Troisième Commission: Les États Membres reconnaissent la « féminisation de la pauvreté » et ses effets négatifs sur le développement des sociétés
Devant la Troisième Commission, qui poursuivait l’examen de la question de la promotion de la femme, de nombreuses délégations ont mis en garde aujourd’hui contre la « féminisation de la pauvreté » et rappelé le manque à gagner pour les sociétés du fait des discriminations et de la marginalisation des femmes.
Alors que la « féminisation de la pauvreté reste une réalité », comme l’a constaté, amère, la représentante de l’Inde, son homologue du Guatemala a insisté sur le fait que les discriminations de genre n’étaient pas seulement un obstacle à l’émancipation des femmes mais également à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Dès lors, ont estimé les intervenants, il est « urgent » de sortir les femmes et les filles de la pauvreté pour l’édification de sociétés résilientes et durables.
Face à ce constat, les intervenants ont mis en avant les multiples mesures et initiatives prises par leur pays pour sortir les femmes et les filles de ce cycle de vulnérabilité, qui porte atteinte non seulement aux « droits humains » mais affecte également leurs capacités à développer des moyens d’existence dignes et durables. Tous ont considéré la Déclaration et Programme d’action de Beijing comme la référence en la matière et veulent faire, comme l’a souligné le Costa Rica, de l’autonomisation économique des femmes une « priorité de notre ordre du jour ». Abondant dans ce sens, le délégué du Burkina Faso a expliqué, chiffres à l’appui, que plus il y a de « femmes au travail, plus l’économie prospère ». Ainsi, les rendements agricoles de 34 pays en développement pourraient connaître une augmentation moyenne de 4% si les femmes avaient accès aux mêmes ressources que les hommes.
D’autres délégations ont, par ailleurs, reconnu l’impact des mouvements #Metoo, Time’s Up ou encore #NiUnaMenos dans la libération de parole. Ces mouvements ont permis « d’ouvrir un débat sincère et énergique sur les violences que subissent les femmes dans le monde entier », comme l’a relevé la représentante du Liban. En revanche, ont-elles nuancé, la marche est encore longue sur le chemin d’une société paritaire. L’émancipation et la promotion de la femme supposent en effet une implication et une participation active dans la prise de décisions à tous les niveaux.
« Nous voulons évaluer la situation de la femme dans des domaines comme l’emploi et la prise de décisions », a ainsi plaidé la représentante de la République dominicaine, tout comme son homologue des Maldives, qui veut voir plus de femmes dans des postes élevés au sein du Gouvernement et dans le secteur privé. Nombre d’entre elles, en effet, doivent encore trop souvent choisir entre leurs vies professionnelle et personnelle. D’autres intervenants, comme le Burkina Faso ou la Namibie, ont expliqué la faible participation, voire la marginalisation des femmes dans la vie économique et publique dans « nos sociétés » par les pesanteurs socioculturelles encore tenaces et le dualisme persistant entre la législation nationale et les pratiques traditionnelles.
Par ailleurs, à l’invitation de son Président, la Troisième Commission a de nouveau été appelée à examiner la demande de la délégation du Burundi, qui souhaitait obtenir un avis du Bureau des affaires juridiques sur la base légale ayant permis d’inclure le Président de la Commission d’enquête sur le Burundi parmi les titulaires de mandats de procédures spéciales qu’elle doit entendre dans le courant du mois. Cette Commission a été créée par le Conseil des droits de l’homme dans sa résolution 33/24 de 2016. Les États-Unis ayant demandé un vote sur ce point, la Commission n’a pu s’entendre et a finalement décidé, par 67 voix pour, 56 contre et 11 abstentions, d’ajourner sa décision de 48 heures.
Demain, mardi 9 octobre, la Troisième Commission se réunira de nouveau à 10 heures pour achever son débat sur la promotion de la femme et entamer l’examen de la question des droits de l’enfant.
PROMOTION DE LA FEMME
Suite de la discussion générale
Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que la vague de solidarité que le mouvement « #metoo » avait recueilli, l’année dernière, était une indication claire des nombreuses dimensions de la violence et de la discrimination contre les femmes qui doivent être combattues. Le prix Nobel de la paix attribué à Nadia Murad et Denis Mukwege, cette année, aidera aussi à aborder une autre dimension de cette question, a-t-elle estimé.
La promotion de la femme est une priorité du nouveau Gouvernement issu des élections de juillet dernier, au Pakistan, a affirmé Mme Lodhi. Dans son discours d’investiture, le Premier Ministre Imran Khan a ainsi présenté un plan ambitieux qui donne la priorité à la sortie des femmes de la pauvreté. Le programme vise à réduire la féminisation de la pauvreté, à promouvoir l’égalité des sexes, à mettre fin à la violence contre les femmes et à adopter une loi pour protéger et autonomiser les femmes, a expliqué la représentante.
Le fait que plus de la moitié des secrétaires parlementaires nommés par le nouveau Gouvernement soient des femmes témoigne très tôt de la réalisation de cette promesse, a fait valoir Mme Lodhi. Après avoir rappelé les efforts historiques du Pakistan pour les idéaux de l’égalité des sexes et la protection des droits des femmes et des filles, la représentante a précisé que, dans le cadre du suivi du Plan d’action de Beijing, le Pakistan avait lancé son Plan d’action national pour l’autonomisation sociale, économique et politique des femmes. En outre, un cadre législatif complet et robuste a été adopté afin d’assurer un environnement de travail sûr pour les femmes.
Mme LUZ DEL CARMEN ANDÚJAR (République dominicaine) a indiqué que son pays avait pour priorité de renforcer les engagements pris dans le cadre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Pour y parvenir, a indiqué la représentante, le pays s’est doté d’une Stratégie à l’horizon 2030, qui consacre l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est ainsi, a-t-elle poursuivi, que nous mettons en œuvre une politique d’égalité salariale, formons les femmes dans le domaine de la technologie, permettons aux deux sexes d’obtenir un congé parental et prenons des mesures contre la discrimination sexuelle au travail.
Notant que les adolescentes qui vivent dans la pauvreté ou qui sont marginalisées sont plus sujettes aux violences et discriminations, la représentante a indiqué que son gouvernement avait mis en place un téléphone rouge fonctionnant 24 heures sur 24 pour permettre aux femmes et aux filles de bénéficier d’une assistance. Dans les écoles, des efforts sont également faits pour modifier l’image traditionnelle de la masculinité, a-t-elle ajouté. Nous voulons évaluer la situation de la femme dans des domaines comme l’emploi et la prise de décisions, a-t-elle encore précisé, avant de saluer l’action menée par le Secrétaire général pour assurer l’égalité entre les sexes au sein du Secrétariat des Nations Unies.
M. EDGAR ANDRÉS MOLINA LINARES (Guatemala) a déclaré que l’égalité des genres était un droit fondamental et que la pleine réalisation de cette égalité était la meilleure opportunité qui existe pour affronter les défis les plus urgents de notre époque. Il a insisté sur le fait que les discriminations de genre n’étaient pas seulement un obstacle à l’émancipation des femmes mais également à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Revenant sur les liens entre renforcement des capacités des femmes et paix, le représentant a noté la corrélation entre la plus grande participation des femmes ces dernières années et les efforts de consolidation de la paix, et ce, notamment grâce au travail du Conseil de Sécurité qui, à travers sa résolution 1325 (2000), a tracé la voix qui a permis de diminuer la vulnérabilité des femmes et des filles.
M. Molina Linares a rappelé qu’en novembre 2017, le Guatemala avait été évalué par le Comité pour l’élimination des discriminations contre les femmes. Sur la base des recommandations de celui-ci, le pays travaille au renforcement de l’accès à la justice pour les femmes ainsi qu’à une meilleure sanction des délits contre les femmes, a expliqué le représentant. Rappelant les liens entre droit des femmes et développement social, le représentant a ensuite cité une série de mesures mises en place par son gouvernement, notamment une meilleure prise en compte au niveau des politiques publiques du besoin d’institutionnalisation et d’harmonisation des politiques de protection sociale, de manière à diminuer la pauvreté extrême.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a souligné que son pays préconise un monde fondé sur les valeurs de développement social, de justice, d’équité et de souveraineté pour que tous bénéficient des progrès scientifiques et techniques. Son gouvernement œuvre pour que les femmes puissent reconquérir leurs droits: « Nous prônons la mise en œuvre de la Déclaration et le Programme d’action de Beijing » ainsi que les obligations internationales découlant de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, a déclaré la représentante. Au Nicaragua, les femmes participent et contribuent au développement économique et social du pays. Dans les zones rurales, a encore affirmé la représentante qui a ajouté que le Gouvernement avait adopté un programme en leur faveur dans le cadre de la bonne gouvernance.
M. AZAT SHAKIROV (Kazakhstan) a noté que la promotion de la femme était un thème trans-sectoriel pour les 17 objectifs de développement durable. Dans cet esprit, a-t-il dit, tous les États Membres devraient traduire les traités, conventions et résolutions de l’Assemblée générale en législations et programmes nationaux. Toutes nos actions devraient viser la réduction de la discrimination et des stéréotypes qui créent des désavantages pour les femmes, a ajouté le représentant qui a plaidé pour la fin de l’exclusion des femmes au niveau mondial.
Faisant valoir que son pays avait progressé rapidement depuis son indépendance en 1991, le représentant a attribué cette situation à la présence des femmes dans tous les plans nationaux du Kazakhstan. Toutes les mesures sont prises pour que les hommes et les femmes aient des droits égaux en matière de ressources économiques, d’éducation de base, de soins, de santé reproductive et de nutrition, a-t-il assuré. Une attention particulière est accordée aux femmes vulnérables, qu’elles soient handicapées, vivant en zones rurales ou membres de groupes ethniques minoritaires. Si des inégalités existent toujours entre les différentes catégories démographiques du pays, nous nous employons à obtenir une indépendance financière des femmes pour qu’elles ne soient pas sujettes à la pauvreté, a ajouté M. Shakirov, indiquant qu’un accent particulier était mis sur l’éducation. Les femmes sont d’ailleurs plus nombreuses que les hommes dans les universités kazakhes, a-t-il conclu.
