En cours au Siège de l'ONU

Soixante-treizième session,
4e séance – matin
AG/DSI/3599

Première Commission: Face à la montée des tensions, les délégations divergent sur le meilleur moyen de parvenir au désarmement nucléaire

Rhétorique belliqueuse, montée des tensions, instabilité accrue: au troisième jour du débat général de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale), les délégués ont partagé une même inquiétude face à l’état actuel de la sécurité dans le monde et à l’absence de progrès pour faire avancer le désarmement, affichant toutefois des divergences marquées sur le meilleur moyen d’y parvenir, notamment pour ce qui est du nucléaire.

Ainsi les États-Unis et la France ont sonné une charge virulente contre la pertinence du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires car il risque, selon eux, de créer une norme concurrente et contre-productive au Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) qu’ils considèrent comme la pierre angulaire de l’architecture du désarmement.

Pour la représentante américaine, les partisans de ce nouveau texte, adopté en juillet 2017, ne proposent pas de solutions aux défis posés mais semblent croire qu’il suffit d’aller directement au but -l’interdiction des armes nucléaires- sans s’attarder sur les procédures et que tous les détails se régleront par eux-mêmes.

Elle a dénoncé le caractère « irréaliste » et « fallacieux » de cette approche, tandis que la France a regretté que ce texte ait été élaboré « dans l’ignorance des menaces actuelles ».  Pour cette puissance nucléaire, qui comme les autres n’a pas signé le Traité, la dissuasion nucléaire a encore un rôle à jouer dans la préservation de la sécurité mondiale.

Les États-Unis ont également attiré l’attention sur le document de travail présenté par leur délégation lors des travaux du Comité préparatoire 2018 de la Conférence des Parties chargée d'examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 2020, et qui proposerait, selon elle, une approche « plus réaliste » pour faire avancer le désarmement et renforcer le TNP.  « Ce document, a expliqué la délégation, considère que l’environnement sécuritaire implique des États qui ne sont pas parties au TNP ainsi que des questions qui vont au-delà de son processus de révision. »

Plusieurs délégations ont en revanche volé au secours du Traité de juillet 2017, dont l’Afrique du Sud, le Kazakhstan, la Tanzanie ou encore le Brésil -« fier » d’avoir été le premier à le signer-, en faisant valoir la paralysie des processus en cours depuis des décennies, notamment au sein de la Conférence du désarmement, comme l’ont regretté le Koweït et le Qatar.  La création, en février de cette année, de cinq organes subsidiaires de la Conférence a toutefois été considérée, notamment par la Mongolie, comme « une lueur d’espoir » que les discussions sur l’établissement de son programme de travail pourront aboutir.

Le Venezuela s’est par ailleurs alarmé de l’existence de plus 14 000 armes nucléaires et s’est préoccupé du risque que la modernisation des arsenaux ne provoque une nouvelle course à l’armement.  « Dans un contexte international marqué par des propos belliqueux et agressifs, les dépenses militaires mondiales de plus de 1000 milliards de dollars constituent un motif de préoccupation et encouragent la méfiance », a affirmé pour sa part la délégation de Cuba, qui a regretté que cette somme ne soit pas consacrée au développement durable.

Outre les attaques chimiques perpétrées en Syrie et au Royaume-Uni, plusieurs délégations se sont préoccupées de la prolifération des armes légères et de petit calibre qui, a relevé la Nouvelle-Zélande, demeurent la première cause de mortalité et d’insécurité dans le monde.

La République-Unie de Tanzanie a appelé à limiter leur production et leur commerce en utilisant tous les traités pertinents, mais a toutefois signalé que malgré sa forte implication pour lutter contre ce fléau, sa capacité d’action en matière de contrôle se voit limitée par le manque de fonds et en raison de l’afflux de réfugiés porteurs de ces armes.  El Salvador, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour élaborer un instrument juridiquement contraignant permettant d’empêcher le trafic de ces armes.

Le Brésil, l’Autriche et le Chili ont par ailleurs proposé que la Convention concernant certaines armes classiques soit mandatée à mettre en place une obligation juridiquement contraignante concernant le contrôle exercé par l’être humain sur les systèmes d’armes autonomes.

La première Commission reprendra ses travaux demain, jeudi 11 octobre, à partir de 10 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

 

Déclarations (suite)

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador), intervenant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé la conviction et l’engagement de la CELAC à poursuivre le désarmement et la dénucléarisation.  L’objectif final, a-t-il insisté, c’est de parvenir à un monde sans armes nucléaires.  Fermement opposé au développement de nouvelles armes atomiques, il a également jugé nécessaire d’éliminer ces arsenaux des politiques sécuritaires.  « Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), pierre angulaire de la politique de désarmement, est essentiel pour parvenir à cette élimination », a-t-il souligné.  Il a appelé tous les pays qui ne l’ont pas fait à ratifier ce Traité, tout en réaffirmant le droit inaliénable de tous les États de développer le nucléaire à des fins pacifiques.  Il s’est ensuite félicité de l’annonce de la suspension des essais nucléaires par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et du dialogue entre elle, la République de Corée, les États-Unis et la Chine.

