En cours au Siège de l'ONU

Session de 2017, Forum politique de haut niveau,
9e & 10e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6859

Forum politique de haut niveau: Comment tirer parti des interconnexions pour une mise en œuvre efficace des objectifs de développement durable

Cette semaine, à l’occasion du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), les États Membres ont partagé leurs expériences dans la mise en œuvre de plusieurs des objectifs du Programme de développement durable à l'horizon 2030 adopté il y a près de deux ans.  Aujourd’hui, ils ont aussi apporté des précisions sur la façon de tirer parti des connexions entre tous ces travaux, pour rendre cette mise en œuvre aussi efficace que possible, plaidant avant tout pour la cohérence des politiques et des actions menées.

Pour atteindre les résultats attendus, « le leadership politique reste déterminant », a rappelé la Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (OIDD).  Ce leadership doit permettre de conjuguer le plus efficacement possible les efforts de tous les acteurs du développement durable.  C’est ce qu’ont voulu faire comprendre les experts, les responsables onusiens, la société civile et les délégations lorsqu’ils ont parlé d’« interconnexions ».

Cela requiert une « approche programmatique », selon le Président de « Southern Voices and Distinguished Fellow » (Centre for Policy Dialogue), ou encore une « approche intégrée » dès les premiers pas de la mise en œuvre, comme l’a conseillé le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Le Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) a, lui, proposé de suivre des « démarches verticales et horizontales » et d’utiliser la révolution des données pour que les efforts communs portent un maximum de fruits.

Quelques exemples ont illustré ce souci de cohérence et d’efficacité.  Ainsi, la Suisse a mentionné le partenariat mis en place entre quatre ministères dans le domaine de la résistance microbienne, tandis que le Chili a signalé la création d’un conseil national chargé de la coordination entre les différents ministères pour la mise en œuvre du développement durable.

En somme, c’est une « cohérence politique » qu’il nous faut pour gérer le caractère multidisciplinaire et transversal du Programme de développement durable, comme l’a dit la déléguée de l’Union européenne et le représentant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Face aux appels à la cohérence et à l’interconnexion, plusieurs grands groupes de la société civile ont invité à rester les pieds sur terre en avertissant que tous ces efforts seront dérisoires si les inégalités persistent. 

C’est ce qu’a remarqué la représentante du groupe des femmes, suivie en cela par celle du groupe des ONG pour qui l’objectif de parité entre les sexes constitue un levier exceptionnel pour atteindre tous les objectifs de développement durable.

Le souci de « ne laisser personne de côté », qui est expressément exprimé dans le Programme 2030, a inspiré d’autres discussions sur l’importance des statistiques et des données pour le suivi de la réalisation de ce programme.  Ainsi, deux statisticiens, du Brésil et du Sénégal, ont souligné la nécessité d’identifier les personnes laissées pour compte au niveau des données.  Ils ont également suggéré de s’appuyer sur des indicateurs nationaux pour renforcer la capacité d’analyse et de décision des gouvernements. 

« Nous avons toujours besoin des instruments classiques, comme les recensements, les enquêtes et les sondages par foyer, mais il faut aussi améliorer l’utilisation des informations ainsi collectées et créer de nouvelles sources de données », ont-ils recommandé.  Alors que les sources se multiplient, l’étape suivante est d’intégrer et d’harmoniser toutes les données.  Le défi, ont reconnu les statisticiens, est de savoir comment utiliser les données et les utiliser efficacement.

M. Anil Arora, statisticien en chef du Canada, a toutefois averti du risque de faire dire aux données ce qu’elles ne disent pas.  « Les données font partie de la solution, mais elles ne sont pas la solution », selon lui. 

Dans l’après-midi, d’autres experts scientifiques ont invité à s’appuyer sur la science pour accéder au développement durable, mais sans pour autant compter uniquement sur ce domaine, vu que la connaissance scientifique ne semble pas équitablement partagée à travers le monde.  La discussion en est arrivée à la conclusion que les scientifiques doivent, comme tous les acteurs du développement, travailler « en synergie et selon une approche d’interdisciplinarité », rejoignant ainsi les exigences d’interconnectivité exprimées le matin.

