Conseil de sécurité: la République centrafricaine reste tributaire de la MINUSCA et des partenaires internationaux, selon le Représentant spécial
Depuis le déploiement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) en 2014, des progrès ont été accomplis pour « éteindre les flammes du conflit intercommunautaire dévastateur » qui ravageait ce pays, même si le Gouvernement et le peuple centrafricains ont plus que jamais besoin du soutien de la Mission, dont le mandat devrait être prorogé d’ici au 15 novembre prochain.
Tel a été le message adressé, ce matin devant le Conseil de sécurité, par le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine, M. Parfait Onanga-Anyanga, qui est intervenu depuis Bangui par visioconférence aux côtés de M. Bédializoum Moussa Nébié, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine dans ce pays.
« Malgré les défis persistants, j’ai bon espoir que nous avons désormais posé les bases nécessaires sur lesquelles une paix durable peut être édifiée. Comme les fondations d’une maison, ces bases n’apportent rien en tant que telles, mais une maison privée de fondations est condamnée à s’effondrer, assurément », a résumé M. Onanga-Anyanga, qui est également le chef de la MINUSCA.
Chargé de présenter le rapport du Secrétaire général sur l’évolution de la situation en République centrafricaine entre le 15 juin et le 15 octobre 2018, le haut fonctionnaire a reconnu que le pays fait toujours face à de nombreux défis, en particulier la persistance des attaques contre les civils, provoquant des déplacements massifs de la population et compliquant la fourniture d’une assistance humanitaire alors que la moitié des habitants sont en détresse.
Dans ce contexte, et à l’approche du renouvellement du mandat de la MINUSCA, la réussite de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation devrait figurer au cœur des préoccupations. Pour M. Nébié, aucun doute: « l’échec n’est pas une option ». Pour que le dialogue et le retour à la paix soient couronnés de succès, le Conseil de sécurité doit prendre « des mesures précises, concrètes et vigoureuses », a plaidé le haut fonctionnaire. Nombreux ont été les membres du Conseil de sécurité à se féliciter à cet égard de la nomination prochaine d’un envoyé spécial conjoint de l’ONU et de l’Union africaine à la tête de l’Initiative.
Le représentant de la Suède a cependant considéré que cette initiative devait être davantage inclusive, observant qu’elle ne ménage aucune place à la société civile, et en plaidant pour que les femmes y soient également associées, dans la mesure où elles jouent le rôle de médiatrices à l’échelon local. « Il sera essentiel de trouver des moyens novateurs de faire en sorte que les voix de la population soient entendues, en particulier celles des femmes et des jeunes. Leur engagement dans le mécanisme de suivi de l’Initiative sera également essentiel pour aller de l’avant », a préconisé de son côté le Représentant spécial.
Pour la France, il est toutefois nécessaire d’éviter les « initiatives parallèles » et de veiller à la bonne coordination de tous les partenaires de la République centrafricaine, une mise en garde reprise à son compte par le Royaume-Uni. Le représentant français a également annoncé que sa délégation ferait circuler un projet de résolution pour le renouvellement du mandat de la MINUSCA. Dans son rapport, le Secrétaire général recommande que le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MINUSCA d’un an, jusqu’au 15 novembre 2019, avec un effectif autorisé fixé à 11 650 militaires et de 2 080 policiers.
« Il faudrait conserver les tâches prioritaires assignées à la Mission et renforcer celles qui ont trait à l’appui politique qu’elle apporte au processus de paix et à la stratégie de sécurité », préconise le Chef de l’Organisation, en proposant également d’ajouter deux nouvelles tâches au mandat, à savoir soutenir le processus électoral et fournir un appui logistique limité aux forces armées et aux forces de sécurité intérieure du pays.
Ces propositions vont dans le sens des attentes de la République centrafricaine, pour qui leur mise en œuvre serait garante d’une sortie de crise. Pour la représentante, la MINUSCA ne pouvant à elle seule assumer la responsabilité de protéger les civils, la coopération internationale est essentielle pour aider le Gouvernement centrafricain à assumer ses responsabilités, « compte tenu de la faiblesse ou de l’inexistence de moyens ».
Alors que Bangui plaide pour la levée de l’embargo sur les armes, qui aurait un impact négatif sur la capacité des forces centrafricaines à rétablir la sécurité, le Président du Comité du Conseil de sécurité concernant la République centrafricaine, M. Léon Houadja Kacou Adom, a rappelé aujourd’hui que, d’après le Secrétaire général dans une lettre en date du 31 juillet dernier, cet embargo n’a pas empêché le Gouvernement centrafricain, jusqu’à présent, de se procurer des armes grâce à l’existence des exemptions au régime de sanctions en vigueur. L’un des éléments à l’aune desquels le Conseil pourrait envisager de modifier ce régime, ce sont les progrès accomplis dans le domaine de la réforme du secteur de la sécurité, a précisé M. Adom.