Le représentant s’est ensuite inquiété de l’étendue des conséquences des armes légères et de petit calibre et leur accumulation, avertissant qu’elles représentent tout un éventail de menaces.  Selon le délégué, il reste beaucoup de travail à faire au niveau multilatéral, notamment en ce qui concerne la création d’un instrument juridiquement contraignant permettant d’empêcher le trafic de ces armes.  La CELAC a espéré que le Traité sur le commerce des armes pourra contribuer à apporter des réponses efficaces au niveau du trafic et du commerce non réglementé, et par extension à la prévention de conflits.  El Salvador a tout de même réclamé une application juste et équilibrée de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies qui porte sur le droit des États à la légitime défense.

Passant en revue les autres systèmes d’armes, le délégué a insisté sur l’importance du déminage, ainsi que sur les souffrances causées par les armes à sous-munitions.  Il a également appelé à éliminer les armes chimiques et biologiques des arsenaux et demandé l’universalisation des traités d’interdiction concernant ces armes.  Après avoir insisté sur l’importance de préserver l’usage pacifique de l’espace extra-atmosphérique, il s’est également positionné en faveur du renforcement des normes en matière d’information et de communication pour consolider la sécurité internationale et la cybersécurité.  Enfin, la CELAC a longuement regretté le blocage que connaît actuellement la Conférence du désarmement.  Rappelant que cette Conférence est le seul organe de négociation sur la question du désarmement dans le cadre onusien, elle a appelé la communauté internationale à faire preuve de volonté politique pour relancer ses travaux et faire avancer l’agenda du désarmement nucléaire.

Mme ORLAITH FITZMAURICE GRAY (Irlande) a estimé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est le pilier du régime de non-prolifération, mais a regretté que ses promesses initiales n’aient pas toutes été tenues.  Les armes nucléaires figurent toujours au centre des doctrines sécuritaires de certains États.  De plus, leurs programmes de modernisation coûteux exacerbent la tension internationale.  « Pour le dire de façon simple, tant que les armes nucléaires existeront, la sécurité des États sera en danger », a-t-elle souligné.

C’est la raison pour laquelle, alors que nous allons fêter le premier anniversaire du Traité sur d’interdiction complète des essais nucléaires, nous devrions accueillir avec bienveillance le « choix délibéré » de certains États de s’engager en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-elle déclaré.  La représentante a estimé que la détérioration continue du système de sécurité international ne doit pas servir de prétexte pour justifier la lenteur des progrès réalisés en matière de désarmement.  Elle a aussi souligné que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) doit être la priorité absolue de la communauté internationale en ce qu’elle représenterait un gain substantiel pour le régime de désarmement et de non-prolifération.

La déléguée irlandaise a, par ailleurs, condamné l’utilisation des armes chimiques en Syrie et a également déploré que l’utilisation d’armes classiques dans des zones de conflit porte atteinte aux populations civiles et pose de grands défis à l’application du droit international humanitaire.

La représentante a conclu en déclarant que l’engagement à de long terme de l’Irlande envers le désarmement « fait partie de notre ADN ».  Elle a aussi annoncé la candidature de son pays à un siège du Conseil de sécurité pour 2021-2022, précisant que sa campagne sera basée sur les valeurs d’empathie, de partenariat et d’indépendance. 

Mme ANDREA THOMPSON, Sous-Secrétaire d’État chargée du désarmement des États-Unis, a rappelé que son pays avait détruit environ 88% de son arsenal nucléaire par rapport à son pic de la guerre froide, et que les États-Unis, comme la Russie, continuent de mettre en œuvre le Traité sur la réduction des armes stratégiques dit Traité START, ramenant leurs stocks à leur niveau le plus bas depuis les années 50.  Mais les chiffres ne disent pas tout, a-t-elle toutefois nuancé.

Les États-Unis ont présenté, dans le cadre du Comité préparatoire 2018 de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 2020, un document de travail intitulé « Créer les conditions propices au désarmement nucléaire », qui propose, selon elle, une approche plus réaliste du désarmement et qui devrait aider à renforcer et maintenir le TNP. Ce document, a-t-elle expliqué, considère que l’environnement sécuritaire implique des États qui ne sont pas parties au Traité ainsi que des questions qui vont au-delà de son processus de révision.  À cet égard, elle a jugé que la Première Commission constitue une enceinte idéale pour élargir la discussion.