Là encore, les grands groupes de la société civile ont apporté un éclairage concret.  Celui des ONG a recommandé de réformer les régimes de propriété intellectuelle, afin de trouver le juste équilibre entre le droit des chercheurs et le bien de tous.  Celui de la communauté scientifique et technologique a suggéré une nouvelle définition de la science pour qu’elle tienne compte des connaissances traditionnelles, une suggestion applaudie par sa collègue représentant les peuples autochtones.  Quant aux personnes handicapées, elles ont voulu que le concept d’universalité soit un catalyseur des recherches scientifiques, pour que tous bénéficient des applications de la science.

La Coprésidente du groupe des 15 experts de l’ONU a annoncé pour 2019 un rapport sur ces questions à l’intention du Forum politique de haut niveau.

Au moment de clore les travaux de la semaine, M. Wu Hongbo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a salué l’ampleur que prend ce Forum auquel s’étaient inscrits 65 ministres et 2 458 acteurs.  Il s’est aussi félicité de la tenue de 147 manifestations parallèles et trois manifestations spéciales dont un forum des entreprises.

Le Forum politique de haut niveau reprendra ses travaux lundi 17 juillet à 9 heures, pour un segment ministériel de trois jours, qui est aussi le segment de haut niveau de la session de l’ECOSOC.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL

Éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation (E/2017/31, A/72/75–E/2017/56, E/2017/63, E/2017/66*, E/HLPF/2017/1, E/HLPF/2017/1/Add.1, E/HLPF/2017/1/Add.2, E/HLPF/2017/1//Add.3, E/HLPF/2017/1/Add.4, E/HLPF/2017/1/Add.5, E/HLPF/2017/2, E/HLPF/2017/3, E/HLPF/2017/4 et E/FFDF/2017/3)

Débats sur le thème « Tirer parti des interconnexions pour une mise en œuvre efficace des objectifs de développement durable »

Table ronde 1

Après avoir loué les avantages qu’offrent les partenariats pour réaliser au mieux le développement durable, dans les discussions d’hier, celles de ce matin ont apporté quelques précisions sur la façon d’en tirer le meilleur parti.

« Si les partenariats sont importants, c’est le leadership politique qui reste déterminant », a rappelé Mme IRENE KHAN, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement, pour lancer le débat sur les opportunités que constituent les « interconnexions » pour une mise en œuvre efficace des objectifs de développement durable.  Mme Khan a d’abord appelé à une compréhension plus large de l’objectif de développement durable 16 qui appelle à « promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous ».  Faisant sienne une recommandation de la Banque mondiale qui estime que la bonne gouvernance et l’état de droit sont déterminants pour atteindre les objectifs de développement durable, Mme Khan a plaidé en faveur d’une approche conjuguée de l’objectif 16 et de l’objectif 10 visant à réduire les inégalités.

« Comment gérer les interconnexions sans aborder la question de la cohérence? »  En posant cette question, M. DEBAPRIYA BHATTACHARYA, Président de Southern Voices and Distinguished Fellow au Centre for Policy Dialogue (CPD), a voulu aller au-delà des liens à faire entre les objectifs et les indicateurs.  Il a expliqué qu’il fallait passer d’une approche sectorielle à une approche programmatique, afin de rendre optimales ces interconnexions.  Dans le même ordre d’idées, M. MICHEL SIDIBE, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a appelé à utiliser la révolution des données pour conjuguer au mieux les démarches verticales et horizontales. 

« Une approche intégrée dès les premiers pas de la mise en œuvre est essentielle », a confirmé le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  À ce sujet, M. CHARLES ARDEN-CLARKE, Chef du Secrétariat du Programme-cadre décennal de consommation et de production durables en Afrique, a présenté l’exemple d’interconnexions que propose ce Programme coparrainé par le PNUE et le Département des affaires économiques et sociales (DAES) de l’ONU, avec l’appui du Ministère de l’environnement, de la conservation de la nature et de la sécurité nucléaire de la République fédérale d’Allemagne.   

