Première Commission: vives inquiétudes pour le régime de désarmement après l’annonce d’un possible retrait des États-Unis du Traité FNI
La perspective d’une nouvelle course à l’armement a plané, aujourd’hui, sur les travaux de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) dont le débat sur les armes nucléaires a été notamment marqué par l’annonce, il y a quelques jours, d’un possible retrait des États-Unis du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (Traité FNI), ce qui a suscité de vives inquiétudes parmi les délégations: « On a l’impression de ne pas avancer dans le désarmement et même d’aller dans la mauvaise direction », a résumé l’Autriche, tandis que la Nouvelle-Zélande s’est alarmée du fait que « le climat international se détériore de plus en plus après les annonces du week-end ».
La Chine a donné une idée de ce qui est en jeu en rappelant que le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (Traité FNI) est un instrument essentiel qui a joué un grand rôle dans l’allégement des tensions pendant la guerre froide et qui a contribué à l’équilibre stratégique et à la stabilité de la planète. « Nous espérons que les pays concernés préserveront cette réussite par le dialogue », a insisté la délégation chinoise.
De son côté, la Fédération de Russie a fustigé le manque de clairvoyance des États-Unis et a averti que leur possible retrait est extrêmement dangereux pour la paix internationale.
« Un tel retrait démontrerait une fois de plus que les autorités américaines privilégient leurs objectifs de politique étrangère en cherchant obsessionnellement à asseoir la supériorité de leur pays sur le reste du monde », s’est indigné le représentant.
La délégation russe n’a pas non plus mâché ses mots pour dénoncer la nouvelle doctrine nucléaire américaine qui envisage le possible recours à « une guerre nucléaire limitée », avertissant que cette position « ramène la pensée militaire américaine un demi-siècle en arrière, quand on pensait qu’une guerre nucléaire était encore admissible ».
Les États-Unis ont donné leur réplique lors du droit de réponse en accusant la Fédération de Russie d’avoir violé le Traité FNI à de multiples reprises, notamment en élaborant un missile de croisière avec une portée comprise entre 500 et 1 500 kilomètres. « Les États-Unis ne peuvent pas rester les bras croisés sans rien faire », a martelé le représentant qui a exhorté la Russie à détruire ce nouveau missile.
La perspective de voir ces deux puissances dotées de l’arme nucléaire déroger à leurs obligations contrevient aux efforts de la communauté internationale qui tente de renforcer l’architecture du désarmement et de relancer des négociations en panne, ont relevé de nombreuses délégations dont la plupart des pays européens qui ont pris la parole, concernés au premier chef.
La France, appuyée par l’Espagne, la Pologne et la Finlande notamment, a jugé « indispensable » de préserver ce Traité et a invité les deux pays à éviter toute initiative unilatérale et à approfondir leur dialogue sur l’avenir du Traité FNI lors de leur prochaine session de dialogue bilatéral, cette semaine à Moscou, avec l’objectif de préserver la sécurité euro-atlantique.
Préoccupée par le risque d’une nouvelle course à l’armement nucléaire, la Finlande a également appelé les deux puissances à étendre la portée du nouveau Traité de réduction des armements stratégiques et à faire preuve de plus de transparence en matière de désarmement, en soumettant leurs rapports dans le cadre du processus d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP).
Le Royaume-Uni, comme la Pologne, ont pour leur part enjoint la Russie à démontrer sa conformité au Traité par des mesures « substantielles et transparentes ». « La Russie n’a apporté aucune réponse crédible et a développé, en revanche, des capacités qui déstabilisent la sécurité en Europe », a notamment accusé la délégation britannique.
Mais pour l’Iran, qu’oppose aux États-Unis le différend sur le Programme d’action commun, ce sont les États-Unis, qui font montre d’un « comportement hypocrite ». « Le retrait annoncé des États-Unis du Traité FNI est une preuve de ce désintérêt pour le désarmement qui conduit à la détérioration d’une situation déjà complexe », a notamment averti la délégation iranienne.
D’une manière plus générale, face aux incertitudes qui pèsent sur l’avenir du désarmement nucléaire, la Hongrie a prôné une approche graduelle, concrète et pratique et l’Argentine a suggéré à cet effet un « dialogue constructif » entre États dotés et non dotés de l’arme nucléaire.
À cet effet, de nombreux délégués, comme le Costa Rica, le Niger, le Nigéria, ont défendu la relance des efforts visant à faire entrer en vigueur le Traité sur l’interdiction des essais nucléaires (TICE), appelant en particulier les huit pays demeurant à l’Annexe 2 du Traité à le ratifier.
Ils ont également réclamé à l’instar de l’Australie, la poursuite de « travaux minutieux » pour avancer enfin, malgré plus d’une décennie de vues divergentes, sur l’ouverture de négociations en vue d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour des armes nucléaires.
La Commission a ainsi achevé son premier débat thématique sur « les armes nucléaires » et entamé le second inscrit à son ordre du jour, concernant « les armes de destruction massive ».
Elle reprendra ses travaux demain mardi 23 octobre à 10 heures.
DÉBAT THÉMATIQUE SUR DES QUESTIONS PRÉCISES ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR
Déclarations sur les armes nucléaires
Mme VERÓNICA GARCÍA GUTIÉRREZ (Costa Rica) a réaffirmé son hostilité complète aux armes nucléaires en tant que signataire du Traité sur leur interdiction. Elle a également appelé à la conclusion rapide d’un traité interdisant la production de matières fissiles qui s’étendent également aux stocks existants, avec des mécanismes de vérification et de renforcement de la confiance.
La non-prolifération compte à égalité avec le désarmement et les deux objectifs correspondent au fondement même du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). À ce titre, elle a qualifié d’« inacceptable » le manque de progrès des États dotés dans la mise en œuvre de l’Article 6 du TNP et l’incapacité à parvenir à le rendre universel, de même que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Ceci affecte la crédibilité de ces Traités et met en péril la paix et la sécurité mondiales, a-t-elle averti.
M. NIRMAL RAJ KAFLE (Népal) a rappelé que les Nations Unies ont été créées peu après le largage de la bombe nucléaire. Pour lui, c’est un signal que la menace ou le recours à l’arme nucléaire constitue un danger pour l’humanité. Le Népal a appelé à respecter les principes de transparence et de vérification et a réclamé la création d’un traité interdisant la production des matières fissiles. Jugeant que l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires est utile pour avancer vers le désarmement, il a affirmé que ces arsenaux n’ont pas leur place dans une doctrine sécuritaire. Le délégué a ensuite insisté sur le respect des droits inaliénables des États à utiliser le nucléaire de façon pacifique. Dans le même temps, il a estimé que si les fonds consacrés à la gestion et la modernisation de ces armes étaient détournés à des causes humanitaires, elles permettraient de mettre fin à la faim et à la pauvreté.
M. YANN HWANG (France) a affirmé que son pays partage l’objectif l’élimination totale des armes nucléaires, « quand le contexte stratégique le permettra », et a pris des mesures unilatérales en ce sens. Il a donc appelé à recréer des conditions qui ont permis de telles avancées. La France accorde une grande importance aux efforts de transparence et réaffirme sa conception de la dissuasion nucléaire à titre exclusivement défensif pour protéger ses intérêts vitaux dans des conditions de légitime défense. Il serait en revanche dangereux de croire qu’il est possible de déconnecter les enjeux du désarmement nucléaire de la prise en compte du contexte, a-t-il cependant souligné. Pour cette raison, la France s’oppose au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Car, « le désarmement nucléaire ne se décrète pas, il se construit » et il ne peut se faire « contre » les États dotés.
À cet égard, l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) est une priorité et la France appelle ceux qui ne l’ont pas fait à le signer, tout comme elle appelle à négocier le traité interdisant la production de matières fissiles sur la base du mandat arrêté en 2009.
La France, a-t-il poursuivi, estime par ailleurs que les efforts de réduction du stock mondial d’armes nucléaires doivent se poursuivre, notamment dans le cadre d’un dialogue entre les États-Unis et la Russie. Il a notamment jugé « indispensable » de préserver le traité sur les forces nucléaires intermédiaires en Europe. La France appelle la Russie et les États-Unis à éviter toute initiative unilatérale et à approfondir leur dialogue sur l’avenir du Traité forces nucléaires à portée intermédiaire lors de leur prochaine session de dialogue bilatéral, cette semaine à Moscou, avec l’objectif de préserver la sécurité euro-atlantique.
M. MUSTAPHA ABBANI (Algérie) a appelé tous les pays à se joindre au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui, a-t-il souligné, est une contribution majeure à l’élimination de ces armes. Il a également estimé important d’arriver en parallèle à l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur les garanties de sécurité négatives pour les pays non dotés. Après avoir demandé l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), il a insisté sur le fait que la « non-prolifération est la pierre de touche des efforts en termes de désarmement ».
Après avoir rappelé le droit inaliénable des États à l’usage pacifique du nucléaire, « surtout pour les pays en développement », le représentant a souligné l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires qui permettent « d’assurer la stabilité régionale et internationale ». À ce titre, l’Algérie s’est préoccupée des obstacles empêchant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a donc appelé tous les États à appuyer le projet de résolution des pays arabes qui appelle à organiser une conférence à cette fin.
Pour Mme ELISABETH TICHY-FISCBERGER (Autriche) il est inacceptable que l’Article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ne soit pas respecté, soulignant que les risques inhérents à l’arme nucléaire continuent d’augmenter avec les avancées technologiques, comme le cyberterrorisme. « On a l’impression aujourd’hui qu’on n’avance pas dans le désarmement et on va même dans la mauvaise direction », s’est-elle inquiétée. Pour renforcer le désarmement nucléaire, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires va au-delà de l’article 6 et oblige les États dotés à négocier, a-t-elle ajouté.
