En cours au Siège de l'ONU

Soixante-treizième session,
15e séance – matin
AG/SHC/4233

Troisième Commission: Femmes et enfants figurent toujours en bonne place des laissés-pour-compte du développement

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a achevé aujourd’hui ses discussions sur les droits de l’enfant et sur la promotion de la femme sur un constat amer des États Membres et de diverses organisations internationales, qui s’inquiètent de voir figurer femmes et enfants en bonne place parmi les laissés-pour-compte du développement.

De fait, les différentes délégations et organismes participant aux débats ont mis en garde, chiffres et rapports à l’appui, contre les discriminations que continuent de subir femmes et enfants, plusieurs décennies après l’adoption par la communauté internationale de traités, mécanismes et instruments visant à les éliminer.

« Près de 40 ans après l’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, aucun pays n’a réussi à éliminer ce fléau ou à parvenir à l’égalité complète entre les femmes et les hommes », a ainsi regretté le représentant de la Belgique, pour qui le constat est sans appel: la pleine réalisation des droits humains des femmes est encore loin d’être une réalité.

Les organisations internationales font le même constat.  La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a rappelé que 45% de la force de travail en milieu rural est composée de femmes.  Or, 80% des personnes vivant dans la pauvreté extrême vivent en zone rurale.  Quant au marché du travail en général, il est très loin d’avoir atteint l’égalité des genres, a complété le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Dans de nombreuses régions du monde, être une femme signifie tout simplement avoir 30% de chances en moins de participer au marché du travail, et le plus souvent au plus bas de l’échelle économique.  En outre, en moyenne, les femmes continuent d’être payées 23% de moins que les hommes pour un travail égal et, au rythme actuel des évolutions, il faudra 70 ans pour corriger les écarts de salaire. 

Les délégations de toutes les régions du monde l’ont affirmé durant toutes ces journées de discussions: leur pays travaille « résolument » et avec « détermination » pour la promotion et l’émancipation de la femme, et entendent respecter les obligations internationales contractées lors de leur adhésion aux différents traités.  Pourtant, plusieurs intervenants se sont inquiétés des réserves faites par un nombre relativement élevé d’États parties à certaines dispositions des conventions internationales, y compris à celle de l’article 2 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui pose le principe de l’engagement des États parties à supprimer lesdites discriminations.

Certaines délégations ont expliqué cette lenteur et parfois même un recul sur le chemin de la promotion de la femme et de la fille par le patriarcat, qui reste dominant dans de nombreuses sociétés, comme l’ont souligné les représentants du Sri Lanka et du Burundi.

C’est ce même patriarcat qui est à l’origine de mariages précoces et forcés d’enfants, parfois à la suite d’enlèvement, notamment des petites filles, comme au Lesotho, où environ une fille sur cinq est mariée avant son dix-huitième anniversaire.

Ces chiffres prouvent à quel point le défi de la protection des droits de l’enfant est important, du fait de l’ampleur des défis cités: vulnérabilité, pauvreté, maladies ou encore insuffisance des ressources.  Certains intervenants ont même parlé de reculs, comme en Palestine où, près de 30 ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant, la « situation empire pour les enfants palestiniens » vivant dans les territoires occupés.

Parmi les plus vulnérables figurent les enfants vivant dans des zones de conflits ou ceux déplacés du fait des crises, qu’ils soient enfants réfugiés ou migrants.  L’Ordre souverain de Malte a rappelé que la moitié des 65 millions de déplacés sont des enfants.  Au total, « 263 millions d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes ne vont actuellement pas à l’école », a en outre relevé la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge  La FICR a d’ailleurs relevé davantage de graves violations des droits de l’enfant en 2017 que l’année précédente, conséquence en partie de la hausse de 74% au cours des 10 dernières années du nombre d’enfants vivant dans des zones de conflit.

Comme l’a rappelé le Koweït, un Forum politique de haut niveau se tiendra en 2019, à l’occasion du trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, pour évaluer l’état d’avancement dans la réalisation de quatre des objectifs de développement durable étroitement liés aux droits de l’enfant.

En attendant, le Président de la Troisième Commission, M. Mahmoud Saikal, a clôturé la session en souhaitant une bonne « Journée internationale de la fille », célébrée aujourd’hui.

