Conseil de sécurité: le Secrétaire général appelle les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord à parler et coopérer pour résoudre les conflits
Ouvrant aujourd’hui, au Conseil de sécurité, un débat intitulé « Maintien de la paix et de la sécurité internationales: examen d’ensemble de la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a appelé les pays de cette région minée par les conflits à trouver une plateforme commune pour renforcer les perspectives de coopération politique, environnementale, socioéconomique et sécuritaire.
Ce débat, auquel ont participé près d’une quarantaine de pays concernés, a été organisé par la Fédération de Russie, qui préside le Conseil au mois de juin, afin d’examiner, sous une perspective large, les causes profondes des conflits qui sévissent au Moyen-Orient et les moyens d’y faire face ensemble.
Pendant la guerre froide, a rappelé le Secrétaire général, « les rivaux idéologiques ont trouvé le moyen de parler et de coopérer malgré de profonds clivages, notamment par le biais du Processus d’Helsinki ».
Favorable à l’élaboration d’un programme commun pour le Conseil de sécurité, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Vershinin, a notamment proposé l’élaboration de mesures visant à renforcer la confiance entre le triangle des États arabes, Israël et l’Iran. Il faudrait, selon lui, envisager une initiative de dialogue régional avec la participation de protagonistes extérieurs, à l’instar du « processus d’Helsinki » qui s’est déroulé dans les années 1970 en Europe. L’Initiative de paix arabe et le Plan d’action global commun concernant le programme nucléaire iranien offrent des perspectives constructives à cet égard.
Le Secrétaire général a aussi insisté sur le rôle des organisations régionales et sous-régionales pour appuyer la diplomatie préventive, la médiation et les mesures de rétablissement de la confiance. Se livrant à un véritable tour d’horizon des conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord -de la Syrie au Yémen, en passant par l’Iraq et la Libye, sans oublier le conflit israélo-palestinien, cœur du « bourbier » dans lequel se voit plongée la région – M. Guterres s’est inquiété des profondes divisions et de la perte tragique de la diversité du tissu religieux, ethnique et culturel de la région.
« Des conflits vieux de plusieurs décennies, et d’autres plus récents, auxquels s’ajoutent des griefs sociaux profondément ancrés, le rétrécissement de l’espace démocratique et l’émergence du terrorisme et de nouvelles formes d’extrémisme violent sapent la paix, le développement durable et les droits de l’homme », a-t-il constaté.
Seule note positive dans ce tableau alarmant, le Secrétaire général a salué la consolidation de la démocratie en Tunisie et le respect de la diversité au Liban. La région, a affirmé M. Guterres, doit assurer l’intégrité de l’État et de ses systèmes de gouvernance et l’application équitable de la loi pour la protection de chacun. « Les majorités ne doivent pas subir la menace existentielle de la fragmentation, et les minorités ne doivent pas subir la menace de l’oppression et de l’exil. » En conclusion, il a appelé le Conseil de sécurité à dégager un consensus et à agir d’une seule voix.
« L’expérience montre que toute tentative de faire cavalier seul est vouée à l’échec et ne contribue en rien à régler les problèmes de la région », a insisté le Vice-Ministre russe. Également favorable à la tenue d’un dialogue institutionnel régional inspiré d’Helsinki, l’Égypte a souhaité que celui-ci permette de négocier la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive au Moyen-Orient.
Le Royaume-Uni s’est dit prêt à réfléchir à une telle proposition, tout en notant la nécessité de tenir compte des circonstances propres à chaque pays et des résolutions pertinentes du Conseil. « Une gouvernance démocratique et pluraliste est la condition de la stabilité au Moyen-Orient », a déclaré la France qui a critiqué le silence du Conseil à l’égard de plusieurs crises, l’appelant ainsi à formuler une réponse forte face aux actions du Hamas et d’Israël.
Le Koweït a relevé que les conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord représentent 46% de la charge de travail du Conseil de sécurité. La Palestine a exhorté le Conseil à ouvrir la voie vers « une nouvelle réalité au Moyen-Orient » en s’attaquant à la crise à Gaza et en résolvant la question palestinienne dans sa totalité.
L’Observateur permanent de la Ligue des États arabes a déploré « l’ingérence croissante de nations tierces dans les affaires intérieures des pays arabes ». Certains pays, a-t-il relevé, appuient les Kurdes et d’autres le Hezbollah ou le Jihad islamique. D’autres soutiennent les Frères musulmans, ou bien les Chiites, pour déstabiliser les pays sunnites. Et d’autres encore, a-t-il continué, appuient des groupes terroristes tels que Daech pour affaiblir certains gouvernements de la région. L’Observateur permanent de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) s’est à son tour inquiété de l’impact des interventions étrangères et des guerres de proximité menées dans la région, soulignant que « la médiation ne doit pas se faire sous la contrainte ».
À son homologue turc, qui a affirmé que son pays avait libéré des territoires au nord de la Syrie, le représentant syrien a répondu que les principes du droit international exigent de la Turquie qu’elle coopère avec la Syrie « avant de violer son territoire sans demande préalable ».
Déplorant de s’être retrouvée « seule face au déferlement de migrants » induit par le conflit syrien, l’Italie, appuyée par la Grèce, a insisté sur importance de lutter contre le trafic d’êtres humains en Libye.
Pour leur part, les États-Unis ont dénoncé le rôle du Hezbollah et de l’Iran « qui cherche à tirer des avantages en propageant la misère », et vient rejoindre « l’action déstabilisatrice de la Fédération de Russie ». Le programme nucléaire iranien demeure, selon Israël, la menace la plus dangereuse à la paix et à la sécurité internationales. Mais, à en croire l’Iran, les déclarations « iranophobes » seraient perpétuées par « ceux qui cherchent à créer un ennemi imaginaire afin de vendre leurs armes et de créer une course aux armements dans la région ». L’Iran a dénoncé les crimes de guerre commis par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen. La coalition arabe au Yémen, à la demande du Gouvernement de ce pays, a pour but de sauver le pays des rebelles houthistes soutenus par l’Iran, a contré l’Arabie saoudite.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Lettre datée du 1er juin 2018, émanant du Représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2018/524)
Déclarations
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a constaté que la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord fait face à de profondes divisions, à des tendances troublantes et à la perte tragique de la diversité de son tissu religieux, ethnique et culturel. Des conflits vieux de plusieurs décennies, et d’autres plus récents, auxquels s’ajoutent des griefs sociaux profondément ancrés, le rétrécissement de l’espace démocratique et l’émergence du terrorisme et de nouvelles formes d’extrémisme violent sapent la paix, le développement durable et les droits de l’homme, s’est-il inquiété. Il a aussi averti que l’intégrité territoriale de pays comme la Syrie, le Yémen et la Libye est menacée.
Le Secrétaire général a appelé à examiner les rapports sur le développement humain arabe publiés depuis 2002 par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ces documents pointent des déficits significatifs en matière d’éducation, de libertés fondamentales et d’autonomisation, notamment en ce qui concerne les femmes et les jeunes, a-t-il indiqué. Il a aussi cité une faible participation politique, du fait de l’absence d’une véritable représentation démocratique et des restrictions imposées aux libertés, notant que « l’aspiration des peuples à davantage de liberté et de participation aux processus de prise de décisions ne cesse de croître ».
Ce décalage entre de telles aspirations a parfois débouché sur l’aliénation, l’apathie et le mécontentement. Remédier à une telle situation doit être la priorité des dirigeants nationaux, a-t-il souligné, notant que de nombreuses insuffisances continuent de miner les sociétés de la région. M. Guterres a également attiré l’attention sur le fait que de nombreux problèmes actuels se voient aggravés par le legs de l’ère coloniale et de la Première Guerre mondiale, notamment la dissolution de l’Empire ottoman.
C’est dans ce contexte élargi, a–t-il poursuivi, que le Printemps arabe s’est propagé sous forme d’appel pour l’inclusion, l’opportunité et l’ouverture de l’espace politique. À ce propos, il a rendu hommage au peuple de la Tunisie, où cet appel a commencé, notant les progrès considérables réalisés depuis en matière de consolidation de cette jeune démocratie. Mais, a-t-il regretté, « la promesse tunisienne ne s’est pas concrétisée dans l’ensemble de la région ».
M. Guterres a noté que cette région est en proie à de nombreuses lignes de fracture, à commencer par la « blessure » israélo-palestinienne, la résurgence de rivalités dignes de la guerre froide, le clivage sunnite-chiite et autres schismes ethniques et confrontations politiques. De toute évidence, les perspectives économiques et sociales sont insuffisantes, la confiance dont jouissent les institutions est en baisse et les sociétés se fissurent le long de lignes ethniques et religieuses qui sont manipulées à des fins politiques. Et par moment, a-t-il ajouté, les ingérences étrangères viennent exacerber ce manque d’unité avec des effets déstabilisateurs.
Affirmant que le conflit israélo-palestinien reste au cœur du « bourbier » du Moyen-Orient, le Secrétaire général a insisté sur la nécessité de réaliser la solution des deux États, notant que les récentes violences à Gaza rappellent la fragilité de la situation. Il a aussi insisté sur l’importance de l’appui international, évoquant la tenue, aujourd’hui même, de la réunion consacrée aux annonces de contributions volontaires à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Il s’est ensuite préoccupé de la « litanie de violences » commises en Syrie, notant que ce pays était devenu un champ de bataille pour des guerres de proximité lancées par des acteurs régionaux et internationaux. Et en l’absence d’institutions étatiques dignes de confiance, nombre de Syriens se sont repliés autour d’identités religieuses ou tribales. Il a appelé les parties au conflit à prendre part au processus de paix de Genève et à progresser dans l’établissement du comité constitutionnel, soulignant que la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité représente la seule voie pour mettre un terme au conflit de manière crédible et durable. Plus que jamais, a-t-il insisté, notre objectif est de voir une Syrie unie et démocratique afin d’éviter « un sectarisme irréparable », et d’assurer le plein respect de la souveraineté et de l’intégralité territoriale du pays.