Cependant, a-t-elle poursuivi, pour dresser un état des lieux réaliste du désarmement, il faut reconnaitre, hélas, que les tensions restent fortes dans le monde. La représentant a notamment cité l’Asie du Sud, le Moyen-Orient, ainsi que l’augmentation des arsenaux nucléaires en Asie.  Deux États nucléaires clefs, Russie et la Chine, modernisent et accroissent leurs capacités.  Et le régime d’Assad continue de bafouer ses obligations internationales et la décence humaine tandis que la Russie et l’Iran continuent de défendre de manière éhontée les agissements de Damas, a-t-elle accusé.  De plus, la Russie a elle-même fait usage d’armes chimiques lors d’une tentative scandaleuse d’attentat à Salisbury en mars 2018.  Outre cette violation flagrante de la Convention sur les armes chimiques, la Russie viole d’autres obligations qui lui incombent au du titre Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et du Traité « Ciel ouvert ».

Poursuivant, Mme Thompson a aussi pointé l’Iran qui refuse, selon la délégation, la transparence; s’agissant de ses programmes nucléaires passés et continue de représenter une menace à la non-prolifération.  Cet État continue de surcroît de déstabiliser la région du Moyen-Orient en soutenant le terrorisme et des milices et en développant de nouveaux missiles balistiques.  Les États-Unis ont également estimé que, malgré certains progrès, la République populaire démocratique de Corée reste une source de préoccupation.

Il ne s’agit pas là d’une liste exhaustive mais de l’illustration des défis de taille auxquels nous sommes confrontés et nous ne pouvons ni les ignorer, ni espérer qu’ils vont disparaître d’eux-mêmes, a insisté la responsable.

Il ne s’agit pas, pour les États-Unis, de se trouver des excuses à l’inaction comme semblent le penser ceux qui soutiennent le Traité d’interdiction des essais nucléaires.  Ceux-là, a-t-elle affirmé, ne proposent pas de solutions aux défis posés.  Ils ne proposent pas de moyens de vérifier le désarmement, le respect des engagements à désarmer ou encore le contrôle des armements existants.  Au contraire, ces États semblent croire qu’il suffit d’aller directement à la case finale, l’interdiction des armes nucléaires, et que tous les détails se régleront par eux-mêmes.

Le choix défendu par les partisans de ce Traité, entre ne rien faire ou espérer de manière irréaliste des solutions plus simples, est fallacieux, a soutenu la déléguée.  Le document de travail des États-Unis propose au contraire des solutions réalistes et la délégation invite tous les États à partager ses objectifs.

Enfin, la responsable a assuré être attachée à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, tout en rejetant sans équivoque les « tentatives coercitives » d’utiliser la Première Commission pour en dicter les termes et les modalités, et ce, de manière non consensuelle.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a estimé que les vues du Secrétaire général sur le désarmement fournissent une perspective équilibrée sur les menaces existentielles que continuent de poser les armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires.  Le représentant a souligné que 2018 marque le quarantième anniversaire de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement et a appelé les États Membres à tenir compte du consensus « solide » dont a bénéficié le Document final.  Il s’est par ailleurs enorgueilli du fait que son pays avait été le premier à signer le Traité d’interdiction des essais nucléaires.

En outre, le représentant a noté avec satisfaction qu’après des années de paralysie, la Conférence sur le désarmement a été capable de mener un travail substantiel en 2018, dans le contexte de quatre organes subsidiaires dont les rapports ont été adoptés par consensus.  Tout en reconnaissant que l’élaboration d’un programme de travail équilibré et complet demeure un défi, il a émis l’espoir que des progrès cette année iront dans la bonne direction.

Le délégué a ensuite réaffirmé le rôle central du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il incombe à toutes les parties de faire en sorte que l’actuel cycle de révision soit couronné de succès, a-t-il souligné.  Il a fait part de sa frustration face à l’échec à convoquer une conférence sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

« Nous devons redresser cette situation », a-t-il déclaré.  En tant que membre du Traité de Tlatelolco, le Brésil continuera de soutenir l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires partout dans le monde.  Par ailleurs, le Brésil est fier d’avoir développé, avec l’Argentine, un modèle réussi de coopération régionale représenté par l’Agence brésilo-argentine pour la responsabilisation et le contrôle des matières nucléaires.