Pour Mme DEV (Inde), les femmes continuent d’être les victimes d’exclusion et de violation de leurs droits. La féminisation de la pauvreté reste une réalité, a-t-elle fait observer. L’Inde attache une grande importance à la représentation des femmes dans les centres de décision, et Mme Dev a rappelé avec fierté que la première femme à avoir présidé l’Assemblée générale, Mme Vijaya Lakhsmi Pandit, était une Indienne. En Inde, quelque 1,3 million de femmes siègent dans les gouvernements locaux, a également fait valoir la représentante. L’autonomisation des femmes et des filles est au centre des efforts de l’Inde dans la mise en œuvre du Programme 2030. En conclusion, la représentante s’est félicitée que son pays soit à l’avant-garde des actions multilatérales en la matière.
M. FABIÁN OSWALDO GARCÍA PAZ Y MIÑO (Équateur) a expliqué que, pour promouvoir le rôle des femmes, le pays s’appuyait sur sa Constitution ainsi que sur les instruments internationaux ratifiés par l’État. Sur ces bases, est entrée en vigueur, en février 2018, la Loi organique intégrale pour prévenir et éradiquer la violence contre les femmes, dont les quatre axes portent sur la présentation, l’attention, les soins aux victimes et la réparation. En outre, l’Équateur a retiré toutes ses réserves antérieures concernant le Programme d’action de la Conférence Internationale sur la population et le développement, approuvée en 1994 au Caire, qui contient des références au concept de famille, de droits et santé reproductifs et de planification familiale.
Notant les progrès qu’il restait encore à accomplir pour la pleine réalisation du Programme 2030 et atteindre l’égalité des genres, M. García Paz y Miño a mentionné que le pays avait mis en place le plan national de développement 2017-2021 « Toute une vie », qui constitue le principal instrument de planification des politiques publiques du pays et permettra d’améliorer la qualité de vie des femmes en harmonie avec la nature.
M. García Paz y Miño a également déclaré que l’Équateur était engagé à faciliter l’accès à l’éducation et aux soins de santé des femmes. De même, a-t-il spécifié, le pays avait pour objectif de faciliter l’accès à un travail décent ainsi qu’au processus décisionnel. Enfin, le représentant a noté que le Ministère des relations extérieures et de la mobilité humaine du pays avait une politique pour l’égalité des genres, la première du genre dans la région, et ce, pour aider à sa matérialisation dans toutes les sphères de l’institution, des relations internationales à la politique extérieure en passant par la coopération et la mobilité humaine.
Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) s’est déclarée fière d’être la première femme Représentante permanente de l’Italie aux Nations Unies. Elle a ajouté que la promotion de la femme était dans son pays une priorité nationale, déclinée sous la forme de trois stratégies. La première vise à faire cesser les violences à l’égard des femmes, notamment les mutilations génitales et les mariages forcés précoces. La deuxième concerne la prévention de la violence dans les situations de conflit. À cet égard, l’Italie s’est engagée en faveur d’une politique de tolérance zéro en matière de violence sexuelle et sexiste dans les situations d’urgence. La troisième met l’accent sur les femmes en tant que moteurs de la paix.
Les femmes participent à toutes les étapes de sortie d’un conflit, a souligné la représentante. Dans cet esprit, la pleine protection des droits des femmes est cruciale en matière de développement. Mme Zappia a ajouté que l’Italie avait appuyé les résolutions du Conseil de sécurité sur la femme, la paix et la sécurité et s’efforçait de promouvoir la femme au sein de l’Union européenne et du G7. Nous avons l’intention d’accroître ces efforts lorsque nous siégerons au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021, a-t-elle conclu.
La représentante des Maldives a déclaré que les Maldives avaient opté pour une approche intégrale quant à la promotion de la femme et s’est vantée des traditions égalitaristes du pays, notamment au sein de l’unité familiale. Elle a dressé le portrait d’un pays sans discrimination de genre, où existent suffrage universel et congés maternel et paternel, et où les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons dans l’enseignement secondaire.
La représentante a toutefois nuancé son propos en mentionnant le nombre limité de femmes à des postes élevés au sein du Gouvernement et dans le secteur privé, où elles doivent encore trop souvent choisir entre leurs vies professionnelle et personnelle. Énumérant les mesures mises en place par les Maldives pour y remédier, la représentante a cité le Code du travail qui garantit aux femmes un accès égal à l’emploi et le même salaire que les hommes pour poste égal. Ce texte rend illégal le renvoi d’un individu sur la base de son genre ou de son statut marital. De même, une politique publique du Gouvernement garantit au moins 30% des sièges du conseil d’administration des entreprises publiques aux femmes, de façon à permettre une meilleure participation de ces dernières à la prise de décisions afin qu’elles soient plus équitables.
La représentante a également mentionné la loi sur l’égalité des genres mise en place en 2016, « une législation pionnière dans l’histoire du pays ». Cette loi crée une base juridique qui assure l’égalité de droits entre hommes et femmes, un principe également ancré dans la Constitution, a-t-elle ajouté. Enfin, sur les violences à l’encontre des femmes et des filles, la représentante a expliqué que les Maldives avaient des lois très strictes qui protégeaient les victimes. À titre d’exemple, elle a mentionné la criminalisation du viol conjugal depuis 2014.
Mme ZUHAL SALIM (Afghanistan) s’est félicitée que les femmes afghanes continuent de contribuer de manière constructive à leur société. À cet égard, 16% des candidats aux prochaines élections parlementaires sont des femmes, a-t-elle relevé, assurant que les Afghanes faisaient désormais entendre leur voix. Pour la représentante, un Afghanistan prospère dépend de l’autonomisation de cette moitié de la population.
À cette fin, le Gouvernement met en place des outils en matière économique, sociale et politique, autour de cinq piliers: le respect des engagements pris dans le domaine des droits de l’homme, l’accès aux services de santé et à l’éducation pour tous, la mise en œuvre des programmes d’autonomisation de la femme, l’égalité des droits et la promotion des femmes en politique et dans les affaires. D’ores et déjà, a souligné Mme Salim, les efforts du Gouvernement ont permis d’accroître la participation des femmes à tous les niveaux de prise de décisions. La représentante a notamment souligné la contribution des femmes à la paix et à la sécurité. Il y a ainsi 12 femmes au sein du Haut-Conseil de sécurité et la présence féminine va croissante dans les rangs de la police et de l’armée, a-t-elle ajouté.
Mme SHLEIN (Israël) a évoqué les violences et le harcèlement sexuels, un phénomène mondial à combattre car personne n’est à l’abri. Cette année a vu voler en éclat la politique du silence, a déclaré la représentante, qui s’est félicitée qu’autour du cri de ralliement #Metoo, les femmes aient dénoncé leurs persécuteurs. Israël est totalement investi dans la promotion des droits de la femme et son autonomisation à travers des partenariats bilatéraux et multilatéraux avec divers pays, a précisé la représentante. Pour elle, l’approche doit être double. Il s’agit d’abord d’une politique de tolérance zéro concernant le harcèlement sexuel, notamment à travers des mécanismes nationaux pour mettre fin à ce « phénomène inacceptable ». Ensuite, il faut poursuivre les efforts inlassables pour l’autonomisation de la femme et soutenir leur quête pour sa dignité et l’égalité partout dans le monde.
Mme LOPEZ (Mexique), qui s’exprimait en tant que déléguée de la jeunesse de son pays, a estimé que l’égalité entre les femmes et les hommes devait rester l’objectif prioritaire. Or, a-t-elle constaté, la situation des femmes et des filles au niveau mondial reste insatisfaisante, malgré les efforts réalisés par la communauté internationale en termes d’autonomisation et de lutte contre les discriminations. Soulignant l’efficacité des mesures proactives, Mme LOPEZ s’est félicitée que la parité des sexes ait été assurée au sein du Secrétariat de l’ONU. Au Mexique, a-t-elle fait observer, la parité a aussi été atteinte dans les deux chambres du Parlement et de plus en plus de Mexicaines trouvent leur place au sein de l’armée et des forces de sécurité.
Certaines Mexicaines participent aussi à des opérations de maintien de la paix de l’ONU, s’est félicitée Mme LOPEZ, pour qui, dans le domaine multilatéral, les femmes migrantes doivent être reconnues comme une catégorie particulièrement vulnérable. À cette fin, le Mexique s’emploie à défendre le droit des femmes à l’autonomie corporelle, comme le souligne une résolution présentée avec la Colombie au Conseil des droits de l’homme. Enfin, a conclu la représentante, le Mexique rejettera toute attaque contre l’égalité des sexes au sein de la Troisième Commission au nom du « principe de non-régression ».
Pour Mme INANA-ORNEKAL (Turquie), réaliser l’objectif de développement durable sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles tient une place centrale dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques en Turquie. Ainsi, le Gouvernement se concentre sur la prévention de toutes sortes de discrimination contre les femmes et les filles, la lutte efficace contre la violence à l’encontre des femmes et l’autonomisation des femmes. La stratégie nationale et son plan d’action pour l’autonomisation des femmes, qui couvrent les années 2018 à 2023, ont été adoptés le 8 mars dernier. Ils seront mis en œuvre par l’administration publique en coopération avec la société civile, les universités et le secteur privé, a assuré la représentante.