M. Guterres a aussi parlé de la situation au Yémen, « qui souffre d’un conflit prolongé et dévastateur avec une dimension régionale évidente » espérant notamment que le cadre de négociations proposé par son Envoyé spécial puisse servir de base pour la reprise des négociations politiques tant nécessaires. Il a également appelé la communauté internationale à rester mobilisée pour répondre aux besoins des millions de personnes qui sont dans le besoin à Gaza, en Syrie et au Yémen.
Passant à la Libye, le Secrétaire général a noté que le processus de conférence nationale, organisé dans le cadre du Plan d’action de l’ONU, envoie un message fort selon lequel les Libyens souhaitent la fin du conflit et de la période de transition. Il a espéré qu’un « succès politique » en Libye permettra au pays de répondre à la détresse des migrants et des réfugiés qui cherchent à franchir la Méditerranée.
Poursuivant son tour d’horizon, le Secrétaire général s’est attardé sur la situation en Iraq, notant que ce pays avait réussi à surmonter le risque de fragmentation et à vaincre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL). Il a espéré que les institutions du pays puissent assurer la conclusion adéquate du processus électoral, soulignant que dans ce contexte, la reconstruction des zones reprises à Daech doit être une priorité, de même que le retour des personnes déplacées, y compris les membres des minorités religieuses, et la comparution en justice des auteurs d’atrocités.
« Souvenons-nous que ce qui a l’apparence d’un conflit religieux est en fait le résultat de manipulations politiques ou géostratégiques ou un intermédiaire pour d’autres antagonismes », a-t-il fait observer, notant que les exemples abondent de différents groupes religieux réussissant à vivre pacifiquement ensemble pendant des siècles. Il a appelé à s’inspirer du respect pour la diversité que représente le Liban à l’heure actuelle. Il s’est félicité du déroulement pacifique des élections parlementaires au mois de mai et de la formation prochaine d’un nouveau gouvernement. Il a toutefois noté que la recrudescence des tensions régionales risque de menacer la stabilité du Liban, notamment le long de la Ligne bleue. Les efforts de la communauté internationale demeurent essentiels pour aider le Liban à consolider l’autorité de l’État, à protéger le pays des tensions régionales et à accueillir des réfugiés, a-t-il insisté.
M. Guterres a ensuite dit être préoccupé par les risques de déstabilisation dans le Golfe, rappelant son appui aux efforts koweïtiens de médiation et insistant sur l’importance de préserver le Plan d’action global commun « qui doit demeurer un élément précieux de la paix et de la stabilité indépendamment des discussions plus larges sur le rôle de l’Iran dans la région ».
Pendant la guerre froide, a-t-il enchaîné, les rivaux idéologiques ont trouvé le moyen de parler et de coopérer malgré de profonds clivages, notamment par le biais du Processus d’Helsinki. Il a appelé les pays de la région à trouver une plateforme commune pour renforcer les perspectives de coopération politique, environnementale, socioéconomique et sécuritaire. Il a aussi insisté sur le rôle des organisations régionales et sous-régionales pour appuyer la diplomatie préventive, la médiation et les mesures de rétablissement de la confiance.
La région, a affirmé le Secrétaire général, doit assurer l’intégrité de l’État et de ses systèmes de gouvernance et l’application équitable de la loi pour la protection de chacun. « Les majorités ne doivent pas subir la menace existentielle de la fragmentation, et les minorités ne doivent pas subir la menace de l’oppression et de l’exil. » En conclusion, il a appelé le Conseil de sécurité à dégager un consensus et à agir d’une seule voix.
M. SERGEY VERSHININ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a expliqué que sa délégation a convoqué cette séance parce qu’elle souhaite voir « une approche unique dans le règlement des crises et conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ». Il est convaincu que toute décision prise dans ce contexte doit être collective et conforme aux normes du droit international pour être efficace. « L’expérience montre que toute tentative de faire cavalier seul est vouée à l’échec » et ne contribue en rien à régler les problèmes de la région, a-t-il poursuivi. Pour réduire les risques de crise, il faut conjuguer les efforts régionaux dans le cadre de l’ONU et du Conseil de sécurité, a-t-il martelé en insistant sur le rôle de l’ONU.
Pour sa délégation, il faut un dialogue sincère et renforcer les rôles de bons offices du Secrétaire général en évitant toute politisation des questions humanitaires. La Fédération de Russie souhaite en effet un ordre du jour global pour la communauté internationale afin de trouver des solutions aux problèmes dans cette région dans le respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale des pays de la région. « Il faut mettre un terme aux tentatives d’utiliser des groupes terroristes à des fins politiques et il faut lutter contre le terrorisme chimique », a encore exigé le Vice-Ministre.
« Il est intolérable que certains accusent d’emblée autrui, ce qui entrave le travail des experts dans l’établissement des faits », a-t-il poursuivi en regrettant « l’absence de volonté de certains » de soutenir une résolution du Conseil sur l’amélioration des mécanismes d’établissement des faits en Syrie. À cet égard, il a redouté que la réunion de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) qui aura lieu demain ne se transforme « en champs de bataille politique » au lieu de rester une instance technique.
La Russie est prête à contribuer au règlement des crises au Moyen-Orient en ouvrant un dialogue avec l’Iran, Israël, le Qatar, l’Égypte, le Yémen, l’Arabie saoudite et d’autres pays de la région pour créer une architecture de sécurité régionale inclusive à laquelle tous les États de la région seraient associés, a assuré M. Vershinin. Dans cette optique, une première étape pourrait être l’organisation d’une conférence, avec des garanties des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, a-t-il proposé. Elle pourrait à terme être élargie à d’autres pays du Moyen-Orient. Constatant ensuite que les conflits sont particulièrement dangereux lorsqu’ils ont une coloration interconfessionnelle, surtout lorsqu’il s’agit des clivages sunnites-chiites, il a appuyé la proposition de l’Union interparlementaire d’organiser une conférence internationale sur le dialogue interreligieux et interethnique, qui pourrait se tenir Russie en 2022.
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a noté qu’il n’y a pas si longtemps, Daech avait réussi à contrôler de larges pans de territoires, assumant presque des attributs d’un État. À aucun moment, la faiblesse de la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme n’a été aussi flagrante, s’est-il inquiété.
Il s’est aussi préoccupé de l’usage répété d’armes chimiques dans la région qui vient saper l’architecture internationale de non-prolifération. En outre, les menaces auxquelles doit faire face le Plan d’action global commun concernant le programme nucléaire iranien sont lourdes d’implications pour la région, a-t-il ajouté, notant par ailleurs une intensification des rivalités géopolitiques.
Alors que les conflits et les situations de crise sapent les avancées réalisées en matière de développement, débouchant notamment sur un taux de chômage élevé parmi les jeunes, l’aggravation des tensions sectaires et la destruction d’un tissu social vieux de plusieurs siècles, il a appelé à adopter une approche holistique pour faire face aux défis sécuritaires, socioéconomiques et humanitaires de la région.
Il a aussi appelé à lancer un dialogue et des négociations authentiques et sincères entre les parties concernées, faisant par ailleurs part de son appui aux missions de bons offices du Secrétaire général de l’ONU.
Le représentant a aussi insisté sur le rôle essentiel du Conseil de sécurité pour prévenir et résoudre la violence et établir des initiatives de paix durables. Il a déploré la paralysie et le dysfonctionnement du Conseil sur les questions liées à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient.
Il s’est préoccupé des tentatives « d’exporter » certaines des questions difficiles et litigieuses, avertissant que cela ne fera qu’exacerber les divisions actuelles. Pour l’Éthiopie, il n’y a pas d’autre choix que de rétablir la crédibilité du Conseil, une responsabilité qui revient autant aux membres permanents qu’aux membres non permanents.
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a estimé que face à ces nombreux conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la seule solution viable est d’établir des rapprochements, de coopérer et renforcer la confiance entre les États Membres de l’ONU, les membres du Conseil de sécurité et les nations de la configuration triangulaire États arabes-Israël-Iran. Il a indiqué que faire face aux causes profondes de ces conflits récurrents nécessite la mise en place d’un plan d’action global par les gouvernements, l’ONU et les organisations internationales, en accord avec les conventions internationales et la nouvelle réforme du Secrétaire général.
En outre, les opérations de maintien de la paix doivent s’accompagner de mesures de diplomatie préventive et de médiation en vue d’une paix durable. La résolution pacifique des conflits doit prévaloir sur les solutions militaires. Les parties aux conflits doivent respecter les cessez-le-feu afin de permettre un accès humanitaire sans entrave aux nécessiteux. Plaidant pour l’unité, M. Umarov a jugé essentiel de sauvegarder la crédibilité du Conseil de sécurité, qui doit engager des enquêtes sur des actes relatifs au conflit israélo-palestinien et en cas d’usage d’armes chimiques, afin d’identifier les auteurs.
Pour le Kazakhstan, « l’usage de la force ne doit pas être une option sans l’accord du Conseil de sécurité », quelle qu’en soit la justification. En plus des mesures politiques pour venir à bout des conflits, le Kazakhstan propose le renforcement du nexus sécurité-développement, tout comme une approche régionale innovante et remaniée, avec « Unis dans l’action » de l’ONU à sa base, et avec des actions de la communauté internationale en vue d’éliminer le terrorisme international. Il faut également œuvrer à faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires et de toute arme de destruction massive, a ajouté le représentant.
M. WU HAITAO (Chine) a noté que la situation dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est morose, en citant les crises humanitaires, la menace terroriste et d’autres problèmes qui « sont liés de façon intrinsèque ». Les pays de la région et la communauté internationale doivent adhérer à la philosophie de la sécurité durable et tournée vers l’avenir.