La représentante a ensuite insisté sur l’importance d’assurer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, saluant les ratifications récentes du Traité qui avance « à grands pas et plus vite que n’importe quel autre vers l’universalisation », a-t-elle souligné, ajoutant que ce texte est indispensable pour arriver à un monde exempt d’armes nucléaire.
M. DINH NHO HUNG (Viet Nam) a estimé que l’inclusivité et la bonne foi seront indispensables au succès de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020. Il a toutefois ajouté que le Viet Nam attend des engagements plus robustes pour la création de zones exemptes d’armes nucléaires et a appelé à mettre en œuvre les documents finaux pour la création d’une telle zone au Moyen-Orient. Soulignant les résultats positifs de l’évolution dans la péninsule coréenne, le délégué a appelé à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et s’est félicité de l’adoption du récent traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Réaffirmant le droit de tous les pays à développer le nucléaire civil à des fins pacifiques, il a assuré que le Viet Nam dispose d’une politique cohérente en la matière, tout en garantissant la sécurité de ses installations.
Pour Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande), le climat international se détériore de plus en plus après les annonces du week-end. Elle s’est dite particulièrement préoccupée que les arguments mis en avant par les États dotés au sujet du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires pour ne plus être soumis à des conditions. Or les questions de sécurité ne peuvent entraver le respect des engagements pris en matière de désarmement, a-t-elle relevé. Le traité sur l’interdiction des armes nucléaires est une solution pour le désarmement et il faudrait l’évaluer en tant que tel pour rétablir une situation bien instable.
Elle a souligné que ce Traité a été adopté par des États non nucléaires, notant que la grande majorité des États ont estimé qu’il représente une avancée pour la sécurité et offre une nouvelle voie possible au multilatéralisme. Car, a-t-elle fait observer, cela « fait longtemps que la Conférence du désarmement est bloquée ».
M. YERZHAN KUATBEKOV (Kazakhstan) a considéré que les progrès en matière de désarmement sont lents et ne répondent pas aux attentes. Il a rappelé que le Kazakhstan est engagé depuis toujours dans le désarmement et a notamment participé à l’élaboration au Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (Traité FNI) et au Traité de réduction des armes stratégiques (Traité START). Le Kazakhstan a particulièrement insisté sur la nécessité absolue de respecter les dispositions du Traité FNI dont les résultats ont été, selon lui, « fructueux ». À cet égard, il s’est inquiété d’entendre les déclarations d’un pays annonçant son intention de sortir de ce Traité. Il a appelé tous les pays ayant des capacités en technologie de missile de se porter parties au Traité comme mesure de renforcement de la confiance.
Estimant que les zones exemptes d’armes nucléaires servent au renforcement du désarmement et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a considéré particulièrement propice d’établir une telle zone au Moyen-Orient. À propos de la situation dans la péninsule coréenne, il a estimé que ce dialogue a la capacité de servir de base fiable pour dénucléariser la région. Il a conclu sur la nécessité de disposer d’un mécanisme juridiquement contraignant pour protéger les États non dotés ou qui décident de se dénucléariser.
Pour M. DAMIAN PRZENIOSLO (Pologne), aucun effort de désarmement n’est possible sans la création d’un environnement mondial approprié, il a appelé à améliorer le contexte stratégique existant. De son avis, les efforts de la communauté internationale doivent s’axer sur l’amélioration des conditions géopolitiques et sur les mesures de renforcement de la confiance et de la transparence. À cet égard, il a salué l’achèvement des réductions de stocks par les États -Unis et la Russie dans le cadre du nouveau Traité START et a espéré que d’autres mesures de désarmement verront le jour après 2021.
Le représentant a toutefois appelé la Fédération de Russie à répondre de façon transparente et substantielle à toutes les préoccupations concernant son respect du Traité FNI. Il a également déploré que la confiance dans les garanties de sécurité négatives ait été mise à mal par la violation du Mémorandum de Budapest.
Pour la Pologne, l’approche progressive basée sur le Plan d’action de 2010 reste la seule feuille de route valable et réaliste pour faire avancer le désarmement nucléaire.
Il a appelé à l’universalisation et à l’entrée en vigueur rapides du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et souhaité que s’ouvrent les négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour des armes nucléaires.
Si M. FAIZAL CHERY SIDHARTA (Indonésie) s’est félicité de l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, il a souligné que ce Traité ne doit pas être interprété comme une diminution de l’importance accordée au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Selon lui, c’est le contraire: le TNP est un instrument fondamental pour le désarmement nucléaire. Soulignant l’importance de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, il a exhorté à la tenue de la conférence prévue de longue date sur ce sujet. Il a également réclamé des mesures complémentaires pour les pays qui n’ont jamais suivi la voie des armes nucléaires. « L’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires n’est pas suffisant, nous avons besoin de garanties de sécurité », a-t-il insisté. Selon lui, ces zones constituent des efforts indispensables pour avancer vers le désarmement, mais elles ne peuvent pas se substituer à des garanties de sécurité juridiquement contraignantes. L’Indonésie a donc souligné la nécessité de conclure un accord au plus tôt pour assurer aux États non dotés que l’arme nucléaire ne sera jamais utilisée contre eux.
Regrettant par ailleurs l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, le délégué a salué la décision récente de la création d’organes subsidiaires. Il a cependant trouvé regrettable qu’aucun accord n’ait été trouvé sur l’organe numéro 4 concernant les garanties de sécurité négatives.
Mme KJETIL JONNEVALD HALVORSEN (Norvège) a souligné qu’un régime de vérification qui bénéficie de la confiance à la fois des États nucléaires et des États non dotés est crucial pour les réductions futures des arsenaux nucléaires.
S’agissant de l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles, la représentante a estimé que celui-ci devrait inclure la question des stocks préexistants. Par ailleurs, elle a souligné l’urgence à faire du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires un instrument juridiquement contraignant, et a appelé tous les États Membres qui ne l’ont pas fait à ratifier le Traité.
En outre, la Norvège est engagée dans les efforts pour réduire et éliminer les stocks d’uranium hautement enrichi. Elle a encouragé les États Membres à souscrire à la Déclaration conjointe de la circulaire d’information 912 de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et à s’engager à minimiser l’utilisation d’uranium hautement enrichi dans leurs applications civiles.
M. AMMAR SABAH MUSTAFA AL-DURRA (Iraq) a regretté que le niveau de mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ne soit pas à la hauteur de engagements, les États dotés n’ayant pas traduit leurs engagements en faits concrets, a-t-il regretté. L’élimination complète et définitive des armes nucléaires constitue pourtant la seule garantie internationale contre leur emploi. L’Iraq a voté en faveur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires car il estime que le terrorisme nucléaire est la menace la plus grave à laquelle la communauté internationale est confrontée.
Aussi, pour renforcer sa sécurité, il est légitime, aux yeux du représentant, de demander que les armes nucléaires soient définitivement écartées. Cette élimination doit commencer par la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et par le désarmement d’Israël, qui doit soumettre ses sites à la vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a-t-il souligné, pour ensuite appeler l’ensemble des États Membres à appuyer le projet de résolution du Groupe arabe qui appelle à entamer en 2019 des négociations pour parvenir à un traité portant création d’une telle zone. Il a également souhaité l’entrée en vigueur la plus rapide possible du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en appelant les huit États de l’Annexe 2 et les autres le ratifier.
Mme ELIF ÇALIŞKAN (Turquie) a estimé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et ses trois piliers étaient la pierre de touche du régime de désarmement. Selon elle, la Conférence d’examen sera l’occasion de les renforcer et les travaux préparatoires de cette Conférence doivent permettre de préparer son succès. Appelant à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), elle a estimé que les moratoires ne sauraient remplacer ce Traité juridiquement contraignant. Après s’être ensuite félicitée de l’établissement de cinq organes subsidiaires à la Conférence du désarmement, elle a demandé aux États dotés de poursuivre leurs dialogues pour prolonger les traités existants, négociés de longue haleine. Selon elle, l’AIEA, en tant qu’organe de confiance en soi, a un rôle à jouer dans tous ces mécanismes de désarmement. À cet égard, elle a salué les pourparlers intercoréens, ainsi que l’annonce de la suspension des essais nucléaires et balistiques par la République populaire démocratique de Corée. Concluant en jugeant indispensable le Plan d’action global commun, elle a souligné que l’histoire récente nous montre bien qu’une entente commune peut être obtenue malgré des tensions élevées.
M. JOSÉ ATAÍDE AMARAL ( Portugal) a dit partager la frustration quant aux faibles avancées en matière de désarmement. Mais les acquis sont à présent menacés car nous sommes face à une recrudescence des tensions, s’est-il inquiété, en appelant les États-Unis et la Fédération de Russie à préserver le Traité FNI et à veiller à sa pleine mise en œuvre, nécessaire à la sécurité du monde, a-t-il insisté. Il a également souligné la nécessité de prolonger le nouveau Traité START.
Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) reste capital, a poursuivi le délégué, qui a souhaité que le cycle d’examen en cours aboutisse à des résultats efficaces en 2020. L’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) devrait être une autre priorité, a-t-il ajouté, avant d’appeler les États à l’Annexe 2 à le ratifier. Enfin, il a jugé urgent que la communauté internationale encourage la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a souligné l’importance du système de garantie de l’AIEA, conformément au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). S’agissant de la non-prolifération, il a en effet rappelé le caractère fondamental de la vérification et des inspections.