Sur le plan mondial, les conséquences négatives des conflits et des déplacements massifs de population ont aggravé encore les obstacles qui empêchement les femmes de jouir pleinement de leurs droits fondamentaux, a rappelé Mme Inana-Ornekal. Il faut donc redoubler les efforts mondiaux pour relever ces défis. Dans ce contexte, ONU-Femmes est une institution fondamentale et un partenaire essentiel, a estimé la représentante, qui a rappelé que son pays allait abriter le bureau régional de l’ONU-Femmes en Europe et en Asie centrale. La Turquie attache aussi une grande importance aux progrès à faire dans le domaine des femmes, la paix et la sécurité. C’est consciente de cette situation que la Turquie a mené ses efforts humanitaires au profit des 4 millions de réfugiés qu’elle accueille sur son territoire, y compris 3,5 millions de Syriens. La Turquie continuera de répondre aux besoins humanitaires, éducatifs et sanitaires des filles et des femmes qui vivent sous sa protection, a assuré la représentante.
Mme TYESHA O’LISA TURNER (Jamaïque) a déclaré que le pays considérait l’égalité des genres comme une caractéristique essentielle de toutes sociétés modernes. « Nous sommes fortement engagés à promouvoir l’égalité et l’élimination de toutes formes de discrimination de genre parce que nous sommes convaincus du lien inextricable entre développement durable et la réalisation du plein potentiel des couches les plus vulnérables de notre société, notamment les femmes et les filles », a-t-elle déclaré.
Mme Turner a appelé les États Membres à faire plus d’effort pour réduire la fracture et surmonter les obstacles qui limitent les efforts faits pour protéger les femmes et les filles de toutes les formes de violence, aussi bien dans l’espace public que privé. De même, elle a reconnu que le pays avait un besoin constant de renforcer son cadre légal afin de réduire et in fine éliminer la violence contre les femmes et les filles et favoriser les opportunités économiques.
Le Gouvernement jamaïcain a adopté notamment une loi sur les offenses sexuelles en 2009 et une autre, également en 2009, sur les offenses contre les personnes. Elle avait, dès 2004, adopté une loi sur les violences domestiques, qui ont pour but de diminuer les violences à l’encontre des femmes. La représentante s’est également félicitée de l’établissement de points focaux pour le genre au sein de tous les ministères, départements et agences du Gouvernement, de façon à s’assurer que la question de genre est bien prise en compte dans tous les programmes, politiques et projets du Gouvernement. Mme Turner a toutefois déploré que le harcèlement sexuel soit toujours prévalent sur les lieux de travail. Afin d’y mettre un terme, le Gouvernement travaille à la création d’une loi contre le harcèlement sexuel, a-t-elle conclu.
Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a fait remarquer que les religieuses catholiques contribuent partout dans le monde à la protection des droits des travailleurs domestiques, agricoles et migrants par l’intermédiaire de réseaux internationaux de « Vies consacrées » ou par le biais de l’éducation et de l’emploi des jeunes. Elles travaillent en même temps à résoudre certaines des causes les plus profondes qui rendent les femmes et les filles vulnérables aux trafiquants. À cet égard, a ajouté Mgr Auza, le pape François rappelle une vérité dérangeante: « si de nombreuses jeunes filles victimes de trafics atterrissent dans les rues, c’est parce que de nombreux hommes, jeunes, d’âge moyen et plus âgés, demandent leurs services ».
Si nous voulons éliminer ce mal, nous devons convertir les cœurs, éradiquer la demande et assécher le marché, a suggéré l’Observateur. Il a rappelé que le Saint-Siège condamne toutes les formes de violence à l’encontre des femmes y compris les préjugés qui justifient la violence et promeuvent la discrimination à l’encontre des femmes. Le pape a dit, pendant sa visite au Pérou, que la violence à l’encontre des femmes ne peut pas être traitée comme quelque chose de normal, a souligné Mgr Auza en notant aussi que les familles sont le ciment de la société. Ainsi, lorsque la famille devient un lieu de violence, les effets sont catastrophiques pour tous. « Nous devons en conséquence agir contre ce fléau avec tous les instruments juridiques possibles et la promotion d’une culture qui rejette toute forme de violence. »
M. SHI YUEFENG (Chine) a appelé à considérer la promotion des femmes dans une perspective de développement et à saisir, à cette fin, l’opportunité ouverte par le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Ainsi, la question de genre devrait être, selon lui, incorporée aux politiques nationales pour garantir que les femmes et les filles bénéficieront pleinement et également des résultats du développement.
Le représentant a appelé à renforcer la coopération internationale pour promouvoir la cause des femmes à travers le monde, demandant aux pays développés d’augmenter leur assistance technique et financière aux pays en développement. Cette coopération est particulièrement nécessaire quand il s’agit de lever des freins à la promotion des femmes tels les changements climatiques ou la crise des migrants et des réfugiés, a-t-il estimé.
M. Shi a rappelé que la Chine s’était engagée en faveur de l’égalité des genres en adoptant plus de 100 lois et règlements sur la protection des droits des femmes. Statistiques nationales à l’appui, il a affirmé qu’en 2016, les femmes représentaient 43,1% de la main d’œuvre chinoise, 52,5% des lycéens et bacheliers et que 99,8% des naissances avaient été pratiquées en milieu hospitalier.
Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a déclaré que le Gouvernement avait adopté la loi sur l’équité de genre, en 2015, qui vise à promouvoir l’égalité des sexes et l’équité comme une question transversale dans toutes les sphères de la vie. Avec la Banque mondiale, le Gouvernement a mis en œuvre le projet d’éducation des filles, d’autonomisation des femmes et des moyens de subsistance, qui vise à augmenter l’accès à l’éducation secondaire ainsi qu’aux programmes de soutien aux moyens de subsistance pour les filles et les femmes défavorisées dans les foyers extrêmement pauvres de districts sélectionnés. Le programme visant à retenir les filles à l’école a bénéficié à plus de 15 000 adolescentes de familles extrêmement pauvres. Le Gouvernement a aussi donné la priorité à l’inscription et la rétention des filles à l’école. En outre, le Gouvernement a également mis en place un programme de distribution de serviettes hygiéniques gratuites dans les zones rurales et périurbaines, dans l’espoir de voir augmenter l’assiduité scolaire des jeunes filles.
Pour autonomiser les femmes, le Gouvernement a mis en œuvre le projet de développement rural par l’amélioration de la chaîne de valeur, dont l’objectif est d’accroître la production agricole et, du même coup, les moyens de subsistance des communautés rurales et en particulier des femmes et des filles. Pour ce qui est de la réponse aux changements climatiques et la prise en compte du genre dans les mesures d’atténuation, le Gouvernement, soutenu par l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), a également élaboré un plan d’action.
Mme JO FELDMAN (Australie) a estimé que l’autonomisation des femmes réduisait la pauvreté au sein de la communauté. Elle a exhorté toutes les agences des Nations Unies à agir dans le cadre de leurs engagements pour la mise en œuvre du Plan d’action sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes. Elle a, dans ce contexte, fait part de sa préoccupation face aux récentes révélations sur l’exploitation, les atteintes sexuelles et le harcèlement au sein du système des Nations Unies, pratiques qu’elle a jugées intolérables. Toute forme de harcèlement sexuel est une violation des droits de l’homme, a insisté la représentante, exhortant à réformer cette culture inacceptable.
Sur le plan national, Mme Feldman a notamment évoqué le Sommet pour l’élimination de la violence à l’égard de la femme et de l’enfant, qui s’est concentré sur les thèmes de la prévention, l’intervention et le redressement.
Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a rappelé que, depuis plusieurs années, le terrorisme et l’extrémisme violent, encore exacerbés par les interventions étrangères ou encore l’occupation au Moyen-Orient, avaient causé des souffrances inimaginables aux femmes et aux filles, qui en subissent les conséquences de manière disproportionnée. De même, a-t-elle ajouté, les sanctions unilatérales et illégales imposées à de nombreux pays en développement, dont l’Iran, ont des conséquences graves pour le financement et la mise en œuvre des programmes de développement et de promotion de la femme, affectant ainsi l’accès des femmes et des files à l’éducation, aux soins de santé ou encore à l’alimentation.
La représentante a ensuite présenté les mesures prises dans son pays, rappelant en premier lieu que l’éducation y est considérée comme le principal vecteur de la promotion de la femme. Ainsi, en Iran, 99,4% des femmes ont eu accès à l’éducation primaire et, chaque année, la part des étudiantes dans les universités iraniennes est supérieure à celles des étudiants. Mme Ershadi a rendu hommage à Myryam Mirzakhani, la mathématicienne iranienne décédée l’an dernier après avoir été la première femme à recevoir la Médaille Fields, considérée comme l’équivalent en mathématique du prix Nobel.
La représentante a également affirmé que la République islamique d’Iran augmentait la participation des femmes à la vie politique et aux positions décisionnelles, notamment au Parlement ou encore dans les institutions judiciaires. En outre, le projet de loi-cadre sur la protection des femmes contre la violence est sur le point d’être parachevé, a-t-elle affirmé. Mme Ershadi a également mis l’accent sur le rôle de la famille, avant de rappeler l’événement international organisé par son pays le 8 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale des femmes.
M. JOSÉ MARÍA BASTIDA PEYDRO (Espagne) a assuré que la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes figurait au rang de priorité pour la politique extérieure et interne de son pays. Sur le plan intérieur, a-t-il relevé, le Gouvernement espagnol est, pour la première fois, à majorité féminine, comptant 11 femmes pour 6 hommes. Une loi pour l’égalité des sexes a par ailleurs été adoptée. Toutefois, a concédé le représentant, beaucoup reste à faire pour combler le fossé salarial entre les deux sexes et accroître la participation des femmes aux prises de décisions. Pour y remédier, un plan stratégique 2018-2020 pour l’égalité des chances est en préparation afin notamment de faire reculer les discriminations sexuelles, améliorer l’enseignement pour les femmes et faire progresser la présence des femmes dans les domaines de l’ingénierie et des mathématiques.