Pour la Chine, il faut aujourd’hui adhérer au principe de dialogue et de la concertation pour promouvoir les règlements politiques de ces problèmes. Dans ce contexte, le représentant a estimé que la question israélo-palestinienne restait au cœur de ces problèmes et que, par conséquent, il fallait de toute urgence relancer ce processus de paix.
S’agissant de la Syrie, il a plaidé pour une revitalisation des pourparlers de paix de Genève. En outre, la Chine appelle à appuyer les efforts de médiation du Secrétaire général au Yémen et à pousser au retour des partis politiques à la table de négociation. Enfin, sur le dossier du nucléaire iranien, la Chine reste attachée à la bonne mise en œuvre du Plan d’action global commun.
Son représentant a insisté sur l’importance de promouvoir des processus pilotés par les pays concernés avec les Nations Unies comme canal de médiation, notamment en Syrie, au Yémen, en Libye et en Iraq.
Les pays de la région devraient jouer un rôle constructif pour promouvoir la paix sans ingérence dans les affaires internes d’un autre pays, a-t-il poursuivi. Par ailleurs, il a encouragé les pays de la région à apprendre les uns des autres et à empêcher que les conflits religieux et ethniques n’exacerbent les crises. Il a également appelé la communauté internationale à resserrer ses rangs pour lutter contre le terrorisme et travailler de conserve pour améliorer le sort des réfugiés.
Le représentant de la Chine a ensuite insisté sur l’urgence de promouvoir le développement durable dans cette région, car il y voit la clef à tous les problèmes. « La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est le creuset de civilisations brillantes, et ses populations ont la volonté de parvenir à la paix », a-t-il affirmé, avant de préciser que la Chine a toujours été favorable à une solution s’appuyant sur le dialogue et non pas sur la force.
« Une gouvernance démocratique et pluraliste est la condition de la stabilité au Moyen-Orient », a déclaré M. FRANÇOIS DELATTRE (France). Il a cité le cas de la Syrie, notant que de longues années de dictature avaient créé le terreau du conflit actuel. Le choix de la répression du régime face aux contestations, et la politique de siège ne peuvent être la base d’une stabilité future, et le risque d’escalade est réel, s’est-il alarmé, avant d’appeler à la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015). Pour déboucher sur une solution politique inclusive, il a appelé « le Small Group » et les garants d’Astana à appuyer les efforts de médiation de l’ONU. La France appuie la création d’un comité constitutionnel, la mise en place de mesures de confiance et la préparation d’élections libres et transparentes.
Le représentant a ensuite parlé des importantes défaites de Daech, notant que « la lutte contre le groupe terroriste en Iraq et en Syrie n’est pas terminée pour autant, l’importance étant d’éviter la création de sanctuaires terroristes ». Il a appelé à faire mieux pour combattre les flux de terroristes étrangers, le financement du terrorisme, la propagation de l’idéologie terroriste, notamment sur Internet, et l’impunité des crimes commis par des groupes terroristes. La réaffirmation de l’interdiction de l’emploi d’armes chimiques demeure essentielle, a-t-il aussi souligné, avant de faire part de l’appui de la France à un nouveau système d’attribution qui succèderait au Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU.
Passant à la Libye, M. Delattre a appelé la communauté internationale à appuyer les engagements pris dans le cadre du processus engagé pour déboucher sur la tenue d’élections. Soulignant que le terrorisme met à profit tout un éventail de trafics, comme le trafic de migrants, il a appelé à combattre l’économie de prédation qui sévit en Libye.
M. Delattre a aussi insisté sur l’importance de l’aide octroyée par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), notamment par le biais de ses écoles. « Tout espace laissé vacant par l’UNRWA sera occupé par d’autres acteurs, notamment à Gaza où les mineurs représentent plus de la moitié de la population », a-t-il mis en garde.
Le représentant a ensuite dit attendre une réponse sur les activités balistiques de l’Iran. Il s’est encore inquiété du silence manifesté par le Conseil à l’égard de plusieurs crises. « La France appelle à une réponse forte qui ne passe pas sous silence les actions du Hamas et d’Israël. Le Conseil ne peut s’affranchir de sa responsabilité, » a-t-il insisté. Il a également appelé à appuyer la solution politique au Yémen, et à garantir la justice pour les victimes de violations des droits de l’homme dans la région.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a constaté que beaucoup de conflits dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord partagent des causes communes qui devraient être envisagées ensemble. Cependant certaines menaces existentielles qui pèsent sur certains pays de la région ne sont pas « agressives » et ne concernent pas les autres pays.
« La région devrait peut-être avoir son acte final du Processus d’Helsinki », a avancé la représentante, en expliquant qu’il s’agit d’une idée à laquelle sa délégation est prête à réfléchir. Pour ce faire, elle est d’avis qu’il faut prendre compte des circonstances propres à chaque pays et des résolutions pertinentes du Conseil. Sa délégation appuie la position de la France sur la République islamique d’Iran.
Revenant à la note de cadrage présentée par la Fédération de Russie, elle a expliqué que sa délégation adhérait à la préoccupation relative à l’ampleur de la crise humanitaire dans la région, rappelant au passage que 66% des appels humanitaires n’avaient pas encore été honorés. Le Royaume-Uni s’est récemment engagé à faire une contribution supplémentaire à ces efforts.
La représentante a également dénoncé les entraves à l’assistance humanitaire et a condamné sa politisation. « Tout doit être mis en œuvre au Conseil de sécurité pour soutenir les efforts du Secrétaire général en vue de progresser en Syrie, au Yémen et en Libye de manière pacifique », a-t-elle estimé.
Pour ce qui est de la question israélo-palestinienne, sa délégation soutient la solution des deux États et attend les propositions américaines sur ce dossier.
Le point de divergence par rapport à la note de cadrage a trait à la responsabilité de protéger. Ses réserves sur les positions présentées dans cette note, notamment dans le cas où des populations ou minorités sont visées par des violations des droits de l’homme, sont relatives à l’obligation pour la communauté internationale et le Conseil de sécurité d’assumer la protection des droits de l’homme sans quoi les situations risquent de s’aggraver et de provoquer des d’incursions armées ou l’envoi de réfugiés à l’étranger. « Si l’on ignore ces événements, il y aura des conséquences graves », a martelé la représentante en martelant que les droits de l’homme doivent être protégés par l’état de droit et relèvent du mandat du Conseil de sécurité.
Constatant aussi la paralysie du Conseil de sécurité sur certains dossiers, elle a également regretté que même lorsqu’il prend des décisions, elles sont trop souvent ignorées. Elle a notamment regretté le blocage répété de résolutions du Conseil sur la situation en Syrie, en particulier pour ce qui est de l’emploi des armes chimiques.
S’agissant des sanctions, elle a affirmé qu’elles représentent un aspect essentiel de l’arsenal dont dispose le Conseil, permettant « à ses paroles d’avoir une application concrète ». « Elles fonctionnent comme l’ont prouvé les cas de l’Iran et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) », a–t-elle poursuivi.
Soulignant la faible participation politique dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, elle a appelé à y renforcer les capacités de bonne gouvernance et démocratiques, y voyant un outil de promotion et de consolidation de la paix.
M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a noté, avec regret, le manque de perspectives politiques dans le règlement des différents conflits au Moyen-Orient, sans compter le déficit de gouvernance démocratique, l’enlisement des processus de paix, les vives tensions géopolitiques et confessionnelles et les drames humanitaires que vivent les populations de cette région. L’émergence d’acteurs périphériques et non étatiques, notamment les groupes armés et les organisations terroristes comme Al-Qaida, le Front el-Nosra, Daech constituent également des menaces à la sécurité et à la stabilité du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de la planète tout entière.
« La Côte d’Ivoire déplore le manque d’unité du Conseil de sécurité, particulièrement sur la question syrienne, ainsi que sur le dossier du nucléaire iranien et le conflit israélo-palestinien. » Sur le dossier iranien, le représentant a invité toutes les parties prenantes à aplanir tout désaccord relatif à l’application des dispositions du Plan d’action global commun qui constitue « une solide garantie pour la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) ».
Au sujet du conflit israélo-palestinien, M. Djédjé a rappelé que son pays milite pour la solution des deux États, coexistant dans la paix et la sécurité sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La délégation invite par conséquent les deux parties à renoncer à la violence et aux actions unilatérales qui ne font qu’éloigner davantage les perspectives de reprise du dialogue politique.
Pour la Syrie, la Côte d’Ivoire invite le Conseil à surmonter ses divergences en vue de la mise en place d’un mécanisme international d’enquête indépendant sur l’utilisation d’armes chimiques. Le délégué a également déploré la situation humanitaire catastrophique qui prévaut au Yémen et l’escalade militaire autour de la ville portuaire d’Hodeïda. Sur la Libye, le délégué a réitéré son soutien au plan d’action du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et exhorté la communauté internationale à lui apporter son plein appui afin de faire progresser le processus de réconciliation nationale.
Face aux blocages qui ont conduit à l’inefficacité de l’action commune et favorisé des initiatives unilatérales, la Côte d’Ivoire réaffirme son attachement au multilatéralisme qui est le « seul moyen le plus efficace d’atteindre une paix et un développent durables ». Selon M. Djédjé, les organisations régionales comme la Ligue des États arabes et l’Union africaine doivent être pleinement impliquées dans la prévention et le règlement pacifique des différends, notamment à travers l’établissement et le renforcement d’un partenariat stratégique entre l’ONU et ces organisations.
M. JONATHAN COHEN (États-Unis) a affirmé que la Fédération de Russie avait la capacité de mettre un terme à l’escalade militaire dans la région, citant, notamment, son rôle en Syrie, et faisant état de frappes aériennes dans cette zone au cours du week-end dernier. Il a affirmé que les États-Unis étaient déterminés à respecter leur engagement envers le cessez-le-feu conclu avec la Russie en Syrie.