L’Union européenne, qui vient de proroger jusqu’à septembre 2020 le mandat de sa mission militaire de formation en République centrafricaine (EUTM), a rappelé par la voix de M. Koen Vervaeke, le Directeur général pour l’Afrique du Service européen d’action extérieure, que cette mission facilite actuellement le redéploiement des Forces armées centrafricaines et mettre en œuvre le plan national de défense à Bouar.
LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (S/2018/922)
Déclarations
« Malgré les défis persistants, j’ai bon espoir que nous avons désormais posé les bases nécessaires sur lesquelles une paix durable peut être édifiée. Un tel objectif est réalisable à condition que, dans cette quête d’une paix durable en République centrafricaine, la région et la communauté internationale dans son ensemble restent solidaires de notre soutien collectif au Gouvernement et au peuple centrafricains », a déclaré M. PARFAIT ONANGA-ANYANGA, Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).
Depuis l’établissement de la MINUSCA en 2014, nous avons beaucoup progressé dans les efforts pour éteindre les flammes du conflit intercommunautaire dévastateur dans lequel était engouffrée la République centrafricaine, s’est-il enorgueilli, en rappelant que la Mission avait pour mandat de protéger les civils, d’appuyer le processus de transition et de préserver l’intégrité territoriale de la République centrafricaine. « Lorsque j’ai pris mes fonctions en août 2015, la situation sécuritaire était telle que de simples actes de criminalité pouvaient dégénérer et déstabiliser des villes entières, voire tout le pays. La menace d’un coup d’État et d’effondrement ou la crainte de voir le pays replonger dans les premières heures de la terrible guerre civile de 2013 hantaient tous les esprits », a résumé le haut fonctionnaire.
Cependant, le pays fait toujours face à de nombreux défis, a-t-il reconnu. Les facteurs du conflit demeurent et les attaques contre les civils persistent, entraînant des déplacements massifs de la population. La moitié du pays a toujours besoin d’assistance humanitaire, et la fourniture d’une telle assistance devient de plus en plus difficile, en partie en raison des attaques violentes contre les soldats de la paix et les travailleurs humanitaires, a-t-il dit. Et l’État n’est pas en mesure de surmonter ces défis tout seul, a constaté le Représentant spécial, qui a néanmoins mis en avant plusieurs réussites: la situation générale en matière de sécurité a été maîtrisée, des élections démocratiques ont été organisées et le pays est revenu à l’ordre constitutionnel.
En outre, l’autorité de l’État se rétablit à Bangui et au-delà, la sécurité s’est considérablement améliorée dans plusieurs préfectures, notamment grâce au soutien des accords de paix locaux. Les préfets et sous-préfets ont été redéployés dans tout le pays, de même que les fonctionnaires des ministères chargés de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de l’élevage, ainsi que de l’eau et de l’assainissement.
Les forces nationales de défense et de sécurité sont également déployées et les processus de justice et de réconciliation commencent à prendre forme, a encore relevé M. Onanga-Anyanga. « Hier, le 22 octobre, la session inaugurale de la Cour pénale spéciale s’est déroulée. C’est un pas important dans l’engagement du pays contre l’impunité », s’est-il félicité. « Aux côtés des Centrafricains, nous devons maintenant aider le pays à passer d’une phase de confinement à une phase de transformation, où les dividendes de la paix peuvent être perçus par tous. » Dans le contexte du renouvellement du mandat de la MINUSCA, la réussite de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation devra être au centre de ses préoccupations, a-t-il ajouté.
Il faudra tout d’abord veiller à ce que les parties entament des négociations de bonne foi et avec un engagement sincère vis-à-vis du dialogue et de ses résultats. « Cela signifie que les parties doivent être disposées à faire des compromis difficiles, ce qui nécessitera vision et leadership de la part de tous », a précisé le Chef de la MINUSCA. Il faudra également mettre en place un mécanisme de suivi inclusif pour garantir que les parties adhèrent à l’accord conclu et l’appliquent intégralement. De plus, l’accord de paix doit recueillir l’adhésion du peuple centrafricain dans son ensemble. « Bien que le cadre de dialogue convenu ne permette pas la participation directe des acteurs de la société civile, il sera essentiel de trouver des moyens novateurs de faire en sorte que les voix de la population soient entendues, en particulier des femmes et des jeunes. Leur engagement dans le mécanisme de suivi sera également essentiel pour aller de l’avant », a préconisé le Représentant spécial.
