Déclaration faite à la presse sur les opérations électorales en République démocratique du Congo
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de novembre, M. Sebastiano Cardi (Italie):
Les membres du Conseil de sécurité ont noté la publication, par la Commission électorale nationale indépendante de la République démocratique du Congo, du calendrier électoral fixant au 23 décembre 2018 les élections présidentielle, législatives et provinciales. Ils rappellent que le Conseil a, de concert avec l’Union africaine, demandé à plusieurs reprises la publication rapide d’un calendrier électoral crédible et consensuel, conformément à l’Accord politique du 31 décembre 2016. Maintenant que les élections ont été fixées au 23 décembre 2018, les membres du Conseil soulignent qu’il est déterminant de garantir qu’elles ne soient pas à nouveau reportées.
Les membres du Conseil insistent sur le fait qu’un cycle électoral pacifique et crédible, conforme à la Constitution congolaise et à la résolution 2348 (2017) du Conseil, ainsi qu’à la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, est essentiel pour la réalisation d’une paix et d’une stabilité durables en République démocratique du Congo. Ils prient les autorités congolaises et toutes les institutions compétentes de prendre sans délai toutes les mesures nécessaires pour garantir que le nouveau calendrier électoral soit scrupuleusement respecté, y compris la publication d’un budget crédible pour les élections conjointes et l’adoption de la législation électorale voulue. Ils soulignent également la nécessité que tout le possible soit fait pour que les élections prévues soient organisées dans de bonnes conditions de transparence, de crédibilité et d’ouverture, et mènent à une passation pacifique du pouvoir, conformément à la Constitution et à l’Accord, notamment aux dispositions du chapitre II de celui-ci.
Les membres du Conseil réaffirment que la mise en œuvre effective, rapide et opportune de l’Accord est essentielle pour assurer la crédibilité des opérations électorales et la paix et la stabilité de la République démocratique du Congo, ainsi que pour appuyer la légitimité des institutions chargées de la transition. Ils rappellent qu’il importe que des mesures soient prises d’urgence pour rétablir la confiance entre les acteurs concernés et apaiser les tensions politiques, dans l’esprit de l’Accord, notamment la pleine application des mesures de restauration de la confiance convenues dans le chapitre V de celui-ci, dont certaines restent à mettre en œuvre. Ils notent, en particulier, la nécessité que des progrès immédiats soient réalisés en ce qui concerne la libération de prisonniers politiques, l’arrêt des « poursuites judiciaires injustifiées », selon les termes de l’Accord, et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Les membres du Conseil notent avec satisfaction l’offre faite par l’Union africaine, l’Organisation internationale de la francophonie, la Communauté de développement de l’Afrique australe et l’Union européenne, en association avec l’Organisation des Nations Unies, de créer une équipe coordonnée d’experts chargés d’appuyer la préparation des élections, notamment en garantissant la pleine participation des femmes sur un pied d’égalité. Ils prient les autorités congolaises de débourser les fonds promis pour le cycle électoral comme prévu, en dépit des difficultés budgétaires, pour garantir que les opérations électorales se déroulent en temps voulu. Ils prient également les partenaires bilatéraux et multilatéraux de fournir, une fois le budget établi, l’appui financier, logistique et technique qui permettra de mener à bien l’organisation des élections, et les autorités congolaises de permettre que cet appui soit fourni comme il convient, en temps voulu.
Les membres du Conseil ont à nouveau appelé tous les Congolais à œuvrer pour préserver les avancées encore fragiles réalisées sur la voie de la paix et de la stabilité en République démocratique du Congo, souligné les responsabilités qui incombent à tous les acteurs politiques congolais, notamment celles de surmonter leurs divergences pour parvenir à un consensus et de faire prévaloir les intérêts et le bien-être de la population sur toute autre considération, et engagé fermement toutes les parties prenantes à redoubler d’efforts pour garantir la participation des tous les signataires de l’Accord à sa mise en œuvre.
Les membres du Conseil ont à nouveau demandé à tous les partis politiques et leurs sympathisants et aux autres acteurs politiques de garder leur calme et de s’abstenir de recourir à quelque forme de violence que ce soit. Ils ont réaffirmé leur volonté d’agir en conséquence envers tous les acteurs congolais dont les actes et les déclarations entraveraient la mise en œuvre de l’Accord et l’organisation des élections en temps voulu.