En cours au Siège de l'ONU

8241e séance – matin
CS/13312

Conseil de sécurité: les jeunes doivent avoir voix au chapitre dans le maintien et la promotion de la paix et de la sécurité internationales

À la veille de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la consolidation et la pérennisation de la paix, plus de 75 délégations ont aujourd’hui tenté d’évaluer la contribution des jeunes au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité internationales à la suite de l’adoption, en décembre 2015, de la résolution 2250 (2015), la première à pleinement reconnaître une telle contribution.  Les participants ont notamment examiné les recommandations formulées dans une étude indépendante* réalisée à la demande du Conseil et discuté des mesures à prendre pour traduire la résolution dans la pratique. 

À l’origine de la résolution 2250 (2015) et de l’étude, il y a ce constat que, jusqu’à présent, les États et le système multilatéral ont eu du mal à consulter réellement les jeunes -pour l’ONU, toute personne âgée de 18 à 29 ans-, à travailler avec eux et à les intégrer pleinement aux activités de paix et de sécurité, expliquait la présidence péruvienne du Conseil dans une note de cadrage**.  Avec la Suède, le Pérou travaille sur un nouveau projet de résolution destiné à compléter la résolution 2250 (2015).

« Ce n’est pas tous les jours que le Conseil de sécurité a l’opportunité de se pencher sur un rapport indépendant qui contient les voix de plus de 4 000 jeunes de toutes les régions du monde, qui représentent eux-mêmes les aspirations de millions d’autres jeunes », s’est exclamée l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, Mme Jayathma Wickramanayake, nommée en juin dernier.

On commence à réaliser que les jeunes sont « les absents de la paix », a estimé l’Envoyée, qui a estimé que l’étude menée sous la direction de M. Graeme Simpson offrait une nouvelle conception du rôle des jeunes.  En effet, celle-ci reconnaît que seule une minorité d’entre eux s’engagent dans la violence et met en garde contre les « politiques de panique » déclenchées par les présomptions infondées selon lesquelles les jeunes seraient violents.

« Je pense que nous pouvons tous reconnaître que ma génération représente une promesse, et non un danger », a insisté Mme Wickramanayake, âgée elle-même de 27 ans: « Il faut nous voir comme un atout, pas comme un problème. »

En 2016, environ 408 millions de jeunes vivaient dans des zones touchées par un conflit armé ou frappées par la criminalité organisée, ce qui signifie qu’au moins un jeune sur quatre est touché d’une manière ou d’une autre par l’un de ces fléaux, a relevé M. Simpson.  L’auteur principal de l’étude a expliqué que celle-ci avait été réalisée avec un groupe consultatif d’experts nommé par le Secrétaire général et en associant des jeunes de tous horizons.  

Soucieuse de contrer « les idées fausses » et de combattre la « violence de l’exclusion », l’étude présente à l’intention des États Membres et des autres acteurs concernés une stratégie à long terme pour améliorer la conception des politiques et programmes en vue de renforcer l’influence positive des jeunes en matière de paix et de sécurité.  Les propositions visent à investir dans les capacités des jeunes, élargir leur inclusion dans les sphères politique, économique et socioculturelle et édifier des partenariats avec les jeunes à l’ONU ou en dehors.

« Le stéréotype du jeune, c’est un jeune homme avec une arme à feu, tandis que les jeunes femmes sont inévitablement reléguées au statut de victimes passives », a dénoncé M. Simpson, qui a noté que de tels stéréotypes sexistes privaient les jeunes de leur voix et de leadership, alors qu’ils sont des moteurs de changement et des sources innovantes de paix.

La plupart des jeunes ne sont pas impliqués dans la violence et mènent tout simplement leur vie, a insisté M. Simpson, qui a rendu hommage à ceux qui font preuve de courage, de créativité et de résilience en travaillant en faveur de la paix et de la sécurité, même s’ils manquent cruellement de reconnaissance. 

Une représentante de la société civile en Haïti, Mme Sophia Pierre-Antoine, a ensuite expliqué qu’elle avait participé aux consultations pour la région d’Amérique latine et des Caraïbes, au cours desquelles les jeunes ont fait part de leur rejet des forces qui terrorisent les pauvres, les peuples autochtones, les minorités ethniques et religieuses, les personnes handicapées et malades et les jeunes LGBT.

« Notre représentation ne doit pas être symbolique », a averti une autre jeune représentante de la société civile, Mme Kessy Ekomo-Soignet.  Venue de la République centrafricaine, celle-ci a souligné que 72% de la population avait moins de 35 ans dans son pays, « l’un des pires où être jeune ».  Pourtant, a-t-elle nuancé, notre position dans les classements mondiaux n’est pas une fatalité car « l’autre partie de l’Histoire, les jeunes l’écrivent aujourd’hui ».

L’exclusion de l’expérience des jeunes et la méfiance qu’ils expriment vis-à-vis des autorités nationales et internationales devrait nous servir d’avertissement à tous, a souligné le Secrétaire d’État pour les affaires régionales et les affaires multilatérales globales de la Roumanie, s’exprimant en tant que Président de la Commission de consolidation de la paix.  Tout au long de la journée, nombre des intervenants, tout en insistant sur le potentiel des jeunes comme agents d’un changement nécessaire, ont en effet mis en garde contre les risques de voir ces mêmes jeunes recourir à la violence -ou être embrigadés par des groupes extrémistes ou terroristes- s’ils se sentent exclus de la société, que ce soit des processus de prise de décisions ou du marché du travail.

C’est pourquoi la plupart des participants se sont aussi attachés à décrire les initiatives prises pour améliorer l’éducation et renforcer l’intégration des jeunes et leur apport aux processus de paix et aux initiatives liées à la sécurité et à la consolidation de la paix, un effort qu’ils ont en outre étroitement associé au Programme de développement durable à l’horizon 2030.

*   A/72/761-S/2018/86

**  S/2018/324

LA JEUNESSE, LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Exposés

Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a relevé qu’elles étaient trois jeunes femmes à faire des exposés au Conseil de sécurité aujourd’hui, un fait sans précédent dans cette instance.  Elle a salué le large processus participatif entrepris, avec l’appui des Nations Unies, pour la rédaction de l’étude indépendante sur l’apport des jeunes aux processus de paix et de règlement des conflits.

« Ce n’est pas tous les jours que le Conseil de sécurité a l’opportunité de se pencher sur un rapport indépendant qui contient les voix de plus de 4 000 jeunes de toutes les régions du monde, qui représentent eux-mêmes les aspirations de millions d’autres jeunes », s’est exclamée l’Envoyée spéciale.  Ces jeunes nous ont donné pour mission de porter leur vision au Conseil, a-t-elle ajouté.

Il y a trois ans aujourd’hui, le Conseil de sécurité convoquait la deuxième réunion de son histoire sur le rôle des jeunes dans la paix et la sécurité, présidée par le Prince héritier de Jordanie, alors âgé de 23 ans, a rappelé Wickramanayake.  On a reconnu à cette occasion que les jeunes sont le moteur du changement mais que, bien souvent, ils ne sont pas en première ligne et un appel a été lancé pour leur donner la possibilité de contribuer à orienter notre avenir commun.  Des milliers de jeunes se sont ralliés à cet appel et leur mobilisation a conduit le Conseil à adopter la résolution 2250 (2015).

Depuis l’adoption de cette résolution, a expliqué l’Envoyée spéciale, des coalitions de jeunes pour la paix et la sécurité se sont créées dans plusieurs pays.  Des partenaires de la société civile se sont mobilisés pour appuyer leurs travaux et les équipes de pays des Nations Unies ont lancé des programmes ambitieux.  Le débat d’aujourd’hui, à la veille de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la consolidation et la pérennisation de la paix, montre que l’on commence à réaliser que les jeunes sont le « lien manquant » dans la réflexion sur la paix.  Pourtant le thème « Les jeunes, la paix et la sécurité », est situé au centre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle souligné.

À cet égard, l’étude indépendante sur l’apport des jeunes aux processus de paix et de règlement des conflits nous offre une nouvelle conception du rôle des jeunes, a-t-elle dit.  L’étude reconnaît notamment que seulement une minorité d’entre eux s’engagent dans la violence et elle met en garde contre la « politique de panique » déclenchée par les présomptions infondées selon lesquelles les jeunes seraient violents.

« Je pense que nous pouvons tous reconnaître que ma génération représente une promesse, et non un danger », a insisté la jeune Wickramanayake.  « Il faut nous voir comme un atout, pas comme un problème. »

Le Conseil de sécurité, a-t-elle estimé, a l’opportunité de corriger la méfiance qui existe entre les jeunes, leurs gouvernements et le système multilatéral en ouvrant de nouvelles voies à leur participation et à leur contribution.  Elle a souhaité que le Conseil tienne compte des recommandations formulées dans l’étude en question.  À cette fin, a-t-elle elle-même suggéré, il faut appuyer le travail des jeunes pour la consolidation de la paix.  Il faut donner la priorité à leur engagement politique.  Ainsi faut-il faire une place aux jeunes et écouter leur voix à la table des négociations en Syrie, au Soudan du Sud, en Colombie, au Yémen, au Myanmar et ailleurs.

L’Envoyée spéciale pour la jeunesse a également souhaité que tous les pays mettent fin aux limites d’âge concernant la participation politique des jeunes.  Après avoir personnellement rencontré des jeunes en Iraq, en Somalie et en Colombie, qui lui ont parlé de l’impact de la résolution 2250 (2015), elle a enjoint la communauté internationale à continuer sur cet élan.  J’espère, a-t-elle conclu, que vous allez décider que les jeunes ne sont plus un point subsidiaire à l’ordre du jour, mais le point le plus important pour le Conseil de sécurité et l’Organisation.  

M. GRAEME SIMPSON, auteur principal de l’étude sur les jeunes et la paix et la sécurité, s’est dit honoré d’avoir été nommé par le Secrétaire général avec comme mandat d’établir les contributions positives des jeunes dans le monde en termes de consolidation et de pérennisation de la paix, de règlement des conflits et de prévention de la violence.  Sur 1,8 milliard de jeunes dans le monde -définis par les Nations Unies comme les personnes de 18 à 29 ans – près d’un quart, soit 408 millions, souffrent d’exclusion et de marginalisation, a indiqué M. Simpson, en expliquant pourquoi l’étude s’était penchée en particulier sur ces personnes qui sont tant exposées à la violence: le rapport ne pouvait reproduire le problème qu’il a précisément pour objectif de résoudre.

Avec les 21 experts également nommés par le Secrétaire général pour cette étude, « nous avons mené sept consultations régionales de jeunes, complétées par des consultations nationales et en ligne, des recherches spécifiques aux pays dans 27 d’entre eux, de nombreuses études thématiques, ainsi que des sondages d’organisations dédiées à la consolidation de la paix menés par des jeunes, d’États Membres et d’entités des Nations Unies », a expliqué l’auteur.  M. Simpson a aussi parlé des 281 groupes de discussion organisés dans 44 pays et indiqué que les responsables de l’étude avaient ainsi entendu plus de 4 200 jeunes de partout dans le monde.

Un des messages clefs des jeunes est que la confiance s’amenuise entre eux et les gouvernements et organisations multilatérales, voire les organisations internationales de la société civile.  Ils sont traités comme « un problème à résoudre » ou, pire, comme une menace, ont-ils constaté en déplorant d’être toujours étiquetés ainsi.

« Le stéréotype du jeune, c’est un jeune homme avec une arme à feu, tandis que les jeunes femmes sont inévitablement reléguées au statut de victimes passives », a dénoncé M. Simpson, qui a noté que de tels stéréotypes sexistes privaient les jeunes de leur voix et de leadership, alors qu’ils sont des moteurs de changement et des sources innovantes de paix.

En découlent des « présupposés politiques », comme le risque accru de violence qui résulterait de la croissance de la population jeune ou le fait que les jeunes réfugiés et migrants représenteraient de nouvelles menaces en termes de terrorisme et de crime.  Une troisième idée est que la plupart des jeunes sont susceptibles d’être recrutés par des groupes extrémistes violents.  M. Simpson a affirmé qu’il n’existait aucune preuve à l’appui de ces « politiques de panique ».  Il a aussi remarqué qu’on n’avait pas évalué la rentabilité économique des mesures de sécurité prises en vertu de ces politiques.

La plupart des jeunes ne sont pas impliqués dans la violence et mènent tout simplement leur vie, a souligné l’auteur, tout en rendant hommage à ceux qui font preuve de grand courage, de créativité et de résilience en travaillant en faveur de la paix et de la sécurité.  Il a toutefois regretté que ces activités manquent cruellement de reconnaissance et de soutien.

M. Simpson a poursuivi en soulignant ce travail important des jeunes dans toutes les phases des cycles de paix et de conflit, en particulier leur rôle crucial dans les processus formels de paix.  Il a mis en évidence leur contribution à la cohésion sociale, par le niveau local, les communautés et les familles.  En outre, les jeunes travaillent à résoudre des conflits de types différents, a-t-il noté en saluant les partenariats innovants qu’ils utilisent.  À cela s’ajoutent les nouveaux chemins et espaces qu’ils utilisent en faveur de la paix: l’art, la culture, le sport, le cyberespace, les médias sociaux et les nouvelles technologies.  Enfin, les jeunes, a-t-il remarqué, passent par la voie des manifestations et protestations pacifiques, afin de rechercher la justice, de combattre la corruption, de demander la liberté de mouvement ou encore de lutter contre la violence des armes. 

