Point de presse quotidien du Bureau du Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU: 26 février 2018
(La version française du Point de presse quotidien n’est pas un document officiel des Nations Unies)
Ci-dessous les principaux points évoqués par M. Stéphane Dujarric, Porte-parole de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU:
Syrie – déclarations du Secrétaire général à Genève
Dans sa déclaration devant le Conseil des droits de l’homme à Genève, ce matin, le Secrétaire général a salué l’adoption par le Conseil de sécurité d’une résolution qui exige la cessation des hostilités pour au moins 30 jours. Mais, a-t-il ajouté, les résolutions du Conseil de sécurité n’ont de sens que lorsqu’elles sont effectivement mises en œuvre. Il espère que la résolution sera mise en œuvre immédiatement et durablement, en particulier pour assurer la livraison immédiate, sûre, sans entrave et durable de l’aide et des services humanitaires, l’évacuation des malades et des blessés ainsi que l’allègement des souffrances du peuple syrien. L’ONU est prête à apporter sa contribution.
Le Secrétaire général a réitéré que la Ghouta orientale ne pouvait pas attendre et qu’il était grand temps d’arrêter cet enfer sur terre. Il a rappelé aux parties leur obligation absolue, en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme, de protéger les populations et infrastructures civiles de tout temps.
Il a aussi déclaré au Conseil des droits de l’homme que, d’après son expérience, les Rohingya sont l’une des populations les plus discriminées au monde, ce qui était le cas avant même la crise de l’année dernière. Le Secrétaire général a appelé le Gouvernement du Myanmar à assurer un accès humanitaire sans entrave dans l’État Rakhine et a exhorté la communauté internationale à soutenir les personnes qui ont fui vers le Bangladesh.
Avant de quitter Genève, le Secrétaire général a également fait une déclaration à la Conférence du désarmement, saluant la décision prise 10 jours plus tôt de faire avancer son travail de fond. Il a estimé que la Conférence était repartie d’un bon pied, pour la première fois depuis près de 20 ans, disant avoir hâte de tirer parti de ce nouvel élan.
Syrie – situation humanitaire
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique que, ces deux derniers jours, les opérations militaires ont continué d’être signalées dans la Ghouta orientale assiégée, en Syrie, faisant au moins 30 morts, parmi eux des femmes et des enfants. Les attaques sur Damas à partir de la Ghouta orientale se poursuivent également.
Hier, dans la banlieue de Damas, un entrepôt du Croissant-Rouge arabe syrien aurait été frappé par des bombardements. Depuis le 19 février, l’escalade des hostilités a fait 500 morts et quelque 1 500 blessés dans la Ghouta orientale. Un total de 24 centres de santés y aurait été endommagés par les bombardements et les frappes aériennes, en plus de trois sites humanitaires. Pendant la même période, les attaques contre Damas et la province ont fait 14 morts et 214 blessés.
L’ONU s’est mobilisée et elle est prête à envoyer immédiatement des convois de secours d’urgence dans différentes zones de la Ghouta orientale, dès que les conditions le permettront, ainsi qu’à mener des centaines d’évacuations médicales. En outre, l’ONU est prête à se rendre dans les autres zones assiégées et difficiles d’accès ailleurs en Syrie.
L’ONU appelle toutes les parties à laisser accéder sans condition, sans entrave et durablement à toutes les populations dans le besoin partout dans le pays, et à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations et infrastructures civiles, y compris les écoles et les centres de soins, comme l’exige le droit international.
Harcèlement sexuel
Le Secrétaire général a envoyé ce matin un message au personnel de l’ONU pour souligner son engagement à l’encourager à dénoncer le harcèlement sexuel sur le lieu de travail et lui en donner les moyens, ainsi que son engagement à soutenir les victimes et les témoins.
Le service d’assistance téléphonique « Speak up » sera opérationnel à partir de demain. Disponible 24 heures sur 24, la ligne permettra au personnel du Secrétariat de l’ONU de s’entretenir en toute confidentialité avec une personne formée et impartiale qui sera à même de fournir des informations sur les dispositifs de soutien et de protection et sur les mécanismes prévus pour rapporter les faits de harcèlement sexuel. L’objectif est de répondre aux besoins des membres du personnel et de leur donner les moyens de prendre une décision informée sur ce qu’ils doivent faire, s’ils choisissent d’agir.