Demain, vendredi 12 octobre, la Troisième Commission examinera à partir de 10 heures les droits des peuples autochtones.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT

Suite donnée aux textes issus de la session extraordinaire consacrée aux enfants

Suite et fin de la discussion générale

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a relevé que, malgré les progrès déjà accomplis à plusieurs niveaux dans la réalisation des droits des enfants, des défis majeurs persistent.  Il a cité le grand nombre d’enfants vulnérables, la pauvreté des ménages, les maladies épidémiques et l’insuffisance des ressources.  L’adoption par le Conseil d’administration de l’UNICEF du programme de pays pour le Burundi, lors de sa deuxième session annuelle, qui « s’aligne parfaitement » sur les priorités nationales et le plan national de développement 2018-2027 du Burundi, est un « bon départ » pour surmonter ces défis, a estimé M. Shingiro, qui a réaffirmé l’engagement de son pays à mettre en œuvre tous les instruments et traités internationaux et régionaux auxquels il a adhéré.   

Mme NADYA RIFAAT RASHEED, État de Palestine, a observé qu’en dépit des progrès réalisés depuis l’adoption, il y a près de 30 ans, de la Convention relative aux droits de l’enfant, la situation empirait pour les enfants palestiniens vivant dans les territoires occupés.  L’État de Palestine a beau avoir adhéré à la Convention et à ses Protocoles facultatifs, les droits des enfants palestiniens sont régulièrement violés en raison de l’occupation israélienne, a-t-elle déploré. 

Le droit international est applicable dans les territoires occupés mais Israël fait fi des appels des organisations internationales, a poursuivi Mme Rasheed.  Dans la bande de Gaza, les enfants vivent depuis 11 ans sous un blocus israélien qui a rendu la situation économique et sociale extrêmement difficile, a-t-elle rappelé.  Du fait de l’intrusion d’armes et d’explosifs, mais aussi du manque d’éducation et d’accès à l’eau, les enfants de Gaza se retrouvent sans enfance.  Beaucoup ont été blessés alors qu’ils faisaient valoir leurs droits face à l’occupation. 

Notant que la violence israélienne a été dénoncée par plusieurs organisations internationales, lesquelles ont parlé de crimes de guerre, Mme Rasheed a souhaité que chacun soit tenu responsable de ses actes.  S’agissant de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, les forces d’occupation procèdent à des détentions arbitraires et soumettent certains enfants à la torture dans les geôles israéliennes, a accusé Mme Rasheed.  De fait, a-t-elle souligné, nous demandons que tous les enfants palestiniens soient libérés des prisons israéliennes.  Selon elle, il est nécessaire que la communauté internationale ait le courage de prendre des mesures pour mettre un terme à cette occupation.  Il s’agit, a-t-elle conclu, d’offrir aux enfants palestiniens une vie meilleure, dans un État ayant Jérusalem-Est pour capitale. 

M. MICHAEL M. ESPIRITU, Ordre souverain de Malte, a fait part de sa vive préoccupation concernant la situation des enfants déplacés, qui représentent la moitié des 65 millions de déplacés, y compris ceux qui sont non accompagnés ou séparés.  L’Ordre, qui est actif dans 120 pays, souligne la situation déplorable des enfants à travers le monde. 

M. Espiritu a expliqué que, durant la seule journée du 5 juin dernier, une équipe médicale de l’organisation humanitaire avait apporté une aide à bord du navire Datillo dans les côtes italiennes à 274 migrants, dont 60 mineurs non accompagnés secourus des côtes libyennes.  Ce sont là quelques exemples des actions menées par l’Ordre, qui a porté attention à quelque 55 000 migrants sur terre et mer dans des opérations conjointes avec la marine italienne et les Garde-côtes depuis 2008, a-t-il poursuivi. 

À travers le monde, l’Ordre a continué son engagement pour apporter une assistance physique, psychologique et matérielle.  En Allemagne, où un réfugié sur trois est pris en charge par l’Ordre, nous dirigeons 140 centres en faveur de 44 000 personnes, a expliqué M. Espiritu.  En France, l’Ordre fournit des cours de langues à 800 enfants pour faciliter leur insertion.  En Iraq, en Turquie, en Syrie, tout comme ailleurs en Afrique, l’Ordre est présent pour dispenser aide et secours aux déplacés, aux nouveau-nés, aux femmes enceintes, apportant aide alimentaire et soins médicaux.  En conclusion, l’Ordre souverain de Malte réaffirme l’engagement de ses 13 000 membres, 80 000 volontaires et 20 000 professionnels médicaux pour la promotion des droits des enfants qui ont faim, sont malades, déplacés ou abandonnés. 

