En cours au Siège de l'ONU

8305e séance – matin
CS/13412

Le Conseil de sécurité enrichit sa résolution sur les enfants et les conflits armés d’éléments nouveaux dont la différence des besoins entre filles et garçons

« Assurez-nous sécurité et sûreté.  Mettez de la nourriture sur nos tables.  Garantissez-nous une éducation.  Soignez nos malades et nos blessés ».  C’est le message « clair » que le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet et Premier Ministre de la Suède a retenu des consultations que son pays a menées auprès des jeunes, en prévision du débat public qu’il a convoqué aujourd’hui sur les enfants et les conflits armés lequel a abouti à l’adoption unanime de la résolution 2427 (2018).

C’est la première fois, a relevé M. Stefan Löfven, qu’une résolution du Conseil de sécurité fait la différence entre les filles et les garçons et souligne que leurs besoins et leurs vulnérabilités sont différents.  C’est aussi la première fois qu’une résolution de l’ONU proclame le principe « central » selon lequel les enfants dans les conflits doivent être traités d’abord et avant tout comme des victimes. 

Dans la résolution, le Conseil se dit en effet « gravement préoccupé » par les atteintes aux droits de l’homme et autres violations du droit international humanitaire perpétrées par tous les groupes armés non étatiques, y compris les enlèvements collectifs et les actes de violence sexuelle et sexiste, visant en particulier les filles.  Il prie instamment les États Membres d’institutionnaliser la protection de l’enfance et de veiller à ce que les besoins respectifs des filles et des garçons soient dûment pris en compte à tous les stades des activités de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), notamment en intégrant la problématique femmes-hommes. 

Les États Membres doivent aussi d’intégrer la protection de l’enfance dans les réformes du secteur de la sécurité et veiller à ce que les besoins respectifs des filles et des garçons soient dûment pris en compte.  Ils doivent encore s’employer à offrir aux enfants touchés par des conflits armés des possibilités de réintégration et de réadaptation à long terme et durables, qui tiennent compte de la problématique femmes-hommes, notamment dans les domaines de l’accès aux soins de santé, du soutien psychosocial et des programmes éducatifs.

Autre nouveauté, le Conseil se dit gravement préoccupé par l’emploi d’enfants détenus à des fins de collecte d’information et souligne que les enfants qui ont été recrutés par des forces armées ou des groupes armés et sont accusés d’avoir commis des crimes en temps de conflit armé doivent être considérés en premier lieu comme des victimes de violations du droit international.  Il demande instamment aux États Membres de se conformer aux obligations que leur impose la Convention relative aux droits de l’enfant et préconise l’accès des acteurs civils de la protection de l’enfance aux enfants privés de liberté.

La résolution aux 39 paragraphes que plus de 90 États ont commentée aujourd’hui, souligne, a poursuivi le Premier Ministre suédois, la manière dont l’agenda « enfants et conflits armés » est une partie intégrante de la prévention des conflits et de la paix durable.  Elle lie l’agenda « enfants et conflits armés » aux objectifs de développement durable; souligne la responsabilité pour toutes les violations et abus contre les enfants, et pas seulement pour les crimes les plus graves; et traite de la nécessité de tenir compte du point de vue des enfants.  « Nous devons écouter les enfants, entendre leur vision et leurs propositions », a insisté le Premier Ministre dont le pays a organisé, avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et d’autres partenaires de la société civile, une série de consultations dans le monde entier sur les enfants comme réfugiés et comme « agents de paix », et sur la réintégration des anciens enfants soldats. 

Le message des enfants est clair: « Assurez-nous sécurité et sûreté.  Mettez de la nourriture sur la table.  Garantissez-nous une éducation.  Soignez nos malades et nos blessés », a retenu le Premier Ministre.  Quelque 21 000 violations commises contre les enfants ont été documentées par les Nations Unies, l’année dernière, soit une augmentation significative par rapport à 2016, a alerté la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé.  Si nous échouons à assumer notre responsabilité collective, nous ne mettrons pas seulement ces filles et ces garçons en danger, nous affaibliront aussi la faculté des sociétés de dépasser les conflits et de construire la paix, a prévenu Mme Virginia Gamba qui a annoncé que son bureau a entamé un processus consultatif avec les partenaires des Nations Unies pour compiler les bonnes pratiques et développer un guide pratique sur l’intégration de la protection de l’enfance dans les processus de paix, avec l’appui du Gouvernement suédois. 

La protection de l’enfance et le respect des droits de l’enfant sont des parties « fondamentales » de tout processus de paix, a insisté, à son tour, la Directrice exécutive de l’UNICEF, Mme Henrietta Fore.  S’attaquer aux conflits politiques exige de la volonté politique, celle d’augmenter les ressources pour pouvoir offrir aux enfants et aux jeunes gens l’appui dont ils ont besoin et mettre en place le capital humain dont chaque société a besoin pour façonner un avenir durable et résilient; celle de mettre fin aux violations contre les enfants; celle d’adhérer au droit humanitaire, non comme un rêve distant et utopique mais comme un chemin pratique et nécessaire vers un avenir meilleur; et celle d’assoir la primauté de la paix, en mettant en avant les enfants.

Ancienne enfant soldat dans les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Mlle Yenny Londoño de « Consultor de Jóvenes Desvinculados » n’a pas dit autre chose: tant que les droits de l’enfant ne seront pas respectés et que les conditions socioéconomiques de leur famille ne s’amélioreront pas, « nous serons constamment tentés de rejoindre les groupes armés tout simplement pour survivre ».  Preuve, selon plusieurs intervenants, que l’intégration de la protection de l’enfance dans les processus de paix peut contribuer à une paix durable, la Colombie s’est toutefois dite bien consciente des nombreux défis qui l’attendent, notamment dans les zones rurales, où les risques de recrutement des enfants persistent.  Elle a d’ailleurs coorganisé, cette année, une manifestation avec le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général qui a permis d’échanger avec des gouvernements d’autres régions confrontées à des situations similaires, dont la Sri Lanka et le Népal. 

LE SORT DES ENFANTS EN TEMPS DE CONFLIT ARMÉ

La protection des enfants d’aujourd’hui prévient les conflits de demain: S/2018/465 et S/2018/625

Texte du projet de résolution (S/2018/667)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant ses résolutions 1261 (1999) du 25 août 1999, 1314 (2000) du 11 août 2000, 1379 (2001) du 20 novembre 2001, 1460 (2003) du 30 janvier 2003, 1539 (2004) du 22 avril 2004, 1612 (2005) du 26 juillet 2005, 1882 (2009) du 4 août 2009, 1998 (2011) du 12 juillet 2011, 2068 (2012) du 19 septembre 2012, 2143 (2014) du 7 mars 2014 et 2225 (2015) du 18 juin 2015, et toutes les déclarations pertinentes de son président, qui s’inscrivent dans un cadre général de protection des enfants touchés par des conflits armés,

Réaffirmant qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et, à cet égard, qu’il est résolu à s’attaquer aux effets généralisés des conflits armés sur les enfants et à leurs conséquences à long terme sur la paix, la sécurité et le développement durables,

Convaincu que la protection des enfants en temps de conflit armé doit être un aspect important de toute stratégie globale de règlement des conflits et de pérennisation de la paix et soulignant qu’il importe d’adopter une vaste stratégie de prévention des conflits, qui s’attaque aux causes profondes des conflits armés dans leur globalité de façon à améliorer la protection des enfants à long terme,

Réaffirmant qu’il importe de promouvoir la capacité de l’Organisation des Nations Unies de tenir sa résolution fondatrice de préserver les générations futures du fléau de la guerre et de mettre l’accent sur la diplomatie préventive, la médiation et les bons offices, et le maintien, la consolidation et la pérennisation de la paix,

Soulignant, à cet égard, qu’il importe de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, et estimant qu’il faut s’attacher tout particulièrement à combattre la pauvreté, le dénuement et les inégalités pour prévenir les violations et les atteintes et en protéger les enfants et pour promouvoir la résilience de ceux-ci, de leur famille et de leur communauté, et qu’il importe de promouvoir l’éducation pour tous et des sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable,

Rappelant que toutes les parties à des conflits armés sont tenues de respecter strictement les obligations mises à leur charge par le droit international aux fins de la protection des enfants touchés par des conflits armés, notamment celles résultant de la Convention relative aux droits de l’enfant et de son protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, ainsi que des Conventions de Genève du 12 août 1949 et des Protocoles additionnels de 1977,

Soulignant que c’est aux gouvernements qu’il incombe au premier chef d’offrir protection et secours à tous les enfants touchés par des conflits armés et considérant qu’il importe de renforcer les capacités nationales à cet égard,

Soulignant le rôle vital que joue l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est d’aider les autorités nationales, en consultation avec ses partenaires internationaux et les principales parties prenantes concernées, notamment les organisations régionales ou sous-régionales, à arrêter des stratégies d’appui à la pérennisation de la paix, à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix, et de veiller à ce que celles-ci viennent renforcer la cohérence des interventions dans les domaines de la politique, de la sécurité, des droits de l’homme, du développement et de l’état de droit, dont la responsabilité continue d’incomber au premier chef aux États,

Prenant acte de la précieuse contribution des organismes et accords régionaux ou sous-régionaux à la protection des enfants en temps de conflit armé,

Conscient que les dirigeants locaux, les chefs religieux et les réseaux de la société civile jouent tous un rôle important pour ce qui est de renforcer à l’échelle locale la protection et la réintégration des enfants, en particulier des filles, touchés par des conflits armés et de lutter contre la stigmatisation, notamment celle des enfants nés d’un viol commis en période de conflit,

Insistant sur le fait qu’il faut dûment tenir compte de l’intérêt supérieur de l’enfant, ainsi que de la vulnérabilité et des besoins respectifs des filles et des garçons, lors de la planification et de la mise en œuvre des mesures en faveur des enfants dans les situations de conflit armé,

Soulignant qu’il importe d’accorder toute la considération voulue aux questions de protection de l’enfance dès les premières étapes des processus de paix, en particulier qu’il faut qu’une place soit faite à des dispositions de protection de l’enfance, et insistant sur l’importance que dans les accords de paix l’accent soit mis sur l’intérêt supérieur de l’enfant, la nécessité de traiter les enfants séparés des groupes armés comme des victimes et la réintégration dans la famille et la communauté,

Rappelant les obligations qui incombent à toutes les parties à un conflit armé en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, soulignant qu’aucun enfant ne doit être privé de liberté de façon illégale ou arbitraire et demandant à toutes les parties à un conflit de mettre fin aux détentions illégales ou arbitraires ainsi qu’aux actes de torture ou autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés aux enfants pendant leur détention,

Considérant qu’il importe d’offrir en temps voulu aux enfants touchés par des conflits armés une assistance appropriée à la réintégration et à la réadaptation, tout en veillant à ce que les besoins respectifs des filles et des garçons et ceux des enfants handicapés soient pris en compte, notamment en ce qui concerne l’accès à des soins de santé, un soutien psychosocial et des programmes éducatifs qui contribuent au bien-être des enfants et à la paix et à la sécurité durables,

Prenant note des initiatives internationales et régionales qui sont prises sur le sort des enfants en temps de conflit armé, notamment de la conférence internationale tenue à Paris en 2007 sur la protection des enfants contre une utilisation ou un recrutement illégal par des groupes ou des forces armés et de la conférence de suivi tenue à Paris en 2017, et des engagements pris à ces conférences,

Réaffirmant que pour arrêter et empêcher le recrutement et le réenrôlement d’enfants, pratiques contraires aux obligations des parties au conflit, il est essentiel de dispenser dans les zones de conflits un enseignement de qualité dans un environnement sûr,

Conscient, à cet égard, qu’il importe de faire échouer, notamment au moyen de l’éducation et de la sensibilisation, toutes les méthodes de recrutement utilisées par les groupes armés non étatiques qui visent des enfants,

Lançant de nouveau un appel à toutes les parties à des conflits armés pour qu’elles respectent les obligations que leur impose le droit international humanitaire et soulignant qu’il importe que le personnel humanitaire ait accès sans entrave et en toute sécurité aux civils pris dans des conflits armés, et rappelant le rôle qu’il joue dans la promotion de conditions favorables à l’accès des agents humanitaires à ceux qui sont dans le besoin,

1.   Condamne fermement toutes violations du droit international applicable concernant le recrutement et l’emploi d’enfants par des parties à un conflit armé ainsi que leur ré-enrôlement, le meurtre et les mutilations d’enfants, les viols et autres formes de violence sexuelle qu’ils subissent, les enlèvements, les attaques contre des écoles ou des hôpitaux et le refus d’un accès humanitaire par les parties à un conflit armé ainsi que toutes autres violations du droit international, y compris le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés, commises sur la personne d’enfants en temps de conflit armé, et exige de toutes les parties concernées qu’elles mettent fin immédiatement à de telles pratiques et prennent des mesures spéciales pour protéger les enfants;

2.   Réaffirme que le mécanisme de surveillance et de communication de l’information continuera de s’appliquer dans les situations énumérées dans l’annexe I et l’annexe II (« les annexes ») aux rapports du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé, conformément aux principes énoncés au paragraphe 2 de la résolution 1612 (2005), et que son établissement et son application ne préjugeront ni n’impliqueront de décision tendant à saisir le Conseil de sécurité de telle ou telle situation;

3.   Demande aux États et à l’Organisation des Nations Unies d’intégrer la protection de l’enfance dans toutes les activités de prévention des conflits et activités menées en situation de conflit ou d’après conflit, le but étant de pérenniser la paix et de prévenir les conflits;

4.   Réaffirme le rôle important que peut jouer la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé dans la prévention des conflits;

5.   Souligne le rôle important que la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé joue en exécutant son mandat de protection des enfants touchés par des conflits armés, dans le respect des résolutions qu’il a adoptées sur la question, et souligne en particulier qu’il importe que, dans l’exercice de son mandat, elle contribue à améliorer la collaboration entre les partenaires des Nations Unies sur le terrain et entre l’Organisation des Nations Unies et les gouvernements concernés et qu’elle aide les équipes spéciales de pays à approfondir le dialogue avec les institutions spécialisées des Nations Unies, les gouvernements concernés et les parties aux conflits armés, notamment en obtenant des engagements concrets et en encourageant l’adoption de dispositifs d’intervention appropriés, et, à cet égard, prie la Représentante spéciale de poursuivre activement le dialogue engagé avec les institutions spécialisées des Nations Unies et les États Membres ainsi qu’avec les organisations régionales ou sous-régionales et les groupes armés non étatiques et lui demande de répertorier, avec le concours des acteurs de la protection de l’enfance compétents, toutes les meilleures pratiques dans ce domaine afin qu’elles soient mises en œuvre selon qu’il conviendra;

6.   Souligne qu’il importe d’examiner régulièrement et en temps voulu les violations et les atteintes commises contre des enfants en temps de conflit armé, se félicite à cet égard de la poursuite de l’activité de son Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé et invite le Groupe de travail à mettre pleinement à profit les outils dont il dispose dans le cadre de son mandat pour promouvoir la protection des enfants touchés par des conflits armés, notamment en intensifiant les échanges avec les États Membres concernés, à la lumière des débats en cours sur le renforcement du respect des dispositions;

7.   Considère que les graves atteintes aux droits de l’homme ou violations du droit international humanitaire, notamment celles qui sont commises contre des enfants, peuvent être un signe annonciateur de conflit ou d’escalade mais aussi en être la conséquence;

8.   Se déclare résolu à examiner et à utiliser les outils du système des Nations Unies pour faire en sorte que les systèmes d’alerte rapide concernant d’éventuels conflits débouchent sur l’adoption rapide par l’organisme compétent des Nations Unies ou l’acteur régional le plus indiqué, ou en coordination avec lui, de mesures préventives concrètes, visant notamment à protéger les enfants et à établir une paix durable, conformément à la Charte des Nations Unies;

9.   Rappelle que c’est aux États qu’incombe au premier chef la prévention des conflits et que les mesures prises par l’Organisation des Nations Unies dans ce domaine devraient venir appuyer et compléter, selon qu’il convient, le rôle joué par les gouvernements nationaux en la matière;

10. Note avec inquiétude le caractère régional et transfrontalier des violations et atteintes que subissent les enfants dans les conflits armés et prie les États Membres, les missions de maintien de la paix ou de consolidation de la paix, les missions politiques et les équipes de pays des Nations Unies de mettre au point, dans le cadre de leur mandat et en coopération étroite avec les gouvernements concernés, des stratégies appropriées et des mécanismes de coordination pour les échanges d’informations et la coopération concernant les questions de protection de l’enfance, en particulier les problèmes transfrontières, en ayant à l’esprit les conclusions du Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé et l’alinéa d) du paragraphe 2 de sa résolution 1612 (2005), et demande aux organismes régionaux et sous-régionaux de le faire également;

11. Engage les organismes et accords régionaux ou sous-régionaux à continuer d’intégrer la question de la protection de l’enfance dans leurs activités de sensibilisation, leurs politiques, leurs programmes et la planification de leurs missions, à former leur personnel et à doter leurs opérations de maintien de la paix et leurs opérations sur le terrain de spécialistes de la protection de l’enfance, à mettre en place dans leurs secrétariats des mécanismes de protection de l’enfance, notamment en désignant des coordonnateurs, et à prendre des initiatives régionales et sous‑régionales visant à prévenir les violations et les atteintes dont sont victimes les enfants touchés par des conflits armés et à étendre celles qui existent;

12. Se déclare profondément préoccupé par le grand nombre d’enfants tués ou mutilés, victimes directes ou indirectes des hostilités entre les parties au conflit armé et d’attaques sans discrimination lancées contre la population civile, notamment de frappes aériennes, de l’emploi excessif de la force, de mines terrestres, de restes explosifs de guerre et d’engins explosifs improvisés et du recours à ces enfants comme boucliers humains et engage vivement toutes les parties à respecter les obligations que leur impose le droit international humanitaire, en particulier les principes de discrimination et de proportionnalité et l’obligation de prendre toutes les précautions possibles pour éviter ou, en tout état de cause, réduire au minimum les dommages infligés aux civils ou aux biens de caractère civil;

13. Exhorte les parties à un conflit armé à permettre et à faciliter l’accès rapide, sans entrave et en toute sécurité des agents humanitaires aux enfants et à respecter le caractère exclusivement humanitaire et impartial de l’aide humanitaire et les activités de tous les organismes humanitaires des Nations Unies et de leurs partenaires humanitaires, sans distinction, et condamne fermement les refus illicites d’accès humanitaire et le fait de priver les civils, en particulier les enfants, des biens indispensables à leur survie, notamment en entravant intentionnellement l’acheminement des secours;

14. Rappelle qu’il importe de veiller à ce que les enfants continuent d’avoir accès à des services de base en période de conflit et au lendemain d’un conflit, notamment à l’éducation et aux soins de santé, et exhorte les États Membres, les institutions spécialisées des Nations Unies et la société civile à prendre tout particulièrement en compte l’égalité d’accès des filles à l’éducation;

15. Condamne fermement les attaques et menaces d’attaque commises ou proférées, en violation du droit international, contre des écoles ou des hôpitaux et les personnes protégées qui leur sont liées, ainsi que la fermeture d’écoles et d’hôpitaux en temps de conflit armé du fait d’attaques et de menaces d’attaque, et demande instamment à toutes les parties à des conflits armés de s’abstenir de toute action qui entraverait l’accès des enfants à l’éducation et aux services de santé;