Pour investir dans les atouts des jeunes, M. Simpson a recommandé aux États Membres et aux acteurs internationaux de les inclure de façon globale.  Il faut, a-t-il détaillé, des politiques qui incluent véritablement les jeunes dans les forums politiques, une inclusion économique complète des jeunes au-delà d’un simple emploi, une protection des jeunes contre la violence, la reconnaissance de leurs expérience et contributions uniques, un investissement dans l’éducation à la paix, et enfin, un leadership par les jeunes dans le désengagement et la réintégration des anciens combattants.

L’auteur principal de l’étude a prôné une réorientation des efforts en recommandant notamment de passer des réactions aux problèmes à une véritable approche de prévention.  Il faut aussi passer d’un investissement dans la sécurité pure et dure à un investissement dans les travaux menés par les jeunes en faveur de la paix.  L’expert a également plaidé pour que les États s’engagent dans de nouveaux partenariats avec des organisations centrées sur ou dirigées par des jeunes, avant d’appeler aussi à embrasser une nouvelle culture qui s’éloigne des conceptions romantiques ou diaboliques de la jeunesse.

Les propositions formulées dans l’étude visent trois grands domaines d’action, a enfin indiqué M. Simpson: investir dans les capacités des jeunes, élargir leur inclusion dans les sphères politique, économique et socioculturelle, et édifier des partenariats avec les jeunes à l’ONU ou en dehors.

Mme SOPHIA PIERRE-ANTOINE, représentante de la société civile, a expliqué être née en Haïti en 1991, alors que se déroulait un coup d’État.  Elle a mentionné le témoignage d’une jeune fille haïtienne, qui lui a confié qu’elle n’avait pas peur d’un autre tremblement de terre, après celui qui a frappé le pays en 2010, mais de la violence sexuelle.  « Le récit dominant qui fait des jeunes femmes des victimes impuissantes doit changer », a-t-elle ajouté.  Elle a déploré la violence qui domine les rapports dans les communautés haïtiennes avec lesquelles elle travaille, ainsi que la « masculinité toxique » qui empêche des jeunes hommes d’exprimer leurs sentiments.  « Le récit dominant qui voit dans les jeunes hommes des individus violents doit changer », a-t-elle poursuivi.

Mme Pierre-Antoine a indiqué qu’elle a fait partie des consultations de l’étude de progrès pour la région d’Amérique latine et des Caraïbes, au cours de laquelle les jeunes qui y ont participé ont fait part de leur rejet des forces qui terrorisent les pauvres, les peuples autochtones, les minorités ethniques et religieuses, les personnes handicapées et malades et les jeunes LGBT.

La jeune femme a ensuite formulé ses attentes à l’endroit du Conseil de sécurité.  Elle l’a invité à soutenir les jeunes dans leur lutte contre le racisme, la xénophobie, l’intolérance religieuse, la transphobie, le sexisme et les discriminations frappant les personnes handicapées.  « Cela est indispensable pour repenser les relations de pouvoir qui brisent nos sociétés. »  Elle a invité le Conseil à reconnaître la force que confère le fait d’avoir de multiples identités et à garantir que l’âge et le genre fassent partie intégrante des discussions sur la paix et la sécurité.

Mme Pierre-Antoine a également souligné l’importance de la résolution 2250 (2015) pour assurer l’inclusion des générations les plus jeunes, ainsi que la participation des jeunes femmes aux programmes de règlement et de consolidation de la paix.  Au niveau international, nous, les jeunes, contribuons aux efforts de paix et de sécurité avec des ressources et un appui très limités, a-t-elle dit.  « Imaginez ce que nous pourrions accomplir si nous siégions en plus grand nombre au sein des gouvernements, des agences onusiennes et des structures dirigeantes des secteurs privé et public. »  C’est en appuyant nos initiatives et nos efforts que la pérennisation de la paix pourra devenir réalité, a-t-elle conclu.

Mme KESSY EKOMO-SOIGNET, Directrice de l’organisation URU, de la République centrafricaine (RCA), a souligné que 72% de la population avait moins de 35 ans de son pays, « l’un des pires où être jeune ».  Pourtant, a-t-elle nuancé, notre position dans les classements mondiaux n’est pas une fatalité car « l’autre partie de l’Histoire, les jeunes l’écrivent aujourd’hui ».

L’intervenante s’est félicitée de la reconnaissance du rôle des jeunes dans la construction de la paix, pour prévenir et mettre fin à la violence, faire taire les armes et promouvoir le dialogue au sein de leurs organisations et espaces de rencontre.  Elle a expliqué qu’elle travaillait au quotidien avec ses pairs en RCA et avec d’autres jeunes dans le monde.

D’après la Directrice de l’organisation URU, la résolution 2250 (2015) et l’étude indépendante présentée aujourd’hui sont « des outils stratégiques clefs pour nous permettre de créer une nouvelle relation avec nos autorité et l’ONU ».  Toutefois, a-t-elle averti, notre représentation ne doit pas être symbolique, ni se limiter aux lancements et manifestations publics.  « Valider la représentation de la jeunesse comme une faveur qui lui est faite ne fait qu’élargir le fossé entre la jeunesse et l’État », a-t-elle lancé.

C’est seulement récemment que le rôle des jeunes a commencé être mis en exergue en RCA, a poursuivi la jeune femme.  « Nous avançons avec le sentiment que nous aidons notre pays et que nous apportons notre pierre à l’édifice », a-t-elle témoigné.

Mme Ekomo-Soignet a lancé un appel au partenariat, estimant que le progrès ne serait possible que si nous acceptons d’aller au-delà de nos préjugés et de nos beaux discours. Elle a dit attendre en particulier du Conseil de sécurité et des États Membres qu’ils adoptent des quotas afin de garantir la participation des jeunes et la parité des sexes à tous les stades des processus politiques liés à la paix et à la sécurité.  De leur côté, les gouvernements doivent institutionnaliser des mesures pour assurer la participation des jeunes.

En particulier, elle a demandé aux États de créer des espaces protégés pour les jeunes et de les associer à l’évaluation de leurs besoins économiques.  Les programmes pour l’emploi doivent aller à la rencontre des jeunes les plus marginalisés.  « Nous vous demandons de protéger l’état de droit en protégeant les jeunes des arrestations arbitraires », a-t-elle ajouté.

En conclusion, Mme Ekomo-Soignet a souhaité un investissement d’un dollar par jeune d’ici à 2025 pour le dixième anniversaire de la résolution 2250 (2015).

Déclarations

M. JACEK KRZYSZTOF CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a indiqué que la seule manière d’empêcher que des jeunes ne se tournent vers l’extrémisme est de leur offrir les moyens d’un engagement constructif dans la société.  « Si les jeunes continuent d’être exclus des efforts de paix nationaux et internationaux, alors l’instabilité et l’extrémisme continueront d’être des menaces », a-t-il prévenu.  Le Ministre a appelé à investir dans l’enseignement, mentionnant le projet que mène son pays au Liban pour réhabiliter des écoles accueillant des enfants de réfugiés et des communautés locales.

Dans le droit fil de la résolution 2250 (2015), le Ministre a demandé la participation accrue des jeunes dans les efforts de paix, avant d’insister sur l’apport des jeunes polonais dans l’instauration d’une culture de paix dans son pays.  Les jeunes ont en effet joué un rôle crucial au sein de Solidarnosc, mouvement non violent de lutte contre un régime communiste autoritaire.  Le Ministre a ensuite cité les liens bien connus du pape Jean-Paul II avec les jeunes et rappelé qu’en 2016, des jeunes du monde entier se sont rendus à Cracovie pour rencontrer le pape François.  « Les jeunes de toutes les régions du monde ont besoin d’un environnement positif pour développer leur potentiel. »  Enfin, M. Czaputowicz a mentionné le rôle prééminent des gouvernements dans le processus d’autonomisation des jeunes.  « Si nous voulons bâtir un avenir meilleur pour les générations futures, nous n’avons pas d’autre choix que d’investir dans les jeunes et de leur donner une voix dans tous les processus de prise de décisions. »

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a vu dans les jeunes de véritables « agents du changement » et souhaité qu’ils soient associés étroitement à tous les niveaux des processus de prévention et de règlement des conflits.  Il a appuyé la recommandation d’allouer, à l’occasion du dixième anniversaire de la résolution 2250 (2015), la somme de 1, 8 milliard de dollars d’ici à 2025 à des programmes centrés sur la jeunesse.  Il a aussi plaidé pour l’adoption d’un cadre mondial global centré sur la jeunesse.

Le délégué a ensuite mentionné les progrès accomplis dans son pays où les jeunes kazakhs sont de plus en plus associés aux processus de décision.  « En 2002, nous avons créé le Congrès de la jeunesse constitué de mouvements et d’organisations de la jeunesse. »  M. Umarov a cité les efforts fructueux pour empêcher que les jeunes ne se tournent vers l’extrémisme violent.  Le Kazakhstan est une mosaïque de 130 groupes ethniques et de 16 religions majeures qui vit dans la paix et croit à la tolérance, a-t-il dit.  Enfin, M. Umarov a insisté sur l’importance de la stratégie mondiale « Kazakhstan 2050 », qui vise à faire du Kazakhstan l’un des 30 pays les plus développés au monde.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIB (Koweït) s’est référé à la résolution 2250(2015), un texte « historique », pour rappeler que l’autonomisation des jeunes dans n’importe quelle société dépend du développement et de la prospérité de chaque pays.  Se disant préoccupé par les défis qui entravent la mise en œuvre de l’agenda « Jeunes, paix et sécurité », le représentant a mentionné l’accès aux besoins les plus essentiels.  Dans la région arabe, a-t-il souligné, le taux de chômage, le plus élevé au monde, atteint 30%.  Il faut, a-t-il ajouté, réaliser que les conflits « ont détruit le rêve et le futur des jeunes », que « le terrorisme a pris en otage leur innocence ».

Comme exemples positifs, le représentant a cité la création du Ministère koweitien pour la jeunesse en 2013, et le fait que Koweït City a été désignée « capitale de la jeunesse arabe » sous le slogan « Ici les jeunes ».  Il a insisté sur la nécessité de mettre en place les objectifs de développement durable et, à cette fin, de soutenir les jeunes et les organisations de la société civile qui s’occupent d’eux.  Il faut aussi mettre en place des réseaux pour protéger les jeunes dans les zones touchées par les conflits. « Les jeunes sont notre meilleur investissement », a-t-il conclu. 

Mme KELLEY A. ECKELS-CURRIE (États-Unis) a rappelé que son pays avait appuyé la résolution 2250 (2015).  Les jeunes sont un trésor et un défi monumental, a-t-elle estimé, faisant observer que, s’ils étaient ignorés, les jeunes pouvaient devenir des forces d’instabilité dans les conflits.

La représentante a souligné la nécessité de tirer profit au plus vite du potentiel des jeunes, en voyant en eux des agents du changement.  Elle a mentionné le travail d’une jeune ressortissante du Bangladesh, appuyée par son pays, qui œuvre auprès d’autres jeunes pour éviter qu’ils ne soient recrutés par des organisations terroristes.  L’extrémisme violent est une menace et nous devons offrir aux jeunes une éducation d’avenir pour qu’ils s’en détournent, a-t-elle estimé.  Elle a mentionné un programme spécifique pour renforcer la résilience des communautés face « au stress économique » et éviter que les jeunes ne versent dans l’extrémisme violent.

Les États-Unis ont, par leurs ambassades et consulats, des liens forts avec les organisations de jeunes dans le monde entier, a encore déclaré la représentante, pour qui il faut faire fond sur la résolution 2250 (2015) pour passer des paroles aux actes.  Exhortant le Conseil à en faire davantage, elle a conclu en déclarant que « les jeunes sont notre avenir et notre présent ».

Mme ANNE GUEGUEN (France) a déclaré qu’il fallait « combattre les idées reçues et les stéréotypes et prendre la mesure du potentiel qu’incarne la jeunesse » avant de constater avec regret que les jeunes étaient souvent perçus comme un « fardeau », voire comme une « menace ».  En réalité, a-t-elle ajouté, les jeunes sont victimes de discriminations et demeurent exclus des processus de prise de décisions, des institutions politiques et du marché de l’emploi.  C’est d’autant plus dommageable, a poursuivi Mme Gueguen, qu’ils démontrent une réelle capacité à se mobiliser et à proposer des solutions innovantes, non seulement aux problèmes qu’ils rencontrent, mais également aux défis concernant la société tout entière.  Selon la représentante, pour mettre fin à l’exclusion des jeunes ou à leur recrutement par des groupes armés, l’accès à l’éducation demeure la principale solution, à plus forte raison qu’il s’agit aussi d’un facteur clef de réduction des risques de conflit. 