Mme MADELINE ACHURCH, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a rappelé que « 263 millions d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes ne vont actuellement pas à l’école.  Cela représente l’équivalent de la population du quatrième pays le plus peuplé du monde », s’est-elle alarmée.  Elle a ensuite insisté sur l’importance de l’éducation, « service public essentiel » permettant le renforcement des capacités des communautés à maintenir leurs moyens de subsistances, fortifiant leur développement économique ainsi que la cohésion sociale, la résilience et la paix. 

Mme Achurch a déploré que l’éducation soit encore le service public le moins soutenu en situation de crise humanitaire, insistant sur deux manques en particulier: l’accès à l’éducation pour ceux qui vivent en dehors des camps ou des zones de sécurité et l’accès à l’école pré-primaire, secondaire et tertiaire, puisque le plus grand groupe d’enfants n’ayant pas accès à l’école est celui des 15-17 ans. 

Mme Achurch a expliqué qu’un tiers des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge –il en existe dans 191 pays, a-t-elle rappelé- avaient déjà mis en place des programmes nationaux relatifs à l’éducation et à l’école.  Il reste néanmoins beaucoup à faire, et c’est pourquoi le conseil des délégués du mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a adopté, en novembre 2017, une résolution intitulée « Éducation: besoin humanitaire liés », par laquelle il s’engage à faire face aux besoins en éducation encore en suspens, notamment en situation de conflit, de catastrophe humanitaire ou d’autres urgences. 

Mme AMBER BARTH, Organisation internationale du Travail (OIT), a noté que les dernières estimations concernant le travail des enfants témoignaient à la fois de progrès réels et d’un travail inachevé.  Si le travail des enfants était en déclin depuis les années 2000, ce déclin a ralenti ces dernières années, et ce, alors même qu’une accélération considérable est nécessaire pour atteindre l’objectif ambitieux de mettre un terme au travail des enfants en 2025, tel que spécifié dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 (objectif 8.7). 

Si de nombreux pays et organisations ont pris des mesures concrètes pour atteindre l’objectif 8,7, elle a noté le besoin urgent d’une action coordonnée globale et, plus spécifiquement, que les politiques publiques soient intégrées dans un effort de développement national plus large et adapté aux circonstances locales.  Mme Barth a rappelé ensuite le rôle de l’OIT au sein de « l’Alliance 8.7 » qui joue un rôle essentiel dans le soutien aux efforts des gouvernements pour mettre un terme au travail des enfants d’ici à 2025.  Elle a appelé tous les États Membres à se joindre à cette Alliance. 

M. LEE WEE TIONG (Singapour) a mis l’accent sur l’importance des générations à venir au regard du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont les objectifs 3 et 4 se concentrent respectivement sur la santé et l’éducation, avec des cibles spécifiquement centrées sur les enfants.  En tant que petite cité-État sans ressources naturelles, Singapour a toujours donné la priorité à l’éducation de ses enfants, a souligné le représentant, notant que le rapport 2017 de l’UNICEF avait classé le pays parmi ceux ayant le taux de mortalité infantile le plus bas au monde.  Nous fournissons une éducation de qualité dans laquelle les enfants peuvent s’épanouir pleinement, s’est-il enorgueilli. 

En dépit de ces avancées, beaucoup reste à accomplir pour mieux servir les enfants, a toutefois ajouté le représentant.  À cette fin, Singapour a amendé sa loi sur les enfants et les jeunes pour faire progresser le bien-être de cette catégorie de la population.  Il a aussi actualisé la Charte des femmes et la loi sur l’administration des musulmans afin d’offrir un meilleur soutien aux enfants dont les parents sont divorcés.   Singapour a aussi établi une agence qui supervise les aspects-clefs du développement des enfants de moins de 7 ans et lancé une cartographie ayant pour but de créer des services innovants pour les parents et les enfants.  Ces efforts ont porté leur fruit, a constaté le représentant, notant qu’un nombre record d’enfants se rendent dans le système préscolaire de Singapour.  « Notre avenir est entre les mains de nos enfants, nous ne pouvons les laisser tomber », a-t-il conclu. 

