Somalie: devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial insiste sur l’importance de réformer le secteur de la sécurité pour combattre le terrorisme
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie a indiqué devant le Conseil de sécurité, cet après-midi, que face au terrorisme, les autorités somaliennes et l’Union africaine doivent affronter un défi de taille: combattre l’insurrection tout en réformant le secteur de la sécurité, insistant par ailleurs sur les défis liés au différend du Golfe et à l’irruption de violence à Tukaraq.
Intervenant par visioconférence depuis Mogadiscio, M. Michael Keating, qui est également à la tête de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), s’est donc félicité de l’approbation par le Conseil des ministres, le 19 avril, du Plan de transition sécuritaire, tout en soulignant que sa mise en œuvre dépend de l’appropriation nationale et du leadership somalien.
Ce plan a été mis en avant par le représentant de la Somalie qui a précisé que celui-ci met notamment l’accent sur l’acquisition de capacités institutionnelles et le soutien à la stabilisation.
Le Représentant spécial était accompagné du Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Francisco Caetano José Madeira, qui a, de son côté insisté sur l’importance de bâtir des institutions dans les zones libérées, exhortant par ailleurs le Conseil de sécurité à rester saisi de la question des financements prévisibles et durables pour l’AMISOM.
Conscients des facteurs qui alimentent les attaques meurtrières des Chabab, comme le chômage des jeunes, la corruption et les conflits sous-jacents, plusieurs interventions ont également porté sur l’importance de mener des efforts de stabilisation pour combattre les causes profondes de la fragilité et des conflits dans le pays.
Outre le terrorisme, le Représentant spécial a averti du grave risque que le conflit qui oppose les forces du Somaliland et de Puntland dans la région de Tukarag, à Sool, ne dégénère. Il a donc appelé à l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu et à la reprise du dialogue politique. « En plus de déplacements de masse, l’émergence d’un conflit anéantirait plus de 20 ans de coexistence relativement pacifique entre le Somaliland et le Putland », s’est-il notamment inquiété.
Les deux chefs de missions se sont aussi préoccupés des répercussions du différend du Golfe qui met à rude épreuve les relations entre les principaux acteurs somaliens, chacun prenant position en fonction de ses intérêts économiques et objectifs politiques et sécuritaires.
Aussi, le Chef de l’AMISOM a prié le Conseil de sécurité de demander aux pays du Golfe de s’abstenir de toute action qui pourrait nuire à la stabilité de la Somalie, tandis que M. Keating a insisté sur la prérogative du Gouvernement fédéral en matière de politique étrangère, soulignant aussi que les États fédérés doivent être consultés pour qu’ils accordent leur appui aux politiques qui les concernent directement.
« Le meilleur moyen de minimiser l’impact du différend du Golfe, a-t-il ajouté, est de promouvoir une plus grande unité somalienne », a notamment souligné le Représentant spécial du Secrétaire général.
Ce dernier a d’ailleurs vu dans l’élection d’un nouveau Président du Parlement, début avril, l’occasion de faire avancer le programme législatif du Gouvernement somalien en profitant d’une conjoncture rare: l’unité entre le Président, le Président du Parlement et le Premier Ministre. Il a toutefois averti que la persistance de tensions entre les gouvernements fédéral et fédérés, ainsi que les déficits structurels risquent de contribuer à l’émergence de crises. Pour y remédier, il a appelé à progresser dans l’établissement d’un forum constitutionnel qui réunirait les dirigeants des gouvernements fédéral et fédérés afin de réglementer les motions de censure, les procédures de destitution, ainsi que combattre la corruption.
« La récente crise au Parlement a montré l’importance pour toutes les parties de s’approprier les facteurs qui unissent tous les Somaliens et de rejeter ce qui continue à semer les graines de la division et de la tension », a indiqué de son côté M. Madeira.