Il a ensuite rappelé que le Conseil de sécurité avait tenu une réunion mensuelle sur le Moyen-Orient, l’occasion pour les États-Unis d’attirer l’attention sur les souffrances humanitaires à Gaza. Il a dénoncé l’action du Hamas qui, a-t-il affirmé, se préoccupe davantage de perpétrer la violence que d’assurer la prise en charge du peuple palestinien. Il a déploré l’absence, dans la région, de dirigeants prêts à agir en faveur du changement, à l’instar des Chefs d’État de l’Égypte et de la Jordanie.
M. Cohen a ensuite critiqué le rôle de la République islamique d’Iran et du Hezbollah dans la déstabilisation de la région. Ce pays, a-t-il accusé, vient ainsi rejoindre l’action déstabilisatrice de la Russie, avant de rappeler que le Conseil de sécurité avait réclamé la démilitarisation du Hezbollah.
Voilà la cause des conflits au Moyen-Orient, a-t-il dit: des dirigeants qui ne veulent pas faire des compromis, des terroristes du Hezbollah qui gèrent le Moyen-Orient comme une armée de mercenaires et l’Iran qui chercher à tirer des avantages en propageant la misère.
Il a toutefois vu une lueur d’espoir dans le fait que cette réunion avait été organisée par la Russie, notant, qu’il y a peu, le peuple russe subissait le joug d’un des gouvernements les plus oppressifs du monde. Après 70 ans d’un tel régime, les peuples des pays baltes, d’Asie centrale et de l’Ukraine ont enfin leur mot à dire, s’est-il félicité. Il a ensuite appelé à mieux comprendre l’origine des conflits, insistant sur l’importance pour les peuples de pouvoir se gouverner eux-mêmes.
Abordant la question du conflit en Syrie, M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a déploré les souffrances engendrées, après huit années de guerre et environ un demi-million de morts, pour la population syrienne qui, en plus de faire face aux séquelles psychologiques du conflit, est confrontée à une situation humanitaire catastrophique. En Libye, a-t-il déclaré ensuite, en plus des violations continues du droit international humanitaire et des droits de l’homme, le conflit n’a de cesse de déstabiliser le Mali et l’ensemble de la région du Sahel.
Quant au conflit israélo-palestinien, le représentant a estimé que l’occupation de Gaza et de Jérusalem-Est par Israël menaçait la sécurité de l’ensemble de la région. Il a réaffirmé l’attachement de son pays à la solution des deux États, caractérisée par la création d’un État palestinien « libre, souverain et indépendant », d’après les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.
Le Yémen offre un exemple, a par ailleurs déclaré le représentant, des conséquences humanitaires désastreuses de ces conflits, alors que 60% de la population du pays est en situation de précarité alimentaire et que des millions de personnes sont confrontées à une épidémie de choléra. De telles situations contribuent en outre au déplacement de millions de personnes, qui sont ensuite exploitées par des trafiquants, comme en Libye, où des cas de mise en esclavage ont été rapportés.
Pour mettre fin à ces situations, qui favorisent la prolifération des groupes terroristes, le représentant a appelé à « renoncer aux actions unilatérales, notamment celles visant à renverser des régimes dans la région, » au profit du multilatéralisme.
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a relevé que ce qui se passe au Moyen-Orient a un impact direct sur le reste du monde, c’est pourquoi « le but ne doit pas être d’éteindre des incendies quand ils se déclenchent, mais plutôt d’empêcher que le feu ne prenne ». Cela veut donc dire « s’intéresser à l’étincelle et aux matières combustibles », lesquelles peuvent être identifiées parmi les causes profondes des conflits. Il a noté que le respect des droits de l’homme est un levain pour des sociétés démocratiques et ouvertes, ce qui favorise l’harmonie et la stabilité. Et cela est vrai pour toutes les régions du monde. Il a rappelé que certains pays de la région sont des endroits où prospéraient auparavant plusieurs religions et minorités évoluant ensemble. Pour stabiliser le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, il est donc important de respecter l’état de droit, la bonne gouvernance et le respect des minorités. Selon lui, le contexte actuel de turbulence est une raison supplémentaire de rechercher les voies et moyens pour les communautés de s’impliquer, par exemple par le biais d’un dialogue intra et interreligieux.
Étant donné que les conflits de la région sont interconnectés, selon les Pays-Bas, il faut également adopter une approche intégrée de prévention des conflits en trouvant des solutions aux complaintes socioéconomiques. Toutefois, la responsabilité d’améliorer les relations et de renforcer le dialogue revient en premier lieu aux États de la région. Il a aussi souligné l’importance de trouver des solutions à trois déficits majeurs: le déficit de liberté; le peu d’autonomisation des femmes; et enfin le déficit de connaissances.
M. van Oosterom a en outre plaidé pour la fin de l’impunité dans la région, rappelant qu’il ne peut y avoir de paix durable sans justice. Il a souhaité que les auteurs d’atrocités soient poursuivis en justice, y compris toutes les parties aux conflits, parmi lesquelles Daech dont des combattants sont suspectés d’actes de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Malheureusement, la plupart des graves violations du droit international qui ont lieu dans la région restent impunies, y compris les violations du droit international humanitaire et l’utilisation d’armes chimiques.
Face aux nombreux conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, M. FRANCISCO TENYA HASEGAWA (Pérou) a appelé à réaffirmer les principes du multilatéralisme et du droit international, en particulier le droit international humanitaire, dont il a tenu à rappeler le caractère obligatoire. Le représentant a également insisté sur la nécessité de sauvegarder le régime de non-prolifération des armes de destruction massive, tout en coopérant davantage pour lutter efficacement contre le terrorisme.
En second lieu, le représentant péruvien a appelé à construire des sociétés pacifiques et ouvertes, administrées par des institutions transparentes et responsables. Le concept de paix durable, a-t-il souligné, implique de prendre en compte les besoins de tous les segments de la population. Enfin, il a appelé à promouvoir des dynamiques et mécanismes régionaux nouveaux pour fomenter le dialogue au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a déclaré que pour parvenir à une paix durable en Syrie, il convenait de s’attaquer aux causes profondes du conflit. Selon lui, ces causes profondes ont trait au manque d’amélioration des conditions de vie de la population syrienne, aux inégalités, à la pauvreté, à l’insécurité et au désir de se libérer de l’oppression d’un régime népotique. Or, a-t-il affirmé, les autorités syriennes n’ont pas tenu leurs promesses de réforme. « À l’inverse, la population syrienne s’est enfoncée plus profondément dans la pauvreté », a soutenu le représentant, pour qui cette évolution a aiguisé l’aversion de la population à l’encontre des autorités de Damas. Pour mettre fin à cette situation, le représentant a estimé que la seule solution était de parvenir à un consensus national sur une transition politique dans le pays, par le biais de discussions entre les représentants de l’opposition et les autorités de Damas.
S’agissant de l’Iran, le représentant polonais a estimé que le Plan d’action global commun était un pas en avant pour stabiliser la région et prévenir la prolifération nucléaire. Toutefois, il a souligné que ce Plan d’action ne mentionnait pas explicitement l’interdiction du développement de systèmes de lancement de missiles ou la question de l’influence iranienne dans la région, que certains pays perçoivent comme étant négative. Le représentant a par conséquent estimé que l’Iran devrait s’abstenir de toute action en contradiction avec l’esprit du Plan d’action global commun ou susceptible de remettre en cause la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de l’accord. En particulier, il s’est dit préoccupé face aux activités de l’Iran allant à l’encontre des provisions de l’annexe B de la résolution 2231 (2015).
M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a rappelé que le Conseil de sécurité est mandaté pour trouver des solutions durables aux conflits, et les peuples du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord y ont placé leurs espoirs. Il a donc invité les membres du Conseil à rapprocher leurs positions afin d’arriver à des solutions de compromis. Sur le conflit israélo-palestinien, il a invité les deux parties à accepter, chacune, que l’autre ait le droit d’exister. Il s’est inquiété qu’en Libye, la crise a eu des conséquences comme la crise migratoire et le trafic d’êtres humains.
Concernant la Syrie, il faut mettre fin aux souffrances humaines et des solutions internes doivent être trouvées avec le soutien de la communauté internationale. Pour faire face aux conséquences humanitaires de ce conflit, il faut donc des solutions politiques. Le représentant a précisé que la plupart des crises de la région sont « un héritage du passé ». La recherche de solutions ne doit pas s’apparenter à de l’ingérence, et il n’y a pas de solution militaire qui tienne, a-t-il conclu.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a relevé que de nombreux conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord sont liés, et qu’ils représentent 46% de la charge de travail du Conseil de sécurité. Il y a d’ailleurs eu 120 réunions sur cette question depuis le début de l’année, a-t-il compté. Il s’est inquiété de l’absence d’une solution au conflit israélo-palestinien et a réitéré la position de principe du Koweït sur cette question. Il a déploré les problèmes socio-politiques de la Syrie, du Yémen et de la Libye et a appuyé l’identification de solutions politiques pour mettre un terme aux souffrances et renforcer la stabilité régionale. Il a également appelé à la pleine mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, ce dernier devant par ailleurs faire preuve d’unité et exiger le respect de ses décisions.
Le représentant a fait observer que les retombées des conflits de la région se font ressentir sur d’autres continents, citant notamment le terrorisme et les flux de migration. Il a plaidé pour le respect de la diversité religieuse et culturelle. Il a aussi appelé à redoubler d’efforts pour combattre le terrorisme, attirant l’attention sur le fait que le Koweït a accueilli cinq réunions sur cette question au cours des deux dernières années. Son pays s’apprête en outre à accueillir, au mois de novembre, une conférence internationale sur les principes directeurs relatifs aux combattants terroristes étrangers (Principes de Madrid).