Pour améliorer et centraliser nos capacités d’action, la Division des enquêtes du Bureau des services de contrôle interne se voit confier, immédiatement, la responsabilité d’enquêter sur toutes les plaintes de harcèlement sexuel, et de mettre en place une procédure rapide et simplifiée pour recevoir ces plaintes, les traiter et y répondre. Une équipe spécialisée, chargée de mener les enquêtes sur les cas de harcèlement sexuel, est actuellement mise en place et le recrutement d’enquêteurs supplémentaires est en cours. Une attention particulière sera portée à l’augmentation du nombre d’enquêtrices.
Dans son message adressé à ses collègues, le Secrétaire général a réaffirmé son engagement à appliquer une politique de tolérance zéro à l’égard du harcèlement sexuel et a insisté sur le fait que tout type de harcèlement est contraire aux principes que défend l’Organisation.
En tant que membres d’une institution qui doit donner l’exemple, a-t-il dit, nous devons tous par conséquent nous engager à favoriser un environnement inclusif dans lequel chaque personne est valorisée et respectée. Pour que nous puissions accomplir notre mission au profit des personnes que nous servons, l’harmonie, la sécurité et la courtoisie nous sont indispensables sur notre lieu de travail, a-t-il ajouté dans son message.
Soudan du Sud – enquêtes sur des abus sexuels
Au cours du week-end, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a déclaré qu’elle avait rappelé son unité de police à Wau et l’avait confinée dans une caserne après une enquête préliminaire sur des allégations d’exploitation sexuelle.
Le 8 février, une plainte a été reçue alléguant que des membres de l’unité de police ghanéenne de la MINUSS avaient eu des relations sexuelles avec des femmes vivant sur le site de protection des civils des Nations Unies à Wau. Une enquête a été immédiatement lancée par le Bureau des services de contrôle interne sur place, au Soudan du Sud. Le Représentant spécial du Secrétaire général, M. David Shearer, a été informé de l’enquête préliminaire dans la matinée du 22 février. Une décision a été prise immédiatement, dans l’après-midi même, de retirer les 46 membres de l’unité de police de leur lieu d’affectation. L’unité a été entièrement transférée vers Djouba au cours des deux jours suivants.
Les informations reçues indiquent que certains membres de l’unité de police auraient eu des relations sexuelles tarifées. La Mission a une approche « zéro tolérance, aucune excuse et pas de seconde chance » en matière d’abus et d’exploitation et d’atteintes sexuelles. La priorité est donnée aux droits et à la dignité des victimes ainsi qu’à la garantie de transparence et à la responsabilité pour de tels actes. C’est la raison pour laquelle la Mission a agi immédiatement pour protéger et soutenir les victimes et les témoins potentiels dans cette affaire, pendant qu’une enquête complète est menée. La police ghanéenne a annoncé, dans une déclaration publiée ce week-end, sa totale coopération et son appui à l’enquête.
Soudan du Sud – insécurité alimentaire
Trois organismes des Nations Unies ont averti aujourd’hui que plus de sept millions de personnes, soit près des deux tiers de la population, risquent d’être confrontées à une situation de grave insécurité alimentaire dans les prochains mois si ces dernières ne recevaient pas d’aide humanitaire.
Si cela venait à arriver, il s’agirait du plus grand nombre de personnes à avoir jamais été confrontées à une situation d’insécurité alimentaire au Soudan du Sud. La période qui comporte le plus de risques sera la saison maigre, entre mai et juillet. Environ 155 000 personnes sont particulièrement menacées dont 29 000 enfants qui pourraient souffrir d’une faim extrême.
En janvier, 5,3 millions de personnes -soit près de la moitié de la population- peinaient à trouver de quoi se nourrir chaque jour et étaient confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire dit « de crise » ou d’« urgence ». Cela représente une hausse de 40% du nombre de personnes en situation de grave insécurité alimentaire par rapport à janvier 2017.
L’an dernier, une amélioration des conditions d’acheminement des denrées alimentaires et une intervention humanitaire de grande ampleur avaient permis de limiter les conséquences de l’insécurité alimentaire et avaient évité une famine. Toutefois, les prévisions liées à l’insécurité alimentaire n’ont jamais été aussi catastrophiques. Les collègues des agences de l’ONU préviennent que les progrès accomplis pour éviter que des personnes meurent de la faim risquent d’être réduits à néant et que de plus en plus de personnes pourraient connaître de graves souffrances liées à la faim, voire une situation semblable à la famine.