À l’étranger, l’Espagne joue un rôle de chef de file, en particulier au sein de l’Union européenne, en matière de paix et de sécurité associant les femmes, a affirmé M. Bastida Peydro. Ce dernier a rappelé que son pays avait, dans le domaine humanitaire, été à l’origine de la résolution 2331 (2016) du Conseil de sécurité sur la traite des personnes dans des situations de conflit, en lien avec la question de la violence sexuelle en période de conflit. L’Espagne participe aussi à des projets d’ONU-Femmes et soutient l’initiative Spotlight de l’Union européenne pour éliminer les violences sexospécifiques, a-t-il ajouté, renouvelant l’engagement de l’Espagne en faveur de la réalisation de l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour aboutir à l’égalité entre les sexes.
Mme BERGDIS ELLERTSDOTTIR (Islande) a déclaré que son pays était un fervent avocat des droits des femmes et qu’il continuait à investir dans l’égalité des genres et l’émancipation des femmes. « Nous avons expérimenté en direct l’immense potentiel basé sur l’égalité des genres et nous croyons dans l’égale représentation et participation des femmes, a-t-elle ajouté. Tout le monde est gagnant quand les femmes et les filles sont en sécurité, en bonne santé, éduquées, entendues et émancipées de façon à pouvoir prendre elles-mêmes les décisions qui les concernent, a affirmé la représentante.
Mme Ellertsdottir a déploré que les femmes et les filles dans le monde continuent d’être le sujet de discriminations, de pratiques violentes et se voient nier la pleine réalisation de leurs droits humains. « Nous ne réaliserons pas l’objectif d’égalité des genres d’ici à 2030 si cette question n’est discutée qu’entre femmes. Pour mettre un terme aux discriminations sexuelles, nous devons impliquer les hommes, et notamment ceux qui ont le pouvoir de changer les normes » a-t-elle continué. Elle a d’ailleurs expliqué que son gouvernement, avec ONU-Femmes, travaillait activement à engager les hommes dans la lutte pour l’égalité des genres.
Concluant son intervention, elle a mentionné le fait que l’Islande était en tête de l’Indice d’équité de genre du Forum économique mondial, et ce, depuis neuf années consécutives, en plus d’être en haut de la liste de l’indice sur les femmes et la paix et la sécurité. « Malgré cela, l’égalité n’est toujours pas atteinte et nous devons faire plus » a-t-elle ajouté. Mme Ellertsdottir a enfin mentionné le fait que le pays s’était engagé à éliminer les discriminations salariales entre hommes et femmes d’ici à 2022 et à ainsi devenir le premier pays à instaurer l’égalité salariale pour tous, appelant les autres États Membres à faire de même.
M. NEVILLE GERTZE (Namibie) a souligné l’attachement de son pays à l’égalité entre les sexes, car l’exclusion des femmes constituent un « gâchis » pour le développement socioéconomique durable. La Namibie a intégré ces valeurs dans sa Constitution. Néanmoins, il faut aller plus loin que l’adoption des lois, a averti le représentant: il faut une volonté politique pour faire appliquer le cadre législatif existant. Le représentant s’est félicité que le parti au pouvoir ait adopté le principe de parité, suivi par les autres partis politiques, et qu’il en soit de même au niveau du Parlement. Dans le monde rural, le Gouvernement œuvre pour permettre aux femmes des campagnes de bénéficier de l’inclusion économique.
M. Gertze a par ailleurs regretté que le fléau de la violence contre les femmes continue de sévir; un phénomène lié, selon lui, à des normes sociales et idéologiques particulières. Pour faire face à ce défi, « nous devons nous mobiliser et sensibiliser » et changer les stéréotypes sociaux, sans quoi on risque, a-t-il mis en garde, de perpétuer le cycle du patriarcat.
M. RI SONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a affirmé que chaque femme de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) participait activement aux activités de l’État en tant que détentrice des droits à égalité avec les hommes. Dans notre pays, a souligné le représentant, les droits et la personnalité des femmes sont respectés en vertu de la loi sur la protection des droits des femmes et de la loi socialiste sur le travail. Tout cela a été réalisé grâce à des investissements dans la santé et les conditions de vie des femmes, a-t-il poursuivi, assurant que la RPDC remplit ses obligations en tant que partie à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et collabore avec les organisations internationales dans les domaines de la promotion de la femme.
Réaffirmant l’engagement de son gouvernement à mettre tout en œuvre pour obtenir l’égalité entre les sexes, le représentant a souligné que les crimes d’esclavage sexuel constituent un crime contre l’humanité. À cet égard, il a rappelé que 200 000 femmes et filles coréennes et d’autres pays d’Asie avaient dû se soumettre à l’esclave sexuel de l’armée impériale japonaise. Le Japon n’a toujours pas reconnu ce crime 63 ans après les faits et a manœuvré en tentant de présenter de modestes dédommagements, a-t-il dénoncé. Le représentant s’est révolté également contre l’enlèvement, il y a trois ans, de 12 citoyennes de la RPDC sous les auspices du régime sud-coréen. Il a dit compter sur le soutien de la communauté internationale pour obtenir leur rapatriement.
Pour M. PARK CHULL-JOO (République de Corée), le mouvement #Metoo a fait que « nous sommes aujourd’hui à un tournant historique » sur le chemin de la promotion des droits de la femme. Le représentant a appelé à continuer à agir pour l’élimination de toutes les formes d’exploitation et de harcèlement sexuel ou sexiste à l’égard des femmes. Il a salué, à cet égard, la politique de tolérance zéro du Secrétaire Général ainsi que les mesures prises par l’ONU à cet égard.
La République de Corée est engagée à œuvrer dans la promotion de l’égalité à tous les niveaux, comme le démontre notamment la mise en place d’un plan de sensibilisation, pour combler les différences de traitement entre hommes et femmes sur le lieu de travail, a fait valoir le représentant. Il a par ailleurs indiqué que son pays tenait à honorer et soutenir celles que « l’on appelle les femmes de réconfort » durant la Seconde Guerre mondiale, affirmant qu’il s’agissait là d’une « obligation morale ».
Mme TIN MARLAR MYINT (Myanmar) a déclaré que l’agriculture était la colonne vertébrale de l’économie nationale. Des millions de femmes sont engagées dans l’agriculture et contribuent de manière significative au secteur agricole. Parmi les projets de développement rural figure l’application mobile « i-women » qui aide les femmes, en particulier dans les zones rurales, à résoudre les problèmes pour lesquels elles n’ont pas d’accès aux connaissances, aux ressources, aux réseaux et aux mentors qui améliorent leur autonomisation économique et statut social dans la communauté. La solution numérique « Smart » pour l’autonomisation des femmes a été aussi utilisée, depuis 2013, pour informer les femmes travailleuses concernant leurs droits et les problèmes de santé et de sécurité au travail. Le Gouvernement a aussi mené des formations de sensibilisation sur la violence sexiste dans tout le pays.
Un certain nombre de travaux de recherche a été mené sur la protection des femmes et la violence sexiste, a fait observer la représentante. Le Myanmar travaille étroitement avec les autres membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour mettre en œuvre le plan de travail sur les femmes 2016-2020 ainsi que la Commission de promotion et de protection des droits des femmes et des enfants de l’ASEAN. Il a également établi une Commission d’enquête indépendante pour mener des enquêtes sur toutes les violations des droits de l’homme et des atrocités commises dans l’État rakhine, y compris les violences sexuelles, depuis l’attaque terroriste de L’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan en octobre 2016. Concernant la traite des êtres humains, le Gouvernement a mis en œuvre le troisième plan quinquennal 2017-2021 de lutte contre la traite et le trafic d’êtres humains. Il a en outre poursuivi des programmes de réintégration et de réhabilitation pour les victimes de la traite.
M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie) a qualifié de « rationnel » le principe d’égalité entre les sexes. C’est essentiel en matière de droits fondamentaux, a souligné le représentant, estimant que cette question sous-tend celles de l’autonomisation et de l’inclusion, lesquelles seront au centre du Forum politique de haut niveau de l’an prochai. L’égalité des genres est importante pour notre candidature en vue de siéger au Conseil des droits de l’homme, a précisé M. Panayotov, qui a rappelé par ailleurs que, ces dernières années, deux candidats bulgares ont été élus pour siéger au Comité des droits de l’enfant et au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.
Au niveau national, la Bulgarie met en œuvre des politiques visant à faciliter la participation des femmes au marché et aux décisions, ainsi que pour réduire les écarts salariaux à travail égal. L’égalité est essentielle pour tendre vers un développement économique mondial, c’est pourquoi nous encourageons la présence de femmes aux postes de direction et l’intégration des femmes et des filles dans la société afin de faire reculer la pauvreté et les discriminations à leur encontre, a conclu le représentant.
Mme NAWAL AHMED MUKHTAR AHMED (Soudan) a indiqué que la Constitution de son pays garantissait les droits égaux entre les hommes et les femmes. Elle a évoqué les diverses stratégies lancées par le Soudan et détaillé celles visant à l’élimination de la violence à l’égard des femmes, notamment la traite des êtres humains. Elle a aussi évoqué la campagne lancée contre les mutilations génitales, qu’elle a décrites comme un obstacle majeur à l’épanouissement des femmes, avant de préciser que le Conseil consultatif des droits de l’homme du Soudan accordait beaucoup d’attention à la sensibilisation et la formation sur la question. La représentante a également mentionné la campagne menée contre la violence à l’égard des femmes au Darfour, avec la coopération du système des Nations unies. Enfin, la représentante a réaffirmé la volonté de son pays d’œuvrer pour l’amélioration de la condition de la femme dans le cadre d’une approche multidimensionnelle.
Mme NGUYEN LIEN HUONG (Viet Nam) a déclaré que la participation des femmes en politique, au gouvernement et dans le développement économique et social du pays était essentielle au progrès de toutes nations. Elle a cité un récent rapport des Nations Unies estimant le coût pour la région Asie-Pacifique de la faible participation des femmes au marché du travail à 89 milliards de dollars. Affirmant que le Viet Nam est un ardent défenseur du rôle des femmes, elle a expliqué que le pays avait mis en place un plan de soutien de l’auto-entreprenariat féminin pour la période 2017-2025.