Mme ATIPHA VADHANAPHONG (Thaïlande) s’est félicitée que l’Organisation mondiale de la Santé ait reconnu, l’an dernier, son pays comme la première nation de la région Asie-Pacifique à avoir éliminé la transmission mère-enfant du VIH/sida et de la syphilis.  La Thaïlande partage, d’ores et déjà, son expérience aux niveaux régional et international, dans le cadre de la coopération Sud-Sud en particulier, a précisé la représentante.  Elle a aussi indiqué que le régime Child Support Grant, introduit en 2015, avait favorisé l’amélioration de la nutrition fournie aux enfants et l’accès aux services de base tels les soins après la naissance. 

Par ailleurs, l’accès à l’enseignement obligatoire a été élargi aux enfants ayant un problème de statut ou à ceux de migrants sans papiers.  Le taux de scolarisation dans l’enseignement primaire a été de 100%, de 88,3% au collège et de 72,7% au lycée en 2016-2017.  La Thaïlande applique également une budgétisation sensible à l’égalité des sexes dans le secteur de l’éducation et dispense une éducation qui promeut l’égalité des chances des garçons et des filles.  En collaboration avec l’UNICEF, la Thaïlande a aussi utilisé le U-Report en tant que plateforme permettant aux jeunes de faire entendre leur voix et de répondre aux sondages sur les questions qui les concernent.  La représentante a salué la Stratégie 2030 de l’ONU pour la jeunesse, ainsi que ses cinq domaines, lancée en marge du dialogue de haut niveau de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale et qui met l’autonomisation économique des jeunes au cœur des stratégies de développement avec un accent sur la formation et la création d’emplois.

Mme Vadhanaphong a indiqué, d’autre part, que les agences concernées de son pays s’activent à mettre au point le mémoire de coopération pour concrétiser les alternatives à la détention d’enfants migrants en veillant à l’intérêt supérieur de l’enfant.  La Thaïlande attend aussi l’adoption, en décembre à Marrakech, du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Mme SARA SALEH ALZUMAN (Koweït) a fait remarquer qu’à l’occasion du trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant se tiendrait, en 2019, un Forum politique de haut niveau sur le développement pour évaluer l’état d’avancement dans la réalisation de quatre des objectifs de développement durable étroitement liées aux droits de l’enfant, à savoir les objectifs 4 (éducation de qualité), 8 (travail décent, avec la cible 7 visant à l’élimination du travail des enfants, y compris sous ses pires formes comme leur recrutement et utilisation comme soldat), 10 (inégalités réduites) et 16 (paix, justice et institutions efficaces).  Ces deux événements offrent l’occasion unique de poser des nouveaux jalons, a-t-elle estimé. 

Mme Alzuman a dit partager les inquiétudes de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, quant à l’aggravation de la situation du fait de la violence, de l’absence de sécurité, des catastrophes climatiques, de la pauvreté ainsi que des conflits armés, autant de situations ayant décuplé le nombre d’enfants réfugiés et déplacés.  La représentante s’est également alarmée de l’augmentation, en 2017, des graves violations des droits des enfants, par rapport à l’année précédente, relevant ainsi que le nombre d’enfants affectés dans les zones de conflit s’était accru de 74% au cours des 10 dernières années.   

La représentante a appelé à mettre fin à la violence sexuelle, à l’enlèvement et au recrutement forcé et à l’exploitation des enfants par des groupes extrémistes et des groupes armés non étatiques, ajoutant que ce n’est pas uniquement un devoir moral mais un facteur indispensable à l’instauration et à la consolidation de la paix. 

Mme Alzuman a exhorté, en outre, à un effort international collectif pour protéger les enfants des exploitations en ligne, et invité les États qui ne sont pas parties au Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants à le ratifier.  Elle a rappelé qu’en 2017, le Koweït avait accueilli la première conférence régionale sur la protection des enfants des risques encourus sur les médias sociaux.   

Mme EL KBIRI (Maroc) a souligné que la Convention relative aux droits de l’enfant était une promesse faite il y a 29 ans aux enfants d’un monde plus respectueux de leurs droits.  Elle dispose notamment le droit à la survie de tous les enfants, leur droit de réaliser leur potentiel, d’être protégés contre les mauvais traitements et l’exploitation et de participer à la vie familiale, culturelle et sociale, a souligné la représentante. 