Par ailleurs, des conditions de sécurité propices au dialogue et à la concrétisation de ses résultats devront être mises en place. Aussi, a-t-il sollicité l’appui du Conseil pour faire en sorte que les troupes déployées soient correctement entraînées et équipées pour faire face à cette tâche et à l’environnement opérationnel difficile auquel la MINUSCA est confrontée quotidiennement, a encore recommandé le haut fonctionnaire. « Nous devons maintenant renforcer l’état de droit et aider le Gouvernement à reprendre le contrôle des sites miniers appartenant aux groupes armés, faute de quoi le règlement de cette question compromettrait les résultats de tout accord de paix », a-t-il relevé. Cela implique également d’aider l’État à reconstruire et à renforcer ses institutions clefs, en particulier son appareil de sécurité nationale, avec le soutien de la Mission. Là aussi, l’appui du Conseil pour veiller à ce que la MINUSCA dispose du mandat et des ressources nécessaires pour s’acquitter de cette tâche sera nécessaire, de même que pour soutenir aussi le processus électoral, les prochaines élections représentant, aux yeux de M. Onanga-Anyanga, une opportunité importante pour la création d’une culture d’inclusion.
Il faut aussi continuer à soutenir le Gouvernement dans la lutte contre l’impunité et le rétablissement de l’état de droit par la mise en place du tribunal pénal spécial, ainsi que par un soutien aux acteurs judiciaires et aux régions, tout en accordant une attention à l’application du programme national de réconciliation, notamment en veillant à ce que les droits des victimes soient respectés, en particulier les centaines de milliers de Centrafricains déplacés par le conflit. « Pour cela, nous devons aider les autorités à élaborer une stratégie intégrée de justice transitionnelle qui réponde aux besoins et aux attentes des communautés qui ont profondément souffert du conflit », a proposé le Représentant spécial.
Enfin, la Mission doit redoubler d’efforts pour permettre de fournir une aide humanitaire aux 2,9 millions de personnes qui ont actuellement besoin d’assistance et de protection, « dont plus de la moitié sont des enfants ». La réalisation de cet objectif clef et l’amélioration de la mise en œuvre du mandat général dépendront, dans une large mesure, de la décision de ce Conseil d’accroître la mobilité de la force afin de nous permettre de surmonter les difficultés opérationnelles et logistiques qui prévalent, a insisté M. Onanga-Anyanga. « Bien que la situation actuelle reste imprévisible et précaire, je pense que les progrès réalisés dans divers domaines et les fondements posés sont des ingrédients essentiels pouvant contribuer à instaurer une paix durable en République centrafricaine. « Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer la réussite du processus de paix. Nous le devons à la population centrafricaine qui a trop souffert », a déclaré en conclusion le Représentant spécial.
M. BÉDIALIZOUM MOUSSA NÉBIÉ, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine en République centrafricaine, par visioconférence depuis Bangui, a déclaré que depuis son dernier exposé en juin dernier, des progrès « considérables » ont été réalisés dans la mise en œuvre de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation. Cette Initiative vise à aider à la signature d’un accord de paix et de réconciliation entre les groupes armés et le Gouvernement.
Ainsi, conformément à son programme de travail, le groupe de facilitateurs a poursuivi son rythme et ses activités et est parvenu à un certain nombre de résultats. Parmi ceux-ci, le groupe a pu élaborer la composition de la délégation gouvernementale devant se rendre au dialogue politique, souhaité par le Président de la République centrafricaine, M. Faustin Archange Touadera. Il a également pu animer des ateliers de formation pour 14 groupes armés et acteurs de la société civile devant participer à ce dialogue. Un de ces ateliers consistait à harmoniser les revendications de ces groupes armés.
Le groupe a également rendu visite aux chefs d’État de la région, notamment au Président tchadien, M. Idriss Deby Itno, pour leur demander leur soutien politique dans la résolution de cette crise. Le 31 août dernier, le groupe a remis au Président centrafricain un document consolidé des revendications des groupes armés. Le Gouvernement a réagi en élaborant un document intitulé « Projet d’accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine ». La prochaine étape, c’est la convocation du dialogue, a-t-il dit.
M. Nebié a ensuite déclaré que « l’échec n’est pas une option. La seule et unique option est le succès du dialogue et le retour à la paix pour le peuple centrafricain ». De son point de vue, pour parvenir à cet objectif, le Conseil de sécurité doit adopter « des mesures et des actions précises, concrètes et vigoureuses », en soutien aux acteurs sur le terrain pour favoriser et accélérer le retour à la paix. « Si les membres du Conseil de sécurité consentent à un effort et à un appui concret au groupe, je serai heureux de vous annoncer à la prochaine réunion sur la République centrafricaine que le dialogue a été tenu; qu’un accord consensuel a été obtenu; qu’un mécanisme de suivi est sur pied; que la paix n’est plus un vain mot et que le calendrier de mise en œuvre des activités de l’accord est en exécution », conclu M. Nebié.