Ce dernier a aussi indiqué que le Parlement fédéral allait recentrer ses efforts pour que l’examen constitutionnel soit mené à bien et ouvre la voie à des élections multipartites d’ici à 2022. « La tenue, cette semaine, d’une réunion à ce sujet à Mogadiscio montre l’engagement de transformer les paroles en actes », a-t-il assuré.
La Côte d’Ivoire a néanmoins relevé que les tensions incessantes au sein du Parlement fédéral avaient eu des répercussions sur l’adoption de plusieurs projets de lois essentielles à l’édification de l’État somalien.
Au cours de son intervention, le délégué somalien a tenu à souligner que le Gouvernement somalien était sur le point de normaliser ses relations avec les institutions financières internationales. Le Gouvernement est également sur la bonne voie vers un effacement de la dette, un point sur lequel a notamment insisté la Bolivie.
LA SITUATION EN SOMALIE
Rapport du Secrétaire général sur la Somalie (S/2018/411)
Déclarations
M. MICHAEL KEATING, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, qui est aussi le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a annoncé que la Convention constitutionnelle nationale s’était achevée aujourd’hui, y voyant un jalon important marqué par un ferme engagement envers un processus de révision constitutionnelle doté d’objectifs clairs et ambitieux. Il a indiqué qu’aujourd’hui marque également le soixante-quinzième anniversaire de la Ligue pour la jeunesse somalienne, tandis qu’à Baidoa, les Présidents des États fédérés prennent part au Conseil de coopération interétatique. Il a ensuite averti du grave risque que le conflit qui oppose les forces du Somaliland et de Puntland dans la région de Tukaraq, à Sool, ne dégénère.
Malgré nombres d’évènements imprévus, a-t-il poursuivi, le Gouvernement fédéral maintient sa détermination à poursuivre son programme de réformes, sur les plan économique, financier et sécuritaire, un programme qui, a-t-il souligné, mérite « l’appui cohérent » du Conseil de sécurité. Outre les progrès reconnus par le Fond monétaire international (FMI), la table ronde de haut niveau sur la Somalie, qui s’est tenue le 19 avril à Washington, a permis d’ouvrir la voie aux allocations pour l’apurement des arriérés. M. Keating y a vu un vote de confiance dans la capacité du Gouvernement à impliquer le secteur privé, à améliorer la gestion financière publique et à augmenter les revenus domestiques.
Le Représentant spécial a ensuite indiqué que la situation humanitaire, bien que meilleure que l’an dernier, demeure très préoccupante. Les pluies de la saison du Gu, la principale saison pluvieuse, ont affectée plus 718 000 personnes dans le centre et le sud du pays, et les inondations ont provoqué d’importants déplacements de population. Il s’est aussi inquiété du fait que le Plan d’aide humanitaire pour la Somalie 2018 n’a été financé qu’à hauteur de 24%.
L’insécurité, a-t-il poursuivi, est également une préoccupation constante, les Chabab demeurant toujours capables de mener des attaques terroristes meurtrières. Face aux facteurs qui alimentent le terrorisme, comme le chômage des jeunes, la corruption et les conflits sous-jacents, M. Keating a indiqué que la Somalie et l’Union africaine doivent affronter un défi de taille: combattre l’insurrection tout en réformant le secteur de la sécurité. Des mesures ambitieuses ont d’ores et déjà été prises comme les enregistrements biométriques, la réforme du versement des salaires et l’évaluation de la préparation opérationnelle, mais il faut faire encore plus, a-t-il dit, avant d’indiquer que le Premier Ministre avait identifié la « construction » de l’architecture de sécurité nationale, l’identification des forces régionales qui seront intégrées dans l’armée et la police, ainsi que l’adoption de lois et la gestion des armes, entre autres.