Rappelant que le Maroc a ratifié l’ensemble des instruments relatifs aux droits de l’enfant, en particulier la Convention, ses deux Protocoles facultatifs initiaux ainsi que son troisième Protocole facultatif établissant une procédure de communication, Mme El Kbiri a noté que la nouvelle Constitution, dans son article 34, consacre les droits de l’enfance et instaure la prévalence des conventions internationales sur les lois nationales.  La représentante a enfin précisé que le Maroc avait lancé une politique publique intégrée de protection de l’enfance 2015-2025, qui prévoit notamment le renforcement du cadre légal de protection des enfants et de son effectivité. 

Mme DESIRÉE DEL CARMEN CEDEÑO RENGIFO (Panama) a pris note avec préoccupation des conclusions du rapport du Secrétaire général sur les brimades en milieu scolaire.  Ce phénomène est aggravé par ses manifestations sur les médias sociaux.  Le harcèlement, notamment en ligne, intimide nos enfants, et a un impact à long terme et toxique, d’où la nécessité d’aborder ce problème d’une façon intégrale et de les combattre efficacement, a ajouté la représentante.

Mme Cedeño Rengifo a souligné que son pays promouvait des mesures de respect des droits de l’enfant, notamment par des ateliers informatiques dans les zones frontalières dans le but de former des acteurs responsables chargés d’attirer l’attention sur les enfants et adolescents migrants et sur les situations de vulnérabilité particulière, comme les enfants sans papiers, sans famille et sans foyer.  En termes d’investissement dans le développement social inclusif, le Panama se sert de l’Indice de pauvreté multidimensionnelle pour identifier les formes et les degrés de pauvreté.  Cet Indice s’est révélé fondamental dans la réduction de la pauvreté et de ses conséquences dans le cadre du travail des enfants, a-t-elle déclaré.   

M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie) a assuré que la protection des droits des enfants figurait au rang des priorités pour son pays.  Notre principe fondamental est l’engagement de l’État à protéger tous les aspects de la vie des enfants, a-t-il souligné, notant que cette approche était essentielle dans l’optique de la candidature de la Bulgarie au Conseil des droits de l’homme.  Investir dans les enfants, c’est investir dans la vie socioéconomique des pays, a poursuivi le représentant, pour qui la cause des enfants devrait se refléter dans chaque action mondiale. 

La Bulgarie a assis son autorité sur cette question au travers de ses contributions à l’élaboration du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de la Déclaration de New York et du futur pacte mondial sur les migrations, a affirmé le représentant.  La Bulgarie s’attache en outre à protéger les droits des enfants les plus vulnérables.  À cet égard, l’État, les institutions nationales et les organisations non gouvernementales travaillent main dans la main pour assurer un meilleur bien-être aux enfants, en associant ces derniers aux décisions dans la mesure du possible.  Une stratégie nationale est en préparation pour améliorer les conditions de leur développement, avec un accent particulier sur la petite enfance, a ajouté le représentant, soulignant encore une fois le rôle des organisations non gouvernementales et de l’UNICEF dans l’élaboration de politiques novatrices pour les enfants. 

Mme NTHABISENG MONOKO (Lesotho) s’est félicitée que la communauté internationale s’empare de la question de la protection des droits de l’enfant.  La négation de ce problème prive nos enfants de leur droit à l’éducation et à la santé, avec des effets dévastateurs sur le plan humain et pour le développement de nos sociétés, a-t-elle fait valoir.  À cet égard, elle a noté avec préoccupation qu’en dépit des lois adoptées sur ce point précis, un grand nombre d’enfants restent sujets aux mariages précoces et forcés, y compris à la suite d’un enlèvement.  C’est notamment le cas au Lesotho, où environ une fille sur cinq est mariée avant son dix-huitième anniversaire.  De plus, une étude menée, en 2016, par le Ministère de la santé fait apparaître que 13 219 filles âgées de 14 à 17 ans n’étaient pas scolarisées, 1 742 d’entre elles étant mariées. 

Ces chiffres prouvent à quel point le défi de la protection des droits des enfants est important au Lesotho, a poursuivi Mme Monoko.  Le Gouvernement s’emploie à faire progresser la législation dans ce sens, a-t-elle affirmé.  Elle a ainsi cité la loi de 2010 sur l’éducation, qui rend l’enseignement primaire obligatoire, la loi de 1974 sur le mariage, qui établit à 21 ans l’âge légal d’une union, et la loi de 2011 sur la protection et le bien-être de l’enfant, qui impose aux parents un consentement écrit de leur part en cas de mariage de leur enfant à l’âge de 18 ans.  En outre, Mme Monoko a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’objectif 5.5 de développement durable, lequel envisage l’éradication des mariages d’enfants d’ici à 2030. 