D’autres ont mis l’accent sur les « processus » qui, comme l’a expliqué M. MICHAEL GERBER, Envoyé Spécial pour le développement durable de la Suisse, déterminent les interactions entre les 169 cibles.  Illustrant la collaboration suisse en matière de santé, il a cité le partenariat entre quatre ministères suisses dans le domaine de la résistance microbienne.   

La « cohérence politique » a semblé être le meilleur moyen de gérer le caractère multidisciplinaire et transversal du Programme de développement durable, comme l’a dit la représentante de l’Union européenne, suivie par le représentant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui s’est appuyé sur les conclusions d’une étude menée sur 43 pays.

« Trouver les interconnexions est une responsabilité partagée entre le gouvernement, la société civile et le secteur privé », a fait valoir la représentante du Chili avant de citer la mise en place d’un conseil national chilien pour la mise en œuvre du développement durable dans son pays qui s’attache à améliorer la coordination entre les différents ministères.

« Faisant les liens –interconnexion- entre éducation et prévention du VIH/sida, le Directeur exécutif d’ONUSIDA a cité des exemples montrant que chaque année d’enseignement secondaire pouvait réduire de 11% le taux d’infections chez les adolescentes au Botswana et qu’une augmentation du revenu de 10 dollars par mois au Malawi permettait d’augmenter le taux de scolarisation en réduisant de 30% les grossesses précoces.  Dans ce contexte, il a expliqué qu’ONUSIDA a rassemblé –interconnecté- 11 agences, fonds et programmes pour exploiter les valeurs ajoutées de tous les acteurs pour lutter contre l’épidémie.  En même temps, il a expliqué qu’il ne suffisait pas d’envoyer les filles à l’école si on ne s’assurait pas que les cours comprennent une éducation sexuelle adaptée aux enjeux de la lutte contre le VIH/sida.

La représentante du grand groupe des femmes a d’ailleurs fait remarquer que « l’impact de la cohérence et des interconnexions sera dérisoire si nous ne mettons pas fin aux inégalités », suivie en cela par la représentante du grand groupe des ONG pour qui l’objectif de parité entre les sexes constitue un levier exceptionnel pour atteindre tous les objectifs de développement durable.

Animée par Mme MINH-THU PHAM, Directrice politique de la Fondation des Nations Unies, ce débat a attiré l’attention sur les défis rencontrés au niveau national pour mettre en œuvre de manière cohérente les objectifs de développement durable.

Le représentant du Centre for Policy Dialogue (CPD) a ainsi exprimé le besoin de clarté pour arriver à une meilleure compréhension des termes, car, a-t-il mis en garde, il ne faut pas confondre le processus avec le résultat.  « Ne tombons pas dans ce piège de devenir prisonnier d’un concept et des procédures », a-t-il prévenu en conseillant de privilégier les résultats.

« Le principal frein à la mise en œuvre au niveau pays est l’absence de coordination interministérielle », a relevé le responsable du Programme-cadre décennal de consommation et de production durables en Afrique avant de se féliciter que le bureau national du développement durable de la Roumanie soit placé sous la houlette du Premier Ministre.  La représentante des Philippines s’est félicitée, pour sa part, que le Président philippin ait rassemblé les différents ministères par grands thèmes de mise en œuvre du développement durable.

Quelles que soient les interconnexions réalisées, le représentant de Sri Lanka a estimé que les arrangements financiers actuels ne permettraient pas d’atteindre les objectifs fixés pour 2030.  Il a préféré ramener le débat à l’éternelle question du financement du développement, en réclamant une nouvelle architecture financière adaptée à la réalisation des objectifs.

Table ronde 2

Placée sous la houlette de Mme MARIE CHATARDOVA, Vice-Présidente du Conseil économique et social, la deuxième discussion sur les interconnexions pour une mise en œuvre efficace du Programme 2030 a mis l’accent sur l’importance des statistiques et des données pour le suivi de la réalisation de ce Programme.

Tout en prévenant qu’il existe deux groupes de personnes, les révolutionnaires des données et ceux qui ne veulent pas leur accorder trop d’importance, le modérateur du débat, M. DEBAPRIYA BHATTACHARYA, Directeur et fondateur de « Southern Voice », a rappelé que le Programme 2030 tenait compte de la révolution, la fréquence, l’accès, la qualité et la ventilation des données. 

