En cours au Siège de l'ONU

Soixante-treizième session,
9e & 10e séances – matin & après-midi
AG/DSI/3604

Première Commission: entre constats alarmants et divergences de vue, la communauté internationale cherche un chemin vers le désarmement

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a achevé, ce matin, son débat général pour ensuite entamer le début des discussions thématiques en après-midi.  Mais la teneur des interventions a permis de se rendre compte que l’approche du désarmement était avant tout un problème global qui exige un mélange de coopération, de synergie et de prospection pour devenir une réalité.  Ce n’est qu’à ce prix qu’on sortira de ce que la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, a qualifié de « pire environnement sécuritaire depuis la fin de la guerre froide ».

Sur ce plan, la délégation d’Israël a délivré l’un des tableaux les plus sombres de la journée en donnant sa vision de la situation au Moyen-Orient.  S’il soutient une pacification de la région et la fin de toutes hostilités, son pays considère que cet objectif n’est pas atteignable sans une réconciliation mutuelle et la fin des agressions terroristes.  Des agressions « dont certaines sont conduites ou appuyées par des États présents dans cette salle », a-t-elle affirmé.

Plus spécifiquement, il a accusé la République islamique d’Iran d’avoir renforcé « son comportement malveillant dans la région » depuis l’adoption du Plan d’action global commun et de tester régulièrement la patience de la communauté internationale avec ses essais de missiles balistiques.  Il l’a accusée ensuite de menacer les bateaux dans la mer Rouge, d’attaquer des cibles en Arabie saoudite et en Iraq et de fabriquer des missiles en Syrie et au Liban.  Sans compter, a ajouté le représentant israélien, son soutien actif aux organisations terroristes de la région.

Pour parvenir à l’élimination complète des armes nucléaires dans la région, l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL) comme la Palestine réclament des mesures concrètes comme l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires.  Au Moyen-Orient c’est plus urgent que jamais, a affirmé le délégué palestinien, et le projet de résolution du Groupe arabe en ce sens est conforme au consensus international et aux obligations juridiques existantes.

Mais aux nombreux pays et organisations qui soutiennent la création de cette zone depuis le début du débat général, le délégué israélien a répondu par une fin de non-recevoir: « Prétendre qu’une architecture de sécurité est faisable sans engagement direct avec Israël, et sans reconnaître son droit à l’existence est intenable et réduit simplement à néant la possibilité d’un Moyen-Orient stable », a accusé le représentant, qui a par ailleurs soutenu que « ces États se fichent du contrôle des armes, ils veulent juste prendre cet organe en otage pour exclure Israël ».

Pendant ce temps-là, ont déploré d’autres pays, la planche à billets continue de tourner et d’alimenter ces tensions en finançant la production d’armes.  Les dépenses occasionnées pour la production de ces arsenaux sont évaluées à 1 700 milliards de dollars, a notamment chiffré le Cameroun, soit « 80 fois le montant nécessaire pour répondre aux besoins d’aide humanitaire dans le monde ».  Et d’après les calculs du représentant palestinien, il suffirait même de « 20% de cette somme pour mettre fin à la pauvreté ».  C’est pourquoi le Saint-Siège a appelé les gouvernements à consacrer plus de leurs ressources au développement, citant à cet effet le pape François: « Il faut rejeter la culture du gâchis et prendre soin des peuples. » 

Pendant l’après-midi, les panélistes invités en ouverture des questions thématiques ont fait des constats tout aussi alarmants et appelé de concert à un nécessaire désarmement à tous les niveaux.  Centrant son intervention sur les dispositifs explosifs, le représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a ainsi souligné les liens entre le désarmement et le droit humanitaire.  Prenant l’exemple de Gaza, de l’Iraq, de la Syrie, ou encore de l’Ukraine, il a non seulement rappelé combien ces armes tuaient et handicapaient d’innocentes victimes, mais aussi comment elles pouvaient désorganiser la société en rendant inopérants certains services essentiels comme les hôpitaux.

Au rang des blocages qui empêchent le désarmement au sens large d’avancer, le Secrétaire général de la Conférence du désarmement, M. Michael Møller, a déploré l’inertie qui mine les travaux de son organisme.  Espérant « prudemment » quelques progrès lors de la prochaine session, il a suggéré d’améliorer la coordination et la synergie entre les différents organes chargés du désarmement.  Il a aussi proposé que l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), « source vitale de connaissance », joue un rôle plus stratégique pour appuyer le processus de désarmement à Genève et à New York.

L’UNIDIR justement, par la voix de sa Directrice, Mme Renata Dwan, a estimé que le développement de la science présente de nouveaux outils pour répondre à tous ces défis.  À ce titre, elle a cité l’intervention d’une jeune chercheuse en biologie du MIT qui s’étonnait, l’été dernier, à Genève, que les délégués ne parlent que de technologies passées, se demandant ouvertement si la salle était prête pour aborder les technologies émergentes.  La représentante de l’UNIDIR a donc proposé un système de partenariats avec le privé qui pourrait, par exemple, aider à développer des scénarios pour évaluer les risques émergents. « Nous devons savoir pour pouvoir réfléchir », a-t-elle insisté.

C’est dans cet esprit que le Secrétaire général des Nations Unies a décidé de mettre en place un Groupe de haut niveau sur la coopération numérique entre tous les acteurs de la société civile, a d’ailleurs expliqué le Directeur de cette nouvelle entité, M. Amandeep Singh Gill.  Ce panéliste a résumé à trois questions la mission de son groupe qui incorpore des représentants de la communauté technologique: comment individus et organisations peuvent tirer parti des nouvelles technologies, comment mettre les droits de l’homme au cœur de la transformation numérique et comment combler le fossé numérique qui se creuse entre les peuples.

Pointant l’érosion de la confiance entre les pays, il a expliqué que c’est ce facteur qui a conduit à la création de ce groupe puisque « la question de la confiance est reliée à toutes les questions technologiques ».  Et dans le contexte international tel que décrit par Mme Nakamitsu, tout ce qui contribuera à la rétablir permettra d’avancer vers le désarmement.

La Première Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 18 octobre, à partir de 15 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations (suite)

Mme ROSEMARY MCCARNEY (Canada) s’est dite convaincue que les normes internationales en vigueur s’agissant de l’utilisation des armes chimiques avaient été violées et qu’il y avait des preuves évidentes que leurs « transgresseurs » incluaient la République arabe Syrienne et la Fédération de Russie, pourtant des États parties à la Convention sur les armes chimiques.  Elle a, ensuite, considéré que la situation sécuritaire internationale contrait la communauté des nations à faire davantage en matière de désarmement nucléaire et à œuvrer à l’élimination des armes nucléaires, en veillant notamment à ce que des accords tels que le Plan d’action global commun soient intégralement respectés.

La représentante s’est ensuite déclarée satisfaite de constater que le Groupe d’experts de haut niveau chargé de l’élaboration d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires ait conclu ses travaux, en juin, par l’adoption d’un consensus sur les éléments à intégrer dans un futur traité.  S’agissant du Traité sur le commerce des armes, le Canada a salué le travail accompli jusqu’à présent, en dépit de la nécessité de clarifier les efforts en cours.  La délégation s’est également félicitée des discussions sur les systèmes d’armes létales autonome, qui semblent, selon elle, avancer de manière constructive.  Elle s’est, en revanche, dite troublée par la « précarité » des conventions sur les armes conventionnelles et de la Convention sur les armes biologiques ou à toxines et sur leur destruction.  Ottawa, a ajouté Mme McCarney, est favorable à un ensemble d’initiatives qui placerait chacune des conventions en question sur un pied d’égalité d’un point de vue financier.

