En cours au Siège de l'ONU

Soixante-treizième session,
3e séance – matin
AG/DSI/3598

Désarmement: le risque nucléaire domine les débats de la Première Commission

Dans un contexte international marqué par la détérioration de la situation sécuritaire, c’est la question du nucléaire qui a dominé les préoccupations des délégués qui participaient, aujourd’hui, au deuxième jour du débat général de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale).

Selon le constat de l’Égypte, la détérioration sécuritaire représente le défi le plus pressant que doit affronter la communauté internationale.  « Entre les cyberattaques, la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et la relance de programmes nucléaires, nous sommes entrés dans une nouvelle course aux armements, s’est notamment alarmée la délégation.  Et le « cauchemar ultime », ont renchéri les Philippines, serait que le nucléaire tombe dans les mains de terroristes.

Face à la « gravité » de l’environnement sécuritaire mondial, le Japon a appelé les États Membres à intensifier leurs actions d’ici à la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, en 2020.  « Le Japon sera chef de file de ces efforts », a assuré la délégation qui a également appelé les grandes puissances nucléaires à dialoguer, tout en insistant sur le besoin de revenir à « la civilité dans le discours » et au respect des points de vue divergents.

Au titre de ces risques qui focalisent l’attention de la communauté internationale, on trouve la prolongation du Traité sur la réduction des armes stratégiques, dit Traité START, entre la Fédération de Russie et les États-Unis.

C’est dans ce cadre que le délégué russe a visé « un pays » qui aurait fait, selon lui, des déclarations susceptibles d’abaisser le seuil à partir duquel l’emploi des armes nucléaires devient nécessaire.

« Déployer des MK41 sur le territoire de la Roumanie et de la Pologne met grandement en péril le Traité START, tandis que le maintien d’armes nucléaires sur le sol européen entrave le désarmement nucléaire, surtout lorsqu’il est accompagné par des missions nucléaires conjointes qui viole clairement le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) », a dénoncé la Fédération de Russie.

Dans un droit de réponse, le délégué américain a répliqué que son pays respectait à la lettre le nouveau Traité START depuis février dernier, « point final ».  Il a également pointé le comportement « préoccupant » de la Fédération de Russie en Europe et a dit attendre de Moscou qu’il devienne un « partenaire responsable » et cesse de violer le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en produisant des missiles allant au-delà des 5 000 km.

L’Ukraine est également intervenue pour dénoncer la militarisation progressive de la Crimée, faisant notamment état d’informations préoccupantes selon lesquelles la Fédération de Russie y placerait des armes nucléaires. 

« La communauté internationale ne peut pas rester silencieuse devant de telles actions.  Si nous échouons à faire face à cette situation, la militarisation de la Crimée aura de graves conséquences non seulement pour la sécurité de la région de la mer Noire, de la mer d’Azov et de l’Europe méridionale, mais aussi pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient », a averti la délégation.

Compte tenu de l’actualité de cette année, la situation dans la péninsule coréenne a également fait l’objet de commentaires.  Deux lignes ont globalement émergé des discussions.  La première qui ne se satisfait pas des différents sommets organisés cette année et continue de qualifier le programme nucléaire nord-coréen d’« inacceptable » (Norvège) ou qui exhorte la République populaire démocratique de Corée à prendre des mesures concrètes de dénucléarisation (Japon).  Et la seconde qui se félicite de l’évolution positive et appelle à maintenir l’élan des efforts diplomatiques (Suède), voire émet l’espoir que ces efforts déboucheront sur la dénucléarisation et la stabilité de toute la région (République populaire démocratique lao).  L’Estonie a, pour sa part constaté l’absence de résultats concrets du côté de la RPDC et a appelé les États à continuer d’appliquer les sanctions.

Au chapitre du Moyen-Orient, le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun a été regretté par de nombreuses délégations.  À ce propos, la Suède a notamment estimé que si les activités de l’Iran dans la région sont demeurées préoccupantes, elles ne doivent pas être examinées au dépend du Plan.  Même son de cloche du côté russe où l’on voit ce retrait « d’un des initiateurs de cet accord comme un « très mauvais calcul politique ».  « Téhéran respectait l’accord, a rappelé le délégué, c’est même l’État qui a été le plus vérifié par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ».  La Norvège et l’Allemagne appellent quant à elles les parties prenantes à continuer les discussions. Dans le sillage de ces discussions, la question de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient a aussi été abordée à plusieurs reprises.

Face à toutes ces tensions qui entourent le risque nucléaire, les initiatives onusiennes ont été diversement saluées.  Si l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires continue de diviser la communauté internationale entre ceux qui estiment qu’il renforce le TNP et ceux qui considèrent qu’il le fragilise, il y a en revanche eu une unanimité pour saluer « l’agenda du désarmement » présenté plus tôt cette année par le Secrétaire général.

La Première Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 10 octobre, à partir de 10 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations (suite)

M. RÜDIGER BOHN (Allemagne) a souligné qu’en dépit des progrès réalisés dans de nombreux domaines, les tensions s’accumulent dans pratiquement toutes les régions du monde.  Aussi 50 ans après la signature du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), son succès ne saurait être considéré comme acquis; il faut au contraire continuellement le protéger et le renforcer, a-t-il affirmé.

