées de sécurité autocentré.  Le représentant du Haut-Commissariat a aussi salué le message explicite de Marrakech: si bien le Pacte n’est pas contraignant, la migration y est inscrite comme sujet relevant du droit international.

M. VERENA KNAUS, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a salué l’adoption du Pacte, y voyant une réalisation historique à la fois pour les enfants migrants et les États.  Pour la première fois, a-t-il indiqué, les enfants sont reconnus comme axe central de la gestion des migrations.  Sans créer de nouvelles obligations, le Pacte procure aux États un outil essentiel pour respecter leurs obligations de protéger, d’intégrer et d’autonomiser tous les enfants.  Et il offre à des millions d’enfants et de jeunes touchés par les migrations la chance de prospérer et d’atteindre leur potentiel.  En mettant en pratique les mesures proposées par le Pacte, les États seront mieux armés pour lutter contre les causes qui obligent les enfants à quitter leurs foyers, leur fournir un meilleur accès à l’éducation et à la santé, et leur assurer une plus grande protection contre l’exploitation et la violence.  Le Pacte donne aussi aux gouvernements les moyens de réunir les familles à tout moment et de lutter contre la xénophobie et la discrimination.

Pour faire en sorte que les engagements du Pacte mondial soient traduits en amélioration réelle de la vie des millions d’enfants migrants, le représentant a identifié trois domaines de changement possible: la réduction à zéro du nombre d’enfants détenus à cause de leur statut; la levée des barrières juridiques et pratiques à l’accès de tous les enfants à l’éducation et la santé, y compris les enfants sans papiers et les apatrides; et, enfin, le renforcement de la coopération transfrontalière pour protéger les enfants à toutes les étapes de leurs déplacements y compris lors de leur retour.  Les enfants et les jeunes du monde entier comptent sur les États pour agir maintenant, pour s’engager avec eux, et leur garantir un siège autour de la table, a-t-il affirmé.

M. SANTINO SEVERONI, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), s’est félicité de l’inclusion de la santé dans le Pacte et a souligné qu’il prenait des mesures actives pour répondre aux aspects de la santé publique des réfugiés et des migrants à travers les résolutions de son Assemblée mondiale de la santé et le prochain plan d’action mondial sur la santé des réfugiés et des migrants.  Il a affirmé que l’OMS était bien placée pour appuyer la mise en œuvre des aspects du Pacte visant à préserver et à promouvoir la santé des migrants.

Dans le cadre du Pacte mondial, a-t-il poursuivi, l’OMS souhaiterait éviter, autant que faire se peut, les services parallèles pour les migrants, et encourager au renforcement du système national de santé des communautés d’accueil et des migrants.  Elle entend aussi œuvrer avec les États membres pour que les systèmes de santé soient dûment préparés, résilients et sensibles à la situation des migrants, en prenant en considération les diversités culturelles et les besoins spécifiques des migrants, des femmes et des enfants en particulier.  L’OMS est aussi engagée en faveur d’une couverture universelle pour favoriser l’accès aux services, indépendamment du statut migratoire, et à la mise sur pied d’opérations transfrontières aux fins de veiller à la santé des migrants dans les pays d’origine, de transit et de destination.

Les États Membres peuvent compter sur le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans le processus de mise en œuvre du Pacte, a assuré M. OWEN SHUMBA, Coordonnateur du PNUD.  Le PNUD, en tant que partenaire clef de développement, travaille de concert avec les autres agences des Nations Unies pour « vous soutenir de façon efficace et apporter son expertise économique à la gouvernance migratoire », a-t-il déclaré à l’adresse des États Membres.  La migration est une réalité mondiale qui en plus de solutions nationales, requiert une approche globale et des responsabilités partagées.  Le PNUD est ainsi membre du Comité exécutif du réseau des Nations Unies consacré à la migration qui a été lancé « au moment opportun » sous la direction de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