M. EDGAR SISA (Botswana) a noté qu’on assistait à une augmentation alarmante de l’instabilité dans le monde.  Il a rappelé que le développement durable est inatteignable sans paix et sécurité et a averti que l’existence même des armes nucléaires fait peser une menace existentielle sur l’ensemble de l’humanité.  À ses yeux, seule l’élimination complète des armes nucléaires peut nous prémunir de leur usage: « Les conséquences humanitaires, potentiellement dramatiques, d’un usage intentionnel ou non de ces armes dépassent largement les considérations sécuritaires qui, selon certains États, les rendraient nécessaires. »  C’est pourquoi, il enjoint tous les États détenteurs à revoir leur doctrine militaire en la matière.

Le représentant en a profité pour mettre en lumière la contribution des zones exemptes d’armes nucléaires au désarmement nucléaire, réclamant notamment la création de l’une d’entre elles au Moyen-Orient.  Il a enchaîné en soulignant l’importance de la lutte contre les armes chimiques et biologiques au travers des instruments internationaux, alors que le risque de voir des terroristes faire usage de ces armes ne fait qu’augmenter.

Mais le risque terroriste, c’est aussi le trafic des armes légères et de petit calibre, a-t-il rappelé.  Soulignant que ces armes font toujours 500 000 morts par an, il a plaidé pour le développement d’instruments de contrôle robuste.  C’est à ce titre qu’il s’est félicité des résultats de la troisième Conférence d’examen du Programme d’action pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  Il a enfin réaffirmé son appui à la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.

M. DIEGO ALONSO TITUAÑA MATANGO (Équateur) a regretté l’absence de progrès dans le désarmement nucléaire même s’il a salué l’adoption, l’an dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires après des décennies de négociation.  Il a aussi souhaité l’entrée en vigueur dès que possible du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et a appelé tous les États inscrits à l’Annexe 2 à le ratifier.

En matière d’armes de destruction massive, il a également réitéré son engagement en faveur de l’interdiction des armes chimiques et des armes biologiques et toxiques par le biais des Traités afférents et réclamé leur élimination complète.  Appartenant à la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), zone exempte d’armes nucléaires, il a souhaité que d’autres zones de ce type puissent voir le jour dans d’autres régions de la planète, conduisant progressivement à l’objectif majeur du désarmement

Rappelant que la population civile est la première victime des armes légères et de petit calibre (ALPC), il a indiqué entièrement partager les objectifs du Programme d’action relatif aux armes légères.  Il s’est par ailleurs inquiété des nefs spatiales sans conducteur et des systèmes d’armes automatiques létales dont il a condamné l’usage, de même qu’il a plaidé pour la seule utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique

Alors que le désarmement est depuis l’origine même de l’Organisation des Nations Unies, il a jugé frustrant que cette ambition n’ait pas été atteinte et a appelé à multiplier les efforts en ce sens.

M. N’CHO VIRGILE AKIAPO (Côte d’Ivoire) a déclaré rester préoccupé par la dégradation de l’environnent sécuritaire au Moyen-Orient, par la remise en cause de l’accord sur le nucléaire iranien, l’utilisation d’armes chimiques et l’accentuation du trafic d’armes légères et de petit calibre, ainsi que par les projets de miniaturisation d’ogives nucléaires, et les tentatives de conquête militaire de l’espace.  Il a noté, avec regret, qu’en dépit de la signature par 183 États, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires n’est toujours pas entré en vigueur.  Il a invité les États à s’inscrire dans une approche innovante en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Le représentant reste en outre préoccupé par l’utilisation des armes chimiques et a appelé à l’universalisation de la Convention de Paris.

M. Akiapo a déploré que les armes classiques fassent autant de victimes à travers le monde.  Il s’est déclaré convaincu qu’une application complète et responsable du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects pourrait permettre d’épargner des vies et de réduire drastiquement le chiffre de 500 000 victimes qu’occasionnent, chaque année, les armes légères et de petit calibre. Il a, à cet égard, félicité la France pour le succès de la troisième Conférence d’examen du Programme d’action. Malgré cette lueur d’espoir, le phénomène du courtage illicite d’armes, ainsi que le manque de consensus sur la question des munitions restent une source de préoccupation.  Il a proposé de partager son expérience en matière de gestion des munitions conformément à la Convention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur les armes légères et de petit calibre.

M. MOEZZ LAOUANI (Tunisie) a estimé que le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien constitue un exemple de réussite de la diplomatie multilatérale.  Il a rappelé que la Tunisie a soutenu dès ses premières étapes le processus ayant conduit à l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et a espéré qu’une fois entré en vigueur, il contribuera à l’élimination de ces armes.  Les États dotés d’armes nucléaires assument une responsabilité particulière et la Tunisie considère essentiel le renforcement du dialogue afin de rétablir la confiance et réduire la place du nucléaire dans leurs doctrines de dissuasion, a-t-il déclaré.

Le représentant a, par ailleurs, vivement regretté l’absence de progrès depuis la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) de 1995, concernant l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, ainsi que l’échec de la dernière Conférence d’examen du 2015.  Dans l’espoir de mettre fin à ce blocage, le représentant a soutenu le projet de décision soumis par le Groupe des États arabes qui confierait au Secrétaire général le soin de convoquer, avant juin 2019, une conférence visant à élaborer un traité juridiquement contraignant portant sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Le représentant a notamment fait part de sa crainte que le statu quo ne remette en cause la crédibilité du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) et n’entraîne les pays de la région dans une dangereuse course aux armements.  Dans le contexte de persistance de la menace terroriste, il a aussi averti du risque de voir des acteurs non étatiques s’approprier des armes de destruction massive, nucléaires, biologiques ou chimiques.

Enfin, il a rappelé que, candidate à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour 2020-2021, la Tunisie s’engage à continuer à promouvoir le désarmement, la non-prolifération et toutes les initiatives dans ce sens.

M. HAIM ASSARAF (Israël) s’est inquiété de voir le Moyen-Orient devenir de plus en plus instable et volatile.  Au rang des facteurs de déstabilisation, il a notamment cité les guerres civiles, la désintégration de territoires nationaux, l’augmentation du nombre de zones sous contrôle d’organisations terroristes, ainsi que la prolifération et les transferts d’armes sophistiquées ou non à destination d’États et d’acteurs non étatiques.  Les conséquences dévastatrices de ces menaces dépassent de loin les limites géographiques du Moyen-Orient, a-t-il averti.  S’il soutient une pacification de la région et la fin de toutes hostilités, Israël a considéré que cet objectif n’était pas atteignable sans une réconciliation mutuelle et la fin des agressions terroristes, « dont certaines sont conduites ou appuyées par des États présents dans cette salle ».