Mme INGRIT PRIZRENI (Albanie) s’est concentrée sur les accomplissements récents de son pays en matière de protection des droits de l’enfant.  Elle a ainsi fait état de l’adoption d’une loi sur les droits et la protection des enfants en 2017.  Cette législation se concentre sur l’amélioration des conditions de vie des enfants avec notamment l’établissement d’une agence pour le bien-être des enfants, a-t-elle précisé.  L’objectif est, selon la représentante, d’avoir une approche globale pour éviter que les enfants subissent des violences.  Ces droits et obligations s’appliquent aux enfants albanais dans leur pays comme à l’étranger, a-t-elle encore relevé.  L’autre priorité du pays en la matière concerne les enfants ayant enfreint la loi, l’objectif étant ici de leur éviter la détention, a souligné Mme Prizreni.  La représentante a enfin rappelé le soutien qu’apporte l’Albanie aux projets de résolution de la Troisième Commission, notamment celle qui porte sur la lutte contre le harcèlement des enfants. 

PROMOTION DE LA FEMME

Suite et fin de la discussion générale

Mme SENTISSI (Maroc) a fait valoir les progrès considérables qu’a connus la condition de la femme marocaine désormais présente dans des fonctions très importantes: ambassadeurs, gouverneurs, pilotes, directrices d’administration centrale, de grands projets, ou d’organes importants comme la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication.  Ces progrès concernent toutes les couches sociales et toutes les régions, des provinces du Sahara marocain jusqu’au nord, de Dakhla à Tanger, a poursuivi la représentante.  La femme rurale a été également intégrée dans le processus de développement à travers la création de la Fondation Mohammed V de solidarité visant essentiellement à l’amélioration de la situation de la femme et de la fille en âge de scolarisation, et octroie des microcrédits aux femmes au chômage. 

En 2004, le Maroc avait procédé à une réforme du code de la famille (Moudawana), première étape d’une évolution progressive, suivie de l’accroissement de la place des femmes en politique et dans les affaires publiques, a rappelé Mme Sentissi.  La loi relative à la lutte contre la violence envers les femmes a, elle, été adoptée le 12 septembre dernier et représente l’un des plus importants textes renforçant l’arsenal juridique national dans le domaine de l’égalité des sexes.  En adoptant une approche juridique ne reposant pas uniquement sur des mesures répressives, cette loi tend à répondre aux attentes des femmes, a fait valoir la représentante, soulignant toutefois que le durcissement des peines pour injures à caractère sexiste était l’une des dimensions les plus importantes de ce texte qui impose des sanctions sévères aux harceleurs: un à six mois de prison et une amende de 2 000 à 20 000 dirhams (210 à 2 100 dollars des États-Unis environ).  Mme Sentissi a enfin mis l’accent sur la participation des organisations non gouvernementales marocaines à l’élaboration de ce texte.

Mme LALA MEHDIYEVA (Azerbaïdjan) a estimé que la Déclaration historique de Beijing et son Programme d’action ainsi que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 avaient stimulé les progrès concernant la condition des femmes et l’amélioration des relations entre hommes et femmes.  Pourtant, une majorité des femmes continuent de souffrir de discrimination et de harcèlement, a-t-elle constaté, avant de faire état de la préparation au Parlement azerbaïdjanais d’un projet de loi pour créer un mécanisme d’expertise sur les inégalités entre les sexes dans le pays.  Un groupe de travail et un numéro vert ont par ailleurs été créés pour aider les victimes de violences sexistes. 

Rappelant qu’en 1918, l’Azerbaïdjan avait été le premier pays musulman à accorder le droit de vote aux femmes, Mme Mehdiyeva a ajouté qu’en 2011, le Comité d’État chargé de lutter contre la violence à l’égard des femmes et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avaient lancé un programme d’aide aux femmes en milieu rural, la priorité étant donnée à l’accès à l’éducation, aux services de santé et à l’assainissement.  Le Gouvernement, a-t-elle encore souligné, a aussi déployé des efforts considérables pour améliorer la représentation des femmes dans les institutions publiques.