M. ROBERTO RAMOS, statisticien en chef du Brésil, qui parlait aussi au nom de M. BABACAR BEYE, statisticien en chef du Sénégal, a souligné l’importance, pour les gouvernements nationaux, de réfléchir aux moyens de traduire les 17 objectifs en actions concrètes et de parvenir à des résultats.  Il leur faut pour cela prendre des décisions basées sur des informations et des données pertinentes, ce qui implique des changements et une coordination des structures de collecte de ces éléments.

Pour ces deux experts, une réflexion s’impose sur le concept de « ne laisser personne de côté ».  Ils ont souligné la nécessité d’identifier ces personnes laissées pour compte au niveau des données.  En outre, ils ont conseillé de s’appuyer sur des indicateurs nationaux pour renforcer la capacité d’analyse et de décision.  « Nous avons toujours besoin des instruments classiques, comme les recensements, les enquêtes et les sondages par foyer, mais il faut aussi améliorer l’utilisation des informations ainsi collectées et créer de nouvelles sources de données. »  L’étape suivante est d’intégrer et d’harmoniser toutes les données, alors que les sources se multiplient.  Le défi, ont conclu les statisticiens, est donc de savoir comment utiliser les données et les utiliser efficacement.

Soucieuse elle aussi de « ne laisser personne de côté », Mme JUDITH RANDEL, cofondatrice et Directrice exécutive de « Development Initiatives », a invité les gouvernements à mieux connaître les populations délaissées, les exclus.  Elle a parlé de l’« initiative P20 » ou « les données pour ne laisser personne de côté », conçue pour aider à atteindre cet objectif.  Il faut se poser trois questions, a-t-elle lancé.  « Les gens vivent-ils mieux?  Est-ce qu’ils mangent bien?  Ont-ils accès aux opportunités? »  Pour elle, les investissements dans les données sont aussi importants que les investissements dans les routes et les hôpitaux.  Mais il faut arriver, sur le long terme, à les recueillir sur des plateformes moins onéreuses.

Un autre expert dans ce domaine, M. ANIL ARORA, statisticien en chef du Canada, a toutefois averti du risque de faire dire aux données ce qu’elles ne disent pas.  « Les données font partie de la solution, mais elles ne sont pas la solution », selon lui. 

Dans les échanges qui ont suivi, les intervenants ont mentionné les mesures gouvernementales prises pour adapter les systèmes statistiques nationaux.  La représentante du Bélarus a témoigné de la création d’indicateurs nationaux qui sont censés refléter le contexte général du pays.  En outre, le Gouvernement est en train de créer une plateforme de redevabilité statistique.  Elle a cependant demandé le soutien du Forum politique de haut niveau pour aider son pays à traiter au mieux ces données. 

Son homologue de Madagascar a signalé la création, en 2013, du Bureau de la statistique qui a travaillé avec tous les partenaires de développement pour élaborer des indicateurs spécifiques sur le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

La représentante du Chili a également fait la promotion du système statistique de son pays, qui a été décentralisé.  Les indicateurs utilisés facilitent la comparaison avec les normes internationales et permettent de mener des études impartiales, a-t-elle précisé.

De l’avis du représentant de la Fédération de Russie, les statisticiens ont d’ailleurs le devoir d’élaborer des données comparables, mais il a remarqué que ce n’est toujours pas le cas. 

Son collègue de la République islamique d’Iran a jugé bon d’établir des liens forts entre les centres statistiques et les collecteurs des données, et d’utiliser les technologies de l’information et de la communication dans la collecte.  Cela aide à réduire les coûts de la collecte des données, a-t-il expliqué.

Débat sur le thème « Les liens entre la science et les politiques et les questions nouvelles »

Les participants à la dernière table ronde de la première semaine du Forum politique de haut niveau pour le développement durable ont examiné comment les innovations et la science peuvent éclairer le processus d’élaboration des politiques, à tous les niveaux, pour mettre en œuvre au mieux le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Cette préoccupation, faut-il le rappeler, est la raison d’être de l’existence d’un « Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable », dont la deuxième édition s’est tenue il y a deux mois sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC).