16. Se déclare profondément préoccupé par l’utilisation d’écoles à des fins militaires, en violation du droit international applicable, et considère qu’une telle utilisation peut en faire des objectifs légitimes d’attaque, mettant ainsi en danger la sécurité des enfants et des enseignants et empêchant les enfants d’avoir accès à l’éducation et, à cet égard:

a)   Exhorte toutes les parties à tout conflit armé à respecter le caractère civil des écoles, conformément au droit international humanitaire;

b)   Encourage les États Membres à prendre des mesures concrètes pour dissuader les forces armées et les groupes armés non étatiques d’utiliser les écoles en violation du droit international applicable;

c)   Exhorte les États Membres à veiller à ce que toutes attaques menées contre des écoles, en violation du droit international humanitaire, fassent l’objet d’enquêtes et que les responsables soient poursuivis comme il convient;

d)   Demande aux équipes spéciales de pays des Nations Unies de suivre de plus près l’utilisation d’écoles à des fins militaires et d’améliorer la communication d’informations à ce sujet;

17. Souligne qu’il convient de déjouer, notamment au moyen de l’éducation et de la sensibilisation, toutes les méthodes de recrutement utilisées par les groupes armés non étatiques qui visent des enfants et engage les États Membres à échanger des informations sur les bonnes pratiques pour ce faire;

18. Reste gravement préoccupé par les atteintes aux droits de l’homme et autres violations du droit international humanitaire perpétrées par tous groupes armés non étatiques, notamment ceux qui commettent des actes de terrorisme, y compris les atteintes et violations que sont les enlèvements collectifs et les actes de violence sexuelle et sexiste, visant en particulier les filles, ce qui peut entraîner des déplacements de population et avoir une incidence sur l’accès à l’éducation et aux services de santé, et souligne qu’il importe que les auteurs de ces atteintes et violations répondent de leurs actes;

19. Souligne la nécessité de prêter une attention particulière au traitement des enfants qui sont ou seraient associés à tous groupes armés non étatiques, notamment ceux qui commettent des actes de terrorisme, en particulier de mettre en place des instructions permanentes sur le transfert rapide de ces enfants à des acteurs civils de la protection de l’enfance;

20. Se dit gravement préoccupé par l’emploi d’enfants détenus à des fins de collecte d’information et souligne que les enfants qui ont été recrutés, en violation du droit international applicable, par des forces armées ou des groupes armés et sont accusés d’avoir commis des crimes en temps de conflit armé doivent être considérés en premier lieu comme des victimes de violations du droit international, et demande instamment aux États Membres de se conformer aux obligations que leur impose la Convention relative aux droits de l’enfant et préconise l’accès des acteurs civils de la protection de l’enfance aux enfants privés de liberté au motif de leur association à des forces armées ou à des groupes armés;

21. Prie instamment les États Membres d’envisager, comme mesures de substitution aux poursuites et à la détention, des mesures non judiciaires qui mettent l’accent sur la réadaptation et la réintégration des enfants précédemment associés à des forces armées ou à des groupes armés, en ayant à l’esprit que la privation de liberté ne devrait être imposée à un enfant qu’en dernier ressort et pour une durée aussi brève que possible, et d’éviter dans la mesure du possible la détention provisoire des enfants, et demande aux États Membres de suivre une procédure régulière pour tous les enfants détenus au motif de leur association avec des forces armées ou des groupes armés;

22. Accueille avec intérêt l’initiative prise de répertorier des conseils pratiques sur l’intégration de la protection de l’enfance dans les processus de paix et souligne qu’il importe d’aborder les questions liées à la protection de l’enfance avec les forces armées et les groupes armés dans le cadre des processus de paix et dans le processus de consolidation de la paix, et demande aux États Membres, aux entités des Nations Unies, à la Commission de consolidation de la paix et aux autres parties concernées d’intégrer les dispositions relatives à la protection de l’enfance, notamment celles qui concernent la libération et la réintégration d’enfants qui ont été associés à des forces armées ou à des groupes armés, ainsi que les dispositions relatives aux droits et au bien-être des enfants, dans tous les pourparlers de paix, les accords de cessez-le-feu ou de paix et dans les mesures de surveillance du cessez-le-feu, et de tenir compte, dans ces processus, des vues des enfants, chaque fois que c’est possible;

23. Demande aux États Membres, aux entités des Nations Unies, notamment à la Commission de consolidation de la paix, et aux autres parties concernées, de veiller à ce que les vues des enfants soient prises en compte dans la programmation des activités à tous les stades du cycle des conflits et de faire en sorte qu’une place soit faite à la protection, aux droits, au bien-être et à l’autonomisation des enfants touchés par des conflits armés et que la priorité leur soit accordée dans la planification, les programmes et les stratégies, ainsi que dans les efforts faits pour consolider et pérenniser la paix et pour encourager et faciliter la prise en compte de leurs vues dans ces processus;

24. Prie instamment les États Membres d’institutionnaliser la protection de l’enfance et de veiller à ce que les besoins respectifs des filles et des garçons soient dûment pris en compte à tous les stades des activités de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), notamment en intégrant la problématique femmes-hommes et les questions liées à l’âge dans ces activités;

25. Demande instamment aux États Membres concernés d’intégrer la protection de l’enfance dans les réformes du secteur de la sécurité et de veiller à ce que les besoins respectifs des filles et des garçons soient dûment pris en compte, notamment dans la formation militaire et les instructions permanentes, y compris en ce qui concerne le transfert d’enfants à des acteurs civils de la protection de l’enfance, la mise en place de services de protection de l’enfance au sein des forces nationales de sécurité et le renforcement de mécanismes efficaces de détermination de l’âge afin de prévenir l’enrôlement de mineurs, et souligne à cet égard qu’il importe d’assurer l’enregistrement universel des naissances, y compris lorsqu’il est tardif, ce qui devrait demeurer une exception;

26. Engage les États Membres à s’employer à offrir aux enfants touchés par des conflits armés des possibilités de réintégration et de réadaptation à long terme et durables, qui tiennent compte de la problématique femmes-hommes et des questions liées à l’âge, notamment dans les domaines de l’accès aux soins de santé, du soutien psychosocial et des programmes éducatifs, et à sensibiliser les populations, en travaillant avec elles, en vue de prévenir la stigmatisation de ces enfants et de faciliter leur retour, tout en tenant compte des besoins respectifs des filles et des garçons, afin de contribuer au bien-être des enfants et à la paix et à la sécurité durables;

27. Souligne qu’il importe de trouver des sources de financement durables et à long terme pour les programmes de promotion de la santé mentale et de soutien psychosocial dans les contextes humanitaires, de veiller à ce que tous les enfants touchés par des conflits armés bénéficient d’un appui adéquat au moment voulu, et d’encourager les donateurs à intégrer des services de santé mentale et de soutien psychosocial dans toutes les interventions humanitaires;

28. Prie instamment les dirigeants locaux comme les chefs religieux de condamner publiquement les violations et atteintes que subissent des enfants et de se mobiliser pour les faire cesser et les prévenir, et de nouer le dialogue avec les gouvernements, l’Organisation des Nations Unies et les autres acteurs concernés afin d’appuyer la réintégration des enfants touchés par des conflits armés dans leur communauté, notamment en faisant campagne contre la stigmatisation de ces enfants;

29. Salue les efforts faits par plusieurs États Membres pour prendre des engagements internationaux visant à protéger les enfants touchés par des conflits armés, notamment la ratification du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, et engage les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier cet instrument;

30. Souligne l’importance de réprimer toutes les violations et atteintes commises contre des enfants en temps de conflit armé et demande à tous les États de continuer à lutter contre l’impunité en s’efforçant de renforcer leurs mécanismes nationaux, notamment leurs capacités d’enquêter et d’exercer des poursuites, en veillant à ce que tous les responsable de violations et d’atteintes de ce type soient traduits en justice pour y répondre de leurs actes sans retard indu, ce qui implique notamment que des enquêtes soient menées et des poursuites engagées de façon systématique et sans délai, leurs conclusions devant être rendues publiques, et de veiller à ce que toutes les victimes aient accès à la justice ainsi qu’aux services médicaux et aux services d’accompagnement dont elles ont besoin;

31. Insiste sur le fait qu’il incombe à tous les États de mettre fin à l’impunité, d’enquêter sur les cas de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et d’autres crimes odieux perpétrés contre des enfants et d’en poursuivre les auteurs, et souligne à cet égard le concours qu’apporte la Cour pénale internationale pour les questions relevant de sa compétence et conformément au principe de complémentarité avec les juridictions pénales internes énoncé dans le Statut de Rome;

32. Se déclare de nouveau disposé à adopter des mesures ciblées et graduelles contre quiconque persisterait à commettre des violations et des atteintes contre des enfants, en tenant compte des dispositions de ses résolutions 1539 (2004), 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011) et 2068 (2012), et à envisager d’ajouter à tout régime de sanctions qu’il viendrait à établir, modifier ou renouveler des dispositions relatives aux droits et à la protection des enfants en temps de conflit armé s’appliquant aux parties à un conflit armé qui contreviennent au droit international;

33. Salue le rôle que jouent les opérations de maintien de la paix et les missions politiques des Nations Unies dans le domaine de la protection des enfants, en particulier le rôle crucial que jouent les conseillers pour la protection de l’enfance en faisant en sorte que la protection des enfants soit systématiquement prise en compte et en conduisant l’action de surveillance, de prévention et de communication de l’information dans les missions, et, à cet égard, réaffirme sa décision de continuer à inclure des dispositions précises concernant la protection des enfants dans les mandats de toutes les opérations de maintien de la paix et missions politiques des Nations Unies, encourage le déploiement de conseillers pour la protection de l’enfance auprès de ces missions, et demande au Secrétaire général de veiller à ce que le besoin de ces conseillers ainsi que leur nombre et leur rôle soient systématiquement évalués lors de la préparation et du renouvellement de chaque opération de maintien de la paix et de chaque mission politique des Nations Unies, et à ce que ces conseillers soient recrutés rapidement, déployés dans les meilleurs délais et dotés de ressources suffisantes là où ils sont nommés, en toute transparence, et encourage le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies, notamment le Département des opérations de maintien de la paix et le Département des affaires politiques, à rendre compte de la question de la protection de l’enfance lors des exposés qu’il fait au Conseil sur la situation dans tel ou tel pays;

34. Souligne qu’il importe d’intégrer la question de la protection des enfants dans les efforts que le Secrétaire général fait pour mobiliser tous les partenaires et toutes les parties prenantes afin d’améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies;

35. Invite les opérations de maintien de la paix des Nations Unies à continuer d’appliquer la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et de faire intégralement respecter le Code de conduite de l’ONU par leur personnel, prie de nouveau le Secrétaire général de continuer à ne ménager aucun effort en ce sens et de le tenir informé, et engage vivement les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police à continuer de prendre des mesures préventives, notamment à imposer que soit suivie avant le déploiement une formation à la protection de l’enfance, y compris concernant l’exploitation et les atteintes sexuelles, et à veiller à ce que les membres de leur personnel impliqués dans des affaires de ce genre soient amenés à répondre pleinement de leurs actes;

36. Exhorte toutes les entités des Nations Unies, y compris les missions de maintien de la paix, les missions politiques, les bureaux pour la consolidation de la paix et les bureaux, institutions spécialisées, fonds et programmes des Nations Unies, à accorder toute l’attention voulue aux violations commises contre des enfants lorsqu’elles appliquent la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes;

37. Exhorte toutes les parties concernées, y compris les États Membres, les entités des Nations Unies et les institutions financières, à appuyer, selon qu’il conviendra et en ayant à l’esprit le principe de l’appropriation nationale, le développement et le renforcement des capacités des institutions nationales et des réseaux locaux de la société civile en matière de défense des droits, de protection, de réintégration et de réadaptation des enfants touchés par des conflits armés, en particulier de ceux qui ont été libérés des rangs de forces armées ou de groupes armés non étatiques, ainsi que des mécanismes nationaux d’établissement des responsabilités, en leur fournissant rapidement et durablement des ressources et des fonds suffisants;

38. Prie de nouveau le Secrétaire général de lui présenter chaque année un rapport complet sur l’application de ses résolutions et des déclarations de son président concernant le sort des enfants en temps de conflit armé et de traiter expressément cette question dans tous ses rapports consacrés à la situation dans tel ou tel pays, et entend prêter toute l’attention voulue aux informations qui y figurent, notamment en ce qui concerne l’application de ses résolutions sur la question et des recommandations du Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé, lorsqu’il examine les situations dont il est saisi;

39. Constate qu’il existe un lien entre enlèvement, recrutement, violence sexuelle et traite des êtres humains et que les enfants touchés par des conflits armés peuvent être particulièrement exposés à la traite en temps de conflit armé et à ces formes d’exploitation, et engage les secteurs du système des Nations Unies concernés et les organisations internationales ou régionales à s’employer, dans le cadre de leur mandat, à régler ce problème;

40. Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations

Saluant le « travail remarquable » des acteurs de la protection de l’enfance sur le terrain, Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, s’est cependant dite profondément choquée devant le nombre « effarant » des violations perpétrées contre les enfants l’année dernière, dont 21 000 documentées par les Nations Unies, une augmentation significative comparée à l’année précédente.  La majorité de ces actes ignobles ont été commis par des groupes armés, bien que des forces gouvernementales et des groupes armés inconnus aient aussi joué un rôle important. 

En Somalie, a-t-elle dénoncé, el-Chabab a enlevé 1 600 enfants, menaçant des communautés entières et ciblant les écoles.  L’irruption de la violence a aussi tué et blessé des enfants en République démocratique du Congo, en Iraq et au Myanmar, tandis qu’au Nigéria et dans les pays voisins, Boko Haram utilisait des enfants pour des attentats-suicides contre des militaires et des civils.  Les écoles et les hôpitaux continuent aussi à être directement ciblés, ce qui empêche des milliers d’enfant d’avoir accès à l’éducation et aux soins de santé.  Mme Gamba s’est aussi inquiétée de la détention d’enfants associés à des groupes armés.  « Même si ceux qui sont responsables de graves violations doivent rendre des comptes, n’oublions pas que ces enfants doivent d’abord être traités comme des victimes ».  Leur détention doit être une mesure de dernier ressort et pour la période la plus courte possible.  La réhabilitation et la réintégration, et non la punition, doivent être au centre de nos efforts lorsqu’il s’agit de ces filles et de ces garçons, a insisté la Représentante spéciale. 

Mme Gamba a néanmoins tenu à attirer l’attention sur des lueurs d’espoir, dont l’adoption de plans d’action en République centrafricaine, au Mali, au Nigéria; la pleine mise en œuvre d’un tel plan au Soudan et les avancées réalisées par la Colombie dans la protection de l’enfance grâce au processus de paix.  Nous pouvons y arriver si la volonté politique et le soutien international sont là, a constaté la Représentante spéciale, qui a donné d’autres exemples dont le plan d’action développé par le Gouvernement iraquien contre le recrutement et l’utilisation des enfants par les forces de mobilisation populaire ou la mise en place, par la coalition pour restaurer la légitimité au Yémen, d’une unité de protection de l’enfance.  Mme Gamba s’est aussi félicitée de la ratification, par la République centrafricaine, du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication des enfants dans les conflits armés « qui nous approche encore un peu plus d’une ratification universelle », ainsi que des initiatives spécifiques comme la Conférence ministérielle organisée par la France à l’occasion du dixième anniversaire des Engagements de Paris en vue de protéger les enfants contre une utilisation ou un recrutement illégaux par des groupes ou des forces armés et des Principes directeurs relatifs aux enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés. 

Si nous échouons à assumer notre responsabilité collective, nous ne mettrons pas seulement ces filles et ces garçons en danger, nous affaibliront aussi la faculté des sociétés de dépasser les conflits et de construire la paix, a insisté la Représentante spéciale, pour qui la prévention des violations contre les enfants doit faire partie intégrante de toute stratégie pour établir la paix et la maintenir.

Mme Gamba s’est dit heureuse d’annoncer que son Bureau a entamé un processus consultatif avec les partenaires des Nations Unies pour compiler les bonnes pratiques et développer un guide pratique sur l’intégration de la protection de l’enfance dans les processus de paix, avec l’appui du Gouvernement suédois.  Le but est de renforcer notre capacité à intégrer les questions liées à l’enfance dans ces processus pour offrir dès le début des garanties pour la protection et la réintégration des enfants, qui pourraient aussi servir à établir la confiance entre les parties négociatrices, a-t-elle expliqué. 

Elle a estimé que la résolution adoptée aujourd’hui par le Conseil de sécurité donne aux acteurs de la protection de l’enfance une marge de manœuvre politique pour parler avec les parties au conflit dès le début.  La résolution est « un jalon » dans notre voyage commun pour reléguer dans le passé les violations contre les enfants.  La Représentante spéciale a conclu en insistant sur le niveau des ressources.  Plus de 10 000 enfants ont été relâchés par les forces ou des groupes armés l’année dernière et plus de 12 000 enfants affectés par les conflits ont bénéficié du soutien de l’UNICEF et des différents partenaires, ce qui leur donne une chance de surmonter leur traumatisme et de devenir des forces de paix dans leur communauté.  Malheureusement, de trop nombreux enfants ne sont pas pris en charge.  La Représentante spéciale a demandé des financements prévisibles et à long terme pour pouvoir répondre aux besoins immédiats en matière de réintégration et poursuivre les efforts.  Elle a aussi demandé que les opérations de maintien de la paix soient dotées des capacités nécessaires en matière de protection de l’enfance, saluant à cet égard les efforts de l’Union africaine et de l’OTAN. 

Nous ne pouvons pas mettre en péril nos plus précieuses ressources par notre inaction, a-t-elle conclu.  Nous devons renforcer nos efforts pour développer des outils de prévention, utiliser la réintégration stratégiquement pour briser le cycle de violence et s’attaquer à la nature transfrontalière des violations grâce à une coopération renforcée.  « Nous ne pouvons quitter cette salle dans le désespoir.  La résolution adoptée aujourd’hui est un pas de plus pour renforcer le cadre de protection de l’enfance fourni par ce Conseil qui nous a donné les outils pour travailler d’une manière encore impensable, il y a encore quelques années ». 

« Un enfant sur quatre vit dans un pays touché par un confit ou une catastrophe », a rappelé Mme HENRIETTA H. FORE, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), plantant ainsi le décor du débat.  En tant que communauté internationale, nous devons nous demander ce qu’il va advenir de ces enfants.  À court terme, ils sont en danger immédiat et à long terme, si nous ne prévenons pas les violations aujourd’hui, nous échouerons à prévenir les violations de demain.  Les enfants d’aujourd’hui, a-t-elle prévenu, voient la violence et les conflits comme quelque chose de « normal, acceptable, inévitable ».

Comment faire en sorte que ces enfants puissent façonner un avenir pacifique alors qu’ils ne savent pas à quoi ressemble la paix?  Au moment, a répondu la Directrice exécutive, où nous appelons à la fin des conflits, nous devons aussi appeler à la tolérance zéro face à toutes les violations contre les enfants car ces violations alimentent les frustrations qui elles-mêmes enflamment et perpétuent les conflits de génération en génération.  Mme Fore a exhorté les États à adhérer à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, insistant sur son appel à cesser de prendre les enfants pour cibles et à jeter en prison ceux qui ont été associés aux groupes et forces armés.  Elle a d’ailleurs salué la résolution « forte » proposée par la présidence suédoise.