Le Représentant spécial s’est félicité de l’approbation, le 19 avril, par le Conseil des ministres, du Plan de transition sécuritaire, soulignant que sa mise en œuvre dépend de l’appropriation nationale et du leadership somalien. La réussite de la transition sécuritaire, a-t-il ajouté, dépendra non seulement de la réforme approfondie des forces de sécurité somaliennes, mais aussi de la transformation de l’AMISOM, que ce soit en conduisant des opérations conjointes plus flexibles ou en mettant davantage l’accent sur la police. Un financement plus prévisible s’impose également.
En venant au paysage politique somalien, M. Keating a indiqué que la recherche du pouvoir se voit compliquée par la faiblesse des institutions somaliennes, les ambiguïtés de la constitution fédérale provisoire concernant les relations entre les trois branches du pouvoir, les défis que comportent les dispositifs fédéraux, de même que par le rôle de l’argent « intraçable ». Il s’est aussi inquiété de l’impact du « différend du Golfe », du rôle des parlementaires et des relations entre les dirigeants des États fédérés et de l’État fédéral.
Il a vu dans l’élection, début avril, d’un nouveau Président du Parlement l’occasion de faire avancer le programme législatif en profitant d’une conjoncture rare: l’unité entre le Président, le Président du Parlement et le Premier Ministre. Il a toutefois averti que la persistance de tensions entre les gouvernements fédéral et fédérés, ainsi que les déficits structurels risquent de contribuer à l’émergence de crises. Pour y remédier, il a appelé à progresser dans l’établissement d’un forum constitutionnel qui réunirait les dirigeants du Gouvernement fédéral et des gouvernements des États fédérés et qui adopterait des mesures pour réglementer les motions de censure, les procédures de destitution, ainsi que pour combattre la corruption.
M. Keating a également indiqué que les relations entre les principaux acteurs somaliens sont mises à rude épreuve du fait du différend du Golfe, chaque acteur prenant position en fonction de ses intérêts économiques et objectifs politiques et sécuritaires. Il a insisté sur la prérogative du Gouvernement fédéral en matière de politique étrangère, soulignant aussi que les États fédérés doivent être consultés pour qu’ils accordent leur appui aux politiques qui les concernent directement. Le meilleur moyen de minimiser l’impact du différend du Golfe, a-t-il ajouté, est de promouvoir une plus grande unité somalienne. Il a placé ses espoirs, entre autres, dans la tenue prochaine du Conseil de sécurité national, avertissant que les différends qui débouchent sur une réduction de l’aide et des liens économiques, ou qui attisent les tensions, profitent aux extrémistes.
S’agissant de la situation à Tukaraq, il a indiqué qu’il reste encore à confirmer les faits, mais que l’irruption de la violence aurait fait des morts et des blessés. Il a appelé à l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu et à la reprise du dialogue politique entre les dirigeants du Somaliland et du Putland. Il a fait savoir que les Présidents Bihi et Gaas cherchent à éviter les hostilités, soulignant que l’approche du Ramadan rend l’instauration d’un cessez-le-feu particulièrement importante. Outre la perspective de déplacements de masse, l’émergence d’un conflit anéantirait plus de 20 ans de coexistence relativement pacifique entre le Somaliland et le Putland. La crise du Tukaraq, a-t-il averti, risque aussi de détourner l’attention des progrès réalisés à Galkacyo, ainsi qu’à Marka, en basse Chébéli et à Galmudung.
Le représentant spécial s’est également inquiété de la situation des droits de l’homme, se félicitant toutefois de la signature, au mois de février, du Programme conjoint pour les droits de l’homme. Il a aussi fait état d’une augmentation des cas d’enlèvement et de recrutement d’enfants, se disant en outre gravement préoccupé par l’impunité pour les auteurs de violence sexuelle. Il a vivement exhorté le Gouvernement fédéral à mettre en œuvre la loi sur les offenses sexuelles afin de renforcer le cadre législatif existant.