Comme la majorité des États, a poursuivi le représentant, l’Allemagne partage la vision d’un monde débarrassé des armes nucléaires même si elle reconnaît qu’elles peuvent s’avérer dissuasives dans un environnement international instable.  Un pas important en ce sens a d’ailleurs été réalisé avec l’adoption du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), il y a 21 ans.  Ce Traité n’a pu entrer en vigueur faute de signataires en nombre suffisant, a-t-il reconnu, mais il est devenu de fait la norme internationale puisque seule la « Corée du Nord » a continué de pratiquer de tels tests et ces derniers ont pu être détectés rapidement.  Aussi a-t-il appelé les pays demeurant inscrits à l’Annexe 2, à savoir la Chine, l’Égypte, l’Inde, l’Iran, Israël, la « Corée du Nord », le Pakistan et les États-Unis à signer ou ratifier le Traité.

S’agissant de l’Iran, le délégué a réitéré le ferme attachement de son pays et de l’Union européenne au Plan d’action global commun sur le nucléaire et appelé l’Iran à coopérer pleinement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et à mettre en œuvre la résolution 2231 du Conseil de sécurité.

Enfin, M. Bohn a rappelé l’urgence de statuer sur les systèmes d’armes létales autonomes dont l’importance va croissant et à propos desquels son pays et la France ont suggéré l’adoption d’une déclaration politique.  Il s’agirait d’une première étape destinée à engager les États sur le principe de contrôle de ces systèmes, a-t-il précisé.

« N’oublions pas que ce que nous faisons, ou ne faisons pas, impactera les générations à venir et décidera des conditions dans lesquelles nos enfants et nos petits-enfants grandiront. »

M. AZLAN GHANI (Brunéi Darussalam) a estimé que l’environnement sécuritaire n’a jamais été aussi imprévisible et incertain qu’aujourd’hui, se préoccupant notamment du risque que des attaques terroristes ne soient perpétrées à l’aide d’armes de destruction massive.  Face à la multiplicité des défis actuels, il a estimé que seuls le multilatéralisme, le désarmement et la non-prolifération peuvent fournir une réponse.  « C’est la raison pour laquelle nous continuons à accorder la plus grande valeur au renforcement de la coopération et à l’établissement de partenariats entre les États Membres et les organisations internationales.  Car, au final, le désarmement et la non-prolifération sont dans l’intérêt de nos peuples », a-t-il estimé, avant de saluer le lancement de l’agenda pour le désarmement du Secrétaire général.

Alors que le Brunéi Darussalam reconnaît le droit des États à développer la recherche et la production de l’énergie nucléaire, tels que stipulé dans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le Statut de l’Agence internationale de l’énergie atomique, « nous demeurons préoccupés par les dangers posés par les armes nucléaires, dangers qui sont aggravés par le terrorisme et les activités illégales des acteurs non étatiques », a fait valoir M. Ghani.

Après avoir de nouveau insisté sur la nécessité, pour les États Membres de continuer à travailler ensemble, le représentant a indiqué que son pays a signé, le mois dernier, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Le Brunéi Darussalam est également attaché au respect du Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est.

Le délégué s’est, par ailleurs, soucié de la réémergence de l’utilisation d’armes chimiques et a indiqué que son pays est actuellement en train d’établir une législation complète pour faire face aux menaces que représentent ces armes à l’échelon national.

Mme KATERYNA BILA (Ukraine) a estimé que l’élaboration du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, sans la participation des États détenteurs risque non seulement de porter atteinte aux efforts déployés pour renforcer les régimes juridiques internationaux existants, mais pourrait également affaiblir le régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) lui-même.

La décision ukrainienne de renoncer à ses armes nucléaires pour accéder au TNP était justifiée, au départ, sur des garanties internationales claires concernant la sécurité, l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’inviolabilité des frontières, tel que défini par le Mémorandum de Budapest qui a été signé par l’Ukraine, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Fédération de Russie.  La représentante a estimé que ce Mémorandum est essentiel en cette époque de menace accrue de prolifération nucléaire et a averti que l’échec à établir les garanties de sécurités pertinentes met à mal les efforts pour faire avancer le désarmement nucléaire et la non-prolifération.  De son point de vue, la Fédération de Russie a violé non seulement le Mémorandum, mais aussi le TNP.

La représentante a également estimé que l’établissement d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires sera essentiel pour restreindre la prolifération nucléaire et faire avancer vers le désarmement.  Elle a appelé les États Membres à trouver un terrain d’entente sur la question des stocks existants de matière fissile et à entamer immédiatement les négociations.

Mme Bila a par ailleurs averti que l’agression russe contre l’Ukraine avait gravement porté atteinte aux systèmes existants de contrôle des armes classiques.  Elle a accusé la Fédération de Russie de continuer de déployer du personnel militaire sur le territoire ukrainien, notamment en Crimée et dans l’est de l’Ukraine dans le but de déstabiliser délibérément non seulement la sous-région, mais la sécurité européenne dans son ensemble.

Outre les combats actifs dans le Donbass, la représentante s’est préoccupée de la militarisation progressive de la Crimée qui, a-t-elle indiqué, permet à la Fédération de Russie d’étendre l’utilisation de navires de guerre et d’avions militaires dans la région de la mer Noire.  De plus, les bases militaires russes établies dans « la République autonome ukrainienne de Crimée occupée temporairement » sont utilisées comme quartier général pour les troupes russes qui combattent en Syrie.  La déléguée a aussi fait état d’informations préoccupantes selon lesquelles la Fédération de Russie y placerait également des armes nucléaires.  Et cette année, s’est-elle insurgée, la Fédération de Russie est allée encore plus loin et l’Ukraine doit à présent faire face à l’élargissement de la présence militaire russe dans la mer d’Azov et à la construction illégale d’un pont dans le détroit de Kertch qui se trouve entre la Russie et la Crimée.  La communauté internationale ne peut pas rester silencieuse devant de telles actions.  Si nous échouons à faire face à cette situation, la militarisation de la Crimée aura de graves conséquences non seulement pour la sécurité de la région de la mer Noire, de la mer d’Azov et de l’Europe méridionale, mais aussi pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, a-t-elle averti.