Les progrès sont possibles, a affirmé la Directrice exécutive, en rappelant que l’armée nigériane a libéré 183 enfants détenus par Boko Haram.  Dans notre travail pour la libération des enfants, nous devons aussi, a-t-elle dit, appuyer leur réintégration sociale et savoir que la stigmatisation est le plus grand obstacle.  Il faut investir dans les solutions locales à la peur et aux préoccupations d’une société, et assurer aux enfants le retour à une éducation, à une formation, à un travail et à un soutien psychosocial de qualité.

La protection de l’enfance et le respect des droits de l’enfant sont des parties « fondamentales » de tout processus de paix, a insisté Mme Fore qui a salué le fait que le Conseil de sécurité demande de répertorier des conseils pratiques et les mesures exemplaires sur l’intégration des droits de l’enfant dans les négociations de paix.  S’attaquer aux conflits politiques exige, a conclu la Directrice exécutive, de la volonté politique.  Il faut de la volonté politique en vue d’augmenter les ressources pour pouvoir offrir aux enfants et aux jeunes gens l’appui dont ils ont besoin et mettre en place le capital humain dont chaque société a besoin pour façonner un avenir durable et résilient.  Il faut de la volonté politique, a ajouté la Directrice exécutive, pour mettre fin aux violations contre les enfants.  Les parties au conflit doivent montrer la volonté politique d’adhérer au droit humanitaire, non comme un rêve distant et utopique mais comme un chemin pratique et nécessaire vers un avenir meilleur.  Il faut surtout de la volonté politique pour mettre fin aux conflits et signer la primauté de la paix, en mettant en avant les enfants.

Mme YENNY LONDOÑO, « Consultor de Jóvenes Desvinculados », a expliqué que son groupe est formé d’anciens enfants soldats colombiens qui se sont mués en « consultants ».  C’est à l’âge de 13 ans, a-t-elle raconté, qu’elle a rejoint les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).  Depuis lors, elle fait des études de droit et a même pris part aux pourparlers de paix à la Havane entre les FARC et le Gouvernement colombien.  La représentante de la société civile a insisté sur le fait que c’est aux gouvernements qu’il incombe au premier chef d’offrir protection et secours à tous les enfants touchés par des conflits armés.  Ils doivent trouver des solutions aux causes structurelles de l’enrôlement des enfants dans les groupes armés.  Tant que les droits de l’enfant ne seront pas respectés et que les conditions socioéconomiques de leur famille ne s’amélioreront pas, « nous serons constamment tentés de rejoindre les groupes armés tout simplement pour survivre », a prévenu l’oratrice.

Elle a déploré l’abandon des enfants démobilisés qui souffrent physiquement et psychologiquement, sans parler du rejet de la société qui les considère comme des criminels destinés aux centres de détention et non comme victimes.  En Colombie, a-t-elle fait observer, il existe bien une loi sur la protection des victimes, y compris les enfants, mais malgré cela, certains « consultants » de son groupe attendent toujours de l’État les moyens de leur réinsertion et parfois 10 ans après leur démobilisation.  L’oratrice a prôné l’échange de bonnes pratiques entre États et a plaidé pour que les anciens enfants soldats soient impliqués dans les processus de paix et que leur réintégration sociale tienne compte de la dimension genre, puisque « les problèmes des filles sont différents de ceux des garçons ».  Elle a exhorté les États à souscrire à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. 

Après avoir rappelé que 250 millions d’enfants sont touchés par les conflits armés aujourd’hui à travers le monde, M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a estimé que les efforts concertés de la communauté internationale n’étaient pas sans effet sur cette situation, puisque 130 000 enfants avaient été libérés des mains des groupes armés.  En outre, au cours des deux dernières années, plus de 12 000 enfants ont reçu une aide de l’ONU pour leur réinsertion sociale.  La résolution 2427 (2018) souligne la manière dont l’agenda « enfants et conflits armés » est une partie intégrante de la prévention des conflits et de la paix durable, a estimé le Chef de Gouvernement.  De plus, a-t-il poursuivi, ce texte définit un cadre pour la réinsertion des enfants associés aux forces armées ou groupes armés et reconnaît le caractère essentiel, en période de conflit, de l’accès de tous les garçons et filles à l’éducation et à la santé, y compris à la santé mentale.  C’est la première fois, a relevé le Premier Ministre, qu’une résolution fait la différence entre les filles et les garçons et souligne que leurs besoins et leurs vulnérabilités sont différents.  La résolution lie aussi l’agenda « enfants et conflits armés » aux objectifs de développement durable.  Pour réaliser ces objectifs, aucun enfant ne peut être laissé de côté. 

C’est aussi la première fois qu’une résolution de l’ONU proclame le principe « central » selon lequel les enfants dans les conflits doivent être traités d’abord et avant tout comme des victimes.  La résolution souligne la responsabilité pour toutes les violations et abus contre les enfants, pas seulement pour les crimes les plus graves.  Elle consacre donc une nouvelle norme pour la prévention des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Il ne peut y avoir aucune exception à l’humanité et donc au droit international humanitaire.  Enfin la résolution traite de la nécessité de tenir compte du point de vue des enfants.  « Nous devons écouter les enfants, entendre leur vision et leurs propositions. »  La Suède a donc organisé avec l’UNICEF et d’autres partenaires de la société civile une série de consultations dans le monde entier sur les enfants comme réfugiés et comme « agents de paix », et sur la réintégration des anciens enfants soldats.  Le message des enfants est clair: « donnez-nous de la sécurité et de la sûreté.  Mettez de la nourriture sur la table.  Garantissez-nous une éducation.  Soignez nos malades et nos blessés ». 

Mme EVELYNA C. WEVER-CROES, Premier Ministre d’Aruba (Pays-Bas), a mis l’accent sur l’érosion du droit international humanitaire et l’impératif de la responsabilité; l’importance vitale de la protection de l’enfance, de la prévention des conflits et de la paix durable; et la nécessité qu’il y a à disposer d’instruments solides pour un mandat « enfants et conflits armés » efficace, crédible et transparent des enfants.  Le Premier Ministre a donc fustigé les pressions de plus en plus fortes exercées sur la Cour pénale internationale (CPI), ce qui rend d’autant important de résister à tous les efforts pour affaiblir la Cour.  Il est essentiel, a poursuivi le Premier Ministre, que ce Conseil écoute des gens comme Mlle Londono car les progrès enregistrés en Colombie prouvent bien la manière dont l’intégration de la protection de l’enfance dans les processus de paix peut contribuer à une paix durable.  Le Premier Ministre a conclu en soulignant que c’est la mise à disposition en temps voulu des informations pertinentes, dont les rapports du Groupe de travail du Conseil et du Secrétaire général, qui permettra au Conseil d’agir rapidement.  La fiabilité des informations n’est possible, a-t-elle prévenu, que s’il y a assez d’acteurs sur le terrain et que si ces acteurs ont effectivement la liberté de relever les violations et les abus.  Le Premier Ministre a aussi insisté sur l’objectivité des informations, dont celle des critères fixés pour l’inscription sur les listes.  Il s’agit, a-t-elle dit, d’encourager un dialogue substantiel et de préserver la crédibilité et l’impartialité du mandat « enfants et conflits armés ». 

Mme NICKEY R. HALEY, (États-Unis) a évoqué son expérience de mère lorsqu’elle s’est rendue en RDC et a parlé avec des mères et des enfants dans les camps.  Ces mères, souvent violées et abandonnées, qui demandent à leurs enfants de « souffrir ensemble et qui disent à leurs filles de ne jamais quitter le camp pour ne pas se faire violer et aux garçons, pour ne pas se faire recruter par des groupes armés.  Pourtant, le seul souhait des mères comme Angélique est de voir ses enfants aller à l’école et sortir de ce cycle de violence.  Il est indispensable que nous écoutions ces mères car si nous échouons ces enfants vont grandir sans éducation et sans compétences et, dans la frustration, vont devenir les recrues des groupes armés.  Il faut assurer l’accès à l’éducation dans les camps de déplacés et de réfugiés.  Les États-Unis œuvrent déjà en ce sens, notamment au Mali et en Jordanie, et souvent en collaboration avec d’autres pays.  Le nouveau Fonds « l’éducation ne peut pas attendre », qui est le premier fonds dédié à cela.  Dans ce contexte, elle a attiré l’attention sur les enfants qui ont réussi à échapper ou qui ont été relâchés par les groupes armés et qui vivent avec des stigmas profonds et des dégâts mentaux et physiques, y compris pour les enfants nés d’un viol.

Face à la nette augmentation du nombre de violations des droits des enfants en 2017, année durant laquelle plus de 21 000 cas vérifiés ont été rapportés, M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que les outils adoptés par le Conseil pour protéger les enfants en cas de conflit étaient « plus que jamais » indispensables, notamment dans certaines situations selon lui « extrêmement préoccupantes », comme en Afghanistan et en Somalie. 

Outre les outils du Conseil, M. Delattre a mentionné le rôle central de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Mme Virginia Gamba, pour dialoguer avec les parties et obtenir d’elles des engagements concrets, sous forme de plans d’action.  Ces derniers, a-t-il poursuivi, doivent être complets et viser l’élimination de toutes les violations graves.  En plus de la Représentante spéciale, le représentant a appelé à préserver les conseillers pour la protection de l’enfance déployés au sein des opérations de maintien de la paix, dont l’utilité n’est  selon lui plus à démontrer, comme en témoignent les libérations d’enfants obtenues chaque année par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et la signature récente d’un nouveau plan d’action en République centrafricaine, grâce aux efforts de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

Face à la nature transfrontalière des violations commises contre les enfants, le représentant a par ailleurs appelé à combattre plus efficacement les violations commises dans les situations de traites.  À ses yeux, il convient aussi de mettre davantage l’accent sur, d’une part, les aspects préventifs, notamment par l’éducation, et d’autre part, la réintégration des enfants libérés, en tenant compte des besoins spécifiques des filles.

M. Delattre a également plaidé en faveur d’une plus grande implication de la Cour pénale internationale pour lutter contre l’impunité.  S’agissant du Conseil, il a enfin proposé que ce dernier ait davantage recours aux éléments à la presse et aux déclarations à la presse pour mieux sensibiliser l’opinion publique.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a salué l’adoption de la résolution 2427 (2018), affirmant que le grand nombre de coauteurs est un témoignage de l’importance de ce thème pour les États Membres.  Pour assurer une meilleure protection des enfants dans les conflits armés, l’Éthiopie recommande que soient renforcés les efforts engagés par la communauté internationale dans la mise en œuvre de la résolution 1612 (2005).  Le délégué a invité le Bureau de la Représentante spéciale et l’UNICEF à renforcer leur coopération avec les organisations régionales telles que l’Union africaine (UA).  Les cessez-le-feu et les processus de paix devraient également, autant que possible, tenir compte de la nécessité de protéger les enfants, notamment en facilitant l’accès humanitaire et la démobilisation et la réintégration des enfants soldats.  Il a aussi plaidé pour le déploiement de conseillers chargés de la protection de l’enfance au sein des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, soulignant que cette protection doit être transversale et avoir une place centrale dans les rapports et les activités des missions de la paix de l’ONU. 

L’Éthiopie souhaite en outre que les enfants associés aux groupes armés soient traités comme des victimes et que des ressources soient investies dans les efforts visant leur réhabilitation et leur réintégration.  Le représentant a enfin indiqué que le mécanisme de surveillance et de communication de l’information relative au rapport du Secrétaire général doit avoir les mêmes standards que ceux en vigueur au sein des opérations de maintien de la paix. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a condamné vivement l’augmentation des violations dont sont victimes les enfants en situation de conflit.  Entre autres mesures phares pour infléchir cette tendance alarmante, le représentant a insisté sur l’importance de renforcer la coordination avec la Représentante spéciale du Secrétaire général et l’UNICEF; d’adhérer et de mettre en œuvre pleinement les instruments internationaux existants; et d’investir davantage dans la prévention.  De ce point de vue, il a tenu à mentionner que son pays avait récemment adhéré à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  En outre, le représentant a insisté sur l’importance de la réintégration et de la réhabilitation des enfants libérés, notamment en leur faisant bénéficier d’un appui psychologique et d’un accès à l’éducation et à une formation professionnelle de qualité.  Il a enfin souligné le rôle clef des conseillers pour la protection de l’enfance déployés au sein des opérations de maintien de la paix.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué le consensus sur la résolution adoptée aujourd’hui et affirmé que la meilleure façon de protéger les enfants, c’est la prévention des conflits et la paix durable.  Il a jugé impératif que la protection des enfants dans les conflits fasse partie intégrante de toutes les négociations de paix et de tous les mécanismes complémentaires.  Le représentant a appelé tous les États à signer et ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant et a réaffirmé la pertinence des Principes de Paris pour lutter contre le recrutement des enfants.  Il a saisi cette occasion pour rappeler les souffrances des enfants palestiniens vivant sous occupation ainsi que celles des enfants rohingya.  Il a insisté sur la responsabilité première des États de protéger leur peuple.  « Exprimer notre colère et notre indignation face à ces souffrances ne suffit pas. »  Il faut faire preuve d’unité pour concrétiser la paix et faciliter la réintégration des enfants dans leurs communautés.  Ainsi, il ne peut y avoir d’accords de paix qui ne tiennent compte de la protection et de la réintégration des enfants, a-t-il estimé.

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a invité les parties citées dans les annexes du rapport du Secrétaire général à prendre des mesures appropriées pour améliorer la situation des enfants.  Pour la Pologne, il est crucial d’éviter le recrutement des enfants par les groupes armés et, quand cela n’a pu se faire, de faciliter leur réinsertion dans la société, notamment en tenant compte des traumatismes psychologiques qui les suivront sur le long terme.  Le délégué a aussi plaidé pour que les écoles soient sanctuarisées en temps de conflit, et que les élèves soient notamment protégés contre toute tentative de recrutement par les parties au conflit.  Le représentant a fermement appuyé la Déclaration sur la sécurité des écoles et invité tous les États à souscrire aux Principes de Paris sur la protection des enfants contre une utilisation ou un recrutement illégal par des groupes ou des forces armés. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a constaté qu’au Moyen-Orient, les combattants recrutent « constamment des mineurs » et que les djihadistes ne rechignent pas à les utiliser dans leurs sombres complots, y compris dans l’utilisation de gaz, pour ternir la réputation des autorités légitimes.  Il a également dénoncé les « pseudo-ONG » comme les Casques blancs.  Il a exprimé ses préoccupations face au sort des enfants palestiniens, aggravé par les politiques israéliennes et le sous-financement chronique de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Pour le représentant, les efforts de la communauté internationale devraient se concentrer sur les moyens de garantir le respect du droit international humanitaire, sachant que la responsabilité première de protéger les populations incombe aux États.  Le représentant a d’ailleurs appelé le Conseil de sécurité à éviter les sanctions et les mesures unilatérales, comme c’est le cas en Syrie, car il s’agit en réalité d’une « une punition collective à l’encontre des Syriens, y compris des enfants ».

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a déploré l’augmentation récente des violations des droits des enfants en République centrafricaine et en République démocratique du Congo (RDC), ainsi que l’absence d’amélioration du sort des enfants en Syrie, en Somalie, au Yémen et au Soudan du Sud.  Elle a également condamné la fréquence des attaques contre des écoles et universités sur le Territoire palestinien occupé.  Selon elle, les principaux facteurs à ces tendances sont la prolifération des groupes armés, les différends concernant les ressources naturelles, l’internationalisation du terrorisme et la nature changeante des conflits.  Pour combattre ces différents facteurs, la représentante a appelé à définir une stratégie exhaustive et globale. 

Passant en revue les outils existants à la disposition du Conseil, la représentante a particulièrement insisté sur le rôle des plans d’action conclus avec les parties à des conflits.  Ces derniers, a-t-elle estimé, doivent non seulement appuyer les processus de démobilisation et de désarmement des filles et des garçons, mais également mettre l’accent sur la réintégration, qui doit selon lui passer par la réhabilitation, l’appui psychologique aux victimes, l’appui économique aux familles et aux communautés, ainsi que l’éducation, en tenant compte des besoins spécifiques des filles.

Saluant les plans d’action du Secrétaire général, « qui mettent en avant l’engagement des parties aux conflits, ainsi que la responsabilité des gouvernements », M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a rappelé que son pays est pionnier dans ce domaine.  Dès 2005, les forces armées des Forces nouvelles, groupe opposé au gouvernement à l’époque du conflit, ont signé avec les Nations Unies le tout premier plan d’action en faveur de la protection de l’enfant en temps de conflit armé.  En 2006, quatre milices progouvernementales lui ont emboité le pas, a expliqué le délégué en ajoutant que « cela a permis la libération de centaines d’enfants, en vue de leur réinsertion sociale ».  Le délégué a fait part d’une stratégie de lutte contre la stigmatisation, consistant à mettre dans un même centre de traitement, des ex-enfants soldats et d’autres enfants issus de la communauté.  La Côte d’Ivoire a été retirée de l’annexe du rapport du Secrétaire général au vu des progrès enregistrés, s’est-il réjoui.

Pour M. Djédjé, la protection des enfants en temps de conflit doit être partie intégrante de toute stratégie globale de règlement des conflits et de maintien de la paix.  À cet égard, le délégué a dit attendre avec impatience le lancement du processus d’élaboration des orientations pratiques sur l’intégration des questions de protection de l’enfance dans les processus de paix.  Il s’est dit convaincu de la nécessité d’une formation adéquate de tous les acteurs concernés par la question, notamment les forces de défense et de sécurité.  Depuis 2004, la Côte d’ivoire a ainsi introduit l’enseignement des droits et protection de l’enfant dans le programme d’instruction de formation militaire et des unités de combat, et toutes les régions militaires du pays disposent aujourd’hui d’une cellule de protection des droits de l’enfant.  Cette formation est aussi intégrée dans le curriculum des policiers.  Pour conclure son exposé, M. Djédjé a mis en évidence le rôle important de conseillers en protection de l’enfance, dont la présence et les capacités doivent, selon lui, être renforcées au sein des opérations de maintien de la paix. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a souligné la nécessité de continuer à développer un cadre juridique en droit pénal pour protéger les enfants des conflits armés en Afrique.  La communauté internationale doit garantir que les violations contre les droits de l’enfant ne restent pas impunies, a-t-il demandé en souhaitant que tous les États Membres s’engagent à faire leur possible pour que les coupables de telles violences contre les enfants soient traduits en justice et purgent leurs peines.  Sur ce sujet, « notre obligation n’est pas seulement de maintenir la paix internationale mais aussi d’assumer une obligation morale fondamentale en tant qu’être humain ».  Il a plaidé pour que le traitement des enfants et leur réintégration soient intégrés pleinement aux processus de réconciliation et de paix, appuyés par le Conseil de sécurité. 