Revenant sur le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun, le délégué israélien a rappelé que son pays avait toujours pointé les dangers inhérents à cet accord.  Selon lui, depuis la mise en œuvre de ce Plan, la République islamique d’Iran n’a fait que renforcer « son comportement malveillant dans la région » et tester la patience de la communauté internationale en jouant avec les limites de la résolution 2231.  « Depuis son adoption, l’Iran a procédé à 20 essais de missiles balistiques, tous capables de porter des têtes nucléaires », a accusé le délégué, précisant que ces missiles auraient des portées de plus de 2 500 kilomètres, « qui iraient au-delà des frontières du Moyen-Orient ».

Il a reproché à l’Iran de violer les termes de ladite résolution en menaçant les bateaux dans la mer Rouge, attaquant des cibles en Arabie saoudite et en Iraq et en fabriquant des missiles en Syrie et au Liban.  Il a aussi pointé la propension des autorités iraniennes à promouvoir et soutenir les organisations terroristes de la région en leur fournissant armes, entraînement et financement. Il a donc appelé la communauté internationale à pratiquer la tolérance zéro à l’égard de l’Iran.

S’agissant de la Syrie, le délégué a appuyé les conclusions de la Mission d’établissement des faits et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) quant à l’utilisation avérée d’agents chimiques par le régime de Damas, notamment à Douma, le 7 avril 2018.  Appelant la communauté internationale à prévenir toute érosion supplémentaire des normes régissant l’usage de ces armes, il a souligné que cette question était d’autant plus urgente que les organisations terroristes ont l’ambition d’acquérir certaines de ces armes.  Ces cas illustrent l’érosion du tabou chimique et les terroristes sont alors motivés pour suivre cette voie, a-t-il averti, avant d’exhorter la communauté internationale à redoubler d’efforts pour empêcher tout usage supplémentaire d’armes chimiques.

« Certains pays prétendent qu’une architecture de sécurité est faisable sans engagement direct avec Israël, et sans reconnaître son droit à l’existence », a poursuivi le représentant.  Selon lui, cette position est intenable et réduit simplement à néant la possibilité d’un Moyen-Orient stable.  Ces États font, selon lui, diversion avec le sujet d’un zone exempte d’armes nucléaires pour ne pas se pencher sur les vrais problèmes du Moyen-Orient.  « C’est pourquoi, ils maintiennent ces questions dans le domaine multilatéral sans prendre en compte Israël, a-t-il ajouté. Ces États se fichent du contrôle des armes, ils veulent juste prendre cet organe en otage pour exclure Israël. »

Le délégué a ensuite souligné que le dialogue régional est basé sur le consensus, et qu’Israël a participé de bonne foi au processus de Glion, alors que d’autres pays ont refusé de s’engager d’une manière constructive et se sont, au final, retirés des consultations, comme ils l’ont fait, dans les années 90, lors des pourparlers sur le contrôle des armes et la sécurité régionale.  « Il a fallu beaucoup de temps pour parvenir où nous en sommes au sein de cette Commission et à l’Assemblée générale, a-t-il terminé.  Et il est malheureux que ces progrès soient réduits à néant par le Groupe arabe qui veut non seulement prendre en otage les Nations Unies et son Secrétaire général, mais aussi saboter le processus de contrôle des armes. »

Nous sommes encore à des années lumières d’un monde débarrassé d’armes nucléaires, a déploré M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie), appelant à l’unité pour parachever cet objectif dans le respect des principes et traités existants.  Ainsi, il a rappelé que la Serbie a ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et espéré que les travaux de la Commission fourniront une base solide à la Conférence d’examen des États parties en 2020.  Et ayant ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), il a appelé à son entrée en vigueur le plus vite possible.

La Serbie, a-t-il poursuivi, a ratifié les amendements de la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, en mars 2016, ouvrant la voie à son entrée en vigueur, qu’il a saluée.  Son pays a également ratifié la Convention commune sur la sûreté de la gestion du combustible usé et sur la sûreté de la gestion des déchets radioactifs.  Dans le domaine des armes légères et de petit calibre (ALPC), le représentant a privilégié une approche de coopération régionale pour lutter contre le commerce illicite.  Il a notamment mentionné le Sommet de Londres, en juillet, qui a permis d’adopter une feuille de route pour une solution durable, d’ici 2024, à la possession et au commerce illégal des armes légères dans la région occidentale des Balkans.

Le représentant a conclu en appelant à « redynamiser » la Conférence du désarmement, à Genève, plaidant notamment pour son expansion au-delà des 65 membres actuels.

M. GEORGE CIAMBA (Roumanie) a souligné l’attachement de son pays au multilatéralisme et aux traités sur le désarmement nucléaire.  Il a estimé que tout effort de désarmement doit être de qualité et conduit par étape, conformément aux engagements du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en adoptant des mesures concrètes et efficaces.  Il a souhaité que soient trouvés des compromis en 2020 pour renforcer cette approche, plutôt que de réfléchir à de nouvelles voies.  Il a aussi espéré l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), saluant notamment son régime de vérification.  Les négociations sur les matières fissiles sont cruciales pour faire avancer le processus, a-t-il indiqué, tout en soulignant que la Conférence du désarmement est la bonne enceinte pour avancer.

Le responsable a également défendu le rôle essentiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans le processus de désarmement nucléaire.  Il a aussi cité le rôle essentiel de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et s’est dit à cet égard très préoccupé par l’usage « inacceptable » des armes chimiques.  Il a appelé à tout faire pour lutter contre l’impunité des auteurs de ces attaques.

Pour M. KYAW MOE TUN (Myanmar), l’existence et la prolifération des arsenaux nucléaires posent une menace à la sécurité de la planète.  C’est pour cette raison, a-t-il expliqué, que le Myanmar a signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et a fait du désarmement sa priorité.  Seule l’élimination des armes nucléaires apportera la garantie nécessaire à la sécurité, même si le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) demeure la pierre angulaire des efforts de désarmement, a-t-il dit.  En outre, depuis 1995, le Myanmar a déposé, chaque année, un projet de résolution sur le désarmement nucléaire et le fera encore cette année.

Le représentant a toutefois estimé que les importantes préoccupations que suscitent les armes de destruction massive ne doivent pas occulter les graves dangers que représentent les armes classiques qui tuent tous les jours.  Aussi le Myanmar continue de voir dans la Conférence du désarmement l’unique et la meilleure plateforme multilatérale de négociation sur le sujet et a espéré que des progrès seront faits en 2019, pour éviter une nouvelle impasse en 2020.

Le Myanmar a salué la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) par la Thaïlande qui fait que tous les pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en sont désormais parties. Il s’est félicité des progrès enregistrés sur la question de la péninsule coréenne et a espéré qu’ils permettront de parvenir à une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule.  Il a souhaité, à cet égard, l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires dans l’ensemble de la région de l’ASEAN.

M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a rappelé que 15 000 armes nucléaires restaient actuellement stockées et prêtes à être lancées.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, soixante-quinze millions de personnes ont trouvé la mort à cause des armes.  Or, les dépenses occasionnées pour la production de toutes ces armes sont évaluées à 1 700 milliards de dollars, « soit 80 fois le montant nécessaire pour répondre aux besoins d’aide humanitaire dans le monde ».  Selon lui, c’est là la preuve qu’il faut promouvoir le désarmement et la non-prolifération, instruments de prévention des conflits dont la mise en œuvre incombe, selon lui, aux Nations Unies.  Les défis en matière de désarmement sont nombreux, a-t-il consenti, mais les succès rencontrés ces dernières années démontrent que l’agenda du désarmement et de non-prolifération prospère lorsqu’il est motivé par un état d’esprit constructif et pragmatique, mais aussi par une approche globale.