Pour que le désarmement soit réellement efficace, il doit être accompli par le peuple et pour le peuple, a affirmé le représentant de la Thaïlande, M. VITAVAS SRIVIHOK.  C’est le principe qui sous-tend les efforts de désarmement de la Thaïlande, a-t-il expliqué, et cela passe par des efforts de communication, d’information et d’éducation des différents secteurs de la société thaï portant sur l’importance de poursuivre le désarmement pour le bien de l’humanité, et en particulier des générations futures. 

À titre d’exemple, il a cité l’action menée dans le contexte des armes classiques, rappelant que les mines antipersonnel représentent un problème majeur en Thaïlande où elles continuent d’être un obstacle au développement économique et social.  Depuis son adhésion à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, en 1998, la Thaïlande a travaillé avec diligence pour restituer les terres « nettoyées » à son peuple grâce à une collaboration étroite entre Gouvernement, communautés locales et société civile, a expliqué le représentant.  La Thaïlande compte également ratifier le Traité sur le commerce des armes, et prend actuellement des mesures visant à prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite des armes légères.  C’est dans cet esprit qu’elle a participé à la troisième Conférence d’examen du Programme d’action sur cette question.

La Thaïlande réaffirme par ailleurs son engagement clair à respecter les normes visant à lutter contre les armes chimiques.  Elle soutient pleinement le rôle central de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et encourage un dialogue constructif entre les États-parties à la Convention sur les armes chimiques en espérant que lors de sa Conférence d’examen, qui aura lieu cette année, il sera possible de parvenir à des résultats significatifs. 

La Thaïlande s’engage également à respecter les normes en vigueur en matière d’utilisation d’armes biologiques en encourageant la mise en place d’un protocole de vérification efficace et juridiquement contraignant à la Convention sur ces armes.  Avant de conclure, le représentant a également annoncé que la Thaïlande avait déposé ses instruments de ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) auprès du Secrétaire général, il y a deux semaines.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria) a déploré l’énormité des budgets « astronomiques » qui continuent d’être dévolus à la défense à travers le monde, notamment pour la maintenance et le développement des arsenaux nucléaires. Le délégué a dénoncé les dangers et les effets des armes classiques non contrôlées, notamment les armes légères et de petit calibre.  De l’Afrique au Moyen-Orient, en passant par l’Europe, les Amériques et l’Asie, le carnage est phénoménal et sans précédent, a-t-il insisté, et ce bain de sang touche les populations innocentes.  Or dans la plupart des cas, ces atrocités sont largement commises par des armes illicites, importées par des groupes non étatiques.

Cette situation a justifié un soutien sans faille et l’adoption, en avril 2014, de la résolution phare sur le commerce des petites armes, puis du Traité sur le commerce des armes.

Le représentant a aussi souligné que l’élimination des armes nucléaires, « agents de destruction massive » doit figurer au cœur des efforts de désarmement, en raison de leurs conséquences catastrophiques sur la population humaine.  Quant aux essais, il a dénoncé leur effet catastrophique sur l’environnement et, à ce titre, appelé à signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

M. Muhammad Bande s’est par ailleurs préoccupé de la longue impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement et a appelé les États membres à convenir d’un moyen d’en sortir, avertissant que la situation actuelle nuit à la crédibilité et à la réputation de cet organe.

Enfin, le délégué a annoncé l’intention du Nigéria de déposer deux projets de résolution au nom du Groupe des États d’Afrique et un en son nom propre et portant sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, sur le Centre régional de L’ONU pour la paix et le désarmement en Afrique et sur le Programme de bourses d’études sur la paix, la sécurité et le désarmement en Afrique.

M. ATLE MIDTTUN (Norvège) a dénoncé l’emploi récent d’armes chimiques en Syrie, au Royaume-Uni et ailleurs.  S’il s’est dit particulièrement attaché à l’éradication complète des armes nucléaires, et a estimé que cet objectif ne pourra être atteint qu’en adoptant une approche équilibrée et en déployant des efforts vérifiables.  À cet égard, il a rappelé que la Norvège ne ratifierait pas le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, car elle considéré que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) doit demeurer la base juridique du désarmement atomique.  En revanche, la Norvège plaide pour l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et pour un traité interdisant la production de matière fissile.

Après avoir qualifié « d’inacceptable » le programme de missiles de la République populaire démocratique de Corée, le délégué norvégien s’est ému du retrait des États-Unis du Plan d’action global commun et a appelé toutes les autres parties à continuer les discussions.  Il s’est dit également en faveur de la relance du Traité de réduction des armes stratégiques (Traité START).  Également préoccupé par le nombre de cyberattaques perpétrées dans le monde, il a réclamé le plein respect du droit international dans le monde numérique.  Après avoir rappelé l’importance des normes quant à l’interdiction des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions, il a enjoint la communauté internationale à tout faire pour lutter contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre.

M.  THOMAS AMOLO (Kenya) a rappelé que son pays a signé le Traité de Pelindaba en 1996 et l’a ratifié en 2001, déclarant l’Afrique exempte d’armes nucléaires.  Il a aussi soutenu l’adoption, en 2017, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a indiqué que cette question demeure une priorité pour son pays, même si le Kenya soutient le développement du nucléaire civil dans le cadre des protocoles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Comme prévu par article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, tous les pays devraient promouvoir et coopérer pour parvenir à une exploitation pacifique de l’énergie nucléaire, a-t-il estimé.