Le délégué a constaté que le monde rencontrait aujourd’hui de nombreux défis quant à la façon d’avancer en tant que communauté internationale avec des objectifs communs. Selon lui, c’est l’attachement de l’Argentine à œuvrer pour arriver à une planète débarrassée des arsenaux atomiques qui l’a poussée à voter pour le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Cependant, il a noté que le désarmement général et complet est un défi qui, pour être effectif, doit être abordé de façon collective. Le processus d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) sera, selon lui, l’occasion de poursuivre ce travail en commun. « Pour avancer vers une voie d’un monde exempt, il faut assurer un dialogue constructif entre États dotés et non dotés », a-t-il ajouté. En guise de conclusion, il a demandé à la République populaire démocratique de Corée de respecter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en qualité d’État non doté et de se conformer aux dispositions du Conseil de sécurité.
M. ROBBERT GABRIELSE (Pays-Bas) a regretté l’intention des États-Unis de quitter le Traité FNI. Même s’il apparaît évident que la Fédération de Russie viole ce Traité depuis quelque temps, cet instrument demeure essentiel à la stabilité et sécurité mondiales. Il a appelé la Russie à répondre aux préoccupations et souhaité qu’une solution soit trouvée par la négociation.
Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui reste la pierre angulaire des efforts de désarmement, va entrer dans une période cruciale en 2020 avec le cinquantième anniversaire de son entrée en vigueur, a-t-il poursuivi. À ses yeux, « tout le monde est responsable » et doit déjà réfléchir à ce que la communauté internationale attend du Traité dans les 50 années à venir. Il a appelé à plus de transparence dans sa mise en œuvre et dans les lignes de communication, à la formation des personnels et au partage des informations. Il a également appelé à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) qui reste pour lui tout à fait pertinent. Enfin le traité interdisant la production de matières fissiles pour des armes nucléaires est prêt à être négocié et il semble qu’un accord soit possible, grâce aux travaux fructueux du Groupe d’experts, s’est-il félicité.
M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) s’est alarmé de l’augmentation du risque d’une éventuelle utilisation des armes nucléaires. C’est pour cette raison, a-t-il ajouté, que l’adoption de mesures de désarmement devient de plus en plus urgente. « L’objectif d’élimination des armes nucléaires constitue un impératif moral, a-t-il jugé. Les pays dotés ne peuvent plus exposer l’humanité au danger d’une explosion nucléaire qui constituerait un crime contre l’humanité. » Puisqu’aucune doctrine de sécurité ne saurait justifier son utilisation, a-t-il prolongé, le Venezuela exhorte tous les États concernés à réduire leurs arsenaux et mettre un terme à leur modernisation conformément à leurs engagements au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Critiquant le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun, il a estimé que cette attitude allait à l’inverse du processus de coopération. Le Venezuela s’est ensuite félicité de l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui représente, à ses yeux, beaucoup pour l’humanité. Enfin, il a regretté que l’adoption de la résolution sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient soit bloquée du fait d’une absence de volonté politique de certains États. C’est pour en finir avec cette anomalie que le pays appuiera la proposition des pays arabes pour l’organisation d’une conférence afin d’établir une telle zone.
Pour Mme SALLY MANSFIELD (Australie) une approche pragmatique, au pas à pas, est la meilleure façon de faire avancer le désarmement et il faut encore redoubler d’efforts pour atteindre un monde exempt d’armes nucléaire. À quoi ressemblera la dissuasion sans armes nucléaires? Quelles vérifications pour être sûr du démantèlement des arsenaux? Il faut en parler pour renforcer la confiance entre États dotés et non dotés, a-t-elle jugé.
Elle a constaté que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) avait engrangé des résultats dans de nombreux domaines, et a estimé que la Conférence d’examen prévue en 2020 offre une « occasion en or » de réfléchir à la mise en œuvre passée et à venir de ce Traité. Ceci nécessite de réaliser des progrès minutieux et difficiles en matière de transparence et vérification, ainsi qu’en ce qui concerne l’adoption d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour des armes nucléaires et la transparence des autres mesures de réduction de risques.
M. CHOI WON-SEOK (République de Corée) a réaffirmé l’engagement sans faille de son pays en faveur d’un monde sans armes nucléaires et a salué les progrès réalisés dans ce domaine au cours de l’année écoulée dans le cadre de différents mécanismes multilatéraux. Il a plaidé en faveur d’une approche progressive qui reflète une politique réaliste, et a souligné l’importance du TNP qui reste, à ses yeux, la pierre angulaire de la non-prolifération nucléaire et une base essentielle pour la poursuite du désarmement nucléaire.
Il a encouragé le commencement rapide des négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires, estimant par ailleurs qu’il est grand temps que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) entre en vigueur. Il a appelé tous les États Membres, en particulier ceux figurant à son Annexe 2, à le signer et ratifier dans un proche avenir.
Abordant ensuite la situation dans la péninsule coréenne, il a noté que depuis les Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang cet hiver, la communauté internationale a assisté à une série de développements positifs en vue d’un règlement pacifique de la question du nucléaire nord-coréen. Avec trois sommets intercoréens et le premier sommet États-Unis-Corée du Nord en moins de six mois, il s’attend à plus de sommets dans les mois qui viennent. Sa délégation souligne d’ailleurs que la République populaire démocratique de Corée a réaffirmé son engagement en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Cet engagement s’est accompagné d’une série de premières mesures qui étaient impensables il y a un an, s’est réjoui le représentant, qui a cité à ce titre le moratoire sur les essais nucléaires et balistiques ainsi que le démantèlement du site d’essais de Punggye-ri. La RPDC est également prête à démanteler le site nucléaire de Yongbyon si les États-Unis prennent des mesures équivalentes, a précisé le délégué.
« Les espoirs sont grands pour qu’il y ait encore davantage de résultats concrets au cours des prochains mois », a déclaré le représentant, pour lequel il ne fait aucun doute que la dénucléarisation de la péninsule coréenne et l’établissement d’une paix durable auront un large impact sur les efforts de désarmement nucléaire dans le monde. La Corée continuera à étroitement coopérer avec la communauté internationale alors que « nous naviguons dans ces eaux inconnues ».
Mme ARISOA LALA RAZAFITRIMO (Madagascar) a rappelé que son pays aspire à une paix et une sécurité durables en tant qu’acteur non nucléaire. « Nous avons signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires afin de léguer un monde sûr aux génération futures », a-t-elle notamment expliqué. Madagascar, en tant que pays en développement, se joint aux voix qui soulignent la nécessité primordiale de renforcer le transfert et le partage des technologies nucléaires à des fins pacifiques. L’histoire ne cesse de nous montrer les conséquences dévastatrices à court et à long termes de l’usage des armes nucléaires, a-t-elle insisté.
La représentante a estimé que les inquiétudes demeuraient vives face à la stagnation et même à la réduction des efforts de mise en œuvre des textes internationaux. Madagascar exhorte les pays concernés à adopter des mesures pour limiter leur nombre d’armes nucléaires et réduire le risque de destruction qu’elles représentent. À cet égard, elle a incité tous les pays à appuyer la création de zones exemptes d’armes nucléaires. Enfin, Madagascar a lancé un appel à la restriction, voire à l’élimination, des financements liés à l’arme nucléaire afin d’atteindre la vision d’un monde exempt de ces arsenaux.
M. JARMO VIINANEN (Finlande) a estimé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) était un « succès retentissant ». Selon lui, cette « pierre angulaire » de la paix et de la sécurité mondiales a en effet permis d’éviter que les armes nucléaires ne se propagent à travers le monde. Dans le cadre de ce Traité, a-t-il précisé, la grande majorité des États s’est engagée à ne jamais posséder l’arme nucléaire, ce qui a selon lui ouvert la voix au désarmement nucléaire et, à terme, à la possibilité d’un monde exempt d’armes nucléaires.
Cependant, l’ordre mondial basé sur le respect du droit et des traités est aujourd’hui mis à mal, a déploré le représentant, constatant que les relations entre les grandes puissances s’étaient détériorées. En tant que pays détenteurs de « l’immense majorité » de l’arsenal nucléaire mondial, les États-Unis et la Fédération de Russie ont une « responsabilité unique » en matière de dénucléarisation, a-t-il ajouté, pointant du doigt la « lenteur exceptionnelle » du désarmement nucléaire.
M. Viinanen a en outre rappelé l’importance, pour l’Europe, du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, qui vise le démantèlement par les États-Unis et la Fédération de Russie de missiles à charges nucléaires et conventionnelles. Or, nous soupçonnons depuis longtemps la Fédération de Russie de violer les termes du Traité, a-t-il déclaré, tout en déplorant la décision américaine de se retirer de l’instrument. Le représentant a appelé les deux puissances à prendre des mesures concrètes pour éviter une nouvelle course à l’armement nucléaire, notamment en étendant la portée du nouveau Traité de réduction des armements stratégiques (START). Il les a également invités à faire preuve de plus de transparence en matière de désarmement, en soumettant des rapports nationaux dans le cadre du processus d’examen du TNP, ainsi qu’à conclure des accords de garanties de sécurité négatives et à résoudre la question des armes nucléaires tactiques en Europe.
M. OMER MOHAMED AHMED (Soudan) a prié tous les États dotés d’éliminer leurs stocks pour éviter tout impact catastrophique sur l’humanité. Rappelant que le Soudan est un partenaire inlassable dans le désarmement nucléaire, il a souligné qu’il a toujours été parmi les premiers à adhérer aux instruments pertinents. À propos de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, il a regretté le nombre d’obstacles dressés sur sa voie et s’est dit préoccupé face à l’absence de progrès. Selon lui, la non-création d’une telle zone est une menace claire pour l’ensemble de la planète.