M. OLOF SKOOG (Suède) a déclaré que les conflits au Moyen-Orient étaient de plus en plus interdépendants et recelaient par conséquent des risques de régionalisation accrus. Or, face à l’échec de l’instauration d’une zone exempte d’armes de destruction massive dans la région, le représentant a jugé très regrettable que l’accord sur le nucléaire iranien, selon lui un parangon de la résolution pacifique des conflits, ait été remis en cause. Il a affirmé que la Suède, au même titre que l’Union européenne (UE), continuerait d’appuyer la mise en œuvre du Plan d’action global commun.
Face à la multiplication des conflits dans la région et face à l’ampleur de leurs conséquences humanitaires, le représentant suédois a appelé à faire en sorte que le dialogue régional et international soit la principale modalité de la résolution des conflits. Il a appelé le Moyen-Orient à s’inspirer de l’expérience des accords de sécurité conclus dans d’autres régions. À ses yeux, construire l’équivalent de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Moyen-Orient fournirait un partenaire privilégié supplémentaire à l’ONU dans la région, comme c’est actuellement le cas avec l’Union africaine. Cela permettrait également, a-t-il affirmé, de mieux lutter contre des menaces transversales comme le terrorisme.
M. VERSHININ (Fédération de la Russie), reprenant la parole en sa capacité nationale, a rappelé l’initiative russe en faveur de la tenue d’un sommet israélo-palestinien. Il a appelé à accélérer les efforts du Quatuor et au respect scrupuleux des documents juridiques élaborés par le Conseil de sécurité. Il a aussi réclamé la cessation des colonies de peuplement, exhortant par ailleurs à remédier à la situation humanitaire à Gaza.
Le Vice-Ministre russe a ensuite insisté sur le rôle des garants d’Astana, affirmant que grâce à leurs efforts, « on peut enfin envisager une sortie politique au conflit syrien ». Il a appelé à poursuivre la lutte contre le terrorisme, insistant sur l’attachement de la Russie au régime de cessation des hostilités. « La Russie plus que tout autre État a beaucoup fait en faveur du cessez le feu », a-t-il affirmé. Il a dénoncé les pays qui fournissent un appui aux groupes armés illégaux, soulignant que les zones de désescalade dans le sud-ouest de la Syrie n’ont pas été créées « pour tolérer la présence de terroristes ». Il a déploré que plus que 40% de cette zone soit à présent contrôlé par le Front el-Nosra. Il est impossible de conclure un cessez-le-feu avec eux, a-t-il déploré, avant d’accuser les États-Unis de n’avoir « rien fait » pour combattre le terrorisme dans cette zone.
Passant au Yémen, M. Vershinin s’est inquiété de la crise humanitaire qui y prévaut. Il a aussi appelé à dynamiser le processus politique en Libye, de manière à mettre un terme aux affrontements internes.
Pour Mme MALEEHA LODHI (Pakistan), les intérêts concurrents et les divergences entre les grandes puissances régionales ont alimenté l’instabilité et poussé la région dans un tourbillon de violence. Cette situation exige, à ses yeux, une approche globale qui tienne compte du contexte historique et régional de chacun des conflits et qui soit conforme aux normes du droit international. « Nous savons tous que des mesures unilatérales motivées par des intérêts étroits et de fausses suppositions n’ont fait qu’accroître la souffrance des populations de la région », a-t-elle jugé, ajoutant qu’il est préoccupant que de nos jours « il y ait toujours des tentatives faites par certains acteurs externes pour façonner la région en fonction de leurs propres préférences politiques ».
Face à l’inaction du Conseil de sécurité sur la question palestinienne qui s’aggrave, alors même que 130 Palestiniens innocents ont récemment perdu la vie dans la « Grande marche du retour », la représentante a salué la prise de position, à l’Assemblée générale, le 13 juin dernier, avec l’adoption d’une résolution qui reconnaît le droit à la protection et à la sécurité des Palestiniens. Selon elle, cette discussion sur la protection des civils ne se fait pas « dans l’isolation », mais s’inscrit dans le travail fondamental de prévention des conflits et de défense des droits de l’homme de l’ONU.
Sur une note plus positive, sa délégation salue le succès des récentes élections parlementaires en Iraq. « C’est un nouveau chapitre pour la démocratie iraquienne », et un modèle de participation politique inclusive et représentative, a ajouté Mme Lodhi. Elle a souhaité un règlement politique en Syrie et au Yémen, soulignant la gravité de la situation humanitaire.
M. ANDREA BIAGINI (Italie) a rappelé que son pays, qui borde la mer Méditerranée, est affecté par les conflits aux Moyen-Orient et en Afrique du Nord. S’agissant de la crise en Libye, il a plaidé pour le soutien au Plan d’action de l’ONU, mais il a précisé que le chemin reste semé d’embuches comme le laissent voir les attaques terroristes contre les autorités nationales. Préoccupée par la situation à Derna, l’Italie appelle à un cessez-le-feu afin que l’aide soit apportée aux populations. Il faut également arrêter des mesures logistiques pour la réussite des futures élections en Libye.
Il est tout aussi important de lutter contre le trafic d’êtres humains en Libye, a déclaré le représentant en déplorant le fait que l’Italie se soit retrouvée « seule face au déferlement de migrants ». Le pays demande donc une assistance pour un problème qui doit être traité par l’Union européenne, de manière consensuelle. Il faut aussi renforcer les capacités des pays d’origine et de transit des migrants afin qu’ils puissent mieux contrôler leurs frontières.
Mme FEDA ABDELHADY-NASSER, Observatrice de l’État de Palestine a dénoncé la tragédie imposée à son peuple, notant que des interrogations se font jour face aux politiques de deux poids, deux mesures, de la communauté internationale. « Avec chaque veto, le sentiment d’injustice ne fait que s’exacerber », a-t-elle indiqué, notant que la confiance dans le Conseil de sécurité ne fait que faiblir face à l’absence du principe de responsabilité. Elle a dénoncé l’impunité dont jouit Israël, pour ensuite s’alarmer du lourd tribut humanitaire du peuple palestinien.
Elle a appelé le Conseil à ouvrir la voie vers « une nouvelle réalité au Moyen-Orient » en s’attaquant à la crise à Gaza et en résolvant la question palestinienne dans sa totalité. Elle a réclamé l’accélération des efforts diplomatiques en faveur de la région, et la fin de l’occupation israélienne. Elle a regretté que le Conseil soit plongé dans l’inaction du fait d’un seul veto. Elle a rejeté la politisation du travail humanitaire, comme cela a été « honteusement » fait pour l’UNRWA, ainsi que les tentatives de mettre sur un même pied la cause palestinienne et le terrorisme.
La représentante a rappelé les compromis historiques et douloureux acceptés par sa délégation. Tout accord viable doit garantir la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien, a-t-elle souligné, avant de réaffirmer son appui aux processus multilatéraux. Elle a appelé le Conseil à engager le Quatuor, la Russie, et les États-Unis, entre autres, à honorer leurs obligations.
M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a déclaré que la sélectivité dont a toujours fait preuve le Conseil de sécurité dans l’examen des questions clefs liées à la situation au Moyen-Orient, ainsi que les politiques de deux poids, deux mesures « flagrantes », avaient contribué à la détérioration de la situation. Selon lui, la réalisation d’une solution juste et durable à la cause palestinienne doit être la plus haute des priorités. En outre, ignorer le refus d’Israël d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) rend la région particulièrement vulnérable aux conflits, à la course aux armements et aux prétextes pour des interventions étrangères. Il a rappelé le traité pour la paix signé entre l’Égypte et Israël il y a 40 ans, y voyant la preuve de la dimension politique du conflit arabo-israélien. Cet accord n’a pas non plus isolé l’Égypte du reste du monde arabe, ni empêché d’œuvrer en faveur des droits du peuple palestinien.
La région fait face à une attaque persistante contre le concept moderne de l’État-nation depuis « l’erreur historique » qu’a été l’invasion de l’Iraq en 2003, a constaté M. Edrees. Poursuivant, il s’est prononcé en faveur d’un dialogue institutionnel régional semblable au Processus d’Helsinki, et a proposé que le Secrétaire général invite les États de la région à une conférence avec les membres permanents du Conseil pour négocier la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive. Le déséquilibre en termes de capacités militaires, notamment eu égard au refus d’Israël d’adhérer au TNP, ainsi que les préoccupations qui entourent, à la lumière des événements récents, la nature pacifique des activités nucléaires iraniennes, n’est pas propice à l’émergence d’un environnement favorable aux mesures de rétablissement de la confiance et aux négociations, a-t-il conclu.
M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a jugé essentiel de s’attaquer aux causes profondes des conflits dans le but de ramener durablement la prospérité et la stabilité au Moyen-Orient, une région dont les pays sont composés d’une multiplicité de groupes ethniques et religieux. « Nous devons dénoncer les politiques sectaires et fomentant la division, au profit de politiques d’ouverture », a-t-il déclaré. Pour lui, l’évolution récente de la situation en Palestine a démontré une nouvelle fois l’urgence qu’il y avait à redynamiser le processus de paix. « Nous le rappelons à nouveau: le statu quo n’est pas acceptable », a-t-il dit, avant de réaffirmer le soutien de la Turquie à la solution des deux États. Cependant, a dénoncé le représentant, l’absence de progrès tangibles dans le cadre du processus de paix ne cesse d’envenimer les tensions. Gaza est au bord de l’effondrement après une décennie de blocus. La tragédie de Gaza, a-t-il ajouté, est également aggravée par le déficit de financement chronique de l’UNRWA.