Pour la plupart des orateurs, la science, la technologie et l’innovation sont des outils qui peuvent être utilisés au service du développement.  C’est l’avis de M. PETER MESSERLI, Directeur et professeur de développement durable du Centre pour le développement et l’environnement de l’Institut de géographie de l’Université de Berne, et Coprésident du groupe des 15 éminents scientifiques et spécialistes chargés de rédiger le rapport mondial sur le développement durable, pour qui la science doit contribuer à résoudre des problèmes concrets.  Mais la science à elle seule n’est pas la solution à tous les problèmes, a-t-il exprimé.  Si on s’appuie sur la science pour accéder au développement durable, on court le risque de voir un développement inégal, vu que la connaissance scientifique ne semble pas équitablement partagée à travers le monde, a-t-il expliqué.

Il est vrai que les pays en développement n’ont pas assez de fonds pour investir dans la recherche et la science, a acquiescé M. WANG RUIJUN, Directeur national du Centre pour la science et l’évaluation technologique de la Chine, et Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement des Nations Unies.  Cet expert a émis le vœu de voir également une innovation venant des plus démunis.  Cela passe peut-être par des initiatives de recherche locales, a—t-il avancé en plaidant pour qu’il y ait davantage de bourses.  Au Japon, a affirmé son représentant, cette réalité est déjà en marche, puisque des fonds privés financent des institutions de recherche afin de promouvoir l’innovation.

En Afrique du Sud, a témoigné Mme TOLU ONI, professeur à la faculté de médecine de l’Université du Cap, des initiatives locales permettent de vulgariser les filières scientifiques auprès des jeunes.  Il faut que les décideurs politiques travaillent en collaboration avec les scientifiques, a-t-elle préconisé.  Il faudrait déjà qu’ils travaillent en synergie et selon une approche d’interdisciplinarité, a prôné M. STUART TABERNER, Directeur des recherches internationales et interdisciplinaires au Conseil de la recherche du Royaume-Uni.  « Les objectifs de développement durable nous obligent désormais à sortir de nos silos scientifiques afin de mener des recherches pluridimensionnelles. »  Il a toutefois regretté que le temps mis pour arriver à des résultats scientifiques décourage parfois les politiques qui préfèrent le plus souvent des résultats immédiats.

Pour que les recherches bénéficient à tous, il faudrait réformer les régimes de propriété intellectuelle afin de trouver le juste équilibre entre le droit des chercheurs et le bien de tous, a proposé le délégué du grand groupe des ONG.  La représentante du grand groupe des femmes a en outre fait valoir que les voix des femmes sont cruciales en matière de science.  Elle a également plaidé pour que le « principe de prudence » soit de mise pour éviter que les avancées scientifiques ne nuisent indirectement aux populations qu’elles sont censées servir.

C’est dans cet élan de changements que la déléguée du grand groupe de la communauté scientifique et technologique a suggéré une nouvelle définition de la science pour préciser qu’elle doit impérativement tenir compte des connaissances traditionnelles.  « C’est ce que nous demandons de tous nos vœux », a renchéri sa collègue du grand groupe des peuples autochtones avant de décrier « ces préjugés qui laissent croire que les peuples autochtones sont dénués de toute connaissance scientifique », alors qu’ils sont personnellement dépositaires de savoirs traditionnels dans des domaines comme la médecine et la préservation des écosystèmes fragiles.  

Mme ENDAH MURNININGTYAS, ancienne Vice-Ministre des ressources et de l’environnement de l’Indonésie, et Coprésidente du groupe des 15 experts de l’ONU, a expliqué que ces scientifiques se sont répartis en quatre groupes afin de préparer le rapport que le monde attend.  Le rapport, qui sera publié en 2019, à l’intention du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, sera aussi le premier d’une série quadriennale.  Ses 15 rédacteurs seront aidés par une équipe spéciale présidée par le Secrétariat de l’ONU, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et la Banque mondiale.