Mentionnant, par ailleurs, le rôle grandissant des jeunes en matière de maintien de la paix et de la sécurité, la représentante a appelé à renforcer la mise en œuvre de l’agenda « Jeunes, paix et sécurité », notamment en enrichissant la base fournie par la résolution 2250 (2015).  Dans cette perspective, elle a apporté le soutien de la France à l’initiative du Pérou visant à aboutir à un nouveau projet de résolution.  Au-delà de l’action du Conseil, a enfin déclaré Mme Gueguen, l’ONU dans son ensemble devrait se mobiliser davantage pour permettre une meilleure participation des jeunes dans tous les secteurs.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a relevé avec préoccupation que, d’après l’étude à l’ordre du jour, près de 408 millions de jeunes âgés de 15 à 29 ans vivaient en 2016 dans des zones affectées par des conflits armés ou par la violence organisée ou encore qu’au moins un jeune sur quatre était touché par ces phénomènes.  Elle a jugé essentiel de protéger les jeunes des conséquences des conflits, conformément au droit humanitaire international.

Mme Guadey a déploré l’exclusion des jeunes des cadres politiques pour la prévention des conflits, et la prise en compte limitée de leur point de vue dans les efforts de développement.  Elle a vu dans l’étude un point de départ pour une réflexion globale dans le contexte des trois piliers de l’ONU.  La pleine mise en œuvre des recommandations qu’elle contient devrait également être envisagée au niveau national. 

Les forts taux de chômage et la pauvreté continuent d’être des causes de conflit et de l’extrémisme dans le monde, a fait observer Mme Guadey, pour qui il faut offrir des opportunités d’emploi et d’éducation aux jeunes afin de promouvoir la paix et de prévenir la recrudescence des conflits, tout en renforçant la résilience.

Il va falloir se concentrer sur le développement durable pour tous, a insisté la représentante, en particulier assurer l’accès à l’éducation, aux services de base et à des emplois décents.  « Il faut éviter que les jeunes ne tombent entre les mains d’extrémistes violents ou groupes armés », a-t-elle ajouté.  Il est essentiel de trouver des solutions durables pour ceux qui ont été touchés par un conflit armé et les aider à se réintégrer dans la société.  Pour Mme Guadey, le Conseil de sécurité pourrait donner suite à l’étude dans le contexte de l’examen des situations de pays, tout en prenant en compte les préoccupations des jeunes qui ont été rendus particulièrement vulnérables par des situations de conflit. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a souligné le rôle important que doit jouer la jeunesse dans l’édification de sociétés pacifiques et exemptes de terrorisme.  La question de la jeunesse est liée à la question de l’extrémisme violent, que nous le voulions ou non, a-t-il dit, expliquant que les jeunes qui cherchent leur identité et n’ont parfois pas d’éducation sont vulnérables à l’extrémisme violent et déplorant le rôle des réseaux sociaux.  Il a également souligné le danger posé par les groupes non étatiques qui s’opposent aux autorités locales et a mis en garde contre toute instrumentalisation politique des jeunes.

Le représentant a jugé essentiel un travail de prévention national systématique contre l’extrémisme violent. Internet comme les médias traditionnels devraient promouvoir des valeurs positives de respect et de dialogue, en tenant compte des spécificités locales, a-t-il estimé.  Il a demandé que les jeunes soient protégés de toute interférence politique jusqu’à ce qu’ils aient atteint la maturité.  Il a en outre insisté sur l’importance du sport pour renforcer l’estime de soi des jeunes, avant de dénoncer le mépris actuel pour les familles au nom de l’individualisme.

Le représentant a rappelé que la communauté internationale devait respecter et soutenir les efforts nationaux d’autonomisation des jeunes dans les pays en conflit.  Il a présenté les grandes lignes de la politique pour la jeunesse en Russie, qui vise notamment à la pleine réalisation du potentiel des jeunes.

Enfin, et malgré l’importance du débat d’aujourd’hui, M. Polyanskiy a jugé important de respecter la répartition des compétences entre les organes onusiens, le Conseil étant chargé du maintien de la paix et de la sécurité.  « Les enjeux de la jeunesse devraient être traités par les institutions spécialisées », a-t-il conclu.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a averti que, « si nous ne tenons pas compte de cette tendance à long terme qu’est la croissance démographique des jeunes sans emploi, nous nous trouverons dans une situation problématique ».  La représentante a ensuite proposé d’avoir une discussion à l’ECOSOC ou à l’Assemblée générale sur le développement économique des jeunes pour compléter le débat d’aujourd’hui.  Plus de la moitié de la population mondiale est âgée moins de 30 ans, ce qui signifie que les jeunes sont des acteurs clefs à toutes les étapes de la vie, a poursuivi la représentante.  « Si nous ne répondons pas à leurs aspirations, il sera très difficile pour les pays de poursuivre leur trajectoire à la hausse », a-t-elle insisté, ajoutant: « Nous avons vu ce qu’il se passe dans des pays où l’opinion de la jeunesse n’est pas prise en compte, comme en Syrie. »

Pour Mme Pierce, permettre aux jeunes de faire entendre leur voix est un premier pas.  Au Royaume-Uni, la Chambre des communes organise tous les ans un débat avec les jeunes, a-t-elle expliqué.  Dans le même esprit, Londres a réuni, la semaine dernière, les représentants des jeunes des pays du Commonwealth, qui ont souvent évoqué le sujet de la prévention de l’extrémisme violent.

Appuyer les représentants de la jeunesse doit aller au-delà de plateformes, a reconnu Mme Pierce.  Il faut avant tout leur donner une éducation.  Notant que 131 millions de jeunes filles n’avaient pas de possibilités d’éducation dans le monde, elle a indiqué que l’éducation des jeunes filles était une priorité du Ministère des affaires étrangères britannique et apporté son soutien à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Ce débat public, a-t-elle conclu, est « une occasion en or pour faire fond sur la stratégie lancée par le Conseil en 2015 ».    

M. THÉODORE DAH (Côte-d’Ivoire), qui s’est félicité de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2250 (2015) qui reconnaît formellement le rôle positif et les droits des jeunes, a estimé qu’il ne suffisait pas seulement de concevoir des projets pour les jeunes, mais qu’il fallait penser ces projets avec les jeunes.  En Côte d’Ivoire, a-t-il ajouté, cette approche participative a donné lieu à la création d’un ministère « exclusivement dédié » à la question de la promotion de la jeunesse et de l’emploi des jeunes.  Dans cette même logique, le Gouvernement ivoirien a mis en place l’agence emploi jeunes, afin d’appuyer les initiatives en faveur de l’emploi des jeunes, ainsi qu’un conseil national de la jeunesse, dont le rôle est d’aider à mieux prendre en compte les préoccupations des jeunes dans l’élaboration des politiques publiques.  « L’investissement des jeunes est indispensable pour garantir la pérennisation de la paix, une génération après l’autre », a conclu M. Dah.

Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) a rappelé l’exhortation de Nelson Mandela aux jeunes: « Soyez les scénaristes de votre destin et les étoiles qui montrent la voie d’un avenir meilleur. »  « Notre rôle est d’écouter les jeunes et de les inclure et de les soutenir autant que possible », a ajouté la représentante, pour qui il est temps de battre en brèche le récit dominant destructeur qui voit dans les jeunes des acteurs de conflit ou des victimes.  « Nous devons utiliser à plein leur potentiel pour qu’ils deviennent des bâtisseurs de paix », a-t-elle affirmé.

Mme Schoulgin Nyoni a jugé que l’autonomisation politique, sociale et culturelle des jeunes était un préalable à tout engagement.  La pleine participation des jeunes aux processus de consolidation de la paix est cruciale, a-t-elle ajouté, demandant à ce qu’on investisse dans les jeunes et à entendre leurs voix.  « Nous devons reconnaître la diversité des jeunes dans nos analyses », a poursuivi la représentante, qui a souligné la nécessité de ne laisser aucun jeune de côté et de reconnaître la spécificité des défis que ces derniers doivent relever.  « Enfin, nous devons continuer d’œuvrer pour que ces questions restent inscrites à l’ordre du jour du Conseil », a-t-elle conclu.

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a affirmé que les jeunes contribuent de manière essentielle à la prévention et à la résolution de conflits, ainsi qu’à la pérennisation de la paix.  Les jeunes, a-t-elle souligné, ont en effet un désir légitime de participer au processus de prise de décisions concernant leur propre avenir.  Elle a aussi vu dans le pouvoir transformateur des jeunes l’occasion de renforcer les sociétés composées d’éléments très divers et de les rendre plus inclusives.

Elle a jugé impératif d’intégrer les perspectives des jeunes de façon plus structurelle aux travaux du Conseil de sécurité et de l’ONU dans son ensemble, et a encouragé le Conseil à se montrer ouvert en permettant à davantage de jeunes d’intervenir.  Qui plus est, on doit faire davantage référence au rôle des jeunes dans les mandats et le suivi des opérations de maintien de la paix et des opérations politiques spéciales, a-t-elle estimé, citant notamment le cas de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM).

La déléguée a par ailleurs appelé à ce que la mise en œuvre de la résolution 2250 tienne compte des différents besoins des jeunes en s’appuyant sur une analyse complète des causes sous-jacentes, exhortant aussi à des efforts de mise en œuvre « plus explicites ».  Les Pays-Bas jouent déjà leur rôle en appuyant des programmes qui favorisent la participation des jeunes dans le nord du Mali, ainsi que la formation à la démocratie et aux droits de l’homme dans plusieurs pays.  Au niveau national, des programmes communautaires ont été mis sur pied dans des villes comme La Haye pour prévenir la radicalisation, a indiqué la représentante.

M. WU HAITAO (Chine) a plaidé pour que la communauté internationale s’attache davantage à la protection des jeunes en situation de conflit.  À cet égard, il a souhaité que le Conseil de sécurité renforce sa coopération internationale sur la base de son mandat et lutte contre les terroristes et les extrémistes violents qui entendent nuire à la jeunesse.  Le délégué a insisté sur l’importance de prévenir l’influence de leur idéologie sur les jeunes, notamment sur Internet.  « Il faut couper la main sombre des terroristes et des extrémistes qui est tendue vers nos jeunes », a-t-il martelé.

Ensuite, a poursuivi M. Wu, pour résoudre les questions problématiques dans les « endroits chauds », il faut trouver des solutions politiques en se basant sur les buts et principes de la Charte des Nations Unies.  « Nous devons veiller à la participation constructive des jeunes aux processus de paix et tenir compte de leurs besoins », a-t-il dit.  À cette fin, il a jugé nécessaire de se concentrer sur les racines des conflits, comme la pauvreté extrême et le manque de ressources, et de renforcer l’éducation des jeunes.  C’est pourquoi il a plaidé pour que la communauté internationale aide les pays en développement à renforcer leurs capacités en matière de développement durable, notamment à travers la coopération avec les organisations régionales, dont l’Union africaine, et sous-régionales.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a indiqué que la grande majorité des jeunes du monde voulait participer aux efforts de paix, en particulier auprès de leurs communautés.  « Les jeunes ont soif de paix », a-t-elle affirmé, avant d’appeler à la pleine application de la résolution 2250 (2015) et de se dire vivement préoccupée par les conditions de vie des 400 millions de jeunes vivant dans des zones de conflit.

Plus de la moitié de la population mondiale a moins de 30 ans, a ensuite rappelé Mme Mele Colifa.  Elle a estimé que le taux de chômage très élevé des jeunes en Afrique découlait des différents niveaux de développement, mais aussi des conflits, affirmant que « la lutte contre l’extrémisme violent doit s’enraciner dans notre engagement en faveur du développement durable ».

La représentante a enfin rappelé la foi inébranlable du Président de son pays dans la jeunesse africaine, qui est l’avenir du continent mais aussi du monde.  « Nous devons renforcer les aptitudes des jeunes pour qu’ils contribuent aux efforts de paix », a-t-elle conclu.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) s’est inquiété de l’avenir des quelque deux milliards de jeunes, en particulier pour ceux qui sont confrontés à des conflits.  Dans de nombreux cas, a-t-il remarqué, la frustration et l’impuissance causées par les morts et les déplacements liés aux conflits, ou encore l’endoctrinement par des groupes terroristes ou armés, poussent les jeunes à chercher une vengeance ou à trouver une stabilité économique par d’autres moyens.  Il a aussi rappelé que les pratiques interventionnistes et les politiques de changement de régime avaient eu des effets collatéraux et ont apporté le chaos, le terrorisme et la militarisation.  

Le représentant a souligné que la résolution 2250 (2015) appelle à la participation des jeunes dans les prises de décisions, surtout pour la consolidation de la paix, la participation politique et la résolution de conflits.  Il a cité le cas de la Colombie où les jeunes ont joué un rôle positif pour que le processus de paix continue.  Il a ensuite parlé de la prévention où, là encore, les jeunes et les organisations de la société civile peuvent avoir un effet positif, en tirant parti des dynamiques et priorités locales.  Il a cité les organisations de jeunes qui, en République démocratique du Congo, élaborent des stratégies pour pallier le manque de sécurité, de services de base, de soins médicaux et d’éducation.  Le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer ce genre d’organisation, avant d’attirer l’attention sur le sort des jeunes des territoires palestiniens occupés.