M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria) a dénoncé le coût du maintien et de la modernisation des armes nucléaires « outrancier » comparé à des entreprises plus utiles au développement de la société. Il s’est dit préoccupé face aux « rares progrès » réalisés par les États dotés dans la réduction des arsenaux conformément à l’Article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Il a appelé à imaginer les conséquences d’un recours ou d’une explosion non intentionnelle de l’arme nucléaire et a prié les États dotés de réfléchir et de prendre toutes les mesures pour démanteler les arsenaux nucléaires qui représentent des violations du droit international et humanitaire. Leur élimination doit être l’objectif ultime des efforts entrepris, a-t-il souligné. À cet égard, il a salué l’adoption du « traité phare » sur l’interdiction des armes nucléaires dont le Nigéria a été l’un des premiers signataires. Il a aussi appelé à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) afin d’éliminer les essais nucléaires partout, comme l’a fait l’Afrique avec le Traité de Pelindaba qui interdit les essais sur le continent.
M. ERICK MWEWA (Zambie) a déploré la lenteur du désarmement nucléaire mondial, en dépit de plusieurs initiatives récentes lancées par des États Membres et des acteurs non étatiques pour accélérer ce processus. À ses yeux, en effet, depuis l’adoption en 1968 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et son entrée en vigueur en 1970, très peu de progrès significatifs ont été réalisés en matière de non-prolifération nucléaire et de désarmement. M. Mwewa a ainsi regretté l’inaction des États dotés de l’arme nucléaire en matière de désarmement nucléaire, bien qu’ils soient tous les cinq parties au TNP. Il a également cité l’effondrement de la Conférence des Parties chargée de l’examen du TNP, en mai 2015, en raison de désaccords sur l’organisation d’une conférence du désarmement au Moyen-Orient.
Le représentant s’est en outre dit préoccupé par le fait que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours pas entré en vigueur, en dépit de la signature de cet instrument par 183 pays. « Le monde attend toujours que les États restants fassent le nécessaire et signent et ratifient ce traité », s’est-il impatienté. Enfin, M. Mwewa a souligné que son pays entendait faire en sorte que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, adopté en juillet 2017, puisse contribuer efficacement à l’éradication de telles armes.
M. CLAUDIO MEDEIROS LEOPOLDINO (Brésil) s’est inquiété de l’intensification du « comportement instable » des États dotés d’armes nucléaires. Selon lui, ils font preuve d’une « souplesse dommageable » quant à leurs engagements au titre des différents traités. « Nous espérons que ces tendances vont se renverser », a-t-il ajouté. Il a par ailleurs exprimé sa « vive appréhension » face aux programmes de modernisation de ces arsenaux et à l’abaissement du seuil de leur utilisation. Selon lui, l’histoire a démontré que la décision de démanteler les stocks s’est soldée par un accroissement de la stabilité et de la sécurité des pays en question. À l’inverse, pour les autres, les tensions perdurent et les risques de tensions augmentent. Pour le délégué, les conséquences induites par l’usage de ces armes en font des instruments incompatibles avec le droit, notamment humanitaire.
Il a ensuite rappelé que pendant longtemps, l’arme nucléaire a été la seule à ne pas être clairement interdite par un traité. « L’adoption du Traité sur l’interdiction a changé cela et il est là pour de bon », s’est félicité le délégué. Sur un plan plus technique, il a souligné que ce nouveau Traité instaure des normes élevées et juridiquement contraignantes en obligeant, par exemple, tous les États parties à maintenir les garanties de vérifications de l’AIEA au moment de leur signature.
Mme MARÍA PALACIOS PALACIOS (Espagne) a appuyé tous les efforts visant à proroger le Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (START) entre les États-Unis et la Fédération de Russie, avant la date d’expiration de l’accord, en 2021. La représentante a constaté avec préoccupation la détérioration du régime de contrôle des armes en Europe. Elle a appelé les États dotés de l’arme nucléaire à établir un dialogue sur la sécurité stratégique du continent, dans le cadre des efforts du Partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire.
La représentante a également appuyé le Plan d’action du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2010 pour préserver et renforcer cet instrument clef du régime international de désarmement. Outre le TNP, la représentante espagnole a estimé que la négociation d’un traité interdisant la production de matières fissiles dans le cadre de la Conférence du désarmement était une priorité, tout comme, a-t-elle ajouté, l’entrée en vigueur et l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). La représentante a également appelé les puissances nucléaires à accorder des garanties de sécurité négatives aux États qui ne sont pas dotés de l’arme nucléaire.
La représentante a pris note de l’annonce de la suspension des essais nucléaires par la République populaire démocratique de Corée et a souhaité que cela se traduise, concrètement, par la dénucléarisation de la péninsule coréenne. En outre, le représentant a appelé à préserver l’accord sur le nucléaire iranien, ainsi qu’à organiser une conférence internationale pour faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes de destruction massive.
M KYAW MOE TUN (Myanmar) a réaffirmé son attachement à un monde dénucléarisé, estimant que le désarmement est un besoin urgent pour tout le monde. Il a proposé un projet de résolution au nom d’une vingtaine de pays sur le « désarmement nucléaire » qui appelle la communauté internationale à prendre des mesures concrètes et pratiques vers la totale élimination des arsenaux. C’est la garantie absolue que les armes nucléaires ne poseront plus de menaces, a-t-il indiqué. Cette résolution souligne l’importance d’une volonté univoque de la part des États dotés, de prendre des mesures intermédiaires. Elle souligne en outre que les 13 mesures mentionnées dans le document final de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2020 sont essentielles.
M. SUN LEI (Chine) a appelé à faire émerger un nouveau concept de sécurité globale qui prendrait en compte les conditions de sécurité de tous les états. Il a également demandé à préserver de façon ferme les traités existants et les mesures de sécurité actuelles. « Même si ce régime est imparfait, c’est le plus grand dénominateur commun que nous ayons », a-t-il insisté. Selon lui, les pays dotés devraient respecter les mesures déjà conclues et réduire leurs arsenaux. À ce titre, il a considéré le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire comme un instrument essentiel qui a joué un grand rôle dans l’allégement les tensions pendant la guerre froide et a contribué à l’équilibre stratégique et à la stabilité. « Nous espérons que les pays concernés préserveront cette réussite par le dialogue », a-t-il insisté.
Selon lui, la volonté et les droits des États non dotés de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires doivent être respectés. À ce titre, il a considéré que toutes les politiques qui ne vont pas dans le sens du désarmement, comme l’abaissement du seuil d’utilisation ou les frappes préemptives, doivent être abandonnées aussi vite que possible. Il a rappelé que la doctrine nucléaire de la Chine procède seulement d’une logique d’autodéfense et qu’elle a toujours été contre leur usage en premier. Elle a par ailleurs exprimé un attachement particulier pour la prochaine Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Concluant sur son soutien assidu à un futur traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles, il a insisté sur le fait que la Conférence du désarmement est le seul organe approprié pour parler de ces questions.
M. AIDAN LIDDLE (Royaume-Uni) a exprimé son soutien continu au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et au régime de vérification, et appelé à la conclusion rapide d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour des armes nucléaires, « étape décisive du désarmement mondial ». En revanche, le Royaume-Uni n’a aucune intention de signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, « qui sape le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ignore la réalité de la situation internationale et pose des défis considérables en termes de procédures », a-t-il souligné.
Le Royaume-Uni et ses alliés ont exprimé leurs graves préoccupations face au manque de crédibilité de la Fédération de Russie dans l’application du Traité FNI, a poursuivi le représentant. La Russie, a-t-il estimé, n’a apporté « aucune réponse crédible » et a développé en revanche des capacités qui déstabilisent la sécurité en Europe. Pour le Royaume-Uni, la Russie doit démontrer sa conformité au Traité par des mesures « substantielles et transparente » et s’engager dans un dialogue constructif avec les États-Unis.
Compte tenu du climat international imprévisible, le Royaume-Uni juge indispensable de maintenir une dissuasion pour l’avenir: certains États peuvent utiliser leur capacité nucléaire pour en menacer d’autres ou faire pression sur un processus de décision, a-t-il fait valoir. Il y a un risque de prolifération et les menaces sont réelles, aussi chaque agresseur potentiel doit-il être conscient que les conséquences d’une attaque seraient bien supérieures aux bénéfices.
M. MIROSLAV KLÍMA (République tchèque) a indiqué que son pays considère le TNP comme la plateforme adéquate pour avancer vers l’objectif d’un monde sans armes nucléaires. En revanche, il a dit n’être pas convaincu que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires aidera à renforcer la sécurité et à réduire le risque nucléaire. Il a appelé les États qui ne l’ont pas fait à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) sans délai et espéré une entrée en vigueur rapide de ce Traité qui, a-t-il souligné, peut renforcer l’architecture internationale de façon significative. Il a espéré que les travaux pour créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient rependront sur la base du consensus, jugeant essentiel d’encourager et d’identifier les possibilités de dialogue régional.
Le représentant a réitéré l’attachement de son pays à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et civiles en se basant sur des accords de garantie, et a jugé que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) joue à cet égard un rôle essentiel. L’exercice de ce droit au nucléaire civil peut, selon lui, avoir des retombées dans de nombreux domaines dont le contrôle des maladies, la sécurité alimentaires et de l’eau, et les thérapies contre le cancer.