Il faut aussi, a déclaré M. Sinirlioğlu, apaiser les tensions sur le terrain en Syrie, où la Turquie continue de lutter contre les groupes terroristes. Grâce aux opérations menées par la Turquie en Syrie, plus de 4 000 kilomètres carrés ont été repris aux groupes terroristes et 160 000 Syriens ont été en mesure de rentrer chez eux, s’est-il félicité. Malgré ces gains militaires contre Daech, le représentant a indiqué que les destructions économiques engendrées en Syrie, tout comme en Iraq, par la guerre et le groupe terroriste, demeuraient un problème majeur. Il a par conséquent appelé la communauté internationale à augmenter l’aide à la reconstruction et au développement, en faisant en sorte que l’octroi de cette aide ne soit guidé par des intérêts nationaux.
Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a mis l’accent sur la crise syrienne qui a un impact particulier sur la Grèce avec les nombreux réfugiés qui s’y rendent. Elle a plaidé pour une solution politique afin de régler la question des réfugiés de manière globale. Pour restaurer la paix et la stabilité dans la région, il faut passer par un processus politique dans lequel l’ONU doit jouer un rôle central. La représentante a insisté sur la responsabilisation des acteurs politiques du Moyen-Orient, tout en appelant au renforcement de la coopération entre eux. C’est dans cette optique qu’avec Chypre, la Grèce a mis en place des canaux pour une coopération privilégiée avec des pays comme l’Égypte et Israël.
M. KORNELIOS KORNELIOU (Chypre) a relevé que la situation de son pays est un exemple patent des crises qui frappent la région du Moyen-Orient. « Si le droit international n’avait pas été violé, alors la question de Chypre ne se poserait même pas. » Il n’y a pas d’autres options que de rechercher des solutions négociées sous les auspices de l’ONU, a-t-il affirmé, avant de saluer la décision du Secrétaire général d’envoyer un haut responsable de l’ONU à Chypre pour y tenir des consultations en vue de la reprise du processus politique. Il a précisé que la présence de troupes étrangères à Chypre après un accord ne serait plus opportune.
Même si Daech a été défait, il demeure une menace et il faut donc que la communauté internationale fasse en sorte que ce groupe terroriste ou d’autres groupes radicaux n’exploitent de nouveau l’instabilité politique pour se renforcer, a poursuivi le représentant. Il a noté qu’une solution au conflit israélo-palestinien aura un impact sur d’autres crises de la région. Il a appelé à un accord global, basé sur la solution des deux États, et en accord avec le droit international, avec les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et l’Initiative de paix arabe. En Syrie, M. Korneliou a plaidé pour un processus politique de sortie de crise, appelant à une Syrie unifiée, souveraine et indépendante, sans force d’occupation étrangère. Enfin, il a dénoncé les efforts visant à éliminer les chrétiens et d’autres groupes religieux minoritaires au Moyen-Orient, avant de condamner la destruction délibérée de l’héritage culturel en Syrie et en Iraq.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a dénoncé les gouvernements de certaines puissances financières, politiques et militaires qui tentent, selon lui, d’instrumentaliser l’ONU à leur profit et n’ont de cesse de « semer la discorde internationale dans le but de voler les richesses de pays tiers ». Ces gouvernements, dont certains se trouvent au sein même du Conseil de sécurité, ont pour pratique de fabriquer des conflits régionaux au détriment de la paix internationale. Ces puissances, a poursuivi le représentant, s’opposent au système multilatéral et se croient tout permis, y compris se livrer à des agressions militaires directes contre d’autres pays, avant de qualifier ces agressions de « guerre contre le terrorisme ». Ces pays, a ajouté le représentant, soutiennent l’occupation israélienne dans les territoires arabes, appuient les soulèvements terroristes, qu’ils qualifient ensuite de « printemps multicolores », et créent des alliances avec des dictatures wahhabites, qualifiées ensuite de « partenariats stratégiques ». L’un de ces pays, a-t-il précisé, a récemment quitté l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Conseil des droits de l’homme et l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Qui sait, a ajouté le représentant, peut-être que cette puissance va également se retirer de l’ONU?
À ses yeux, la principale cause des crises au Moyen-Orient demeure l’occupation israélienne des terres arabes, y compris le Golan arabe syrien. La Syrie souffre d’une des plus grandes crises au monde depuis près de huit années, a par ailleurs déclaré M. Ja’afari. Or, selon lui, ce conflit a été monté de toutes pièces par certains pays, qui ont dépensé des millions de dollars pour financer des groupes armés et terroristes sur le territoire syrien. Ces pays ont également soutenu et facilité l’envoi de milliers de combattants terroristes étrangers en Syrie, « y compris et surtout à travers la Turquie ». Et maintenant, ces mêmes pays disent avoir peur du retour des combattants terroristes étrangers chez eux, a ironisé le représentant, selon qui les États-Unis continuent d’entraîner des terroristes et groupes armés dans environ une vingtaine de sites en Syrie et appuient régulièrement les attaques de l’armée syrienne par Daech. Les États-Unis, a-t-il encore accusé, sont en train de falsifier des preuves et des rapports sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.
À son homologue turc, qui a affirmé dans sa déclaration que son pays avait libéré des territoires au nord de la Syrie, le représentant a rappelé que les principes du droit international exigent de la Turquie qu’elle coopère avec la Syrie avant de violer son territoire sans demande préalable. Or, a-t-il affirmé, la Syrie n’a reçu aucune demande de la part de la Turquie. De plus, le représentant syrien a affirmé que le Gouvernement turc était la cause principale de la propagation du terrorisme dans le nord de la Syrie, où la Turquie a selon lui financé et entraîné des groupes terroristes.
M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a souligné que l’occupation israélienne des terres palestiniennes est au cœur de tous les conflits au Moyen-Orient, dénonçant notamment les « nouveaux meurtres de masse » commis contre des civils palestiniens non armés, ainsi que les annonces concernant Jérusalem-Est et le transfert de l’ambassade des États-Unis.
Il a noté que les ingérences étrangères, l’occupation et l’instabilité qui s’ensuivent créent un terreau particulièrement fertile pour le terrorisme et des groupes extrémistes. Les crises en Libye, en Iraq, en Syrie et au Yémen ont également été fomentées par l’invasion, les interventions étrangères illégales, l’extrémisme et la violence, a-t-il noté. Il a aussi affirmé l’échec de la communauté internationale à répondre aux racines des conflits, et la « naïveté » d’acteurs transrégionaux.
Le représentant a dénoncé les crimes de guerre commis par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen. Il a appelé la communauté internationale à en tenir cet État pour responsable et à intervenir pour mettre un terme à « cette opération militaire insensée », notamment les attaques actuellement en cours contre la ville portuaire de Hodeïda, et établir un cessez-le-feu.
M. Khoshroo a ensuite souligné que l’Iran n’avait eu de cesse de réclamer un règlement pacifique du conflit en Syrie. Il a affirmé que pendant que les États-Unis et leurs alliés régionaux cherchaient à atteindre des objectifs étroits et sans clairvoyance, l’Iran et la Russie s’étaient beaucoup sacrifiés pour combattre Daech et d’autres groupes terroristes dans la région.
Il a également indiqué que le « format d’Astana » dont les garants sont la Fédération de Russie, la Turquie et son pays avait permis d’élaborer une plateforme commune pour combattre le terrorisme et contribuer à la paix et à la stabilité de la Syrie.
Le délégué a en outre affirmé que les déclarations « iranophobiques » qui se font entendre ces jours étaient perpétuées par ceux qui cherchent à créer un ennemi imaginaire afin de vendre leurs armes et de créer une course à l’armement dans la région. Il a appelé les pays de la région à privilégier le dialogue, le rétablissement de la confiance et la coopération entre voisins au lieu de chercher « à acheter ou à sous-traiter leur sécurité ».
Il a par ailleurs appuyé la création d’un forum régional pour le dialogue dans le golfe Persique pour y résoudre la crise.
Mme NOA FURMAN (Israël) a estimé que la République islamique d’Iran jouait un rôle central dans la déstabilisation de la région. Ses menaces se manifestent par « ses ambitions dans le nucléaire militaire; la promotion de l’instabilité régionale à travers des groupes terroristes par procuration; et son programme de missiles balistiques ».
Le programme nucléaire iranien demeure, selon Israël, la menace la plus dangereuse à la paix et à la sécurité internationales, a-t-elle relevé, en disant que l’on ne pouvait fermer les yeux face à ses ambitions nucléaires et ses intentions bien connues. Elle a accusé le pays d’avoir continué son programme nucléaire, même après avoir signé le Plan d’action global commun en 2015.
Mme Furman a ensuite accusé l’Iran d’avoir un régime violent, assurant qu’aucune communauté ni aucun pays de la région du Moyen-Orient ne sont à l’abri des ambitions hégémoniques de cet État qui veut « dévorer ses voisins, son voisinage et même au-delà ». Elle a ainsi accusé l’Iran d’avoir pour plan ultime d’« exporter la révolution à travers le monde ». Elle a invité à regarder la carte du Moyen-Orient afin d’y voir le plan de l’Iran qui a « déployé stratégiquement des groupes alliés à travers la région avec pour but de former un pont terrestre reliant Téhéran à la mer Méditerranée, en passant par l’Iraq, la Syrie et le Liban.
Elle a accusé l’Iran d’avoir également renforcé sa présence militaire en Syrie avec pas moins de 1 500 combattants qui commandent des milices chiites. Pour Israël, l’Iran a fait entrer subrepticement des armes sophistiquées au Yémen en faveur des houthistes, et en Iraq la situation n’est pas différente. Au Liban, a souligné la représentante, Israël ne permettrait pas que le Hezbollah acquière des capacités militaires fournies par l’Iran.
Selon Israël, il est ironique que l’Iran fasse mention du principe de la légitime défense alors que le reste du monde est menacé pas les missiles balistiques iraniens. Elle a également affirmé que le but ultime pour l’Iran est clair: « la destruction d’Israël ».