S’agissant du contrôle des armes légères et de petit calibre, ainsi que les menaces terroristes reliées, le représentant a estimé qu’il y a un besoin essentiel et urgent d’accomplir des progrès sur ces questions pour ne pas mettre davantage en péril le développement.

Il a rappelé, à cet effet, combien la mutualisation des efforts avait porté ses fruits dans la lutte contre Boko Haram.  « Un coup sérieux a été porté à ses activités terroristes grâce à la coordination remarquable entre les pays de la zone de front de la Force multinationale mixte », a-t-il insisté.  Pour lui, c’est là la preuve que le combat contre l’extrémisme violent repose sur la synergie.  Ajoutant que le Cameroun n’entend ménager aucun effort pour éliminer le terrorisme, il a dit compter sur l’appui de la communauté internationale pour lutter contre ce fléau.  Il a aussi souligné les travaux de la première Conférence des États parties à Convention de Kinshasa qui s’est déroulée, en juin dernier, à Yaoundé.  Selon lui, les États parties se sont accordés sur la mise en œuvre de la Convention via une meilleure gestion des stocks d’armes, le renforcement des mesures de confiance, une meilleure formation des experts en circulation des ALPC, mais aussi l’implication des femmes et des jeunes dans ce combat.

M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso) a exprimé son attachement au multilatéralisme et salué le Programme de désarmement du Secrétaire général des Nations Unies qui place la non-prolifération au cœur des travaux des Nations Unies.  À cette fin, il a appelé à ne ménager aucun effort pour l’édification d’un monde sans armes nucléaires et moins enclin à la course aux armements, aux dépens d’impératifs comme la lutte contre la pauvreté, les pandémies, les catastrophes liées au climat et toutes les atteintes au développement durable.  Il a, à ce titre, fait part de son inquiétude face à l’augmentation constante des dépenses militaires pour accroître les stocks et moderniser les arsenaux nucléaires.  Le représentant s’est félicité de l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et a souhaité l’universalisation de la Convention sur les armes chimiques et de celle sur les armes biologiques, faisant valoir que les progrès des technologies et la science, s’ils sont bénéfiques à l’humanité, posent aussi leur lot de défis.

Il s’est dit « alarmé » par la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC), qui alimentent de nombreux groupes criminels et terroristes et engendrent souffrances et désastres humains, il a estimé que le Traité sur le commerce des armes permet d’apporter une réponse appropriée.   Il a conclu en réitérant ses appels à s’engager davantage dans le désarmement pour libérer des ressources financières au profit du développement.

M. FRANCISCO VITAL ORNAI (Timor-Leste) a rappelé que son pays a signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, jugeant qu’il établit une norme importante pour la paix et la préservation de la vie humaine sur la planète.  Il a encouragé les États Membres à en faire de même et à ratifier d’autres traités pertinents dans le domaine du désarmement.

En tant qu’État partie à la Convention sur les armes chimiques, le Timor-Leste a condamné l’usage de ces armes en Syrie, en soulignant les souffrances qu’elles ont causées aux civils.  Il a pris note du rapport de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) sur les incidents de mars 2017 dans lequel sont confirmés les usages de sarin et de chlore.  Le Timor-Leste continue de promouvoir les instruments juridiques internationaux sur le désarmement en considérant qu’ils sont indispensables au développement durable, car sans paix ni sécurité, a souligné le représentant, il sera impossible de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment l’objectif 16 transversal qui lie paix et développement.

S’agissant des armes classiques, une réponse collective et des partenariats régionaux sont décisifs pour faire face aux menaces.  Le représentant a, par ailleurs, fait savoir que le Timor-Leste s’acquitte de ses obligations découlant de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur l’interdiction faite aux États de transférer des armes biologiques et chimiques aux acteurs non étatiques, notamment en promouvant et en diffusant cette résolution auprès de sa population.  Le Timor-Leste a également signé le code de conduite pour réaliser un monde libre de terrorisme.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a rappelé que le monde était toujours le théâtre de conflits violents et que les actes brutaux de terrorisme continuent d’augmenter.  L’influence exponentielle des nouvelles technologies pose de nouveaux défis, a-t-il ajouté.  Attachée à la non-prolifération, la Sri Lanka considère le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) comme un socle et appuie également le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Le représentant a ensuite attiré l’attention sur les conséquences humanitaires graves des armes à sous-munitions.  Dénonçant le déploiement et l’usage aveugles de ces dispositifs explosifs qui continuent de blesser et de tuer longtemps après la fin des conflits, il a qualifié « ces armes inhumaines » de « violation des principes du droit international humanitaire ».  Plus largement, la Sri Lanka a dit rester pleinement engagée dans la lutte contre les armes légères et de petit calibre qui sont également la cause de violations massives des droits de l’homme.  Il a demandé, à cet égard, qu’on prenne en compte tous les cas particuliers et l’ensemble des problèmes posés par ces armes: leur fabrication, leur stockage, leur utilisation ainsi que leur transfert illicite, entre autres.

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a insisté sur la mise en œuvre complète du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a aussi appelé les États dotés à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que la Conférence des Parties chargée d’examiner le TNP en 2020 aboutisse à des résultats concrets.  Pour l’Algérie, seule l’élimination totale des armes nucléaires nous prémunit vraiment contre leur usage.  C’est pour cela qu’elle a également voté en faveur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et qu’elle demande la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a, enfin, exigé un accord juridiquement contraignant sur les garanties de sécurité négatives pour les pays non dotés.

Le représentant a ensuite appelé à ce que tous les États Membres appuient « la proposition constructive du Groupe arabe » de créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Concernant les autres armes de destruction massive, l’Algérie a considéré que les Conventions sur les armes chimiques et biologiques sont des composantes importantes de l’architecture juridique internationale et a demandé leur mise en œuvre effective.  Le délégué en a aussi profité pour demander une coopération internationale au niveau du transfert de technologie vers les pays en développement et un mécanisme de vérification sur les armes biologiques afin de veiller à ce que les parties honorent leurs obligations.

Regrettant que la Conférence du désarmement demeure dans l’impasse par manque de volonté politique, l’Algérie a appelé tous les États Membres à faire preuve de la souplesse nécessaire pour qu’elle puisse de nouveau faire des recommandations de fond sur une base consensuelle. Il s’est en revanche félicité des résultats de la troisième Conférence d’examen du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.

Mme YOLLANIE CERRATO (Honduras) a appuyé le régime de non-prolifération et les efforts pour renouveler les engagements de la communauté internationale vers l’élimination des armes de destruction massive par le biais de négociations multilatérales et transparentes.

Le Honduras, a-t-elle rappelé, a souscrit au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à la Convention sur les armes à sous-munitions et participe activement à la Conférence du désarmement; il se félicite de l’adoption du document à la troisième Conférence d’examen du Programme d’action sur les armes légères en 2018, de la feuille de route pour 2018-2024 et ainsi que du registre qui permettra aux États d’identifier les armes légères et de petit calibre (ALPC).