M. FRANCISCO CAETANO JOSÉ MADEIRA, Représentant spécial de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), a mis en garde contre plusieurs défis auxquels est confrontée la Somalie actuellement. « Si on n’y fait pas face rapidement, ils auront des incidences négatives et on reviendra en arrière après avoir réalisé des progrès », a-t-il prévenu. Les soldats de l’AMISON, a-t-il indiqué, aident les populations victimes d’inondation sur les rives du fleuve Chébéli. Il s’est également inquiété des effets du conflit entre les pays du Golfe, qui exacerbe les divisions entre les Somaliens. Il a craint que cela ait des incidences sur les relations entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés. C’est pourquoi il a prié le Conseil de sécurité de demander aux pays du Golfe de s’abstenir de toute action qui pourrait nuire à la stabilité de la Somalie.
Il y a un an, a-t-il rappelé, la Somalie a eu l’occasion d’un nouveau départ, une occasion importante pour la reconstruction des institutions somaliennes. « La récente crise au Parlement a montré l’importance pour toutes les parties de s’approprier les facteurs qui unissent tous les Somaliens et de rejeter ce qui continue à semer les graines de la division et de la tension », a poursuivi le représentant. « Ces personnes parlent la même langue, appartiennent à la même nation, ont la même religion. Si tout cela est bien utilisé, cela peut contribuer au renforcement de l’unité et de la paix. » M. Madeira a indiqué que le Parlement fédéral allait recentrer ses efforts pour que l’examen constitutionnel soit mené à bien et ouvre la voie à des élections multipartites d’ici à 2022. « La tenue, cette semaine, d’une réunion à ce sujet à Mogadiscio montre l’engagement de transformer les paroles en actes. »
Le représentant a ensuite noté les domaines dans lesquels le Gouvernement continue de faire des progrès importants: la gestion du budget, le renforcement des institutions financières, la collecte des impôts, l’enregistrement des contribuables, ainsi que les consultations sur le régime fiscal. La loi créant une commission anticorruption est en train de prendre forme, s’est-il réjoui, pointant également l’annonce récente d’un l’allègement de la dette somalienne.
Pour lui, aider le Gouvernement fédéral à mettre en œuvre le Plan de transition est la priorité numéro un de l’AMISON, qui a déclaré qu’elle appuierait la transition et reconfigurerait sa démarche à cet effet. M. Madeira a pointé la nécessité d’un mentorat pour les forces somaliennes, et d’une démarche plus souple par rapport à l’appui logistique de l’ONU. Il a également noté la nécessité d’un renforcement des capacités et d’une présence sur le terrain dans l’ensemble des États fédérés. « L’AMISOM commence à se concentrer sur ces tâches », a-t-il déclaré, notant aussi les besoins en communication, transport, logistique, approvisionnement, entre autres.
Pour le représentant, la transition ne peut pas simplement dépenser des ressources et des vies pour reprendre des positions aux Chabab. « Il faut intégrer tout ce qui est nécessaire pour tenir de manière permanente les villes, petites et grandes, et protéger de manière effective les populations », a-t-il dit. Il a souhaité que les centres de population qui seront repris aux Chabab soient ensuite transformés en endroits habitables. Les agences humanitaires fourniront une aide aux populations libérées, a-t-il ajouté en prévoyant aussi de créer les conditions propices pour que le commerce local reprenne vie, et que les citoyens puissent mener leur vie sans crainte d’être tués par les Chabab au coin de la rue.
Il faut, a-t-il suggéré, que le Gouvernement crée les institutions nécessaires, et que les Nations Unies aident à établir des institutions dans les endroits qui vont être libérés. Il a mis en garde contre un renforcement des capacités militaires des Chabab, leur résilience, et leurs attaques avec des engins explosifs improvisés. « Pour lutter contre cette menace avec succès, j’exhorte le Conseil à rester saisi de la question des financement prévisibles et durables pour l’AMISOM et les forces de sécurité somaliennes. Je leur demande de fournir les moyens permettant de diminuer les dégâts causés par les engins explosifs improvisés ».