Il ne faut pas ignorer le droit international et ses conséquences sur les enfants, a-t-il poursuivi en appelant les acteurs impliqués dans la protection des droits de l’enfant à redoubler d’efforts.  La Guinée équatoriale a mis en place des politiques nationales pour cela, a-t-il dit.  Le représentant a dit miser sur les jeunes en tant qu’acteurs de changement et prôné l’autonomisation des membres de la famille, une composante cruciale de la stratégie pour autonomiser les enfants et faire en sorte qu’ils bénéficient des programmes éducatifs.

Tout en se disant très préoccupé de la hausse significative des violations graves commises contre les enfants dans les situations de conflit armé, M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a pris note d’une réduction globale du recrutement des enfants soldats et de l’utilisation des écoles à des fins militaires, « un signe qu’un changement positif est envisageable ».  Saluant l’adoption de la résolution, il a fait les recommandations suivantes.  Tout d’abord, le représentant a jugé nécessaire de promouvoir le plein respect du droit international et de renforcer l’établissement des responsabilités pour les violations graves des droits enfants, notamment en faisant entrer en vigueur le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés et autres instruments juridiques pertinents.  En outre, les mesures de prévention et les efforts visant à consolider la confiance et les capacités doivent devenir des priorités, a poursuivi le délégué, qui s’est à cet égard félicité de l’action en ce sens de la Représentante spéciale du Secrétaire général.  Enfin, a préconisé M. Umarov, le soutien aux programmes de réintégration et de réhabilitation pour les enfants autrefois associés à des groupes armés doit être renforcé, en mettant à disposition des ressources financières suffisantes pour garantir entre autres l’accès à l’éducation, à la formation professionnelle, aux soins de santé, aux services de base.

M. MA ZHAOXU (Chine) a salué l’adoption à l’unanimité de la résolution 2419.  Les enfants ont besoin de notre protection concrète et efficace et doivent faire l’objet d’une attention particulière de la communauté internationale, a dit le représentant.  Cela suppose, a-t-il estimé, de mettre l’accent sur la prévention des conflits, en apprenant aux enfants à chérir la paix et à rejeter les idéologies extrêmes et terroristes.  Il faut lutter contre les discours terroristes, extrémistes et haineux sur Internet, a insisté le représentant qui a rappelé qu’en fin de compte la meilleure prévention c’est le règlement des conflits.  Dans ce cadre, la protection de l’enfance, dont la responsabilité première incombe aux États, doit être partie intégrante des processus de paix.  Le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer le renforcement des capacités nationales, ajoutant qu’au niveau des Nations Unies, une approche intégrée est essentielle pour aider les gouvernements.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a salué le rapport annuel du Secrétaire général qui, a-t-elle estimé, « présente des données fiables » sur le sort des enfants en temps de conflit armé.  Elle s’est réjouie des progrès réalisés dans des pays comme la Côte d’Ivoire ou le Nigéria.  Elle a insisté sur le caractère crucial de l’objectif 4 de développement durable sur l’éducation de qualité.  Les conflits limitent l’accès à l’éducation, notamment des filles.  Il est donc essentiel que les programmes de démobilisation des enfants soldats adoptent une approche sexospécifique et tiennent dûment compte de l’importance pour les enfants de retrouver le chemin de l’école.

La représentante a déploré que l’éducation n’ait reçu, en 2017, que 1,4% de la somme totale déboursée en faveur de l’aide humanitaire dans le monde.  Le Royaume-Uni est prêt, a-t-elle affirmé, à fournir un appui au secteur de l’éducation à travers le monde.  Une somme de 110 millions de dollars a été débloquée pour les enfants en Syrie et dans la région et une autre somme de 40 millions de dollars a été affectée aux enfants touchés par les conflits en Ouganda.  La représentante a aussi souligné l’importance de la Déclaration sur la sécurité des écoles, insistant sur la sanctuarisation des écoles dans les situations de conflit. 

M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, a voulu que la protection de l’enfance soit revêtue d’une nature systématique.  Les programmes doivent disposer des capacités et moyens suffisants pour que les enfants soient libérés et réintégrés dans leurs familles et dans leurs communautés ».  À cet égard, il a appuyé l’intégration de conseillers à la protection de l’enfance dans les opérations des Nations Unies.  Notant avec satisfaction la libération officielle de 10 000 enfants en 2017, le Ministre a dit comprendre qu’il ne s’agit que du début d’un processus au cours duquel il faut accompagner ces enfants sur le plan psychosocial et éducatif pour rompre durablement le cycle de la violence et, en fin de compte, consolider la paix.  Il a salué l’adoption de la résolution 2419 qui reconnaît l’importance de renforcer la prise en compte des jeunes lors de négociations et de mise en œuvre d’accords de paix.  Il a également appelé tous les États Membres à endosser la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

Le Ministre s’est toutefois dit préoccupé par le fait que trop de parties responsables d’exactions contre les enfants restent toujours à l’abri de la justice internationale.  Il a estimé que le rôle de la Cour pénale internationale, en complémentarité avec les processus nationaux, demeure à cet égard central et indispensable.  Il a réitéré son soutien sans équivoque à la Représentante spéciale du Secrétaire générale.

Mme KATHERINE ZAPPONE, Ministre de l’enfance et de la jeunesse de l’Irlande, a indiqué que la violence sexiste est parmi les pires injustices faites aux enfants en temps de conflit, soulignant la vulnérabilité particulière des jeunes filles à l’exploitation sexuelle et à la traite des êtres humains.  Autonomiser les filles est donc une priorité vitale de protection.  C’est ce que l’Irlande s’est attelée à faire au sein de la Commission de la condition de la femme qu’elle vient de présider, ou encore grâce à un plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité.  Dans le même temps, le programme d’aide au développement de l’Irlande soutient un certain nombre d’ONG partenaires, notamment afin d’établir des espaces d’apprentissage sûrs pour les filles et les garçons.  La Ministre a déclaré qu’en plus d’être victimes des conflits, les enfants et les jeunes peuvent jouer un rôle crucial dans la promotion d’une paix durable à travers le monde.  Elle a rappelé que son pays a initié un programme « Jeune délégué de l’ONU » en 2015, un engagement clair pour plus de prise en compte des jeunes dans les questions de développement, de droits de l’homme et de citoyenneté mondiale. 

Mme Zappone s’est ensuite dite fière de constater que la moitié des 1 883 réfugiés accueillis par l’Irlande, dans le cadre du programme de réinstallation de l’Union européenne, sont des enfants fuyant les conflits.  Le pays a également offert son assistance à 79 enfants qui sont arrivés seuls dans ses ports et aéroports.  Des enfants venus de pays comme la Syrie, l’Afghanistan et l’Érythrée considèrent désormais l’Irlande comme leur maison, s’est-elle enorgueillie, tout en parlant des témoignages contenus dans un recueil d’histoires et de dessins d’enfants syriens et palestiniens vivant dans l’ouest de l’Irlande.  Elle a parlé notamment de Khaled, âgé de 12 ans, qui dit rêver de porter les couleurs de l’Irlande sur un terrain de football, avant, dans une seconde carrière, de retourner dans sa Syrie natale, vers l’âge de 33 ans, pour y travailler comme professeur d’anglais.

M. SERGIY KYSLYTSYA, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a prôné une coopération plus forte entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, à tous les stades des conflits.  Il a également plaidé pour que l’on aide les gouvernements concernés à mettre en œuvre leurs programmes de réintégration des enfants.  À ce titre, il a parlé d’éducation, de soutien psychologique et de réhabilitation qui sont « les bases de toute stratégie efficace pour éviter l’escalade des conflits actuels et l’émergence de nouveaux ».

Le Vice-Ministre a constaté des ratés comme en Ukraine où le Conseil des droits de l’homme n’a pas été en mesure d’utiliser les instruments de prévention contre des violations de droits de l’homme.  Il a fait état des offensives russes contre des zones civiles densément peuplées.  Il a aussi attiré l’attention sur le recrutement de jeunes de moins de 15 ans par des groupes qui combattent aux côtés des milices russes et de la détention de mineurs par l’occupant russe.  Le Vice-Ministre a rappelé qu’en 2015, le Conseil de sécurité voulait créer un tribunal international pour poursuivre les personnes responsables de l’attaque contre le vol MH17 dans lequel 80 enfants innocents ont trouvé la mort, mais qu’il est heurté au veto d’un pays qui prétend « que la légalité internationale est le principal attribut d’un monde stable et de la sécurité ».  Ce pays pourrait facilement contribuer au règlement de conflits, en renonçant à ses politiques d’agression, en retirant ses troupes des territoires occupés et en arrêtant d’inonder la région d’armes lourdes.

Il est regrettable, a conclu le Vice-Ministre, que l’ONU ait été incapable d’accorder l’attention requise à la situation des enfants affectés par une guerre « au cœur même de l’Europe », une guerre menée par la Russie contre l’Ukraine.  Il a demandé au Secrétaire général de parler de cette situation dans son prochain rapport. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a souligné que la situation actuelle est un défi pour nous tous: le Conseil de sécurité, le système des Nations Unies et les États Membres.  Nous avons beaucoup de pain sur la planche et ce dossier doit rester à l’agenda du Conseil de sécurité.  Nous devons intégrer la protection des enfants dans les résolutions que nous adoptons et avoir des conseillers de la protection pour tous les mandats de maintien de la paix, a estimé le délégué qui a aussi insisté sur l’établissement des responsabilités et la lutte contre l’impunité.  Il a noté que la vaste majorité des violations sont commises par des acteurs non étatiques et a dit soutenir les efforts pour travailler de manière transfrontalière, avec l’appui des organisations régionales.  

Nous soutenons l’accent mis par la Suède sur la prévention, a dit le représentant qui a également appelé à développer des axes de travail sexospécifiques pour les filles et garçons.  Soulignant la nécessité d’un financement à long terme, il a fait part des projets de son pays au Libéria, en Sierra Leone et en République démocratique du Congo.  La prévention efficace va au-delà des programmes de réintégration, a-t-il estimé, jugeant qu’il faut se concentrer sur l’éducation.  Il a promis que l’Allemagne, à son retour au Conseil de sécurité, maintiendra ce sujet « prioritaire » à l’ordre du jour et veillera à ce que le lien entre prévention et protection de l’enfance soit renforcé. 

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) a appelé la communauté internationale à faire preuve de davantage de volonté dans les actions entreprises pour protéger les enfants dans les situations de conflit.  Concrètement, il appelé à maintenir les conseillers pour la protection de l’enfance au sein des opérations de maintien de la paix, à renforcer les processus nationaux d’enregistrement des naissances pour prévenir l’enrôlement des enfants, à ne pas faire l’impasse sur la thématique des enfants lors des négociations de paix et de cessez-le-feu ou dans les processus de médiation et à fournir aux contingents déployés une formation adaptée à la protection des droits des enfants. 

Le représentant a en outre exhorté tous les pays à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.  Pour éviter que les violations des droits de l’enfant ne demeurent impunies, il a plaidé en faveur d’une plus grande implication de la Cour pénale internationale (CPI).  Enfin, le délégué chilien a estimé qu’il convenait de garantir un financement prévisible, durable et flexible pour favoriser la réintégration des enfants, de façon à envisager des alternatives viables à la vie militaire et faire en sorte qu’ils ne soient pas à nouveau recrutés. 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a estimé que la protection de l’enfant est un élément consubstantiel à l’instauration d’une paix durable.  Une réintégration réussie, a-t-elle précisé, constitue même la « pierre angulaire » de tout processus de paix.  De ce point de vue, la Colombie n’a « pas fait exception à la règle », a précisé la représentante, soulignant combien la situation des enfants s’était détériorée durant plusieurs décennies de conflit armé.  Selon elle, en effet, sur les plus de huit millions de victimes du conflit colombien, 39% se sont avérées être des enfants.  En conséquence, entre 2013 et 2018, la représentante a indiqué que plus de 410 000 mineurs avait été répertoriés comme victimes du conflit et se trouvaient actuellement en situation de réhabilitation.

Aujourd’hui, la représentante s’est félicitée de la reconnaissance des progrès accomplis par son pays dans le dernier rapport du Secrétaire général, dont l’annexe ne mentionne plus les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) au nombre des groupes recrutant des enfants.  Elle s’est toutefois dite bien consciente des nombreux défis qui attendent son pays, notamment dans les zones rurales, où les risques de recrutement des enfants persistent. 

Pour les relever, la représentante colombienne a mis l’accent sur l’expérience enrichissante acquise par son pays dans sa coopération avec le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général.  Elle est revenue sur une manifestation coorganisée, cette année, par la Colombie et le Bureau de Mme Gamba, au cours de laquelle son pays a été en mesure d’échanger avec des gouvernements d’autres régions confrontées à des situations similaires, dont la Sri Lanka et le Népal. 

Au nom de la Lettonie et de la Lituanie, M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a estimé que la communauté internationale doit jeter un pont plus solide entre protection de l’enfance et prévention des conflits.  Les efforts de prévention doivent être guidée par la nécessité d’assurer le plein respect du droit humanitaire international et des droits de l’homme.  Le représentant a donc appelé les États à adhérer au Protocole additionnel de la Convention sur les droits de l’enfant relatif à l’implication des enfants dans les conflits armés.  Il a aussi souligné le rôle de la société civile dans l’alerte rapide.  Pour que la prévention soit véritablement efficace, a-t-il insisté, les États et la communauté internationale doivent pouvoir agir fermement et rapidement.  On ne saurait ignorer dans ce cadre, l’implication des enfants dans les processus de rétablissement de la paix, de consolidation de la paix et de justice transitionnelle.  L’Estonie La Lettonie et la Lituanie, a rappelé le représentant, ont dûment adhéré aux Principes de Vancouver.  Il représentant a plaidé pour une bonne réintégration des anciens enfants soldats par un accès à l’éducation et à la formation.  Nous devons traiter les enfants comme des victimes et non comme des criminels et surtout leur éviter une double victimisation en les jetant en prison pour leur association avec des groupes armés.  Le représentant a conclu sur l’importance de la lutte contre l’impunité, en soulignant la responsabilité première des États et le rôle complémentaire de la Cour pénale internationale (CPI). 

Pour M. JORGE MORAGAS SÁNCHEZ (Espagne), la question des enfants dans les conflits armés est bien plus qu’un point à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  « Il s’agit d’une responsabilité collective en tant que membres de l’ONU et en tant qu’êtres humains ».  Il a insisté sur la nécessité de poursuivre les auteurs de ce type de violations en justice, ce qui suppose que l’on dispose de capacités institutionnelles dans les opérations de paix de l’ONU pour en assurer le suivi, le compte rendu et la réponse.  Il a également souligné qu’il fallait faire attention à la composante transfrontalière de certaines formes de violations des droits de l’enfant et à leur lien avec la traite des enfants.

Saluant l’approche préventive préconisée par la résolution adoptée aujourd’hui, il a toutefois estimé que la protection des enfants devait également s’étendre à la phase post-conflit.  Tout plan d’action devrait prévoir des structures visant à prévenir des violations et abus, notamment des mesures pour faciliter l’autonomisation des enfants et des jeunes, a-t-il précisé.  Encouragé par l’expérience de la Colombie et du Népal, où l’engagement rapide des parties a fortement contribué à mettre en place des mesures de confiance mutuelle dans le cadre des nouveaux accords de paix, il a estimé que cette question devrait être au cœur même des efforts de prévention et de paix durable.

Le représentant exprimé son soutien à la Représentante spéciale, à l’UNICEF et aux organisations spécialisées de la société civile dans leurs efforts en faveur de la réintégration des enfants.  « Il y a peu d’intérêt à démobiliser les enfants s’ils ne trouvent pas d’alternative pour mettre fin à la spirale de la violence » a-t-il constaté en invitant les donateurs à aborder le problème sous cet angle.  Le représentant n’a pas manqué de dénoncer les obstacles à l’accès humanitaire qui ont un impact particulier sur les enfants.  L’Espagne, a-t-il rappelé, a organisé une retraite sur le thème de « la protection des soins médicaux en période de conflit armé ».  Elle a l’intention de lancer une initiative à l’Assemblée générale qui contribuera à l’application de la résolution 2286 (2016) du Conseil de sécurité.  Elle est signataire des Principes de Paris, des Directives de Lucent, des Principes de Vancouver et de la Déclaration sur les écoles sûres dont elle va accueillir la troisième Conférence en mai 2019.

Reprenant les conclusions « préoccupantes » énoncées dans le dernier rapport du Secrétaire général, M. DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a jugé essentiel de continuer à prendre en compte cette question dans toutes les opérations de maintien de la paix de l’ONU, ainsi que dans les missions politiques et missions de consolidation de la paix, via le déploiement systématique de conseillers pour la protection de l’enfance.  Le représentant s’est toutefois montré positif compte tenu de la libération de 10 000 enfants en 2017.  Ces enfants libérés doivent non seulement pouvoir réintégrer leurs communautés mais également envisager leur futur sereinement, sans craindre d’être à nouveau recrutés.  Il faut également s’assurer que les auteurs des violations répondent de leurs actes, a ajouté le représentant.  À ses yeux, le mécanisme de surveillance et de communication de l’information demeure l’un des principaux outils à la disposition du Conseil pour lutter contre l’impunité.  Il a toutefois estimé que ce dernier pourrait prendre davantage de mesures ciblées contre les coupables et que les tribunaux internationaux devraient jouer un rôle plus important. 

« Les rêves et les espoirs de milliers d’enfants sont réduits à néant du fait des conflits et certains n’auront jamais la chance de rêver », s’est lamentée Mme MALEEHA LODHI (Pakistan).  Elle a qualifié 2017 d’« année cauchemardesque pour les enfants piégés dans des conflits ».  Elle a dénoncé les situations d’occupation étrangère, où les enfants se retrouvent victimes de détention arbitraire et de tortures.  Citant particulièrement le cas du Jammu-et-Cachemire, mais aussi de la Palestine, du Myanmar et du Yémen, elle a estimé que le sort des enfants devrait pousser la communauté internationale à trouver de nouveaux moyens de les protéger.  Le moyen le plus efficace est d’empêcher les conflits, de mettre fin à l’occupation étrangère et de maintenir une paix durable.  « Telle doit la priorité première du Conseil », a tranché la représentant en soulignant que son pays est conscient de sa responsabilité.  Le Pakistan est un des premiers pays à avoir signé le Convention relative aux droits de l’enfant et ses Protocoles additionnels.  Il a mis en place une commission nationale chargée du bien-être de l’enfant et l’année dernière, une Commission nationale sur les droits de l’enfant.  Tout en appuyant pleinement le mandat de la Représentante spéciale du Secrétaire général, la représentante a voulu que ce mandat ne devienne pas un « outil au service d’objectifs politiques ».  « Les paramètres juridiques du mandat, tels que définis par le Conseil de sécurité, doivent être respectés », a-t-elle insisté. 

M. ANDREA BIAGINI (Italie) a pris note des progrès réalisés pour améliorer le sort des enfants dans les conflits armés à travers le monde.  Il a notamment salué l’approche choisie pour la tenue des listes consignées dans les annexes du rapport du Secrétaire général, dont l’une concerne les parties qui ont mis en place des mesures pour renforcer la protection de l’enfance.  Il a souhaité que cette approche encourage davantage de parties aux conflits armés à mettre en œuvre les plans d’actions.  Pour briser le cycle des violations des droits de l’enfant, il faut adopter une approche systématique et cohérente, qui aille de la prévention à l’établissement des responsabilités, en passant par la réintégration.