La représentante a déploré que, malgré des progrès, l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes faisaient toujours face à des difficultés, notamment en matière de violence envers les femmes et les filles. Et d’ajouter que, depuis 2016 au Viet Nam, la période courant du 15 novembre au 15 décembre avait été déclarée mois annuel d’action pour la promotion de l’égalité des genres et pour la prévention des violences faites aux femmes et aux filles. Et ce, pour permettre une prise de conscience, mobiliser la participation des toutes les agences et organisations, afin de prévenir et d’éliminer les violences contre les femmes et les filles.
M. RUMONGI (Rwanda) a estimé que l’égalité entre les sexes se manifestait dans toutes les dimensions du développement durable. C’est aussi un élément essentiel pour la réalisation des objectifs de développement durable. Le Rwanda en tient pleinement compte dans la reconstruction du pays après le génocide, a souligné le représentant, faisant état des résultats obtenus dans la participation effective des femmes dans la vie socioéconomique du pays. Se disant conscient que davantage de femmes aux postes décisionnaires constitue un facteur de développement, le représentant a affirmé appuyer la position de l’ONU en faveur de la parité entre les sexes. Aujourd’hui, a-t-il noté, des femmes rwandaises occupent des postes à responsabilité, notamment 61% des sièges de la chambre basse du Parlement et 38% des juges de la Cour suprême. En outre, le Gouvernement fait des efforts au niveau communautaire pour lutter contre les violences sexuelles à l’égard des filles et a fait de l’éradication de la traite des personnes une priorité nationale. À cette double fin, il investit dans les services sociaux pour aider les femmes et les filles. Enfin, conscient du rôle traditionnel accordé aux femmes au Rwanda, le Gouvernement est prêt à considérer ses lacunes pour assurer le respect de leurs droits économiques et sociaux, a conclu le représentant.
Mme ISATOU BADJIE (Gambie) s’est dite convaincue que le plein respect du droit social, politique, économique et culturel était essentiel pour l’élimination de la pauvreté et la sécurité alimentaire. Mettant en relief le lien existant entre autonomisation de la femme et développement du pays, elle a affirmé que les Gambiennes étaient très actives dans le secteur agricole et favorisaient la croissance du secteur informel et a rappelé que le Gouvernement gambien appuyait les femmes entrepreneurs, notamment par la création d’un fonds en leur faveur, et en particulier un accès au micro-crédit.
La représentante a par ailleurs regretté la violence contre les femmes, illustrée par les mutilations génitales féminines et les mariages précoces, qui constituent une barrière fondamentale à leurs droits humains. Elle fait part, à cet égard, de la mobilisation du Gouvernement de son pays à travers une loi adoptée, en 2010, qui vise à réprimer ces agissements.
Mme NESRINE ELMANSOURI (Tunisie) a souligné que, depuis l’indépendance de son pays, les droits de la femme ne cessaient d’enregistrer des progrès considérables, dans le droit fil de la tradition réformiste tunisienne. La représentante en a cité pour preuve la réforme de la Constitution en 2014, laquelle a permis de consacrer l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. L’adoption par le Parlement, en 2017, d’une loi sur la violence à l’égard des femmes est venue renforcer l’arsenal juridique dans ce domaine. Des centres d’accueil et d’hébergement des femmes victimes de telles violences ont également été mis en place. Dans le domaine de l’éducation, a-t-elle poursuivi, la Tunisie s’emploie à ancrer les principes des droits de l’homme et de l’égalité entre les sexes dans les enseignements. Cela a contribué à l’approche participative et inclusive de la société tunisienne, a-t-elle encore commenté, faisant état d’un plan d’action pour mettre en œuvre la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.
M. ARBEITER (Canada) a fait le point des progrès accomplis en matière de développement social concernant l’avancement des femmes. Son pays est conscient du chemin ardu sur la voie de l’égalité. Certes, ce sont des problématiques difficiles et parfois délicates, et elles illustrent le travail à faire au plan national et international. Le représentant a évoqué le travail accompli par son pays en faveur des populations autochtones, notamment les femmes et les filles, pour bénéficier des mêmes avantages que les autres. Il a en outre appelé à l’unité pour combattre et éliminer les discours de haine en ligne.
Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a observé que, ces dernières années, les femmes de son pays avaient fait entendre leur voix pour que soient respectés leurs droits, tout en ajoutant qu’un changement culturel et politique était nécessaire. Citant des instruments comme « Ni una menos » ou « Metoo », elle a estimé que ces mouvements devraient pouvoir s’appuyer sur des lois modernes et des institutions dans le monde entier.
À cet égard, le Panama est déterminé à défendre la condition de la femme, notamment au travers d’un programme national pour l’égalité des sexes, a affirmé la représentante. Le Gouvernement s’emploie, d’autre part, à protéger les femmes victimes de violences sexistes, en les aidant en particulier à rompre leur relation de dépendance économique avec leur agresseur. Le pays est également mobilisé contre la traite des êtres humains, qu’il considère comme l’une des plus grandes atteintes aux droits humains. Conscient que les femmes et les filles sont les plus vulnérables, le Panama est déterminé à éradiquer ce fléau grâce à un mécanisme de coordination interinstitutions et de campagne de sensibilisation, a précisé Mme Quiel Murcia, qui a ajouté que son pays interdit les mutilations génitales et promeut l’éradication de la fistule obstétricale.
Mme NADYA RIFAAT RASHEED, État de Palestine, a souligné que, malgré la résilience des Palestiniennes, l’occupation israélienne continuait de priver ces femmes de leurs droits fondamentaux. Le Conseil économique et social (ECOSOC), qui a traité de cette problématique, a réaffirmé, dans le cadre d’une résolution, que l’occupation israélienne constituait un obstacle majeur à leur épanouissement, a rappelé Mme Rasheed. « Nous ne pouvons parler de leur émancipation dans le cadre de l’occupation », a-t-elle insisté, avant de faire état de « dommages invisibles » au quotidien.
De plus, a regretté Mme Rasheed, cette situation continue de compromettre les perspectives en matière d’éducation. De nombreux parents ont peur d’envoyer leurs filles à l’école, craignant pour leur sécurité. Malgré ces défis, la femme palestinienne demeure forte et résiliente, a toutefois affirmé Mme Rasheed, évoquant notamment la grande Marche du retour du printemps dernier, quand les femmes ont montré leur bravoure contre l’occupant. C’est là, a conclu Mme Rasheed, une « source de grande inspiration ».
Mme NORA IMANE BELLOUT (Algérie) a affirmé que la protection des femmes constituait un engagement de son pays, en voulant pour preuves les lois et programmes nationaux visant à promouvoir l’égalité entre citoyens et entre les sexes, à lutter contre toutes les formes de discrimination et à favoriser l’accès des femmes aux postes de haut niveau. Notant que les États ne peuvent se passer de la moitié de la population, la représentante a souligné l’attachement de son gouvernement au principe de salaire égal pour un travail égal. Elle a également plaidé pour que les femmes dans le monde accèdent au microcrédit, précisant que 62% des bénéficiaires en Algérie étaient des femmes, dont beaucoup vivent en zones rurales.
Concernant les violences faites aux femmes, le Code pénal algérien a été reformé et de nouvelles sanctions ont été introduites pour lutter contre les violences matrimoniales et psychologiques, a indiqué la représentante, ajoutant que le système juridique national comprend aussi un volet axé sur la violence économique, avec la création d’un fonds d’affectation spécial pour les femmes qui allaitent. Enfin, un prix national pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes existe en Algérie depuis 2015.
M. ONANGA NDJILA (Gabon) s’est dit convaincu que l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes passait par la prise en compte des enseignements tirés de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment l’objectif 5 portant sur l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles. Pour le Gabon, il faut aussi prendre en considération l’Agenda 2063 de l’Union africaine. M. Ndjila a indiqué que son gouvernement avait créé, en 2007, un Ministère de la famille et un Observatoire des droits de la femme, afin de défendre les droits de la femme, de la famille et de l’enfant. En 2015, a été décrétée la Décennie de la femme gabonaise, qui vise à transformer en profondeur sa condition sur les plans juridique, politique, économique et social. Sur le plan international, le représentant a rappelé que la « Journée Internationale de la Veuve » avait été instituée à l’initiative de son pays, avec pour objectif de contribuer au respect des droits de la femme à travers le monde.
Mme NIMATULAI BAH-CHANG (Sierra Leone) a annoncé que sa délégation s’apprêtait à présenter son septième rapport périodique au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes vers la fin de l’année 2018. La Sierra Leone continuera de respecter les protocoles relatifs à l’autonomisation des femmes y compris la Déclaration sur l’égalité des sexes, ainsi que la campagne visant à mettre fin à la violence à l’égard des femmes. La position du Gouvernement sur la question des mutilations génitales féminines est claire, a ajouté la représentante: la politique consistant à interdire le rite de passage pour les mineurs est en vigueur. Pour s’attaquer à la question du mariage des adolescentes et des enfants, le Gouvernement a mis en place une approche multisectorielle et une stratégie nationale pour la réduction de la grossesse des adolescentes et du mariage d’enfants qui sera lancée bientôt officiellement. En outre, pour démontrer son engagement contre la traite d’êtres humains, la Sierra Leone a mis en place un secrétariat spécialisé au sein de son Ministère des affaires sociales, du genre et des enfants.
Pour assurer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et afin de respecter le principe de « ne laisser personne de côté », la Sierre Leone a adopté la politique de l’éducation de qualité gratuite qui bénéficiera surtout aux jeunes filles, et a élaboré le Plan d’action national sur les « femmes, paix et sécurité », dans la foulée de l’adoption par le Conseil de sécurité des résolutions 1325 (2000) et 1820 (2008). La deuxième génération de ce Plan d’action est en cours d’élaboration à l’heure actuelle, et sera parachevée avant la fin de 2018, a assuré la représentante.