Burundi
Le Conseil de sécurité a tenu une réunion ce matin au sujet de la situation au Burundi. L’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Michel Kafando, a déclaré que la situation politique restait tendue et caractérisée par des mesures visant à restreindre les libertés. Par exemple, seuls le parti majoritaire et les groupes politiques qui lui sont alliés peuvent mener librement des activités politiques. Dans ce contexte politique, la situation économique ne s’améliore pas, a-t-il ajouté. M. Kafando a averti qu’un tel environnement ne pouvait être favorable à l’organisation d’élections crédibles. En ce qui concerne la situation en matière de sécurité, il a dit qu’elle s’améliorait malgré des violations des droits de l’homme qui continuent d’être signalées, mais a prévenu que la situation humanitaire demeurait préoccupante.
Rappelant que le Secrétaire général avait exprimé quelques inquiétudes quant à la décision du Gouvernement burundais de réviser la Constitution, M. Kafando a expliqué que cela devait se faire dans l’esprit de la recherche d’un consensus car il s’agit d’une question cruciale pour l’avenir du Burundi. Il a ajouté que le dialogue restait indispensable.
OCHA
La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Ursula Mueller, est arrivée aujourd’hui au Tchad pour une visite de deux jours afin d’y constater par elle-même la situation humanitaire et de voir les efforts que mène la communauté humanitaire pour y répondre dans un contexte de sous-financement chronique, de nombreuses crises humanitaires et des défis de développement. Mme Mueller devrait rencontrer les autorités tchadiennes, les partenaires en matière humanitaire et de développement, ainsi que les populations touchées. Elle se rendra demain dans la région du lac Tchad pour voir par elle-même les conséquences humanitaires de la crise du bassin du lac Tchad sur le pays. Sa visite a pour objectif de donner une plus grande visibilité sur le plan international aux besoins humanitaires du Tchad et susciter un soutien de la part des donateurs, sachant qu’un tiers de la population tchadienne, soit près de 4,4 millions de personnes, a besoin d’assistance humanitaire en 2018.
Somalie
Au cours du week-end, le Bureau du Porte-parole a publié une déclaration relative à la Somalie dans laquelle le Secrétaire général condamne fermement les attaques perpétrées vendredi à Mogadiscio, attaques qui ont coûté la vie à de nombreux civils et blessé de nombreux autres. Cette déclaration est disponible en ligne. (Voir communiqué de presse SC/13223)
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indique suivre avec attention les conséquences du tremblement de terre de magnitude 7,5 qui a frappé les îles du sud de la Papouasie-Nouvelle-Guinée ce matin.
Les partenaires humanitaires sont en contact étroit avec les autorités nationales. L’ONU se tient prête à soutenir la réponse qu’apportera le Gouvernement après ce tremblement de terre.
Conversion analogique-numérique
Un projet de numérisation, qui vise à convertir 70 ans de travaux des Nations Unies en « connaissances ouvertes », a été lancé pour préserver les documents parlementaires. Il s’agit de numériser ces documents sous une forme neutre et accessible, en vue de les stocker sous une forme électronique et de les mettre à la disposition des utilisateurs. C’est le fruit d’une collaboration entre le Département de l’information (DPI) et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences (DGACM). L’objectif est de faire en sorte que la riche histoire des Nations Unies soit accessible à tous dans le monde entier. Ce projet de numérisation est essentiel pour partager ces connaissances avec le monde.
Globalement, depuis le début du projet, 70 000 documents, soit plus de 1,2 million de pages, ont été numérisés et mis à la disposition du public. En outre, environ 3 millions de documents historiques provenant de la collection de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld ont été identifiés comme étant particulièrement importants, y compris des centaines de milliers de documents qui nécessitent une numérisation urgente en raison de leur fragilité matérielle. Ces documents sont liés aux travaux menés entre 1945 et 1993 par l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social.
En septembre 2013, le Gouvernement du Qatar a généreusement promis cinq millions de dollars pour soutenir ce projet, par versements annuels, contribution qui est utilisée pour payer les salaires, les frais de personnel et autres coûts. Ce financement durera jusqu’à fin juin 2018. Nous sommes très reconnaissants au Gouvernement du Qatar pour ce soutien, le pays ayant pleinement respecté ses engagements de financement. La DGACM travaille avec le Département de la gestion pour gérer la situation du personnel affecté par ce projet, conformément à la réglementation des ressources humaines.
Tableau d’honneur
Deux pays de plus, la Grenade et Maurice, ont payé la totalité de leur contribution au budget ordinaire de l’ONU pour 2018, portant à 62 le nombre d’États à jour de leur cotisation.