Le Kenya a par ailleurs adopté des mesures solides pour mettre en œuvre le Programme d’action de l’ONU sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), notamment en renforçant son arsenal juridique afin d’en combler les lacunes.  Il a indiqué que l’accès généralisé et l’utilisation des ALPC ont contribué aux conflits dans la région et entraîné le déplacement de millions de personnes.  Le terrorisme, le braconnage, le vol de bétail et d’autres graves activités criminelles qui menacent la paix et la sécurité ont un lien direct avec les ALPC, a-t-il indiqué.

Le délégué a regretté l’absence de consensus lors de la Conférence d’examen du Plan d’action sur les armes légères et de petit calibre (ALPC) et jugé essentiel d’élaborer un mécanisme ou un forum d’information plus large sur ces questions afin de mettre la priorité sur les domaines de convergence afin d’éliminer ce commerce illégal.

M. BASSEM YEHIA HASSAN KASSEM HASSAN (Égypte) s’est inquiété de la détérioration sécuritaire aux plan international et régional.  « Cyberattaques, militarisation de l’espace extra-atmosphérique, relance de programmes nucléaires… Nous sommes entrés dans une nouvelle course aux armements », a-t-il averti.

Il s’est particulièrement préoccupé du manque de progrès en matière de désarmement nucléaire.  S’émouvant de l’échec dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, il a estimé que « placer des obstacles dans la mise en œuvre des conclusions des conférences d’examen et ignorer l’importance de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité ne fait que détériorer l’environnement sécuritaire ».  Il a réclamé des mesures concrètes permettant de déclarer le Moyen-Orient comme une zone exempte d’armes de destruction massive, il a annoncé son intention de déposer un projet de résolution à cette fin.  Le délégué s’est par ailleurs félicité de l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

L’Égypte souscrit par ailleurs à tous les efforts consentis pour lutter contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  Il s’est cependant préoccupé du fait que certaines États fournissent des armes à des groupes terroristes.  Le représentant a également appelé à préserver l’espace extra-atmosphérique de toute militarisation.  « Il faudrait un outil juridiquement contraignant qui permettrait de combler les lacunes en la matière », a-t-il ajouté à ce propos.

M. TEODORO LOCSIN JR (Philippines) a averti que tous les progrès réalisés jusqu’à présent pourraient être réduits à néant si les Nations Unies ne satisfaisaient pas les impératifs existentiels que sont le désarmement et la sécurité internationale.  La Première Commission est à l’avant-garde de ces initiatives, a-t-il souligné.  Et chaque État Membre a la responsabilité de préserver les gains et succès réalisés afin de conjurer le désastre nucléaire.

Le représentant a rappelé que le but ultime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est un monde sans armes nucléaires.  Certes, a-t-il reconnu, « cela ferait perdre au nucléaire son effet de dissuasion, qui a permis aux guerres de rester “froides” en dépit des provocations les plus vives et des niveaux choquants de violence des guerres conventionnelles ».  Mais, a-t-il souligné, personne ne se remettrait d’une guerre nucléaire.  Il a appelé urgemment les États nucléaires à honorer leurs engagements.

M. Locsin s’est notamment inquiété du fait que les États détenteurs continuent de moderniser leurs capacités nucléaires pour qu’elles deviennent de plus en plus précises et mortelles, avertissant du risque que certains ne soient tentés de les utiliser.

Il a rappelé la signature, l’an dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et a estimé que celui-ci ne remplace pas le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, mais sert plutôt de point culminant de l’architecture du désarmement nucléaire.  Pour les Philippines, le Traité sur l’interdiction rempli les objectifs du TNP et délégitime « une fois pour toute », l’utilisation des armes nucléaires en toute circonstance.

Le représentant a également mis en garde contre « le cauchemar ultime que l’arme nucléaire tombe aux mains des terroristes » et a exhorté à cesser de diffuser ces armes à des parties non étatiques.

Enfin, M. Locsin a appelé les États Membres à assurer le succès de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020.

Pour M. MARCIN WRÓBLEWSKI (Pologne), le TNP a été la pierre angulaire du désarmement nucléaire et du régime de non-prolifération depuis son entrée en vigueur en 1970, et, en tant que tel, il représente une composante essentielle du système sécuritaire collectif moderne.  À la lumière des défis géopolitiques actuels, la Pologne plaide par conséquent pour le renforcement du TNP dans la mesure où il permet de réduire les tensions et d’augmenter la confiance mutuelle entre États.  Pour avoir présidé en 2018 le Comité préparatoire de la Conférence d’examen du TNP, la Pologne a mis l’accent sur les efforts visant à renforcer l’intégrité et la crédibilité du Traité mais aussi sur des mesures propices à la tenue d’un dialogue transparent, mutuellement respectueux et inclusif, a expliqué le représentant.

S’agissant de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), il a salué les efforts internationaux en ce sens, notamment la réunion ministérielle des amis du TICE, et a félicité la Thaïlande et Tuvalu pour leur récente ratification du Traité.  Passant à la péninsule coréenne, le représentant s’est dit convaincu que la paix durable ne pourra y être obtenue que par des moyens pacifiques, saluant dans la foulée le processus diplomatique en cours pour parvenir à la dénucléarisation complète, vérifiable et non réversible de la « Corée du Nord ».  Il a aussi appelé Pyongyang à ratifier le TICE et la Convention sur les armes chimiques ainsi qu’à pleinement respecter le TNP et le système de garanties de l’AIEA sans plus tarder.