En outre, le Brésil, l’Autriche et le Chili ont proposé que la Convention concernant certaines armes classiques soit mandatée à mettre en place une obligation juridiquement contraignante concernant le contrôle humain sur les systèmes d’armes autonomes.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a rappelé que son pays était à vocation pacifique et qu’à ce titre il appuyait le régime de désarmement incluant la destruction des armes de destruction massive.  « Leur existence est un risque inacceptable pour la survie de l’humanité, a-t-il asséné.  Il n’existe aucune raison pour justifier le transfert, la menace du recours ou l’utilisation d’armes nucléaires et les États devraient s’abstenir d’inclure ces armes dans leur doctrine militaire et de sécurité. »

Se disant inquiet de voir « certains pays » développer de nouveaux systèmes d’armes nucléaires, il a appelé à la réduction des arsenaux et appelé les États cités dans l’Annexe 2 du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à le signer et à le ratifier.  Il a également souligné que le récent Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et renforce l’architecture du désarmement.  La Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020 doit être l’occasion de discuter, dans un climat de bonne foi, de toutes ces questions.

La destruction des stocks des armes chimiques et biologiques est également urgente pour l’Uruguay, a poursuivi le délégué.  S’il s’est félicité des travaux de contrôle effectués par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), il n’en a pas moins exhorté les États possédant de telles armes à respecter les exigences mentionnées dans les différents traités.  Rappelant l’appui de son pays à l’universalisation du Traité sur le commerce des armes, il a rappelé que, dans le contexte des conflits armés, le nombre de vies humaines fauchées par les armes légères et de petit calibre était alarmant.  Il a appelé les États qui produisent et commercialisent ces armes à se montrer responsables en ce qui concerne la production, le stockage et le trafic de ces armes, d’autant plus, a-t-il ajouté, que le terrorisme prospère grâce aux liens qu’il entretient avec la criminalité.

M. YANN HWANG (France) a jugé inacceptable de devoir déplorer une nouvelle fois, cette année, l’emploi d’armes chimiques qui, a-t-il dénoncé, n’a pas cessé depuis 2012.  Il a cité l’attaque de Douma dans laquelle, a-t-il insisté, la responsabilité des forces syriennes ne fait aucun doute.  À cet égard, pour la France, la résolution qui sera discutée en fin de travaux de la Commission devra être ferme et rappeler le principe fondamental de l’interdiction du recours aux armes chimiques.  Il a jugé également inacceptable d’avoir à déplorer l’emploi d’agents chimiques à Salisbury, le 4 mars, et à Amesbury, le 30 juin, au Royaume-Uni. L’enquête a confirmé l’emploi d’un agent toxique développé par la Russie, a rappelé le représentant qui souligné que de tels agissements violent le droit international et endommagent le système de sécurité collective.

Cependant la résignation n’est pas une option, a poursuivi le délégué, qui a déploré la paralysie des institutions qui auraient dû, selon lui, permettre de mettre fin à la crise syrienne.  L’obligation de réagir a d’ailleurs mené à la création, en janvier dernier à Paris, d’un Partenariat international contre d’impunité d’utilisation des armes chimiques.  À ce jour, 39 pays l’ont déjà rejoint, s’est-il réjouit.

M. Hwang a regretté le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun que la France continue de soutenir.  Il a appelé l’Iran à respecter rigoureusement et dans la durée cet accord et l’a encouragé à faire preuve de retenue dans sa réponse au retrait américain.  La France reste préoccupée cependant par le développement soutenu du programme balistique iranien.

S’agissant de la « Corée du Nord », le représentant a salué les avancées mais insisté que d’éventuels progrès dans la négociation n’auraient de sens que s’ils mènent à une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible dans ce pays.

Au-delà des enjeux de prolifération, le représentant a voulu souligner l’importance des équilibres internationaux.  Selon lui, c’est dans l’ignorance des menaces actuelles que le Traité d’interdiction des essais nucléaires a été négocié. La France n’est pas liée et n’entend pas y adhérer, a-t-il fait savoir.  Elle estime que la dissuasion nucléaire a encore un rôle à jouer dans la préservation de la sécurité et que ce Traité est lourd de risques en établissant notamment une norme concurrente à celles du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Le délégué a ensuite souligné que plusieurs échéances fortes invitent à progresser ensemble, notamment la tenue, en 2019, de la troisième session de comité préparatoire du Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020. 

M. GYÖRGY MOLNÁR (Hongrie) a salué le programme de désarmement du Secrétaire général lequel, a-t-il relevé, reconnaît la complexité et l’imprévisibilité de la situation sécuritaire actuelle.  S’attardant que la question du nucléaire, il a estimé que depuis cinq décennies, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) avait démontré qu’il était le seul cadre réaliste dans lequel faire avancer le désarmement multilatéral.  La Conférence d’examen de 2020 doit être l’occasion pour les États Membres de le renforcer, a-t-il estimé.  Selon lui, seul un processus par étape, inclusif et s’assurant de la participation des États dotés de l’arme nucléaire permettra d’obtenir des résultats concrets.

