En cours au Siège de l'ONU

Soixante-treizième session,
7e & 8e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4229

L’autonomisation des femmes et les violences et intimidations dont elles sont victimes au centre des débats de la Troisième Commission

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a entamé aujourd’hui l’examen de la question de la promotion de la femme.  Marqué par les interventions de plusieurs hautes responsables d’agences onusiennes et d’une Rapporteuse spéciale, le débat a porté sur les questions de l’autonomisation dans l’optique de la réalisation des objectifs de développement durable et surtout sur les violences et intimidations à l’encontre notamment des femmes et des filles migrantes, mais aussi des femmes politiques et des défenseures des droits.

La Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Åsa Regnér, a souhaité des politiques plus fortes et des approches créatives plus innovantes pour consolider ce qu’elle a décrit comme des « trajectoires ascendantes » vers l’élimination de toutes les formes de discrimination et violence à l’encontre de toutes les femmes et les filles.

Lors des deux prochaines années, a souligné Mme Regnér, le processus de Beijing+25, qui marquera le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action adoptés lors de la quatrième conférence sur les femmes en 1994, doit être considéré comme prioritaire par les gouvernements et les autres parties prenantes.  Une telle intensification des efforts est nécessaire pour qu’à l’horizon 2020 « nous atteignions un point irréversible dans le progrès en matière d’égalité de genre et de l’autonomisation de la femme et de la fille partout dans le monde », a-t-elle plaidé.  

L’appel a été reçu positivement par de nombreuses délégations, à commencer par la Communauté des Caraïbes (CARICOM), laquelle a renouvelé l’engagement de l’organisation régionale à faire avancer l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes, deux thèmes propulsés au-devant de la scène médiatique par les mouvements #MeToo et #TimesUp.  La CARICOM, à l’instar de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a précisé s’être attachée, conformément à la Déclaration et au Programme d’action de Beijing, à systématiquement adopter une perspective de genre dans l’élaboration de ses politiques publiques nationales, à améliorer l’éducation et les formations destinées aux femmes et aux filles, ainsi qu’à élargir l’accès des femmes à des postes de hauts fonctionnaires.

Arrivée au terme de son mandat, Mme Dalia Leinarte, Présidente du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a, pour sa part, profité de cette séance pour faire le point sur ses derniers travaux, citant comme dossier le plus complexe à ses yeux celui concernant les mesures de représailles et d’intimidations.  Il est « inacceptable », a-t-elle martelé, que des défenseures des droits soient sujettes à de telles pratiques pour avoir voulu faire progresser les droits des femmes.  Mme Leinarte a indiqué qu’afin de s’assurer que les États parties à la Convention s’engagent en faveur de leur protection, le Comité avait entériné les directives contre ces fléaux adoptées lors de la vingt-septième réunion des présidents d’organes conventionnels de droits de l’homme.

Avant elle, la Présidente de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, avait pris date sur cette question en assurant la Troisième Commission que son mandat était dédié aux « femmes harcelées pour le seul fait d’occuper des espaces politiques, à celles qui demandent l’égalité sur leur lieu de travail, aux femmes et aux filles victimes de la violence et à celles encore exclues pour le simple fait d’être femmes ».

Sur le même thème de l’oppression faite aux femmes, Mme Dubravka Šimonović, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, s’est alarmée des violences systématiques et généralisées basées sur le sexe, qui continuent d’affecter le quotidien des femmes politiques, activistes et électrices à travers le monde.  Cette violence a un impact dévastateur non seulement sur les victimes et leurs familles mais aussi sur la démocratie elle-même, a-t-elle averti, rappelant les meurtres en 2016 de Jo Cox, membre du Parlement du Royaume-Uni, et de Berta Caceres, activiste hondurienne dans le domaine de l’environnement, sans oublier l’assassinat en mars 2018 de Marielle Franco, activiste afro-brésilienne des droits de l’homme.

Appelant à une mobilisation générale, la Rapporteuse spéciale s’est élevée contre les stigmatisations, les stéréotypes associant l’homme à l’arène politique et la femme au foyer, ainsi que contre la culture du silence et de l’impunité. Elle a fait observer qu’au 1er janvier 2017, seuls 7,2% des chefs d’État, 5,7% des chefs de gouvernement et 23,3% des parlementaires dans le monde étaient des femmes.  Elle a imputé cette faible représentativité aux violences subies par les femmes dans les sphères publique et politique, y voyant une atteinte directe aux droits de l’homme, alors même que les objectifs de développement durable engagent les États à assurer une participation pleine et effective de la femme ainsi qu’une égale opportunité dans les postes de décision. 

Lors du débat qui a suivi cette intervention, la Fédération de Russie a rompu avec le consensus ambiant en qualifiant le concept de « violence sexiste en politique » de « pure invention » de la Rapporteuse spéciale. Pour la délégation russe, l’instauration de quotas électoraux serait « inefficace pour parvenir à l’égalité des chances en politique » et il conviendrait plutôt d’éliminer en amont les barrières à l’encontre des femmes, en tenant compte des circonstances nationales propres à chaque pays. 

Cette première séance consacrée à la promotion de la femme a également vu Mme Laura Londén, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), présenter le rapport du Secrétaire général sur l’action engagée pour en finir, l’espace d’une génération, avec la fistule obstétricale.  Cette lésion provoquée par l’accouchement prive silencieusement de très nombreuses femmes et jeunes filles « de leur santé, de leur espoir et de leur dignité », a-t-elle relevé, voyant dans sa persistance un signe de l’échec des systèmes de santé en direction des plus démunis.

La Troisième Commission poursuivra son débat sur la promotion de la femme le lundi 8 octobre, à partir de 10 heures.

PROMOTION DE LA FEMME

Allocution de la Présidente de l’Assemblée générale

Mme MARÍA FERNANDA ESPINOSA GARCÉS, Présidente de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, a déclaré que, dès le début de son mandat, elle avait insisté sur l’importance de veiller à ce que les Nations Unies soient pertinentes pour toutes les personnes.  Pour ce faire, les travaux de la Troisième Commission sont fondamentaux.  Le développement social, l’élimination du racisme et de la discrimination raciale et l’exercice du droit des peuples à l’autodétermination sont essentiels pour cette Organisation tout comme les droits des garçons et des filles, des peuples autochtones, des personnes d’ascendance africaine, des migrants, des réfugiés et déplacés internes, des personnes âgées et des handicapées.

Il faut aussi progresser dans la prévention du crime et la justice pénale et dans les efforts tendant à résoudre le problème mondial de la drogue, a ajouté Mme Espinosa Garces, qui a fait observer que cinq des sept priorités qu’elle avait dégagées étaient liées aux travaux de la Troisième Commission: égalité des sexes, personnes handicapées, migrants et réfugiés, jeunesse et emploi décent.

Rappelant qu’elle était la quatrième femme à occuper la présidence de l’Assemblée générale, Mme Espinosa Garcés s’est engagée à octroyer la priorité à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Et de préciser que son mandat était dédié et consacré aux « femmes harcelées pour le seul fait d’occuper des espaces politiques, à celles qui demandent l’égalité sur leur lieu de travail, aux femmes et aux filles victimes de la violence et à celles encore exclues pour le simple fait d’être femmes ».

La Présidente de l’Assemblée générale a estimé que des efforts collectifs seraient nécessaires pour rompre le cycle de l’inégalité qui pèse encore sur la moitié de la population mondiale, annonçant par là même qu’elle entend organiser, en mars 2019, un sommet sur « Les femmes au pouvoir, Women in Power ».

Mme Espinosa Garcés a en outre souligné que la Troisième Commission était cruciale pour faire avancer les droits des personnes handicapées et leur garantir leur droit à un enseignement de qualité et à l’accès à un emploi décent.  Elle a encouragé la Commission à intégrer ces thèmes d’une manière transversale.

La Présidente de l’Assemblée générale a plaidé en faveur d’efforts globaux pour garantir la protection et l’assistance aux plus de 25 millions de réfugiés à travers l’adoption du pacte mondial sur les réfugiés, et préserver les accords conclus dans le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Mme Espinosa Garcés a invité les délégations à concrétiser les engagements énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont l’Assemblée générale célébrera en plénière le soixante-dixième anniversaire, de même que le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne.  Tout en reconnaissant que de grands défis subsistent, elle a recommandé de les aborder avec responsabilité afin de répondre aux millions de personnes qui souffrent encore d’injustice, d’exclusion, de discrimination et de violence, de besoins matériels, de la faim ou du manque d’opportunités.

Une réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale sera consacrée au vingtième anniversaire de la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus, a poursuivi Mme Espinosa Garcés.

La Présidente de l’Assemblée générale a estimé qu’il faudrait, lors de la présente session, aborder des questions sensibles et délicates, pour lesquelles les différends d’ordre politique entre États ne sauraient être des obstacles ni servir de prétextes pour entraver l’amélioration des conditions de vie de nos peuples.  Dès lors, la Troisième Commission a la responsabilité politique et morale d’aborder les défis complexes d’un monde en constante évolution et d’apporter des réponses appropriées, a-t-elle ajouté.  Mme Espinosa Garcés a donc conclu en invitant « les déléguées et délégués à voir le monde, à le sentir, à le vivre, dans le respect des différences et le renforcement de tout ce qui nous unit, à commencer par notre humanité commune (…) ».  

Déclarations liminaires

Mme ÅSA REGNÉR, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a appelé à des politiques plus fortes et des approches créatives innovantes pour consolider et continuer sur « nos trajectoires ascendantes » vers l’élimination de toutes les formes de discrimination et violence à l’encontre de toutes les femmes et les filles, partout dans le monde.  Lors des deux prochaines années, le processus de Beijing+25, qui doit marquer le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et le Programme d’action de Beijing adoptés lors de la quatrième Conférence sur les femmes, en 1994, doit recevoir la plus haute priorité de la part des gouvernements et des autres parties, a-t-elle affirmé.

Mme Regnér a demandé une intensification des efforts pour qu’à l’horizon 2020, « nous atteignions un point irréversible dans le progrès en matière d’égalité des genres et de l’autonomisation de la femme et de la fille partout dans le monde.  « Il n’y a plus de temps à perdre! », a-t-elle insisté.  Pour elle, les objectifs du développement durable sont la référence et la Déclaration et le Programme d’action de Beijing demeurent notre feuille de route pour ce qui reste à faire.  Les gouvernements se sont engagés à des résultats palpables parce que les femmes et les filles l’exigent.  Cela est vrai particulièrement pour ceux qui subissent de multiples formes de discrimination, y compris les groupes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), les femmes et les filles handicapées, les jeunes filles des communautés démunies et autochtones ainsi que les réfugiées.

En mars dernier, a rappelé Mme Regnér, la Commission de la condition de la femme a lancé le processus Beijing+25.  Il y a trois semaines, ONU-Femmes et les cinq commissions économiques régionales des Nations Unies ont publié une note d’orientation pour un examen global au niveau national.  Mme Regnér a encouragé tous les pays à lancer un tel examen le plus tôt possible, à évaluer les progrès accomplis et les défis rencontrés, identifier les écarts et à agir concrètement pour les combler.  Elle a fait part de la détermination d’ONU-Femmes à travailler avec les gouvernements, la société civile, le système des Nations Unies et d’autres acteurs pour faire la différence dans la vie des femmes et des filles.

Mme Regnér a souligné les grands progrès accomplis sous la direction du Secrétaire général dans la mise en œuvre de la stratégie sur l’égalité des sexes lancée l’année dernière.  Pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, s’est-elle réjouie, une totale parité a été atteinte au niveau de son équipe de direction et de l’équipe des coordonnateurs résidents à travers le monde.