La Pologne a proposé de commencer au plus tôt les négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires dans le cadre de la Conférence du désarmement.

Comme par le passé, elle présentera à nouveau le projet de résolution sur l’application de la Convention sur les armes chimiques (CIAC/CWC), a annoncé le représentant avant de faire part de ses préoccupations face à l’utilisation récente de ce type d’armes en Syrie, en Iraq, en Malaisie et au Royaume-Uni.  Il a aussi encouragé l’Assemblée générale « à envoyer un message sans équivoque de soutien de toute la communauté internationale à l’intégrité de la CIAC et au rôle de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). 

Le délégué a par ailleurs réitéré le soutien de la Pologne à la Convention sur certaines armes classiques, qui reste, à ses yeux, le meilleur forum pour examiner les nouveaux développements dans les technologies de l’armement ou encore l’utilisation d’armes explosives dans des zones densément peuplées.  Il a aussi encouragé l’universalisation et la mise en œuvre du Plan d’action de Maputo pour réaliser l’objectif commun d’un monde sans mines antipersonnel d’ici à 2025.

M. FARUKH AMIL (Pakistan) a estimé que la situation de la sécurité internationale est sur le déclin, affectant négativement la stabilité mondiale.  Il a relevé que les stocks d’armes augmentent de manière constante, tandis que la création d’engins de plus en plus sophistiqués se poursuit sans entrave.  De plus, les politiques de deux poids, deux mesures mettent le régime de non-prolifération sous tension.

Ces tendances sont très prononcées dans la région de L’Asie du Sud, marquée par la quête d’un pays d’étendre son hégémonie.  « Son accumulation sans limite d’armes, couplées de politiques agressives, fait monter l’insécurité parmi ses voisins », s’est-il inquiété.  Et cette dynamique sécuritaire est compliquée en raison d’exemptions faites par des puissances extérieures.  « Ces actions contournent les considérations de non-prolifération pour des intérêts individuels étroits », a-t-il indiqué.

Il a rappelé que le Pakistan avait proposé un accord bilatéral à l’Inde concernant l’interdiction complète des essais nucléaires.  Nous renouvelons notre engagement envers cette proposition, qui pourrait renforcer la norme mondiale contre les essais nucléaires et promouvoir la stabilité régionale.  La paix de la région ne pourra être atteinte sans que l’on soit tombé d’accord sur les mesures réciproques de restriction de missiles nucléaires, a-t-il déclaré.  Le délégué s’est également préoccupé de l’érosion du multilatéralisme, qui, a-t-il souligné, doit servir de base aux négociations sur la sécurité internationale et le désarmement.

M. Amil a ensuite indiqué que les différends entourant l’objectif et la portée d’un prochain traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires sont liés à de graves préoccupations sécuritaires et ne peuvent pas être balayés par des textes créatifs.  Il faut y faire face de front, a-t-il souligné.  Le Pakistan n’accepte pas les recommandations du soi-disant groupe préparatoire d’experts de haut niveau.

Selon lui, le travail substantiel sur l’élaboration d’un prochain traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires doit se faire dans le cadre de la Conférence du désarmement, sur la base d’un mandat universellement agrée qui tient compte des asymétries dans les stocks existants de matières fissiles et capable de véritablement contribuer au désarmement.

Par ailleurs, le représentant a estimé que pour relever le défi du contrôle des armes, de la non-prolifération et du désarmement, il faut reconnaitre le droit à l’égalité sécuritaire de tous les États.  Une approche non discriminatoire de la promotion de l’utilisation pacifique du nucléaire doit être mise en place et il faut fournir des garanties aux États non nucléarisés contre la menace de l’utilisation des armes nucléaires.  Il faut aussi renforcer le régime légal de prévention de la militarisation de l’espace et établir un régime de restriction stratégique en Asie du Sud sont essentiels, entre autres.

M. MILENKO SKOKNIC TAPIA (Chili) a affirmé que la coexistence dans un monde sans armes nucléaires est de l’ordre du possible.  « Le maintien de la paix et de la sécurité internationales sans avoir recours à la dissuasion nucléaire est à la fois un impératif moral et un objectif réalisable », a -t-il déclaré.  Après avoir rappelé que son pays était signataire du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le représentant a estimé que ce texte « ouvre une voie prometteuse pour un monde sans armes nucléaires, tout en renforçant et complémentant l’architecture juridique dans ce domaine ».

M. Skoknic Tapia n’en a pas moins estimé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) demeure la pierre angulaire du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, et a insisté sur l’importance de son universalisation et de la mise en œuvre équilibrée de ses trois piliers.  Dans la foulée, le représentant a apporté le soutien du Chili à la candidature de M. RAFAEL GROSSI, de l’Argentine, à la présidence de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020.

Le délégué a ensuite rappelé que le Chili avait déposé les instruments de ratification du Traité sur le commerce des armes, convaincu de sa capacité à règlementer de manière efficace le commerce international des armes classiques.  S’agissant du cyberespace, en particulier de l’Internet, il a aussi souligné l’impératif de gérer les risques qui s’y rattachent de manière responsable.  La coopération est essentielle pour maintenir un cyberespace libre, ouvert et sûr, basé sur une règlementation internationale qui préserve les droits des personnes et règlemente le comportement des États dans ce domaine, a-t-il estimé. 

Le Chili appelle en outre à la vigilance face à l’émergence potentielle de nouvelles technologies et d’armes dans le contexte de l’intelligence artificielle, notamment aux nouveaux systèmes d’armement autonomes qui, a averti le représentant, pourraient représenter une menace pour les générations à venir. 