Le délégué a également insisté sur l’interdiction de la production des matières fissiles et a salué à ce titre le rapport d’experts sur un futur traité de la production de matières fissiles « qui va faciliter la tâche des futurs négociateurs ».  Il a également insisté sur le caractère indispensable du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il ne peut y avoir de désarmement sans une interdiction des essais, a-t-il fait observer, et le TICEN est un atout unique qui a démontré toute sa pertinence lors de la détection des essais de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il s’est félicité des progrès réalisés en ce qui concerne la péninsule coréenne, tout en estimant que le programme nord-coréen demeurera une source de préoccupation tant que la RPDC n’aura pas pris des mesures concrètes.  Il a donc appelé au maintien des sanctions.

Après avoir condamné l’utilisation d’armes chimiques, le représentant hongrois s’est inquiété du commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  En dépit des progrès réalisés, il reste un long chemin à parcourir et la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes demeure cruciale.

Mme ANAYANSI RODRIGUEZ CAMEJO (Cuba) a constaté que chaque année, l’expansion accélérée des arsenaux nucléaires, qui sont contraires aux aspirations des peuples, fait que des milliards de dollars sont investis dans l’industrie de la guerre au lieu d’être consacré à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Elle a appelé les États nucléaires à faire preuve de responsabilité politique, avant de s’enorgueillir du fait que Cuba ait été le cinquième État à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Elle a espéré que ce texte sera mis en œuvre et complété, afin de le rendre irréversible.

Cuba, a poursuivi la représentante, se joint par ailleurs aux pays qui ont regretté le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun, relatif au nucléaire iranien. Le pays rejette en outre les approches sélectives et politiquement motivées sur l’application des instruments du désarmement et condamne énergiquement l’imposition de sanctions unilatérales et injustes.

Dans un contexte international marqué par les propos belliqueux et agressifs, les dépenses militaires mondiales de plus de 1000 milliards de dollars constituent un motif de préoccupation et encourage la méfiance, a averti la représentante.

M. ARSEN OMAROV (Kazakhstan) a estimé qu’il existait deux grandes visions: d’un côté ceux qui pensent que la paix est la condition sine qua non du désarmement nucléaire, de l’autre ceux qui considèrent que c’est le désarmement nucléaire qui conduira à cette paix.  Se rangeant dans la seconde catégorie, le Kazakhstan a rappelé que son pays était à la pointe sur cette question puisqu’il avait renoncé au quatrième arsenal nucléaire au monde.  Il a appelé les États à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) avant d’annoncer que le Kazakhstan s’apprêtait à ratifier le récent Traité d’interdiction des essais nucléaires.

Il s’est ensuite dit préoccupé par les conditions sécuritaires difficiles actuelles et s’est inquiété à la perspective que l’on perde les acquis obtenus au siècle dernier en matière de désarmement.  Comment les pays peuvent-ils contribuer à ce désarmement quand ses piliers sont menacés par l’attitude de grandes puissances qui semblent se préparer à une guerre mondiale? s’est-il interrogé.  Les bombes et les missiles n’ont aucun pouvoir réel, ce sont les mesures de renforcement de la confiance qui en ont, a-t-il souligné.

Le Kazakhstan a par ailleurs demandé à renforcer les efforts visant à établir des zones exemptes d’armes nucléaires.  Il a même proposé d’unir les zones exemptes et d’organiser des réunions interzones de haut niveau, avant d’appeler à déployer tous les efforts nécessaires pour créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Le délégué a également réitéré l’appui de son pays au Plan d’action global commun, considérant que celui-ci « avait mis l’Iran sur la bonne voie ».  Il s’est par ailleurs inquiété de l’émergence de nouvelles technologies militaires qui, a-t-il averti, risquent d’être aussi dangereuses que les autres armes combinées.

M. IAN McCONVILLE (Australie) s’est inquiété de l’usage répété d’armes chimiques et a apporté son ferme appui à la création, par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), d’un mécanisme d’enquête et d’attribution en Syrie et au développement d’une capacité globale en la matière. Le principe sous-jacent enverrait selon lui un message clair: tout utilisateur de ces armes sera tenu pour responsable.  L’identification de ces utilisateurs est cruciale, a-t-elle insisté, et découragerait mécaniquement l’emploi de ces armes condamnables.

Il a par ailleurs assuré que l’Australie reste déterminée dans son objectif de construire un monde exempt d’armes nucléaires. « Nous sommes convaincus que la patience, le pragmatisme et une approche progressive sont la manière la plus efficace de parvenir à des résultats », a-t-il insisté.  Il a par ailleurs demandé un renforcement des normes qui concernent les essais avec l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il s’est également félicitée des résultats obtenus par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), affirmant qu’il s’agit d’un cadre adéquat pour le désarmement.  À ses yeux, la conférence d’examen de 2020 sera l’occasion idéale de célébrer le cinquantième anniversaire de l’entrée en vigueur du TNP, et d’envisager son avenir.  L’Australie se réjouit à l’idée de parvenir à une convergence de vue sur ces questions.  Il a par ailleurs salué les progrès réalisés en République populaire démocratique de Corée et souhaité que le Plan d’action global commun, relatif au nucléaire iranien, reste en vigueur.