M. FAIYAZ MURSHID KAZI (Bangladesh) a appelé à réduire le statut opérationnel des armes nucléaires, soulignant que le désarmement et la non-prolifération sont deux logiques qui se renforcent. Après avoir demandé la mise en œuvre effective du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a dit espérer que la Conférence d’examen du TNP permettra de surmonter les difficultés rencontrées. Pour lui, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ne devrait pas, par ailleurs, être une pomme de discorde puisqu’il renforce l’Article VI du TNP. Se disant en faveur d’un traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles qui inclurait les stocks existants, il s’est dit en même temps préoccupé par le manque de progrès à la Conférence du désarmement. L’adoption d’un instrument juridiquement contraignant comportant des garanties pour les États non dotés seraient notamment souhaitable, a-t-il ajouté.
M. MUHAMMAD SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie) a appelé à œuvrer de manière constructive dans le cadre des travaux préparatoires de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 2020. Il s’est réjoui par ailleurs des cinq organes subsidiaires qui ont été créés au sein de la Conférence du désarmement. À ses yeux, l’AIEA joue un rôle clef dans le cadre du TNP en garantissant un usage pacifique du nucléaire. En tant qu’État membre de l’ASEAN, la Malaisie continue de respecter l’accord l’alliant à ce groupe. Il en a d’ailleurs profité pour demande la création d’une zone exempte d’armes nucléaires équivalente au Moyen-Orient. Se félicitant de la tenue des sommets intercoréens, il a exhorté toutes les parties à œuvrer de concert pour aboutir à une dénucléarisation de la péninsule.
Pour M. PATRICK SAINT-HILAIRE (Haïti), l’élimination de toutes les armes de destruction massive est une nécessité impérieuse et il a exhorté la communauté internationale à ne pas s’attarder à des arguties. Rien ne vaut la vie que ces armes risquent d’anéantir, a-t-il prévenu. Il a noté les manifestations de bonne volonté en vue de relever les défis complexes du désarmement, notant par ailleurs les appels à faire le lien entre désarmement, sécurité internationale et mise en œuvre des objectifs du développement durable.
La réflexion sur ces périls doit être déterminante dans les discussions sur le désarmement nucléaire, a poursuivi le représentant, et Haïti insiste sur le plein respect des accords en matière de désarmement et de non-prolifération pour promouvoir la confiance entre les États, en particulier en ce qui concerne le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Mais la communauté internationale peut aller encore plus loin comme l’a montré l’adoption du Traité sur l’interdiction totale des armes nucléaires, a-t-il fait observer.
M. GYORGY MOLNAR (Hongrie) a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) existe depuis près de 50 ans et que c’est « une bonne raison de renforcer son intégrité ». Selon lui, la communauté internationale doit faire tout son possible pour limiter les risques de prolifération. À ce titre, le délégué a exhorté la République populaire démocratique de Corée à se mettre en conformité avec les traités, les résolutions et les garanties de l’AIEA en tant qu’État non doté. « Les sanctions doivent être maintenues tant que des mesures concrètes et vérifiables n’auront pas été prises », a-t-il ajouté. Par ailleurs, il a jugé que la mise en œuvre du Plan d’action global commun est la meilleure manière de s’assurer de la nature uniquement pacifique du programme nucléaire iranien.
À propos du désarmement nucléaire, la Hongrie a assuré qu’elle partage l’objectif ultime de l’élimination des armes nucléaires. Mais il faudrait, selon elle, des efforts conjoints de la communauté internationale pour bâtir ce monde plus sûr, efforts qui sont sapés par un environnement sécuritaire instable. La situation en République populaire démocratique de Corée, la remise en cause du Plan d’action global commun, ou les récents développements autour du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire sont autant d’incertitudes qui pèsent sur l’avenir du désarmement. Appelant à se concentrer sur les points que la communauté internationale a en commun, il a considéré que le désarmement, pour devenir réalité, ne pouvait passer que par une approche graduelle, concrète et pratique.
Mme KATE VASARAKORN (Thaïlande) a déclaré que l’engagement de son pays envers le désarmement et la non-prolifération est indéfectible. « En tant qu’État partie au Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) qui a de plus ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, nous pensons que ces deux instruments sont liés et se renforcent mutuellement, a indiqué le représentant, avant d’appeler tous les États à s’engager en bonne foi, comme le stipule l’Article 6 du TNP, vers le désarmement nucléaire complet et général.
La représentante a affirmé que l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est un véritable accomplissement vers un monde exempt d’armes nucléaires. De plus, la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne est un prérequis pour la paix et la sécurité de la région.
M. AIDAN LIDDLE (Royaume-Uni), intervenant au nom de cinq pays, a critiqué le récent Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Réitérant l’exigence du groupe de pays de parvenir à un désarmement nucléaire effectif et à une réduction de grande ampleur des arsenaux nucléaires, il a estimé que le Traité d’interdiction ignore et risque de saper le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Selon lui, il ne permet aucunement de renforcer la confiance et la transparence. Au contraire, il crée des divisions dans le dispositif de désarmement et met à mal d’éventuels traités futurs. Assurant qu’il ne contraint pas juridiquement les pays du groupe, il a rejeté l’idée selon laquelle il entrerait dans le droit coutumier. Il a enjoint les pays qui soutiennent ce Traité de s’interroger sur ses conséquences.
Mme HAMDA ALAWADHI (Émirats arabes unis) a mis l’emphase sur l’importance de la Conférence d’examen du TNP prévue pour 2020. Elle a regretté le délai dans l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, tout en renouvelant ses appels à Israël d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Les Émirats ont également réclamé qu’on entame des négociations pour le traité d’interdiction de la production de matières fissiles. Se félicitant des discussions de haut niveau sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, la représentante a appelé la RPDC à s’abstenir de mener tout test nucléaire ou de missiles balistiques et de se conformer aux résolutions la concernant. Mettant en valeur le programme nucléaire civil de son pays, elle a estimé que cette source d’énergie était un moyen de parvenir au développement durable. C’est dans cet esprit qu’elle a exhorté l’AIEA d’améliorer le système des garanties et à l’Iran de se conformer à ses obligations en matière de non-prolifération.
M. ANDREY BELOUSOV (Fédération de Russie) a indiqué que son pays a déjà considérablement réduit son arsenal, à moins de 15% de son niveau maximal au moment de la course aux armements. Il a estimé que les prochaines mesures en matière de désarmement devront être prises par les puissances nucléaires via une approche, pas à pas, qui est consistante avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). En revanche, la Fédération de Russie est hostile à toute mesure « simpliste » comme le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires qu’elle juge « inefficace » et qui risque de miner les dispositions du TNP. Ce Traité crée en outre de nouvelles divisions entre les États Membres qui sont en faveur d’un régime de désarmement. L’arme nucléaire est un moyen de dissuasion face à des menaces spécifiques et tant que ces menaces existent, les pays n’y renonceront pas, a-t-il prévenu.
Le représentant s’est ensuite dit particulièrement préoccupé par la nouvelle doctrine nucléaire américaine qui, a-t-il relevé, prévoit un renforcement du rôle des armes nucléaires dans la défense des États-Unis et envisage le possible recours à « une guerre nucléaire limitée ». Il a également pointé l’élaboration d’un système mondial de missiles balistiques, et le refus des États-Unis de renoncer au déploiement d’armes dans l’espace. Ceci ramène la pensée militaire américaine un demi-siècle en arrière, « quand on pensait qu’une guerre nucléaire était encore admissible », a-t-il dénoncé. Il s’est préoccupé de la situation autour du traité START. Alors que le Président russe s’est dit prêt à envisager sa prolongation, « nous n’avons encore aucune réponse sur les questions qui demeurent en suspens au sujet de son respect par les États-Unis », a-t-il commenté.
Le représentant a en outre pris note de la déclaration du Président Donald Trump concernant un possible retrait du Traité FNI, et a averti qu’il s’agit d’une mesure peu clairvoyante et extrêmement dangereuse pour la paix internationale. Le représentant a précisé que son gouvernement allait suivre de près toute évolution dans l’approche américaine de cet instrument du désarmement essentiel pour la sécurité en Europe. Un tel retrait démontrerait, en outre, une fois de plus que les autorités américaines privilégient leurs objectifs de politique étrangère en cherchant obsessionnellement à asseoir la supériorité de leur pays sur le reste du monde, a-t-il lancé.
M. Belousov a, par ailleurs, regretté que la communauté internationale aborde le prochain examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) « avec un résultat zéro » concernant l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
M. KATEO KABANGU SERAPHIN (République démocratique du Congo) s’est dit préoccupé par la prolifération d’acteurs possédant des armes de destruction massive et par le transfert des techniques nucléaires. « Les États nucléaires devraient montrer la voie en réduisant leurs stocks et les armes nucléaires devraient suivre le chemin des armes chimiques », a-t-il déclaré. Il a rappelé que la RDC dispose d’un arsenal juridique concernant la protection de l’exploitation et de la commercialisation des minerais stratégiques. « La meilleure façon d’agir serait l’élimination complète d’armes nucléaires pour en dégager des ressources qui seraient réaffectées au programme de développement », a-t-il conclu.