La représentante a également appuyé les efforts de traçage des ALPC et de réduction de leur production, afin de lutter contre la criminalité, le trafic de drogue, le terrorisme et les groupes qui nuisent à son pays.  Afin de contribuer à la prévention des conflits armés, le Honduras a ratifié le Traité sur le commerce des armes et la Convention interaméricaine contre la fabrication et le trafic illicites d’armes à feu, de munitions, d’explosifs et d’autres matériels connexes (CIFTA).  Elle a plaidé, enfin, pour une plus grande coopération internationale et le transfert de technologies et partage d’expérience en matière d’usage pacifique de l’énergie nucléaire.

Mme SABRINA DALLAFIOR (Suisse) a appelé à prendre davantage en compte les questions de développement dans les questions de désarmement.  Elle a jugé que l’ordre international est mis à rude épreuve, citant notamment l’utilisation répétée de l’arme chimique en Syrie, entre autres, et a appelé à traduire en justice les responsables de ces actes.  Elle a plus largement remarqué que les non-combattants paient un tribut particulièrement rude dans les conflits contemporains et estimé que les efforts de désarmement devaient justement avoir pour objectif de réduire l’incidence humanitaire des armes classiques.  Par ailleurs, préserver l’humanité du risque nucléaire fait aussi du désarmement nucléaire une priorité absolue et il convient de renouer une démarche partagée par tous menant à leur élimination totale, a-t-elle estimé.

Selon la représentante, des efforts s’imposent pour assurer la pérennité du régime global de désarmement dont le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Pour la Suisse, la dimension préventive du désarmement est toutefois particulièrement pertinente en matière de nucléaire, et il est dans l’intérêt commun que ces armes ne soient plus jamais utilisées quelles que soient les circonstances.

Mme Dallafior a, par ailleurs, constaté que l’urbanisation des conflits et l’usage de plus en plus courant des engins explosifs improvisés (EEI) fait peser de plus en plus de menaces sur les civils.  Elle a salué les propositions du Secrétaire général sur le renforcement de la gestion sure et sécurisée des munitions, soulignant que la maîtrise des armes classiques joue un rôle important dans le renforcement de la sécurité nationale.  Par ailleurs, l’accélération des développements techniques et scientifiques soulèvent de nouveaux défis en matière de sécurité internationales.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a observé que la prolifération nucléaire et la circulation d’armes destructrices sapent les efforts pour réaliser une paix pérenne et un développement durable.  Toutefois, loin de nous pousser au repli, ces crises doivent nous pousser au multilatéralisme et au dialogue, a-t-il insisté.  À cet égard, il s’est félicité de multiples signes positifs sur le front du désarmement, citant notamment la troisième Conférence d’examen du Programme d’action sur les armes légères, l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ou encore la décision de créer cinq organes subsidiaires de la Conférence du désarmement.  Il a souhaité que cet esprit d’engagement de la communauté internationale prévale pour aborder ces nouvelles frontières que sont l’espace extra-atmosphérique et le cyberespace. 

La fin des armes destructrices passe par notre attachement à l’architecture de désarmement et de non-prolifération, a poursuivi le représentant.  Rappelant que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est la pierre angulaire de la non-prolifération et du désarmement, le Maroc a insisté sur le droit inaliénable à l’utilisation du nucléaire civil.  Il a par ailleurs regretté que la conférence de 2012 sur la mise en œuvre d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient n’ait pas abouti et a espéré que ce sera le cas en 2019.

M. DAVID CHARTERS, observateur du Saint-Siège, a indiqué que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires rejoignait les préoccupations du pape François.  Aux yeux de ce dernier, les États signataires au Traité ont rejeté par là-même le principe fallacieux selon lequel « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».  En adhérant au Traité, ces États, ont au contraire, affirmé que la paix et la sécurité internationales étaient un bien commun de l’humanité.

Le représentant s’est ensuite inquiété qu’après plusieurs décennies pendant lesquelles certains États dotés ont considérablement baissé leurs arsenaux nucléaires, la tendance est à présent à la hausse et une nouvelle guerre froide menace.  Il s’est aussi alarmé des doctrines stratégiques qui englobent le possible emploi de ces armes en cas d’agression non nucléaire.  C’est pourquoi l’abolition de ces armes est un impératif éthique de tout premier ordre, a-t-il insisté.

Pour le Saint-Siège, seule une volonté morale de négociation, désarmement et de vérification permettra de parvenir à une paix non nucléaire.  Et pour garantir cette nouvelle culture de paix, il faut investir dans l’éducation au désarmement a-t-il insisté.  Selon lui, établir un objectif de désarmement n’est pas suffisant: il faut aussi définir les moyens pour y parvenir.  Une autorité globale publique disposant de pouvoirs, de structures et de moyens est nécessaire pour l’élimination de ces armes.

Le délégué s’est dit soulagé de voir la discussion et l’engagement mutuel qui a lieu actuellement entre les deux Corée et a espéré qu’ils permettraient d’avancer vers la dénucléarisation.  À l’inverse, il a regretté les efforts pour mettre à mal le Plan d’action global commun.  Tout en reconnaissant que ce Plan n’est pas parfait, il a estimé qu’il est l’instrument le plus acceptable à ce stade.  Le Saint-Siège a finalement exhorté les gouvernements à allouer une part importante de leurs économies au développement.  Comme l’a déclaré le pape François, « il faut rejeter la culture du gâchis et prendre soin des peuples ».

M. LUIZ FILIPE DE MACEDO SOARES, Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes -OPANAL, a affirmé que cette organisation est la seule à proposer régulièrement des solutions en matière de désarmement.  Il a rappelé que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région remonte à 50 ans et a souligné que les 33 membres de l’OPANAL respectent leurs engagements au titre du Traité de Tlatelolco.  Malheureusement, ces engagements ont été limités de la part de certains États qui administrent des territoires dans la région et disposent de l’arme nucléaire, a -t-il déploré.  Depuis 2016, a fait savoir le représentant, l’OPANAL leur a proposé des solutions, comme la signature d’ajustements qui permettraient d’éliminer certaines incompréhensions communes et de garantir le plein respect du Traité de Tlatelolco.  Deux des États détenteurs concernés ont répondu, mais par la négative, et l’un deux n’a même pas accepté de recevoir une délégation de l’OPANAL, tandis qu’un autre n’a même pas daigné répondre du tout, ce qui paraît étrange quand il s’agit de garantir de bonnes relations. 

Il a ensuite fait observer que les cinq zones exemptes d’armes nucléaires et la Mongolie représentent 116 États.  Cette communauté doit être utilisée pour articuler une voie commune et faire entendre cette majorité de pays au sein de la communauté internationale, a-t-il estimé.  Pour sa part, l’OPANAL déploie déjà des efforts pour organiser la quatrième Conférence des zones exemptes d’armes nucléaires, et de la Mongolie, en 2020, dont elle attend qu’elle permette d’adopter des dispositions facilitant les contacts et la coopération entre ces zones.

M. JOSE ROSEMBERG, Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires -OTICE, a rappelé qu’à ce jour 184 États avaient signé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), se félicitant par ailleurs qu’au cours de ce siècle, seuls trois pays ont violé cette norme, et un seul a effectué des essais nucléaires.  Il a aussi mis en avant la capacité technique de l’OTICE, ajoutant que le système d’inspection in situ avait atteint un niveau de préparation opérationnelle élevé.

