Le Comité des sanctions concernant le Soudan du Sud se réunit avec les Représentantes spéciales pour le sort des enfants et de la question des violences sexuelles commises en période de conflit
Pendant les consultations qu’il a tenues le 21 mars 2017, le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2206 (2015) concernant le Soudan du Sud a entendu Mme Leila Zerrougui, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, et Mme Zainab Hawa Bangura, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.
Mme Zerrougui, dont le dernier exposé au Comité remonte à mars 2016, a notamment fait savoir que la situation en matière de sécurité au Soudan du Sud continuait de se détériorer, aggravant un climat déjà propice aux graves violations commises contre les enfants, victimes ou témoins d’exactions les plus effroyables. Elle a cité en exemples le recrutement et l’utilisation à grande échelle d’enfants, les attaques et meurtres de civils (dont des enfants) en raison de leur origine ethnique, les enlèvements, la privation illégale de liberté, les viols, les violences sexuelles, la destruction de villages par le feu, les pillages et le refus d’accès humanitaire. Elle a ajouté que des enfants avaient été aperçus partout dans le pays portant des uniformes de l’armée ou de la police, en faction aux points de contrôle, assurant la garde d’installations militaires et transportant des armes lourdes. Elle a également souligné que sur 1,6 million de réfugiés sud-soudanais recensés, 60% étaient des enfants et que ceux qui n’avaient pas quitté le pays y vivaient dans une peur permanente. S’agissant de la situation de famine qui a été récemment déclarée dans l’État de l’Unité, elle a souligné en outre que plus d’un million d’enfants souffriraient de malnutrition aiguë et plus de 250 000 de malnutrition grave dans tout le pays. Elle a fait comprendre que si les auteurs des actes évoqués n’en subissaient pas les conséquences, ce serait la porte ouverte à la barbarie totale. Mme Zerrougui a rappelé au Comité que les sanctions étaient un outil à leur disposition face à une telle situation.
Partageant l’avis de Mme Zerrougui, Mme Bangura a relevé qu’après plus de trois années de conflit, la situation au Soudan du Sud continuait d’être dramatique et qu’elle était aggravée par l’impunité. Elle a notamment fait observer que la situation, telle qu’elle l’avait décrite dans son dernier exposé au Comité en septembre 2016, n’avait guère évolué et qu’en l’occurrence, des viols, viols collectifs et autres formes de violence sexuelle continuaient d’être commis dans un climat d’impunité. Elle a expliqué qu’une culture du déni continuait de régner au Soudan du Sud et que si les parties voulaient réellement protéger les femmes et les filles contre les actes de violence sexuelle, ils devaient prendre les choses en main et faire preuve de responsabilité et d’initiative. Mme Bangura a insisté sur le rôle important que devait jouer le Comité pour amener, par la menace de sanctions ciblées, les auteurs de crimes de violence sexuelle à rendre des comptes. Tout en soulignant la nécessité d’établir les responsabilités pour les crimes commis, de renforcer l’assistance aux victimes et de faciliter l’accès aux prestataires de services, elle a affirmé avec insistance que son Bureau, en collaboration avec la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud, continuerait d’aider le Gouvernement du Soudan du Sud à honorer les engagements auxquels qu’il a souscrit de prévenir et combattre la violence sexuelle liée aux conflits.