Elle a terminé en disant qu’il n’est pas tard pour empêcher l’Iran de poursuivre ses politiques malveillantes à travers la région, assurant du reste qu’Israël savait comment se protéger.
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a rappelé que le Moyen-Orient avait été le théâtre d’un grand nombre de guerres « dévastatrices » depuis la création des Nations Unies. Selon lui, l’une des principales causes de ces conflits à répétition a trait à « l’absence de tout horizon politique clair » pour le processus de paix dans le conflit israélo-palestinien. Entre autres exemples, le représentant a mentionné la décision des États-Unis de déplacer ses locaux diplomatiques à Jérusalem, au mépris du statu quo international concernant la Ville sainte. Il a également mentionné les tentatives visant à exclure la question des réfugiés du règlement final du conflit, comme en témoigne selon lui la diminution du financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Tout cela, a-t-il affirmé, démontre la nécessité d’adopter une approche « plus claire et exhaustive ».
M. Abdelaziz a regretté l’absence d’efforts de la part de l’ONU pour faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes de destruction massive. En conséquence, a-t-il déploré, Israël continue de disposer d’une capacité nucléaire d’une ampleur inconnue, au risque de provoquer une course à l’armement conventionnel dans les autres États de la région pour tenter de restaurer un certain équilibre avec Israël.
Par ailleurs, l’Observateur permanent a déploré « l’ingérence croissante de nations tierces dans les affaires intérieures des pays arabes ». Certains pays, a-t-il relevé, appuient les Kurdes et d’autres le Hezbollah ou le Jihad islamique. D’autres soutiennent les Frères musulmans, ou bien les Chiites, pour déstabiliser les pays sunnites. Et d’autres encore, a-t-il continué, appuient des groupes terroristes tels que Daech pour affaiblir certains gouvernements de la région. À ses yeux, certains membres du Conseil de sécurité exploitent les différends entre nations arabes à leurs propres fins, comme en témoigne l’utilisation constante du droit de veto dans les conflits arabes, qui sont devenus des « conflits par procuration entre grandes puissances ». En particulier, il a dénoncé l’ingérence de l’Iran dans les pays arabes.
Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a déclaré que la région avait besoin d’un engagement politique véritable et d’une approche claire pour parvenir à la paix. Pour cela, il faut des négociations avec un programme précis pour parvenir à la solution des deux États, une Palestine indépendante et établie sur les frontières de 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale.
Elle a affirmé que la Jordanie allait continuer de défendre Jérusalem et ses lieux saints, conformément à la tutelle hachémite du Roi de Jordanie. Elle a rappelé que Jérusalem-Est faisait partie intégrante des terres occupées en 1967 par Israël.
La représentante a ensuite plaidé pour un soutien aux pays qui accueillent les réfugiés de la région, comme la Jordanie, qui a ouvert ses portes à quelque 1,3 million de Syriens. Elle a souligné que le pays ne pouvait assumer seul cette charge, tout en assurant que son pays continuerait de soutenir les réfugiés palestiniens, plaidant pour un soutien accru à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Elle a invité à un règlement de la crise syrienne, saluant l’accord de désescalade auquel son pays a contribué dans le sud de la Syrie. Elle a aussi affirmé que la solution politique était la seule viable au Yémen. Elle a enfin plaidé pour l’autonomisation des femmes et jeunes du Moyen-Orient, afin qu’ils puissent participer à la vie de leurs sociétés.
Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a salué les efforts du Conseil de sécurité pour résoudre les crises au Moyen-Orient. Elle a appelé ce dernier à s’attaquer davantage aux causes profondes des conflits et à promouvoir les mécanismes de coopération à l’échelle régionale.
Selon la représentante, le blocus unilatéral imposé à son pays incarne précisément le genre de « politiques irresponsables » dont souffre le Moyen-Orient, qui font fi du droit international et du principe des relations amicales entre États voisins. Elle a également dénoncé les actes de piratage qui ont récemment pris pour cible l’espace cybernétique du Qatar.
Face à cette situation et aux nombreux autres conflits dans la région, la représentante a appelé à instaurer un « régime régional pour le maintien de la paix et de la sécurité », régime qui comporterait des règles de bonnes conduites entre États de la région.
M. KHALED MOHAMMED H. ALMANZLAWIY (Arabie saoudite) a rendu hommage au peuple palestinien pour sa résistance et a assuré que son pays continuera de lui apporter son soutien, comme le démontrent les 50 millions de dollars annoncés pour l’UNRWA au dernier sommet de la Ligue des États arabes. Il a appelé le Conseil de sécurité à faire en sorte qu’Israël se conforme à ses obligations internationales. Saluant la résolution sur la protection du peuple palestinien adoptée la semaine dernière par l’Assemblée générale, il a regretté que le Conseil n’ait pu en faire autant.
La coalition arabe au Yémen, à la demande du Gouvernement du Yémen, a pour but de sauver le pays des rebelles houthistes soutenus par l’Iran, a par ailleurs assuré le représentant. Il a expliqué que les forces de la coalition se gardent de cibler les civils, mais que les rebelles utilisent femmes et enfants comme « boucliers humains ». De plus, des missiles iraniens fournis aux Houthis sont régulièrement tirés en direction l’Arabie saoudite, ce que viennent attester les rapports de l’ONU. Le délégué a invité le Conseil de sécurité à « prendre des mesures appropriées contre l’Iran qui adopte des pratiques terroristes qui déstabilisent la région ».
Par ailleurs, l’Arabie saoudite, qui a déboursé 100 millions de dollars pour l’assistance au peuple de la Syrie, accueille près de 2,4 millions de Syriens sur son territoire. Enfin, M. Almanzlawiy a demandé que les auteurs de l’usage d’armes chimiques en Syrie soient tenus pour responsables de leurs actes.
« Monsieur le Président, regardez le calendrier mensuel du Conseil de sécurité cette année », a demandé Mme AMAL MUDALLALI (Liban). « Le Moyen-Orient, ses peuples, leurs espoirs et leurs souffrances figurent chaque mois au cœur de votre agenda », a-t-elle souligné, avant de mentionner l’occupation de la Palestine et les millions de personnes déplacées en Syrie, au Yémen, en Iraq et en Libye.
S’agissant du conflit israélo-palestinien, la représentante a constaté que, après des années de négociation, des dizaines de résolutions des Nations Unies, des dizaines d’accords et d’initiatives et « d’innombrables concessions » de la part des Palestiniens, la paix n’est toujours pas en vue. Elle a souligné que le Liban demeurait engagé en faveur de l’Initiative de paix arabe. À ses yeux, seule la reconnaissance de Jérusalem-Est en tant que capitale de l’État de Palestine, dans le cadre de la solution des deux États, permettra de parvenir à une paix durable.
Par ailleurs, Mme Mudallali a affirmé que la situation dans le sud du Liban demeurait calme, principalement grâce à la présence des forces armées libanaises. Toutefois, a-t-elle dénoncé, ce calme, ainsi que la souveraineté du pays, sont constamment violés par Israël, « sur la terre, dans les airs comme en mer ». La représentante a rappelé l’attachement de son pays à la résolution 1701 (2006) du Conseil et au principe d’un cessez-le-feu permanent dans la zone. C’est pourquoi, a-t-elle précisé, son pays en a appelé aux bons offices du Secrétaire général et aux bons offices de l’ONU. Le Liban, a-t-elle ajouté, considère que le Mécanisme tripartite constitue le forum idoine pour régler les problèmes et tensions le long de la Ligne bleu, dans le sud du pays. Enfin, la représentante a appelé les grandes puissances et le Conseil de sécurité à cesser d’instrumentaliser les conflits au Moyen-Orient et à « ne pas réduire la région à une arène au sein de laquelle ces puissances luttent pour étendre leur influence ».
M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye) a décrié les interventions étrangères dans les pays de la région, en vue de modifier le statu quo politique dans ces pays qui deviennent, malgré eux, « le théâtre du transfert des conflits entre les grandes puissances du monde ». Il s’est demandé pourquoi les mesures unilatérales semblent l’emporter sur les résolutions du Conseil de sécurité dans la gestion des crises de la région.
Le délégué libyen a par ailleurs souhaité que les jeunes et les femmes aient plus d’espace d’expression et de participation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il a plaidé pour la modification des systèmes éducatifs, afin notamment de faire face aux idéologies extrémistes qui ont le vent en poupe et qui sont parfois relayées par les médias. « Il est insensé de croire que tuer rapprochera de Dieu », a-t-il lancé en déplorant l’exploitation de la religion à des fins politiques. Enfin, il a demandé au Conseil de revoir le régime de sanctions appliqué à la Libye, arguant que l’objectif de préserver les avoirs libyens ne semble pas être atteint, puisque certains États où ses avoirs se trouvent essayent de s’en accaparer.
S’agissant du conflit israélo-palestinien, Mgr BERNADITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a réitéré son appui à la solution des deux États et appelé le Conseil de sécurité à la protéger. Il a également rappelé l’obligation de tous les États de respecter le statut historique de la Ville sainte, soulignant que la préservation de son identité et de son importance peut être garantie par un statut international agréé dans le but d’appuyer la paix et la réconciliation dans la région.
L’Observateur permanent a appelé au respect de l’état de droit, notant que de nombreux membres de minorités ethniques et religieuses auraient pu se voir épargner des atrocités si cela avait été le cas. Il a également insisté sur les liens entre le respect des droits de l’homme et du droit international et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
M. OMAR KADIRI (Maroc) a appelé le Conseil de sécurité à agir de manière « coordonnée et résolue » pour faire face aux différents conflits au Moyen-Orient. S’agissant du conflit israélo-palestinien, il a déploré l’arrêt des négociations de paix depuis 2014, la poursuite de la politique de colonisation israélienne, la judaïsation de la Ville sainte et, plus récemment, l’escalade des violences à Gaza. Ces différents développements, a-t-il déclaré, ne favorisent en rien la reprise des négociations. Il a réitéré le soutien de son pays envers la solution des deux États, avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien.