M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte), au nom du Groupe des 77 et la Chine, s’est dit convaincu que l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes étaient inextricablement liées au développement durable. Il s’agit, du reste, d’un objectif du Programme de développement durable à l’horizon 2030, lequel nécessite un financement adéquat et une mise en œuvre effective aux niveaux national, régional et international, a-t-il ajouté, avant de faire observer qu’en dépit des progrès réalisés, des défis subsistent pour faire avancer la cause des femmes, s’agissant notamment des discriminations et violences à leur encontre.
Le représentant s’est également dit préoccupé par les effets des catastrophes naturelles et des changements climatiques, qui touchent tout particulièrement les femmes et les filles. Réaffirmant l’engagement du Groupe des 77 et la Chine en faveur de la Déclaration et Programme d’action de Beijing, M. Edrees a estimé que la participation entière et égale des femmes et des filles ainsi que leur leadership dans l’économie étaient des éléments vitaux pour parvenir au développement durable, promouvoir des sociétés inclusives, favoriser une croissance économique soutenue et mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes. À cette fin, a-t-il ajouté, le G77 a poursuivi sa collaboration avec ONU-Femmes et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), notamment au travers de dialogues interactifs consacrés à la promotion de la femme.
Reconnaissant que la violence à l’égard des femmes et des filles demeure le principal obstacle à la réalisation de l’égalité des genres, le représentant a exhorté la communauté internationale à s’engager à éliminer toutes les formes de violence dans les espaces publics et privés, notamment les féminicides, et à assurer que les femmes en situation de vulnérabilité ne soient pas sujettes aux discriminations. Enfin, il a réitéré l’engagement du G77 à promouvoir le droit des femmes et des filles à l’éducation au long du cycle de la vie, en particulier celles laissées pour compte par leur société.
M. KOUSSAY ALDAHHAK (République arabe syrienne) a mis l’accent sur les souffrances subies par les Syriennes en raison des crimes perpétrés par les organisations terroristes soutenues à l’échelle internationale. Ces organisations, qui veulent développer les idéologies extrémistes, considèrent les femmes comme des esclaves et objets sexuels, a rappelé le représentant. M, Aldahhak a également évoqué les femmes contraintes de fuir en raison de la terreur et qui se retrouvent vivant dans des conditions inhumaines à l’intérieur de camps de réfugiés dans des pays voisins, à la merci de trafiquants en tout genre. Il a accusé certains des pays d’accueil d’utiliser ces pauvres hères comme moyen de pression sur les pays de l’Union européenne.
Mme BUSHAQER (Bahreïn) a souligné que son pays veille à respecter ses engagements internationaux et a mis en place des politiques globales en phase avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qu’il considère comme une feuille de route mondiale prenant en compte une participation équitable de la femme dans le développement durable. Le Bahreïn a mis en place un Haut-Conseil de la femme, afin d’intégrer les besoins des femmes dans la mise en place d’une stratégie globale nationale à laquelle chacun contribuera et dans laquelle chacun trouvera sa place dans la marche du pays vers un développement durable.
Mme MARIE GNAMA BASSENE (Sénégal) a rappelé que son pays s’était doté, en 1999, d’une loi interdisant et criminalisant les mutilations génitales féminines. À cet égard, le Sénégal a élaboré un plan d’action national pour l’accélération de l’abandon de l’excision, lequel, a expliqué la représentante, met l’accent sur la sensibilisation et l’information pour lever les obstacles à l’élimination totale de ce fléau. La même détermination a été notée concernant la fistule obstétricale, un problème de santé touchant plus de deux millions de femmes dans le monde, en particulier les couches les plus marginalisées. Le Gouvernement du Sénégal a décidé de rendre gratuits les soins de traitement des fistules, ainsi que les césariennes, en vue d’atténuer leurs conséquences. S’agissant des violences basées sur le genre, le Sénégal a mis en place, en mai 2018, un comité technique national de lutte contre ce phénomène, a conclu la représentante.
Mme MARIAME FOFANA (Burkina Faso) a expliqué la faible participation, voire la marginalisation des femmes de la vie économique et publique dans « nos sociétés » par les pesanteurs socioculturelles encore tenaces, le dualisme persistant entre la législation nationale et les pratiques traditionnelles. Or, plus il y a de « femmes au travail, plus l’économie prospère », a-t-elle constaté. Ainsi, a fait valoir la représentante, chiffres à l’appui, les rendements agricoles de 34 pays en développement pourraient connaître une augmentation moyenne de 4% si les femmes avaient accès aux mêmes ressources que les hommes. Bien plus, cette augmentation permettrait une réduction de la malnutrition atteignant les 17%, ce qui épargnerait, selon les estimations, quelque 150 millions de personnes dans ces pays. En conclusion, Mme Fofana a présenté les importants mécanismes mis en œuvre dans son pays pour la promotion de l’autonomisation de la femme.
Mme MAYRA LISSETH SORTO ROSALES (El Salvador) a affirmé que son pays avait posé des jalons importants au cours des dernières années tant dans sa législation que dans l’architecture nationale de protection des droits de la femme, avec l’adoption, par exemple, de la loi pour l’égalité, l’équité et l’élimination de la discrimination contre les femmes, et de la loi spéciale intégrale pour une existence exempte de violence pour les femmes. D’autre part, une politique pour une vie exempte de violence a été élaborée. Celle-ci est le cadre politico-stratégique à long terme qui vise à garantir le droit des femmes à vivre sans violence à travers des moyens comme la détection, la prévention, l’attention, la protection, la réparation et la pénalisation de la violence contre les femmes sous toutes ses manifestations.
El Salvador a également lancé, en juillet 2017, son plan d’action sur la résolution 1325 (2000) et forme, avec quatre autres pays de la région, le volet pilote de l’Initiative Spotlight, dont l’objectif est de contribuer à l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes, des adolescentes et des fillettes, avec le soutien de l’Union européenne et d’ONU-Femmes, a en outre rappelé la représentante.
Mme CYNTHIA CHIDIAC (Liban) s’est félicitée que des mouvements comme #Metoo, Time’s Up ou encore #NiUnaMenos ont ouvert un débat sincère et énergique sur les violences faites aux femmes dans le monde entier. Ces mouvements ont permis aux gouvernements, dont celui du Liban, de faire face à « leurs responsabilités » dans la protection et la promotion des femmes et des filles. De fait, le Gouvernement libanais va voter prochainement un projet de loi portant sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Mme Chidiac a rappelé en outre que son pays avait aboli une loi qui permettait aux violeurs présumés d’éviter les poursuites judiciaires s’ils épousaient leurs victimes. Pour finir, elle a salué l’engagement et le courage de la société civile et des défenseurs des droits humains, qui ont leur « place comme partenaires crédibles » dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Mme ADELAIDA LEÓN MURILLO (Costa Rica) a noté que, bien que le Costa Rica ait pour la première fois de son histoire un gouvernement paritaire, le monde était encore loin d’avoir atteint l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle a cité pour exemple le fait que, sur les 196 délégations qui ont prononcé un discours devant l’Assemblée générale lors du débat général de septembre dernier, seules 18 d’entre elles avaient choisi une femme pour les représenter.
Il est essentiel que les États Membres établissent des politiques structurelles et générales en matière d’égalité des genres, a déclaré la représentante. Elle a rappelé que, pour sa part, le Costa Rica disposait d’une politique nationale pour l’égalité et l’équité des genres depuis 10 ans et entrait dans la phase d’opérationnalisation de la nouvelle politique nationale pour l’égalité effective entre les femmes et les hommes. Mais, pour la représentante, changer la réalité passe non seulement par la loi mais aussi et surtout par l’émancipation des femmes. « C’est pour cela que l’autonomisation économique des femmes est une priorité de notre ordre du jour, du fait de son impact indéniable sur les autres autonomies », a-t-elle expliqué.
Quant aux violences contre les femmes, la représentante a déploré qu’il s’agisse d’une des violations des droits de l’homme les plus répandues dans le monde. Pour sa part, le Costa Rica a fait, en août dernier, de la prévention et la prise en charge des violences contre les femmes un intérêt prioritaire national.
M. SAID MOHAMED OUSSEIN (Comores) a rappelé que le développement durable inscrit tant dans le Programme 2030 que dans l’Agenda 2060 de l’Union africaine ne serait pas possible tant que la moitié de l’humanité se verra nier ses droits humains. Afin de réduire les inégalités et les violences contre les femmes et les filles, l’égalité des chances avec les garçons doit être mise en place, a ajouté le représentant, qui a expliqué que la Constitution des Comores garantissait aux femmes et filles un rôle de levier dans le développement.
Ainsi, a poursuivi le représentant, 23 ans après le Plan d’action de Beijing, la situation des femmes et des filles comoriennes s’est améliorée, notamment sur le plan de la santé et de l’éducation, avec en particulier une forte baisse de la mortalité maternelle et la mortalité infanto-juvénile. Par ailleurs, la représentation des femmes dans l’espace public est passée de 7,4% à 21,2 % et le pays s’est doté d’un fonds de financement de microcrédits à l’intention des femmes. M. Oussein a conclu en précisant que les Comores étaient une société matrilinéaire et matriarcale et que de nombreux défis restaient à relever avant d’atteindre l’autonomie des femmes, notamment celui de l’analphabétisme.
M. IHOR YAREMENKO (Ukraine) a indiqué qu’au cours de l’année écoulée, l’égalité des genres s’était imposée comme une question transversale pour toutes les activités du Gouvernement ukrainien car il s’agit d’un facteur de développement social et d’un indicateur de la maturité de l’État. C’est ainsi que l’Ukraine a entériné, cette année, un programme social d’État pour s’assurer de l’égalité des droits et des opportunités entre femmes et hommes pour la période allant jusqu’en 2021. Le Gouvernement a également créé un poste de Commissaire du Gouvernement pour la politique d’égalité des genres, afin de renforcer la coordination et le contrôle des mesures prises à cet égard.