Toutefois, a-t-il contrebalancé, des défis demeurent, à commencer par le fait que le TICE n’est pas encore entré en vigueur, ce qui l’empêche d’être juridiquement contraignant.  Il a rappelé le symposium qui a été organisé à Vienne pour éduquer la prochaine génération d’experts de la question.

À la lumière des actions récentes de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a assuré que l’OTICE était prête à contribuer à tout processus multilatéral permettant de vérifier la clôture du site d’essai du pays.  Il a aussi espéré que ces évolutions récentes pousseront la RPDC, à ratifier le TICE.

M. RIYAD H. MANSOUR (Palestine) a affirmé que la communauté internationale avait le devoir de garantir l’élimination totale des arsenaux nucléaires et de préserver la planète de cette menace existentielle.  Pour lui, l’usage des armes de destruction massive doit être proscrit en toutes circonstances car elles sont incompatibles avec les règles du droit international.  Il a fait valoir le principe de distinction des cibles, les règles de précaution lors des attaques et l’interdiction d’armes pouvant causer des blessures inutiles et excessives et des souffrances humaines, ainsi que celles régissant la protection de l’environnement pour juger que les armes nucléaires contrevenaient à tous ces principes.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ne peut être interprété comme permettant la possession indéfinie des armes nucléaires, et le statut exceptionnel octroyé jusqu’à présent aux armes nucléaires ne saurait se justifier, a par ailleurs estimé le délégué.

L’État de Palestine, a poursuivi M. Mansour, est fier d’avoir participé et contribué activement à l’élaboration du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et d’avoir été parmi les premiers à le ratifier.  Mais pour parvenir à l’élimination complète des armes nucléaires, il faut des mesures concrètes comme l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, a-t-il jugé.  Au Moyen-Orient c’est plus urgent que jamais, a-t-il affirmé.  23 ans après l’adoption de la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient, une action décisive est nécessaire et doit avoir lieu avant la conférence d’examen de 2020, a-t-il insisté.  En ce sens, le projet de résolution du groupe arabe est conforme au consensus international et aux obligations juridiques existantes.

Après avoir fait observer que les dépenses militaires mondiales atteignent plus de 1 700 milliards de dollars, chaque année, « dont 20% seulement suffirait à mettre fin à la pauvreté »; le représentant a accusé Israël de mener des attaques aveugles en utilisant des armes visant à causer des blessures et des souffrances inutiles aux populations civiles.  L’industrie des armements israélienne réalise ses essais sur le terrain contre des civils, à Gaza, a-t-il affirmé, ajoutant que « le secteur militaire israélien considère Gaza comme un grand laboratoire ». 

Mme KATHLEEN LAWAND, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a rappelé que cette année marquait le cent cinquantième anniversaire de la Déclaration de Saint-Pétersbourg.  Célèbre pour avoir interdit les balles explosives, cette Déclaration est, selon elle, remarquable pour la façon dont elle a vu le jour: elle a été signée par des puissances militaires qui ont été invitées par la Russie à interdire une nouvelle arme que cette dernière avait pourtant développée.  Elle y a vu un symbole des efforts et des progrès que tous les États doivent conjointement accomplir pour faire progresser le droit humanitaire et encadrer le recours à la guerre.

La représentante a ensuite affirmé qu’il sera impossible de fournir la réponse humanitaire adéquate si les armes nucléaires étaient utilisées à nouveau.  C’est pourquoi son organisation appelle tout le monde à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui complète le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Le CICR appelle de plus les États qui ne sont pas en mesure d’adhérer à ce Traité à prendre, au moins, les mesures provisoires pour éviter au maximum leur usage.

Elle a enfin noté les préoccupations élevées quant aux utilisations malveillantes du cyberespace. Si le cout humain des cyberarmées demande encore à être évalué, elle a rappelé que le droit international protège les civils contre les cyberopérations.  Sur ce sujet, les points de vues des communautés scientifiques et politiques pourraient contribuer aux discussions.

ÉCHANGE AVEC LA HAUTE-REPRÉSENTANTE POUR LES AFFAIRES DE DÉSARMEMENT ET D’AUTRES REPRÉSENTANTS DE HAUT NIVEAU SUR « LA SITUATION ACTUELLE DANS LE DOMAINE DU DÉSARMEMENT ET DE LA MAÎTRISE DES ARMEMENTS »

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a rappelé que la Première Commission se réunit cette année alors que l’environnement sécuritaire est dans son pire état depuis la fin de la guerre froide.  Les organes clefs sont dans l’impasse et lorsqu’il y a consensus, les progrès ne sont jamais assez rapides ou exigeants, a-t-elle regretté.

Après avoir rapidement présenté l’agenda pour le désarmement du Secrétaire général et son site Internet, Mme Nakamitsu s’est attardée sur les armes de destruction massive, et notamment les solutions possibles pour les éliminer.  Si le désarmement nucléaire demeure notre priorité, a-t-elle commenté, réduire les risques est encore plus urgent.  Selon elle, il ne fait aucun doute que les normes partagées en matière de désarmement nucléaire continueront à se renforcer.  Mais sans engagement concret, les risques nucléaires augmenteront compte tenu de la modernisation des arsenaux et de l’érosion des accords, a-t-elle prévenu.  « Une guerre nucléaire ne peut jamais être gagnée, donc elle devrait jamais être livrée », a-t-elle conclu.

Au niveau des autres armes de destruction massive, elle a estimé que des défis demeurent en ce qui concerne les armes chimiques et biologiques.  L’utilisation d’agents biologiques en tant qu’armes pourrait entraîner des souffrances inimaginables, s’est-elle alarmée, c’est pourquoi nous augmentons nos capacités et état de préparation.  En même temps qu’on doit chercher à limiter ces armes biologiques, a-t-elle expliqué, nous devons veiller à la modernisation de ces arsenaux.  La Haute-Représentante s’est par ailleurs dite encouragée par la dynamique pour limiter la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.  Sur ce sujet, elle a appelé à renforcer les mesures de confiance et de transparence.

M. MICHAEL MØLLER, Secrétaire général de la Conférence du désarmement, a estimé que personne ne pouvait se réjouir du manque de progrès dans les travaux sur le désarmement et déploré l’étendue de l’inertie, « alors que le monde est marqué par la multiplication des chaos ».  Les États dotés de l’arme nucléaire modernisent leurs arsenaux, a-t-il regretté et, rien que cette année, des armes chimiques ont été utilisées en toute impunité.  Il a cependant tenté de faire montre d’un « optimisme prudent »: le Secrétaire général s’est concentré sur le désarmement en proposant un programme d’action, la Conférence du désarmement a créé cinq organes subsidiaires et adopté par consensus les rapports de quatre d’entre eux à l’exception des garanties de sécurité négatives, a-t-il notamment énuméré.

Tirant quelques leçons de l’année écoulée, le responsable a également cité les interactions importantes au sein de la Conférence et a jugé essentiel d’éviter de la politiser.  Il a espéré « prudemment » quelques progrès, lors de la prochaine session, estimant le moment venu de relancer les travaux de la Conférence du désarmement.