M. JEROEN COOREMAN (Belgique) a estimé qu’au vu des différents rapports soumis à la Troisième Commission, la pleine réalisation des droits humains des femmes était encore loin d’être une réalité.  Près de 40 ans après l’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes, aucun pays n’a réussi à éliminer ce fléau ou à parvenir à l’égalité complète entre les femmes et les hommes, a déclaré le représentant.  À la veille du quarantième anniversaire de la Convention et du vingtième anniversaire de l’adoption de son Protocole facultatif, la Belgique entend réitérer l’importance de ces deux instruments.  Elle note toutefois que si 189 États ont ratifié la Convention, un nombre relativement élevé d’États parties ont exprimé des réserves, certains même au sujet de l’article 2, lequel contient les principaux engagements en matière d’éradication de la discrimination à l’encontre des femmes.  La Belgique regrette ces réserves et encourage les États parties concernés à y renoncer.  Elle appelle également les États parties n’ayant pas encore soumis de rapport périodique à le faire dès que possible.  Quant au Protocole facultatif, la Belgique invite les 80 États parties à la Convention qui ne l’ont pas encore ratifié à le faire à l’occasion de son vingtième anniversaire. 

Mme SABA M. F. M. ALFUHAID (Koweït) a dit avoir été le témoin de campagnes menées par des femmes pour faire connaître les problèmes auxquels elles font face, à commencer par la discrimination, le harcèlement et les mauvais traitements.  Elle s’est donc dite ravie que des progrès aient été accomplis au niveau international dans la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre les inégalités entre les sexes, sous la houlette du Secrétaire général de l’ONU.  La représentante s’est ainsi félicitée de la parité existant désormais entre les hauts fonctionnaires travaillant dans les organes des Nations Unies.  Le Koweït, a-t-elle ajouté, a participé à l’élaboration du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et octroie la plus haute importance aux objectifs de développement durable, notamment à ceux ayant trait aux femmes.  Estimant que toute personne a le droit de ne pas vivre dans la peur, Mme Alfuhaid a fait valoir que la violence contre les femmes et les filles constitue une atteinte aux droits de l’homme.  De fait, a-t-elle conclu, il convient de promouvoir des approches innovantes pour en finir avec ces fléaux.  

Mme MARIAM ALI ALMAWLAWI (Qatar) a déclaré que le Qatar était le chantre de l’émancipation de la femme et de sa pleine participation dans la vie publique, les filles qataries ayant été les premières de la région du Golfe à être scolarisées.  La représentante s’est en particulier félicitée de la reconnaissance par l’Organisation internationale du Travail des textes législatifs du Qatar portant sur l’abolition des visas de sortie de la plupart des travailleurs migrants, souvent des travailleuses, une mesure considérée comme un jalon important dans l’élimination de la traite des personnes. 

Par ailleurs, et en coopération avec la Colombie, le Qatar a publié l’ouvrage Her Story, initiative qui distingue les femmes dirigeantes à l’ONU depuis 73 ans.  Enfin, outre le fait que tous les secteurs de la vie sont désormais ouverts aux Qataries, y compris dans la diplomatie, le pays s’est également doté d’un régime législatif complet de prévention de la violence familiale, désormais interdite, et de suivi des victimes, avec la mise en place de centres spécialisés et de campagnes de sensibilisation, ainsi que d’une ligne téléphonique d’appels gratuits. 

Mme KARUNANAYAKE (Sri Lanka) a observé qu’en dépit des avancées internationales et de l’existence de mouvements faisant entendre la voix des femmes, le patriarcat restait prévalant dans de nombreuses sociétés, et notamment à Sri Lanka.  « Je suis d’une génération qui a vu la paix et la guerre et j’espère que les jeunes garçons de mon pays seront élevés dans le respect des femmes comme des mères », a affirmé la représentante, notant toutefois que des femmes avaient marqué l’histoire de son pays.  Elle a ainsi rappelé que la première femme au monde à accéder à la fonction de Premier Ministre était sri-lankaise, de même que la première femme ayant réussi l’exploit d’escalader le Mont Everest.

Il n’en reste pas moins que Sri Lanka doit encore lutter contre les violences et les discriminations à l’encontre des femmes, en particulier celles qui dirigent leur foyer seules parce qu’elles sont veuves ou mères hors mariage, a poursuivi Mme Karunanayake.  Ces femmes doivent trouver une source de revenus pour nourrir leurs enfants, a-t-elle rappelé, précisant que son gouvernement avait, à cette fin, créé un bureau national des femmes, sous la tutelle du Ministère des affaires familiales.  Le Gouvernement travaille également à la réduction des inégalités entre les sexes et s’emploie à intégrer les dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dans ses politiques et programmes, a conclu Mme Karunanayake. 