Abordant la question de la violence, Mme Regnér a estimé qu’une approche globale pour la prévention et l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles permettra un réel progrès sur le chemin des multiples objectifs du développement durable.  Ces efforts doivent en particulier cibler les groupes de femmes et de filles marginalisées et celles subissant de multiples formes de discrimination.  Elle a ensuite présenté trois rapports du Secrétaire général, portant sur l’intensification de l’action menée pour éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles (294); la traite des femmes et des filles et l’intensification de l’action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminines, en précisant qu’ils abordent justement ces violences, et examinent le rôle de la technologie dans leur prévention et le lien entre la fin des violences et la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), tout en présentant des pratiques prometteuses. 

Enfin, Mme Regnér a souhaité une mise en œuvre vigoureuse et systématique des engagements en matière d’égalité des genres, d’autonomisation et des droits des femmes et des filles.  Le processus Beijing+25 et l’application des dispositions relatives au genre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sont les moyens pour y parvenir, a-t-elle conclu, tout en annonçant que la Commission de la condition de la femme examinerait lors de sa soixante-troisième session, en 2019, les questions clefs relatives à la protection sociale, aux services publics et aux infrastructures durables pour l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes.

Mme LAURA LONDÉN, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a présenté le rapport du Secrétaire général « Intensifier l’action engagée pour en finir avec la fistule obstétricale en l’espace d’une génération ».  Elle a estimé que la fistule obstétricale fait partie des blessures les plus traumatisantes qui ont lieu lors de l’accouchement, ajoutant qu’elle prive silencieusement de très nombreuses femmes et fillettes de leur santé, de leur espoir et de leur dignité.  Sa persistance est un signe d’inégalité et elle indique l’échec des systèmes de santé à promouvoir et protéger la santé des plus démunis, a déclaré Mme Londén.

Pourtant, a-t-elle rappelé, la fistule est évitable et, qui plus est, facilement traitable.  En d’autres termes, ce problème a sa solution et « il est temps d’appliquer cette solution ».  Il faut accélérer les progrès en la matière si l’on veut atteindre les objectifs de développement durable, où il est question d’accomplir l’objectif de santé pour tous, certes, mais aussi de mettre un terme à la pauvreté, a poursuivi Mme Londén.  « Si en 2030, la fistule obstétricale est encore négligée, le monde pourrait-il vraiment dire qu’il a atteint le Programme de développement durable à l’horizon 2030?  La réponse que donne le rapport du Secrétaire général est non », a-t-elle asséné.

Se félicitant qu’en deux ans, la communauté internationale ait embrassé les objectifs de réduction de la fistule obstétricale, comme le montrent les données de l’étude réalisée par l’Université Johns Hopkins en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la population/Campagne pour éliminer les fistules obstétricales, qui seront dévoilées bientôt, Mme Londén a estimé que l’on commence à voir la fin de ce fléau.  Les 55 pays les plus touchés par cette maladie mettent en place petit à petit des politiques pour l’éliminer. 

Toutefois, il faut galvaniser la communauté internationale pour qu’elle investisse afin de renforcer les systèmes de santé qui permettent de traiter la fistule, a poursuivi la Directrice exécutive adjointe du FNUAP.  Il faut mettre en œuvre des stratégies, politiques et plans d’actions pour améliorer l’accès à la prévention.  De plus, il est nécessaire d’inclure la fistule obstétricale dans les applications nationales des objectifs de développement durable et renforcer les équipes de travail nationales, sécuriser des soutiens financiers permettant l’accès universel aux systèmes de santé.  Cela signifie accroître la coopération internationale et, enfin, améliorer la recherche pour évaluer l’élimination de la fistule et rendre l’invisible visible.

« Nous sommes désormais à la croisée des chemins » a poursuivi Mme Londén, qui a rappelé que la communauté internationale allait se rassembler ce mois-ci à Astana, au Kazakhstan, pour commémorer le quarantième anniversaire de la Déclaration de 1978 d’Alma-Ata sur les soins primaires.  Il s’agira, a-t-elle rappelé, de renouveler l’engagement des États Membres et les organisations internationales de santé pour développer des systèmes de santé centrés sur les gens au cœur de la couverture sanitaire universelle.  « Ne ratons pas cette opportunité historique pour mettre fin à cette violation des droits de l’homme qu’est la fistule obstétricale.  Finissons en maintenant », a conclu Mme Londén.

Débat interactif

Lors d’un bref débat interactif avec Mmes Regnér et Londén, la représentante du Soudan a expliqué que son pays avait mis en place un cadre juridique national de criminalisation des mutilations génitales féminines, qui sont désormais considérées dans le pays comme des actes de violence à l’encontre des femmes et des filles.  Elle a estimé que les statistiques citées dans le rapport du Secrétaire général relatif aux mutilations génitales féminines n’étaient pas à jour et a demandé qu’elles soient vérifiées.  La représentante de l’Égypte a, quant à elle, souligné que les mutilations génitales féminines étaient une « pratique néfaste », passibles dans son pays de lourdes peines de prison.  À l’instar de son homologue du Soudan, elle a jugé que certaines statistiques présentées dans le rapport du Secrétaire général sur la question n’étaient pas à jour et ne reflétaient donc pas les progrès réalisés par l’Égypte.  La représentante a par conséquent demandé, elle aussi, qu’elles soient vérifiées et corrigées.  Mmes Regnér et Londén ont dit avoir bien pris note de ces commentaires.

Mme DALIA LEINARTE, Présidente du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), a indiqué qu’au cours des 12 derniers mois, le Comité avait continué à encourager les États Membres à faire rapport des mesures prises pour atteindre les objectifs de développement durable.  Dans ce cadre, l’organe de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes a poursuivi sa collaboration avec ONU-Femmes, l’UNESCO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Banque mondiale et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), afin de mettre au point des méthodologies pour sélectionner des indicateurs sur l’égalité des genres.  Le 20 juillet, le Comité a ainsi pu conclure un cadre de coopération avec le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  Le Comité a également contribué substantiellement au Forum politique de haut niveau pour le développement durable, a souligné la Présidente.

Pour Mme Leinarte, le dossier le plus décourageant traité par le Comité durant l’année écoulée concerne les mesures de représailles et d’intimidation.  Il est à ses yeux inacceptable que des défenseures des droits soient sujettes à de telles pratiques pour avoir coopéré avec le Comité afin de faire progresser les droits des femmes.  Afin de s’assurer que les États parties à la Convention s’engagent en faveur de leur protection, le Comité a entériné les directives contre ces fléaux adoptées lors de la vingt-septième réunion des présidents d’organes conventionnels de l’ONU sur les droits de l’homme, a-t-elle précisé.

En mars, a poursuivi Mme Leinarte, le Comité a adopté une Recommandation générale relative aux aspects sexospéciques de la réduction des risques de catastrophe dans le contexte des changements climatiques.  Le texte, a-t-elle expliqué, permet aux États parties de tendre vers l’égalité des genres afin de renforcer la résilience des femmes dans ce type d’environnement.  Le Comité a par ailleurs entamé le processus d’élaboration d’une recommandation générale relative à la traite des femmes et des filles dans le contexte de la migration mondiale.  Ce projet de texte est tout particulièrement centré sur les facteurs de risque exposant les femmes et les filles migrantes à l’exploitation et aux abus sexuels, a souligné Mme Leinarte.

Le Comité s’emploie, d’autre part, à mettre en œuvre les dispositions contenues dans la résolution 68/268 de l’Assemblée générale, a ajouté Mme Leinarte, qui concerne le renforcement et l’amélioration du fonctionnement de l’ensemble des organes conventionnels des droits de l’homme.  Tous les États parties peuvent recourir à la procédure de rapport simplifiée, à condition d’avoir soumis préalablement un rapport initial et d’avoir actualisé un document de base commun avec des données remontant à moins de cinq ans, a-t-elle expliqué.  Au total, 22 États ont demandé à bénéficier de cette procédure et 12 ont pour l’heure rempli les conditions, a-t-elle précisé, notant que l’utilisation de vidéoconférences s’est accrue dans les consultations avec les équipes de l’ONU et le dialogue avec les États Membres.

Mme Leinarte, dont le mandat prend fin cette année, s’est félicitée des partenariats qui enrichissent le travail du Comité.  Elle a ainsi salué les échanges intervenus, en juillet, entre des membres du Comité et de hauts responsables de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’Union européenne et la société civile sur le thème de la traite des femmes et des filles dans le contexte de la migration mondiale.  Elle a, enfin, remercié le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour son soutien en tant que secrétariat du Comité et s’est déclarée confiante que le processus de révision des organes conventionnels de 2020 traiterait de la question des ressources limitées desdits organes afin que le Comité puisse poursuivre sa mission.

Débat interactif

Lors d’un échange avec Mme Leinarte, le Japon a dit soutenir la résolution du Conseil de sécurité concernant la dimension sexospécifique des programmes de la réduction des risques de catastrophe.  Il a demandé quelles seraient les mesures à prendre pour la bonne mise en œuvre de son mandat.  L’Irlande a jugé essentiel le travail du Comité pour l’égalité homme-femme.  L’Irlande, qui préside actuellement la Commission de la condition de la femme, est déterminée à garantir l’égalité entre les sexes pour autonomiser les femmes et les filles.  Elle se félicite de l’adoption de nouvelles recommandations.

Le Mexique a rappelé qu’il avait présenté des rapports au Comité en décembre 2016 et en juillet 2018, ce qui prouve sa volonté de renforcer la protection des droits des femmes et des filles, malgré la complexité des procédures dans un État fédéral comptant 32 États.  Il a rappelé l’importance d’une concordance de ses activités avec les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Plusieurs interventions ont porté sur le travail du Comité.  L’Union européenne a demandé de réduire le temps entre la présentation du rapport et son examen et a souhaité que des rapports périodiques soient présentés au Comité.  L’Union européenne encourage les États parties qui avaient émis des réserves à les retirer.  Le Royaume-Uni a réaffirmé l’aspect inacceptable de la traite des êtres humains et a déclaré attendre le travail du Comité dans ce domaine.  Il a demandé comment le Comité pouvait être un outil de lutte contre l’esclavage moderne et quelles seraient les questions traitées par le Comité à l’avenir.  La Fédération de Russie a exprimé sa désapprobation face aux procédures d’évaluation des mises en œuvre des recommandations du Comité.  Elle a notamment expliqué que certaines mesures avaient été adoptées à l’encontre des recommandations et s’est indignée que certains États soient incriminés du seul fait qu’ils expriment un avis contraire à celui du Comité.

Mme Dalia Leinarte a expliqué dans ses réponses que le Comité avait décidé d’élaborer une nouvelle recommandation générale dans le contexte des migrations mondiales, mais qu’au vu des ressources financières de leur secrétariat, il avait dû se résoudre à décider que l’adoption de toute nouvelle recommandation générale ne pouvait porter que sur une seule recommandation.  Dans le cas présent, il s’agira d’une recommandation sur la traite des femmes et des filles dans le contexte des migrations.  Mme Leinarte a précisé que de nombreuses discussions avaient eu lieu entre les experts du Comité et que le thème retenu avait finalement été préféré aux deux autres propositions de recommandation, qui portaient respectivement sur les stéréotypes sexistes et sur les droits des personnes et des femmes autochtones.  Insistant sur le fait qu’elle ne perdait pas de vue les deux autres questions, Mme Leinarte a noté qu’à la dernière session le Comité avait pu s’exprimer sur le projet de notes de cadrage pour d’éventuelles recommandations sur les stéréotypes sexistes et les femmes autochtones, mais que, pour l’instant, les experts du Comité n’avaient pas pris de décisions.