S’agissant de la prévention, il faut continuer d’encourager les États à ratifier les instruments juridiques internationaux pertinents et à promouvoir leur mise en œuvre.  En ce qui concerne l’établissement des responsabilités, le représentant a appelé à des poursuites judiciaires et à des réparations.  Au niveau international, cela supposerait notamment que le Conseil de sécurité inclue dans son régime de sanctions des critères spécifiques pour les violations graves commises contre les enfants dans les situations de conflit armé.  Enfin, le représentant a regretté que la problématique de la réintégration ne soit pas davantage prise en compte, alors que l’exemple de la Colombie a démontré que, pour être couronnés de succès, tous les accords de paix doivent inclure des dispositions spécifiques relatives à cette question.

Au nom des États signataires de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, M. ALEJANDRO GUILLERMO VERDIER (Argentine) a qualifié ladite Déclaration d’engagement international visant à protéger et garantir la continuité de l’éducation des enfants durant les conflits armés.  L’éducation, a-t-il ajouté, n’est pas seulement un droit de l’homme, mais également un mécanisme de protection essentiel, à même d’aider les enfants à réaliser pleinement leur potentiel et à édifier des communautés plus soudées et plus résilientes.  À ses yeux, garantir l’accès des enfants à l’éducation peut ainsi permettre de les protéger contre les pires conséquences des conflits, tout en évitant que de nouvelles guerres n’éclatent.  De plus, a ajouté M. Verdier, la préservation du secteur éducatif contribue généralement à accélérer la transition du pays après un conflit.

Depuis 2015, a poursuivi le représentant, 76 États ont apporté leur soutien à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, y compris, ces derniers mois, Djibouti, le Mali, le Royaume-Uni et l’Allemagne.  Lors de la Conférence sur la sécurité dans les écoles organisée à Buenos Aires en mars 2017, s’est-il félicité, des représentants d’États, d’organisations internationales et de la société civile ont eu l’opportunité de sensibiliser l’opinion publique et de partager leurs expériences quant à des solutions concrètes pour régler les problèmes auxquels sont confrontés les étudiants et les enseignants en situation de conflit.  M. Verdier s’est également félicité du fait que l’Espagne ait annoncé qu’elle accueillera la troisième Conférence internationale sur la sécurité dans les écoles, en 2019.  Il a mentionné un rapport récent de Human Rights Watch, selon lequel l’utilisation des écoles à des fins militaires aurait baissé de 50% depuis 2015 dans les pays qui ont entériné la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Toutefois, parmi les États qui n’ont pas entériné la Déclaration, a nuancé le représentant, l’utilisation des écoles à des fins militaires a augmenté.

À titre national, M. Verdier a dit partager les vives préoccupations du rapport du Secrétaire général concernant l’augmentation des violations des droits des enfants dans le cadre de conflits armés.  Pour preuve de l’engagement de son pays sur la question, il a souligné que l’Argentine s’était portée coauteur de la résolution d’aujourd’hui.  En conclusion, le représentant a appelé à exercer davantage de pression internationale à l’encontre des acteurs étatiques et non étatiques se livrant à des violations contre des enfants en situation de conflit.

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a rappelé que son pays est activement engagé sur le dossier des enfants dans les conflits armés depuis plus de 20 ans, y compris lorsqu’il siégeait au Conseil de sécurité en 1999 et 2000, années pendant lesquelles il a veillé à ce que cette question figure à l’ordre du jour.  Récemment, a-t-il expliqué, le Canada a lancé les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation des enfants soldats.  Avec un accent mis sur la prévention du recrutement dans le contexte du maintien de la paix, ces principes volontaires et non contraignants ont été approuvés par 65 États, s’est félicité M. Grant.  En outre, pour renforcer l’élan collectif contre le recrutement illicite, le Canada est en train de mettre au point des directives en vue d’aider les États à mettre en œuvre les Principes de Vancouver et les personnels de maintien de la paix à mieux répondre aux défis posés par les enfants soldats.  Le Canada encourage les États qui ne l’ont pas encore fait à adopter ces Principes de même que les Principes de Paris.  En conclusion, M. Grant s’est dit scandalisé par les informations selon lesquelles des enfants rohingya au Myanmar et au Bangladesh seraient victimes de meurtres, de viols, d’assauts sexuels, et utilisés comme boucliers humains ou détecteurs de mines.  « Ceci doit prendre fin et ceux qui sont responsables doivent répondre de leurs actes », a martelé le représentant.

M. JORGE SKINNER-KLEÉ ARENALES (Guatemala) a noté que cette résolution est adoptée dans le contexte de la réforme des Nations Unies qui met l’accent sur la prévention et la paix durable.  La protection de l’enfance est nécessaire pour prévenir les conflits.  Qu’adviendra-t-il de ces enfants si nous ne les protégeons pas?  En les protégeant, nous assurons la survie même de nos sociétés, a déclaré le délégué.  Il a noté avec « stupeur » l’usage d’armes chimiques et autres engins contre des mineurs, en violation flagrante du droit humanitaire et des droits de l’homme, dénonçant une « brutalité abjecte » qui vise des populations sans défense et détruit écoles et hôpitaux.  M. Klee-Arenales a lancé un appel aux États pour qu’ils assument leurs responsabilités et pour que les enfants puissent jouir précisément de leur enfance sans préjugé, sans exclusion et sans guerre.  Cela suppose, a-t-il poursuivi, que les États rejettent les pratiques qui minent la dignité humaine, en particulier celle des enfants.  Il a dénoncé les politiques « inhumaines » de séparation des enfants et des parents, causant des traumatismes à long terme.  Nous appelons à la fin de ces pratiques qui nous rappellent des épisodes tragiques de l’histoire de l’humanité.  Le Guatemala a avancé et, en 2002, grâce à l’appui de l’UNICEF, il a mis en place une commission nationale sur le sort des enfants disparus, laquelle a facilité leur retour dans les familles. 

M. KORO BESSHO (Japon) a rappelé que son pays était devenu le tout premier contributeur à la « fenêtre humanitaire » du Fonds à l’appui de la lutte contre la violence à l’égard des enfants, lancé par le Secrétaire général de l’ONU en 2016.  En soutenant 12 projets au Nigéria et en Ouganda, le Japon s’efforce de répondre aux conséquences de la violence aujourd’hui et de « bâtir une meilleure société pour demain », a expliqué le représentant, en faisant le récit de deux sœurs sud-soudanaises réfugiées dans un camp en Ouganda, âgées de 17 ans et 15 ans.  Dans le cadre de l’un des projets, la plus âgée des deux bénéficie d’une activité visant à développer ses compétences, avec pour objectif de lui fournir un revenu stable, pour elle et l’enfant dont elle est enceinte de sept mois.  Par ailleurs, a rappelé M. Bessho, le Gouvernement japonais a lancé un appel aux États Membres pour qu’ils rejoignent le Partenariat mondial pour mettre fin à la violence envers les enfants et investissent dans la recherche de solutions en vue de répondre aux menaces qui pèsent sur les enfants en période de conflit armé. 

M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay) a estimé que pour mettre fin aux souffrances croissantes des enfants en situation de conflit, telles que documentées dans le dernier rapport du Secrétaire général, les États devaient faire preuve de fermeté et de volonté politique, notamment en utilisant tous les outils et mécanismes à leur disposition.  Toutefois, a-t-il estimé, le rapport du Secrétaire général devait être « indépendant et impartial » et ne pas faire l’objet « d’ingérence » de la part de certains des membres permanents du Conseil de sécurité.  S’agissant de la nécessité de lutter contre l’impunité des auteurs de violations, le représentant a estimé que les responsables étaient tout autant ceux qui emploient des armes contre des enfants que ceux qui les leur fournissent ou leur apportent un appui logistique.  En conclusion, M. Rosselli a lu cette citation de Nelson Mandela: « Rien n’est plus révélateur de l’âme d’une société que la manière dont sont traités ses enfants ».

Pour M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil), toutes les parties au conflit devraient protéger les enfants conformément à leurs obligations au titre du droit international humanitaire.  Les enfants soldats et les enfants en situation de guerre sont des groupes particulièrement vulnérables et doivent recevoir une protection spéciale.  Le représentant s’est dit très préoccupé par la détention des enfants pour des motifs de sécurité nationale.  C’est une mesure « contreproductive » car on considère les enfants associés à des groupes armés comme des menaces plutôt que comme des victimes.  Il a insisté sur la diplomatie préventive pour pérenniser la paix.  La prévention est cruciale, a-t-il martelé avant de s’attarder sur la réintégration des ex-enfants soldats, expliquant que le Brésil a promu la pratique de la capoeira en Haïti et en République démocratique du Congo.  Il faut donner aux enfants arrachés à leur famille à un jeune âge « un sentiment d’identité » et éviter leur stigmatisation.  Il est important de noter que ce débat ne se limite pas au Conseil de sécurité car la prévention nécessite la contribution de tous les piliers des Nations Unies, notamment la Commission de consolidation de la paix, qui est particulièrement bien placée pour organiser des discussions sur ce sujet. 

M. GERARDUS VAN DEN AKKER, de l’Union européenne, a rappelé que le plan d’action de l’Union européenne pour les droits de l’homme et la démocratie (2015-2019) s’engage clairement à soutenir le mandat « enfants et conflits armés ».  En protégeant les enfants et en assurant le respect de leurs droits fondamentaux, nous construisons des sociétés plus stables et pacifiées » mais cela requiert des programmes de réintégration financés qui intègrent la question du genre et reconnaissent le caractère transfrontalier du recrutement des enfants.  On ne peut attendre la paix pour protéger les enfants.  Au contraire, il faut intégrer la protection de l’enfance dans les processus de paix.  Se réjouissant de la création d’un guide pratique sur l’intégration de la protection de l’enfance aux processus de paix, il a appelé à identifier des moyens de mieux prévenir les violations graves, surtout celles commises de manière transfrontalière.  Nous devons mieux comprendre les méthodes utilisées pour cibler les enfants et mieux combattre la traite des enfants, a exhorté le représentant, qui a également demandé à ce que l’opinion des enfants sur la question soit effectivement prise en compte. 

Exhortant les États à ratifier les différents instruments internationaux, il a encouragé l’inclusion de clauses sur la protection de l’enfance dans tous les mandats des missions de maintien de la paix des Nations Unies, y compris les missions régionales.  Le sort des enfants en temps de conflit armé est une priorité de l’Union européenne, a répété M. de Almeida, qui a rappelé l’adoption, en 2003, des Lignes directrices.  Énumérant les efforts de l’Union européenne en Ouganda, en République démocratique du Congo, en Syrie ou en République centrafricaine, le représentant a insisté sur l’importance de l’éducation, « centrale pour empêcher le recrutement et l’utilisation des enfants par les groupes et les forces armés ».  Dès lors, l’engagement de l’Union européenne pour l’éducation dans les situations d’urgence, qui constituait 8% du budget de l’aide humanitaire en 2018, augmentera à 10% en 2019.  L’Union européenne a soutenu l’éducation de plus de 5,5 millions d’enfants dans plus de 50 pays, a précisé le représentant qui s’est dit également très inquiet du taux élevé de violence sexuelle contre les filles et garçons, notant que les filles sont significativement affectées par le recrutement.  Les filles ne sauraient rester la partie invisible des programmes de réintégration. 

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a rappelé l’engagement de son pays en faveur de la protection de l’enfance en situation de conflit.  En sa qualité de Président du Groupe de travail sur les enfants dans les conflits armés, le Mexique, a notamment promu la négociation et l’adoption de la résolution 1882, en 2009.  Le pays figure également à la tête du Partenariat mondial pour mettre fin à la violence envers les enfants et est membre du Groupe des enfants dans les conflits armés.  Au plan national, le Mexique tente de pourvoir aux besoins de 39,2 millions d’enfants et adolescents, notamment en mettant sur pied un certain nombre d’initiatives de prévention de la violence et des atteintes sexuelles.  S’agissant de l’ONU, le représentant a fait écho aux appels lancés par le Conseil de sécurité et le Secrétaire général, visant à inclure systématiquement la protection de l’enfance dans les négociations de paix et les plans de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de réinsertion.  Il a également appelé le Conseil à continuer de renforcer les mandats des opérations de maintien de la paix sur cette question, notamment en déployant des conseillers pour la protection de l’enfance au sein des missions. 

M. PHILIPP CHARWATH (Autriche) a mis l’accent sur les plans d’action, qui constituent le principal cadre d’engagement avec les Nations Unies.  L’Agence autrichienne de la coopération au développement est activement engagée dans des projets visant à réduire la menace que fait peser la violence contre les enfants, notamment au Soudan, où elle soutient un projet de sensibilisation aux droits de l’enfant au Darfour, a précisé le représentant.  Les processus de paix, a-t-il dit, peuvent être un véhicule pour promouvoir la protection de l’enfance mais aussi leur réintégration et la réconciliation nationale.  Il a aussi plaidé pour le déploiement systématique de conseillers pour la protection des femmes et de l’enfance au sein des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Enfin, M. Charwath a encouragé tous les États Membres à approuver la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

Au nom du Danemark, de la Finlande, de l’Islande, et de la Suède Mme MAY-ELIN STENER (Norvège) a dit la fierté des pays nordiques de soutenir la résolution adoptée ce matin, laquelle offre un cadre global qui tient compte des questions liées à la protection de l’enfance en temps de conflit, dans la perspective d’une paix durable.  Pour ces pays, « les enfants doivent être traités comme des enfants, juridiquement et socialement, et quel que soit le contexte ».  Les pays nordiques sont inquiets du silence et de la stigmatisation liés à la violence sexuelle et aux cas d’abus, d’exploitation et atteintes sexuelles.  Les rapports en parlent à peine, privant les victimes du soutien qu’elles méritent.  Les pays nordiques insistent également sur l’éducation, notamment celle des filles, et invitent tous les États à soutenir la Déclaration sur la sécurité des écoles.  Mme Stener a cité la Colombie comme exemple de la manière dont la protection des droits de l’enfant peut être intégrée dans un processus de paix.  Elle a conclu en insistant sur la lutte contre l’impunité des auteurs de crimes contre les enfants durant les conflits.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint Siège, a souligné qu’il n’est jamais trop tard pour agir afin de sauver et réhabiliter les enfants déjà pris au piège d’un conflit armé.  En ce qui concerne les enfants qui risquent d’être dans cette situation, il a appelé à « agir maintenant » pour les protéger, en appliquant pleinement le programme relatif aux enfants et aux conflits armés.  Il a souligné le « consensus unique » au sein du Conseil et de la communauté internationale sur cette question.  Le nonce a, en outre, vu des améliorations possibles dans trois domaines.  Il faut d’abord mettre fin aux abus, à l’exploitation, à la traite et à toutes formes de violence et de torture contre les enfants, en commençant par renforcer les mesures préventives contre les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, a-t-il prescrit. 

En deuxième lieu, il a plaidé pour que la priorité soit donnée à la réintégration effective des enfants autrefois associés aux forces armées ou aux groupes armés, soulignant qu’ils sont principalement des victimes, même si, sous le contrôle de groupes armés, ils peuvent avoir commis des crimes.  « Les enfants devraient toujours faire partie de la solution et non du problème », a-t-il dit avant d’enchainer sur son troisième point, la nécessité de garantir le droit à l’éducation des enfants victimes de conflits armés.  « À cet égard et à travers ses diverses structures opérant dans la plupart des zones de conflit, le Saint-Siège et l’Église catholique sont activement engagés à travers les institutions éducatives et de réhabilitation à prendre soin des nombreuses victimes de la violence, filles et garçons. »

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a réagi au rapport du Secrétaire général selon lequel durant la période considérée, les cas confirmés d’enrôlement et d’utilisation d’enfants par l’organisation terroriste des Unités de protection du peuple kurde ont quintuplé de 46 à 224 comparé à 2016.  En fait, l’organisation terroriste du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a une longue pratique d’enrôlement forcé des jeunes filles et garçons en violation des normes et du droit internationaux, a dénoncé le représentant.  Quarante pour cent des recrues du PKK sont des jeunes de moins de 18 ans et 10% ont moins de 15 ans, a-t-il précisé. 

L’organisation terroriste PKK vient, sous le prétexte de combattre Daech en Iraq, d’enrôler de force des Yazidis mineurs, avant de les transférer sur le champ de bataille loin de leur patrie et de punir sévèrement ceux qui résistent à cette horrible tentative.  Le PKK et les Unités de protection du peuple kurde recourent à la même tactique en Syrie, a poursuivi le représentant.  Le Conseil mondial des Araméens a publié une déclaration le 29 mai dernier attirant l’attention de la communauté internationale sur l’enlèvement de 50 jeunes par les Unités de protection du peuple kurde aux fins de recrutement forcé. 

Afin de protéger les enfants contre les griffes des organisations terroristes, la communauté internationale devrait se montrer solidaire et coopérer à la lutte contre le terrorisme dans toutes ses formes et ses manifestations.  Il convient de souligner que la référence aux groupes armés non étatiques dans l’ordre du jour du Conseil de sécurité et la résolution n’impliquent pas qu’ils deviennent des sujets du droit international humanitaire, a indiqué le délégué qui a assuré que « nous continuerons résolument de combattre les organisations terroristes conformément au droit international et à nos lois. »  

Pour M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud), ceux qui abusent des enfants réduisent à néant le tissu même de la société.  L’augmentation des violations prouve que nos efforts ne sont pas complètement efficaces ».  A-t-il regretté tout en saluant néanmoins les efforts remarquables du Groupe de travail du Conseil de sécurité.  Davantage de ressources devraient être consacrées à ce problème car il ne faut pas perdre de vue que les enfants d’aujourd’hui peuvent être les chefs rebelles de demain, a-t-il prévenu.  Ces enfants auront appris à se débrouiller dans un environnement sans opportunité économique ni intégration politique.  Il faut leur offrir dès que possible la possibilité de jouer un rôle positif dans la société.  Le représentant a appuyé la création d’un mécanisme de financement pluriannuel pour des alternatives viables ainsi que le renforcement de la protection de l’enfance dans le cadre des missions de maintien de la paix.  Rebondissant sur le rapport du Secrétaire général, il a appelé à garantir la sécurité des écoles et des hôpitaux.  Nous devons poursuivre en justice les coupables de violation, quelque que soit leur statut politique, a insisté le représentant, en prônant aussi des capacités de protection de l’enfance au sein des mécanismes régionaux et des plans de prévention.  Le Conseil de sécurité devrait adopter une position ferme et concertée pour préserver les enfants avant qu’ils ne se transforment en menace pour notre avenir. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. PHAM THI KIM ANH (Viet Nam) a estimé que la réalité « choquante » appelle à un plus grand consensus et à des actions plus fortes de la part de la communauté internationale.  Des stratégies coordonnées aux niveaux national, régional et global sont attendues de toute urgence, et doivent concerner tant la prévention que la réintégration, la réhabilitation et la poursuite des perpétrateurs.  Le délégué s’est également dit très favorable à une intégration de la protection de l’enfance dans les processus de paix, et a dit attendre avec impatience le développement d’un guidage pratique.  Il a aussi appelé à un renforcement de la coordination entre la Représentante spéciale et les États Membres concernés, afin d’assurer des rapports globaux, précis et objectifs.  Pour l’ASEAN, la protection de l’enfance est une priorité, a fait savoir le délégué, qui a mis en évidence le plan de travail adopté par la Commission pour la promotion et la protection des droits des femmes et de l’enfant de l’Association.  L’ASEAN travaille étroitement avec ses partenaires extérieurs dont la Représentante spéciale dont l’apport a permis de peaufiner la mise en œuvre dans la région du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la Vision 2025 de l’ASEAN. 