En conclusion de son intervention, M. Madeira s’est dit reconnaissant de la fourniture par le Département d’État des États-Unis d’un système militaire « dont les effets se font déjà sentir sur le terrain des opérations ». « La réunion à Bruxelles a montré que nos partenaires sont prêts à se montrer généreux pour nous aider à lutter contre les Chabab », s’est-il réjoui.
M. NARCISO SIPACO RIBALA (Guinée équatoriale) a salué les mesures importantes adoptées par le Gouvernement fédéral somalien ainsi que le programme politique présenté par son nouveau Président. Il a toutefois noté que malgré l’appui international, l’ampleur des défis que doit affronter ce pays demeure immense. Il s’est notamment inquiété du fait que les Chabab poursuivent leurs attaques meurtrières, en imputant la raison au manque d’éducation et de perspectives d’emplois, aux différends non résolus et au manque de capacité du secteur judiciaire, entre autres. Les divergences entre les États fédérés et les autorités fédérales sont également préoccupantes, a-t-il indiqué, avant d’appeler les acteurs politiques à trouver un terrain d’entente pour créer un environnement politique sain.
Le représentant a ensuite salué les efforts déployés par le Président Farmaajo pour favoriser la réconciliation nationale, se félicitant notamment de son récent déplacement au Putland et à Galmudug. Il a toutefois noté l’insuffisance des capacités des institutions de sécurité et a fait part de son appui à l’AMISOM.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a insisté sur l’importance de poursuivre la lutte contre le terrorisme en Somalie, ainsi que la réforme des institutions de l’État et le renforcement de la transformation socioéconomique du pays. Il s’est félicité du récent déplacement du Président fédéral dans les différentes régions du pays pour favoriser la réconciliation nationale. Il a souhaité que le plan de transition du Gouvernement fédéral soit concrétisé une fois que les autorités policières, judiciaires et pénitentiaires seront pleinement opérationnelles.
Le représentant a ensuite appuyé les efforts de médiation déployés par l’Union africaine visant à un règlement pacifique du conflit. De son côté, a-t-il ajouté, le Conseil de sécurité doit contribuer au renforcement des capacités de l’AMISOM, espérant ainsi que les forces de sécurité somaliennes puissent, dans un avenir proche, pleinement assurer la sécurité du pays.Il a fait part de son inquiétude au sujet de la poursuite des activités terroristes des Chabab, du recrutement d’enfants soldats et de la prévalence des violences sexuelles.Pour ce qui est de la transformation socioéconomique du pays, il a appelé non seulement à reformer le secteur de sécurité, mais aussi à restructurer la dette extérieure du pays.
M. FRANCISCO TENYA (Pérou), s’est dit préoccupé de la crise humanitaire persistante qui affecte 5,4 millions de personnes, de l’instabilité sécuritaire et des violations des droits de l’homme, en particulier pour les femmes et les enfants. Il s’est toutefois félicité de la nouvelle approche choisie grâce au Plan d’intervention humanitaire 2018. Le représentant a salué les progrès importants réalisés par la Somalie sur le plan économique et a dit espérer que le soutien du FMI et de la Banque mondiale améliorera les conditions de vie de la population. Il a condamné les attaques perpétrées par les Chabab et a demandé la mise en œuvre d’une approche cohérente pour faire face à la menace des engins explosifs improvisés. Poursuivant, le délégué a insisté sur l’importance du Plan de transition afin que les autorités somaliennes puissent assumer la pleine responsabilité de leur sécurité. Il a salué les importantes avancées à cet égard, dont la création d’un nouveau modèle de police aux niveaux fédéré et fédéral, l’accord politique sur le modèle de justice et les institutions pénitentiaires, ainsi que les initiatives pour prévenir l’extrémisme violent.