Pour M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), il faut cesser de percevoir les jeunes comme un problème et les considérer désormais comme des acteurs à part entière des processus de paix.  Pour y parvenir, le représentant a plaidé en faveur de la création d’espaces de dialogue ouverts et sécurisés, permettant aux jeunes de prendre part aux processus de consolidation et de construction de la paix dans leurs communautés nationales respectives. 

Il convient également de lutter contre la discrimination des jeunes en se mobilisant contre les stéréotypes qui les stigmatisent et en encourageant leur participation active à la vie publique, a ajouté le représentant.  C’est justement l’objet du projet de résolution présenté conjointement par le Pérou et la Suède, dans le but de compléter la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité.  « Le moment est venu de changer radicalement notre façon de penser pour reconnaître les jeunes comme l’élément qui manque à la paix », a déclaré M. Meza-Cuadra tout en appelant l’ensemble des États Membres à soutenir le projet de résolution présenté.

M. DIDIER REYNDERS, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a salué les conclusions de l’étude présentée aujourd’hui, en ce qu’elles bousculent, selon lui, « plusieurs conceptions stéréotypées » et démontrent que les jeunes possèdent une « importante capacité d’action en faveur de la paix ».  Pour libérer ce potentiel, M. Reynders a estimé que les États devaient encourager avant tout l’accès à l’éducation, pour aider les jeunes à devenir des « citoyens conscients, critiques et ouverts, responsables et capables de réfléchir de manière constructive à leur place et à leur rôle dans la société ». 

Il est également évident, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, qu’une insertion effective des jeunes ne pourra avoir lieu que si les États garantissent « la dignité, la protection et la qualité de vie auxquelles ils ont droit ».  M. Reynders a enfin jugé important d’intensifier les efforts visant à associer davantage la jeunesse à la réalisation des objectifs de développement durable.

Mme MARIJA PEJČINOVIĆ-BURIĆ, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a souligné la nécessité de voir dans les jeunes des agents du changement et de tourner le dos aux conceptions faisant de la jeunesse un défi à relever.  Nous savons que les stéréotypes sur les jeunes femmes comme victimes et les jeunes hommes comme acteurs violents nuisent à l’autonomisation des jeunes, a-t-elle déclaré.  Elle a souligné l’importance de l’éducation, qui va au-delà des efforts d’alphabétisation et d’acquisition de compétences et permet de promouvoir la tolérance et une « citoyenneté mondiale ».  Elle a appelé à la mise en place des conditions permettant aux jeunes de réaliser tout leur potentiel.  « C’est seulement par le biais d’une approche holistique et multidisciplinaire que nous parviendrons à des résultats tangibles dans le domaine de l’autonomisation des jeunes », a estimé Mme Pejčinović-Burić.  Enfin, elle a cité ces mots de Nelson Mandela: « Les jeunes sont capables de mettre à bas les tours de l’oppression et de hisser les bannières de la liberté. »

M. MOHAMED ASIM, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a souligné que l’énergie et la passion dont font généralement preuve les jeunes devraient être mises au service de la paix, de la sécurité et du maintien de la stabilité.  « Nous avons besoins d’envisager des réformes politiques et institutionnelles pour que la jeunesse s’engage de manière plus productive en faveur de la création d’un environnement favorable à la paix », a déclaré le Ministre.  Pour M. Asim, cela suppose également de reconnaître que, dans de nombreux pays, les jeunes sont bien souvent victimes de stéréotypes et de stigmatisation.  On leur reproche notamment d’être des facteurs d’insécurité, a-t-il précisé.  Selon lui, cela conduit à formuler des politiques publiques ciblant les jeunes comme « un problème à régler », au lieu de considérer la jeunesse comme un vivier de solutions innovantes. 

Le Ministre a par ailleurs mis l’accent sur le rôle des médias, et en particulier les médias sociaux, dans la formation des générations futures.  « Il est important de limiter la diffusion de fausses informations et de propager des idéologies qui contribuent à l’unité et à la cohésion sociale auprès des jeunes », a-t-il déclaré, appelant à trouver le bon équilibre entre, d’une part, la liberté d’expression et, d’autre part, la nécessité de lutter contre l’incitation à la violence et à l’extrémisme.

« Les jeunes savent que les sociétés, pour vivre dans la paix et la sécurité, ont besoin de davantage que d’une simple absence de violence », a déclaré M. GUDLAUGUR THÓR THÓRDARSON, Ministre des affaires étrangère de l’Islande.  « Ils veulent sauver la planète et sont conscients que les changements climatiques sont une cause potentielle de conflit pour les futures générations. »  Il a dénoncé les visions erronées faites des jeunes, en particulier des jeunes hommes et notamment dans les médias, certaines forces politiques utilisant ces visions à des fins justement politiques.  « Les sociétés qui autorisent les jeunes à participer à la vie publique ont moins de risques de voir la violence surgir », a décrété le Ministre qui a, en plus, dénoncé la répression des jeunes et des militants par les autorités syriennes.  Enfin, le Ministre a invité le Conseil à prendre en compte les jeunes dans la formulation des mandats de maintien de la paix et à travailler main dans la main avec l’Assemblée générale pour faire avancer le programme sur les jeunes M. Graeme Simpson, auteur principal de l’étude sur les jeunes et la paix et la sécurité et la paix et la sécurité.

M. MEVLÜT ÇAVUŞOĞLU, Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a rappelé qu’il y avait à l’heure actuelle environ 1,8 milliard de jeunes dans le monde, soit le nombre le plus élevé jamais atteint dans l’histoire de l’humanité.  Malheureusement, s’est-il inquiété, ces derniers sont la cible d’idéologies extrémistes, radicales et terroristes de la part de groupes tels que Daech, Al-Qaida, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le Parti de l’Union démocratique (PYD) et les Unités de protection du peuple (YPG).  Selon le Ministre, les principaux facteurs à l’origine de la radicalisation des jeunes sont la xénophobie, l’islamophobie, la discrimination religieuse et ethnique et la marginalisation socioéconomique.  « Nous devons y mettre fin », a-t-il appelé, tout en plaidant en faveur d’une approche globale, à commencer par l’investissement dans l’éducation des jeunes et la mise en œuvre de programmes visant à leur réintégration.

Mme MARGARET KOBIA, Ministre du service public, de la jeunesse et des questions de genre du Kenya, a indiqué que la population de son pays était composée à 78% de personnes âgées de moins de 35 ans.  Étant donné la forte proportion de jeunes parmi la population kényane, la Ministre a affirmé que l’autonomisation des jeunes et leur participation accrue dans tous les secteurs de la société étaient des priorités pour son gouvernement.  Cependant, a regretté Mme Kobia, la participation des jeunes dans les processus de prise de décisions demeure insuffisante.  Afin de remédier à cet état de fait, la Ministre a déclaré que son pays était sur le point de lancer un certain nombre d’initiatives pour sensibiliser les jeunes au maintien de la paix aux niveaux national, régional et local, dans le cadre du plan d’action kényan de mise en œuvre de la résolution 2250 (2015).

Par ailleurs, la Ministre a indiqué que l’extrémisme violent et la radicalisation des jeunes continuaient d’être un problème important au Kenya.  Pour y faire face, Mme Kobia a appelé à lutter contre l’incitation à la violence à l’encontre de certaines religions ou groupes ethniques minoritaires, selon elle, à l’origine de la propagation d’idéologies radicales parmi les jeunes victimes de stigmatisation.

M. VÄINO REINART, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a insisté sur l’importance de la résolution 2250 (2015), se félicitant par ailleurs de l’étude indépendante sur les jeunes, la paix et la sécurité.  Il a dit espérer que cette étude serait suivie de la mise en œuvre de ses recommandations et permettrait d’enclencher un véritable engagement avec les jeunes sur les questions concernant la paix et la sécurité.

M. Reinart a appelé à placer les jeunes au cœur des stratégies de prévention et à appuyer leur accès équitable à l’éducation et au marché du travail, ainsi qu’à appuyer la promotion du respect de leurs droits et libertés fondamentales.  En outre, les partenariats de consolidation de la paix qui intègrent les jeunes, les femmes et les organisations de la société civile sont essentiels à la consolidation et au maintien de la paix.

Le Vice-Ministre a souligné qu’une fois qu’un conflit s’achève, il est important de veiller à ce que les jeunes puissent participer aux activités postconflit et au processus de prise de décisions.  Il a ensuite indiqué qu’afin de faire davantage entendre la voix des jeunes, l’Estonie avait abaissé de 18 à 16 ans l’âge minimum requis pour pouvoir voter dans les élections locales.

M. SRDAN DARMANOVIČ, Ministre des affaires étrangères du Monténégro, a demandé une participation accrue des jeunes aux processus de prise de décisions.  « Mon pays appuie tous les efforts visant à souligner les besoins et priorités des jeunes et à apporter des solutions durables à leurs problèmes », a-t-il déclaré.  Il a indiqué que la politique de la jeunesse de son pays pour les années 2017 à 2021 visait notamment à faciliter l’accès des jeunes au marché de l’emploi, ainsi qu’à une éducation de qualité.  « Nous croyons fermement que l’investissement dans la jeunesse est le meilleur investissement pour la stabilité et la prospérité de notre société. »  Le Ministre a ensuite souligné le rôle actif joué par son pays pour jeter des ponts entre les jeunes des différents pays des Balkans occidentaux, estimant que « c’est à la fois un impératif démocratique et démographique que d’associer activement les jeunes aux processus de prise de décisions ».

M. SERGIY KYSLYTSYA, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a assuré que son gouvernement envisagera d’intégrer les recommandations de l’étude de M. Graeme Simpson à sa politique nationale pour les jeunes, précisant qu’une attention notable sera accordée aux problèmes découlant de la tendance qu’ont les gouvernements de considérer comme les jeunes « comme un problème à résoudre ».  Pour ce faire, il a recommandé d’adopter des politiques pour la jeunesse axées sur l’intégration sociale et la prise en compte du potentiel positif et créateur des jeunes.

M. Kyslytsya a ensuite souligné que les jeunes comptaient parmi ceux qui souffrent le plus en Ukraine du fait de « l’agression de la Russie contre la Crimée et le Donbass », précisant que plus de 60% des personnes déplacées sont des jeunes femmes.  Des dizaines de milliers de jeunes se sont portés volontaires pour appuyer les forces armées et protéger l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Les organisations de jeunes jouent également un rôle actif pour fournir une aide humanitaire, a-t-il ajouté.

Le Vice-Ministre a ensuite exhorté la Russie à cesser la pratique illégale consistant à enrôler les jeunes hommes des « territoires occupés ».  Quelle que soit la fierté que nous inspirent les actes de notre jeunesse, le fait d’avoir à repousser une agression étrangère et à en gérer les conséquences n’était pas le sort qu’on lui envisageait, a-t-il déploré.

M. Kyslytsya a par ailleurs souligné que l’éducation aurait un rôle important à jouer pour créer un avenir pour les jeunes ukrainiens. Une réforme du système éducatif a été lancée en 2017 afin de transformer le secteur en un environnement novateur. Le Gouvernement appui aussi le Pacte ukrainien pour la jeunesse 2020 qui cible la création d’emplois et de perspectives éducatives pour les jeunes moyennant des partenariats entre le secteur privé et les institutions éducatives.  L’Ukraine, a-t-il indiqué, a su se départir d’une position condescendante consistant à « travailler avec les jeunes » pour privilégier une approche axée sur la « participation des jeunes ».

Mme PASCALE BAERISWYL, Secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Suisse, a cité Gandhi -« si nous voulons parvenir à la paix réelle dans ce monde, nous devons commencer par les jeunes »- avant de rappeler que près de la moitié de la population mondiale a moins de 24 ans.  Elle a jugé primordial de prendre en compte à la fois les besoins et les vulnérabilités de la jeunesse, et plus encore d’utiliser son immense potentiel.  Elle a ensuite mis l’accent sur l’inclusion et l’éducation.

Concernant l’inclusion, Mme Baeriswyl a appelé à faire participer les jeunes dans les processus de prise de décisions dès aujourd’hui, arguant que c’est à la fois un mandat moral et de l’intérêt de la communauté internationale.  Ainsi, pour pérenniser la paix, celle-ci doit être « portée, adoptée et mise en œuvre par les jeunes », a-t-elle précisé.  La représentante a rappelé qu’il existait à travers le monde de nombreuses initiatives visant à inclure les jeunes, citant notamment le Parlement africain de la jeunesse et le même qui existe pour l’Europe.  Elle a aussi invité à encourager ceux et celles qui, « jusqu’à présent », ont choisi de ne pas participer aux processus électoraux ou référendaires, soulignant que la démocratie « est le fruit d’un travail sans relâche ».  Mme Baeriswyl a également insisté sur le rôle des jeunes dans les pays en conflit pour rechercher une solution durable, citant le soutien que son pays apporte à la « Civil Society Support room », qui accueille à Genève plus d’un millier de représentants, pour la plupart âgés de moins de 30 ans, représentant plus de 400 organisations non gouvernementales syriennes lors des négociations placées sous l’égide des Nations Unies.