Nous entrons dans une phase « critique » qui exige la mobilisation de tous, a prévenu M. KOEN VERVAEKE, Directeur général pour l’Afrique du Service européen d’action extérieure. Il a d’abord insisté sur la paix et la réconciliation et appelé tous les acteurs internationaux et les pays voisins à appuyer « exclusivement » l’action du Gouvernement et l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation, et ce, « de manière coordonnée et en toute transparence ». Le Directeur général a ensuite souligné la nécessité d’engranger rapidement des progrès et des résultats. Il a salué, à cet égard, l’intention du Président Faustin Archange Touadera d’engager bientôt des négociations avec les groupes armés, dans un processus, a-t-il souligné, qui doit rester centré sur la personne et dirigé par les Centrafricains eux-mêmes. Le Directeur général a aussi salué la présence du Représentant spécial du Secrétaire général dans le groupe de facilitateurs et la décision de l’ONU et de l’Union africaine de nommer un envoyé conjoint, « signe d’un engagement accru ».
Commentant le travail de la Mission de l’ONU dont le mandat va bientôt être renouvelé, le Directeur général a voulu que les efforts se concentrent sur le renforcement et l’extension de l’autorité de l’État dans tout le territoire centrafricain, ce qui exigera la consolidation et le déploiement des forces de sécurité. La Mission, a-t-il estimé, peut jouer un rôle essentiel en fournissant un appui opérationnel et logistique aux forces armées déployées. L’Union européenne a, quant à elle, prorogé le mandat de sa Mission de formation (EUTM) jusqu’à septembre 2020. Le Directeur général a insisté sur l’importance des activités de l’EUTM pour faciliter le redéploiement des Forces armées centrafricaines et la mise en œuvre du plan national de défense à Bouar. C’est une de nos priorités, a-t-il souligné. Le soutien aux Forces armées, a-t-il ajouté, est complété par un soutien aux forces de sécurité civile dont les conseils prodigués au Ministère de l’intérieur, à la police et à la gendarmerie. L’Union européenne, a conclu, M. Vervaeken, continuera à aider la République centrafricaine, en renforçant la résilience de la population et de l’État et en s’appuyant, pour ce faire, sur l’approche liant les secours, la réhabilitation et le développement et le nexus humanitaire-développement. Au total, le budget de l’Union européenne pour le développement de la République centrafricaine s’élève à 487 millions d’euros pour 2017-2020.
M. LÉON HOUADJA KACOU ADOM, Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2127 (2013) concernant la République centrafricaine, a déclaré qu’en 2018, la situation sécuritaire était restée fragile à travers le pays, et que la crise humanitaire s’y était détériorée, en dépit de réels progrès accomplis par le Gouvernement centrafricain. Le 7 septembre, le Comité a organisé une réunion à l’intention de tous les États membres concernés, la République centrafricaine, les pays voisins et de la sous-région, pour discuter le rapport de mi-parcours du Groupe d’experts et ses recommandations. « Je vois le régime de sanctions applicables à la République centrafricaine comme un outil précieux pour unir la région dans la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre », a déclaré M. Adom.
Suivant une préconisation du Groupe d’experts, le Comité a encouragé les autorités centrafricaines et les pays voisins à « établir, activer ou réactiver » des commissions pour se saisir des questions transfrontalières, y compris de celles qui relèvent directement de la mise en œuvre du régime de sanctions ou qui ont un impact sur la sécurité en République centrafricaine, telles que les interdictions de voyager imposées aux individus sanctionnés, la transhumance, ou encore le trafic d’armes et de ressources naturelles.
En ce qui concerne les interdictions de voyager, le Comité et son groupe d’experts se sont activement engagés avec les acteurs pertinents, y compris pour fournir des informations sur les procédures adéquates d’exemption à ces interdictions. « J’aimerais à nouveau encourager les autorités centrafricaines et tous les États Membres à faire usage de cet outil pour respecter pleinement le régime de sanctions. « Il est regrettable qu’aucun État Membre, depuis l’établissement de ce régime en 2013, n’ait sollicité d’exemption aux interdictions de voyager, y compris lorsque le Comité est informé que des individus sanctionnés se déplacent à l’étranger », a déclaré le Président.
S’agissant du gel des avoirs, le Groupe d’experts a réitéré que les autorités centrafricaines doivent toujours bloquer les comptes bancaires d’Alfred Yékatom, Eugène Ngaïkosset et Habib Soussou et suspendre le versement des salaires à ces individus, a précisé M. Adom, qui a encouragé le Gouvernement à le faire le plus rapidement possible. Alors que Bangui plaide pour la levée de l’embargo sur les armes, qui n’affecterait que les forces gouvernementales, le Président a rappelé que c’est la prérogative du Conseil de sécurité, et non celle du Comité, d’alléger, renforcer ou lever les régimes de sanctions. Il a également rappelé que, d’après le Secrétaire général dans une lettre en date du 31 juillet dernier, l’embargo n’a pas empêché le Gouvernement centrafricain d’obtenir des armes grâce à l’existence des exemptions en place. Selon le Secrétaire général, l’embargo devrait être réévalué à l’aune de trois éléments: les progrès dans la réforme du secteur de la sécurité; les progrès dans la gestion des armes et des munitions nationales; et les progrès dans la surveillance des frontières.