En ce qui concerne la Libye, le représentant a rappelé que son pays avait abrité les pourparlers de paix interlibyens à Skhirat. Il a appelé les parties à trouver une solution politique et consensuelle au conflit libyen, sous l’égide de l’ONU. Constatant la recrudescence des groupes terroristes, notamment Daech, dans le monde et, plus particulièrement, en Afrique du Nord, M. Kadiri a rappelé l’engagement de son pays à lutter contre ce phénomène, comme en témoignent son action internationale et l’adoption d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.
M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a relevé que son pays accordait une importance majeure à la paix au Moyen-Orient, y compris par le biais de la solution des deux États qui passe donc par l’indépendance de l’État de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale.
Il a affirmé que l’une des raisons des crises dans la région est l’intervention de certains États dans les affaires internes d’autres pays. Il a accusé précisément la République islamique d’Iran de vouloir déstabiliser le Yémen, plaidant pour son unité et sa stabilité et affirmant son soutien à la coalition arabe visant à libérer le pays.
Il a invité la communauté internationale à mettre fin à l’action de « pays renégats » qui accentuent la souffrance des peuples du monde.
M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a estimé que le meilleur moyen de lutter contre les conflits au Moyen-Orient était de garantir le développement durable, l’égalité des chances et la participation de toutes les composantes de la population aux richesses nationales.
Il a en outre appelé à éviter l’ingérence dans les affaires intérieures des pays de la région, phénomène qui contribue selon lui à renforcer les tensions ethniques et communautaires, au profit des conflits. La répartition juste et égale des ressources maritimes entre États voisins d’un même cours d’eau, a-t-il estimé, est également indispensable pour réduire les injustices et résorber les tensions entre pays à l’échelle régionale.
« Nous sommes préoccupés par les conséquences délétères de la présence d’armes de destruction massive au Moyen-Orient », a par ailleurs déclaré le représentant, appelant à créer une zone exempte d’armes de destruction massive dans la région. De manière générale, le délégué a souligné l’intention de son pays d’être une force de stabilité aux niveaux régional et international.
L’occupation israélienne constitue la principale source d’instabilité au Moyen-Orient, a en outre estimé le représentant, appelant à créer un État palestinien indépendant, selon le tracé des frontières antérieur à 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Il a également appelé Israël à se retirer de tous les territoires arabes occupés.
L’Iraq est attaché à l’intégrité territoriale de la Syrie, a par ailleurs déclaré le représentant, pour qui la fin du conflit doit impérativement passer par l’instauration d’un dialogue intersyrien. L’Iraq est fortement affecté par la crise syrienne, a-t-il ajouté, dans la mesure où Daech opère dans les régions frontalières entre les deux pays. Le représentant a ainsi estimé que l’Iraq et la Syrie devaient poursuivre leur coopération sur cette question. Il a également appelé à mettre un terme au carnage au Yémen et à faire avancer les pourparlers de paix en Libye.
Aux yeux du représentant, l’idéologie takfiriste, incarnée par Daech, Al-Qaida et d’autres groupes terroristes, a semé les graines du sectarisme dans la région. Il a appelé l’ONU à faire toute la lumière sur les destructions de biens culturels sur le territoire iraquien.
Enfin, le représentant a réitéré l’engagement de son gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le retour des réfugiés et la stabilité économique du pays.
Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a affirmé que la diplomatie sera toujours fondamentale pour résoudre les crises dans la région. Elle a accusé la République islamique d’Iran de bafouer constamment les principes de la Charte des Nations Unies, notamment en voulant établir sa domination dans les pays arabes. Elle a en revanche estimé que des pays modérés essayaient de faire progresser le Moyen-Orient tout en rejetant les idéologies extrémistes.
La véritable stabilité dans la région, a-t-elle poursuivi, ne peut s’imposer de l’extérieur, mais elle doit résulter du leadership arabe. Il ne faut donc pas refaire les erreurs du passé, notamment celles d’après la Première Guerre mondiale. « Il faut aussi que le Conseil de sécurité joue pleinement son rôle et évite d’être hors sujet. »
Sur le cas du Yémen par exemple, elle s’est dite étonnée de voir que certains parlent de l’intervention de la coalition arabe comme une cause du conflit, alors même que le chaos est né des actions des houthistes qui ont entamé la déstabilisation des institutions dès 2014.
Pour la Syrie, elle a estimé que le rôle des Arabes est important pour parvenir à la fin de la crise. Selon la représentante, « même si des puissances extérieures veulent y imposer leurs décisions, il ne faut pas oublier que la Syrie est un pays arabe, et son avenir ne peut être décidé sans l’implication des Arabes ».
Elle a également rappelé que le non-respect des droits des Palestiniens servait de prétexte aux idéologues de la violence dans la région. Pour que la paix soit effective dans la région, il faut lutter contre le terrorisme. C’est pourquoi des États de la région ont pris des mesures contre le Qatar à cause de son soutien au terrorisme dans le monde.
Pour leur part, les Émirats arabes unis s’engagent à réformer leurs institutions afin de renforcer la bonne gouvernance. Elle a insisté sur l’importance de réformer les institutions des pays de la région afin de rétablir la confiance entre les dirigeants et les populations.
Elle a terminé en appelant les partenaires de la région à « respecter l’égalité des voix sur la table des discussions », afin de faire avancer le Moyen-Orient.
M. AGSHIN MEHDIYEV, Observateur permanent de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a appelé Israël à mettre un terme à l’occupation des terres palestiniennes, engageant par ailleurs la communauté internationale à faire preuve d’impartialité sur cette question. Il s’est inquiété de l’impact des interventions étrangères et des guerres de proximité menées dans la région,
soulignant que la médiation ne doit pas se faire sous la contrainte. D’après lui, les préjugés culturels et civilisationnels alimentent les discours extrémistes, tandis que l’islamophobie, la xénophobie et le racisme menacent la paix et la sécurité. Il s’est alarmé de l’étendue de la diffamation et de la calomnie à l’encontre de l’Islam et des musulmans en Occident.
M. Mehdiyev a appelé la communauté internationale à manifester la volonté politique nécessaire pour trouver une issue au conflit arabo-israélien et à établir une culture de paix et de sécurité fondée sur la dialogue et qui mette l’accent sur les alertes précoces et les réponses préemptives. Il a recommandé la création d’un « réseau de médiateurs et d’experts de l’ONU et de l’OCI », ainsi que la promotion d’une approche de la médiation « plus sensible à la culture et à la religion ».
S’agissant du conflit israélo-palestinien, M. GERTON VAN DEN AKKER, délégué de l’Union européenne, a réaffirmé son attachement à la solution des deux États. Il a mis en garde contre toute action susceptible de saper les bases de cette solution, y compris la poursuite par Israël de ses activités illégales de colonisation.
Face aux violences survenues récemment à Gaza, dans lesquelles de nombreux Palestiniens ont trouvé la mort, le représentant a appelé Israël à respecter les droits des manifestants et à ne pas faire un usage excessif de la force, notamment à l’encontre des civils.
Le représentant a également exhorté l’ensemble des parties à faire preuve de retenue pour éviter une détérioration de la situation actuelle. À ce titre, il a estimé que les organisateurs des manifestations à Gaza, y compris le Hamas, devaient éviter toute provocation, notamment en s’assurant de la non-violence de ces manifestations. Dans ce cadre, le représentant a condamné les tirs de roquettes depuis Gaza en direction d’Israël.
En ce qui concerne Jérusalem, le représentant a rappelé que l’Union européenne (UE) continuerait de respecter le statut international de la Ville sainte, y compris du point de vue des relations diplomatiques, et ce, jusqu’à ce qu’un accord final soit conclu sur le sort de Jérusalem. Enfin, le représentant s’est inquiété de la réduction significative des fonds alloués à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
S’agissant du conflit syrien, le représentant a condamné les violations continues du droit international humanitaire et l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien et par Daech. « Le régime syrien est le principal responsable de cette situation », a-t-il affirmé, déplorant, en outre, la persistance d’entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays, malgré la détérioration de la situation pour les civils sur le terrain.
Constatant, en outre, les violations répétées de la cessation des hostilités dans les « zones de désescalade », le représentant a appelé les parties au processus d’Astana, à savoir la Russie, l’Iran et la Turquie, à garantir la fin des combats de manière durable dans ces zones.
Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par l’intensification des combats au Yémen. Il a condamné les attaques contre les civils et a appelé les parties à respecter le droit international humanitaire. L’intensification des combats, a-t-il mis en garde, risque de saper les efforts onusiens pour relancer les négociations sur un accord politique.
Le représentant a également condamné les tirs de missiles balistiques auxquels ont procédé les houthistes en direction de l’Arabie saoudite. Il s’est dit gravement préoccupé par la prolifération de missiles balistiques dans la région.
Concernant le Plan d’action global commun, le représentant a sincèrement regretté la décision du Président des États-Unis de se retirer de l’accord. Tant que la République islamique d’Iran s’acquittera de ses obligations vis-à-vis du Plan, le représentant a indiqué que l’UE demeurerait fermement attachée à sa mise en œuvre. Tout en reconnaissant le danger que représentent les missiles balistiques dans la région, il a estimé que ce problème devait être réglé séparément, en dehors du Plan d'action global commun.
Enfin, le représentant a souligné que l’UE avait déployé l’opération militaire de l’Union européenne dans la partie sud de la Méditerranée centrale, aussi appelée EUNAVFOR MED opération SOPHIA, ainsi qu’une mission civile, l’EUBAM Libya, afin d’appuyer la Libye dans un certain nombre de domaines, y compris la mise en œuvre de l’embargo sur les armes, la lutte contre la traite des personnes et le contrôle des frontières.