S’agissant des armes classiques, l’Australie a souhaité pouvoir renforcer la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes (TCA).  Les discussions sur ce Traité seront, selon le délégué, l’occasion pour nous de mettre en lumière le problème du trafic illicite de ces armes.  Il a également souligné que le fléau du terrorisme est un enjeu majeur, et a appelé à s’attaquer aux moteurs de l’extrémisme violent.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a appelé les États Membres à poursuivre leurs efforts pour respecter les termes du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) « pierre angulaire du régime de non-prolifération ».  Il a également estimé que le Traité d’interdiction des essais nucléaires renforce le TNP ainsi que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), d’où l’importance d’assurer l’entrée en vigueur du nouveau texte.  Il a déploré l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement et appelé les États Membres à surmonter leurs différends pour aller de l’avant.  Une lueur d’espoir a toutefois pu être constatée cette année avec l’établissement, au mois de février, de cinq organes subsidiaires lesquels ont permis de lancer des discussions substantives pour la première fois depuis 20 ans.  Il a appelé la Conférence à poursuivre ces discussions techniques jusqu’à l’adoption de son programme de travail.

Le représentant a par ailleurs estimé que l’expérience de la Mongolie, qui jouit depuis 20 ans du statut d’État libre d’armes nucléaires, démontre que ce statut est le moyen le plus effectif de garantir la sécurité nationale des États.

M. JOHANN KELLERMAN (Afrique du Sud) a regretté que la Conférence du désarmement demeure dans l’impasse depuis 22 ans.  Il a jugé urgent de se pencher sur cette situation.  Il a invité les États Membres à faire preuve de réalisme et à dépasser leurs seuls intérêts étroits.  S’agissant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a souligné que la pertinence du Traité dépend de la façon dont seront mis en œuvre les engagements des États Parties conformément à l’article 6 du Traité.

Pour le représentant, il faut s’atteler au désarmement et à la prolifération de la même façon « et sans choisir ».  À cette fin il a encouragé les États à signer et ratifier le Traité d’interdiction des essais nucléaires qui, a-t-il assuré, est parfaitement compatible et même complémentaire au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  De plus, ce nouveau Traité permet à tous les États, y compris ceux qui ne vivent pas dans une zone de prolifération, de se joindre aux efforts en exprimant leur hostilité aux armes nucléaires.  C’est donc un pas essentiel dans l’évolution d’un régime devant permettre de parvenir à un monde sans armes nucléaires, s’est-il félicité.  Il a ensuite annoncé que l’Afrique du Sud, qui était déjà signataire, avait ratifié le Traité.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a exhorté tous les acteurs de la communauté internationale à persévérer dans l’établissement d’une sécurité internationale.  Selon lui, les discussions bilatérales ne peuvent se substituer aux discussions multilatérales et toute action unilatérale est condamnable.

Le Paraguay a ensuite souscrit à l’exploration de l’espace à des fins pacifiques.  Il a averti que l’installation d’armes dans l’espace signerait une nouvelle course aux armements et a appelé les États Membres à continuer d’œuvrer à la création d’un régime juridique en la matière.  Plus largement, le délégué a estimé que le développement de la science et des technologies devait respecter les droits de l’homme, les libertés fondamentales et les souverainetés nationales.  La délégation paraguayenne a aussi souligné l’importance des mécanismes multilatéraux de prévention des attaques dans le cyberespace, à la condition qu’on réduise le fossé numérique qui existe entre les États.

Le représentant s’est dit convaincu que l’élimination des armes nucléaires était la condition nécessaire pour parvenir à la paix et a appelé à la ratification du récent Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  S’il s’est félicité de la suspension des essais nucléaires en République populaire démocratique de Corée, il a exprimé sa préoccupation face à l’utilisation et l’élaboration de nouvelles armes.  Selon lui, toute menace d’utilisation constitue un crime contre l’humanité et une violation du droit qui porte atteinte à la Charte des Nations Unies.  Si la délégation est en faveur de l’utilisation pacifique du nucléaire, il a appelé à ce que le maximum de précaution soit pris par les États qui mènent des programmes de ce genre, notamment pour tout ce qui a trait aux normes transfrontalières.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a noté que les États détenteurs continuent d’investir des milliards de dollars pour moderniser leurs arsenaux et les a exhortés à respecter leurs obligations juridiques pour parvenir à l’élimination des armes nucléaires sans délais.  Il est essentiel que les États non dotés des armes nucléaires puissent obtenir des garanties universelles et sans condition contre cette menace ou leur usage, a-t-il ajouté.