« La place des enfants est à l’école et pas sur le champ de bataille », a déclaré M. SABRI BOUKADOUM (Algérie), déplorant l’augmentation constante des violations à l’encontre des enfants dans les situations de conflit.  Entre autres exemples tragiques, le représentant a insisté sur le cas de la République centrafricaine, où les violations contre les enfants ont récemment été multipliées par quatre, d’après le rapport du Secrétaire général.  « Nous ne pouvons permettre une telle situation », a martelé le représentant.  Or, a-t-il déploré, des « attaques barbares » continuent d’être perpétrées conte les enfants par des groupes terroristes, tels que Daech et Boko Haram, mais aussi des enlèvements et l’exploitation sexuelle des filles.  Pour éviter que la situation des enfants ne se détériore après un conflit, le représentant a appelé la communauté internationale à donner aux pays victimes de conflits davantage de moyens pour reconstruire leur secteur de l’éducation.  Il a également appelé toutes les négociations de paix en cours à s’inspirer des termes de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015, qui contient selon lui des dispositions très précises sur la réintégration et la réinsertion des enfants. 

M. HAU DO SUAN (Myanmar) a rappelé qu’en février 2017, le Myanmar a signé les Principes de Paris et qu’il est actuellement en train de ratifier le Protocole facultatif de la Convention relative aux droits de l’enfant.  De plus, la politique de la jeunesse du Myanmar adoptée en 2017 classifie les anciens jeunes soldats comme une des 11 catégories de jeunes vulnérables nécessitant une attention et une protection particulières.  Le Myanmar a aussi signé un accord avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) en janvier dernier pour l’extension du Protocole d’accord complémentaire du plan d’action sur l’élimination du travail forcé qui crée un mécanisme de plaintes et d’alerte pour l’enrôlement des militaires mineurs. 

S’agissant de la responsabilité, des actions ont été prises contre ceux qui ont transgressé la loi.  Au total, 67 officiers et 191 hommes de rang ont été poursuivis pour violation des procédures de recrutement.  Concernant les prétendues violations contenues dans le rapport du Secrétaire général, le représentant a réitéré que des mesures judiciaires seront prises là où existent des preuves claires.  Le Gouvernement a d’ailleurs annoncé sa décision de créer une commission d’enquête indépendante avec un membre « international ».  La Commission se penchera sur toutes les violations des droits de l’homme après les attaques terroristes de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan contre 30 postes de sécurité dans l’État rakhine en août 2017. 

Le représentant a regretté que le rapport du Secrétaire général ne reflète pas de manière adéquate la volonté politique et l’engagement du Gouvernement et de la Tatmadaw ainsi que des nombreux progrès importants faits dans la mise en œuvre du plan d’action.  À cet égard, il a informé le Conseil qu’en vue de sensibiliser et d’accélérer la mise en œuvre du Plan, le Gouvernement a invité la Représentante spéciale à organiser un atelier de formation sur les six violations graves pour le personnel de sécurité au Myanmar. 

Mme NELLY SHILO (Israël) a fait remarquer que le Moyen Orient est rongé par cette atroce réalité des enfants touchés par les conflits.  L’UNICEF, a-t-elle souligné, a dit que 2017 était la pire année pour les enfants syriens, avec des violences commises contre des écoles, des hôpitaux, des aires de jeu et même des foyers d’enfants.  Environ 2,8 millions d’enfants syriens sont actuellement déplacés, tandis qu’au Yémen, 500 enfants ont été tués par des frappes aériennes ou des attaques terrestres.  Depuis des dizaines d’années, a ajouté la représentante, les enfants palestiniens sont exploités par leurs dirigeants.  Les écoles et les rues portent des noms de terroristes et la télévision passe des images où les dirigeants distribuent des bonbons en l’honneur des terroristes qui ont tué des Israéliens innocents. 

Mme Shilo a accusé le Hamas, « organisation internationalement reconnue comme terroriste », d’utiliser les enfants à des terroristes à Gaza, en exploitant les écoles, les hôpitaux et les quartiers résidentiels comme bases pour ses activités, et même en utilisant les gens, dont des enfants, comme boucliers humains.  L’été, les enfants de Gaza ne sont pas en colonies de vacances mais dans des camps militaires d’où le Hamas recrute des milliers d’enfants, avant de bombarder ceux des Israéliens dans les centres urbains.  Elle a dénoncé le fait que les groupes de travail de la communauté internationale sur le terrain comprennent des organisations comme DCI-Palestine, qui est étroitement liée au Front populaire de libération de la Palestine, une « organisation reconnue sur le plan international comme terroriste ».  Pour protéger les enfants, il faut investir dans la jeunesse et l’autonomiser pour qu’elle soit actrice de la paix et de la prévention des conflits.  Elle a aussi recommandé de fournir l’éducation et les soins nécessaires à ceux qui ont subi les affres de la guerre.

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a rappelé qu’il incombe principalement aux États Membres de protéger les enfants, qu’il s’agisse de promouvoir leurs droits ou d’assurer leur croissance et leur développement.  À cette fin, le renforcement des capacités nationales est aussi une composante clef de cet objectif, a noté le représentant.  Mais, a-t-il ajouté, la vulnérabilité des enfants exige aussi que l’on prévienne leur recrutement, leur radicalisation et la dissémination de l’idéologie terroriste.  La protection et le respect des intérêts de l’enfant devraient prévaloir dans la lutte antiterroriste et la mise en œuvre des accords de paix, y compris le volet réintégration, qui doit servir de base pour « créer un changement transformatif et viable de la société », propice à la paix et à la stabilité durables, a conclu la délégation.

Pour M. CHO TAE-YUL (République de Corée), il reste beaucoup d’écart entre les aspirations et la réalité de terrain.  S’alarmant des chiffres présentés dans le rapport du Secrétaire général, il a aussi dénoncé le fait que les enfants de moins de 18 ans représentent plus de la moitié des réfugiés de par le monde.  Nous devons continuer à mettre l’accent sur la prévention, c’est le changement de paradigme qui va nous permettre de combler l’écart entre nos engagements et la réalité de terrain, a insisté le délégué, qui était l’année dernière Président de la Commission de la consolidation de la paix, au sein de laquelle il a travaillé avec le Secrétaire général pour faire avancer cet agenda.  Il faut d’abord éviter que les enfants soient exposés à l’extrémisme violent, a suggéré le représentant qui a parlé du lancement, l’année dernière, d’une plateforme de partage de connaissance mise en place avec l’appui d’entreprises telles que Google, Microsoft, Facebook et Twitter pour renforcer la capacité des petites entreprises à lutter contre l’utilisation d’Internet par les terroristes. 

Le représentant a aussi appelé à une lutte efficace contre l’impunité, insistant sur le rôle complémentaire de la Cour pénale internationale.  Nous devons utiliser tous les outils, y compris les mécanismes de suivi établi par le Conseil de sécurité, les annexes du rapport du Secrétaire général et les sanctions ciblées, a-t-il recommandé.  Pour le délégué, les enfants doivent être considérés comme les moteurs de maintien de la paix et intégrés dans les processus de paix.  À cet effet, il faut renforcer les partenariats avec les organisations régionales, les institutions financières internationales et la société civile.  La Représentante spéciale a un rôle à jouer pour exploiter toutes les ressources disponibles, a-t-il déclaré.  Il faut enfin prêter une attention particulière à la réintégration des enfants soldats et des enfants de combattants terroristes, « sans stigmatisation ».  La République de Corée apporte d’ailleurs une assistance à la Colombie pour réintégrer les anciens combattants, y compris les jeunes soldats. 

M. JÔRN OLIVER EIRMANN (Liechtenstein) a salué la Déclaration sur la sécurité des écoles, soutenue par 76 États, dont le sien, et qui se présente comme un engagement important pour la poursuite de l’éducation en temps de conflit armé.  Pour le Liechtenstein, les annexes du rapport du Secrétaire général sont un outil de pression sur les acteurs étatiques ou non.  Le délégué a déploré les atrocités dont sont victimes les enfants rohingya, dans leur pays comme dans les camps de réfugiés.  Il s’est dit inquiet des informations faisant état de la disparition de femmes et d’enfants dans des camps au Bangladesh, souhaitant que le Conseil de sécurité renvoie cette question à la Cour pénale internationale (CPI).

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que le Conseil de sécurité avait récemment été le témoin des besoins urgents de protection des enfants dans les camps de réfugiés rohingya à Cox’s Bazar.  Les enfants représentent en effet 58% des 700 000 réfugiés rohingya ayant fui l’État Rakhine depuis le mois d’aout 2017, a précisé le représentant.  De plus, à ce jour, plus de 36 000 de ces enfants ont été déclarés orphelins, dont plus de 7 000 orphelins de père et de mère.  Sans leur famille, ces enfants se trouvent dans une situation très vulnérable et risquent d’être victimes de la traite et autres exploitations sexuelles.

En moyenne, a poursuivi le représentant, 60 enfants naissent chaque jour dans les camps de réfugiés rohingyas.  Certains d’entre eux sont le fruit d’un viol, très probablement utilisé comme arme de guerre.  Le Bangladesh, a affirmé le représentant, s’est attaché à régler le sort de ces enfants dans l’Accord bilatéral conclu avec le Myanmar sur le retour volontaire et sûr.  Mais la violence n’a pas diminué dans l’État Rakhine, ce qui est une évolution de nature à retarder encore davantage le retour volontaire des réfugiés, tout comme les rapports faisant état de crimes commis par des groupes non étatiques.  Le représentant a par conséquent appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale à ne pas laisser le Myanmar se soustraire à sa responsabilité d’œuvrer en faveur du retour des réfugiés, notamment en garantissant leur protection et le respect de leurs droits.  Il a également exhorté la Représentante spéciale à présenter au Conseil des recommandations concrètes à cette fin. 

M. CARMELO INGUANEZ (Malte) a estimé que l’on ne peut espérer un avenir paisible alors que des écoles sont bombardées.  La communauté internationale ne doit pas oublier le sort de ces enfants qui vivent le traumatisme des atrocités.  Elle doit leur apporter le soutien nécessaire et les aider à devenir les agents du changement.  À ce titre, l’expérience de Mme Londono de la Colombie est un exemple à suivre, a estimé le représentant qui a plaidé pour que la communauté internationale continue d’investir dans la paix et que les enfants puissent évoluer dans un environnement qui leur permette d’exploiter tout leur potentiel.

Pour M. RICHARD GALBAVY (Slovaquie), le recrutement d’enfants n’est pas seulement inacceptable, il est illégal.  Les enfants n’ont pas leur place sur le champ de bataille.  Encourageant les États à ratifier le Protocole additionnel « sans retard », il a appelé le Conseil de sécurité à renforcer le lien entre maintien de la paix et protection de l’enfance.  Il s’est félicité du rôle de la Représentante spéciale, soulignant qu’une mise en œuvre efficace de son mandat nécessite l’appui de tous les États Membres.  M. Galbavy a insisté sur l’importance fondamentale des conseillers de la protection de l’enfance dans les opérations de maintien de la paix.  Récemment, le Conseil de sécurité a insisté sur l’importance des plans d’actions, a-t-il rappelé, prévenant que ne pas intégrer le secteur de la sécurité dans les solutions au recrutement et à l’utilisation des enfants peut entraîner une reprise des conflits.  Il a à cet égard souligné l’importance de la résolution 2151 (2014).

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a appelé à trouver des solutions pour contrer les tactiques de recrutement d’enfants sur les réseaux sociaux, notamment en investissant dans l’éducation et des actions au niveau communautaire.  Il faut également, a-t-il dit, former davantage les soldats de la paix aux besoins spécifiques de la protection de l’enfance.  Le représentant s’est en outre félicité de la libération de plus de 10 000 enfants en 2017 et a appelé à renforcer les capacités nationales pour réinsérer ces derniers dans leur communauté d’origine.

Mme VERÓNICA GARCÍA GUTIÉRREZ (Costa Rica) a rappelé que toutes les parties à un conflit armé ont l’obligation d’assurer la protection de l’enfance.  Il est impératif de déployer des efforts coordonnés pour la prévention des conflits et l’alerte précoce, et la protection de l’enfance peut faire partie intégrante de ces efforts.  La représentante a insisté pour que les normes consacrées dans la Convention relative aux droits de l’enfant et le droit international humanitaire ne restent pas lettre morte.  Le recrutement d’enfants est inacceptable, de même que la suspension de l’alimentation en gaz, électricité ou autres services de base qui exacerbe la vulnérabilité des populations civiles.  Le Costa Rica, qui a signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, invite les autres États à en faire de même.  Le pays estime aussi que l’ONU et le Conseil de sécurité doivent se doter d’une stratégie de surveillance consolidée et accorder des mandats pertinents aux opérations de maintien de la paix et aux missions politiques.  La représentante a conclu en prônant l’instauration de services de protection de l’enfance dans tous les centres de détention.  Les enfants qui ont été associés à des groupes armés doivent être considérés comme des victimes.  Leur emprisonnement ne peut être qu’une mesure de dernier recours. 

M. MUAZ MOHAMAD A. K. AL-OTOOM (Jordanie) a condamné l’augmentation sans précédent des agressions contre des enfants dans le monde, ainsi que des attaques dirigées contre des hôpitaux et des écoles.  Comment obliger les groupes armés à respecter les droits de l’homme et lutter contre l’impunité? s’est interrogé le représentant, appelant à faire en particulier la lumière sur les violations des droits des enfants palestiniens commises par Israël dans les territoires occupés, où la culture de l’impunité est selon lui sans précédent.  Pour le délégué jordanien, il convient avant tout d’investir dans l’éducation pour lutter contre les effets des conflits sur les enfants.  Aussi, a-t-il appelé à lutter contre la politisation de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui met selon lui en péril l’apport de services éducatifs nécessaires aux réfugiés palestiniens.  Nous ne devrions pas retirer les livres des mains des enfants, a-t-il dit.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a partagé sa joie devant le grand succès de la collaboration entre son pays et les Nations Unies dans la mise en œuvre du plan d’action qui a permis de radier le Soudan des annexes du rapport.  Ce succès n’aurait pas été possible sans le Gouvernement soudanais, le Bureau de Mme Gamba et la collaboration de l’UNICEF, a fait savoir le délégué qui a expliqué que son pays avait reçu, en 2017, une délégation composée notamment du représentant de la Suède et de la Représentante spéciale pour noter et documenter cette expérience.  Par ailleurs, a-t-il fait savoir, le Soudan s’est lancé dans les préparatifs d’une campagne régionale, en partant de l’initiative de la Représentante spéciale.  Le pays a mis sur pied un mécanisme pour signaler les cas d’enrôlement des enfants, dans lequel sont impliqués le Conseil national de l’enfance, la police, le parquet et les tribunaux spécialisés pour le Soudan et le Darfour.  Le Gouvernement du Soudan, a affirmé le représentant, est déterminé à être le premier pays à réussir le plan d’action.  Nous espérons que les autres parties suivront notre exemple, s’est enorgueilli le délégué. 

M. SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie) a noté les conséquences sur les enfants du manque d’accès humanitaire, notamment lorsqu’il s’agit d’affamer la population comme tactique de guerre.  Il a encouragé la Représentante spéciale à développer un guide concret pour la collecte de données sur le déni d’accès humanitaire.  Le représentant a appelé à une action collective pour faire cesser les violations commises contre les enfants, notamment les enlèvements.  Les forces des missions de maintien de la paix doivent avoir la compétence pour répondre de manière proactive à des situations où des enfants sont exposés au risque d’enlèvement et autres graves violations de leurs droits.  La réintégration, a-t-il ajouté, exige des efforts à long terme de la part de tous les acteurs.

Dénonçant ensuite les attaques contre des écoles, M. Yaakob a souhaité que les pays en situation de conflit améliorent leurs capacités d’enquête et de poursuites en justice, rejetant toute impunité.  Il a appelé les États Membres à entériner la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et à mettre en pratique les recommandations du Secrétaire général sur les mesures de protection des soins de santé.  Il a également souhaité des mécanismes pour que les parties coupables de violations et d’abus sur des enfants soient poursuivies en justice.  Enfin, le représentant a souligné à nouveau l’importance du programme du Conseil de sécurité sur la question des enfants et des conflits armés, et des différents outils développés pour garantir l’établissement des responsabilités. 

M. TOBIA PRIVITELLI (Suisse) a indiqué que protéger les plus vulnérables contribue à préserver les atouts futurs de nos pays.  C’est pourquoi la Suisse soutient le partenariat multipartite visant à mettre fin à la violence envers les enfants.  Le but de cette initiative, portée par 271 organisations, est de renforcer la volonté politique et accélérer l’action afin que chaque enfant puisse grandir à l’abri de la violence. 

Pour la Suisse, la réintégration et la réadaptation d’enfants ayant été associés à des forces armées et des groupes armés constituent des facteurs clefs pour éviter la reprise des conflits.  C’est pourquoi, durant l’édition 2018 de la Semaine genevoise pour la paix prévue en novembre, la Suisse et la Représentante spéciale du Secrétaire général prévoient de mettre en lumière les liens entre réintégration des enfants et paix durable, au cours d’un panel interactif auquel devraient participer l’UNICEF ainsi que des acteurs locaux de la consolidation de la paix. 

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a salué les efforts de la Représentante spéciale, notamment sa volonté de créer un dialogue et de faire signer des plans d’actions aux groupes armés non étatiques, responsables de la majorité des cas de recrutement d’enfants.  Citant le rapport du Secrétaire général, elle a déclaré que la tendance générale devrait nous alarmer tous, notamment les attaques contre les écoles et les hôpitaux qui ont des effets dévastateurs sur les enfants.  Elle s’est félicitée de l’approche à long terme pour la réinsertion des enfants affectés par les conflits armés et a demandé la prise en compte des besoins spécifiques des filles.  Les programmes soucieux des besoins des femmes donnent de meilleurs résultats pour elles et pour leur communauté, a-t-elle rappelé.  Elle a aussi appelé à renforcer la participation des jeunes au processus de paix et de rétablissement de la paix.  En renforçant leur participation, nous contribuons à la protection de leurs droits et jetons des fondations solides pour une paix inclusive et durable.  Il est impératif pour les générations à venir que nous redoublions nos efforts pour protéger les enfants et empêcher les graves violations contre leurs droits, a conclu la représentante. 

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a voulu que l’on donne la parole aux enfants, comme le prévoit la Convention relative aux droits de l’enfant, un instrument très puissant qui pose les jalons nécessaires à la prévention.  Il faut également, a-t-elle poursuivi, s’attaquer aux causes profondes des conflits, comme les inégalités, la pauvreté, la marginalisation, qui peuvent aggraver la vulnérabilité des enfants et entraver l’exercice de leurs droits.  L’éducation et la réintégration des enfants sont d’autres domaines importants. 