M. ANDRES JATO (Suède) a déclaré qu’alors que l’on entre dans la deuxième moitié de son cycle de révision, il est temps de réaliser de façon concrète les objectifs souhaités par le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP).  Un élément crucial serait l’adoption d’une déclaration réaffirmant l’engagement de la communauté internationale envers les obligations découlant du Traité.

Le représentant a également appelé à fournir tout le soutien politique et financier dont a besoin l’Agence de l’énergie atomique (AIEA), ainsi que les outils d’inspection nécessaires, notamment en veillant à l’application universelle de son Protocole additionnel.  En outre, l’application du nouveau Traité sur la réduction des armes stratégiques (traité START) est d’une importance fondamentale pour le contrôle des armes stratégiques terrestres.  Le représentant a appelé la Fédération de Russie et les États-Unis à étendre le nouveau Traité START à 2026, mais aussi à répondre aux préoccupations liées au non-respect, par la Russie, de ses obligations relatives aux forces nucléaires à portée intermédiaire.

Comme la prolifération actuelle de crises le démontre, la prolifération de la technologie des missiles balistiques doit bénéficier d’une attention plus soutenue, a-t-il enchainé, avant de souhaiter que plus d’États se joignent aux 139 qui adhèrent déjà au Code de Conduite de La Haye.

Poursuivant, le représentant a regretté le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun.  Les activités de l’Iran dans la région sont bien évidemment préoccupantes, mais elles doivent être examinées séparément et pas au dépend du Plan, a-t-il estimé.  Il a ensuite appelé à maintenir l’élan des efforts diplomatiques menés ces derniers mois en relation avec le programme nucléaires de la République populaire démocratique de Corée.  Évoquant par ailleurs les attaques chimiques en Syrie et en Grande-Bretagne, il a noté que les enjeux sont élevés à l’approche de la Conférence d’examen de la Convention sur les armes chimiques.  Il a aussi appelé à agir davantage face à la prolifération des armes légères et de petit calibre, notamment en ce qui concerne leurs munitions.

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République populaire démocratique lao), a encouragé les États Membres à signer et ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui est ouvert à signature depuis le 20 septembre 2017.  Pour sa part, le Lao l’a d’ores et déjà signé et espère voir ce Traité entrer en vigueur dans un proche avenir.

Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) reste toutefois toujours la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement, a-t-il indiqué, et le Lao encourage l’application équilibrée de ses trois piliers. Il a regretté que celui du désarmement nucléaire reste à la traîne.  Sur le dossier nord-coréen, le représentant a salué le processus diplomatique en cours et a émis l’espoir que ces efforts déboucheront sur la dénucléarisation et la stabilité de toute la région.

Le représentant a également insisté sur l’importance de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), constatant que plus de 20 ans après son adoption, ce Traité reste « largement inefficace ».  Il a réitéré l’attachement de son pays à la mise en place de zones exemptes d’armes nucléaires expliquant qu’elles contribuent efficacement à l’agenda du désarmement nucléaire et de la non-prolifération dans le monde.  C’est la raison pour laquelle le Lao soutient les efforts de la région du Sud-Est asiatique pour rester une telle zone. 

Le représentant a ensuite abordé la question des armes à sous-munitions et a indiqué que ce type d’armes avait été très largement utilisé au Lao pendant les neuf années de guerre qu’il a connues.  Ces armes continuent de faire des victimes même aujourd’hui et leur impact reste un obstacle au développement du pays.  « On sait combien de temps il faut pour décontaminer les zones où se trouvent des engins non explosés », a poursuivi le représentant, or, à ce jour « nos résultats restent limités ».  Ainsi le Lao a adopté l’objectif 18 de développement durable au plan national pour faire de ce problème une priorité, a précisé le représentant qui en a appelé au soutien de la communauté internationale dans ce contexte pour débarrasser son pays de ces engins non explosés.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a constaté que le système international fondé sur le multilatéralisme fait face à de nombreux défis, citant notamment l’agression contre l’Ukraine.  La prolifération des armes nucléaires et la réémergence de l’utilisation d’autres armes de destruction massive posent également de graves menaces.  Le représentant a dénoncé l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et a réitéré sa ferme condamnation de leur utilisation au Royaume-Uni, plutôt cette année.  « Ces attaques sont des violations graves du droit international.  À cet égard, nous regrettons amèrement que la reconduction du mandat du Mécanisme conjoint d’investigation ait fait l’objet d’un veto au Conseil de sécurité », a-t-il déclaré. Par ailleurs, il a appelé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à respecter les résolutions du Conseil de sécurité.  S’il a accueilli avec bienveillance les efforts diplomatiques en cours qui ont contribué à baisser les tensions, le représentant a noté que la RPDC n’a, pour le moment, pris aucune mesure concrète vers la dénucléarisation.  Tous les États doivent donc continuer d’appliquer les sanctions, a-t-il déclaré.

Poursuivant, le représentant a estimé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) reste la pierre angulaire des efforts mondiaux pour assurer le désarmement nucléaire, la non-prolifération et une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il s’est inquiété de la longue impasse dans laquelle se trouve la Conférence sur le désarmement et a appelé à poursuivre les efforts pour la revitaliser.  Il a aussi appelé urgemment tous les États à signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

M. NOBUSHIGE TAKAMIZAWA (Japon) a estimé que la Deuxième Commission devrait éviter de revenir sur des sujets sur lesquels un accord a été trouvé en 2005 dans le cadre du Programme 2030 ou du Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Pour sa part, le Japon concentre ses efforts sur des domaines tels que la santé, l’éducation, la réduction des risques de catastrophe et l’égalité entre les sexes, et reste convaincu qu’il n’est pas possible de réaliser les objectifs de développement durable sans la participation du secteur privé ou l’utilisation effective de la science, de la technologie et de l’innovation. Le représentant a aussi réitéré son opposition aux incidences sur le budget-programme qui ne sont pas nécessaires.