En partenariat avec d’autres agences de l’ONU, la société civile, le secteur privé et les gouvernements, y compris locaux, le PNUD soutiendra les États Membres dans la mise en œuvre des objectifs 2 (causes profondes des migrations), 19 (contribution des migrations au développement durable) et 21 (intégration durable des migrants) du Pacte.  M. Shumba a indiqué que le PNUD a d’ores et déjà travaillé conjointement avec l’OIM pour l’intégration de la migration dans les plans de développement nationaux, notamment avec le Bangladesh, l’Équateur, la Jamaïque, le Kirghizistan, la République de Moldova, le Maroc, la Serbie et la Tunisie.

M. DENNIS SINYOLO, Coordonnateur principal à Education International, qui parlait au nom de la Fédération des syndicats des enseignants et autres personnels enseignants, a regretté le retrait de certains pays de cet accord historique.  Le Pacte mondial offre l’occasion rêvée aux États Membres de travailler avec l’ONU et les parties prenantes, des syndicats et la société civile, pour relever les défis pressants de la migration internationale.  Les pays de destination et de transit devraient assurer aux migrants l’accès à des services publics de qualité en particulier l’accès à une éducation publique de qualité, « indépendamment de leur statut migratoire ».  Les systèmes éducatifs, les écoles et toutes les institutions éducationnelles devraient être plus inclusifs, plus réactifs aux besoins des enfants migrants et des jeunes, a souhaité l’intervenant.

Selon M. Sinyolo, les gouvernements doivent également faire en sorte que les programmes scolaires et matériels pédagogiques reflètent la diversité de la population d’âge scolaire, et soient élaborés avec la pleine collaboration des éducateurs et de leurs syndicats.  Les Gouvernements devrait en outre assurer la reconnaissance des qualifications professionnelles de tous les migrants.  Pour Education International, la clef du succès du Pacte réside dans la différence qu’il fera dans la vie des travailleurs migrants sur le terrain en assurant leurs droits, y compris celui de participer au dialogue social.

M. IBRAHIM ABUBAKAR, Président de la Institute for Global Health de l’University College London, a défendu la nécessité d’intégrer la santé des migrants dans toutes les politiques dans le cadre de la solidarité humanitaire.  Pour M. Abubakar, qui a voulu partager le premier rapport de l’Institut, publié la semaine dernière, tenir compte de la santé des migrants est non seulement bénéfique pour ces personnes mais a également des répercussions sur le développement durable.

En effet, selon le rapport, le produit de deux ans de travail mené par des experts du monde entier, lorsque l’on se penche sur les « faits et les évidences et non pas sur les opinions », il ressort que les migrants contribuent à une meilleure santé des migrants eux-mêmes, des communautés d’accueil mais également de leur pays d’origine.  Pour lui, le Pacte représente une opportunité unique de tenir compte de la santé en tant qu’élément des droits de l’homme.

Mme JILL GOLDENZIEL, du Conseil universitaire pour le Système des Nations Unies (ACUNS), a précisé intervenir en sa capacité personnelle: « mes vues ne représentent pas celles du ACUNS, ni de mon université ni d’aucune branche du Gouvernement des États-Unis ».  Notant que le Pacte mentionnait les partenariats avec le monde universitaire, elle a assuré que de nombreuses académies étaient prêtes à informer le monde sur les migrations et à aider à l’application et au suivi du Pacte.  Comme exemple, elle a dit que les universités fournissent une expertise et des données qui sont nécessaires à la mise en œuvre, et qui peuvent contribuer non seulement à l’objectif 1 relatif aux données mais aussi à tous les autres.  « Nous sommes également compétents pour concevoir des programmes d’évaluation afin de mesurer les progrès dans la mise en œuvre du Pacte », a dit Mme Goldenziel en soulignant l`indépendance des experts académiques.  Le monde universitaire peut aussi éduquer sur le Pacte et aider à mettre en œuvre l’objectif 17.  « Nous pouvons évacuer les mythes sur le Pacte et en même temps informer les migrants sur leurs droits. »  Enfin, le monde académique peut contribuer à rendre le Pacte plus inclusif, a-t-elle dit en relevant que les ONG locales et les communautés de migrants avaient été sous représentées dans le processus du Pacte.