Concernant la résolution 68/268 de l’Assemblée générale, la Présidente du Comité a rappelé trois aspects de sa mise en œuvre.  Quand un État Membre demande la mise en œuvre d’une procédure simplifiée pour ses rapports, nous y sommes attentifs, a-t-elle déclaré.  Le Comité a mis au point une procédure de suivi très efficace qui a été saluée, comme telle, lors de la réunion des présidents d’organes conventionnels des droits de l’homme qui a eu lieu, en juin dernier, à New York.  En outre, il n’incombe pas au seul Comité de répondre aux questions sur le renforcement des mécanismes, a poursuivi Mme Leinarte.  Comme il a été dit en juin, les États Membres peuvent présenter un rapport unique aux neufs organes conventionnels.  C’est à eux de décider.  Toutefois, le débat n’a pas été approfondi sur ces nouvelles modalités de présentation de rapport.

En réponse au Royaume-Uni, Mme Leinarte a expliqué que les possibilités pour le Comité d’agir contre l’esclavage moderne sont liées à la nouvelle recommandation générale.  Or, rien n’a encore été publié, pas même une note de cadrage.  Toutefois selon Mme Leinarte, la question de l’esclavage moderne fera certainement l’objet d’une recommandation sous l’angle des attaques sexuelles.  Et de préciser que les femmes et les filles représentaient 50% des victimes de la traite des personnes en général, mais plus de 80% quand il s’agit de la traite à des fins sexuelles.

À la question de la Fédération de Russie, Mme Leinarte a répondu que le Comité essayait de trouver un meilleur équilibre à travers un dialogue constructif, tout en reconnaissant que les experts allouaient peut-être parfois plus de temps à certaines délégations officielles qu’à d’autres, tout en essayant de faire de leur mieux.  Nous avons des règles établies, a-t-elle ajouté, tout en faisant observer que les membres des délégations officielles devraient se souvenir qu’il est important d’entendre les opinions et indications des experts du Comité pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes, car ils viennent pour cela.

Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, s’est alarmée des violences systématiques et généralisées basées sur le sexe, jugeant qu’elles sont profondément enracinées dans les discriminations à l’égard des femmes et continuent d’affecter le quotidien des femmes politiques, activistes et électrices à travers le monde.  Cette violence a un impact dévastateur non seulement sur les victimes et leurs familles mais également sur la démocratie elle-même, a averti la Rapporteuse spéciale, qui a décrit les différentes activités réalisées l’année écoulée. 

Mme Šimonović a rappelé le meurtre, en 2016, de Jo Cox, membre du Parlement du Royaume-Uni, estimant que cet acte témoignait de l’oppression que les femmes continuent de subir dans leur vie publique et politique.  De même, l’assassinat, en mars 2018 au Brésil, de Marielle Franco, activiste afro-brésilienne des droits de l’homme, et celui, en 2016 au Honduras, de Berta Cáceres, activiste dans le domaine de l’environnement, illustrent pour Mme Šimonović la manière dont le sexe, la race et la participation à la vie publique peuvent affecter la sécurité des femmes.

La Rapporteuse spéciale s’est élevée contre les stigmatisations, les stéréotypes associant l’homme dans l’arène politique et la femme au foyer, ainsi que la culture du silence et de l’impunité.  Elle a rappelé à l’assistance qu’au 1er janvier 2017, seuls 7,2% des chefs d’État, 5,7% des chefs de gouvernement et 23,3% des parlementaires dans le monde étaient des femmes.  Elle a expliqué cette faible représentativité féminine par les violences subies par les femmes dans les sphères publique et politique, y voyant une atteinte directe aux droits de l’homme.  Pourtant, a-t-elle poursuivi, les différents objectifs contenus dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 engagent les États à assurer une participation pleine et effective de la femme ainsi qu’une égale opportunité dans les postes de décision. 

Mme Šimonović a appelé à une mobilisation générale pour lutter contre ce phénomène.  Tous: États, acteurs non étatiques, y compris les partis politiques ainsi que les organisations internationales, les mécanismes indépendants de contrôle, la société civile et le mouvement des droits de la femme, tel que #Metoo, doivent agir pour soutenir, réparer et aider à la libération de parole, a-t-elle affirmé.

Mme Šimonović a dit être arrivée à deux importantes conclusions: la violence à l’égard des femmes est une atteinte aux droits de l’homme et un obstacle à la réalisation d’une participation équitable de la femme en politique.  D’où une urgente nécessité de renforcer les lois et les politiques qui protègent les femmes et leur garantissent un accès équitable à la chose publique et politique.

Débat interactif

Lors d’une discussion avec Mme Šimonović, le représentant de l’Afrique du Sud a indiqué que son pays était confronté au défi de l’intimidation des femmes dans les instances gouvernementales, intimidation caractérisée selon lui par des tentatives visant à saper leur pouvoir et l’égalité entre hommes et femmes.  Que faire, a-t-il demandé, face à un tel « leg sexiste » dans le domaine politique? 

L’Estonie a demandé s’il était envisageable pour l’ONU d’organiser prochainement une campagne internationale visant à mettre fin à la violence à l’égard des femmes dans les milieux politiques.  La représentante a en outre invité Mme Šimonović à fournir des mesures concrètes pour lutter contre la violence à l’égard des femmes sur les réseaux sociaux.  Cette dernière forme de violence a également été abordée par le Canada, dont le représentant a cité différentes mesures récemment prises pour lutter contre la discrimination et la violence à l’encontre des femmes, notamment celle qui s’exerce sur des supports numériques, avant de demander quels efforts supplémentaires devaient être consentis par les États pour lutter contre la violence à l’égard des femmes avant, pendant et après des élections.  Pour la République tchèque, le principal obstacle à la participation des femmes aux élections est la violence qu’elles subissent en période électorale.  La représentante a demandé à la Rapporteuse spéciale quelles seraient les mesures les plus urgentes à prendre pour y remédier.

Plusieurs autres délégations ont mis en avant la représentation des femmes au niveau politique.  Le Portugal a noté que la participation politique des femmes à la vie politique s’était améliorée dans le monde, mais de manière insuffisante, puisque seuls 7,2% des chefs d’État sont des femmes.  Comment améliorer encore davantage la participation des femmes à la vie politique dans l’Union européenne? a demandé le représentant.

La Colombie a, elle aussi, jugé nécessaire d’adopter des mesures supplémentaires pour lutter contre la discrimination à l’encontre des femmes, notamment dans la sphère politique.  En Colombie, la participation des femmes à la vie politique nationale est passée de 20% à 35% et le Gouvernement est paritaire pour la première fois.  Par ailleurs, l’égalité entre hommes et femmes est désormais un critère de sélection nationale pour les listes de candidats aux tribunaux du pays.

Dans le cadre du processus électoral en cours, le Brésil a indiqué que la Cour constitutionnelle du pays avait récemment rendu un arrêt, en vertu duquel au moins 30% du financement des campagnes électorales et du temps de parole à la télévision devait être consacré à des candidates.  Le représentant a appelé à mettre l’accent sur la prévention des violences contre les femmes et améliorer les moyens de signaler ces violences.  Il a demandé à la Rapporteuse spéciale dans quelle mesure la lutte contre la violence à l’égard des femmes en politique pourrait également contribuer à réduire cette violence dans l’ensemble de la société.  Le représentant de l’Union européenne a lui aussi demandé à Mme Šimonović de préciser ces recommandations pour lutter contre la violence à l’égard des femmes en politique.  Cette violence, s’est-il interrogé, exige-t-elle un traitement différent et des lois spécifiques par rapport aux autres cas de violence à l’égard des femmes et, si oui, pour quelles raisons?

L’Irlande a souhaité recevoir des exemples de mesures concrètes prises par la société civile ou l’ONU et ayant permis aux femmes de mieux assumer leurs responsabilités politiques.  En Irlande, les règles de financement des partis politiques comportent des critères de parité entre hommes et femmes, a précisé la représentante, qui a plaidé pour une approche globale du problème, centrée non seulement sur la représentation des femmes en politique, mais également sur le fonctionnement des partis.

L’Espagne a fait observer que, pour la première fois dans l’histoire du pays, le Gouvernement espagnol était composé d’une majorité de femmes, soit 11 femmes, par rapport à 6 hommes.  Le pays s’est également doté d’une stratégie nationale d’élimination de la violence à l’égard des femmes.  Le représentant a en outre salué les propositions formulées par la Rapporteuse spéciale pour lutter contre le harcèlement sexuel.  À sa suite, la représentante du Liechtenstein a demandé à la Rapporteuse spéciale quelles étaient, à ses yeux, les meilleures pratiques pour améliorer encore davantage la représentativité des femmes au sein des parlements nationaux.

La Suisse a insisté sur le rôle des mécanismes régionaux pour lutter contre la violence à l’égard des femmes.  Elle a notamment mentionné les efforts des pays européens pour protéger les victimes de violence sur l’ensemble du continent et appelé à renforcer encore cette coopération régionale, en particulier pour lutter contre la violence à l’égard des femmes dans la sphère politique.  Le représentant a aussi demandé à Mme Šimonović de détailler des mesures préventives de façon à lutter contre les stéréotypes sexistes véhiculés par les médias.

Le Royaume-Uni a expliqué avoir mis en place un programme pour lutter contre les violences sexistes dans les écoles, notamment dans le cadre de la politique de coopération britannique en Afghanistan.  Le Royaume-Uni a également demandé à la Rapporteuse spéciale ses préconisations en matière de partage d’informations sur les violences sexuelles pour améliorer la collecte et la diffusion de données sur les meilleures pratiques en matière de prévention.

La Slovénie a appelé les hommes à s’impliquer davantage dans les efforts de lutte contre la violence à l’égard de femmes, tout en demandant elle aussi comment mieux lutter contre la violence s’exerçant spécifiquement à l’encontre des femmes politiques.

Pour la Fédération de Russie, l’instauration de quotas électoraux est inefficace pour parvenir à l’égalité des chances en politique et il convient plutôt d’éliminer en amont les barrières à l’encontre des femmes, en tenant compte des circonstances nationales propres à chaque pays.  Pour la Fédération de Russie, le concept de « violence sexiste en politique » est une « pure invention » de la Rapporteuse spéciale.  La lutte contre les violences à l’égard des femmes doit être « globale et pas subdivisée en sous-catégories » professionnelles ou « en fonction de l’auteur du crime ».

L’Australie condamne tous les types de violence à l’égard des femmes, y compris physique, psychologique et numérique.  Sa représentante a assuré que le pays était fermement engagé à éradiquer ces violations des droits fondamentaux des femmes.

Le Nigéria a demandé à Mme Šimonović si, compte tenu de son expérience et de ses recherches, elle avait observé des similitudes dans les causes et les conséquences de la violence à l’égard des femmes, notamment entre pays développés et pays en développement.  Le représentant lui a aussi demandé si elle avait des recommandations distinctes à formuler pour ces deux groupes de pays.  Enfin, le représentant de l’Érythrée a estimé que prévenir la violence allait au-delà de la simple action policière et a demandé quelles étaient les mesures novatrices pouvant être prises par les États pour que la société prenne mieux conscience de cet enjeu.

Dans ses réponses, Mme Šimonović a donné quelques exemples de la coopération entre l’ONU et les mécanismes régionaux chargés de lutter contre la violence à l’égard des femmes, tout en regrettant que les ressources manquent à ces mécanismes pour qu’ils soient en mesure de s’acquitter de leur tâche.  Elle a donc jugé important « d’agir de concert » et a appelé les États Membres à davantage mettre l’accent sur la mise en œuvre des recommandations présentes dans les nombreux rapports.  Elle a précisé que ses propres rapports à venir comporteraient des mesures « très concrètes » pouvant être prises par les États sur les sujets débattus aujourd’hui.