M. SEYED MOHAMMAD ALI ROBATJAZI (République islamique d’Iran) a déclaré que le programme nucléaire américain est incompatible avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Il a cité à titre d’exemple la revue à la hausse du nombre de missions dévolues à ces armes, l’abaissement de leur seuil d’utilisation, la modernisation des missiles sous-marins et pour bombardiers et l’allocation d’un budget de 1,2 milliard de dollars pour financer une augmentation massive de l’arsenal. Pour lui, « ces plans sont une provocation, c’est une invitation claire à se lancer dans une course aux armements. » Il s’est inquiété que ces projets ne conduisent qu’à une tentation accrue d’utiliser ces armes, donc à faire reculer le désarmement. Les États-Unis continuent pourtant de prêcher à autrui, a-t-il ajouté, « c’est un comportement hypocrite: ils feraient mieux d’appliquer ce qu’ils prêchent ». Le retrait annoncé des États-Unis du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire est une preuve de ce désintérêt pour le désarmement qui, a-t-il averti, conduit à la détérioration d’une situation déjà complexe. Par ailleurs, a-t-il poursuivi, les États-Unis continuent d’appuyer la détention d’armes par Israël. « Ils encouragent le régime israélien qui menace autrui, a-t-il accusé. Ces politiques irresponsables ne sauraient être tolérées plus avant. » Remerciant tous ceux qui ont critiqué le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun, il a estimé qu’il représente pourtant l’efficacité même du multilatéralisme.
M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a estimé que, dans un contexte marqué par des tensions croissantes, il est impérieux d’œuvrer à la réussite de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020.
Un conflit non résolu entre États nucléaires pourrait déboucher sur une escalade dangereuse, a-t-il averti. Aussi, le Sénégal reste attaché à l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires car, a souligné le délégué, leur élimination est la seule garantie de sécurité contre leur usage par des groupes terroristes. La création de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment au Moyen-Orient, et la fin de la production des matières fissiles sont également indispensables. Le désarmement général doit être complet et irréversible et les pays ne peuvent contourner les dispositions du Traité sur la de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-il par ailleurs estimé.
Mme RONALDA EDWARDS-HORATIO (Guyane) a rappelé que l’engagement de son pays en faveur d’un monde débarrassé des armes se nourrit des conséquences catastrophiques de leur usage. À ses yeux, le seul moyen de garantir qu’elles ne seront pas utilisées, c’est d’interdire la mise au point, la production, le stockage, l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes. Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires complète donc les instruments existants, a-t-elle estimé, notamment le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Elle a par ailleurs estimé que le mécanisme actuel de désarmement offre déjà beaucoup de possibilités. La réduction du rôle et de l’importance des armes nucléaires, mais aussi la réduction de leur préparation opérationnelle sont autant d’éléments essentiels qui doivent être pris en compte, a-t-elle ajouté. Se disant encouragée par l’évolution positive de la situation dans la péninsule coréenne, elle a encouragé toutes les parties à agir de bonne foi. Elle s’est par ailleurs dite préoccupée par les importantes ressources économiques qui sont consacrées à l’entretien et à la production de ces armes. « C’est un affront au développement, a-t-elle asséné. Ces sommes devraient être investies dans le bien-être des populations. »
M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie) a déclaré que, compte tenu de la situation sécuritaire complexe sur le plan international, la seule voie pour parvenir à l’objectif commun est celle qui intègre toutes les parties prenantes. « Seule une approche faite de mesures concrètes et pratiques peut éventuellement mener à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires. Cette approche qui prend en compte les dimensions sécuritaires de même que les risques de prolifération est basée sur le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), en particulier son Article 6, a-t-il dit, avant d’expliquer qu’il faut se concentrer sur la mise en œuvre des documents issus des Conférences d’examen de 1995, 2000 et 2010.
M. Panayotov a également déclaré que le début des négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles à la Conférence du désarmement est un autre élément qui permettrait d’approcher de l’objectif. À cet égard, la délégation félicite le Canada, qui a présidé le Groupe préparatoire d’experts de haut niveau. Les qualités du Président ont permis l’élaboration d’un document consensuel, s’est réjoui le représentant. Par ailleurs, le désarmement nucléaire n’est possible que dans la confiance. Pour cette raison, la Bulgarie appelle les États-Unis et la Fédération de Russie à rester engagés dans le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, a-t-il conclu.
Mme MAYA YARON (Israël) a déclaré qu’en dépit de l’attitude de la Conférence générale de l’AIEA et de la Première Commission vis-à-vis de son pays, et en particulier dans le cadre des deux résolutions sur la question du nucléaire dans le Moyen-Orient, Israël n’a cessé de privilégier une approche constructive et pragmatique. « Ces dernières années, malgré les circonstances complexes, Israël est venu à la table des négociations pour discuter du contrôle régional des armes avec de bonnes intentions. Mais les États arabes de la région et d’autres n’ont pas fait de même », a assuré la représentante.
De son point de vue, ces États n’ont jamais eu l’intention de dialoguer et ont toujours pour ambition d’isoler Israël, certains de ces États n’étant de surcroît toujours pas prêts à accepter l’existence d’Israël. Il a de plus estimé que la région n’est pas prête pour le concept de zone exempte d’armes de destruction massive.
Or, l’approche d’Israël a toujours été constructive, a-t-il poursuivi. Son gouvernement n’a jamais cessé de dire que tous les processus doivent se mener sur la base du consensus, émanant de la région elle-même et sans préjudice direct ou indirect pour aucune des parties, y compris les tiers, et avec pour objectif la confiance dans la prise en compte des intérêts légitimes de sécurité de tous. « Or l’objectif des pays arabes semble être, une fois de plus, d’isoler Israël. Ils veulent imposer des décisions plutôt que de parvenir à un consensus et faire intervenir une partie tierce au lieu d’engager un dialogue direct. Ils adoptent aussi une approche unilatérale qui ne tient pas compte des considérations de sécurité nationale », a déploré la représentante, avant d’ajouter que jamais son pays n’empruntera cette voie-là.
M. MELUSI MARTIN MASAKU (eSwatini) a estimé que seule l’élimination totale des armes nucléaires peut garantir le désarmement nucléaire. Il a salué l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en 2017 qui, a-t-il souligné, est une composante essentielle de l’ordre juridique international, nécessaire pour lancer un message fort et efficace pour l’interdire les armes nucléaires. De la même façon, les zones exemptes d’armes nucléaires sont des jalons essentiels vers le désarmement et la non-prolifération nucléaires, a-t-estimé. Il a réitéré son engagement envers le Traité de Pelindaba.
M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a rappelé que son pays défend le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qu’il considère comme « un pas dans la bonne direction ». Le délégué s’est cependant inquiété de voir que les capacités des États dotés continuent d’être modernisées pour davantage de précision et de puissance de destruction. Il a également dit redouter le risque que des acteurs non étatiques et des terroristes accèdent à ses armes.
Selon les Philippines, a-t-il poursuivi, le désarmement doit être une priorité malgré les tensions politiques. À ce titre, les Philippines se sont félicitées du programme du désarmement du Secrétaire général et ont pris note du dialogue qu’il veut établir avec les États détenteurs. Parallèlement, les Philippines appuient les travaux complémentaires de l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement qui facilite le dialogue avec les États non dotés sur les questions les plus difficiles. Le délégué a aussi jugé que la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020 sera essentielle.
M. YOURI VITRENKO (Ukraine) s’est inquiété de voir la crédibilité et l’efficacité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) « sérieusement » mises à mal. Il a rappelé que son pays avait renoncé à son arsenal sur la base d’assurance de sécurité internationale en 1994, en particulier le Mémorandum de Budapest signé entre l’Ukraine, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie. La « brutale violation » des obligations internationales dont celles liées au Mémorandum de Budapest par la Russie –État doté de l’arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité- a miné l’ensemble du système de sécurité des Nations Unies, a-t-il prévenu.
De son côté, l’Ukraine continue de respecter le TNP qu’elle considère comme le pilier du désarmement et souhaite une réduction des arsenaux et que soit mis fin à la modernisation de ces armes. À ce titre, le représentant a souhaité l’universalisation du TICE et a exhorté tous les États à le signer et ratifier sans délai, en particulier les pays de l’Annexe 2. Nous sommes sûrs qu’un moratoire volontaire sur les essais nucléaires sera « essentiel mais pas suffisant » tant que le Traité n’aura pas de valeur juridiquement contraignante, a-t-il insisté. De même, l’Ukraine soutient la négociation d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour des armes nucléaires.
M. FARID MOUSTAPHA MAMANE SANDA (Niger) a rappelé que son pays est producteur d’uranium et a, à ce titre, ratifié le Traité de Pelindaba et créé la haute autorité nigérienne à l’énergie atomique (HANEA). Depuis la ratification en 2002 du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le Niger joue un rôle actif dans sa mise en œuvre et abrite à cet effet la station sismique de Torodi. Cette station est l’une des plus performantes du réseau mondial du Système international de surveillance installée par l’Organisation du TICE (OTICE). La haute autorité nigérienne héberge aussi un centre national de données en Afrique de l’Ouest. Aussi, lance-t-il un appel solennel aux États de l’Annexe 2 du TICE pour qu’ils ratifient ce Traité afin de favoriser son entrée en vigueur au nom de la paix et de la sécurité.
Pour Mme CHARLENE ROOPNARINE (Trinité-et-Tobago), il n’existe pas de place pour les armes nucléaires dans les doctrines de sécurité, et le « paradigme démodé » de la sécurité nationale doit être remplacé par celui de la sécurité humaine. Allant plus loin, elle a estimé que le prestige d’un pays ne se mesure pas à sa capacité de détruire, mais au contraire à son aptitude à construire et maintenir la paix. C’est dans cet esprit que son gouvernement soutient tout effort visant à créer un monde sans armes nucléaires.
La représentante a regretté que la Conférence n’ait toujours pas repris ses négociations, y compris celles sur le traité pour l’interdiction des matières fissiles. Elle a aussi déploré que plus de 20 ans après son adoption, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours par entré en vigueur. Sa délégation attend aussi plus de résultats tangibles de la Conférence d’examen 2020 du TNP, appelant les pays qui n’en sont pas encore parties à envisager de le devenir.