« Éduquer, c’est allumer un feu », a poursuivi la représentante, qui a rappelé que le monde avait « besoin de grands changements ».  Elle a rappelé, qu’en vertu même du Programme de développement durable à l’horizon 2030, tous les jeunes devraient avoir accès à une éducation inclusive, de qualité et équitable.  Rappelant que près de la moitié des réfugiés ont moins de 18 ans, elle a évoqué le « germe de futures générations perdues », ajoutant qu’une petite minorité pouvait faire le choix de la violence.  C’est pourquoi il faut briser le cercle vicieux de la misère, a plaidé Mme Baeriswyl, qui a rappelé que la Suisse avait augmenté de 50% son budget destiné aux activités d’éducation dans des contextes fragiles, notamment en réhabilitant des écoles au Proche-Orient.  S’il est difficile de prévoir combien de temps il faudra pour surmonter de multiples défis, « la meilleure façon de prédire l’avenir est de le créer », a conclu la représentante, en appelant la communauté internationale à agir ensemble avec ses jeunes.

M. CHRISTIAN LEFFER, délégué de l’Union européenne, a appelé à lutter contre les stéréotypes dont sont souvent victimes les jeunes et qui les poussent parfois à se tourner vers l’action violente.  À l’inverse, le représentant a appelé à changer les mentalités de façon à reconnaître le potentiel de la jeunesse dans la stabilisation et le maintien de la paix.  Affirmant qu’il s’agissait là d’une question prioritaire pour l’Union européenne, M. Leffer a également appelé à « maximiser » l’implication des jeunes dans les activités de maintien de la paix via la création de partenariats, à l’instar du Partenariat Union africaine-Union européenne. 

Mme ANNE SIPILÄINEN, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Finlande, a appelé à une mise en œuvre effective de la résolution 2250 (2015), soulignant qu’une approche inclusive prenant en compte les jeunes, les femmes et la société civile, était nécessaire pour obtenir de bons résultats en matière de consolidation de la paix.  Elle a déploré que les jeunes femmes peinent à faire entendre leur voix, notamment dans les situations de conflit, et a annoncé que la Représentante spéciale pour la médiation du Ministère des affaires étrangères de la Finlande mettrait, dans son travail, l’accent sur les jeunes et les femmes.

Mme Sipiläinen a ensuite indiqué que, dans son pays, les organisations de jeunes avaient joué un rôle actif pour promouvoir la résolution 2250, ajoutant que son gouvernement entendait continuer à les appuyer dans ce sens grâce au « réseau 2250 », qui regroupe des ONG et parties prenantes qui représentent les jeunes.  Elle a aussi mis l’accent sur l’importance de l’éducation et de l’alphabétisme numérique pour contribuer au relèvement et bâtir un avenir pacifique.

M. JENS FRØLICH HOLTE, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de la Norvège, a indiqué que son pays était fier d’avoir contribué financièrement à la réalisation de l’étude indépendante.  « Il n’y a pas de plus grande ressource que notre jeunesse », a-t-il ajouté.  Le représentant a indiqué que la Norvège avait pris une série de mesures concrètes pour mettre en œuvre la résolution 2250 (2015), à commencer par son engagement dans les efforts de paix et de réconciliation en Colombie, aux Philippines et au Soudan du Sud.  Le pays appuie en outre plusieurs mouvements de jeunes, dont le Youth Civil Activism network (YouthCAN).

La Norvège a également doublé son aide en matière d’éducation au cours des quatre dernières années, a souligné le Secrétaire d’État.  Elle copréside avec la Jordanie le Groupe des Amis des Nations Unies sur la prévention de l’extrémisme violent, qui partage les meilleures pratiques pour inclure les jeunes et la société civile et, en 2014, le Gouvernement a lancé son plan d’action contre la radicalisation et l’extrémisme violent qui vise à prévenir ce phénomène chez les jeunes. 

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a salué la résolution 2250 (2015), qui a permis, selon elle de reconnaître la nécessité de renforcer la participation des jeunes dans les processus de paix, notamment en augmentant leur participation à tous les niveaux et en luttant contre le stéréotype selon lequel la jeunesse serait responsable de la violence.  « Il faut considérer les jeunes comme des partenaires dans la lutte contre le terrorisme pour parvenir à une culture paix », a-t-elle ainsi déclaré, ajoutant que, dans de nombreux pays en guerre, les jeunes constituaient la majorité de la population.  Malheureusement, dans ces pays, les jeunes ne bénéficient pas d’un accès suffisant à l’éducation, a déploré la représentante, qui a appelé à investir davantage dans le secteur. 

« Il faut aussi améliorer la confiance entre les jeunes et ceux qui leur donnent le pouvoir », a déclaré Mme Bahous.  Pour ce faire, elle a appelé à lutter directement contre la radicalisation et l’extrémisme violent, en faisant notamment en sorte que la réponse de la communauté internationale soit davantage centrée sur les causes profondes à l’origine des inégalités sociales.  En ce sens, la représentante a estimé que les stratégies antiterroristes devaient mettre l’accent sur le développement durable et l’accès à une éducation moderne capable de répondre aux besoins des marchés du travail. 

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) s’est dit convaincu que les jeunes étaient les moteurs de la paix et de la prospérité.  Partisan d’approches novatrices, il appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2250 (2015), soulignant que l’Italie avait été le premier pays à appuyer la création du mandat d’envoyé spécial pour la jeunesse.

Le représentant a ensuite annoncé que son pays avait décidé de financer une initiative majeure pour appuyer les politiques en faveur des jeunes en affectant 500 000 dollars au financement d’un programme sur la contribution des jeunes à la paix durable dans le cadre des objectifs de développement durable.  Un projet pilote est prévu en Afrique.  Le Gouvernement italien a aussi décidé de nommer deux « délégués jeunesse » qui participeront aux travaux de l’ONU.  Il est également favorable à la création d’un groupe de travail officieux sur les jeunes, la paix et la sécurité.

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a estimé que la résolution 2250 (2015) représentait un jalon important pour la consolidation de la paix.  En effet, selon lui, les jeunes souffrent de manière disproportionnée des conflits, non seulement parce qu’ils en sont les victimes, mais également parce que la guerre coupe la jeunesse de son accès à l’éducation et à l’emploi.  Les jeunes, a-t-il poursuivi, sont par ailleurs de plus en plus tentés par l’extrémisme violent et la criminalité organisée. 

Néanmoins, M. Giacomelli da Silva a estimé qu’il convenait d’éviter les préjugés amalgamant la jeunesse et la violence.  Pour ce faire, il a appelé la communauté internationale à s’attaquer davantage aux facteurs socioéconomiques qui contribuent à faire sombrer les jeunes dans la violence.  Cela suppose à ses yeux la création de mécanismes garantissant la participation des jeunes à toutes les étapes des processus de paix, ainsi qu’une plus grande participation des jeunes aux instances politiques nationales. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a souligné l’ampleur des défis auxquels doivent faire face les jeunes du monde entier, y compris les inégalités socioéconomiques, l’exclusion sociale et politique, la discrimination et le manque d’opportunités économiques.  Les jeunes sont également les principales victimes des conflits armés, des crises humanitaires et des situations d’occupation étrangère, a ajouté la représentante, pour qui la marginalisation découlant de ces différents facteurs joue malheureusement un rôle dans l’attrait qu’exercent les idéologies terroristes sur la jeunesse. 

Afin de mettre un terme à cette évolution, Mme Lodhi a appelé à inclure davantage les jeunes dans les processus de prise de décisions et dans les institutions politiques.  Elle a affirmé que son pays faisait figure de chef de file international en la matière, via la mise en œuvre de stratégies d’intégration de la jeunesse à la société pakistanaise, notamment par leur autonomisation au niveau local et l’apport de formation pour mieux accéder à l’emploi.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a noté que les jeunes de moins de 25 ans représentaient la majorité de la population des pays fragiles ou touchés par un conflit.  Les jeunes représentent aussi un tiers des populations déplacées, ce qui appelle à promouvoir la pleine mise en œuvre de la résolution 2250 (2015), a-t-il indiqué.

Le représentant a encouragé le Conseil de sécurité à se pencher sur ceux des domaines d’intervention recommandés par l’étude qui relèvent de son domaine de responsabilité, afin d’appuyer de manière concrète les actions en faveur des jeunes.  Il a relevé que de nombreux griefs présentés par les jeunes étaient liés aux abus commis par les acteurs du secteur de la sécurité, ou à l’échec de ce dernier à protéger les citoyens des menaces et atteintes aux droits de l’homme.  Il a appelé à renforcer la sensibilisation des jeunes au secteur de la sécurité, son travail et ses responsabilités, ainsi qu’aux défis qu’il affronte.  Il a aussi estimé que les jeunes devraient jouer un rôle actif pour rétablir la justice et la sécurité dans le cadre de la consolidation de la paix postconflit.

M. MOHAMMED SAHIB MEJID MARZOOQ (Iraq) a souligné que les jeunes iraquiens avaient énormément souffert des guerres qui ont secoué le pays au cours des dernières décennies.  Pour s’assurer d’une meilleure intégration des jeunes à la société iraquienne, le représentant a indiqué que son gouvernement s’efforçait d’accroître leur participation à la libération des terres tombées entre les mains de Daech, mais également à la lutte contre l’extrémisme violent et aux différents processus nationaux de prise de décisions.  « L’Iraq tente de faire des jeunes des agents de la paix », a ainsi résumé le représentant, ajoutant que le pays s’était doté d’une stratégie nationale pour les jeunes pour la période 2015-2020, qui comprend notamment la promotion d’idéologies positives et des campagnes de condamnation du terrorisme. 

Le représentant a également indiqué que l’Iraq avait pour ambition, à l’intention de sa jeunesse, d’accueillir des événements sportifs internationaux.  Le pays encourage en outre la participation des jeunes aux élections et aux campagnes électorales, a-t-il ajouté, citant la création, en octobre dernier, du Parlement des jeunes iraquiens.  Enfin, M. Marzooq a appelé la jeune diaspora iraquienne à revenir dans le pays et à investir dans sa reconstruction.

M. JONAS BERING LIISBERG, Secrétaire d’État pour la politique étrangère du Danemark, a appelé à écouter les jeunes, avertissant qu’à défaut, ces derniers risquaient de constituer une source d’instabilité.  Il a rappelé la tenue récente, en Côte d’Ivoire, d’un sommet conjoint de l’Union européenne et de l’Union africaine consacré à l’investissement dans la jeunesse et a imputé son succès à la participation des jeunes aux débats.  Il a ensuite appelé à faire de la résolution 2250 (2015) une réalité.

M. Liisberg a déclaré que son pays appuyait, au Mali, l’ONG « Think Peace » qui combat la radicalisation, et a appelé les États Membres à s’inspirer de cette initiative.  Une participation significative des jeunes est essentielle pour assurer l’avènement d’une paix durable, a-t-il souligné.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a rappelé qu’environ 300 000 enfants et jeunes vivaient à l’heure actuelle dans des zones de conflit.  Outre les dommages physiques et matériels causés par ces conflits, la violence guerrière affecte également les jeunes sur le plan psychologique, ce qui rend d’autant plus difficile leur intégration en temps de paix, a-t-il poursuivi.  Trop souvent, l’économie informelle qui pullule durant les conflits est le seul pourvoyeur d’emploi parmi la jeunesse, a en outre déploré le représentant. 

Pour lutter contre ces situations, M. García Moritán a appuyé l’appel lancé par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) demandant aux États Membres de protéger davantage les jeunes et les enfants touchés par les conflits, via la mise en œuvre d’initiatives politiques au niveau national.  « L’éducation n’est pas seulement un droit de l’homme, c’est également un mécanisme essentiel de protection des jeunes », a notamment déclaré le représentant, ajoutant qu’une bonne éducation permettait aux jeunes de se transformer en acteurs du maintien de la paix en situation de postconflit.  Outre l’éducation, il a estimé que les gouvernements devaient redoubler d’efforts pour garantir un meilleur accès des jeunes à l’emploi, ajoutant que l’intégration économique de la jeunesse contribuait à terme à la consolidation de la paix.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a rappelé que le monde était habité par la plus importante population de jeunes de tous les temps.  Si elle constitue un atout pour l’édification d’un avenir plus prospère, cette situation représente aussi un défi énorme car il faut aider les jeunes à s’autonomiser et les encourager à participer de manière effective aux processus de prise de décisions.  Le représentant a rappelé que les idéologies extrémistes et les groupes terroristes représentaient les plus importantes menaces à la paix et à la sécurité et que les jeunes en étaient les premières victimes, ainsi que la cible privilégiée des activités de recrutement de ces groupes.  Des comportements xénophobes répandus, proches du racisme, constatés dans certains pays, représentent un autre défi qui augmente l’aliénation des jeunes partout dans notre monde interconnecté par la migration et les nouvelles technologies des communications, a ajouté le représentant.