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a déclaré que la situation en République centrafricaine demeure encore particulièrement fragile en raison des violences perpétrées par les groupes armés contre les populations civiles, notamment les femmes et les enfants, les personnels humanitaires et médicaux, et les Casques bleus. Cependant, aussi préoccupante soit-elle, la situation ne doit pas masquer le fait que des progrès ont été réalisés depuis l’année dernière et qu’une solution à la crise est possible, a-t-il assuré, se félicitant de la tenue de la réunion de haut niveau sur la République centrafricaine en marge de l’Assemblée générale qui a permis de réaffirmer le soutien de la communauté internationale et de souligner que l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation était le seul cadre du processus de paix dans le pays.
Il a estimé qu’alors que la liste des revendications des groupes armés a été finalisée lors de la réunion organisée par le groupe de facilitateurs en août dernier à Bouar, et transmise aux autorités centrafricaines, il est important désormais de continuer à avancer, sans délai, vers un dialogue direct entre le Gouvernement et les groupes armés pour aboutir à un accord politique global qui ne laisse aucune question de côté, notamment celle de la lutte contre l’impunité.
M. Delattre a ensuite souligné trois éléments cruciaux pour le succès de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation: la nécessité d’éviter les initiatives parallèles et de veiller à la bonne coordination de tous les partenaires de la République centrafricaine; l’Union africaine et tous les États de la région doivent poursuivre leur engagement, au plus haut niveau, afin de garantir le succès des prochaines étapes de la mise en œuvre de la feuille de route de Libreville et; il faut que le dialogue direct entre le Gouvernement et les groupes armés associe les autres segments de la société centrafricaine, notamment les femmes, dont la participation au processus de paix est indispensable.
Il s’est notamment félicité de la décision récente des Nations Unies et de l’Union africaine de nommer un envoyé spécial conjoint pour soutenir l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation. Il a enfin soutenu le renouvellement du mandat de la MINUSCA et les recommandations du Secrétaire général en particulier, celles visant à maintenir le format et le mandat robuste de cette mission.
M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a salué la volonté politique et les progrès réalisés par les autorités centrafricaines dans le cadre de la sortie de crise. Parmi ces succès, le représentant a cité: la mise en œuvre du projet pilote de désarmement, démobilisation et réintégration; les programmes de réduction des violences communautaires; la réforme du secteur de la sécurité et la restauration de l’autorité de l’État.
Cependant, la récurrence des attaques contre les populations civiles, les soldats de la paix, les travailleurs humanitaires, les pillages et incendies de villages par les groupes armés, notamment dans le centre et l’ouest du pays, « sont des sujets de préoccupation auxquels il convient d’apporter des réponses diligentes », a déclaré le représentant, appelant de nouveau le Gouvernement à restaurer au plus vite l’autorité de l’État avec l’aide des forces de la MINUSCA.
M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est déclaré préoccupé par les flambées de violences sporadiques imputables aux groupes armés en République centrafricaine, rappelant que les attaques meurtrières contre les civils sont inacceptables et peuvent constituer des crimes contre l’humanité. Il a engagé la MINUSCA à poursuivre ses efforts pour aider le Gouvernement à sécuriser son territoire, insistant sur la nécessité d’une solution politique globale et inclusive pour mettre fin à la violence dans le pays. Les efforts déployés en faveur d’un dialogue sont la seule alternative pour convaincre les groupes armés de déposer les armes, a estimé le représentant, qui a apporté son soutien à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation.
À Bangui, le dialogue intercommunautaire a porté ses fruits, permettant le retour dans leurs foyers d’un certain nombre de personnes déplacées, a-t-il noté. Selon lui, la République centrafricaine demeure un État extrêmement fragile, menacé par des risques de régression, en raison de l’insécurité, mais aussi d’une crise économique. C’est la raison pour laquelle une approche axée sur le développement et la consolidation des institutions démocratiques est indispensable pour stabiliser le pays, a ajouté le délégué équato-guinéen.
M. WU HAITAO (Chine) a dit se satisfaire des efforts déployés par le Gouvernement centrafricain et l’Union africaine pour parvenir aux objectifs de paix, de réconciliation politique et de développement. La Chine est d’avis que la communauté internationale doit apporter son aide aux acteurs de terrain à atteindre ces objectifs. Elle doit aussi assurer la sécurité des populations civiles, de la MINUSCA et de ses personnels, a plaidé le représentant.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a constaté que les progrès politiques ne sont pas encore reflétés dans le domaine de la sécurité ni dans une amélioration de la grave situation humanitaire, une grande partie du pays vivant toujours dans un état de conflit, dérivé, entre autres facteurs, de la précarité de l’État, l’exploitation illégale des ressources naturelles par les groupes armés, le trafic illicite d’armes et l’incitation à la violence, notamment interethnique.