Saluant la lancée du processus de paix pour mettre fin aux tensions opposant les clans à Marka, le représentant a dit son espoir qu’avec l’élection d’un nouveau président au Parlement, la Somalie pourra avancer et établir les institutions nécessaires à une paix durable. Il a souhaité que le Conseil national de sécurité progresse dans la préparation des élections de 2020-2021, en donnant la priorité à la révision de la constitution et la mise en œuvre d’un cadre juridique électoral. Il a salué le rôle joué par la MANUSOM dans la promotion de l’égalité homme-femme, et a réitéré son appui à la Mission quant à ses propositions de reconfiguration des initiatives de sécurité. Le représentant a également insisté sur la nécessité que les pays du Golfe participent aux efforts du Gouvernement fédéral dans l’amélioration de ses relations avec les États fédérés.
M. THÉODORE DAH (Côte d’Ivoire) a salué ce rapport exhaustif sur la MANUSOM, se félicitant de l’amélioration des relations entre le Gouvernement fédéral et les gouvernements fédérés en Somalie, ce qui a abouti à un accord relatif à l’appui financier et opérationnel à apporter aux forces régionales en vue de leur intégration dans la police de l’État. Il s’est également félicité de l’adoption, par les différentes parties, de la feuille de route politique pour la période 2017-2020; de l’établissement du mémorandum d’accord relatif au processus de révision constitutionnelle; et de l’implication des autorités fédérales dans des initiatives de réconciliation nationale tout comme les préparatifs des élections au suffrage universel de 2020-2021. Sur ce dernier point, la Côte d’Ivoire se félicite de la démarche inclusive adoptée par la Commission électorale nationale indépendante dans le cadre des consultations visant à surmonter les possibles obstacles à la tenue d’élections libres, démocratiques et transparentes.
M. Dah a néanmoins fait part des préoccupations de sa délégation face aux tensions incessantes au sein du Parlement fédéral, en soulignant leurs répercussions sur l’adoption de plusieurs projets de lois essentielles à l’édification de l’État somalien. Il a exhorté les acteurs politiques à s’engager résolument dans la construction d’un État somalien fort et prospère.
Il a en outre déploré les attentats perpétrés par les Chabab, invitant la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, à accompagner la Somalie dans son processus de réforme du secteur de la sécurité, afin de permettre la mise en œuvre du plan de transition visant le passage progressif de relais entre l’AMISOM et les forces de sécurité du pays. Le représentant a ensuite abordé la situation humanitaire et a encouragé les partenaires internationaux et les donateurs à se mobiliser afin de contribuer au financement du Plan d’aide humanitaire 2018. Il les a aussi invités à répondre urgemment aux besoins humanitaires des populations somaliennes en détresse.
M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) a salué les efforts et la volonté politiques du Gouvernement fédéral de la Somalie et de ses ministres dans le cadre du renforcement de la construction de l’État et de la consolidation de la paix. Il a aussi attiré l’attention sur l’importance d’assurer le suivi des accords afin de les concrétiser, notamment en ce qui concerne la division du pouvoir, la gestion des ressources et le partage des revenus. En outre, le représentant a salué les efforts de la Commission nationale électorale indépendante qui a tenu des consultations nationales afin d’établir le meilleur modèle électoral possible pour le pays. Dans ce contexte, le délégué a souhaité que le cadre électoral soit adopté afin d’organiser les élections de 2020-2021.
M. Temenov a fait part de la préoccupation du Kazakhstan face à la poursuite des attaques des Chabab contre l’Armée nationale et l’AMISOM. Il a insisté sur un financement prévisible et durable de cette dernière pour maximiser son fonctionnement. Il a également invité les partenaires internationaux à continuer d’apporter un soutien coordonné pour le renforcement des capacités de l’Armée nationale somalienne. Le délégué a enfin souligné qu’il s’était rendu dans la Corne de l’Afrique la semaine dernière, visite dont il entend bientôt faire un compte rendu. Il s’y est rendu en sa qualité de Président du Comité du Conseil de sécurité concernant la Somalie et l’Érythrée, et de celui concernant l’EIIL (Daech) et le réseau Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés.