Mme Šimonović a indiqué qu’il n’existait pas actuellement de données concernant les pratiques optimales pour lutter contre la violence à l’égard des femmes en politique, notamment durant les processus électoraux.  Elle a encouragé des mécanismes indépendants à travailler sur la question pour collecter de telles données.  La Rapporteuse spéciale a également appelé les États Membres à travailler ensemble pour mettre au point des systèmes de partage des données, notamment pour mettre en lumière d’éventuelles différences entre pays développés et pays en développement.

Mme Šimonović a ensuite affirmé qu’il existait un lien direct entre la participation politique des femmes et la violence contre les femmes.  Elle a jugé que les progrès en la matière étaient trop lents, tout en indiquant que son rapport apportait de nombreux éléments de réponse.  Répondant à l’Union européenne, elle a jugé inutile de se doter de lois spécifiques pour lutter contre la violence à l’égard des femmes en politique.  Pour la Rapporteuse spéciale, il faut des lois de portée générale concernant la violence contre toutes les femmes.  Toutefois, elle a appelé les États à s’inquiéter d’éventuelles lacunes dans les lois générales et à adapter celles-ci, si nécessaire, au cas spécifique des femmes en politique.  Les partis ont aussi un rôle à jouer, a-t-elle estimé, notamment pour faire en sorte que les femmes ne soient pas écartées au sein de leurs appareils.  Quant à la question spécifique de l’intimidation des femmes en politique, Mme Šimonović a estimé qu’il fallait avant tout que ces dernières soient capables de dénoncer de tels faits par des canaux dédiés.

Sur la question des violences à l’égard des femmes sur Internet, la Rapporteuse spéciale a indiqué que son précédent rapport portait précisément sur ce thème.  Elle a appelé les États Membres à donner suite aux recommandations formulées dans ce rapport.  « Je sais que vous êtes saisis de beaucoup de rapports », a-t-elle reconnu, tout en invitant les États Membres à accorder une attention spéciale aux violences sur Internet, de façon à identifier les nouveaux défis et les mesures à prendre.  À ce stade, a-t-elle dit, nous devons travailler de concert avec les grands acteurs du secteur, comme Facebook et Twitter.

En conclusion, Mme Šimonović a estimé qu’en 2020, la communauté internationale disposerait de beaucoup plus d’informations pour prendre les mesures qui s’imposent, notamment sur les thèmes de la violence en politique et sur Internet à l’égard des femmes.

Discussion générale

M. OMAR HILALE (Maroc), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a réaffirmé l’engagement de celui-ci dans la lutte pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Reprenant à son compte les mots de Nelson Mandela, M. Hilale a lancé qu’« aussi longtemps que les femmes seront enchaînées à la pauvreté et aussi longtemps qu’elles seront méprisées, les droits de l’homme manqueront toujours de substance. »

Le représentant a rappelé à cet égard combien l’Afrique faisait tous les efforts possibles afin d’éliminer toutes les formes de violence envers les femmes, promouvoir leur bien-être et accroître leur participation dans les sphères publiques et privées.  En témoignent, à ses yeux, les textes de l’Acte constitutif de l’Union africaine, la Déclaration solennelle sur l’égalité entre les hommes et les femmes en Afrique et le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique.  Le Groupe des États d’Afrique était également convaincu des liens étroits qui unissent l’autonomisation des femmes et la réalisation des objectifs de développement de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  L’Union africaine a, à cet effet, récemment adopté une nouvelle stratégie pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes qui servira de feuille de route pour s’assurer que leurs droits, leur sécurité et leur dignité sont respectés, mais aussi que leur voix est entendue et soutenue.

Toutefois, M. Hilale a reconnu qu’il restait beaucoup à faire sur le continent africain.  « L’inégalité des sexes demeure un obstacle pour notre développement », a-t-il expliqué avant d’énumérer: « Les femmes continuent de faire face à des violences, à des mutilations génitales, à des mariages forcés, à des exclusions économiques, à une sous-représentativité, à une inégalité devant les tâches domestiques, à des freins pour accéder à la propriété ou hériter et à des services de santé défaillants ».

Compte tenu de cette situation, le représentant a rappelé combien la qualité et la continuité des soins et des systèmes de santé était un pilier des objectifs de développement durable.  Que les femmes en difficulté économique continuent d’être affectées par cette maladie dévastatrice mais évitable qu’est la fistule obstétricale inquiète particulièrement le Groupe des États d’Afrique, a-t-il ajouté avant d’appeler à son éradication en une génération.

C’est dans le même esprit que l’Union africaine a lancé, en 2010, la Décennie des femmes africaines, un programme politique destiné à déployer les initiatives globales et continentales à destination des femmes.  Alors qu’il ne reste plus que deux ans avant la fin de cette Décennie, M. Hilale a répété que l’Afrique intensifiait ses efforts avec des actions concrètes et ciblées.  Il en a voulu pour preuve le tout nouveau Réseau des femmes d’influence en Afrique, dont le travail de mobilisation sur le terrain s’inscrit dans le cadre du thème choisi pour l’année 2019: la prise de décisions des femmes.  Le lancement du Fonds d’excellence pour les femmes africaines, la constitution du Groupe des Amis du Réseau des femmes d’influence à l’ONU, mais aussi la tenue récente d’une discussion de haut niveau intitulée « Tirer parti du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU pour renforcer le rôle et le leadership des femmes dans la transformation de l’Afrique » participent de ces initiatives positives du Réseau qui maximisent les opportunités pour les femmes, a assuré M. Hilale.  Assurer la continuité des efforts de ce Réseau demeure néanmoins un véritable défi, a-t-il conclu, avant d’appeler tous les partenaires à continuer de soutenir cette initiative pour la maintenir en vie.

M. LUIS BERMUDEZ (Uruguay), s’exprimant au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a indiqué qu’avec la tendance actuelle au vieillissement de la population mondiale, il était impératif d’autonomiser les personnes âgées, notamment les femmes.  La situation des femmes âgées mérite des changements politiques urgents, a—t-il affirmé, soulignant que le vieillissement avait un impact différent sur les femmes.  Il a notamment déploré certains facteurs qui conduisent à la « féminisation de la pauvreté », notamment chez les femmes âgées.  Ces dernières sont en effet plus affectées par la pauvreté parce que les disparités salariales se répercutent sur leur pension de retraite, a-t-il expliqué, y voyant une conséquence directe des inégalités d’éducation et d’emploi. 

Le Groupe des Amis des personnes âgées rappelle que le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement appelle à éliminer les inégalités sociales et économiques basées sur l’âge, le genre ou tout autre critère, afin d’assurer que les personnes âgées auront un accès universel et égal aux soins de santé.

M. Bermudez a en outre regretté le fait que le vieillissement ait une connotation négative du fait qu’on le résume parfois aux soins de santé, aux pensions et à d’autres services.  Les femmes âgées sont particulièrement affectées par des stéréotypes trompeurs et négatifs, notamment les qualificatifs de « faibles » et « dépendantes », a-t-il ajouté.  Il faut donc des politiques nouvelles et une mise en œuvre rigoureuse de celles-ci, et bien entendu davantage de fonds de plusieurs sources, y compris l’aide publique au développement, afin de ne laisser de côté aucune femme, ni aucune fille au cours de leur vie, a conclu le représentant.

M. RUDOLPH TEN-POW (Guyane), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a renouvelé l’engagement des États de l’organisation régionale à faire avancer l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, deux thèmes selon lui propulsés au-devant de la scène médiatique depuis l’an dernier dans la lignée des mouvements #MeToo et #TimesUp.  Le représentant a précisé que les pays de la CARICOM s’étaient notamment attachés, conformément à la Déclaration et au Programme d’action de Beijing, à systématiquement adopter une perspective de genre dans l’élaboration de leurs politiques publiques nationales, à améliorer l’éducation et les formations destinées aux femmes et aux filles, ainsi qu’à élargir l’accès des femmes à des postes de hauts fonctionnaires.

S’agissant tout particulièrement de la violence sexiste, M. Ten-Pow a indiqué que la quasi-totalité des États de la CARICOM avaient pris des mesures législatives pour protéger les victimes, sanctionner les auteurs et criminaliser les divers actes de violence physique, psychologique et sexuelle à l’égard des femmes.  Mettant l’accent sur la lutte contre le harcèlement sexuel au travail, le représentant a cité un certain nombre d’initiatives nationales des pays de la CARICOM, à commencer par la loi sur le harcèlement sexuel adoptée, en octobre 2017, par le Parlement de la Barbade.  Cette nouvelle loi, a-t-il salué, porte sur la protection des employés issus aussi bien du secteur public que du privé, notamment via la création d’un cadre pour le signalement des cas de harcèlement sexuel au travail et l’établissement de procédures pour les traiter.

Jusqu’à l’adoption de cette loi, a précisé M. Ten-Pow, seul le Belize disposait d’une législation dédiée au harcèlement sexuel.  Néanmoins, Sainte-Lucie, la Guyane et la Trinité-et-Tobago ont adopté des dispositions similaires de protection des victimes au sein de lois plus générales de lutte contre la discrimination.  Dans le même ordre d’idée, les Bahamas ont mis en place un système de protection des victimes de harcèlement sexuel dans le cadre de leur loi nationale sur les infractions sexuelles.

À la Grenade, le Parlement travaille actuellement sur un projet de loi pour lutter contre la cybercriminalité, dans laquelle le représentant a vu le nouvel espace d’expression de la violence sexuelle.  Parallèlement, Saint-Vincent-et-les Grenadines a adopté une loi sur les violences intrafamiliales qui protège les victimes de violence sexuelle, de harcèlement sexuel et de violence psychologique.

Pour donner suite à ce tour d’horizon des efforts des pays de la CARICOM pour améliorer leurs cadres législatifs respectifs de lutte contre les violences sexistes et le harcèlement sexuel, le représentant a assuré de la volonté de l’organisation de collaborer avec tous les États Membres, ONU-Femmes et d’autres partenaires pour faire avancer cette question, ainsi qu’améliorer la collecte et la diffusion de statistiques concernant la violence sexuelle dans les Caraïbes.

Mme LINDA SCOTT (Namibie), s’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a rappelé que la SADC avait inclus l’approche de genre dès sa création, ce qui illustre de manière éloquente l’engagement politique de longue date de la région à intégrer l’égalité des genres dans son ordre du jour.  En effet, a-t-elle poursuivi, l’inclusion de cette question dans le Traité fondateur émane de la reconnaissance que l’inégalité entre les sexes a un impact négatif et multidimensionnel sur le développement économique, les stratégies de lutte contre la pauvreté, les droits de l’homme ainsi que dans la participation à la décision pour renforcer davantage l’intégration régionale.

La SADC a toujours estimé que l’autonomisation de la femme signifie l’autonomisation de la communauté car « nous reconnaissons son rôle dans la réalisation d’un développement humain intégré » et en tant que vecteur contre toutes les formes d’inégalités, a poursuivi la représentante.  Ainsi, le plan stratégique indicatif de développement régional de la SADC pointe du doigt les inégalités existant dans la région, notamment l’accès limité des femmes aux ressources, aux établissements de santé, à l’éducation et à l’emploi.  Bien plus, un grand nombre de femmes sont présentes dans le secteur informel où les revenus sont extrêmement bas et inconstants et les moyens de subsistance précaires, a encore assuré Mme Scott.

Au-delà des principes inscrits dans son Traité fondateur, et fidèle à son engagement à la cause, la SADC a posé un cadre législatif adopté par la majorité de ses États membres pour, notamment, accroître la participation féminine dans la prise de décisions à tous les niveaux, faciliter l’accès des femmes et des filles à l’éducation, réduire l’incidence de la pauvreté et autonomiser la femme économiquement en développant ses capacités entrepreneuriales, technologiques et financières.