Tout en faisant part de son appui au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, que la République-Unie de Tanzanie est prête à signer et ratifier, il a jugé nécessaire de se réengager en faveur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Le délégué a notamment regretté que la neuvième Conférence d’examen du TNP n’ait pu parvenir à un accord et a appelé les États Membres à agir de concert pour adopter un document final en 2020. 

Le représentant a ensuite averti que la prolifération des armes légères et de petit calibre favorise les guerres civiles, le terrorisme, la criminalité et l’instabilité.  Il a appelé à limiter leur production et leur commerce en utilisant tous les traités pertinents.

Il a expliqué que la Tanzanie était très impliquée dans les efforts et mécanismes régionaux sur le continent africain pour lutter contre ce fléau.  Cependant, le pays est toujours confronté aux difficultés de contrôle par le manque de fonds et en raison de l’afflux de réfugiés porteurs de ces armes.

M. HENRY SUAREZ (Venezuela) a estimé que l’unilatéralisme et sa rhétorique belliqueuse nuisaient à la stabilité du monde.  Rejetant toutes actions unilatérales et politiques basées sur la mise en œuvre de mesures coercitives, il a insisté sur le fait que le plein respect de la souveraineté et de la non-ingérence ainsi que l’absence de recours à la force étaient les conditions fondamentales pour la coexistence pacifique et le multilatéralisme.  À ses yeux, l’existence de plus 14 000 armes nucléaires est une grave préoccupation, d’autant plus, s’est-il inquiété qu’il existe des programmes en cours de nouveaux systèmes qui pourraient causer une course aux armements.  Selon lui, il est indispensable que les puissances nucléaires fassent des efforts pour réduire ces arsenaux.

Le délégué vénézuélien a rappelé que son pays était partie au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Pour lui, ce Traité complète d’autres accords pertinents et établit pour la première fois le caractère illégal de ces armes.  Expliquant qu’il rejetait le maintien des doctrines nucléaires, le Venezuela a fermement rejeté « les déclarations d’une puissance nucléaire » qui a élargi les conditions d’utilisation de ces armes.

Le Venezuela a assuré ensuite qu’il considérait l’espace extra-atmosphérique comme un patrimoine de l’humanité.  C’est pour cette raison qu’il a souhaité qu’on garantisse son utilisation pacifique pour tous. À contrario, il a estimé qu’une éventuelle course aux armements dans l’espace aurait des effets déstabilisateurs et qu’il faudrait parvenir à des instruments juridiques pour encadrer son usage.  À ce titre, il a félicité la Chine et Fédération de la Russie pour leurs efforts en la matière.

En ce qui concerne les armes légères et de petit calibre, le délégué a lancé un appel pour éviter le commerce illicite de ces armes, mais a surtout jugé que le Programme d’action était un instrument politique multilatéral qui a un grand effet sur la paix et la stabilité.

M. TALAL RASHID N. M. AL-KHALIFA (Qatar) a regretté que les belligérants ne se limitent pas aux armes conventionnelles mais recourent aussi aux armes chimiques et menacent également de recourir au nucléaire. Cette situation impose d’intensifier les efforts en faveur du désarmement, a-t-il estimé.

La sécurité et la prospérité des sociétés étant une priorité de la communauté internationale, le délégué a jugé indispensable de dissiper les tensions. La Conférence du désarmement est le seul forum pour se faire, d’où la nécessité de parvenir à un ordre du jour équilibré et fondé sur le dialogue, a-t-il ajouté.

Le délégué a constaté que le manque de dialogue aggrave l’instabilité et la course aux armements. Aussi pour le Qatar, investir dans la prévention permettra d’assoir la sécurité internationale, et d’allouer les ressources financières et humaines actuellement consacrées à l’armement à des causes plus importantes.

Le représentant s’est par ailleurs inquiété de l’échec à créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. MESHARI SALEH AL-MUZAINI (Koweït) a rappelé l’importance des traités en vue de réduire les risques de prolifération des armes nucléaires.  Il a, particulièrement, insisté sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui est, à ses yeux, la pierre angulaire de la non-prolifération.  Après avoir réaffirmé le droit de tous les États de disposer de technologies nucléaires à des fins pacifiques, il s’est dit préoccupé par l’absence de progrès au niveau du désarmement et de la mise en œuvre des engagements pris au travers de ces accords.  « Nous devons dépasser les impasses dans lesquelles se trouvent certains de ces mécanismes », a-t-il souhaité.

À ce titre, la création de zones exemptes d’armes nucléaires est une question essentielle, a—t-il souligné.  Il a déploré que la création d’une zone au Moyen-Orient, qui avait été décidée en 1995, ne soit toujours pas une réalité « puisque Israël continue de posséder des armes nucléaires ».  Il a voulu que tous les sites israéliens soient placés sous la surveillance de l’AIEA.