M. Dehghani a appelé à combattre la marginalisation et la radicalisation par l’éducation et la sensibilisation, ainsi qu’en luttant contre la pauvreté et la discrimination, en mettant un terme aux occupations étrangères, notamment en Palestine, et en résolvant de manière effective les situations de conflit.  L’éducation civique et le dialogue ont aussi leur rôle à jouer et les jeunes doivent pouvoir véritablement participer de manière active aux activités lancées dans ce sens, a poursuivi le représentant.  Il a aussi appelé à protéger les jeunes des risques de radicalisation en ligne, estimant que les plateformes de médias devaient être incitées à agir de manière responsable en redoublant d’efforts pour contrôler les contenus échangés.

M. YURI STERK, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a déclaré que la participation active de la jeunesse à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques figurait depuis longtemps au nombre des priorités des autorités bulgares, en particulier l’autonomisation des jeunes et leur participation aux processus de prise de décisions.  M. Sterk a par conséquent réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la résolution 2250 (2015), qui consacre le rôle des jeunes en tant que « partenaires de la paix ».  Pour mettre en œuvre cette résolution, le Vice-Ministre a souligné que son pays s’appuyait fortement sur la société civile et encourageait notamment les jeunes à s’engager comme volontaires auprès d’associations en faveur d’initiatives sociales diverses, telles que l’intégration des réfugiés ou des personnes handicapées à la société bulgare, le développement durable et la défense des droits de l’homme. 

S’exprimant en tant que Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. DAN NECULĂESCU, Secrétaire d’État pour les affaires régionales et les affaires multilatérales globales de la Roumanie, a remarqué que l’exclusion de l’expérience des jeunes et la méfiance qu’expriment ceux-ci vis-à-vis des autorités nationales et internationales devraient servir d’avertissement pour tout le monde.  Il a cité à cet égard les conclusions de l’étude indépendante sur les jeunes, la paix et la sécurité.  Pour sa part, la CCP reconnaît l’importance d’inclure les jeunes -femmes et hommes- dans les activités de consolidation de la paix, en les considérant comme des partenaires à mobiliser, a-t-il assuré.  Ainsi la Commission a-t-elle directement écouté des jeunes parler de leur expérience en la matière dans des pays aussi divers que le Burundi, le Libéria, le Kirghizistan et les Îles Salomon.

Pour qu’ils puissent participer aux efforts de consolidation de la paix, il faut donner des opportunités aux jeunes, à commencer par une éducation de qualité -y compris quand ils sont réfugiés ou déplacés- ainsi que des emplois, a toutefois rappelé le Président de la CCP.  Reconnaissant par ailleurs que les organisations de jeunes manquent de financement, il a fait valoir que l’initiative pour la promotion de la jeunesse et de l’égalité des sexes du Fonds pour la consolidation de la paix avait alloué près de 15 millions de dollars à des programmes ciblés au cours des deux dernières années.

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a noté que les accords de paix échouent lorsque les dirigeants, « majoritairement les hommes », ne prennent pas suffisamment en compte les intérêts de l’ensemble de la population.  Il a parlé du travail accompli par son pays au Soudan du Sud pour inciter, par le biais des activités de la Fondation Berghof, les jeunes et les femmes à faire part de leurs préoccupations et visions lors des pourparlers du Forum de revitalisation de haut niveau dirigé par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

Le représentant a aussi jugé nécessaire de mieux comprendre les raisons pour lesquelles certains jeunes s’orientent vers des groupes extrémistes.  Il a notamment cité un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur l’extrémisme en Afrique selon lequel 71% des personnes sondées indiquaient s’être tournées vers l’extrémisme en raison des actions du Gouvernement, comme le meurtre ou l’arrestation d’un membre de leur famille ou d’un ami.  Cela signifie que toutes les actions menées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme doivent être conformes aux obligations internationales en matière de droit de l’homme, en a déduit le délégué.

Il a par ailleurs appelé à promouvoir la formation et l’emploi des jeunes, ces derniers étant essentiels à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en exigeant un plus grand dynamisme de la part du secteur privé, dont le rôle est essentiel pour créer de nouveaux emplois.  En la matière, l’Allemagne travaille sur des modèles de coopération avec le secteur privé qui mettent l’accent sur l’efficacité de l’emploi, la formation et l’éducation.  Le représentant a ensuite appelé les États à s’inspirer du fait que l’Allemagne envoie chaque année deux délégués jeunesse qui participent aux travaux de l’Assemblée générale.

Si l’Allemagne est élue au Conseil pour la période 2019-2020, elle accordera la plus haute importance à la mise en œuvre de l’agenda sur les jeunes, la paix et la sécurité, a-t-il par ailleurs promis.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a estimé que la prise en compte des aspirations de la jeunesse était plus que jamais une priorité.  Dans ce cadre, les stéréotypes faisant l’amalgame entre les jeunes et la violence n’ont, selon lui, plus leur place.  « Si nous devons promouvoir un cliché, ce doit être celui des jeunes en tant que partenaires de changement », a-t-il proposé.  Le représentant mexicain a ainsi appelé à lever les obstacles qui empêchent les jeunes de se réaliser pleinement, y compris le manque d’intégration économique et la discrimination religieuse.  Ces derniers sont à ses yeux les véritables facteurs qui poussent les jeunes vers le terrorisme et la violence.

Pour renforcer la paix durable dans les communautés, le représentant a estimé qu’il convenait d’investir davantage dans l’éducation et la création d’emplois décents pour les jeunes.  Il a estimé que son pays avait redoublé d’efforts ces dernières années pour autonomiser les jeunes, notamment via la mise en place d’un programme national de la jeunesse, qui a permis de trouver des solutions institutionnelles pour garantir les droits sociaux des 37,9 millions de jeunes que compte le Mexique.  Entre autres mesures, le représentant a mentionné l’adoption d’un plan national pour la santé des adolescents, d’un plan national pour la prévention de la violence et de la maltraitance des adolescents et d’un programme pour combattre la discrimination et les appels à la haine entre jeunes sur Internet.

M. JORGE MORAGAS SÁNCHEZ (Espagne) a indiqué que son pays faisait partie du Groupe des « champions de la jeunesse » et était fermement engagé à mettre en œuvre la résolution 2250 (2015).  Face aux défis politiques, économiques et sociaux actuels, il a appelé à promouvoir le « rôle actif » des jeunes dans la promotion de la paix, la stabilité et la prospérité de leur société.  Cette démarche est également essentielle pour combattre la radicalisation, l’extrémisme, les discours haineux et l’intolérance, des menaces face auxquelles les jeunes sont particulièrement vulnérables, a-t-il dit.

Le représentant a appelé à ne pas se limiter à la seule création d’espaces pour la jeunesse, soulignant qu’il est essentiel pour les jeunes de pouvoir se faire entendre directement et d’intégrer leurs perspectives dans tout débat politique ou social.  C’est uniquement en agissant ainsi qu’il sera possible de rétablir la confiance des jeunes dans les institutions et de les inciter à travailler à leur amélioration et renforcement, a-t-il estimé.

Au niveau national, a poursuivi M. Moragas Sánchez, l’Espagne a décidé, dans le cadre de l’initiative européenne pour un dialogue structuré, d’inclure pour la première fois des représentants des départements de ministères ayant compétence sur des questions clefs qui concernent les jeunes, comme les affaires intérieures, la justice, l’administration publique ou encore le logement.  Des actions ont également été lancées pour former les travailleurs qui interviennent auprès des jeunes afin de détecter et de prévenir la radicalisation violente, et des efforts visent en outre à améliorer les conditions d’employabilité des jeunes pour leur permettre d’obtenir un emploi décent.

Le représentant a toutefois souligné que ces actions nécessitaient l’adoption d’une approche sexospécifique, jugeant essentiel de ne pas perdre le lien avec le programme sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a ensuite rappelé la tenue, en mai 2017, à Malaga, de la Conférence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), consacrée au travail avec les jeunes pour renforcer la sécurité et la coopération en ligne.  Cet événement a débouché sur l’adoption du Décalogue de Malaga, un élément essentiel de la lutte contre la radicalisation et la prévention de l’extrémisme, a-t-il rappelé.

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a indiqué que son pays avait fortement investi dans l’éducation des jeunes: il garantit notamment un accès gratuit à l’éducation jusqu’à 11 ans.  Quant à l’éducation supérieure, M. Gonzales a indiqué que le taux de formation des jeunes colombiens était passé de 14% à 37%.  Les enseignements dispensés mettent désormais l’accent sur des valeurs pacifiques, la diversité et la pensée critique, a-t-il précisé. 

S’agissant de l’emploi, le représentant a déclaré que la Colombie avait mené des campagnes de sensibilisation visant à promouvoir la création d’emplois décents.  Le pays s’est également efforcé de lever les obstacles auxquels sont confrontés les jeunes pour trouver un premier emploi.  Alors que la Colombie entame une étape importante de son processus de paix, M. Gonzales a enfin déclaré que la participation des jeunes à tous les niveaux de la société colombienne était une priorité.

M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a appelé à redoubler d’efforts pour autonomiser les jeunes, regrettant que leurs voix ne se fassent pas davantage entendre lors des processus importants de prise de décisions.  En outre, des jeunes femmes et des jeunes membres de minorités sexuelles se voient nier l’accès au pouvoir ou aux opportunités de participation politique, a-t-il déploré.  Le délégué a parlé des initiatives lancées par le Japon grâce au Programme mondial pour les consolidateurs de la paix qui, a-t-il indiqué, a permis de former des centaines de jeunes, originaires du Japon ou de pays touchés par des conflits.

Le représentant a ensuite attiré l’attention sur l’importance de veiller à la bonne santé mentale des jeunes, estimant qu’un appui psychosocial est impératif dans le cadre de la consolidation de la paix et de la reconstruction après conflit.  Il a salué la mise en œuvre du projet pilote de l’ONU pour la cohésion sociale, la prévention de conflit, la réduction de la violence et la sécurité humaine, qui vise à soutenir les jeunes centrafricains.  Il a expliqué que ce projet aide ces jeunes à se réintégrer, en améliorant la fourniture de services et en promouvant la cohésion sociale.  L’initiative, a-t-il ajouté, a permis aussi de fournir des soins médicaux et psychosociaux aux femmes et filles victimes de violences sexuelles.

M. MICHAEL O’TOOLE (Irlande) a appelé le Secrétaire général à présenter un rapport annuel sur la mise en œuvre de la résolution 2250 (2015), jugeant par ailleurs important de nommer un point focal sur les jeunes, la paix et la sécurité.  Il a noté les synergies entre cette question et la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité, les objectifs de développement durable et la question des droits de l’homme, sans oublier l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU.  Il a appelé les États Membres à véritablement mettre en œuvre les recommandations de l’étude afin de réellement accorder aux jeunes une voix.

Le représentant a ensuite parlé de la célébration récente du vingtième anniversaire de l’Accord du vendredi saint, pierre angulaire du processus de paix en Irlande du Nord, ajoutant que son pays sait trop bien à quel point le traumatisme d’un conflit peut être transmis aux générations suivantes.

Il a par ailleurs indiqué que l’Irlande envoyait chaque année, depuis 2015, deux « délégués jeunesse » qui participent aux travaux de l’Assemblée générale.  Ces derniers ont effectué un sondage auprès de leurs pairs, qui a révélé que les jeunes se sentaient marginalisés des discussions sur les processus de paix.  Il a appelé les États Membres à adopter eux aussi des programmes de « délégués jeunesse ».

M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Haut Représentant des Nations Unies pour l’Alliance des civilisations, a déclaré que l’autonomisation des jeunes était au cœur des préoccupations de l’Alliance, qui a lancé plusieurs initiatives visant à renforcer le rôle de la jeunesse dans le maintien de la paix, y compris un programme de consolidation de la paix destiné aux jeunes dont l’objectif est de former des futurs leaders.  En outre, le Haut Représentant a mentionné le lancement par l’Alliance d’un fonds de solidarité pour la jeunesse, qui fournit aux organisations dirigées par des jeunes des ressources pour les aider à mettre en œuvre des projets de renforcement du dialogue interculturel et interconfessionnel.

Reconnaissant, par ailleurs, le rôle de la technologie et des plateformes numériques, l’Alliance des civilisations a créé, dans le cadre de ses initiatives médiatiques, une série d’ateliers sur Internet visant à promouvoir la compréhension mutuelle des personnes appartenant à des groupes religieux et culturels différent.  

Mme NASLY ISABEL BERNAL PRADO (Chili) a souligné les synergies entre les résolutions 1325 et 2250, notant que les jeunes femmes jouent un rôle important en matière de consolidation de la paix.  Elle a appelé à créer davantage de synergie pour mieux tenir compte de la situation des jeunes femmes et des enfants, dans le cadre de conflits.  Elle a appuyé la proposition, formulée dans l’étude indépendante, de créer des fonctions de consultant sur cette question.  La déléguée a aussi insisté sur l’importance de promouvoir l’éducation, y compris lors de situation de conflits, et appelé à veiller à la sécurité des établissements scolaires.

Au niveau national, a poursuivi la représentante, le Chili affecte des fonds à tout un éventail de questions liées au respect des droits de l’homme.  Un sous-secrétariat pour l’enfance a récemment été créé dans le but de mieux coordonner les services consacrés à l’enfance, a-t-elle indiqué.