Mme Scott a enfin réaffirmé l’engagement de la SADC à promouvoir l’égalité des genres et la condition de la femme, notamment dans le cadre de sa vision d’une « région où les femmes, les hommes, les filles et les garçons disposent des mêmes opportunités pour participer librement en tant que partenaires à toutes les sphères de la vie publique et privée, y compris dans les processus de prise de décisions ».

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a déclaré, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), que le plan de travail de la Commission de la femme de l’ASEAN 2016-2020 visait à améliorer le leadership féminin, intégrer la perspective des genres dans les trois piliers de l’Association, éliminer la violence à l’encontre des femmes, promouvoir l’autonomisation des femmes et protéger les femmes dans des situations vulnérables.  En outre, durant le Sommet de l’ASEAN de novembre 2017, les dirigeants ont adopté la Déclaration sur la mise en œuvre de la Community Vision 2025 et les objectifs de développement durable en mettant un accent particulier sur la promotion du leadership des femmes, l’élimination des préjugés à leur égard, leur autonomisation économique, l’élimination des violences à leur encontre et l’intégration du genre dans les trois piliers de l’ASEAN.

En juin de cette année, la Conférence des femmes de l’ASEAN sur l’intégration du genre a réalisé une première étape essentielle dans l’élaboration du plan d’action socioculturel de l’ASEAN sur l’intégration de la dimension de genre.  M. Prongthura a ajouté que, depuis quelques années, la participation des femmes dans la population active avait augmenté de 60% à 70% du total de la main d’œuvre dans les pays de l’Association. 

Rappelant quelques principes du Programme d’action pour l’intégration de l’autonomisation économique des femmes dans l’ASEAN, le représentant a indiqué que l’ASEAN s’engageait aussi avec les partenaires extérieurs et avec les Nations Unies sur des questions relatives à l’égalité entre les hommes et les femmes et la promotion des femmes.  L’Association travaille notamment avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour éliminer la traite des êtres humains, y compris la lutte contre l’exploitation sexuelle et économique dans la région.  La coopération sur les femmes, la paix et la sécurité est un autre domaine qui a vu un progrès significatif dans la région, a rappelé M. Prongthura.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador), qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que la pauvreté représentait un obstacle sérieux sur la voie de l’égalité des genres.  Pour la CELAC, l’imbrication de plus en plus étroite de la pauvreté et des inégalités entre hommes et femmes nécessite l’engagement de tous les pays pour en venir à bout.  De même, la participation pleine et active des femmes aux processus politiques à tous les niveaux de gouvernance et dans tous les secteurs doit devenir une priorité absolue des agences nationales régionales et internationales.

Le représentant a appelé à reconnaître et valoriser la contribution des travailleuses migrantes au développement durable et à la croissance économique des pays d’accueil et de leurs pays d’origine.  Leurs droits humains doivent être pleinement respectés, sans considération de leur statut de migrantes, a-t-il insisté.

Au sein de la CELAC, les États réaffirment leur détermination à en finir avec les stéréotypes culturels des sociétés patriarcales qui perpétuent la division du travail sur les seuls critères de genre, a poursuivi M. Escalante Hasbún.  Ils s’engagent aussi à mettre en place des politiques et des programmes destinés à promouvoir l’accès des femmes à un travail décent, en particulier parmi les catégories confrontées à de multiples discriminations, comme les femmes jeunes, autochtones, d’ascendance africaine, les femmes rurales, les migrantes, les femmes âgées et les handicapées ainsi que celles vivant avec le VIH/sida.

De même, les pays de la CELAC insistent sur le rôle des femmes rurales dans l’élimination de la pauvreté, en tant qu’agents du développement agricole durable.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a souligné, au nom des pays baltes et nordiques, que le plein exercice des droits de l’homme par les femmes et les filles était une condition pour des sociétés inclusives, sans discrimination.  Il s’est élevé à cet égard contre les stéréotypes sexistes qui sont la cause des inégalités à travers le monde.  Pour surmonter ces stéréotypes, il a préconisé une sensibilisation depuis la plus petite enfance.  Car ce phénomène ne se traduit pas uniquement par des inégalités dans l’accès à l’éducation, dans la vie professionnelle, dans la prise de décisions politiques; il a également une incidence négative dans la vie personnelle et est à l’origine de violence à l’égard des femmes dans la sphère privée, a expliqué le représentant.

Les pays baltes et nordiques attachent une grande importance à la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles et appellent à leur élimination.  Il est de « notre responsabilité, tous ensembles, y compris les États, de s’assurer que ces violations flagrantes ne soient jamais acceptées et que leurs auteurs soient tenus responsables », a insisté M. Jürgenson.  Le représentant a appelé à un changement de mentalité à tous les niveaux ainsi qu’à l’adoption d’actions orientées vers l’égalité des sexes.  Intégrer cette problématique dans tous les objectifs de développement durable est un élément essentiel sur la voie du progrès, a poursuivi M. Jürgenson.

De plus, et pour ne laisser personne de côté, le représentant a appelé à accorder une attention particulière aux personnes sujettes aux multiples formes de discriminations croisées qui affectent non seulement les femmes et les filles mais également les femmes handicapées, autochtones ainsi que les femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres.

Les pays baltes et nordiques plaident pour la participation des femmes dans les processus de réconciliation, car elles contribuent à la réalisation d’une paix durable.  Les conflits liés à la violence sexiste et sexuelle sont un crime épouvantable et doivent cesser, a déclaré le représentant, pour qui l’un des moyens pour réaliser l’égalité des genres consiste à tirer avantage des potentialités offertes par l’ère numérique.  C’est pourquoi le représentant a jugé essentiel de développer les compétences des femmes dans les domaines des technologies de l’information et des communications et a exhorté à s’attaquer au harcèlement en ligne.  Enfin, les pays baltes et nordiques s’engagent pleinement à participer dans les négociations de tous les projets de résolution visant à promouvoir la femme.

Mme DORTHE WACKER de l’Union européenne a déclaré que l’égale participation et représentation des femmes dans toutes les sphères de la société participait à la construction de la paix, du développement durable et à l’édification de sociétés résilientes.  Pour que les sociétés prospèrent, les femmes doivent avoir accès à une éducation de qualité, aux soins de santé, à la technologie.  Elles doivent également avoir accès aux ressources, aux terres, aux marchés, en plus d’avoir les mêmes chances d’être dirigeantes, médiatrices et pacificatrices.  Aujourd’hui, la communauté internationale a donc l’occasion unique de répondre aux voix de plus en plus pressantes à travers le monde des femmes qui réclament leurs droits, a estimé la représentante.

En ce qui la concerne, l’Union européenne reste plus que jamais déterminée à œuvrer pour les droits de la femme, l’autonomisation de toutes les filles et femmes, et pour l’égalité des genres.  Elle a soutenu plusieurs initiatives onusiennes en ce sens, notamment l’Appel à l’action pour la protection contre la violence sexiste dans les situations d’urgence lancé lors de la dernière semaine ministérielle de l’Assemblée générale.  Par ailleurs, à travers la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à égard des femmes et la violence domestique, dite Convention d’Istanbul et avec l’adoption de mesures visant à sa mise en œuvre effective, l’Union européenne envoie un message clair contre ces violences, a déclaré le représentant.

M. JUSSI TANNER (Finlande) a déclaré que les discours de haine qui perpétuent les préjugés sexuels nourrissent la violence conjugale.  Cette situation s’est aggravée avec la numérisation.  Elle vise particulièrement les militantes féministes et les femmes lesbiennes, bisexuelles, transgenres et intersexuées.  Dès lors, a déclaré le représentant, il faut accroître les efforts de prévention, moderniser les pratiques de l’application de la loi et réviser les lois pour permettre des réponses plus rapides et pour freiner les discours de haine en ligne.  Les moyens en ce sens peuvent être trouvés dans les conventions internationales sur les droits de l’homme, a-t-il estimé. 

Non seulement ces conventions sont importantes pour réviser et adapter les politiques et pratiques nationales, mais elles sont aussi la pierre angulaire des positions de la Finlande dans les négociations internationales sur ces sujets notoirement difficiles, a expliqué M. Tanner.  « Nous essayons de protéger les alliances qui constituent le corpus du droit international des droits de l’homme et fondons nos positions de négociation dans ces conventions, tout en adoptant une approche pragmatique », a-t-il ajouté.

Le représentant s’est dit « fermement convaincu » qu’il est possible de trouver un terrain d’entente si nous essayons d’enraciner les interprétations du droit international des droits de l’homme dans la vie quotidienne des femmes et des filles du monde entier.  Il a regretté que les négociations sur la santé et les droits sexuels et reproductifs aient été écartées des réalités des femmes et des filles et que les compromis difficiles conclus à Beijing et au Caire soient constamment remis en question, défiés et sapés.  Les femmes et les filles du monde entier portent le fardeau des conséquences de notre incapacité à parvenir à un accord, a déploré le représentant.

Mme WAGNER (Suisse) a noté que les évolutions dont nous sommes témoins depuis plusieurs mois suscitent une attention accrue pour les violences faites aux femmes, en particulier sur le harcèlement sexuel.  Ils ont en effet permis de renouveler le débat public sur les droits des femmes et contribuent à remettre en question les normes sociales et les rôles stéréotypés.

La représentante a ensuite décrit deux mesures prises par la Suisse au niveau national.  La première vise à mettre en évidence l’étendue du phénomène de harcèlement de rue dans plusieurs villes, dont certaines ont déjà adopté des mesures de prévention et de sensibilisation.  La ville de Lausanne a notamment adopté une stratégie globale de lutte contre le harcèlement de rue à travers une formation pour les acteurs de la sécurité, des campagnes de prévention dans les écoles et de sensibilisation de la population en général.

La seconde mesure concerne le lieu de travail, où le harcèlement sexuel a un impact profondément négatif sur la jouissance des droits économiques des femmes.  La loi fédérale sur l’égalité entre les hommes et les femmes interdit toute forme de discrimination sur le lieu de travail, y compris le harcèlement sexuel, tant dans le secteur public que privé.  Les employeurs ont donc l’obligation légale de le prévenir et de répondre aux cas qui se produiraient, a expliqué le représentant.  À la suite d’une étude sur l’effectivité de la loi et son application par les tribunaux, il s’est avéré qu’environ 80% des décisions de justice analysées concernant des cas de harcèlement sexuel n’avaient pas eu une issue favorable pour la personne salariée. 

La Suisse est également inquiète de l’ampleur et l’incidence de la violence et du harcèlement sexuel contre les femmes et les filles facilitées par la technologie.  Par ailleurs, la Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique est entrée en vigueur à l’égard de la Suisse le 1er avril 2018.  Enfin, la Suisse exprime son appui à l’Organisation internationale du Travail pour élaborer une norme de référence en matière de violence et de harcèlement dans le monde du travail.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) s’est dite prête à s’engager davantage en faveur de l’égalité des genres dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Face à la persistance des violences à l’égard des femmes et des violences sexuelles, Mme Oehri a appelé à mettre fin aux stéréotypes néfastes et aux abus de pouvoir à l’encontre des femmes.  Elle s’est également élevée contre les violences sexuelles à l’encontre des hommes et des garçons, qui sont, selon elle, souvent passées sous silence en raison des tabous et de la peur de la stigmatisation.