Il a également déploré que la violence affecte la population civile, le personnel humanitaire et la MINUSCA, et que le nombre de déplacés internes et de réfugiés ne cesse d’augmenter dans un pays où plus de la moitié de la population requiert une assistance humanitaire. Il a jugé indispensable que le Conseil poursuive son appui aux autorités de la République centrafricaine dans ses efforts tendant au raffermissement de l’autorité étatique et à l’instauration de la paix et la réconciliation nationale. Il a estimé, par ailleurs, que le mandat de la MINUSCA, qui est sur le point d’être renouvelé, devrait avoir comme priorités l’appui au processus de paix, en aidant à la mise en œuvre de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation et à l’organisation et à la tenue des élections 2020-2021.
Le Pérou a mis l’accent sur le fait que cette Initiative s’articule autour des accords de paix obtenus dans des localités telles Bangassou, Bangui et Bouar, en encourageant une participation citoyenne accrue dans la vie politique du pays, des femmes et des jeunes plus particulièrement. Le Pérou a aussi recommandé d’appuyer la stratégie en matière de sécurité, le progrès politique étant tributaire de la capacité des forces armées et de la police de protéger la population civile.
Il a encouragé à ce propos le renforcement de l’appui de la MINUSCA, en coopération avec l’Union européenne. Il a aussi mis l’accent sur la contribution de la MINUSCA à la mise en place de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation dans le cadre d’une stratégie nationale de justice transitionnelle qui permette d’assister les victimes de la violence sexuelle et du recrutement d’enfants par les groupes armés. Il a enfin jugé que la crise exige une approche multidimensionnelle à long terme qui permet de s’attaquer aux causes profondes du conflit d’où l’importance du Plan de relèvement et de consolidation de la paix.
M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a déclaré que son pays avait approuvé l’an dernier le relèvement du nombre des soldats de la MINUSCA. Lors d’une visite de terrain en République centrafricaine et notamment à Bangassou, la délégation des États-Unis avait pu se rendre compte du rôle joué par ces casques bleus dans la protection de civiles. Alors que les États-Unis se félicitent des progrès enregistrés sur le terrain, notamment la restauration de l’autorité de l’État dans plusieurs endroits du pays, ils restent préoccupés par la persistance de la violence à Bria. Ils apprécient dans ce contexte le début des enquêtes de la Cour pénale spéciale, en tant qu’élément qui permettra de restaurer l’autorité de l’État.
Les États-Unis, qui sont disposés à financer le processus, sont également d’avis que l’Initiative de paix de l’Union africaine est la meilleure option pour réaliser la paix et restaurer l’autorité de l’État, à condition que tous participent à ce processus. Or par le passé, de nombreux dialogues politiques ont été organisés et de nombreux accords de paix, sans résultats probants et durables. Dans ce contexte, et alors qu’il s’agira bientôt de renouveler le mandat de la MINUSCA, il faudra tenir compte des leçons du passé, a plaidé le représentant.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré que son pays avait fourni une aide humanitaire d’un montant de 83 millions de dollars depuis 2015 en République centrafricaine. Il a repris à son compte l’analyse de la France, pour qui la multiplication des initiatives de paix parallèles risque de s’avérer contreproductive. Le délégué britannique a salué le travail effectué par la MINUSCA, soulignant à quel point il importe que ses capacités soient renforcées pour prévenir les violations des droits de l’homme et protéger les civils.
Par ailleurs, un processus de paix sans exclusive est indispensable pour stabiliser le pays et doit, à ce titre, impliquer les femmes pour avoir davantage de chances d’être couronné de succès, a-t-il assuré. Le représentant a enfin reconnu les efforts déployés par les autorités centrafricaines pour développer le secteur judiciaire, notamment en facilitant le travail de la Cour pénale spéciale.
M. KANAT TUMYSH (Kazakhstan) a déclaré que l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation reste le meilleur cadre du processus politique en République centrafricaine. Il est à espérer que toutes les parties participeront audit processus. À ce titre, la délégation apprécie les discussions qui ont eu lieu au Soudan à cette fin. Elle pense aussi que le Soudan et son Président Omar Al-Bashir doivent jouer un rôle majeur dans la résolution de cette crise.
Concernant la situation sécuritaire, il a déclaré se réjouir des améliorations. Mais compte tenu des difficultés financières que connaît la République centrafricaine, il est de la responsabilité de la communauté internationale d’aider son gouvernement à assumer ses responsabilités. À ce titre, la délégation apprécie les partenariats de coopération et de formation militaire de l’Union européenne et de la Banque mondiale dans le domaine du développement.
Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a souligné l’importance de développer une appropriation nationale très forte en République centrafricaine, et d’imprimer l’élan nécessaire à un dialogue inclusif et sincère, dans le contexte de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation, afin de relever les défis urgents auxquels fait face ce pays. Elle s’est félicitée du soutien recueilli par cette Initiative, et a appuyé la proposition du Secrétaire général de l’ONU et du Président de la Commission de l’Union africaine à nommer un Envoyé spécial conjoint, qui sera le garant du processus de paix sur le terrain et veillera à la mise en œuvre de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation.