M. WOUTER HOFMEYR ZAAYMAN (Afrique du Sud) a appelé à investir dans les jeunes afin de leur permettre de contribuer à la paix.  Il faut aussi démonter les obstacles structurels qui limitent la participation des jeunes et mettre l’accent sur les partenariats et les actions collaboratives pour faire des jeunes des partenaires essentiels pour la paix, a-t-il ajouté.

Le représentant a rappelé que les jeunes sud-africains avaient souvent été à l’avant-garde de la bataille pour la liberté et ajouté qu’ils l’étaient également maintenant pour combattre la pauvreté, l’inégalité et le chômage dans le pays.  Le Gouvernement a donc créé de nombreux programmes pour appuyer leur éducation, la création d’emplois et leur développement.  M. Zaayman a souligné que le chômage des jeunes était un problème pressant, raison pour laquelle le Gouvernement a mis sur pied une initiative pour l’emploi des jeunes.  Un groupe de travail sur les jeunes permet par ailleurs aux représentants de la jeunesse de se faire entendre au plus haut niveau.

Le représentant s’est, en outre, inquiété du fait que les programmes pour la jeunesse tendent à mettre l’accent sur le rôle des jeunes hommes au détriment des jeunes femmes, une situation exacerbée par le fait que les jeunes femmes sont davantage la cible de violence sexuelle.  Il a souhaité que cette réunion débouche sur le renforcement de la résolution 2250 (2015).

M. KHALED HUSSEIN MOHAMED ALYEMANY (Yémen) a constaté que les jeunes étaient majoritaires dans les pays en proie à un conflit, comme le Yémen.  La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour que la voix des jeunes soit entendue, a-t-il ajouté, en demandant un « rajeunissement » de l’ONU.  Le représentant a demandé la pleine application de la résolution 2250 (2015).

En 2011, les jeunes étaient au cœur de la demande de changement au Yémen, a précisé le représentant, qui a déploré qu’aujourd’hui, ces mêmes jeunes soient dans une situation catastrophique dont il a rendu responsables les agissements des houthistes.  Il a mentionné les réunions tenues dans son pays dans le cadre de la Conférence de dialogue national, affirmant qu’elles avaient vu une participation massive des jeunes.  Le document final de la Conférence demandait notamment la création d’un conseil national de la jeunesse et leur participation accrue aux processus décisionnels, a précisé M. Alyemany, qui a dénoncé le « rêve brisé » des jeunes yéménites et les nombreuses et graves violations dont ils sont victimes de la part des houthistes.  Les houthistes ont recruté des enfants pour les envoyer au combat, a encore affirmé le représentant, qui a conclu en demandant à la communauté internationale de protéger les jeunes yéménites. 

Mme ALYA AHMED SAIF A L-THANI (Qatar) a appelé à faire des efforts concertés au niveau international pour relever les défis auxquels sont confrontés 1,8 milliard de jeunes.  Le Qatar, a-t-elle indiqué, met tout en œuvre pour renforcer la contribution des jeunes aux efforts de paix, notamment par le biais de son comité consultatif pour la jeunesse.  Elle a aussi signalé que, en 2016, le Qatar avait organisé, à l’Assemblée générale, un débat thématique de haut niveau sur la nécessité de protéger les jeunes de l’extrémisme violent.  Le pays a en outre lancé une initiative pour l’éducation des réfugiés syriens.  La représentante a également indiqué que le Qatar est membre fondateur du Fonds mondial pour la résilience et la participation des jeunes. 

Mme NOA FURMAN (Israël) a souligné la nécessité de mettre fin à l’endoctrinement des jeunes par les groupes terroristes pour les amener à commettre des actes violents.  Des groupes comme le Hamas recrutent des jeunes pour des « camps d’été terroristes », où ils apprennent à « poignarder un Juif, poser une bombe et faire un cocktail Molotov », a-t-elle dénoncé. Elle a jugé diabolique cet empoisonnement de l’esprit des jeunes et demandé que les camps d’été demeurent des lieux ludiques et d’unité.

La représentante a ensuite mentionné le programme lancé par le Président israélien, appelé « Espoir israélien », qui vise à unir les jeunes musulmans, chrétiens et juifs dans le pays au service de la paix.  Mme Furman a en outre mentionné les nombreuses initiatives de jeunes palestiniens et israéliens visant à promouvoir une entente mutuelle et à jeter les bases d’une paix durable. « Écoutons les voix des jeunes car elles comptent », a-t-elle dit, avant d’estimer en conclusion que la résolution 2250 (2015) n’était qu’un point de départ.

Selon M. DIAN TRIANSYAH DJANI(Indonésie), le bien-être et l’avenir des jeunes relèvent de chacun d’entre nous.  Les jeunes ont beau représenter la génération la plus interconnectée qui soit, ils restent confrontés à un grand nombre de défis qui menacent la paix et la stabilité au sein des communautés.  Promouvoir l’inclusion est important, car il faut donner aux jeunes un sentiment d’appartenance.  Autonomiser les jeunes également, a-t-il poursuivi, car il s’agit de les protéger contre la propagande et la radicalisation.  Enfin, il faut placer les jeunes au cœur des efforts de développement et concevoir avec soin des programmes d’éducation.

Tant que les conflits perdurent, ils feront le lit des extrémistes qui s’efforcent de recruter des jeunes, a prévenu le représentant, pour qui « nous ne devons jamais permettre aux jeunes d’emprunter le chemin de la violence ».  Pour sa part, l’Indonésie a promulgué la loi relative à la jeunesse qui promeut leurs droits. « Nous devons parler la langue des jeunes », a conclu M. Djani.  

M. PABLO ADRIÁN ARROCHA OLABUENAGA (Panama) a vu la résolution 2250 (2015) comme un texte « phare » qui doit être appliqué intégralement.  « Mon pays a accueilli plus de 60 jeunes, peu après l’adoption de la résolution, pour discuter de la prévention des conflits », a-t-il dit en ajoutant que le Panama avait reçu, l’an dernier, l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse.  Le représentant a dénoncé la menace que font peser sur les jeunes les organisations criminelles et terroristes, avant de détailler les initiatives prises par le Panama pour autonomiser les jeunes.  L’éducation est un élément clef, a-t-il dit à cet égard.  Le délégué a constaté, « pétri d’horreur », que de plus en plus de jeunes filles sont victimes de violence sexuelle dans les zones de conflit.  Enfin, le représentant a mentionné le programme de bourses mis en place dans son pays pour prévenir l’abandon scolaire, avant de souligner l’importance du sport pour l’édification d’une culture de paix.

M. AMIRTH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a fait remarquer que nous vivons dans un monde où 46% de la population a moins de 24 ans.  La situation démographique a évolué en fonction des migrations et des mouvements de réfugiés, a noté le représentant.  Pour lui, « il ne s’agit pas de paniquer mais d’agir rapidement et d’espérer ».  Il a donc appelé la communauté internationale à renouveler son engagement en faveur du Programme 2030 et à s’attaquer aux causes profondes qui rendent les jeunes vulnérables à l’extrémisme violent.  Il faut créer un environnement qui leur permette d’exploiter leur plein potentiel, a-t-il précisé.

La Sri Lanka, confrontée à une population vieillissante, est « un véritable exemple en matière de développement humain en Asie du Sud », a fait valoir M. Perera en expliquant pourquoi les jeunes sont précieux et indispensables pour garantir le succès de la société.  « Les enfants et la jeunesse sont notre présent. »  À Sri Lanka, les insurrections ainsi qu’un conflit dévastateur ont entraîné l’adoption de réformes politiques, a dit le représentant en mentionnant notamment la création d’un conseil de la jeunesse et l’organisation de formations pour la réinsertion d’anciens combattants et enfants soldats.  Une politique nationale de réconciliation a également été adoptée en 2016, qui inclut une refonte du secteur de l’éducation et des manuels scolaires.  Enfin, a fini d’expliquer M. Perera, un programme de formation sociale et émotionnelle pour les enfants âgés de 3 à 5 ans a été lancé afin d’éviter la création d’un cycle de discrimination et de violence dès la petite enfance.   

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a souligné le rôle crucial joué par les jeunes de son pays dans l’instauration d’une culture de paix après le conflit qui a déchiré El Salvador.  Mon pays voit les jeunes comme des acteurs à risque, des sujets de droit et des acteurs du changement, a-t-il dit.  Le représentant a souligné la nécessité de lutter contre la violence et appelé la Commission de consolidation de la paix à jouer à cet égard un rôle plus inclusif, même si ladite Commission doit se concentrer sur les cas les plus urgents.  M. Escalante Hasbún a ensuite dénoncé les représentations négatives des jeunes dans les médias.  Enfin, le représentant a mentionné l’engagement de son pays en faveur de la résolution 2250 (2015) et de la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité.

M. JORGE SKINNER-KLEÉ ARENALES (Guatemala) a constaté que les jeunes sont souvent les plus vulnérables dans les conflits et qu’ils sont instrumentalisés pour défendre des idéologies qui vont à l’encontre de leur bien-être, a plutôt prôné leur participation et intégration politique.  Dans différentes régions, les jeunes ont toutefois été un moteur de transformation sociale, a-t-il noté.  Le représentant a d’ailleurs plaidé pour que les questions relatives au thème « Jeunes, paix et sécurité » ne soient pas dissociées de la mise en œuvre du Programme 2030.  Il reste encore des lacunes entre la reconnaissance officielle des jeunes dans ces domaines et le rôle qui leur est donné sur le terrain, a-t-il relevé.  Il faut placer ce groupe au cœur du développement, a-t-il conclu, réitérant son engagement en faveur de la culture de la prévention des conflits.

M. BACHIR SALEH AZZAM (Liban) a rappelé que 60% de la population du Liban et du monde arabe dans son ensemble a moins de 25 ans.  Malheureusement, l’optimisme n’est plus de mise parmi les jeunes de la région, en raison des frustrations politiques et d’un manque d’opportunités, a-t-il déploré.  Le taux de chômage des jeunes au Liban était ainsi de 37% en août 2017.  Soulignant la nécessité d’associer plus étroitement les jeunes aux efforts de paix, le représentant a détaillé la politique nationale pour la jeunesse du Liban, dont l’élaboration a été en particulier le fruit des organisations de la société civile et de jeunes et qui vise à autonomiser les jeunes.  M. Azzam a salué le niveau sans précédent de participation des jeunes au processus électoral en cours dans son pays.  Enfin, il a demandé que les jeunes soient placés au cœur des stratégies nationales de lutte contre l’extrémisme violent.

M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a considéré que l’adoption de la résolution 2250 (2015) avait été une étape importante dans la reconnaissance du rôle crucial des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits.  « La fourniture d’une éducation de qualité pour les jeunes est essentielle », a-t-il dit à cet égard, avant de demander une représentation accrue des jeunes dans les institutions nationales.  Le délégué a signalé que le Ministre botswanais des investissements, du commerce et de l’industrie, récemment nommé, est âgé d’à peine 30 ans.  « Mon gouvernement a accru ses efforts pour rendre le Botswana attractif pour les investissements directs étrangers en vue de créer des emplois pour les jeunes », a-t-il poursuivi.  Enfin, le représentant a appelé au renforcement du partenariat entre le Conseil de sécurité et le Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse.

Mme NARJES SAIDANE, Observatrice permanente de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a souhaité que la question des jeunes, la paix et la sécurité puisse faire l’objet d’un suivi régulier au sein du Conseil de sécurité.  L’OIF, avec ses 84 États membres, reconnaît la jeunesse comme « l’un des acteurs incontournables dans la réussite de ses actions », a ajouté la représentante.  L’Organisation s’attache ainsi, depuis 2014, à inclure les jeunes au sein de ses instances à tous les niveaux en s’inspirant de l’approche fondée sur les droits de l’homme.

« Les plus de 35 ans, nous sommes aujourd’hui la minorité alors que nous attendons encore de la majorité qu’elle s’adapte aux exigences de la minorité », a relevé Mme Saidane.  L’étude indépendante souligne de manière pertinente qu’il nous faut nous éloigner des stéréotypes simplistes, alors que les jeunes dans leur majorité ne demandent qu’à participer à la paix et au développement et le font déjà, a-t-elle plaidé.  

L’OIF est favorable à un partenariat solide au sein d’un espace francophone qui est « bien loin d’être épargné par la violence », a dit la représentante.  Il faut donner la parole aux jeunes, comme dans la campagne « Libres ensemble » lancée en 2016 sur les réseaux sociaux, et comme ce sera le cas dans le cadre du réseau francophone de prévention de la radicalisation qui est sur le point de se mettre en place.  Il convient plus que jamais de restaurer la confiance entre les jeunes et les décideurs, a poursuivi la représentante, qui a mentionné une étude du PNUD réalisée en 2017 sur les déterminants de la radicalisation au Sahel, laquelle avait souligné que la violence de l’État envers les citoyens était un déclencheur de conflit.