La représentante a appelé à lutter contre l’esclavage moderne et la traite des êtres humains, rappelant que près de 40 millions de personnes dans le monde vivaient actuellement dans des conditions proches de l’esclavage, en majorité des femmes et des filles.  Ces dernières, a-t-elle ajouté, sont souvent exploitées sexuellement ou dans le travail.  Mme Oehri a indiqué que le Liechtenstein était prêt à mettre son expertise et ses ressources au service de la lutte contre ce trafic, dont les revenus illégaux sont estimés à plus de 150 milliards de dollars par an.

M. MUTUA (Kenya) a réaffirmé l’engagement de son pays pour la réalisation de l’objectif 5 du Programme 2030, et a rappelé que dans sa Constitution 2010, le Kenya garantit l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes.  La Constitution exige également l’adoption d’une législation visant l’établissement de politiques et cadres pour la réalisation de l’égalité des sexes en tant que condition pour éradiquer la pauvreté et réaliser le Programme 2030, a jouté le représentant.

Le Kenya œuvre pour assurer la participation de la femme dans la gouvernance et les décisions clefs, déclinant la vision présidentielle en quatre points, fondée notamment sur la sécurité alimentaire, des soins de santé abordables et l’accès au logement.  Une initiative dont l’objectif, a expliqué le représentant, est d’investir dans les facteurs socioéconomiques afin de promouvoir la vie des femmes, des jeunes et des enfants, groupes qui portent le fardeau des inégalités sociales.

M. FRANCISCO GONZALEZ (Colombie) a plaidé pour que l’objectif de « ne laisser personne de côté » du Programme de développement durable à l’horizon 2030 soit réalisé en particulier pour les femmes victimes de discriminations croisées.  Il faut, a-t-il recommandé, des politiques et des mesures qui garantissent leurs droits tout en mettant l’accent sur leur rôle dans les économies locales et nationales, dans la sécurité alimentaire, dans les familles et en tant que facteur de cohésion sociale de leurs communautés.  Le représentant a également souligné l’importance d’une transformation de la répartition des fonctions et responsabilités des femmes et des hommes dans les familles et les sociétés.  Le Gouvernement colombien met en œuvre un processus de sensibilisation et d’appropriation des dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, a-t-il assuré.

M. Gonzalez a abordé la question de la violence contre les femmes dans les politiques en indiquant que la Colombie promeut la participation des femmes sur les scènes internationale et nationale, pour garantir l’intégration de la perspective de genre et la jouissance effective des droits de l’homme et des libertés fondamentales en termes d’égalité homme-femme.  La participation des femmes en politique en Colombie est passée de 20% en 2011 à 36,5% en 2015, a-t-il signalé.  Il y a eu 308 femmes inscrites aux élections sénatoriales, dont 25 ont obtenu un siège, soit 2 de plus qu’en 2014.  Pour la chambre des représentants, il y avait 637 candidates et 31 ont été élues, le même chiffre qu’en 2014 mais 11 de plus qu’en 2010.  Le représentant a ajouté que la branche judiciaire avait intégré l’égalité des genres comme principe et critère de sélection pour la conformité des listes de candidats aux juridictions supérieures.  Il a aussi rappelé que, lors des négociations avec les anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) qui ont abouti à l’Accord de paix, une sous-Commission sur le genre, unique en son genre, était chargée d’inclure cet objectif dans l’ensemble de l’accord à venir.

Mme WILLEMIEN KONING-HOEVE (Pays-Bas) a souhaité mettre l’accent sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural, une cause qu’elle défend en sa qualité d’agricultrice et de représentante nationale d’ONU-Femmes.  En 2018, nous ne pouvons accepter qu’un nombre incalculable de femmes rurales soient confrontées aux inégalités et à la pauvreté, a-t-elle fait valoir, citant les cas de la Néerlandaise Anneke, de l’Américaine Lucy, de l’Éthiopienne Maria et de la Sud-Africaine Sizani Nugabe, qui toutes lui ont confié leurs difficultés financières, logistiques, culturelles et religieuses en tant que femmes.

Rappelant que les femmes possèdent moins de 20% des terres et cultivent souvent celles de leur époux, Mme Koning-Hoeve a relevé que, même dans un pays développé comme les Pays-Bas, l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale était loin d’être un acquis.  En conséquence, les pensions de retraite présentent un écart de 47%, ce qui pose notamment problème aux femmes divorcées.  Des études font aussi apparaître des inégalités en matière de prise de décisions, a poursuivi la représentante, estimant que les femmes qualifiées méritent pourtant d’avoir des postes à responsabilités.

À la lumière de ces éléments, Mme Koning-Hoeve a appelé les États Membres à se conformer à la résolution de l’Assemblée générale portant sur l’amélioration de la situation des femmes et des filles en milieu rural, adoptée par consensus en décembre dernier, ainsi que les conclusions de la soixante-deuxième session de la Commission de la condition de la femme, en mars dernier.  Elle s’est également prononcée pour un renforcement de l’autonomisation politique et socioéconomique des femmes rurales et pour une participation égale aux décisions dans tous les domaines.  Enfin, elle a plaidé pour que les organisations et coopératives de femmes soient soutenues, de même que le droit à la propriété terrienne des femmes.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a regretté que la femme continue d’être sous-représentée à tous les niveaux de la prise de décisions politiques, alors que 70% des 2,7 milliards de pauvres à travers le monde sont des femmes, tout comme près des deux tiers des 800 millions d’analphabètes.  Plus de 300 000 femmes meurent en couches chaque jour à cause de complications pourtant évitables et 99% d’entre elles sont originaires des pays du Sud, a également relevé la représentante. 

Cuba, pour sa part, est fière des résultats tangibles obtenus dans la promotion et l’autonomisation des femmes et des filles.  « Nous étions le premier pays à signer et le second à ratifier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes », s’est enorgueillie la représentante.  Les femmes à Cuba gagnent le même salaire que les hommes pour un travail égal.  Les femmes composent 53,2% du Parlement cubain, un pourcentage qui place le pays à la seconde place dans le monde en termes de présence féminine dans le cadre législatif.

Mais pour éliminer les violences à l’égard des femmes et des filles, toutes les mesures coercitives unilatérales à l’encontre de Cuba doivent être levées, a poursuivi Mme Rodríguez Camejo, qui a rappelé que le blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis représentait un « obstacle pour l’essor du pays et la promotion de la femme et son droit au développement ».

Mme AKANE MIYAZAKI (Japon) a expliqué que, soucieux de renforcer sa coopération internationale et l’aide au développement pour parvenir à « une société où les femmes brillent », le Japon avait pris plusieurs engagements concrets.  Le Japon a ainsi octroyé 50 millions de dollars à la Women Entrepreneurs Finance Initiative (We-Fi), créée lors du G20 de Hambourg en 2017.  « Notre contribution promeut l’indépendance financière et la participation économique et sociale des femmes dans les pays en développement », a-t-elle détaillé. 

Sur le plan national, une loi sur la promotion de l’égalité des genres dans la sphère politique a été votée en mai, a poursuivi la représentante.  Le Parlement japonais a aussi adopté, en juin, des lois importantes pour réformer la manière de travailler.  Le Japon, a expliqué Mme Miyazaki, veut devenir une société dans laquelle quiconque pourra trouver un emploi adapté à sa manière de vivre et à ses besoins, dans laquelle le surmenage aura moins cours, et qui offrira des conditions de travail justes, quel que soit le niveau d’emploi. 

Soulignant l’engagement du Japon au sein des Nations Unies, le représentant s’est félicité de l’élection, en juin, du professeur Hiroko Akizuki au sein du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.  Le Japon est aussi impliqué dans la promotion du programme pour les femmes et la paix et la sécurité (WPSA).  Il soutient l’autonomisation des femmes victimes de conflits au Moyen-Orient et en Afrique, ainsi que l’amélioration des systèmes judiciaires pour prévenir les violences sexuelles en zone de conflits.

Mme Miyazaki a enfin rappelé la tenue à Tokyo, en mars 2019, de la cinquième Assemblée mondiale des femmes, en parallèle du Sommet mondial des femmes que le Japon organisera l’an prochain.

M. RONNIE HABICH (Pérou) a réaffirmé l’importance de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et réitéré l’engagement du Pérou en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable, en particulier l’objectif 5 (égalité entre les sexes).

C’est pour remplir cet objectif, qui vise à mettre un terme à toutes les formes de discriminations contre les femmes et les filles, et à éliminer les violences de genre, que le pays devrait ratifier, avant la fin de l’année, sa Politique nationale d’égalité des genres, qui sera le principal instrument encadrant les comportements sociaux libres de discrimination contre les femmes, a expliqué le représentant.  De même, le pays a mis en œuvre le Plan national contre les violences de genre 2016-2021, qui met l’accent sur l’aspect préventif, afin de changer les schémas socioculturels qui reproduisent les relations déséquilibrées de pouvoir et les différences de genre qui légitiment et exacerbent la violence de genre au sein de la famille, de la société et des institutions publiques.

Conscient que les avancées en la matière ne seront pas suffisantes et ne résoudront pas les différences existant sur le marché du travail, le pays promeut la participation active de la femme dans l’économie, afin qu’elle réalise sa pleine indépendance, a encore déclaré M. Habich.  À cette fin, 97% des entreprises publiques garantissent des droits et journées de congé maternité et paternité, 52% d’entre elles un environnement de travail libre de harcèlement sexuel, et 55% d’entre elles proposent au moins une politique visant à diminuer les disparités des genres.

Pour M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), la promotion de la condition des  femmes au Bangladesh est une réalité, et ce, dans toutes les sphères de la vie politique et publique.  L’actuelle Première Ministre, Sheikh Hasina, œuvre à la promotion de la condition de la femme, qui est présente partout, aussi bien au plan social, politique qu’économique.  Elles sont ainsi 72 femmes dans le Parlement, où les plus hautes responsabilités sont entre les mains des femmes.  Le Bangladesh est peut-être le seul pays où la femme a atteint un tel niveau d’autonomisation au niveau politique, a fait observer le représentant.

Au Bangladesh, l’école est gratuite pour les filles jusqu’à la terminale; près de 20 millions de femmes travaillent dans les secteurs de l’agriculture, des services et de l’industrie; les femmes représentent 80% des 4,5 millions de personnes travaillant dans le secteur du prêt-à-porter.  M. Bin Momen a fait observer que tous les plans et politiques de développement au plan national intègrent une approche de genre.  Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays, l’un des plus importants exportateurs de main-d’œuvre, et en particulier de femmes sans qualification employées comme domestiques, veille à faire respecter leur droit à la dignité par des mesures concrètes.

M. CHERNENKO (Fédération de Russie) a déclaré que l’égalité entre les sexes était un sujet d’actualité et nécessitait la participation de tous.  Il a rappelé que, dans deux ans, seraient célébrés le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, estimant que le Processus de Beijing+25 donnerait un nouvel élan aux mesures prises sur cette base.

La Fédération de Russie ne juge pas nécessaire de rappeler dans les documents l’égalité homme-femme comme un élément distinct.  En revanche, cette dernière doit être intégrée dans les travaux là où il est logique de le faire.  Tout en jugeant positives les activités d’ONU-Femmes, le représentant a estimé que l’aide fournie sur place par l’agence devait se faire dans le strict respect de son mandat, pour accompagner les États, et ce, « à leur demande et avec leur accord ».

En outre, la Fédération de Russie estime que la sélection des candidats à un poste donné ne doit pas se fonder seulement sur l’appartenance à un genre mais devait aussi prendre en compte les compétences et l’expérience.  Ainsi, le déséquilibre « évident » entre les genres au sein d’ONU-Femmes va « à l’encontre même de l’approche de l’ONU qui tend à inclure plus d’hommes dans les politiques concernant les femmes », a estimé le représentant.