Le représentant a par ailleurs rappelé que, lorsque l’Ukraine a siégé au Conseil de sécurité, elle avait accordé une attention prioritaire au suivi de la résolution 1325 (2000) du Conseil sur les femmes, la paix et la sécurité. Nous appliquons aujourd’hui notre plan d’action national pour la mise en œuvre de cette résolution entre 2016 et 2020, afin d’accroître la participation des femmes aux prises de décisions dans les domaines de la sécurité et de la défense nationale, ainsi que du maintien de la paix, mais aussi pour assurer la protection des femmes et des filles et prévenir les violences à leur encontre, a précisé le représentant.
Enfin, la Stratégie nationale pour le développement de systèmes de gestion des fonds publics adoptée, l’an dernier, par l’Ukraine comprend une budgétisation favorable à l’égalité des genres, a affirmé le représentant, qui a conclu en dénonçant l’agression étrangère contre son pays, laquelle a, selon lui, apporté crainte et insécurité aux femmes et aux filles des territoires occupés d’Ukraine, en Crimée et au Donbass.
Mme MARTHA A. A. POBEE (Ghana) a souligné que la participation des femmes dans les processus de prise de décisions et dans les processus politiques était cruciale pour assurer que leurs intérêts et besoins soient pris en compte. C’est pourquoi le Ghana attache une grande importance au travail du Réseau des femmes leaders africaines, qui défend l’autonomisation des femmes et leur rôle en politique, dans la paix et la sécurité ainsi que dans le développement en Afrique. Le Gouvernement ghanéen a, depuis des années, mené des actions spécifiques afin d’accroître la participation des femmes au processus de prise de décisions, a ajouté la représentante, qui a cité en exemple les récentes et larges consultations avec les parties prenantes sur la loi sur l’égalité des sexes. De plus, le Gouvernement du Ghana a renforcé ses efforts pour donner une assistance financière aux femmes à travers le Centre de la microfinance et des petits crédits, a poursuivi Mme Pobee.
Quant au harcèlement sexuel, c’est un problème qui doit être sérieusement combattu dans de nombreuses parties du monde, a estimé la représentante. Pour combattre la violence sexiste, le Gouvernement du Ghana a lancé une campagne nationale visant à mettre fin au mariage précoce ou forcé des enfants, ainsi qu’un cadre national stratégique décennal pour mettre fin au mariage des enfants avant 2026. Il a aussi adopté plusieurs lois, y compris un amendement à la loi sur la succession et un autre sur le droit de propriété des épouses.
Mme SHAHD MATAR (Émirats arabes unis) a estimé que le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et Programme d’action de Beijing, que la communauté internationale célèbrera en 2020, serait un tournant déterminant pour l’intensification des efforts tendant à une égalité effective entre les sexes et à l’autonomisation des femmes. L’émancipation des femmes est le pilier des sociétés modernes, justes et tolérantes, a affirmé la représentante, raison pour laquelle les Émirats arabes unis s’emploient en tous sens à appliquer leurs dispositions constitutionnelles, en les alignant avec les instruments et engagements internationaux en la matière.
Une législation récente vise à l’égalité salariale, a poursuivi la représentante. Le Gouvernement appuie fortement l’accès des femmes à des postes de prise de décisions, un tiers du cabinet étant désormais constitué de femmes. De son côté, l’Union générale des femmes a procédé à une refonte des stratégies nationales pour les harmoniser avec la Vision 2021 du pays et les normes internationales. Le Conseil national de l’équilibre entre les sexes œuvre pour sa part à l’exécution des pratiques optimales, conforté en cela par l’idée que l’égalité hommes-femmes a des retombées positives sur l’économie, la paix et la sécurité. Par ailleurs, l’autonomisation et la protection des femmes est l’un des principaux axes de la politique étrangère du pays au bénéfice des nations en développement, en particulier pour ce qui a trait à la violence sexuelle, au renforcement des capacités et à l’autonomisation économique.
Les Émirats arabes unis déploient également des efforts en vue de l’application sous tous ses aspects de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, et notamment la santé maternelle et infantile dans les zones de conflit, ainsi qu’à travers l’initiative émirati « chaque femme, chaque enfant en tous lieux », axée sur la sensibilisation sur le rôle de la femme en tant que premiers intervenants dans les situations d’urgence. Les Émirats arabes unis appuient en outre ONU-Femmes, qui a ouvert un bureau en 2016 à Abou Dhabi.
La représentante a en outre rappelé qu’en marge du segment de haut niveau de l’Assemblée générale la semaine dernière, un mémoire d’entente avait été signé entre le Ministère de la défense émirati et ONU-Femmes en vue du renforcement des capacités en matière de préservation de la paix dans la région. Le programme consiste à former des femmes officiers de police pour les opérations de maintien de la paix et à soutenir l’application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.
Mme IRMA ALEJANDRINA ROSA SUAZO (Honduras) a noté avec satisfaction la prise de conscience mondiale de la nécessité d’éradiquer le fléau qu’est la violence faite aux femmes, et notamment la récente attribution du prix Nobel de la paix au docteur Mukwege et à Nadia Murad, deux défenseurs des droits des femmes et des filles. Le représentant a appelé les État Membres à redoubler d’efforts afin d’améliorer les conditions de vie des femmes et des filles et a insisté sur les différentes formes de manifestations de la violence contre les femmes dans le monde ainsi que sur la nécessité de reconnaître leurs spécificités locales, afin d’y apporter des solutions appropriées.
Revenant sur la nécessité de soutenir le développement, l’éducation et la santé ainsi que la participation des femmes à la prise de décisions comme moyens de diminuer la violence contre les femmes, Mme Rosa Suazo a mentionné les mesures mises en œuvre par le Honduras à destination des femmes urbaines, sans pour autant oublier que 44% des femmes et filles du Honduras vivent en zones rurales, et pour lesquelles existent des programmes spécifiques.
Mme ANGELIKA D. HILLEBRANDT (Bahamas) a présenté le Département de la famille et du genre dont le pays s’est doté et qui s’efforce d’assurer l’égalité pour les femmes et les filles dans le pays. Ceci se fait grâce à des partenariats et des initiatives telles que la mise en œuvre du plan stratégique quinquennal, qui vise à améliorer la qualité de la vie des femmes et des filles, des hommes et des garçons. Le pays a aussi mis en œuvre un plan national stratégique pour la fin de la violence sexiste et a révisé sa politique nationale de l’égalité des sexes.
Le Département de la famille et du genre est par ailleurs membre de la Commission nationale sur la traite d’êtres humains. Il travaille avec de nombreuses organisations non gouvernementales au niveau national et est membre à part entière du Centre de crise des Bahamas, qui mène de nombreux programmes concernant la violence sexiste. Il a aussi noué des partenariats avec des organisations régionales et internationales qui aident à réexaminer les problèmes faisant obstacle à l’autonomisation des femmes dans le pays.
Mme MIRYAM DJAMILA SENA VIERA (Cabo Verde) a renouvelé l’engagement de son gouvernement en faveur de la promotion et de l’autonomisation des femmes et des filles, non seulement parce qu’il s’agit de droits humains mais aussi parce que l’inclusion des femmes contribue à créer des sociétés résilientes et au développement durable. Rappelant que l’égalité des genres et l’égalité des chances entre les femmes et les hommes sont des principes consacrés par la Constitution nationale, la représentante a précisé que son pays avait également pris des mesures en faveur d’une éducation inclusive, en partenariat avec le Parlement et les ONG.
De même, des mesures ont été prises pour lutter contre les violences de genre au travers d’un plan d’action national, a expliqué Mme Viera. La représentante a ajouté que des efforts particuliers étaient consentis pour prévenir la traite des personnes, phénomène affectant surtout les femmes et désormais sanctionné par le Code pénal du pays. Des mesures audacieuses ont par ailleurs été prises pour améliorer les cadres juridiques du planning familial, des services de santé reproductive et du droit à la reproduction, conformément aux dispositions de la Conférence internationale sur la population et le développement et du Plan d’action de Beijing.
Mme BEN ATEGH (Libye) a indiqué que, par un décret, le Conseil d’État avait créé l’Unité d’appui et d’autonomisation des femmes, et que des unités similaires avaient été établies dans les différents ministères et institutions publiques dans le souci de faire davantage participer les femmes aux prises de décisions. Elle a salué le travail des organisations non gouvernementales féminines qui ont facilité l’application du décret. Les femmes apportent également leur contribution à la rédaction de la prochaine Constitution libyenne, a expliqué la représentante.
Le Gouvernement a également promulgué un décret, en 2014, pour assister les femmes et les filles ayant subi des viols et des violences sexuelles durant les périodes d’instabilité politique depuis 2011, a rappelé la représentante. Un fonds d’allocation a ainsi été établi pour les victimes de violence sexuelle, afin de leur offrir les services nécessaires, notamment judiciaires, de logement et des opportunités d’emploi.
La représentante a également fait état de l’entraide en vue d’améliorer les conditions socioéconomiques dans les nations subsahariennes et des pays d’origine de la migration. La Libye apporte aussi une assistance technique et logistique au Tchad, au Niger et au Soudan pour assurer la protection et le contrôle des frontières, afin de couper la voie à la criminalité transnationale organisée.
M. TEODORO L. LOCSIN, JR (Philippines) a rappelé que le traitement, pendant des siècles, de femmes comme butin de guerre n’était pas une fatalité et que le Duc de Wellington avait fait fouetté ou pendre des soldats de son armée pour pillage ou pour viol, se gagnant ainsi la population espagnole dans sa lutte contre Napoléon. Il a mis l’accent sur la discipline, opposant celle de l’Armée rouge au comportement de pillard de soldats du Kuomintang, y voyant là aussi une des raisons de la victoire communiste. Rappelant que les forts ont toujours tendance à satisfaire leurs désirs aux dépens des faibles et que la traite des êtres humains existe dans toutes les sociétés, entre autres, parce que la demande est constante et que le profit est considérable, le représentant a estimé qu’il ne suffirait pas de mettre fin à la pauvreté pour en finir avec la traite, car l’argent ne fait que fournir davantage d’argent pour acheter le « produit ». N’y a-t-il pas une étude de l’Union européenne qui montre que plus les gens sont riches, plus ils sont enclins à l’exploitation sexuelle, a-t-il demandé
Dès lors, a poursuivi M. Locsin, les objectifs de développement durable ne sont que la moitié de la solution, l’autre moitié est la justice pénale. Il faut attraper les trafiquants par tous les moyens suffisants, « certes en tenant compte des droits de l’homme et du droit international, mais en veillant à ce qu’ils ne puissent plus nuire. « Nous préférons qu’ils soient placés dans de petites cages similaires à celles où ils ont gardé leurs victimes pendant des années », a conclu le représentant.