M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) s’est dit préoccupé par des « déclarations inappropriées » figurant dans le rapport du Secrétaire général sur la situation politique, estimant que ces dernières peuvent compromettre la légitimité du Gouvernement et les efforts de la reconstruction nationale. « Il y a moyen de couvrir de manière plus adéquate les progrès politiques et les développements sur le terrain », a-t-il estimé. Il s’est dit heureux de noter que les tensions avec le Parlement mentionnées dans le rapport avaient été résolues. « C’est la preuve de la résilience du peuple somalien et sa capacité à absorber les chocs politiques », a déclaré M. Osman.
Rappelant que le Président Mohamed Abdullahi Mohamed s’était engagé, il y a un peu plus d’un an, à accélérer la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, le délégué a déclaré que des progrès tangibles avaient été accomplis grâce au développement du Plan de transition, réalisé en partenariat étroit avec l’AMISOM, le Comité des pays fournissant des contingents, les Nations Unies et l’Union européenne, ainsi que d’autres partenaires clefs. Il a souligné que le processus avait été « inclusif et global », avec des consultations de terrain pour incorporer le point de vue des acteurs locaux, dont les États fédérés. Entériné par le Cabinet, l’Union africaine et le Conseil de sécurité, le Plan de transition met l’accent particulièrement sur l’acquisition de capacités institutionnelles tout en soulignant les opérations de sécurité nécessaires et les efforts de soutien à la stabilisation, a précisé le délégué.
Le soutien de l’ONU à l’AMISON doit se poursuivre pour maintenir l’élan actuel, a-t-il également insisté. Il s’est félicité des progrès réalisés par l’AMISON et les Forces armées nationales contre les Chabab, tout en reconnaissant que ces derniers « ne pourront être vaincus par les seuls moyens militaires ». « Les efforts de stabilisation menés avec nos partenaires internationaux sont également essentiels pour nous aider à nous attaquer aux causes profondes de la fragilité et des conflits dans nos communautés. » Il a aussi fait valoir que la crédibilité et la légitimité du Gouvernement reposent sur sa capacité à promouvoir la réconciliation sociale, la bonne gouvernance et à fournir des services publics qui améliorent la vie des citoyens.
M. Osman a reconnu que l’Armée nationale somalienne faisait face à des défis. Pour lui, le seul moyen de mettre en œuvre la transition est de l’impliquer dans des opérations conjointes avec l’AMISON avec le soutien des partenaires internationaux, afin qu’elle acquière de l’expérience, de la confiance et se forge la capacité de mener des opérations de grande ampleur.
Le Président et le Premier Ministre font tous les efforts possibles pour réconcilier le peuple somalien, a aussi assuré M. Osman, répétant que le Plan de transition serait le cœur de la réforme du secteur de sécurité.
Suite à la réunion avec la Banque mondiale et le FMI, il a indiqué que le Gouvernement somalien était sur le point de normaliser ses relations avec les institutions financières internationales et en bonne voie pour un effacement de la dette.
Sur le front politique, le Gouvernement fédéral et les États fédérés continuent à travailler pour mettre en œuvre la feuille de route incluant la révision de la Constitution, et la préparation des élections de 2020. M. Osman a rappelé que des projets de lois importants étaient actuellement en attente de vote au Parlement, et a dit son espoir que le processus pacifique d’élection du nouveau président fasse avancer positivement ce programme législatif.
Le représentant est ensuite revenu sur les hostilités à Tukaraq et Le-Afweyne dans la région de Sool, relayant les propos du Président Farmaajo qui exhorte les dirigeants et les anciens combattants à négocier la paix. En conclusion, M. Osman a reconnu que les défis restent importants et qu’ils nécessiteront des efforts à long terme, pour s’attaquer non seulement au terrorisme mais aussi à la corruption et à la construction d’institutions légitimes. « Nous sommes sur la bonne voie », a-t-il estimé.