En Fédération de Russie, la stratégie nationale dans l’intérêt des femmes 2017-2022 vise un meilleur accès des femmes à la santé ainsi que la prévention de la violence à l’encontre des femmes, a expliqué le représentant, qui a conclu en appelant à la réalisation de l’objectif 5 du Programme 2030 par le biais d’échanges constructifs et d’un dialogue respectant les traditions nationales des pays.

M. AZIZ (Iraq) a souligné qu’il ne peut y avoir de développement durable sans la pleine participation des femmes à la prise de décisions dans les domaines économique, politique, social et culturel.  Il a insisté sur l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes.  À cet égard, la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, de même que celle des grandes conférences et des sommets de haut niveau, constitue un socle solide pour la réalisation des objectifs de développement durable.  D’un autre côté, le nouveau Plan stratégique 2018-2021 d’ONU-Femmes est un moyen administratif et de planification visant à remédier aux causes profondes des inégalités et des discriminations fondées sur le sexe, a estimé le représentant.  M. Aziz a recommandé une réforme et un renforcement des institutions consacrées à la promotion de la femme, doublée d’une allocation adéquate de ressources.

La législation iraquienne relative aux droits des femmes concernent le statut personnel de 1959 qui organise les relations liées au mariage et à la famille; la loi sur la citoyenneté de 2006 qui donne à la femme le même droit qu’à l’époux en termes de transmission de la nationalité à ses enfants; la loi électorale établissant un quota; et celle sur la lutte contre la violence domestique dans la province du Kurdistan; ainsi que la loi sur la protection sociale de 2014 garantissant les droits des divorcées, des veuves et des femmes célibataires.  Une loi de 2015 sur le travail inclut notamment des mesures spéciales de protection des travailleuses.  Le représentant a également cité l’assistance particulière aux femmes rescapées des violences infligées par le mouvement terroriste Daech, par le biais d’un communiqué conjoint avec l’ONU pour prévenir et combattre les violences sexuelles liées aux conflits, signé en septembre 2016.

M. SACKPASEUTH SISOUK (République démocratique populaire lao) a affirmé que son gouvernement attachait la plus grande importance à la promotion de la femme et l’égalité des sexes.  Il en a cité pour preuve la Constitution qui dispose que l’État a la responsabilité d’adopter une politique pour développer et promouvoir le progrès de la condition des femmes, afin qu’elles se trouvent sur un pied d’égalité avec les hommes en matière de droits et d’opportunités économiques et sociales. 

Afin de réaliser ces objectifs et mettre en œuvre les initiatives internationales comme la Déclaration de Beijing, le Gouvernement a intégré l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes dans ses plans quinquennaux de développement socioéconomiques successifs, y compris le huitième Plan quinquennal 2016-2020, a expliqué le représentant.  Dans le même temps, la Vision pour le développement des femmes lao 2030, le Plan stratégique de développement pour les femmes lao 2025 et le Plan quinquennal de développement des femmes lao 2020-2025 visent à protéger les droits des femmes et à leur créer des opportunités dans le processus de développement socioéconomique. 

Au niveau international, le Gouvernement lao continue de s’acquitter de ses obligations en vertu des traités internationaux, en particulier la Convention pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et l’égalité des sexes, a encore assuré le représentant.  Ainsi, en novembre prochain, il présentera ses huitième et neuvième rapports périodiques sur la mise en œuvre de la Convention.

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a regretté que les femmes continuent d’être toujours touchées de façon disproportionnée par la pauvreté.  Pour le représentant, la Déclaration et le Programme d’action de Beijing jouent un rôle essentiel pour mettre en lumière les facteurs à l’origine de la poursuite de la marginalisation des femmes et les moyens de leur autonomisation.

Pour l’Érythrée, l’égalité des sexes n’est pas uniquement un enjeu de justice sociale, mais aussi de dignité et une condition impérative pour la réalisation du développement durable.  Le Gouvernement, en étroite collaboration avec la société civile, continue d’œuvrer pour une parité dans tous les secteurs.  M. Giorgio a indiqué que son pays allait présenter son rapport volontaire national en 2019, et son rapport devant le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes en mars de l’année prochaine.  En conclusion, il a annoncé la candidature de son pays au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021 et a promis d’être le champion de la question de l’égalité des sexes.

M. BABATUNDE NURUDEEN (Nigéria) a déclaré qu’en accord avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Nigéria œuvrait à la mise en œuvre de différents programmes visant à faciliter l’inclusion et l’intégration des femmes dans tous les secteurs de la société.  C’est le cas notamment, grâce à sa politique nationale du genre, qui vise à l’élimination des discriminations de genre et à la promotion d’opportunités politiques, économiques et sociales dans le secteur public et privé, a expliqué le représentant. 

Le Nigéria a ainsi lancé son second plan national d’action suivant les objectifs de la résolution 1235 du Conseil de sécurité, de façon à faciliter la mise en œuvre des dispositions des résolutions, tout en incorporant des stratégies de suivi des risques et d’évaluation.  Dans le même sens, le pays a adopté un programme « Stop à la violence à l’encontre des femmes pendant les élections », qui a pour objectif de diminuer la violence à l’encontre des femmes et de démontrer les liens entre les violences électorales basées sur le genre et la faible participation des femmes dans le paysage politique.

M. Nurudeen a également expliqué qu’en matière d’autonomisation des femmes, le « Programme Gouvernement entreprise et autonomie » avait été pensé pour fournir 1,66 million de dollars sous forme de microcrédits pour aider les femmes situées en bas de la pyramide financière.  Concernant l’accès à l’éducation des filles, le projet « éducation des filles » a permis d’augmenter le nombre de filles inscrites à l’école.

Enfin, le représentant a fait valoir que le Nigéria avait été sélectionné comme l’un des trois pays pilotes pour le dividende démographique, avec une dimension genre pour 2018-2022, un projet de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.

Pour Mme Mihaela Mecea, (Roumanie), l’éducation et le parrainage de jeunes femmes et de filles est la bonne approche pour leur permettre d’atteindre leur potentiel et prendre pleinement leur place dans la société.  À cette fin, le Gouvernement de Roumanie a mis en place une Agence nationale pour l’égalité des chances entre hommes et femmes, qui patronne des programmes et des campagnes de sensibilisation.  Des femmes qui ont réussi, dans le monde de l’entreprise, politique ou universitaire, viennent partager leur expérience et leur parcours devant un jeune public.

Simultanément, une réforme des contenus éducatifs a permis d’intégrer la perspective du genre aux programmes et l’éducation aux droits humains et démocratiques a été renforcée, a expliqué la représentante.  Il s’agit d’entraîner la jeunesse, sans considération de genre, à participer de façon responsable et inclusive à la société et à la politique.  Ainsi la Roumanie appuie-t-elle la présence de jeunes délégués, garçons et filles, aux Nations Unies.  Elle voit dans une représentation égale non une posture mais une façon concrète de faire de la jeunesse un facteur de changement, a déclaré Mme Mecea.

Mme MBANA (Guinée équatoriale) a déclaré que son pays avait réalisé des avancées considérables en se dotant d’institutions et de politiques publiques, générales et sectorielles, conformes à ses engagements internationaux en matière de droits des femmes.  Un des objectifs du Plan national de développement économique et social de la Guinée équatoriale vise ainsi l’élimination des inégalités dans l’éducation et la formation professionnelle.  Toutefois, si la situation des femmes sur le marché du travail s’améliore, les disparités entre genres persistent, a reconnu la représentante.  Pour y remédier, le Gouvernement envisage de développer les politiques destinées à la famille pour soutenir les femmes au travail.

Par ailleurs, les autorités ont intégré le concept de genre dès l’école pour bien montrer que les distinctions observées entre hommes et femmes ne doivent rien à la biologie mais sont de caractère social et culturel, a poursuivi la représentante.  Il ne fait aucun doute que la transformation réelle des conditions de vie des femmes requiert les efforts de tous et l’engagement déterminé des acteurs sociaux, a-t-elle conclu.

M. VILIAMI VA’INGA TONE (Tonga) a dit apprécier à sa juste valeur la contribution des femmes dans le soutien du développement durable aux plans national et international.  Au Tonga, la parité dans la direction et la prise de décisions, tant au sein du Gouvernement que dans le secteur privé, constitue une réelle problématique, a-t-il reconnu.  Garantir la parité entre les sexes est un impératif pour le Gouvernement, qui salue les efforts déployés par le Secrétaire général à cet égard.  Le représentant a enfin salué le soutien financier apporté à son pays par la Nouvelle-Zélande, la Suède et l’Australie, ainsi que par les agences onusiennes, pour faire face à la problématique de l’égalité hommes-femmes.

M. PURNA CITA NUGRAHA (Indonésie) a expliqué que, les femmes constituant la moitié des habitants du monde, leur autonomisation était essentielle.  Or, a-t-il déploré, la violence et les discriminations sont encore trop répandues.  Il a rappelé que la violence à l’encontre des femmes était inacceptable.  C’est pourquoi le Président indonésien a décidé d’être un ardent défenseur de la question.

L’Indonésie garantit une approche d’ensemble globale de protection des femmes, notamment à travers la mise en place d’un système inclusif au sein des institutions publiques, a déclaré le représentant.  Il a insisté sur l’importance d’associer les garçons à la sensibilisation à la violence domestique.  Ainsi, a-t-il expliqué, plus de 1 500 étudiants de huit lycées ont participé à un programme de tolérance zéro à l’encontre des femmes dans les enceintes publiques.

Le représentant s’est également enorgueilli de voir davantage de femmes indonésiennes occuper des postes publics, et notamment de la présence de huit femmes ministres dans le Gouvernement actuel.  Quant aux mutilations génitales féminines, M. Cita Nugraha a expliqué que c’était là une pratique que le pays essayait d’éliminer.  Le Gouvernement travaille avec des groupes religieux pour sensibiliser aux dangers des mutilations génitales féminines et fournir une stratégie de plaidoyer, a-t-il expliqué.

Mme FATMAALZAHRAA HASSAN ABDELAZIZ ABDELKAWY (Égypte) a déclaré avoir travaillé sans relâche pour renforcer le cadre juridique de l’autonomisation des femmes et notamment contre le harcèlement sexuel.  Elle a ajouté que la loi garantissait quatre mois de congé maternité, que les lois sur l’héritage avaient été amendées pour imposer des pénalités plus fortes pour ceux qui privent les femmes de leur héritage et que les mutilations génitales féminines étaient maintenant sanctionnées plus lourdement. 

L’Égypte a réussi à rompre le plafond de verre, a affirmé Mme Abdelkawy, en faisant observer en particulier que le Parlement compte un grand nombre de femmes et que 45% des conseillers au sein de l’administration sont des conseillères.  De même, le pays a mis en place une campagne pour sensibiliser à l’égalité hommes-femmes.

Mme SARAH MCDOWELL (Nouvelle-Zélande) a souligné qu’en tant que premier pays à avoir donné le droit de vote aux femmes, la Nouvelle-Zélande faisait part de son inquiétude face aux stéréotypes et à la culture de discrimination qu’on constate à l’échelle mondiale en matière d’égalité des sexes.  Elle a fait remarquer que la Nouvelle-Zélande avait eu trois femmes chefs de Gouvernement, dont l’actuelle, Mme Jacinda Ardern, qui par ailleurs est la deuxième femme dans le monde à avoir donné naissance durant son mandat.  Elle a également souligné la nécessité de changer les comportements pour corriger les inégalités entre les sexes.  Le Gouvernement néo-zélandais a en outre annoncé une nouvelle législation sur l’égalité salariale et Mme McDowell a souligné l’allongement de 22 semaines à 26 semaines du congé parental rémunéré.  En matière d’éducation, les femmes et les filles sont encouragées à embrasser le domaine de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.  La représentante a enfin défendu le droit des femmes et des filles de disposer de leur propre corps.