Mme CARLA MUCAVI (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé que 80% des personnes vivant dans la pauvreté extrême vivaient en zone rurale et que les femmes représentaient 45% de la force de travail en milieu rural.  La FAO préconise un accès égalitaire pour les femmes aux terres et aux actifs productifs et œuvre pour que les femmes puissent bénéficier de formations, d’un accès à l’éducation et aux opportunités économiques, ainsi que pour améliorer leur sécurité alimentaire et leur nutrition.  Mme Mucavi a rappelé que les politiques agricoles qui contribuent à réduire les inégalités de genre sont les plus efficaces pour réduire la pauvreté, augmenter la production, améliorer le bien-être social, la croissance économique et la résilience des communautés.  En d’autres termes, réduire les inégalités de genre est un chemin efficace vers le développement durable, a-t-elle fait valoir.

Il y a deux semaines, la FAO et la Commission de l’Union africaine ont coorganisé un événement en marge du Débat général de l’Assemblée générale, lors duquel a été présenté le « rapport régional africain de perspective sur le genre », a en outre rappelé Mme Mucavi.  Les recommandations du rapport faisaient état de la nécessité de faire du genre une tendance dominante des politiques publiques, de mettre en œuvre une sécurité alimentaire tenant compte du genre, de mettre en place des cadres juridiques qui soutiennent le droit des femmes à la terre, les femmes entrepreneurs et améliorer les données désagrégées relatives au genre, a-t-elle précisé.

La FAO prend l’égalité de genre très au sérieux. Ainsi, fin 2017, les femmes représentaient 41% des employées de l’Organisation, le chiffre le plus élevé en 1  ans, a fait observer Mme Mucavi, qui s’en est dite fière.

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO (Organisation internationale du Travail (OIT) a constaté que, malgré les progrès significatifs de ces dernières années, le marché du travail était très loin d’avoir atteint l’égalité des genres.  « Dans de nombreuses régions du monde, être une femme signifie tout simplement avoir 30% de chances en moins de participer au marché du travail, et la plupart du temps au plus bas de l’échelle économique » a-t-il ajouté.  Les femmes sont de manière disproportionnée bloquée dans des emplois mal rémunérés et surreprésentées dans les emplois informels, et seules 32 femmes sont à la tête d’entreprises parmi le classement Fortune 500, a précisé M. Carvalho Pinheiro.

Pour l’OIT, trois domaines nécessitent encore des efforts.  Dans un premier temps, il faut assurer aux femmes un salaire égal pour un travail égal.  En effet, les femmes continuent d’être payées 23% de moins que les hommes en moyenne dans le monde pour une quantité de travail égale.  Une tendance qui, au rythme actuel, prendrait 70 ans à être corrigée, a fait observer M. Carvalho Pinheiro.  Il faut également offrir des conditions d’emploi décent dans l’économie de la santé et corriger le fait que l’économie de la santé informelle soit laissée majoritairement aux femmes, qui réalisent 76,2% du total des heures non payées dans ce secteur.  Enfin, face à la question de la violence et du harcèlement au travail, l’OIT a prévu d’adopter, en 2019, une nouvelle convention internationale pour éradiquer les abus. 

Mme BANASEN (Cameroun) a mis l’accent sur les mutilations génitales féminines opérées dans son pays, lesquelles recouvrent principalement l’excision et les pratiques assimilées.  Selon Mme Banasen, elles ne sont pratiquées que par des minorités dans deux des 10 régions du pays et moins de 1% de la population en est victime.  Bien que résiduel, ce phénomène n’en demeure pas moins une préoccupation pour le Gouvernement camerounais, qui a pris des mesures pour y faire face.  À la faveur de la révision en 2016 du Code pénal, les mutilations génitales sont désormais réprimées comme des infractions sanctionnées de 10 à 20 ans de prison.  La peine encourue est un emprisonnement à vie si la victime est décédée.  Des stratégies de sensibilisation sont menées en direction des autorités religieuses et communautaires, les victimes bénéficiant d’un accompagnement psychosocial et les exciseuses d’une réorientation, a encore expliqué la représentante.

Mme Banasen a par ailleurs fait état des efforts déployés par son gouvernement pour améliorer la représentativité des femmes, notamment au travers du Code électoral, adopté en 2012, qui prévoit un quota de 30% minimum de candidates dans les consultations régionales et nationales.

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