Mme Vives a remarqué que la coordination des agences de l’ONU avec les entités locales sur le terrain, couplée avec l’élaboration de plans d’action, avait permis des progrès pour les États et les groupes armés non étatiques, citant les cas récents au Mali, Nigéria, République centrafricaine ou encore en Colombie.  Notant malgré tout une recrudescence d’attaques très graves, elle a appelé à documenter les violations.  Andorre a adhéré aux Principes de Paris et à ceux de Vancouver, en plus du Protocole facultatif à la Convention.  Andorre, qui fait aussi partie du Groupe des Amis des enfants touchés par les conflits armés et qui a signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, contribue chaque année au financement du Bureau de la Représentante spéciale.

Malgré un cadre normatif fort et des mécanismes pour surveiller, rapporter et répondre aux graves violations envers les enfants, de grands défis persistent, a enchaîné M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal), qui a mis en évidence la nature changeante des conflits, soulignant les dangers de l’extrémisme violent et de la prolifération des groupes armés non étatiques.  Il a appelé la communauté internationale à s’assurer que des ressources adéquates soient réservées aux programmes de réhabilitation des enfants et à l’éducation dans les situations post conflit.  Les enfants privés de liberté pour leur association à des groupes extrémistes doivent avant tout être considérés comme des victimes, a-t-il aussi insisté.  Le délégué a exprimé son soutien à l’inclusion de clauses sur la protection de l’enfance dans les mandats des opérations de maintien de la paix et à une formation obligatoire avant le déploiement des contingents.  M. Lopes a dénoncé l’impunité qui entoure les attaques contre les écoles et les hôpitaux.  Il a réitéré l’engagement de son pays à faciliter l’accès à l’éducation dans les situations d’urgence, y compris l’enseignement supérieur, et a appelé les gouvernements à adopter la Déclaration sur des écoles sûres.  L’éducation est à la fois un mécanisme pour empêcher le recrutement ainsi qu’un moyen de s’attaquer aux causes profondes d’un conflit, a conclu le représentant. 

M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a indiqué que le rapport du Secrétaire général a mis en exergue une tendance alarmante.  Le représentant a appelé toutes les parties au plein respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Il a réitéré l’importance pour la communauté internationale de renouveler son engagement.  Saint-Marin a d’ailleurs ratifié le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant et approuvé les Principes de Paris.  Il réclame la ratification universelle des instruments internationaux de protection de l’enfance dans les conflits.  Saint-Marin, a conclu le représentant, entend adhérer à la Déclaration sur la sécurité des écoles qui est un instrument important.

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a estimé que la protection de l’enfance était un prérequis à la réalisation de l’objectif 5 de développement durable, « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles », et de l’objectif 16, « Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous ».  De ce fait, la représentante a indiqué que la Constitution équatorienne reconnaît l’enfance comme « un groupe d’action prioritaire » et mentionne la responsabilité de l’État de protéger les enfants contre tout type de violence, de maltraitance et d’exploitation sexuelle. 

Notre Constitution, a-t-elle poursuivi, reconnaît également le caractère volontaire du service militaire après 18 ans et déclare illégal tout type de recrutement forcé.  Le texte indique en outre que les garçons, filles et adolescents sont censés bénéficier d’actions prioritaires en cas de désastre, de conflit armé et de tout type de situation d’urgence.  La représentante a invité les États à prendre exemple sur la Constitution de son pays, en mettant en œuvre des solutions intégrales, financées adéquatement, et en luttant contre l’impunité. 

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d'Iran) a déclaré qu’en 2017, un grand nombre d’enfants palestiniens ont été tués, blessés, arrêtés et détenus par les forces israéliennes.  L’accroissement exponentiel du niveau de ces violations durant les manifestations pacifiques de 2018 place le régime israélien en tête de la liste des tueurs d’enfants dans le monde, a accusé le représentant.  Nous condamnons dans les termes les plus forts possibles la brutalité des Forces de sécurité israéliennes contre les enfants palestiniens, a martelé M. Khoshroo qui a vu une manifestation claire de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité menées dans une totale impunité. 

Ne pas y mettre fin et ne pas traduire les auteurs en justice ne fera qu’encourager Israël à tuer plus d’enfants.  Cette situation, a souligné le représentant, est le résultat de l’échec du Conseil de sécurité à s’acquitter de ses responsabilités, à cause du droit de veto des États-Unis qui accordent ainsi une impunité inconditionnelle au régime israélien dont les Forces n’ont jamais inscrites dans les annexes du rapport du Secrétaire général qui perd ainsi en précision, en crédibilité et en impartialité, a tranché le représentant. 

Au Yémen, la situation des enfants est, au mieux, comparable à celle des enfants palestiniens, a-t-il poursuivi.  Les Forces saoudiennes et émiraties sont les seules responsables de la poursuite du conflit.  La politique délibérée d’Israël, de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis mais aussi de Daech contre les enfants est une tactique de guerre pour exercer un maximum de pression sur leurs adversaires.  Les cas les plus flagrants sont les tueries d’Israël au Liban en 2006, de Daech en Syrie en 2013 et des Forces saoudiennes et émiraties au Yémen en 2018.  Le représentant a réclamé l’établissement des responsabilités pour les crimes de guerre contre les enfants, partout où ils sont commis, en Palestine, au Yémen, au Myanmar ou ailleurs.  Les approches sélectives sont une trahison pour les plus vulnérables d’entre nous, les enfants, que ce processus prétend protéger. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a rappelé son soutien à la résolution adoptée ce matin, « un texte fort qui amène de nouveaux éléments à ce mandat ».  Pour sa délégation, la prévention reste le premier levier de la protection de l’enfance.  Le représentant a également insisté sur l’importance de la participation des enfants à l’élaboration des stratégies et des processus de paix.  La réinsertion psychosociale et éducative des enfants doit être au premier plan pour veiller au bien-être des enfants mais aussi pour briser le cycle de la violence.  Le représentant a également appelé à redoubler d’efforts pour tenir compte des besoins spécifiques des filles dans les conflits armés.  Il a dit l’intention de son pays de s’engager tout particulièrement dans ce dossier pendant les deux années où elle va siéger au Conseil de sécurité, compte tenu d’une augmentation de 35% des violations à l’égard des enfants dans les conflits armés au cours de l’année passée. 

M. MELITÓN ALEJANDRO ARROCHA RUÍZ (Panama) a plaidé pour que justice soit rendue pour des crimes commis contre des enfants.  Il a aussi parlé du stress des enfants déplacés, fuyant la violence, détenus contre leur gré.  Il a plaidé pour des efforts collectifs en faveur des enfants, soulignant que le Panama a déployé des acteurs humanitaires dans des camps de réfugiés syriens en Jordanie.  Il a en outre annoncé que le Panama abritera les journées mondiales de la jeunesse, en présence du pape François en janvier prochain.

M. ION JINGA (Roumanie) a apporté son soutien à l’agenda pour la paix du Secrétaire général et à l’approche des Nations Unies pour consolider la paix, lesquels efforts ne seront couronnés de succès que si les causes profondes du conflit sont prises en compte.  Aussi l’intérêt supérieur de l’enfant doit-il rester prioritaire, en particulier lorsqu’il s’agit d’anciens enfants soldats qui ont besoin de protection et de soutien en vue de réintégrer leurs sociétés d’origine.  C’est pour cette raison que la Roumanie a approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, les Principes de Kigali sur la protection des civils et les Engagements de Paris en vue de protéger les enfants contre une utilisation ou un recrutement illégal par des groupes ou des forces armés.  M. Jinga a également précisé que son pays adhère aux Principes de Vancouver.

Mme MILICA PEJANOVIĆ ĐURIŠIĆ (Monténégro) a indiqué que son pays avait ratifié les Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant, et a approuvé les engagements juridiquement non contraignants que constituent les Principes de Paris et la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, mais aussi les Principes de Vancouver.  Elle a estimé qu’une composante vigoureuse sur la protection de l’enfance devrait être incorporée dans le maintien de la paix, ce qui suppose une formation adéquate du personnel.  Enfin, a dit la représentante, les efforts de réintégration des enfants précédemment associés aux forces armées devraient être une priorité. 

M. RIYAD H. MANSOUR, observateur permanent de l’État de Palestine, a axé son intervention sur la protection que le droit international confère aux plus vulnérables comme les réfugiés et les enfants.  Notant que depuis la Deuxième Guerre mondiale, la protection des civils est considérée comme une priorité absolue, il a avoué avoir du mal à s’expliquer l’écart qui existe 70 ans après entre les obligations juridiques des États et l’incapacité à les rendre comptables de leurs actes.  La prévention, la protection et l’établissement des responsabilités sont indispensables pour sauver les générations des affres de la guerre, a-t-il estimé.  Il a donc insisté sur le respect du droit international humanitaire et du droit des réfugiés qui sont des instruments centraux pour la protection de l’enfance et des civils dans les conflits armés. 

La Palestine, a-t-il rappelé, a adhéré à la Convention relative aux droits de l’enfant et à son Protocole facultatif.  Elle a dûment endossé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Elle demande donc que tous les instruments internationaux soient respectés et appliqués.  Les enfants palestiniens, a rappelé l’observateur, souffrent de la fermeture de leurs écoles et du manque d’accès humanitaire depuis des décennies.  Ils sont également privés d’un soutien psychosocial en raison du sous-financement de l’UNRWA.  L’observateur a donc demandé qu’Israël soit inscrit sur la liste des parties qui commettent des violations graves contre les enfants.

Le rapport du Secrétaire général aurait dû mentionner spécifiquement l’occupation coloniale israélienne des territoires palestiniens et le sort des enfants palestiniens, a souligné l’observateur qui a demandé que la Représentante spéciale dénonce « publiquement » les crimes commis contre les enfants palestiniens. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a relevé que l’avenir des enfants est particulièrement menacé au Moyen-Orient.  Les Émirats arabes unis apportent bien une aide humanitaire mais les extrémistes comme Daech et Al-Qaida, continuent d’utiliser les enfants comme kamikazes.  La représentante a aussi dénoncé la « longue crise palestinienne » et son impact sur les enfants, dénonçant par exemple le fait qu’Israël ait mis en détention de nombreux enfants palestiniens.

Sur la situation au Yémen, elle a affirmé que la coalition à laquelle son pays participe assume sa responsabilité de protéger les civils et prend toutes les mesures pour éviter que le conflit ne les affecte.  La coalition a par exemple établi une unité de protection de l’enfance, travaillant en étroite collaboration avec le Bureau de la Représentante spéciale.  La représentant a plutôt dénoncé les houthistes qui utilisent les enfants à des fins militaires et comme boucliers humains.

Des débats comme celui d’aujourd’hui et des résolutions comme celle adoptée ce matin ne seront utiles que si les États Membres sont sincères dans leurs efforts de mettre en œuvre les mesures arrêtées, a prévenu M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives).  Les membres du Conseil de sécurité, a-t-il estimé, pourraient par exemple commencer par réduire le flux des armes qu’ils envoient dans des zones de conflit, car c’est la fourniture d’armes, légales ou non, qui exacerbe les conflits.  Pour protéger les enfants des conflits, la communauté internationale doit travailler ensemble aux causes profondes de ces conflits. 

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a appelé les États Membres à renforcer les instruments de protection de l’enfance, avant d’affirmer que son gouvernement ne ménage aucun effort pour assurer le bien-être des enfants dans les deux zones occupées de la Géorgie, l’Abkhazie et la région de Tskhinvali.  Le représentant s’est dit préoccupé par l’interdiction de l’enseignement en géorgien dans les écoles de ces zones.  Il exprime le souhait de son pays de renforcer la protection de ces enfants, en œuvrant à un règlement pacifique de ce conflit, comme en témoigne l’initiative de paix proposée par son gouvernement.

Préoccupé par les violations des droits et des intérêts de l’enfant, M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a expliqué que c’est la raison du soutien de son pays aux efforts des Nations Unies dans les situations de conflits armés, ce dont témoigne la présence de 2 000 troupes tanzaniennes dans diverses opérations de maintien de la paix onusiennes.  Pour sa délégation, la prévention exige une solution globale qui tienne compte des causes profondes des conflits et associe les États Membres aux organisations régionales et sous-régionales.  Dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité, les programmes de formation orientés vers la prévention devraient être prioritaires, a estimé le représentant, pour qui une augmentation de l’aide aux pays touchés par les conflits pour reconstruire les infrastructures et les systèmes de santé serait également utile.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria) a condamné, dans les termes les plus forts, les enlèvements d’enfants, y compris ceux commis par Boko Haram et Daech.  Le délégué a appelé à la libération immédiate et sans condition de tous les enfants enlevés.  Il a demandé aux parties aux conflits armés de cesser immédiatement les attaques illégales contre les écoles, les écoliers et les enseignants.  À cette fin, il a salué la libération des filles de Chibock et Dapchi et assuré que les efforts continueront jusqu’à ce que toutes les filles enlevées soient libérées.  Le Gouvernement, a ajouté le délégué, a pris de mesures pour répondre aux besoins des victimes du terrorisme de Boko Haram en entamant des procédures juridiques y compris la poursuite de quelque 200 terroristes devant les tribunaux compétents et des programmes de réintégration, d’orientation et de réhabilitation visant à répondre aux besoins de chaque victime de violence sexuelle. 

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a déclaré que les enfants de Gaza vivent sous un embargo injuste depuis 10 ans.  Il a rappelé que certains de ces enfants ont été tués il y a quelques semaines alors qu’ils revendiquaient le respect de leurs droits au cours de manifestations pacifiques.  Il a déploré le fait que le rapport du Secrétaire général contienne certaines informations erronées, souhaitant que cela soit rectifier dans l’avenir.  Il a affirmé que la coalition à laquelle son pays participe au Yémen, prend toutes les précautions d’usage pour protéger les enfants.  Ce n’est pas le cas des milices houthistes, soutenus par l’Iran, qui utilisent des enfants dans le conflit, a-t-il dénoncé. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a expliqué que son pays avait participé au processus consultatif qui a débouché au rapport du Secrétaire général.  S’agissant des informations sur les frappes aériennes contre les écoles, il a expliqué qu’il n’y a jamais eu de frappes délibérées dans la lutte pour la libération des zones occupées par les terroristes.  S’agissant de la poursuite judiciaire des enfants associés aux groupes terroristes, l’Iraq applique une loi qui fait la distinction entre enfants associés et terroristes et qui accorde un traitement préférentiel aux mineurs qui dépendent d’ailleurs de tribunaux spéciaux.  Le représentant a reconnu que certains sites civils occupés auparavant par les groupes terroristes sont toujours soumis à des opérations de déminage.  L’Iraq n’a d’ailleurs jamais cessé de collaborer avec la Représentante spéciale et a même déployé des efforts considérables pour assurer la réinsertion des anciens enfants soldats, a affirmé le représentant.  Il a ajouté que son gouvernement a invité la Représentante spéciale à se rendre dans son pays.  Une équipe spéciale est en effet venue en mai dernier et a formulé des recommandations qui ont été soumises au Gouvernement iraquien et à la Mission de l’ONU.  Le représentant a donc regretté certaines contrevérités dans le rapport du Secrétaire général qui ne tient d’ailleurs pas compte des difficultés que connaissent les pays aux prises avec des groupes terroristes. 

Après avoir souligné l’attachement de son Gouvernement à la protection de l’enfance dans les zones de conflit armé, Mme SAADA DAHER HASSAN (Djibouti) a mis l’accent sur l’adhésion de son pays à différents instruments internationaux, dont la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  La représentante a avoué qu’elle était préoccupée par les activités visant à déstabiliser Djibouti dont le recrutement, la formation et la fourniture d’armes et d’équipements à une centaine de jeunes djiboutiens, y compris des mineurs.  Les rapports successifs du Groupe de contrôle pour la Somalie et l’Érythrée l’ont abondamment dit.  L’Érythrée doit cesser définitivement son action hostile et libérer le territoire qu’elle occupe illégalement depuis maintenant 10 ans.  Si elle veut démontrer sa volonté de résoudre définitivement le litige frontalier qui l’oppose à Djibouti, l’Érythrée doit accepter de se soumettre à l’arbitrage international.  La corne de l’Afrique a besoin de paix, elle la mérite, a souligné la représentante. 

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a estimé que la meilleure stratégie pour protéger les enfants contre leur participation à la guerre et les conséquences de celle-ci est de prévenir et de résoudre les situations de conflit en évaluant leurs causes structurelles.  Il a cité à cet égard la vulnérabilité socioéconomique, l’intolérance ethnico-religieuse, la discrimination et l’exclusion comme éléments qui conduisent les enfants à participer aux hostilités et qui accentuent les répercussions négatives des conflits armés sur eux.  Un autre facteur de prévention est de faire cesser les interventions militaires étrangères, a-t-il ajouté, exhortant les États à agir en conformité avec la Charte des Nations Unies. 

Le Venezuela, a poursuivi le représentant, condamne catégoriquement les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme commises contre des enfants lors de conflits armés.  Il exhorte les parties à ce genre de conflit à assumer leurs obligations juridiques.  L’ONU, a ajouté le délégué, doit agir de manière cohérente en ce qui concerne les mesures de protection de l’enfance.  Il a dénoncé la pratique du « deux poids, deux mesures », faisant observer que certains pays appellent à la responsabilité pour les violations des droits de l’enfant dans des conflits armés mais restent silencieux devant le sort des enfants palestiniens.  Le représentant a conclu en appelant à un ferme appui aux programmes de désarmement, démobilisation et réintégration.

M. TEODORO LOPEZ LOCSIN, JR. (Philippines) a rappelé qu’en mai 2017, des militants affiliés à Daech ont pris Marawi, une ville dans le sud des Philippines.  Après cinq longs mois d’affrontements, les Forces gouvernementales ont repris la ville mais avec un énorme coût en vies humaines et en infrastructures civiles.  Malheureusement, a ajouté le délégué, des enfants enrôlés par les militants ont été blessés durant les combats.  Les écoles occupées ont été reprises mais la ville a été détruite confirmant le paradoxe selon lequel « parfois il faut détruire un village pour le sauver parce qu’il ne peut pas être laissé aux mains des militants derrière le dos d’une armée qui avance ». 

Les rébellions et les conflits armés sont des questions complexes mais elles ont des solutions, a laissé entendre le représentant.  La paix est l’essence même du programme présidentiel, a-t-il assuré.  Le Programme en six points pour la paix et le développement vise de nouveaux accords conformes aux droits de l’homme et à la Constitution.  Il a été conçu pour promouvoir une culture de paix et de développement économique dans les zones de conflit.  Le Président a d’ailleurs demandé à son Ministre de la paix de reprendre les pourparlers avec les rebelles communistes qui ont rejeté l’offre. 

Les forces armées des Philippines sont les seules responsables de la paix, mais surtout de la sécurité des enfants, a ajouté le représentant.  En vertu du règlement « Protection des enfants dans les situations de conflit armé », les enfants bénéficient d’une protection spéciale.  Les enfants secourus, récupérés, appréhendés pour association présumée avec des groupes armés rebelles, sont remis à l’agent local de protection sociale et reçoivent les traitements dont ils ont besoin, dont un appui psychosocial.  Les Forces armées et la Commission pour le bien-être de l’enfant travaillent avec l’UNICEF pour mettre fin aux violations des droits de l’enfant.  Mais l’armée reçoit peu de crédit pour ses efforts alors que les « ennemis de l’État » sont loués pour leur intention déclarée mais jamais concrétisée de mettre fin au recrutement des enfants, s’est étonné le représentant.