Le délégué a ensuite salué tous les progrès obtenus dans le domaine du désarmement et qui permettent de créer des cadres juridiques pour combattre la prolifération sous toutes ses formes.  Il a par ailleurs dénoncé les attaques chimiques en Syrie

Le représentant du Koweït a enfin assuré que son pays consacrait une importance particulière au problème du trafic d’armes légères et de petit calibre.  Ces armes sont le moteur des conflits armés et les prolongent, a-t-il ajouté, c’est pourquoi nous soutenons la mise en œuvre et appelons au renforcement du Programme d’action y relatif.

Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande) a jugé que les activités multilatérales étaient de plus en plus menacées, avec de moins en moins d’attachement à la lettre et à l’esprit des textes sur le désarmement.  Or alors que les tensions mondiales s’accroissent, il est plus important que jamais de travailler en faveur du désarmement, car la dégradation des situations humanitaires et sécuritaires appelle une réaction urgente, a-t-elle estimé.

Elle a indiqué que la Nouvelle-Zélande était signataire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, pour ensuite insister sur les équivalences entre la non-Prolifération et le désarmement.  « En avançant sur l’un on finira par avancer sur l’autre », a-t-elle commenté.

S’agissant des armes chimiques, elle a averti que si la communauté internationale échoue à faire valoir les dispositions de la Convention sur les armes chimiques, elle risque d’encourager l’impunité et d’entrer dans une période « moralement sombre ». Il faudra alors sans doute renoncer aux progrès obtenus en matière de droits de l'homme depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, s’est-elle alarmée.

La représentante a par ailleurs relevé que depuis l’entrée en vigueur, il y a cinq ans, du Traité sur le commerce des armes, les armes légères et de petit calibre restent la première cause de mortalité et d’insécurité dans le monde.  Elle a jugé nécessaire de mettre sur pied une nouvelle plateforme mondiale pour contrôler ces armes, précisant que la Nouvelle-Zélande avait offert 100 000 dollars pour soutenir ce projet.

Droits de réponse

 

La République islamique d’Iran a qualifié les propos des États-Unis de « sans fondement » et jugé que la politique étrangère américaine était « pratiquement dépendante » des sanctions et qu’elle devenait également dépendante des retraits des institutions et des accords.  Il y a vu le signal que les États-Unis ne veulent pas rendre des comptes ni avoir des obligations, et estiment au contraire que le « désordre international » sert leurs intérêts.  Les États-Unis se sont retirés d’une vingtaine d’instruments internationaux en une seule journée, s’est-il scandalisé.  Et après leur « retrait illégal » du Plan d’action global commun, ils ont notamment dit aux autres signataires de se retirer ou de subir des sanctions.  Le délégué a ensuite affirmé que la réunion du Conseil de sécurité présidée par Donald Trump avait vu les États-Unis isolés sur la question iranienne.

Il a rappelé que l’AIEA avait blanchi l’Iran sur cette question et a appelé les États-Unis à respecter leurs obligations au titre de l’article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) au lieu de proférer des accusations mensongères.  Le représentant a ensuite indiqué que le développement de missiles balistiques s’intègre dans le système de défense national iranien.  « C’est un droit et nous continuerons à l’exercer. »

Le représentant de la Chine a affirmé avoir toujours respecté les traités internationaux et être à ce jour le seul État à s’être engagé à ne jamais utiliser l’arme nucléaire contre des États n’en disposant pas.  Il a regretté que les États-Unis développent leur arsenal militaire dans un esprit de guerre froide, risquant ainsi d’exacerber les déséquilibres internationaux.  Il les a appelés « à ne pas voir la paille dans l’œil de leur voisin mais la poutre dans le leur », dénonçant notamment le fait que les États-Unis consacrent 1 200 milliards de dollars à la modernisation de leurs arsenaux nucléaires.

Qualifiant de « surréalistes » certaines discussions qui se tiennent depuis trois jours, le délégué de la Fédération de Russie a regretté que nombre d’éléments soient mis de côté.  Le temps d’une longue digression sur la « supposée » attaque chimique de Salisbury, il a regretté qu’on fasse porter le chapeau à son pays et a affirmé que la diabolisation de son pays était une manière de faire oublier les difficultés actuellement rencontrées par le Brexit.  Aucun expert n’a pour l’heure trouvé de quoi incriminer clairement la Russie, a-t-il affirmé.

La représentante des États-Unis a refusé de répondre davantage aux allégations de la Fédération de Russie.  À l’Iran, elle s’est dite offensée après des accusations « ridicules ».  S’il y a une addiction américaine, c’est bien celle de demander des comptes à ceux qui violent les accords et traités internationaux, a-t-elle affirmé.

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