Mme MARVELOUS MISOLAS, Sœurs de Saint-Dominique de Maryknoll, a déclaré que pour répondre aux causes profondes des migrations, il faut des communautés viables, résilientes et pacifiques, et peu susceptibles d’être effrayées par des migrants supposément venus s’emparer de leurs moyens de subsistance.  Elle a déclaré que l’organisation au nom de laquelle elle s’est exprimée œuvre de concert avec la société civile et d’autres partenaires auprès des migrants dans divers pays.  L’observatrice a souligné les points suivants du Pacte parmi ceux qui importent à son organisation: s’attaquer aux facteurs de vulnérabilité liés aux migrations et les réduire; mettre fin aux détentions d’enfants; ou encore respecter les garanties de procédure régulière aux frontières.

M. STEFFEN ANGENENDT, de l’Institut allemand d’études des affaires étrangères et de la sécurité (SWP), s’est inquiété de la polarisation du débat autour du Pacte au cours des dernières semaines, et pas seulement en Allemagne, ce qui présage des difficultés à venir dans sa mise en œuvre.  C’est l’occasion, selon lui, de se demander pourquoi on en est arrivés là et ce que les gouvernements peuvent faire pour lutter contre.  Il a évoqué les informations fausses ou insuffisantes qui ont circulé, dénonçant les messages de haine sur Internet.  Pourtant, a-t-il rappelé, le processus de négociation du Pacte a été transparent et on ne peut pas rejeter la faute sur les gouvernements.  Ce qui a manqué, a-t-il poursuivi, c’est une promotion active du Pacte.

Le représentant a remarqué que, de nos jours, la diplomatie se joue en public, une tendance qui ne peut être renversée.  Il a donc conseillé de ne pas être sur la défensive et d’élargir volontairement le débat, pour créer un espace propice à l’échange de vues.  Ce débat, a-t-il précisé, devrait se dérouler en premier lieu au sein des parlements, et aussi au niveau local, en tout cas toujours avec la coopération de la société civile.  Il faudrait également que les débats se tiennent aux niveaux régional et international.  Le Pacte fournit différents forums à cet effet.  Enfin, le représentant a dénoncé les tweets contre le Pacte en Allemagne, qui étaient générés par des ordinateurs, des robots qui prétendent être des personnes, ce qui est difficile à vérifier.  Il a invité à agir les gouvernements, les agences de l’ONU et la société civile, afin d’identifier de telles méthodes de manipulation.  Les gouvernements devront aussi améliorer leurs méthodes de travail et développer des stratégies de communication convaincantes.

Remarques de clôture

« Nous avons lancé l’un des projets les plus importants de notre génération », s’est enorgueilli Mme LOUISE ARBOUR, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les migrations.  Le Pacte de Marrakech, nom qui pourrait être donné au Pacte mondial, restera la référence pour toutes les initiatives futures traitant de la mobilité humaine transfrontalière.

Plus important encore, a-t-elle ajouté, l’adoption du Pacte est une réaffirmation des valeurs et des principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et dans le droit international.  Il démontre que les spécificités nationales et régionales peuvent toujours être conciliées pour le bien public commun.

« Pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, nous avons réussi à nous attaquer à un problème qui a longtemps été perçu comme hors de portée à l’échelle mondiale », s’est-elle félicitée, soulignant qu’il n’y avait probablement pas de principe plus fondamental dans l’organisation des affaires internationales que la répartition géographique de l’espace sur cette planète, confirmée par la reconnaissance universelle de la souveraineté des États.