Le représentant de la Finlande a dit attendre avec impatience ce rapport, souhaitant le voir complet et riche de contributions diverses.  C’est aussi le souhait d’un enseignant de l’Université des Nations Unies qui a suggéré que des « scientifiques volontaires » puissent également y contribuer.  Pour lui, la nomination d’autres scientifiques volontaires est importante pour appuyer le groupe des 15 scientifiques.

Au cours de ce débat animé par M. BILL COLGLAZIER de l’Académie américaine des sciences, le délégué du grand groupe des personnes handicapées a eu l’occasion de dire que le concept d’universalité devait être le catalyseur des recherches scientifiques dans le cadre des objectifs de développement durable, afin que les applications de la science bénéficient au plus grand nombre, a-t-il expliqué.

Réunion de synthèse de la première semaine

Résumant les débats de cette première semaine, M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que conformément à la résolution 70/299 de l’Assemblée générale, le thème de la session de 2017 du Forum est « Éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation » et porte sur des examens approfondis des objectifs de développement durable 1, 2, 3, 5, 9 et 14 et de leur interdépendance.  Il a dit qu’il est apparu évident, au cours de cette semaine, qu’on ne peut plus parler d’un objectif de développement durable sans prendre acte des liens qu’il a avec tous les autres objectifs de développement durable.  Il est clair que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 suppose une collaboration intersectorielle et interministérielle de tous les instants.

Cet examen a également fait ressortir les liens intrinsèques entre les trois piliers du développement durable.  « Nous sommes tous conscients des difficultés et des risques courus si nous n’engageons pas une action collective mieux coordonnée », a-t-il insisté avant de se féliciter de signes positifs et progrès en matière de cohérence et de concertation au niveau international, notamment dans le domaine du commerce.  Avec l’émergence de nouveaux partenariats, nous avons souligné l’importance du niveau régional pour appuyer la mise en œuvre du développement durable, notamment par le biais de la coopération Sud-Sud, l’apprentissage par les pairs et les expériences respectives des pays.

« Favoriser l’autonomisation des groupes vulnérables doit être une priorité », a–t-il ajouté avant de s’inquiéter de l’impact des changements climatiques sur la santé et la nutrition.  Il a dit que l’accès à une couverture de santé universelle et à une éducation primaire universelle, à l’eau et à une énergie à bon marché, étaient autant de moteurs pour l’éradication de la pauvreté et la mise en œuvre du développement durable.  Avec l’acidification des océans qui continue de mettre en danger les ressources halieutiques, il a mis l’accent sur les liens entre santé des océans et santé des populations.  Il a estimé que les femmes et les filles sont aussi des moteurs du développement social.

Il a cependant noté que le manque de données statistiques et l’absence de moyens de suivi demeurent un frein à la mise en œuvre du Programme 2030.  En conclusion, il a souligné une participation sans précédent de tous les acteurs de la mise en œuvre du Programme 2030 à cette session du Forum politique de haut niveau.  Alors que 44 pays présenteront la semaine prochaine leurs rapports nationaux de mise en œuvre du développement durable, le Président de l’ECOSOC s’est félicité de cette démonstration de leadership du Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC.  

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a salué l’ampleur que prend ce Forum alors que 65 ministres et 2 458 acteurs se sont inscrits aux débats.  Il s’est aussi félicité de la tenue de 147 manifestations parallèles et 3 manifestations spéciales dont un forum des entreprises.  M. Wu a appelé à transformer les initiatives de réduction de la pauvreté en moteur d’une croissance durable.  Il a dit que ce Forum était une plateforme idéale pour renforcer l’interface science-politique.  Il a mis l’accent sur l’importance des données en estimant que « ce qui est mesuré ne sera pas oublié ».  C’est pourquoi il a appelé à continuer de récolter des données fiables pour les mettre au service de la mise en œuvre, avant d’exhorter les pays développés à renforcer les capacités des pays en développement en termes de collecte et de traitement des données.

Dans ses remarques de clôture, le Président de l’ECOSOC a annoncé pour lundi des interventions du Secrétaire général des Nations Unies, M António Gutteres, du Président de l’Assemblée générale,  M. Peter Thomson, ainsi que d’un économiste renommé, M. Jeffrey Sachs, qui fera un exposé sur l’état du monde.   

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