En tant que pays membre de la CARICOM, Trinité-et-Tobago a participé aux négociations du Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires. Pour sa délégation, ce Traité ne viendrait pas simplement compléter les normes actuelles mais également renforcer les instruments juridiques existants, y compris le TNP, et remédier aux lacunes du régime actuel qui permet aux États de participer à des activités associées aux armes nucléaires ou de revendiquer des bénéfices à en tirer. C’est dans cet esprit que Trinité-et-Tobago a travaillé sur l’article relatif aux « obligations positives » ou aux mesures correctives dans le contexte de l’assistance aux victimes, la restauration environnementale et la coopération internationale, a précisé la déléguée, qui est convaincue que ces obligations positives fixeront la norme pour répondre aux conséquences humanitaires de toutes les armes.
« Une guerre nucléaire serait catastrophique et aurait des proportions inimaginables », a déclaré M. DAVID CHARTERS, observateur du Saint-Siège, avant de remarquer que même une utilisation limitée de ces armes causerait la mort d’un nombre innombrable de personnes, aurait des conséquences environnementales énormes et provoquerait la famine. Ainsi, pour le Saint-Siège, le fait qu’une poignée de pays possède toujours plus de 14 000 têtes nucléaires représente l’un des plus grands défis moraux de notre temps.
L’opposition de l’Église catholique aux armes nucléaires remonte à 1943, a rappelé l’archevêque, passant en revue les prises de position successives du Vatican sur cette question. Il a regretté que les investissements dans ces arsenaux continuent de siphonner des ressources immenses qui pourraient être allouées, inter alia, à la réalisation des objectifs de développement durable, et en particulier à l’élimination de la pauvreté et de la faim dans le monde. Le Saint-Siège reproche aussi aux puissances nucléaires de ne pas respecter leur obligation légale en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires « de poursuivre de bonne foi les négociations en vue de l’élimination complète des armes nucléaires ». Et pourtant, le TNP aura bientôt 50 ans, et aucune négociation globale sur le désarmement nucléaire n’a eu lieu, a regretté l’archevêque, qui a également pointé qu’il ne fallait pas citer la réduction en nombre par rapport au pic de la guerre froide pour masquer la modernisation des arsenaux nucléaires de certains pays.
Pour sa délégation, le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires, qui a été adopté en juillet 2017, pourrait être un pas important vers l’élimination de ces armes. À la lumière de l’extrême danger que représentent les tentatives actuelles pour enfreindre les progrès en matière de désarmement nucléaire, le Saint-Siège appelle à un dialogue mondial entre puissances nucléaires et pays non dotés, ainsi qu’avec les organisations de la société civile, pour « faire en sorte que les armes nucléaires soient interdites une fois pour toutes au bénéfice de notre maison commune ».
M. XOLISA MABHONGO, Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a rappelé que l’une des fonctions principales de l’AIEA consiste à vérifier que les pays ne travaillent pas à acquérir de nouvelles armes nucléaires. Ses agents, a-t-il poursuivi, conduisent des inspections dans les installations nucléaires partout dans le monde et ramènent des échantillons pour analyse. Selon lui, les garanties fournissent des assurances crédibles que les États se conforment à leurs obligations internationales de ne pas mettre au point ces nouvelles armes. Elles permettent aussi de détecter un usage frauduleux de matériel nucléaire et d’alerter le monde d’un risque de prolifération.
Rappelant que les exigences ne cessent de croître du fait de l’augmentation significative du matériel nucléaire couvert par ces garanties, il a dénombré 182 États parties aux accords de garanties et 133 ayant pris des garanties supplémentaires. Il a ajouté que les garanties sont un élément essentiel de la non-prolifération, mais que les protocoles additionnels augmentent la capacité de vérification de l’AIEA quant à l’usage pacifique de l’énergie atomique. L’Agence est aussi disposée à participer aux étapes de vérification si les États parties à ces accords le demandent. Parallèlement, l’AIEA a participé à la mise en œuvre des zones exemptes d’armes nucléaires.
À propos du Plan d’action global commun, l’AIEA a affirmé que la République islamique d’Iran s’acquitte de ses engagements et qu’il est essentiel qu’elle continue à mettre en œuvre ce plan. L’Agence demande par ailleurs à la République populaire démocratique de Corée de coopérer avec elle pour répondre aux questions laissées en souffrance, y compris celles qui ont surgi pendant son absence du territoire après 2009. L’AIEA a enfin encouragé tous les États à accorder l’attention nécessaire aux conditions de sécurité.
Déclarations sur les autres armes de destruction massive
M. FAIZAL CHERY SIDHARTA (Indonésie), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a estimé que l’objectif ultime de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) devrait porter sur une élimination complète des armes chimiques et toxiques. S’agissant des armes biologiques et de la Convention afférente, il s’est inquiété de l’absence de système de vérification qui continue de poser un sérieux défi à la convention. Il a appelé les États parties à renforcer, sans distinction, leur coopération internationale et leurs échanges d’informations sur les toxines, les équipements et les technologies toxiques et biologiques.
Le représentant a demandé que toute action en la matière prise par le Conseil de sécurité veille à ne pas saper la Charte des Nations Unies, les traités multilatéraux existants sur les armes de destruction massive, les organismes existants et l’Assemblée générale. Le Mouvement met en effet en garde le Conseil de sécurité qui utilise son autorité pour définir les obligations législatives faites aux États Membres. Or, a souligné le représentant, l’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques devrait être traitée par l’Assemblée générale en tenant compte de l’avis de l’ensemble des États Membres.
M. BASSEM HASSAN (Égypte) au nom de la Ligue des États arabes, a annoncé que son pays s’en tient à sa position de principe sur la question des armes de destruction massive en demandant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a estimé que la Ligue avait joué un rôle efficace dans le cadre des efforts déployés pour débarrasser le monde des armes de destruction massive. À ce titre, la Ligue continue d’appuyer les deux Traités sur les armes chimiques et biologiques et de condamner l’emploi d’armes de destruction massive par qui que ce soit, et quelles que soient les circonstances. Il a ajouté que l’adhésion d’Israël au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) au titre d’État non doté contribuera également à la stabilité et à la non-prolifération.
Le délégué a ensuite souligné que tous les documents finaux des Conférences d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) font référence à la zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. À ses yeux, les États doivent pourvoir signer un traité pour libérer la région de ces armes et a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts au sein de la communauté internationale afin de créer cette zone.
M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a fait valoir que les armes chimiques, biologiques et radiologiques explosant intentionnellement ou par accident risquent de causer des dégâts massifs aux populations et aux biens et d’affecter l’environnement. La communauté internationale doit donc mettre pleinement en œuvre et respecter les traités concernant les armes de destruction massive et renforcer sa coopération pour éliminer les armes chimiques. La Convention sur les armes chimiques demeure l’instrument pertinent et l’un des outils les plus fructueux du régime de désarmement, car elle interdit complètement toute une catégorie d’armes, a-t-il souligné.
De même, la Convention sur les armes biologiques représente un dispositif crucial du cadre international, a poursuivi le représentant. L’ASEAN est disposée à poursuivre sa coopération régionale pour renforcer la capacité de ses membres à lutter contre les armes chimiques et biologiques. À cet effet, les ministres de la défense de l’ASEAN ont annoncé la mise en place d’un réseau d’experts pour partager leurs meilleures pratiques en la matière et faciliter les échanges en cas de crise.
Mme ANNE-SOFIE NILSSON (Suède) s’exprimant au nom du Groupe des pays nordiques, a réitéré sa préoccupation concernant la possession d’armes chimiques par la Syrie et a fortement exhorté ce pays à divulguer toutes les informations pertinentes à ce sujet à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Évoquant les attaques sur le sol britannique, les pays nordiques ont condamné sans équivoque tous les recours aux armes chimiques qui contreviennent à l’interdiction mondiale de ces armes. Ils réitèrent leur ferme conviction que les auteurs de telles attaques odieuses et barbares doivent rendre des comptes et soutiennent à cet effet la décision des États parties à la Convention sur les armes chimiques de poursuivre les auteurs. Elle a regretté que le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU n’ait pu être renouvelé en novembre 2017.
S’agissant des armes biologiques, elle a noté que la première réunion d’experts en août avait tenu ses promesses d’être plus centrée sur des questions pratiques et moins académiques. Mais davantage doit être fait selon elle. Elle s’est inquiétée de la situation financière difficile de la Convention et a appelé les États parties à régler leurs arriérés.
M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyane) au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réitéré son soutien sans faille à la Convention sur ls armes chimiques. « Franchement, nous sommes alarmés par les cas d’utilisation d’armes chimiques rapportés par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques », a assuré le délégué. Toute utilisation de ces armes, quelles que soient les circonstances, est injustifiée, illégale et inacceptable, a-t-il ajouté, avant d’appeler à des enquêtes impartiales. Selon lui, ces enquêtes permettront non seulement de mettre la main sur les responsables, mais de contribuer à renforcer les normes internationales contre les armes chimiques et de s’assurer que les victimes reçoivent réparation. La destruction complète des stocks d’armes chimiques déclarés par plusieurs États sous la vérification de l’OIAC est en revanche une vraie avancée vers la mise en œuvre pleine et entière de la Convention, s’est-il réjoui.
Apportant également son soutien à la Convention sur les armes biologiques, il a considéré que ce Traité était d’une importance vitale au moment où la science et la technologie facilitaient l’acquisition de ces instruments, y compris par des organisations non étatiques et terroristes. Notant que le Secrétaire général a rappelé que le monde n’est pas du tout préparé à l’usage d’une telle arme, le délégué a appelé à prendre des mesures robustes au niveau national pour compléter les efforts aux niveaux régional et international.