Pourtant, a-t-elle enchainé, les tracés sur les cartes n’ont jamais suffi à confiner les personnes dont les besoins, les ambitions, les rêves et les opportunités ont élargi les horizons.  Plutôt que d’ignorer l’élan de certains souhaitant changer de pays ou, pire, tenter de l’écraser à un coût exorbitant, la communauté internationale s’engage désormais en faveur de méthodes plus sûres et plus équitables de gestion des frontières.

À mesure que les nombreuses initiatives proposées dans le Pacte commencent à prendre racine, le monde verra des vies sauvées, des conditions de vie améliorées, des communautés s’intégrer et se développer grâce à un développement et une prospérité accrus dans de nombreuses régions du monde.

« Nos efforts contribueront, au fil du temps, à réduire les profondes inégalités que la loterie de la naissance continuerait d’aggraver. »  Et de conclure: « Nous avons atteint un niveau inégalé de connaissances, de compétences et d’ingéniosité, nous permettant à la fois d’imaginer un monde meilleur et de commencer réellement à le construire ».

Pour la Présidente de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, ce sont deux années de travaux qui ont trouvé leur aboutissement ces deux derniers jours à Marrakech.  Mme Espinosa Garcés a d’abord remercié le Maroc d’avoir accueilli la Conférence intergouvernementale.  « La Conférence a atteint son objectif. »   Après son adoption, ce Pacte est plus solide que jamais, a estimé la Présidente pour qui le message est que « le multilatéralisme fonctionne ».  Le multilatéralisme est notre réponse à ce défi; il est aussi la réponse à chaque défi auquel le monde est confronté.

Mais il reste un long chemin à parcourir, a averti la Présidente.  Ce chemin commence à New York, le 19 décembre prochain, avec une séance de l’Assemblée générale qui sera convoquée pour adopter officiellement le Pacte mondial.  Mme Espinosa Garcés a anticipé d’autres étapes dans le suivi de sa mise en œuvre, qui exigera des efforts concertés à tous les niveaux national, régional et international.  Il faudra une approche intégrale englobant toutes les dimensions des migrations et la participation de tous les acteurs de la migration.  « Chaque pays a le devoir de diffuser le Pacte et ses objectifs, d’organiser des échanges sur les pratiques et les politiques migratoires. »

La Présidente a également estimé que l’adoption de ce Pacte facilitera la conclusion d’alliances avec les acteurs importants de la société civile, le secteur privé et d’autres parties prenantes.  Le Pacte de Marrakech nous donne les outils de l’action, a souligné Mme Espinosa Garcés qui n’a pas oublié de rappeler les défis restants comme la traite des êtres humains.  Elle a conclu en déclarant que la mise en œuvre du Pacte aura « des retombées réelles et concrètes sur la vie des migrants et les communautés d’accueil ».

Pour M. NASSER BOURITA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, Marrakech a scellé l’acte officiel de naissance du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Il a salué « le climat convivial et serein empreint de bonne volonté, marqué du double sceau de la mobilisation collective et de l’ambition partagée ».  Il a souligné, en outre, l’apport des cinq continents dans l’approfondissement du contenu du Pacte pour le traduire en action.

« New York a donné l’impulsion, Marrakech a donné le souffle et organisé le ralliement », a déclaré M. Bourita.  Si l’adoption est un premier pas, une étape majeure demeure, celle de la concrétisation des engagements à l’échelle nationale, régionale et internationale.  « Nous devons mobiliser nos énergies pour la mise en œuvre de ce Pacte historique », a-t-il déclaré.

Pour le Ministre marocain, il s’agit d’abord de « démystifier » le langage et les idées autour de la migration et d’opposer des données factuelles à toute récupération politicienne.  Ensuite, a-t-il ajouté, il s’agit de tendre vers l’universalité à travers l’appropriation du Pacte, qu’il faut, enfin, inscrire dans la durabilité en accroissant la coopération internationale et régionale, en faisant du système des Nations Unies « la pierre angulaire ».

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