L’OIF met également l’accent sur l’insertion économique des jeunes, a poursuivi Mme Saidane.  L’Organisation a une stratégie numérique pour mobiliser des fonds de soutien à des initiatives en ce sens et accompagner des politiques de formation professionnelle, et il existe une agence universitaire francophone.  L’OIF se veut une institution de mobilisation, a résumé Mme Saidane, car aucun pays ni aucune organisation ne peut réussir seul, d’où l’intérêt du débat d’aujourd’hui.  L’Observatrice permanente a aussi évoqué l’alliance entre l’OIF, le Commonwealth, la Communauté des pays de langue portugaise et celle de pays de langue ibéro-portugaise, toutes quatre dirigées par des femmes, qui ont lancé un appel à la recherche d’une meilleure convergence entre les différents mécanismes en place.

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) s’est dit fier d’avoir appuyé le processus de recherche « novateur et participatif » de l’étude sur les jeunes, la paix et la sécurité.  D’après lui, cette étude apporte une contribution importante aux discussions sur la consolidation et la pérennisation de la paix qui auront lieu cette semaine.  La gestion des aspirations non satisfaites des jeunes et de leur inclusion dans la société constitue un élément essentiel de toute mesure visant à prévenir les conflits violents, a-t-il fait valoir.

Il existe une véritable synergie entre le programme pour les jeunes, la paix et la sécurité et le programme pour les femmes, la paix et la sécurité, a fait remarquer M. Blanchard.  Le représentant a rappelé que le Canada met actuellement en œuvre « une politique étrangère féministe » et une « politique d’aide internationale féministe » pour faire en sorte que les perspectives liées à l’égalité des sexes soient intégrées à tous les efforts de paix et de sécurité et au développement.  

M. Grant a ensuite reconnu que certains des travaux les plus importants étaient réalisés par la société civile au niveau des simples citoyens et au niveau local.  Par l’intermédiaire de son nouveau programme sur la voix et le leadership des femmes, le Canada affectera 150 millions de dollars sur cinq ans pour répondre aux besoins d’organisations de femmes locales dans les pays en développement, a-t-il annoncé.  Enfin, le représentant a jugé crucial de mobiliser les jeunes et d’en faire « un élément d’intervention contre l’extrémisme violent ». 

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a indiqué que son pays s’était doté d’une politique nationale pour la jeunesse qui vise à protéger les droits des jeunes et à renforcer le rôle des organisations non gouvernementales, des autorités locales et des médias pour la mettre en œuvre.  De son côté, l’Union pour la jeunesse de l’Ouzbékistan participe activement à la vie socio-politique du pays.  Le représentant a estimé qu’avoir une politique effective en matière de jeunesse est encore plus important face à l’ampleur des menaces de radicalisation des jeunes dans le monde, affirmant que la plupart des crimes liés à l’extrémisme violent étaient commis par des personnes de moins de 30 ans.

M. Ibragimov a annoncé qu’au mois de juin, l’Ouzbékistan accueillerait, en collaboration avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), une conférence internationale consacrée au rôle de la jeunesse dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation qui mènent au terrorisme.

M. CHRISTIAN BRAUN (Luxembourg) a appuyé l’adoption d’une nouvelle résolution par le Conseil de sécurité sur la jeunesse, la paix et la sécurité.  « Nous considérons qu’il est essentiel de compléter le cadre normatif dans ce domaine et de contribuer à en réduire la fragmentation », a déclaré M. Braun.  De fait, le représentant a noté avec regret que trop de jeunes n’avaient plus confiance en leur gouvernement et en la communauté internationale.  « Ils se sentent exclus des systèmes de gouvernance, ce qui engendre un grand sentiment d’injustice », a-t-il dit, appelant à lutter contre la stigmatisation des jeunes pour faciliter leur intégration dans les processus de paix, de croissance économique et de développement sociale.  Pour suivre cette évolution, M. Braun s’est prononcé en faveur de la création d’un rapport annuel de mise en œuvre du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité, ainsi que de la tenue de débats annuels sur la question au Conseil.

M. KAHA IMMADZE (Géorgie) a mentionné la dernière initiative de paix de son pays qui vise à faciliter l’accès à l’éducation des jeunes des régions géorgiennes occupées d’Abkhazie et de Tskhinvali/Ossétie du Sud.  Il est urgent de remédier aux nombreuses violations des droits de l’homme constatées dans ces régions, a-t-il dit, en mentionnant le récent meurtre du jeune géorgien Archil Tatunashvili.  En raison de l’occupation russe, les jeunes géorgiens de ces régions ne peuvent pas participer au processus de prise de décisions qui les affectent, a-t-il dit.  En conclusion, le représentant a exhorté la communauté internationale à protéger les droits des jeunes habitants des régions géorgiennes occupées d’Abkhazie et de Tskhinvali/Ossétie du Sud.

M. MAHFUZUR (Bangladesh) a mentionné la « vision » de la Première Ministre du Bangladesh, appelée « Bangladesh digital », visant à faire des jeunes des agents du changement.  Il a cité l’engagement de son pays pour offrir une éducation qui favorise l’esprit critique et une culture de paix parmi les jeunes.  Le délégué a indiqué que les jeunes font partie de la solution au défi de l’extrémisme violent.  « Ils doivent être enrôlés comme sentinelles contre les éléments extrémistes dans leur communauté. »  Enfin, le représentant a souligné la pertinence et la nécessité d’investir dans les jeunes non seulement pour les pays concernés mais aussi pour le monde entier.

M. SAUD HAMAD GHANEM HAMAD ALSHAMSI (Émirats arabes unis) a salué l’approche participative adoptée par l’étude.  Dans cet esprit, il a plaidé pour une approche plus nuancée lorsque sont abordées les problématiques relatives à la jeunesse.  Dans le cadre de la paix et de la sécurité, les jeunes sont des alliés indispensables, notamment dans le monde arabe, où de nombreux jeunes sont confrontés à la violence.  En 2016, a fait observer le représentant, les Émirats arabes unis ont nommé un jeune ministre d’État à la jeunesse, qui a développé une stratégie nationale pour la jeunesse, « ce qui sous-tend une politique d’engagement, pierre angulaire de notre société pacifique et prospère ».

Les difficultés de la région ne pourront être résolues sans exploiter pleinement le potentiel des jeunes, a argué M. Alshamsi.  Il a souligné l’importance d’une bonne éducation et d’un marché de l’emploi concurrentiel.  Face au cycle de l’extrémisme et de la violence qui frappe la région, il faut se concentrer sur la prévention et offrir des solutions modérées, a-t-il plaidé.  Ainsi le Centre pour la jeunesse arabe fournit-il des opportunités aux jeunes et au développement durable de leurs communautés. 

Mme ISABELLE f. PICCO (Monaco) a indiqué que le Groupe des amis du sport au service du développement et de la paix, que Monaco copréside avec la Tunisie, s’attache à promouvoir cet « instrument unique de rassemblement des communautés et des peuples », un outil qui, a-t-elle estimé, mériterait d’être davantage intégré aux stratégies de prévention de conflit, de réhabilitation postconflit et de consolidation de la paix.  La représentante a fait observer que le sport avait été utilisé à plusieurs reprises dans le cadre d’opérations de maintien de la paix, notamment récemment en 2018, dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), où la division des affaires civiles a organisé un tournoi de football afin de promouvoir l’éducation et la cohésion sociale.  Elle a aussi souligné l’importance des activités sportives dans le « quotidien fait de promiscuité des camps de réfugiés et de déplacés ».  Pour Monaco, le sport devrait pouvoir faire partie intégrante de l’éducation dans tous les pays.

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a souligné le caractère historique de la résolution 2250 (2015).  Les jeunes ont un rôle crucial à jouer dans les efforts de paix, a-t-il estimé.  Il a jugé urgent l’accès des jeunes à une éducation de qualité.  Il s’est dit consterné par la violence faite aux jeunes femmes, avant de rappeler la menace posée par les changements climatiques qui peuvent être responsables de troubles sociaux, ajoutant que les jeunes devaient être « sensibilisés aux conséquences des changements climatiques ». Le représentant a demandé que soit apporté un fort appui aux jeunes qui œuvrent à la consolidation de la paix, les ressources octroyées jusqu’à présent étant insuffisantes.  Enfin, il a indiqué que le programme « Jeunesse, la paix et la sécurité » serait l’une des priorités de son pays au Conseil, s’il est élu, comme souhaité, pour les deux prochaines années.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a fait observer que son pays était un « pays jeune » et a parlé de la « force motrice » de la jeunesse.  L’Égypte a accueilli en novembre dernier le Forum de la jeunesse mondiale qui, avec plus de 3 000 participants du monde entier, a examiné la question des jeunes sous toutes ses dimensions, notamment les menaces à la paix et la sécurité du fait du terrorisme et de l’immigration irrégulière, ainsi que l’impact des conflits sur le développement, a rappelé le représentant.

L’action invoquée aujourd’hui n’aura de résultats que si elle est accompagnée par le renforcement de la participation des jeunes dans leurs communautés et des efforts visant à les protéger de l’extrémisme et des conflits, a estimé M. Edrees.  À cet égard, a-t-il insisté, l’éducation et les opportunités économiques sont clefs, y compris pour faire face à la reconstruction après les conflits.  Il faut permettre aux jeunes de préciser leurs besoins et leurs priorités et traiter des causes profondes des conflits, afin d’éviter la dérive extrémiste.

M. Edrees a invité le Secrétaire général à accorder dans ses prochains rapports une importance spéciale aux jeunes dans les territoires arabes occupés.  Pour sa part, l’Égypte a lancé un programme visant à améliorer la capacité des jeunes à prendre des décisions.  Le pays reconnaît en outre que les organisations de la société civile jouent un rôle important dans les politiques de prévention de l’extrémisme des jeunes.  Enfin, le représentant a salué l’action des bénévoles et des médias, qui peuvent jouer un rôle important pour promouvoir la culture de la paix et lutter contre les idéologies violentes.

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a déclaré qu’en matière d’intégration des jeunes, il n’existait pas de meilleur outil que l’éducation.  C’est la raison pour laquelle, a-t-elle dit, le Portugal appuie la Plateforme mondiale pour les étudiants syriens, qui fournit, selon elle, un parfait exemple de la façon dont la communauté internationale peut travailler de concert, afin de créer des opportunités au bénéfice des victimes de crises. 

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a souligné l’importance de la participation des jeunes dans la vie publique, mentionnant, parmi les engagements pris par son pays en leur faveur, la consécration d’une place de choix dans la Constitution marocaine, l’adoption d’un quota pour les jeunes au Parlement ou encore le lancement de la stratégie nationale intégrée de la jeunesse 2015-2030 et la célébration chaque année de la Fête de la jeunesse.  « L’instauration d’un dialogue permanent avec les jeunes sur les questions concernant la jeunesse, la paix et la sécurité leur permettra de renforcer leurs défenses contre les discours de haine », a en outre affirmé la représentante.

Mme LALA MEHDIYEVA (Azerbaïdjan) a insisté sur la tradition de tolérance de son pays, devenu depuis le lancement du « Processus de Bakou » en 2008 une plateforme mondiale de dialogue.  Elle a mentionné la mise en œuvre fructueuse des politiques ayant abouti à l’autonomisation des jeunes et à leur meilleure intégration sociale et économique.  « En 2014, l’Azerbaïdjan a accueilli le premier Forum mondial sur les politiques de la jeunesse, qui a vu plus de 700 participants venant de 165 pays », a-t-elle rappelé.  Enfin, la représentante a indiqué que le volontariat était un autre outil puissant pour promouvoir l’autonomisation des jeunes.

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a dénoncé les représentations négatives qui entourent les jeunes, lesquels sont de véritables agents du changement, comme ils l’ont montré en Tunisie depuis 2011.  Le représentant a souligné la nécessité d’instaurer un environnement propice à l’épanouissement des jeunes et de considérer les jeunes avant tout comme titulaires de droits.  Il a noté la participation élevée des jeunes tunisiens au processus électoral en cours dans son pays.  Il a demandé que soit remédié aux causes profondes des défis socioéconomiques que les jeunes doivent relever et d’assurer l’égalité entre les genres, rappelant par ailleurs que son pays avait adopté en juillet 2017 une loi visant à l’élimination des violences faites aux femmes.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a jugé indispensable de s’attaquer aux causes profondes de l’exploitation et du recrutement des jeunes par des groupes extrémistes.  Il faut en outre associer les jeunes à la construction du pays, car ils ont un rôle important à jouer à l’heure de réaliser les objectifs de développement durable.  Le Bahreïn a pour sa part mis en œuvre, depuis 2003, une stratégie nationale pour la jeunesse et a récemment organisé un forum sur leur rôle dans l’édification de la paix et la lutte contre le terrorisme.

En coopération avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’ECOSOC, le Bahreïn a créé un prix pour autonomiser les jeunes, a ajouté le représentant.  Le pays a lancé des initiatives pionnières, dont un concours, pour offrir aux jeunes l’environnement dont ils ont besoin pour exprimer toute leur créativité.  M. Alrowaiei a par ailleurs salué le rôle du sport en tant que vecteur de paix et jugé important de préserver Internet comme « un espace positif ». 

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