Mme ANNE KEMPPAINEN, déléguée de l’Union européenne, a condamné dans les termes les plus forts l’utilisation d’armes chimiques ou toxiques en Syrie, en Iraq et en Malaisie, ainsi que plus récemment au Royaume-Uni, et a demandé que la communauté internationale veille à traduire les responsables en justice. À cet égard, elle a regretté vivement les vetos russes qui ont bloqué le renouvellement du mandat du Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU. Elle a salué en revanche la décision prise en juin, lors de la Conférence des parties à la Convention sur les armes chimiques de renforcer les capacités de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et d’identifier les auteurs de telles attaques.
L’Union européenne a exprimé ses fortes préoccupations relatives au dernier rapport de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) montrant de nouveaux usages de l’arme chimique par la Syrie et elle a appuyé la mission d’établissement des faits, a ajouté la représentante.
Mme Kemppainen a affirmé que les informations fournies par le Royaume-Uni sur l’attaque de Salisbury ont montré l’implication d’agents russes. L’Union européenne demande aux États Membres non parties à la convention de la rejoindre. Elle s’est par ailleurs inquiétée de la situation financière de la Convention sur les armes biologiques et a appelé les États à s’acquitter de leurs obligations financières, surtout face à la menace de voir des agents non étatiques s’emparer de telles armes. La prolifération de vecteurs d’armes de destruction massive est source de vives préoccupations, a-t-elle souligné. Elle a, par ailleurs, condamné les tirs de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), l’exhortant à respecter ses obligations internationales. De même elle a enjoint l’Iran à cesser ses activités en lien avec les missiles balistiques qui pourraient servir de vecteur à l’usage d’armes chimiques.
La Convention sur les armes chimiques est attaquée, s’est alarmé Mme YLEEM D.S. POBLETE, Sous-Secrétaire d’État des États-Unis. Nous avons, s’est-elle expliquée, observé étroitement le comportement de l’Iran. Nous avons, a-t-elle rappelé, détecté des irrégularités dans la déclaration iranienne et reçu des réponses insuffisantes à plusieurs requêtes, ce qui nous a rendus incapables de certifier que l’Iran respecte bien la Convention. Les États-Unis sont également préoccupés par le fait que l’Iran essaie de se procurer, à des fins offensives, des analgésiques opioïdes. La Sous-Secrétaire d’État a par ailleurs annoncé qu’avec le Canada et les Pays-Bas, son pays vient de soumettre une proposition au Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction de armes chimiques consistant à ajouter la famille des novitchok à l’Annexe de la Convention sur les produits chimiques. Il s’agit en effet d’agents neurotoxiques de fabrication militaire qui n’ont pas d’autre utilité que blesser ou tuer comme l’on a vu dans les villes britanniques de Salisbury et d’Amesbury. Nous appelons les États « responsables » à appuyer cette proposition, a plaidé le Sous-Secrétaire d’État.
La quatrième session extraordinaire de la Conférence des Parties à la Convention offre aussi l’occasion de traiter de la menace posée par les analgésiques opioïdes comme le fentanyl, a poursuivi la Sous-Secrétaire d’État, arguant que ces produits n’ont rien à faire en dehors du circuit médical. Les États-Unis et beaucoup d’autres États parties sont gravement préoccupés par le fait que certains pays essayent de développer ces produits pour la guerre ou autre objectif offensif. Nous ne pouvons fermer les yeux devant cette menace et prétendre travailler à un monde débarrassé des armes chimiques, a martelé le Sous-Secrétaire d’État.
La Sous-Secrétaire d’État a également accusé des pays de bloquer toute idée visant à reprendre les négociations sur un nouvel instrument juridique lié à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques. Quant à l’idée de renforcer dès maintenant la Convention dans les domaines qui font l’objet d’un consensus, la Sous-Secrétaire d’État en a douté: nous ne pouvons le faire tant que la Convention n’aura pas surmonté sa crise financière. Il est essentiel que les États parties qui ont des arriérés rectifient la situation sans plus tarder, a-t-elle conclu.
Droits de réponse
S’agissant du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, le représentant des États-Unis a affirmé que son gouvernement avait contacté la Fédération de Russie à plusieurs reprises à propos de ses violations dudit Traité. « Nous leur avons demandé de se conformer à leurs engagements, a-t-il ajouté. Nous les avons prévenus à plusieurs reprises. Nous leur avons donné des preuves qui montrent qu’ils étaient en train d’élaborer un missile de croisière avec une portée comprise entre 500 et 1 500 kilomètres », a-t-il indiqué. Le représentant a ensuite indiqué que la Russie a d’abord nié les faits, avant de déclarer que la portée des missiles n’était pas celle de la zone prévue par l’accord. Les États-Unis, a réagi le délégué, ne peuvent pas « rester les bras croisés sans réagir ». Caractérisant ce Traité d’essentiel, il a exhorté la Russie à détruire ce nouveau missile.
Le représentant de la Fédération de Russie a balayé ces accusations d’un revers de main, notant qu’elles sont renouvelées d’année en année. C’est une stratégie de diversion qui permet aux États-Unis de ne pas respecter leurs propres engagements à ce Traité pourtant essentiel, a-t-il affirmé, accusant par ailleurs les médias de lancer des accusations infondées sur de soi-disant violations, sans présenter d’éléments de preuves.
De son côté, la Russie s’appuie sur des preuves pour se préoccuper du non-respect du Traité par les États-Unis, a poursuivi le représentant qui a accusé les Américains d’avoir déployé des MK41 sur des bases en Europe, en violation de l’accord. Cette question est évoquée depuis 15 ans déjà, a-t-il rappelé. Par ailleurs les États-Unis continuent de mener des programmes de missiles de portée intermédiaire qui font l’objet de test. Se retirer de ce Traité est beaucoup plus simple que de s’y conformer! a commenté le délégué.
Il a également pointé le retrait des États-Unis du Traité concernant la limitation des systèmes de missiles antimissiles balistiques et du Plan d’action global commun. Demandant aux États-Unis de s’abstenir de telles actions et de respecter les traités auxquels ils adhèrent, il a assuré que la Russie est ouverte au dialogue sur ces questions complexes liées au désarmement et à la non-prolifération.
Enfin, en ce qui concerne les accusations de non-respect du Mémorandum de Budapest, là aussi le délégué russe a parlé de « propagande ». L’idée de ce Traité, a-t-il rappelé, c’était de garantir l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en tant qu’État non doté. Les dispositions de ce Traité ne concernaient pas des actions de politique intérieure et n’ont pas été violées par la Russie comme cela a été prétendu, a-t-il affirmé.
Le représentant de la Syrie a dénoncé les « accusations sans fondement » aucun, prononcées à l’encontre de son pays. Selon lui, Israël refuse toute initiative de désarmement dans la région et la déclaration de l’Union européenne déborde de mensonges, d’erreurs, « comme à l’accoutumée ». Il a affirmé que certains des États membres de l’Union européenne ont formé des terroristes et leur ont appris comment utiliser les agents chimiques. Il s’en est également pris à l’intervention de la Suède au nom du Groupe des pays nordiques, affirmant qu’au début du conflit syrien, ces derniers auraient affirmé qu’ils traiteraient les combattants terroristes étrangers revenant dans leur pays comme des terroristes et que maintenant, ils les renvoient en Syrie.
Les États-Unis sponsorisent 25 laboratoires à travers le monde qui travaillent sur des armes chimiques et sont les pires violateurs des conventions sur les armes chimiques, a-t-il par ailleurs accusé.
À son tour, le représentant de l’Iran a dénoncé les allégations sans aucun fondement des États-Unis. Ces allégations sont, a-t-il affirmé, le symbole d’une Administration qui n’hésite pas à monter de toutes pièces des histoires de manière éhontée. Il a rappelé que les armes chimiques utilisées contre son pays par Saddam Hussein dans les années 80 avaient été produites avec l’aide des États-Unis. C’est pour cela que nous refusons ces armes, a-t-il insisté, nous avons fait l’expérience des désastres qu’elles peuvent causer. « Nous appuyons donc à 100% la Convention sur les armes chimiques et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ».
Il a indiqué que l’OIAC avait confirmé le respect par l’Iran de ses obligations, pour ensuite soulever des questions sur le respect des États-Unis de la Convention de l’OIAC. Il a notamment affirmé que les États-Unis disposent d’un stock important d’armes chimiques et font tout pour retarder le respect de leurs obligations.
Enfin, il a accusé les États-Unis d’encourager les terroristes à utiliser des armes chimiques. Ce sont eux qui y ont investi des millions de dollars dedans, a-t-il insisté. « Les États-Unis ne respectent aucune règle internationale régissant les armes de destruction massive », a encore accusé le représentant de l’Iran.
Le représentant de l’Ukraine a affirmé que ce n’est qu’après 2014 et l’occupation de l’Ukraine, que la Fédération de Russie a tissé un discours sophistiqué pour s’exonérer de ses obligations internationales.
Reprenant la parole, le représentant des États-Unis a indiqué noter que les missiles balistiques que son pays déploie en Pologne ne sont pas concernés par le Traité FNI. En effet, ils n’ont jamais été testés ou lancés. De ce fait, nous respectons les dispositions du Traité, a-t-il déclaré.
Il a ensuite qualifié d’absurdes les accusations de la Syrie selon lesquelles les États-Unis possèderaient des laboratoires d’armes chimiques.
Quant à l’Iran, c’est le principal État qui sponsorise le terrorisme dans le monde, a-t-il observé.