Mme NOKULUNGA ZANDILE BHENGU (Afrique du Sud) a estimé qu’il était temps qu’au niveau national, les dirigeants politiques passent concrètement de la rhétorique à la réalité pour ce qui concerne les problèmes auxquels les femmes sont confrontées dans leur vie quotidienne.  Ces problèmes incluent la violence domestique, la violence sexuelle et toute autre manifestation d’abus, a rappelé la représentante. 

L’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes sont essentielles à la réalisation du Programme 2030, a martelé Mme Bhengu, et aucun progrès substantiel ne sera possible sans une lutte contre la féminisation de la pauvreté, « déni des droits de la femme ».  La parité des sexes et l’égalité salariale ne sont pas des actes de charité mais bien l’affirmation de la dignité de la femme et la réalisation de ses droits, a insisté la représentante.  Le droit à l’éducation et à la santé reproductive sont tout aussi critiques pour l’autonomisation de la femme et la lutte contre la mortalité maternelle n’est pas seulement une partie intégrante du droit à la santé mais bien du droit « sacro-saint » à la vie. 

En Afrique du Sud, a expliqué Mme Bhengu, les efforts se concentrent sur la lutte contre la violence domestique, laquelle sape la faculté de la femme à exploiter tout son potentiel dans tous les aspects de sa vie.  Le Programme d’action contre la violence faite aux femmes est d’ailleurs en cours de révision pour l’adapter à l’évolution du phénomène.  L’Afrique du Sud a compris la nécessité d’une approche globale et intégrée pour mieux protéger la femme, a poursuivi la représentante, qui a conclu sur les dangers d’Internet et des réseaux sociaux, qui sont devenus les vecteurs de la traite des femmes et des enfants.  Elle a, à cet égard, appelé le secteur privé à travailler avec les gouvernements pour atténuer les risques, et les gouvernements, à investir des ressources et à mettre en place des lois contre ce fléau. 

M. MONTEIRO (Brésil) s’est félicité du consensus mondial autour de la question de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes sans lesquelles le développement durable ne peut être réalisé.  Il y a un an, le Conseil des droits de l’homme a adopté par consensus sa résolution 36/8 qui a mis en évidence le lien entre la jouissance des droits de l’homme par les femmes et les filles et la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il rappelé.  Cette initiative représente une avancée majeure de la contribution du Conseil des droits de l’homme dans la mise en œuvre effective des objectifs du développement durable, qui doit se faire en suivant une approche centrée sur les droits humains.  Pour finir, il a averti qu’on ne peut pas garder le silence sur de telles problématiques et appelé à aller de l’avant dans la promotion et la protection des droits de l’homme des femmes et des filles.

Mme AHMUDAYHIM (Arabie saoudite) a souligné que, dans le cadre de la Vision 2030, un projet de stratégie nationale globale pour la femme avait été élaborée en Arabie saoudite dans le but de déterminer une série de mesures applicables garantissant l’autonomisation de la femme dans le cadre de politiques claires.  Par ailleurs, le Code du travail saoudien interdit toute discrimination salariale dans la fonction publique et le régime des retraites civiles et militaires ne fait aucune distinction entre les sexes.  Commentant le rapport du Secrétaire général sur la traite des femmes et des filles, la représentante a fait état des efforts inlassables de son pays pour interdire cette pratique, conformément aux préceptes de la chari’a islamique, qui criminalisent toutes les formes d’exploitation des êtres humains, indépendamment de leur sexe.

Un montant de 8 millions de dollars a été réservé à l’exécution de la stratégie, à la discrétion de la commission nationale de lutte contre la traite, en coopération avec plusieurs organismes publics et institutions de la société civile, pour l’assistance des victimes, a expliqué la représentante.  La législation saoudienne interdit en outre toute atteinte à l’intégrité physique, y compris les mutilations génitales féminines.  Il est strictement interdit aux hôpitaux, cliniques et dispensaires de pratiquer toute intervention dans ce sens.  La loi protège également le harcèlement et toute forme de violence à l’égard des femmes.  Un registre national a été créé dans le secteur de la santé pour enregistrer tous les cas de violence contre les enfants et les femmes.  Établi il y a deux ans, le Conseil des questions familiales est chargé de renforcer la place de la famille au sein de la société et de préparer une stratégie à cet effet.

Un tournant historique a été marqué dans le cadre de l’autonomisation, les femmes ayant été récemment autorisées à avoir un permis de conduire, ce qui permettra aussi d’atteindre l’objectif de la Vision 2030 de favoriser davantage l’accès des femmes au marché de travail, a fait valoir Mme Ahmudayhim.  Des femmes sont notamment à la tête d’institutions bancaires et de chambres de commerce, ou de la bourse saoudienne, a-t-elle encore ajouté.

M. McELWAIN (États-Unis) a expliqué avoir mis en place un effort inter-agences dans le but de réaliser un projet de lutte contre la traite des personnes, reposant sur trois axes: la prévention des crimes, la protection des victimes et l’arrestation des trafiquants.  Il a précisé que plus de 960 projets avaient été menés et que plus de 300 millions de dollars d’aide avaient été versés.  Il a également appelé les États à s’assurer que leurs cadres juridiques prenaient les mesures nécessaires pour lutter contre la traite.  Entre octobre 2016 et septembre 2017, 4 500 praticiens de la justice pénale ont été formés afin de renforcer la coordination entre la justice et la police, a poursuivi le représentant.  Plus de 14 000 victimes ont en outre reçu du soutien à court ou à long terme.  Enfin, les États-Unis luttent au plan international contre la traite des personnes en assistant plus de 90 pays, afin d’aider à renforcer leurs cadres juridiques.

Mme MAGDOLNA PONGOR (Hongrie) a assuré que l’abolition de toutes les formes de violence et d’abus à l’encontre des femmes était une priorité pour son pays, comme l’atteste le nouveau Code pénal national, qui fait des violences domestiques un crime à part entière.  Les « centres de crise » créés par le Gouvernement offrent un refuge ainsi que des soins psychologiques et des conseils juridiques aux victimes de telles violences, a-t-elle fait valoir, évoquant aussi les « abris secrets » destinés aux victimes en danger de mort, les « foyers intermédiaires » visant à faciliter la réintégration des survivants, les « abris traditionnels » offrant une protection aux victimes de la traite des personnes ainsi que les nouvelles « ambulances de crise », dirigées vers la prévention et le renforcement de la coopération entre institutions.

Dénonçant le fléau de la pauvreté, qui affecte plus particulièrement les femmes, la représentante y a vu les effets du fossé salarial entre hommes et femmes mais aussi d’une ségrégation professionnelle et souvent d’un « plafond de verre » au travail.  La Hongrie, a-t-elle souligné, a pris des mesures pour y faire face en soutenant la natalité, en proposant notamment des congés parentaux de trois ans, en faisant bénéficier les familles d’abattements fiscaux et de logements subventionnés, et en libérant les mères de deux enfants ou plus de leur emprunt étudiant. 

Au-delà de la stabilité financière, le pays s’emploie à offrir aux femmes des opportunités de carrière leur permettant de ne pas avoir à choisir entre leur travail et leur vie privée, a ajouté la représentante, qui a exprimé le souhait de son pays de voir les femmes et les filles « exceller dans tous les secteurs », y compris les sciences, la recherche et l’innovation.

M. JUAN MANUEL MONGELOS GALEANO (Paraguay) a expliqué que le Ministère des femmes de son pays avait pour mission d’impulser et de mettre en œuvre les politiques publiques dans une perspective d’égalité des genres, afin que cette notion ne soit pas une chimère mais devienne réalité.

Le Gouvernement du Paraguay, a expliqué le représentant, examinera le « Plan national 2018-2023 pour l’égalité des chances entre femmes et hommes » en marge du Plan national de développement, dont les principes d’actions sont: une participation égale à la vie sociale et politique, un travail décent, l’éducation, la santé, un environnement sain et une vie sans violence.

Un autre dispositif est la création de Ciudad Mujer (la Ville de la femme), un centre réservé exclusivement aux femmes et à leurs enfants: elles y trouvent un ensemble de services pour promouvoir leur autonomie et le renforcement de leur autorité dans les secteurs de l’économie, de la santé reproductive et sexuelle, de l’éducation et la prévention de la violence à leur encontre.

Si nous voulons des sociétés plus justes et plus démocratiques, les femmes ne peuvent rester plus longtemps à l’écart, a conclu le représentant.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a déclaré que son pays avait lancé son premier Plan national d’action contre la violence à l’encontre les femmes (2017-2019), qui a pour objectif la pleine application de la loi de protection globale des femmes visant à prévenir, éliminer et sanctionner la violence contre les femmes.  Il a également souligné l’adoption récente de la « Loi Brisa », qui octroie aux enfants des femmes assassinées un revenu mensuel jusqu’à leur 21 ans, et à vie s’il s’agit d’enfants handicapés.

L’Argentine a augmenté le budget de son Institut national de la Femme, chargé de promouvoir l’égalité des genres et de renforcer le rôle des femmes, a poursuivi le représentant.  Ces dernières années, le pays a en outre intensifié sa coopération avec ONU-Femmes, qui a ouvert un bureau de pays.  Enfin, l’Argentine met à profit sa présidence du G20 pour promouvoir une stratégie transversale sur le genre au sein de cette enceinte internationale.

Mme EKA KIPIANI (Géorgie) a souligné l’importance d’une libération du potentiel encore inexploité des femmes.  À cet égard, la Géorgie a créé une Agence transversale pour promouvoir l’intégration sur la base de la parité.  Elle a de même élaboré des plans d’action sur l’égalité entre les sexes et la lutte contre la violence à l’égard des femmes.  Des fonds publics supplémentaires ont également été alloués aux partis politiques qui respectent les seuils de représentation féminine.  En outre, la Géorgie a créé un département des droits de l’homme qui contrôle les procédures administratives liées à la violence sexiste et au crime de haine.  Cette action est menée en étroite collaboration avec les organisations non gouvernementales avec pour objectif l’élimination des violences systémiques à l’égard des femmes, a expliqué la représentante.

M. JEREMY SOR (Singapour) a rappelé que la première Présidente de son pays avait prêté serment le 14 septembre 2017.  Le concept de méritocratie est la pierre angulaire de la politique d’égalité des genres à Singapour, a-t-il affirmé.  Le taux d’alphabétisation des femmes de Singapour était de 95,7% en 2017 et il continue de monter, s’est-il enorgueilli, en précisant qu’en 2016, la moitié des diplômés de l’enseignement supérieur était constituée de femmes.  Les femmes sont également présentes dans le monde de l’emploi et elles se sont même imposées dans des domaines précédemment dévolus aux hommes tels que la médecine, la recherche scientifique ou encore les professions juridiques. 

Afin d’aider les femmes à concilier leurs vies familiale et professionnelle, le Gouvernement de Singapour a adopté des mesures en faveur des employeurs, a poursuivi M. Sor.  Ces derniers doivent en retour établir des horaires de travail flexibles, et au besoin redéfinir les postes de travail.  Le nombre de crèches a également augmenté dans le pays. 

Malheureusement, a déploré M. Sor, les femmes ne sont pas assez présentes à des postes de responsabilité.  Mais le Gouvernement prêche par l’exemple car le tiers des responsables dans les ministères est constitué de femmes, contre 10% en 2004.  L’essor des femmes n’est pas une course de vitesse, mais plutôt un marathon, a encore fait observer le représentant, et c’est pourquoi Singapour entend poursuivre ses efforts en ce sens, en droite ligne de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

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