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a dit que la protection et l’intégration de l’enfant devraient faire partie de toute gestion des conflits et de toute politique de prévention.  Elles peuvent être renforcées par l’élaboration de plans d’action nationaux axés sur la prévention des violations contre les enfants, conformément au droit international humanitaire et aux droits de l’homme, et à la Convention relative aux droits de l’enfant.  Nous sommes encouragés par la libération d’enfants soldats qui ont été réintégrés dans la société par les États Membres et les agences des Nations Unies en particulier l’UNICEF.  Nous devons veiller à ce qu’une réintégration par un appui psychologique et un accès à l’éducation rompe le cycle de la violence, dans l’intérêt d’une paix durable. 

M. ABDULRAHMAN YAAQOB Y.A. AL-HAMADI (Qatar) a invité la communauté internationale à prendre des mesures adéquates pour la protection de l’enfance.  Le Qatar prendra part, a-t-il souligné, à l’organisation du premier Sommet sur la participation des jeunes aux processus de paix, prévu en Finlande au cours de cet été.  Pour le Qatar, le droit à l’éducation doit être garanti, même en cas de conflit armé.  C’est pourquoi le pays a mis en place, en collaboration avec l’UNICEF, un programme qui a permis de scolariser plus de 10 millions d’enfants dans plus de 50 pays dans le monde.  Un autre partenariat du Qatar avec les Nations Unies vise la création d’emplois en faveur des jeunes, afin d’éviter que ces derniers ne cèdent aux appels de l’extrémisme violent. 

Pour M. MARWAN ALI NOMAN AL-DOBHANY (Yémen), la protection de l’enfance dans les conflits armés est une priorité dans son pays où un conflit fait rage avec la milice houthiste qui recrute même les enfants dans les orphelinats.  La milice prive en tout 1,4 million d’enfants de leur droit à l’éducation puisqu’elle a converti 1 500 écoles en casernes ou en prisons et a détruites d’autres.  Le Gouvernement yéménite a mis en place un Plan d’action en collaboration avec l’UNICEF.  Il a également publié des instructions à l’armée et libéré les enfants recrutés par les milices qui attendent leur réinsertion.  La semaine dernière, le Gouvernement a envoyé une lettre à la Représentante spéciale pour lui demander son soutien dans la mise à jour du Plan d’action.

Le représentant a reproché aux Nations Unies de continuer de se fonder, pour collecter des informations, sur la société civile affiliée aux milices houthistes.  Il faut plus de transparence, s’est-il impatienté, en exprimant la disposition de son gouvernement à recevoir une équipe d’établissement des faits de la Représentante spéciale.  Il a, en outre, demandé à cette dernière une aide pour l’amélioration du registre des naissances et a espéré que les efforts de son gouvernement seront pris en compte et déboucheront sur le retrait du Yémen de la liste des États commettant des violations contre les enfants.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a salué les efforts de la Représentante spéciale visant à renforcer la protection de l’enfance en développant davantage de synergies entre les agences onusiennes, les organisations régionales et sous-régionales et les ONG internationales et locales.  Dans notre région, a poursuivi le représentant, après « l’agression de l’Azerbaïdjan contre le peuple de Haut-Karabakh », la population civile et les infrastructures civiles, y compris des écoles et des hôpitaux, ont été pris pour cible de manière « indiscriminée » et « délibérée », causant la mort de plusieurs écoliers.  Le fait de déployer des installations militaires dans des enceintes civiles et de les utiliser comme rampe de lancement pour procéder à des tirs d’artillerie le long de la frontière est une violation claire du droit international humanitaire.  Certes, a-t-il estimé, les rapports faisant état de « violations effroyables » contre des enfants sont profondément alarmants.  Mais certaines pratiques visant à exposer des enfants vulnérables à la « propagande de haine », en les incitant à la violence et à la haine raciale, ne sont « pas moins inquiétantes », a ajouté le représentant qui a appelé à l’éradication de ces pratiques

Pour M. OMAR HILALE (Maroc), le débat d’aujourd’hui a le mérite de poursuivre la mobilisation internationale pour protéger les enfants, mais il est aussi le constat que les efforts investis jusqu’à présent, pour mettre fin aux violences faites aux enfants, à leur implication ou leur utilisation dans les conflits armés, sont insuffisants.  Il a estimé que les efforts de la communauté internationale gagneraient à s’inscrire dans une approche plurielle et stratégique, traitant non seulement des situations de conflit en cours, mais aussi, mettant l’accent sur le volet prévention.  Cette approche doit être pragmatique, combinant à la fois des mesures incitatives et des mesures plus contraignantes notamment en matière de reddition de comptes et de lutte contre l’impunité.

Pour le Maroc, prévenir les conflits passe par l’enracinement de la démocratie, le renforcement de la bonne gouvernance, la promotion du développement durable et le respect de l’état de droit et des droits de l’homme.  La prévention passe aussi par la sensibilisation des communautés à travers leurs leaders communautaires et religieux, les médias traditionnels et l’école.  Il faut en outre renforcer l’arsenal juridique, politique et institutionnel en faveur de la prévention et de l’élimination de la violence contre les enfants.  Le représentant a encouragé les États Membres à endosser les Principes et les Engagements de Paris et à traduire les traités internationaux pertinents dans leurs législations nationales.  Le Maroc encourage aussi des mécanismes efficaces de détermination de l’âge afin de prévenir tout recrutement de mineurs, ce qui suppose la tenue de registres des naissances rigoureux.  La lutte contre l’impunité joue également un rôle essentiel dans le combat pour la protection de l’enfance, a estimé le représentant qui a exigé que les parties qui recrutent les enfants qui n’ont pas l’âge légal soient poursuivies en justice.  Pour sa part, le Maroc a adhéré à l’ensemble des textes internationaux relatifs aux droits de l’enfant.

M. MARIA THEOFILI (Grèce) a fait de la protection des enfants dans les conflits armés une priorité, en ratifiant le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant et en approuvant les Principes de Paris et de Vancouver.  Au niveau national, Athènes est en train d’élaborer un Plan d’action national dédié aux droits de l’enfant, avec la participation de toutes les parties prenantes, y compris la société civile.  Un accent particulier sera mis sur les enfants non accompagnés, a précisé le représentant, qui a souligné l’importance, aux yeux, de son Gouvernement, des droits des enfants migrants ou demandeurs d’asile en Grèce.  En outre, un bureau spécial a été mis en place pour l’éducation des réfugiés destiné à faciliter leur entrée dans le système éducatif grec, qui prévoit aussi un dispositif de soutien psychologique, a précisé la délégation.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a dénoncé le fait que le rapport du Secrétaire général ne mentionne pas les violations faites dans les territoires palestiniens, déplorant ainsi une approche marquée par les « deux poids, deux mesures ».  Il a invité les auteurs du rapport à se rattraper l’année prochaine, afin de mettre la lumière sur ces faits et favoriser la recherche de solutions.  Le représentant a souligné que l’Égypte a adapté sa Constitution aux accords internationaux de protection de l’enfance, notamment après que le pays a ratifié le Protocole facultatif de la Convention relative aux droits de l’enfant.  Le pays prend également des mesures spéciales en faveur des enfants réfugiés qui reçoivent les mêmes services éducatifs et sanitaires que les enfants égyptiens.  Enfin, le délégué a affirmé que l’on ne peut éliminer les violences contre les enfants dans les zones de conflit tant que les auteurs de telles violations ne sont pas traduits en justice.

Rappelant l’expérience douloureuse du Rwanda, Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a raconté combien les enfants avaient souffert durant le génocide et que le principal problème du pays aujourd’hui était de faire face à ce profond traumatisme.  Briser le cycle de violence et lutter contre les causes des conflits doit être notre objectif à tous, a-t-elle insisté.  Les droits de l’enfant doivent être respectés et protégés, peu importe le contexte.  Insistant sur l’obligation de rendre des comptes, elle a souligné l’importance cruciale de la collaboration entre les organisations internationales, régionales et sous-régionales, que ce soit pour le développement d’outils et de stratégie de prévention, la mise en place d’un processus consultatif inclusif pour développer des lignes directrices de l’intégration de la protection de l’enfance dans les processus de paix, le développement de services de protection de l’enfance dans les pays affectés par les conflits ou encore l’élaboration de programmes et de politiques pour la réintégration d’anciens enfants soldats dans les communautés.  Il est impératif de renforcer les liens existants entre la protection de l’enfance, les droits de l’enfant et la prévention des conflits. 

L’accès à l’éducation et aux soins de santé doit être une priorité absolue » a déclaré la représentante, en appelant le Conseil de sécurité à considérer d’autres consultations avec des experts de la protection de l’enfance pour veiller à de bons mandats pour les opérations de maintien de la paix.  Les enfants peuvent être des agents positifs du changement si on leur en donne la possibilité, a-t-elle souligné.  La représentante a donné l’exemple du Sommet national des enfants, organisé chaque année au Parlement rwandais, qui rassemble des enfants de tout le pays et leur permet d’exprimer leurs points de vue et dire ce qu’ils attendent de leur pays.  Le Gouvernement se charge ensuite d’appliquer les recommandations et d’en assurer le suivi. 

Mme LUZ DEL CARMEN ANDÚJAR (République dominicaine) a fermement condamné les attaques contre les écoles qui démontrent qu’au-delà de la dimension sécuritaire, les enfants en situation de conflit sont également victimes d’une crise des droits de l’homme et du développement social.  L’éducation est toujours l’une des pertes principales lors d’un conflit, a-t-il affirmé, avant d’ajouter que c’est aussi généralement l’un des derniers services à être rétablis.  C’est la raison pour laquelle la République dominicaine a entériné la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  S’agissant de l’ensemble des violations des droits des enfants, la représentante a appelé à renforcer le respect du droit international pour mettre fin à l’impunité, tout en adoptant parallèlement des mesures de compromis, comme la signature de plans d’action avec les parties aux conflits.

Malgré les progrès accomplis, M. LEWIS GARSEEDAH BROWN II (Libéria) a regretté que la tendance générale continue à poser une menace pour le futur.  Notant que les plus vulnérables au recrutement sont les enfants les plus pauvres, il a appelé à faire le lien entre protection de l’enfance, droits de l’enfant et prévention des conflits dans les plans d’action nationaux sur les objectifs de développement durable.  Nous devons agir avec détermination pour mettre fin aux conflits, a aussi déclaré le délégué, ajoutant que quand les institutions d’un État se sont clairement effondrées, il est alors peut-être temps de faire le devoir de protection et de mettre fin aux conflits.  Le Libéria connaît « une chose ou deux » des enfants soldats, a enchaîné le délégué, qui a salué le travail de la Représentante spéciale et de l’UNICEF, ainsi que des nombreux acteurs locaux, en dépit de moyens limités.  Il faut en effet des fonds pour soutenir la réintégration des enfants soldats, nombre d’entre eux ayant été exposés aux pires formes d’inhumanité et aux drogues, souvent ostracisés même parfois par leur propre famille. 

Au Libéria, le programme de réintégration se compose d’une formation de trois mois et de trois ans trois ans d’éducation formelle, peu importe le niveau auquel l’enfant a commencé.  Aussi nécessaire que soit le processus de réintégration, c’est aussi celui qui est le moins soutenu dans les efforts de paix, a regretté le délégué qui a ajouté qu’au Libéria, il y a un nombre « vertigineux » d’enfants soldats à désarmer.  Il s’est longuement attardé sur leur difficulté à se réintégrer, alors qu’ils ont vécu leurs années formatives avec des armes et sans considération pour les règles démocratiques et les normes de la société.  Même si la réintégration est un processus important pour recouvrer un certain sens de la normalité, le premier objectif doit être de trouver les moyens de stopper le recrutement des enfants, a conclu le délégué, qui a à nouveau souligné la nécessité de stratégies à long terme pour la réintégration et le manque de moyens des pays qui en ont le plus besoin. 

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a rappelé que les enfants figurent parmi les victimes d’un conflit « imposé de l’extérieur » à son pays depuis 40 ans.  L’année dernière quelque 3,179 enfants ont perdu la vie alors que d’autres ont subi un lavage de cerveau et ont été recrutés dans des écoles religieuses pour lancer des attentats-suicides.  Face à cette situation, le Gouvernement afghan a pris des mesures concrètes, y compris sur le plan législatif, pour mettre en œuvre les instruments internationaux juridiquement contraignants, a assuré le représentant.  Grâce au Plan d’action commun, un cadre global visant à assurer le bien-être physique et psychologique des enfants afghans, Kaboul a été en mesure de faire des progrès en matière de prévention du recrutement d’enfants soldats et de réintégration rapide des délinquants juvéniles grâce à des formations professionnelles.  Pour préserver ces acquis, a assuré M. Saikal, l’Afghanistan continuera de renforcer le nouveau Code pénal qui criminalise les abus et atteintes sexuelles commis sur des enfants, régit les centres de réhabilitation juvéniles et renforce la présence des unités de protection de l’enfance dans la Police nationale.

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) s’est dit alarmé par le mépris du droit international humanitaire, l’implication grandissante des groupes armés non étatiques, et la montée de l’extrémisme violent, qui ne font qu’exacerber la détresse des enfants.  Il s’est dit tout aussi perturbé par l’usage d’Internet et des médias sociaux pour recruter les enfants.  Il a appelé à des « mesures résolues » pour tenir ceux qui ont commis des violations, responsables de leurs actes et mettre fin à l’impunité.  Un plus grand accent doit être placé sur la réintégration des enfants anciennement associés aux groupes armés, a-t-il également déclaré, ajoutant que des financements prévisibles et durables sont essentiels pour offrir des alternatives à la vie militaire et empêcher le ré-enrôlement.  Mon pays n’est pas étranger au problème, a regretté le délégué, qui a dénoncé, malgré le cessez-le-feu, « les attaques directes et délibérées des Forces armées arméniennes contre les civils ». 

Citant un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), il a dénoncé la destruction et la fermeture d’écoles lors du conflit militaire d’avril 2016, ainsi que la mort d’une petite fille de 2 ans et de sa grand-mère dans le district de Fizuli en juillet 2017.  Même si la vaste majorité des atrocités contre les enfants sont commises par des groupes armés non-étatiques, le fait que certains États prennent des civils pour cibles ne doit pas être ignoré.  Il a demandé à la Représentante spéciale d’accorder une attention particulière aux enfants déplacés et de s’intéresser à la libération des femmes et des enfants, conformément à la résolution que la Commission de la condition de la femme a adoptée en mars dernier. 

M. DENIS RÉGIS (Haïti) a dénoncé l’incapacité de la communauté internationale à protéger les droits de l’enfant en temps de conflit et la passivité, voire l’inertie, du Conseil de sécurité face à l’ampleur et la gravité des violations observées.  Ces manquements constituent selon lui une « source de honte mondiale » et une « trahison » envers des générations entières d’enfants.  M. Régis a indiqué que les autorités haïtiennes attachent notamment une grande importance au renforcement des programmes internationaux prenant systématiquement en compte les besoins des enfants en temps de conflit, y compris ceux qui ont été victimes d’abus et d’autres formes de violence sexuelle, commis « parfois » par des agents officiels d’organismes d’aide et de secours humanitaires sur le terrain.  Dans cette même logique, M. Régis a demandé une « juste réparation » des dommages subis par les victimes de l’épidémie de choléra en Haïti, y compris les milliers d’enfants touchés en près de 10 ans par la maladie, et ce, conformément à la Nouvelle approche des Nations Unies à l’égard de la lutte contre le choléra dans le pays.

M. TANMAYA LAL (Inde) a dit que son pays, l’un des plus grands contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix, est inquiet de voir un manque de ressources mettre en danger les mandats, y compris le déploiement de plus des conseillers de la protection de l’enfance.  Il s’est aussi dit déçu de voir que le rapport du Secrétaire général évoque des situations qui n’ont rien à voir avec les conflits armés ou les menaces à la paix et la sécurité internationales, comme l’exige pourtant la résolution 1379 (2001).  Il a demandé au Secrétaire général d’éviter à l’avenir de telles « distractions », tout en appelant le mécanisme de surveillance et de communication de l’information à travailler en coopération avec les pays concernés qui ont aussi la prérogative exclusive d’autoriser l’accès aux groupes armés.  

Le représentant a par ailleurs déploré qu’une délégation ait profité de ce débat « important » au Conseil de sécurité pour mentionner des situations qui n’ont rien à voir avec la question à l’examen.  Il a accusé cette délégation d’avoir parlé d’un rapport relatif à l’État indien du Jammu-et-Cachemire.  Le fait que ce « soi-disant rapport » révèle clairement le parti pris d’un fonctionnaire qui agissait en outre sans mandat lui enlève toute crédibilité.  Ce rapport ne mérite même pas d’être examiné par les membres de cette enceinte, a tranché le représentant.  Pour nous, a-t-il confié, c’est tout simplement une tentative du Pakistan de détourner l’attention du rôle qu’il joue auprès des organisations terroristes pour saper la souveraineté des autres États.  De telles initiatives n’ont jamais rien donné et ne donneront jamais rien, a prévenu le représentant.

La question des enfants soldats est l’une des préoccupations de notre Gouvernement, qui, sous l’impulsion du Chef de l’État, a décidé d’interdire la pratique de recrutement et d’utilisation d’enfants au sein de nos forces armées et services de sécurité, a déclaré Mme CHARLOTTE OMOY MALENGA (République démocratique du Congo).  Outre une structure chargée de la lutte contre les violences sexuelles, le recrutement et l’utilisation d’enfants, la déléguée a également rappelé une série de mesures législatives et réglementaires prises pour renforcer la lutte contre le recrutement des enfants, notamment la signature, en octobre 2012, du Plan d’action.  « Des progrès indéniables ont été accomplis », s’est félicitée la représentante, qui a cité le cas de 453 enfants sortis des forces armées pour être réunis avec leur famille entre juillet 2015 et mai 2016.  Depuis, les FARDC poursuivent l’objectif de maintenir « zéro enfant en leur sein », avec un contrôle avant l’envoi des recrues vers les centres de formation. 

L’armée travaille en partenariat avec l’UNICEF et la MONUSCO, par exemple pour le renforcement des capacités des acteurs qu’il s’agisse du droit humanitaire en période de conflit, de la responsabilité du commandant de troupes ou des standards opérationnels d’évaluation de l’âge d’un enfant.  Des fonds sont nécessaires pour les 5 331 enfants sortis des forces et groupes armés qui attendent la réintégration, soit scolaire soit en initiation aux métiers.  Aussi longtemps que les groupes armés resteront actifs, cette situation ne pourra prendre fin.  C’est pour cela que le Gouvernement reste déterminé à poursuivre les efforts engagés pour les neutraliser complètement, a conclu Mme Malenga Omoy. 

Le représentant du Pakistan a pris la parole afin de réagir au discours de la délégation indienne.  Répéter des informations non avérées ne leur donne pas autant de la crédibilité.  Il a rappelé qu’un récent rapport du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme énumère les violations des droits de l’homme au Jammu-et-Cachemire dont des enfants innocents tués ou mutilés.  Le représentant a invité le Conseil de sécurité à agir pour empêcher que de telles atrocités ne continuent.

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