Il a suggéré d’améliorer la coordination et la synergie entre les différents organes chargés du désarmement pour éviter des doublons.  S’agissant de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), « source vitale de connaissance », il a estimé que celui-ci pourrait jouer un rôle plus stratégique pour appuyer les processus de désarmement à Genève et à New York.  Selon lui, trois objectifs essentiels doivent être atteints: parvenir à la pleine association des femmes au processus, renforcer le travail avec la société civile et assurer la participation de cette dernière.

M. Møller a par ailleurs fait observer qu’une fois négociés, les accords nécessitent des efforts et du financement, mais qu’hélas, la situation financière de nombreuses conventions reste une source de préoccupation.  Or, il faut veiller à fournir suffisamment de fonds pour que les structures puissent fonctionner car l’Organisation ne peut rien toute seule.  Il a relevé que ce problème a été soulevé à de nombreuses reprises par le passé mais qu’aucune solution n’avait été identifié.  Il a proposé de créer des secrétariats communs aux conventions, ajoutant dans la foulée que « les défis du siècle montrent que nos vieilles institutions doivent s’adapter ».

Le Secrétaire général a, par ailleurs, averti que « la nouvelle course aux armements dans le domaine du cyberespace » remet en cause beaucoup de systèmes, questions sur lesquelles, a-t-il estimé, la Conférence du désarmement doit se pencher.  Pour ce faire, les institutions ont besoin de nouveaux partenariats et « il faut décloisonner »: le désarmement doit être examiné dans un contexte plus large de migration et de santé, a-t-il insisté.

M. ROBERT MARDINI, Comité international de la Croix-Rouge – CICR, a souligné les liens entre le désarmement et le droit humanitaire.  En prenant l’exemple du Moyen-Orient, où le CICR est particulièrement présent ces dernières années, il a souligné qu’un environnement difficile rend plus important que jamais de respecter le droit humanitaire.  « Nous savons que le désarmement est ancré dans les règles humanitaires et qu’il permet de sauver des vies », a-t-il asséné.

Consacrant une longue partie de son intervention aux armes explosives, mines antipersonnel et restes explosifs de guerre, il a expliqué que ces engins continuent à faire des victimes, longtemps après la fin des conflits.  Prenant l’exemple de Gaza, de l’Iraq, de la Syrie, ou encore de l’Ukraine, il a précisé que ces armes ne faisaient pas que tuer et handicaper d’innocentes victimes, mais qu’elles pouvaient avoir d’autres répercussions.  Lorsqu’une usine est détruite, il peut y avoir des impacts sur le service, donc sur la population, et en fonction du service touché, cela peut se traduire par davantage de maladies et des morts supplémentaires, a-t-il notamment expliqué.

« C’est la réalité quotidienne de nombreux citoyens au Moyen-Orient et ailleurs, a-t-il déploré.  Ce sont eux qui en paient le prix ».  Au Yémen, a-t-il exemplifié, le système de santé est en train de s’effondrer et une épidémie de choléra sans précédent menace.  En Ukraine, a-t-il poursuivi, la présence de mines antipersonnel entrave la circulation au quotidien.  Et pour ce qui est des munitions non explosées, un missile qui ne touche pas sa cible et tombe devant un hôpital va empêcher des gens de recevoir des soins.  « Nous rappelons que le Protocole relatif aux restes explosifs de guerre établit une responsabilité aux États d’assister les victimes », a-t-il asséné.

Sur le sujet des armes conventionnelles, il a souligné que le transfert illicite de ces armes facilitait des violences et violait les droits fondamentaux.  « Les souffrances humaines sont immenses, le CICR continue de constater leurs terribles conséquences », s’est-il alarmé.  Selon lui, les États qui soutiennent les parties au conflit ont aussi une responsabilité au niveau humanitaire et doivent user de leur influence pour peser sur le déroulement des combats.  À ses yeux, les États ne doivent pas appuyer ceux qui ne respectent pas les règles ou le droit humanitaire.  Il a conclu en citant le Directeur du CICR Peter Mauer: « Lorsque l’humanité est respectée en cas de guerre, la paix a davantage de chances de naître. »

M. MARC-ANDRE FRANCHE, au nom du Sous-Secrétaire général chargé du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, a constaté que les conflits actuels sont de plus en plus complexes, marqués notamment par l’apparition de beaucoup d’acteurs non étatiques et d’autres nouveaux facteurs.  Cette nature évolutive fait que le maintien et la consolidation de la paix deviennent plus coûteux, mais aussi de plus en plus essentiels.  Il a également souligné que le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR) figurent au cœur de nombreux accords de paix.  Il a ensuite appelé à viser une approche cohérente et globale au sein du système des Nations Unies en tenant compte de tous les acteurs de la société civile, du secteur privé, en privilégiant un processus sans exclusive pour assurer et consolider une paix pérenne, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030

« Le prix de la paix est de plus en plus élevé et une prévention efficace permettrait d’économiser au moins 35 millions de dollars pour les Nations Unies », a poursuivi le responsable.  Il a insisté sur le rôle essentiel que doit jouer, selon lui, le Fonds pour la consolidation de la paix, y voyant un instrument adapté.  Ce Fonds a permis de soutenir des partenariats pour répondre aux besoins humanitaires et de développement et, depuis sa création, a versé au moins 40 millions de dollars aux opérations de DDR dans dix pays.  Il a aussi permis d’appuyer les activités de prévention qui méritent être renforcées, notamment pour réduire le nombre des petites armes.  M. Franche a, par ailleurs, rappelé que le Secrétaire général a récemment invité les États Membres à trouver des méthodes novatrices pour financer la consolidation de la paix, comme, par exemple, l’imposition d’une taxe sur le commerce des armes, ou d’amendes pour les entreprises investies dans le domaine des armes.

M. AMANDEEP SINGH GILL, Directeur du Groupe de haut niveau sur la coopération numérique, a expliqué que le Secrétaire général avait mis en place de groupe pour renforcer la coopération entre tous les acteurs de la société civile.  « Nous voulons apporter notre contribution au dialogue mondial pour assurer d’un futur sûr et inclusif pour tous sur cette question, en maximisant les bénéfices de ces technologies tout en prévenant leurs risques », a indiqué le directeur.

Composé de 20 experts, ce groupe respecte la parité et implique la communauté technologique qui y est représentée.  Ses travaux s’articuleront autour de trois piliers: comment individus et organisations peuvent tirer parti des nouvelles technologies; comment mettre les droits de l’homme au cœur de la transformation numérique, et enfin, comment combler le fossé numérique qui se creuse entre les peuples.  Il publiera un rapport avec des recommandations au printemps 2019.

Pointant l’érosion de la confiance numérique entre les pays, mais aussi entre des sociétés privées et leurs clients/utilisateurs, M. Gill a expliqué que c’était ce facteur qui a conduit à la création de ce groupe.  « La question de la confiance est liée à toutes les questions technologiques », a-t-il souligné. Dès lors, comment renforcer cette confiance et de cette coopération? s’est-il interrogé.  Si l’on fragmente Internet, il sera par exemple encore plus difficile d’assurer la cybersécurité avec plusieurs juridictions à gérer.

Notant que les technologies numériques ont des applications civiles inoffensives, il a prévenu qu’elles pouvaient toutefois être incorporées dans certains systèmes d’armes.  L’un des défis qu’aura relever ce groupe sera de prendre en compte les impacts de ces nouvelles technologies, mais aussi de bâtir un vocabulaire et une compréhension commune.