Au sujet des changements climatiques, M. Takamizawa  a relevé l’urgence que tous les pays s’engagent dans le même sens.  Le Japon s’impliquera dans les travaux de la Commission sur cette question et soutient la décision du Secrétaire général d’organiser un Sommet sur le climat en 2019, qui devrait pousser la communauté internationale à mettre pleinement en œuvre l’Accord de Paris.

M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a constaté que les relations internationales étaient marquées par une augmentation de l’incertitude militaro-politique.  Selon lui, le plus urgent est donc d’assurer la stabilité stratégique.  « Il nous faut établir une coopération sur un pied d’égalité pour promouvoir un désarmement plein et complet », a-t-il expliqué.

Il a jugé que, en tant que fervent défenseur du désarmement nucléaire, la Fédération de Russie apportait une contribution précieuse au désarment stratégique.  Rappelant que son pays avait atteint le nombre de vecteurs et de têtes nucléaires prévus au titre du Traité sur la réduction des armes stratégiques (Traité START), il a annoncé que son arsenal nucléaire avait d’ores et déjà été réduit de plus de 85% par rapport à l’apogée de la guerre froide.  S’il s’est dit prêt à prolonger ce traité, il a considéré essentiel de s’assurer auparavant du plein respect des normes et des engagements par son partenaire.  « Il nous faut un partenaire responsable pour prolonger cet accord », a-t-il résumé.

Il s’est dit favorable à l’adoption d’une approche équilibrée et séquencée pour débarrasser le monde des armes nucléaires, et a déploré les propos d’« un pays » qui aurait fait des déclarations susceptibles d’abaisser le seuil d’emploi des armes nucléaires.  La nouvelle doctrine de cet État consisterait par ailleurs en des annonces visant à supprimer les perspectives d’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  « Déployer des MK41 sur le territoire de la Roumanie et de la Pologne met grandement en péril le Traité START », a-t-il également prévenu, surtout lorsqu’il est accompagné par des « missions nucléaires conjointes » qui viole clairement le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

« Dans le cadre du nouveau cycle d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), nous nous trouvons dans une situation délicate », a poursuivi le délégué. Les divergences se creusent et les normes et mécanismes acceptés par tous sont remis en question ».  Dans ces conditions, il a regretté que « certains États » se servent du processus d’examen du TNP pour tenter d’accroitre leur influence sur d’autres.

Le délégué a par ailleurs regretté qu’aucun effort n’ait été entrepris pour créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et a indiqué que la Russie compte appuyer la proposition des États arabes d’organiser une conférence sur le sujet.  Dans le domaine de la non-prolifération, il a jugé que le Plan d’action global commun, relatif au nucléaire iranien, avait été un grand succès.  « Téhéran respectait l’accord, a-t-il rappelé, c’est même l’État à avoir été le plus vérifié par l’AIEA ».  Il a vu dans le retrait « d’un des initiateurs de cet accord » un très mauvais calcul politique.

M. VLADIMIR YERMAKOV est ensuite revenu sur l’initiative russe visant à prévenir une course à l’armement dans l’espace, et a dénoncé le fait que certains États bloquent cette initiative. Nous demeurons convaincus que la seule manière de protéger l’humanité de ces prétentions dévastatrices dans l’espace extra-atmosphérique est d’établir un instrument juridiquement contraignant.  Il a rappelé l’importance de cet enjeu qui consiste à éviter des catastrophes comme les bombardements américains d’Hiroshima et Nagasaki.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a fait valoir que son pays n’avait jamais produit d’armes, ni n’avait l’intention d’en produire, estimant que sa meilleure garantie de sécurité résidait dans l’amélioration de la qualité de vie de sa population.  Il a plaidé cependant pour un renforcement du régime de désarmement en tant qu’État partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

Le respect du droit international doit être appliqué et respecté surtout lorsque les situations sont difficiles, a estimé le représentant.  Il s’est inquiété de la multiplication des attentats terroristes commis l’an dernier et a appelé à resserrer les liens entre la Première Commission et la Sixième Commission afin d’établir une meilleure synergie dans la rédaction de recommandations en matière de paix et de sécurité.  Il a rappelé, enfin, que son pays souhaite depuis de longue date que les menaces non traditionnelles fassent partie intégrante du débat sur la paix et la sécurité en tant que causes de conflit, citant notamment la criminalité transnationale organisée, les attaques terroristes, et les menaces émergentes tels les changements climatiques.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a salué le nouveau programme pour le désarmement lancé par le Secrétaire général ainsi que l’adoption historique du nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Le Viet Nam est d’ailleurs fier d’avoir été le dixième pays à l’avoir ratifié, a indiqué le représenta, avant d’inviter les pays qui ne l’ont pas encore fait à faire de même pour permettre son entrée en vigueur.