La délégation s’est encore réjouie du résultat des consultations récentes conduites par le Président du Soudan, M. Omar Al-Bashir, et de la déclaration d’engagement en faveur de la paix en République centrafricaine, rendue publique par Maxime Mokom et l’ex-Séléka dirigée par Noureddine Adam. Elle a plaidé pour un renforcement du mandat de la MINUSCA pour lui permettre de mieux répondre à l’évolution de la situation sur le terrain, en particulier en étoffant la force d’intervention rapide, le bataillon de réserve, et la compagnie des forces spéciales.
Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a pleinement soutenu l’Initiative africaine et salué l’invitation faite au Représentant spécial, M. Parfait Onanga-Anyanga, de se joindre au groupe de facilitateurs, et la nomination d’un Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de l’Union africaine comme étant des étapes importantes. Elle a appelé les groupes armés à déposer les armes, en leur signifiant que le Conseil peut appliquer des sanctions contre ceux qui compromettent la paix. En vue d’une paix durable, elle a en outre appelé le Gouvernement à garantir la participation substantielle des femmes aux négociations.
Jugeant indispensable l’engagement des pays de la région, elle a salué les efforts du Soudan en faveur de la paix en République centrafricaine, qui font partie intégrante de l’Initiative africaine. La représentante a aussi encouragé la MINUSCA à renforcer son rôle de coordinateur dans le soutien au processus politique. Pour ce qui est de la protection des civils, elle a souligné qu’il s’agit là d’une tâche clef de la MINUSCA, de concert avec les autorités centrafricaines, mais une tâche qui reste un défi et sera particulièrement ardue si la mission ne dispose pas des équipements et moyens permettant d’augmenter sa mobilité.
Elle a indiqué que le Conseil doit aussi tirer les enseignements de son expérience, positive ou négative, en matière d’opérations, et évoqué, dans ce contexte, la déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix de l’ONU et la MINUSCA. Elle a salué d’autre part le travail de la mission militaire de l’Union européenne et des autres partenaires ayant contribué à la reconstruction des forces de sécurité, en leur demandant de coopérer de façon coordonnée et transparente.
Elle a aussi soutenu les recommandations figurant dans la lettre du Secrétaire général sur l’appui logistique de la MINUSCA aux Forces armées centrafricaines, notant au passage que les premiers déploiements des Forces armées centrafricaines ont donné des résultats encourageants mais qu’il manque néanmoins de moyens indispensables, y compris l’équipement de base.
M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a dit condamner les attaques qui visent les personnes sur la base de leur religion, en particulier celles qui ciblent les musulmans et leurs lieux de culte. Pour cette raison, la délégation se félicite de l’inauguration de la Cour pénale spéciale, qui permettra de lutter et de mettre fin à la culture d’impunité qui prévaut dans le pays.
Le représentant a également déclaré qu’avec 616 000 déplacés à l’intérieur de leur propre pays et 572 000 réfugiés dans les pays voisins, la République centrafricaine est un des pays qui le plus besoin d’une aide et assistance humanitaire internationale, d’autant que parmi ces populations, se trouve un grand nombre d’enfants.
Pour cette raison notamment, la délégation appuie le renouvellement du mandat de la MINUSCA, mais aussi les recommandations du Secrétaire général visant à intégrer à son mandat, la participation au le processus de paix et l’administration des ressources naturelles.
Après avoir salué les progrès accomplis en République centrafricaine dans le cadre de l’Initiative de l’Union africaine pour la paix et la réconciliation, Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a invité toutes les parties à prendre part au dialogue et à respecter leurs engagements. Pour être couronné de succès, le processus politique doit selon elle inclure tous les groupes ethniques, sociaux et politiques dans le pays, et compter avec la présence des femmes, et être conduit à la fois au niveau central et au niveau local.
Il est également indispensable de rebâtir les structures politiques, administratives et judiciaires à travers le pays, et de réduire la culture d’impunité qui prévaut au sein de la société. « Les liens étroits entre le processus de paix et la justice ont une signification particulière », a déclaré la représentante. Elle a également salué le redéploiement de la mission militaire de formation de l’Union européenne en République centrafricaine dans plusieurs régions du pays où elles bénéficient du soutien opérationnel de la MINUSCA.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré qu’en dépit de certains progrès positifs sur le terrain, le Gouvernement centrafricain n’est pas encore en mesure d’exercer son autorité sur toute l’étendue du territoire. Certaines régions étant encore sous contrôle de nombreux groupes armés. En tant que membre de la communauté internationale et du Conseil de sécurité, la Fédération de Russie entend jouer son rôle avec d’autres partenaires, comme le Soudan pour parvenir à la normalisation de la situation.