Mme RENATA DWAN, Directrice de l’Institut de recherche des Nations Unies sur le désarmement (UNIDIR), a estimé que le développement de la science présente de nouveaux outils et défis et a proposé de réfléchir à la création de nouveaux partenariats pour servir de catalyseurs.  Elle a fait observer que le plaidoyer et la mobilisation civile sont à la fois distincts et liés, soulignant que sans la mobilisation de la société civile, il aurait été difficile d’aboutir aux conventions sur les mines antipersonnel ou les sous-munitions.

Concernant certains aspects des nouvelles technologies, elle a insisté sur le rôle que les partenariats peuvent jouer pour aider à répondre aux nouveaux défis.  Ils pourraient par exemple, a-t-elle estimé, aider à développer des scenarios pour évaluer les risques émergents, en appuyant le travail avec le secteur privé, les fabricants, les experts en aéronautique.  Nous devons savoir pour pouvoir réfléchir, a-t-elle insisté.  Elle a notamment rapporté que l’été dernier, à Genève, une jeune chercheuse en biologie du MIT, dans « l’une des intervenions les plus pertinentes », avait averti que l’ONU ne parle que de technologies passées et s’était ouvertement demandé si la salle était prête pour aborder les technologies émergentes.

Mme Dwan a aussi appelé à garantir la parité dans tous les panels et conseils.  Par exemple, en faisant référence à la violence sexiste dans le commerce des armes, il s’agit d’apporter une nouvelle dimension grâce au rôle des femmes pour réduire les violences communautaires, a-t-elle indiqué.  C’est un nouveau domaine d’engagement et il ne suffit pas d’avoir des femmes autour de la table, mais de changer le type de réponse qu’on peut apporter, a-t-elle insisté.

Sur le rôle de la société civile, la Directrice d’UNIDIR a souligné que le plaidoyer et la mobilisation sont essentiels à la mise en œuvre des outils de contrôle du désarmement. S’agissant des armes classiques, ce sont souvent les jeunes qui font avancer les choses, et il faut identifier comment mieux profiter de leurs connaissances.  Mme Dwan a aussi estimé que la simple participation du secteur privé ne suffit pas, mais qu’il faut le mettre à contribution pour aider à définir, par exemple, de nouvelles réglementations pour l’industrie.

Pour Mme Dwan, peu de progrès ont été réalisés depuis l’appel du Secrétaire général à une plus grande intégration de la société civile, du secteur privé et des entreprises dans tous les organes.  Elle a jugé utile de déterminer à quelle phase sont identifiés les problèmes.  La prise de décisions se fera toujours au niveau intergouvernemental, mais pour ce qui est de l’évaluation, de la mise en œuvre et du suivi, nous avons vraiment besoin de partenariats, a souligné la Directrice, qui a suggéré d’intégrer des industriels aux groupes d’experts intergouvernementaux.  Elle a aussi proposé de mettre en place des ateliers annuels sur les nouvelles technologies.

M. FILIPE DE MACEDO SOARES, Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et aux Caraïbes – OPANAL, a d’abord évoqué la détérioration des conditions sécuritaires sur le plan nucléaire, évoquant les 15 000 ogives encore en fonction, la mise en place de nouvelles hypothèses justifiant l’emploi de ces armes et les frictions entre des pays dotés de l’arme atomique.  Il a rappelé ensuite qu’on était dans la deuxième année du cycle d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et que la dernière Conférence d’examen n’avait pas été une franche réussite.  Selon lui, la quasi-totalité des États Membres des Nations Unies insiste sur la nécessité absolue de garantir le succès des prochaines Conférences des Parties chargée d’examiner le TNP. Il a aussi insisté sur le fait que la quasi-totalité de ces mêmes pays rejette fermement les armes nucléaires. Il s’est en outre félicité de la reprise des contacts dans la péninsule coréenne, même si elle pas encore été accompagnée de mesures concrètes.

À propos des zones exemptes d’armes nucléaires, le Directeur de l’OPANAL a estimé qu’elles maintiennent toutes leur vitalité.  Rappelant qu’elles réunissent à l’heure actuelle 117 pays, il a expliqué que c’était une création du droit international.  Le Traité de Tlatelolco qui marque la création de la première zone exempte d’armes nucléaires fut même le premier pas pour résoudre le problème du nucléaire, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) n’a vu le jour qu’après, a-t-il notamment fait observer.

Constatant que des progrès « indéniables » ont été réalisés depuis, comme le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ou encore la signature d’accords bilatéraux, il a martelé que la reconnaissance de l’utilité de ces espaces ne doit pas pour autant nous mener à une « politique du pas à pas éternel ».  Il a conclu en soulignant que l’OPANAL n’est pas un instrument uniquement pour l’Amérique latine, mais qu’il permet de présenter des positions communes au sein des organismes internationaux. 

Droits de réponse

Le représentant du Qatar a rejeté les accusations de la délégation syrienne et a affirmé avoir reçu confirmation que la Syrie utilisait ses armes contre les civils.  Il a également soutenu que la politique du régime de Damas avait conduit à l’apparition de groupes terroristes.

Le représentant de la Syrie a accusé Israël de déformer les faits et d’essayer de détourner l’attention de la réalité et des décisions prises à son encontre, aux Nations Unies et ailleurs.  Selon lui, la situation au Moyen-Orient est préoccupante en raison du fait qu’Israël est doté d’armes nucléaires et d’ADM et de vecteurs qui peuvent atteindre plus de 5 000 kilomètres. 

Israël méprise les appels qui lui ont été lancés d’accéder au TNP et de soumette ses activités nucléaires au régime de garantie de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et refuse par ailleurs d’accéder à tout accord ou convention sur les armes, chimiques ou biologiques.

Au Qatar, le représentant syrien a cité les propos d’un expert qatari qui aurait affirmé que ce pays est prêt à recourir aux armes chimiques pour lutter contre les rassemblements tribaux.  Mais il n’y a eu aucune réaction de la part de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ou du Conseil de sécurité, a-t-il déploré.  Le délégué a aussi fermement insisté sur le fait que le  Qatar aurait dépensé « plus de 137 milliards » de dollars pour appuyer les groupes terroristes, en particulier Al Qaida et le Front el-Nosra, et autres organisations présentes en République arabe syrienne.

La capacité de mentir d’Israël est sans limite, a réagi à son tour le représentant de l’Iran qui s’est lui aussi offusqué du fait qu’Israël refuse d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), aux conventions sur les armes chimiques et biologiques et reste le seul obstacle à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Que des armes de destruction massive soient dans les mains d’un tel régime est une menace pour toute la région, a-t-il affirmé.

S’agissant du Plan global d’action commun, a-t-il ajouté, Israël a expliqué être contre, depuis le début, et continue de violer la légalité internationale. 

Reprenant la parole, le représentant du Qatar a fait observer à la Syrie que les dispositions du droit international doivent être respectées pour garantir le droit des personnes à vivre dans la liberté et la dignité.

Le représentant de la Syrie a ensuite affirmé que le Qatar avait emprisonné et condamné à la perpétuité un poète qui évoquait les droits fondamentaux.  En outre, le peuple syrien n’oubliera jamais les crimes commis par Qatar sur son propre sol depuis 2011 et demandera des comptes, a-t-il averti.

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