Il a jugé important de maintenir le multilatéralisme comme élément essentiel des négociations, soulignant son utilité pour maintenir la confiance entre les États.  Il a ensuite demandé aux États nucléaires de respecter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Le représentant a également reconnu le danger que font peser les armes classiques, tout en réaffirmant le droit souverain des États à acquérir, faire commerce, et stocker ces armes pour leur sécurité nationale.  Il faut trouver un équilibre entre règlement, sécurité et droit légitime à la défense et éviter de faire peser un poids trop fort sur l’économie, a-t-il estimé.  Il a également souhaité un renforcement des efforts de lutte contre les mines antipersonnel, rappelant que son pays subit toujours les conséquences des mines antipersonnel semées lors des conflits.  Le Vietnam a d’ailleurs adopté un plan d’action à l’horizon 2025 pour aider les victimes des mines antipersonnel.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine)a appelé à privilégier le dialogue et le consensus pour répondre aux défis et menaces que doit affronter la communauté internationale.  L’Argentine a pour sa part élaboré sa politique sécuritaire sur la base du respect du droit au développement et l’usage pacifique des technologies avancées, d’une part, et sur la non-prolifération des armes de destruction massive de l’autre.

Alors que se tient la Semaine mondiale de l’espace, l’Argentine s’oppose à la militarisation de l’espace extra-atmosphérique comme patrimoine de l’humanité et se limite à un usage exclusivement pacifique de l’énergie nucléaire, dans le strict respect du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui, a-t-il souligné, continue d’être la pierre angulaire du désarmement.  Le pays a d’ailleurs présenté sa candidature pour accueillir la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020.  Le représentant a estimé que la communauté internationale doit aborder les questions du désarmement sur la base du consensus et de façon constructive.  Cette conférence en sera l’occasion, a-t-il ajouté. 

L’engagement argentin à se débarrasser des armes nucléaires l’a amenée à s’associer au processus de négociation du Traité d’interdiction des armes nucléaires et en 2019, elle accueillera la réunion plénière de l’initiative globale pour combattre le terrorisme nucléaire.

Droits de réponse

Le représentant de la Fédération de Russie a dénoncé les propos de l’Ukraine.  Il a présenté toute sa sympathie au peuple ukrainien qui vit dans un pays qui a connu un renversement sanglant du pouvoir.  « La branche judiciaire a cessé de fonctionner, l’État a cessé de fonctionner, des ultranationalistes sont arrivés au pouvoir, une guerre civile a éclaté », a-t-il énuméré.  C’est pour toutes ces raisons, selon lui, que la Crimée n’a pas laissé les nationalistes s’installer.  D’ailleurs, 95% des résidents de Crimée se sont prononcés en faveur du retrait de l’État ukrainien et de son retour dans le giron de la Russie.  Aucune violence n’a été à déplorer au cours de ce référendum, alors que Kiev persévère avec des « actions irresponsables » et « des méthodes affreuses » telles que des assassinats.  Il a appelé à revenir aux accords de Minsk pour trouver une issue au différend et a dénoncé le fait que Kiev n’ait toujours pas respecté un seul paragraphe ce ces accords.

Réagissant aux propos de la Syrie qui a accusé, hier, son pays de fournir des armes chimiques aux terroristes dans son pays, le représentant des États-Unis a dénoncé des remarques absurdes et scandaleuses.

Répondant à la Russie, il a ensuite souligné que les États-Unis respectent à la lettre le nouveau Traité START depuis février dernier, « point final ».

Il a ensuite pointé les violations de diverses conventions par la Russie et son comportement « très préoccupant » en l’Europe.  « Il est difficile de ne pas tenir compte de ces actions dans notre propre processus décisionnel », a-t-il commenté, avant d’accuser la Russie de violer le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en produisant des missiles allant au-delà des 5 000 kilomètres.

Le représentant américain a par ailleurs assuré que rien de ce que font les pays de l’OTAN ne viole le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a estimé qu’une nouvelle tendance se dessine en faveur de la paix et de la réconciliation dans la péninsule coréenne et a regretté qu’un seul pays de la région ne soit pas à l’aise avec cette situation: le Japon.  Ce dernier essaie toujours de détourner l’attention concernant son exclusion de ce dialogue, a-t-il avancé.  Il a par ailleurs fait part de son incompréhension face au refus de la Norvège de ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

« La délégation russe n’a fait que copier-coller son commentaire de l’an dernier », s’est ensuite exclamée la représentante de l’Ukraine qui a dénoncé des propos d’absurdes.  Elle a assuré que la Russie avait réussi à déployer de nouvelles installations nucléaires en Crimée et a exhorté à mettre fin à cette agression avant qu’elle ne s’étende.

Le représentant du Japon a ensuite encouragé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à poursuivre ses efforts de dénucléarisation et à veiller au démantèlement vérifiable et complet de tous ses missiles balistiques.  Il a espéré que la délégation avait pris conscience des différences entre son discours de cette année et celui de l’an dernier.

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a assuré que son pays est toujours prêt à dialoguer avec les États-Unis.  Mais ce dialogue doit être organisé sur la durée et de façon responsable, et il n’est pas non plus utile d’aborder en Première Commission des questions actuellement débattues au niveau des experts à Genève.

Il a de nouveau dénoncé l’installation de missiles MK 41 en Roumanie et en Pologne en violation du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire.  Quant aux missions organisées par l’OTAN elles constituent une violation directe du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de ses articles 1 et 2.

Le République populaire démocratique de Corée a repris la parole pour affirmer que les propos du Japon sont les mêmes que l’an dernier, et a enjoint ce pays à se souvenir des erreurs qu’il a commises au cours de son histoire.

Le représentant des États-Unis a salué la disposition de la Fédération de Russie à dialoguer avec son pays mais a toutefois constaté que ce dialogue avait jusqu’à présent été extrêmement difficile.  Selon lui, la Fédération de Russie refuse d’admettre qu’elle a procédé à des essais de missiles qui violent le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire.  « Notre patience n’est pas infinie », a-t-il dit.

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