M. AMIR HAMZAH BIN MOHD NASIR (Malaisie) a expliqué que la Malaise avait intégré son plan d’action pour l’autonomisation des femmes dans le onzième Plan malaisien, dans la Politique nationale des femmes de 1989 et le Plan d’action pour l’avancement des femmes de 2010-2015. La Malaisie a réalisé des progrès significatifs en ce qui concerne l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, a ajouté le représentant. En outre, le pays a ratifié de nombreux accords internationaux, démontrant ainsi son engagement à s’assurer que les droits des femmes et les filles soient respectés.
Ainsi, le taux de participation des femmes au marché du travail en Malaisie était de 54,7% en 2017 et 35,8% des postes de direction au sein des institutions publiques du pays étaient occupés par des femmes, a précisé M. Mohd Nasir. De même, le taux d’enrôlement des filles dans l’éducation publique supérieure était de 62%. Le représentant a également rappelé l’élection en mai dernier, pour la première fois, d’une femme au poste de Vice-Premier Ministre, qualifiée de « tournant historique pour l’autonomisation des femmes dans le pays ». De même, il a mentionné l’élection de Maimunah Mohd Sharif au poste de Directrice exécutif d’UN-Habitat, à Nairobi.
M. PERKS M. LIGOYA (Malawi) a décrit plusieurs initiatives prises par le Gouvernement de son pays pour promouvoir le développement socioéconomique des femmes et des filles. Ces initiatives comprennent le Programme de réadmission des jeunes femmes, l’amendement à la Constitution sur l’âge du mariage, fixé à 18 ans, la construction de dortoirs pour les filles dans l’enseignement secondaire et la création d’installations sanitaires pour les adolescentes ou encore une stratégie nationale, adoptée en 2017, pour mettre fin aux mariages d’enfants. Ces initiatives ont permis d’annuler près de 600 000 mariages d’enfants et de réintégrer des enfants à l’école, a expliqué le représentant.
Le Gouvernement a aussi amendé la loi sur la propriété foncière, qui permet désormais aux femmes de posséder un terrain avec un titre de propriété foncière sécurisé. Le Gouvernement fait aussi la promotion de l’épargne et du crédit villageois visant les femmes pauvres. Plus de 3 000 groupes d’épargne et de crédit villageois sont ainsi opérationnels et profitent à 4,5 millions de personnes avec plus de 7 millions de dollars en circulation, a expliqué le représentant.
Mme INGRIT PRIZRENI (Albanie) s’est félicitée que la participation des femmes au Parlement albanais atteigne 28% depuis les élections législatives de 2017. Ce résultat a été atteint grâce à un système de quotas de genre et à une campagne d’information dynamique, a-t-elle expliqué, ajoutant que le Gouvernement était quant à lui paritaire, les portefeuilles de la défense, de la justice, de l’éducation, de la protection sociale et de la santé ayant été confiés à des femmes. S’agissant de l’inclusion des femmes dans la société, le Gouvernement et les institutions nationales des droits de l’homme ont rempli leurs obligations de contrôle de l’égalité des genres et des violences faites aux femmes, a affirmé la représentante.
L’Albanie prépare, d’autre part, un rapport de suivi à l’attention du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), a expliqué Mme Prizreni. Sur le plan national, le pays a établi un réseau de femmes conseillères en vue de faire progresser la participation des femmes aux conseils municipaux de 35% aujourd’hui à 50% après les élections de 2019. Enfin, évoquant la question des violences basées sur le genre, Mme Prizreni a assuré que son gouvernement avait renforcé les cadres législatif et institutionnel se rapportant à l’égalité des genres et à la non-discrimination. L’Albanie, a-t-elle rappelé, a été le deuxième pays à ratifier la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique et reste très engagée dans sa mise en œuvre.
Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a déclaré que la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 passait forcément par la mise en œuvre des objectifs 4 et 5 de développement durable, à savoir l’éducation et l’égalité des genres. « L’éducation est une nécessité de l’être humain, un droit, et nous savons que les filles, les jeunes filles et les femmes souffrent durant leur éducation des effets et des causes des inégalités » a-t-elle ajouté. Et d’insister sur le fait que 61% des personnes analphabètes dans le monde était des femmes.
Mme Balmaña a insisté sur la nécessité d’éviter les stéréotypes, sur la violence contre les femmes, bien souvent tues, parce qu’ils marquent des limites inexistantes et sur le rôle des États et des institutions afin d’améliorer les systèmes juridiques pour éliminer les marques législatives de discrimination contre les femmes. Elle a enfin rappelé les mesures prises par son gouvernement, notamment un projet de loi en instance au Parlement sur l’égalité de traitement et la non-discrimination.
M. IBRAHIMA (Guinée) a relevé que l’action et le leadership de la femme se renforçaient davantage dans la gestion des conflits et la préservation de la paix et la sécurité. À cet égard, a-t-il souligné, l’expérience a prouvé que les pays qui ont accordé un rôle important aux femmes ont réalisé des progrès significatifs dans leurs processus de développement sociopolitique et économique. Il est regrettable, à ses yeux, que les femmes continuent d’être les premières victimes de la pauvreté, des changements climatiques, des formes récurrentes de violence et de la discrimination.
Au plan régional, la Guinée se réjouit de l’adoption de la déclaration solennelle de l’Union africaine sur l’égalité des genres, laquelle met un accent particulier sur la place que les femmes doivent avoir dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’ONU et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, mais aussi de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. En dédiant son second mandat aux femmes et jeunes de la Guinée, le Président Alpha Condé a confirmé que la réalisation du développement durable ne peut être possible sans l’implication des femmes, a ajouté le représentant, qui a cité comme exemple de cette action la mise en place du Programme de modernisation et de féminisation de l’administration guinéenne ainsi que l’amendement au Code des investissements qui favorise l’esprit d’entreprise des femmes.
Mme NURIA MOHAMMED (Éthiopie) a déclaré que son gouvernement avait montré son engagement à faire de l’autonomisation des femmes la priorité dans ses plans de développement. Le deuxième Plan de croissance et de transformation vise ainsi à assurer le droit à la propriété foncière, l’accès aux crédits et à d’autres ressources aux femmes. Le Gouvernement s’efforce aussi d’augmenter la participation active des femmes au plus haut niveau de la prise de décisions politiques.
L’Éthiopie a également pris des mesures pour s’attaquer aux violations des droits fondamentaux des femmes, a poursuivi Mme Mohammed. À cet égard, le Gouvernement a mis en œuvre le plan stratégique pour une réponse intégrée et multisectorielle aux violences faites aux femmes et pour la justice des mineurs. Le plan met l’accent sur les mécanismes de prévention, de protection et de réponse. Le Ministère des affaires de la femme et de l’enfant s’engage à arrêter la violence à l’égard des femmes en incorporant des indicateurs sur la réduction de la violence dans son plan quinquennal sectoriel 2016-2020.
Mme NATTAPORN PHROMLERT (Thaïlande) a annoncé qu’un nombre croissant d’hommes participaient et militaient pour la campagne HeForShe qui vise à stopper la violence sexiste dans le pays. De plus, la Thaïlande achève actuellement la mise au point du quatrième avant-projet de Plan national des droits de l’homme pour 2019-2023 qui traitera diverses questions y compris les droits des groupes des femmes marginalisées et vulnérables. Le Plan sera élargi pour couvrir les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres et intersexuées. La Thaïlande a intensifié ses efforts pour éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes, y compris la traite d’êtres humains en particulier celles qui font face à des multiples formes de discrimination et de situations complexes y compris les prisonnières. L’autonomisation économique des femmes est une composante indispensable du développement durable. Les femmes composent 64% de la main d’œuvre en Thaïlande et ce taux augmente et les femmes entrepreneures constituent 47% de l’entreprenariat. Le Gouvernement continue également de faciliter l’accès à la finance et à la technologie pour les femmes entrepreneures.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse à la suite de l’intervention de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le représentant du Japon a précisé que les questions du passé étaient des erreurs factuelles, et que, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon respectait la démocratie et la paix dans le monde. Il a ajouté que le Japon souhaitait la paix dans le Nord-Est de l’Asie et qu’il devrait renforcer ses liens avec la République populaire démocratique de Corée pour construire un avenir radieux ensemble.
Le représentant de la République de Corée a souhaité répondre rapidement aux « insinuations » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en indiquant qu’elle favorisait la libre circulation entre les deux Corées et s’efforçait d’apaiser les souffrances des familles séparées. Le Gouvernement de la République de Corée ne ménage pas ses efforts en mettant en œuvre, à cette fin, la Déclaration de Pyongyang, a-t-il ajouté.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dénoncé les crimes haineux commis par le Japon, ajoutant que ce dernier ne les avait toujours pas reconnus et que la RPDC n’avait pas reçu d’indemnisation, 73 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a insisté sur le fait qu’il ne pouvait y avoir d’avenir radieux pour le Japon si la situation entre les deux pays ne s’améliorait pas, avant d’accuser ce pays d’éviter de parler de ses anciens crimes et de ne pas s’excuser, alors même qu’il ne saurait y avoir de prescription pour des crimes contre l’humanité, pas plus que pour les 12 Nord-coréennes « enlevées », qui « ont été dupées ».