Du point de vue de sa délégation, le document final de la réunion tenue à Khartoum, capitale du Soudan, entre les groupes armés et le Président soudanais Omar Al-Bashir, de même que la feuille de route de Libreville, en tant qu’initiatives africaines, sont les outils qui doivent permettre cette issue de crise. Ils correspondent bien à l’adage « des solutions africaines aux problèmes africains », a dit le représentant, ajoutant que le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent uniquement accompagner ledit processus, « sans interférence ».
Le représentant a également indiqué qu’en tant que partenaire de la République centrafricaine, la Fédération de Russie apporte et continuera d’apporter son aide au renforcement des capacités du pays, notamment dans le domaine humanitaire et en matière de sécurité et de restauration de l’autorité de l’État. Les experts militaires russes qui y sont déployés sont un des exemples de cette coopération, qui à ce jour, produit des résultats satisfaisants. Ces experts ont par exemple formé « plus de 1 000 soldats centrafricains dans un délai très court », s’est réjoui le représentant, affirmant aussi que cette coopération est « transparente et constructive », comme en témoignent par ailleurs les entités nommées pour le vérifier. La Fédération de Russie espère que sur ces faits, cette coopération « cessera de susciter la jalousie de certains membres de ce Conseil », a conclu le représentant.
S’il s’est félicité de la nomination prochaine d’un envoyé spécial à la tête de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation, M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a considéré que cette Initiative devait cependant être davantage inclusive dans son approche: « Dans sa composition actuelle, il n’y a par exemple pas de place pour la société civile », a-t-il regretté, en affirmant que les femmes devraient y être également associées, dans la mesure où elles jouent le rôle de médiatrices à l’échelon local.
En outre, compte tenu de la situation sécuritaire, la MINUSCA doit être capable de s’acquitter de son mandat de protection des civils, en coopération avec les forces de sécurité nationales, a estimé le représentant. C’est la raison pour laquelle la Suède a appuyé la recommandation du Secrétaire général, selon laquelle la MINUSCA devrait fournir un appui logistique limité aux forces nationales de défense et de sécurité, pour leur permettre d’étendre leur « empreinte » en dehors de Bangui.
Enfin, dans le cadre des efforts de consolidation de la paix, la justice transitionnelle jouera un rôle crucial, a indiqué M. Skau.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a jugé indispensable de faciliter l’appropriation nationale avec l’appui de la MINUSCA, en particulier pour ce qui a trait au processus de paix et réconciliation sur la base du Forum de Bangui. Le système des Nations Unies et autres partenaires devraient appuyer le Gouvernement pour qu’il soit en mesure d’élaborer une stratégie à long terme de renforcement de ses capacités institutionnelles y compris de l’administration publique, a-t-il souligné.
Il a salué le travail de l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine qui promeut le dialogue et se penche sur les causes sous-jacentes de l’instabilité et la violence armée dans le pays. À cet égard, il lancé un appel à tous les groupes armés pour qu’il se soumettent définitivement au processus de désarmement, démobilisation et réinsertion, d’une part, et pour qu’ils cessent les hostilités et concentrent leurs efforts sur des activités en faveur de la population civile et de la stabilisation du pays. Il a donc condamné tous les actes d’incitation à la violence, en particulier, à caractère ethnique ou religieux.
Il a encouragé la MINUSCA à coordonner avec le Gouvernement, et à établir des alliances stratégiques et opérationnelles durables avec tous les acteurs internationaux et régionaux impliqués, ainsi qu’avec les institutions financières internationales. Il a aussi exhorté ces institutions au renforcement de son appui au développement et à l’assistance humanitaire en République centrafricaine. Mettant l’accent sur l’appropriation nationale en prenant en compte tous les segments de la société, il a insisté sur l’appui international sur le plan national de récupération et de paix et aux autorités du pays pour accélérer sa mise en œuvre.
Mme AMBROISINE KPONGO (République centrafricaine) a déclaré que « la situation en République centrafricaine, telle que décrite dans le rapport, demeure une source sérieuse de préoccupations. L’environnement de violence créé par les groupes armés, agissant pour le contrôle et l’exploitation des ressources naturelles montre que le chemin est semé d’embûches ». Pour ces raisons, la délégation appuie fortement toutes les recommandations et observations du rapport, y compris celles qui proposent de renforcer le mandat de la MINUSCA, a-t-elle poursuivi, insistant sur le fait que si elles sont toutes mises en œuvre, elles pourraient permettre une sortie de la crise.
La déléguée a également déclaré que la MINUSCA ne pouvant à elle seule assumer la responsabilité de protéger les civiles, la coopération internationale est essentielle pour aider le Gouvernement centrafricain à assumer ses responsabilités, compte tenu de la faiblesse ou de l’inexistence de moyens. La délégation attend donc avec impatience le projet de rédaction que prépare la France pour renforcer le mandat de la MINUSCA et de son chef, a conclu la représentante.