Session de 2017, Forum politique de haut niveau,
5e & 6e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6857

Forum politique de haut niveau: la « couverture universelle santé » pourrait permettre d’atteindre plusieurs objectifs de developpement durable

La troisième journée de débats organisés dans le cadre du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, réuni cette semaine sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est articulée autour d’interventions sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable 3 (la santé pour tous) et 5 (autonomisation des femmes), l’occasion de souligner combien ces deux objectifs sont interdépendants et se renforcent mutuellement.

Les discussions de l’après-midi, qui se sont concentrées sur les situations particulières des petits États insulaires en développement (PEID), des pays les moins avancés (PMA) et des pays en développement sans littoral, n’ont fait que conforter le sentiment que tous les objectifs du Programme de développement durable sont liés entre eux.

Le représentant de la Sierra Leone a exprimé cette idée à propos de l’objectif relatif à la santé en évoquant l’éternelle question de la « poule et de l’œuf »: des progrès sont nécessaires en termes de développement pour pouvoir financer le secteur de la santé, mais il est en même temps urgent de financer la santé pour parvenir au développement.

Sachant qu’à l’heure actuelle 400 millions de personnes n’ont pas les moyens d’accéder aux services de santé de base, de nombreux intervenants ont abordé la question de « la santé pour tous » sous l’angle de la « couverture universelle », qui pourrait offrir à tous les individus un accès égal aux services de santé.  Le but est de parvenir à des systèmes de santé solides qui fournissent des soins à un coût abordable, l’accès aux médicaments et technologies médicales, avec un personnel de santé en nombre suffisant.

Une telle couverture médicale permettrait à la fois d’assurer la mise en œuvre de l’objectif relatif à la santé et de l’objectif qui vise l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.

« Parce que plus de la moitié des femmes dans le monde n’ont pas la liberté de décider de leur santé reproductive ou de prendre un contraceptif », le représentant des Pays-Bas, qui intervenait au nom de 17 autres pays, a expliqué qu’assurer l’égalité entre les hommes et les femmes en matière d’accès à la santé reviendrait à favoriser les objectifs de parité des sexes.  Il a fait le lien entre droit des femmes, santé des femmes et opportunité de développement.    

Les bénéfices des investissements dans le secteur de la santé sont encore plus vastes et ils sont notamment un moteur de croissance des pays en développement ou à revenu intermédiaire.  C’est ce qu’a remarqué le représentant de l’Azerbaïdjan en donnant l’exemple de son pays qui a multiplié ces investissements par 18 entre 2000 et 2015. 

Le délégué de l’Indonésie a présenté ses propres ambitions en matière d’investissements publics, avec pour objectif de permettre, d’ici à 2019, à tous les habitants d’accéder à l’ensemble des services de santé, sans restriction.

Le Directeur de la Fondation Rockefeller a confirmé l’effet multiplicateur des investissements dans la santé, en se basant sur les études sur ce sujet.  Il est ainsi prouvé que 25% de la croissance des pays à revenu moyen et faible a été dû, ces 10 dernières années, aux investissements dans le secteur de la santé.

Si les intervenants ont salué les progrès notables ainsi accomplis, ils ont aussi estimé que beaucoup restait à faire pour éradiquer un large éventail de maladies –notamment les quatre principales maladies non transmissibles que sont les maladies cardiovasculaires, les cancers, les diabètes et les maladies respiratoires chroniques- et s’occuper de nombreuses questions de santé persistantes ou nouvelles.

Les petits États insulaires en développement se sont attardés sur le problème des maladies non transmissibles qui, a expliqué le représentant de Nauru, au nom du groupe des petits États insulaires du Pacifique, « ne sont plus seulement une préoccupation médicale, mais plus un problème de développement pour les PEID ».

Pour y remédier, le Directeur de la Division santé publique de la Commission du Pacifique Sud a misé sur un cadre de suivi mis en place en 2015, qui permet aux ministères de la santé des pays concernés de partager les informations relatives aux maladies non transmissibles.  Ce partenariat semble susciter de l’espoir, a-t-il relevé tout en notant que le plus grand obstacle dans cette lutte est la pauvreté ambiante, revenant ainsi au même problème de la poule et de l’œuf.

Pour aller de l’avant, la Vice-Présidente aux affaires extérieures de la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (IFMSA) a plaidé en faveur d’une forte « volonté politique », d’une recherche de la « cohérence » des programmes et d’« investissements » plus importants dans le secteur de la santé.

Le Forum politique de haut niveau poursuivra sa session demain, jeudi 13 juillet, à partir de 9 heures.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL

Éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation (E/2017/31, A/72/75–E/2017/56, E/2017/63, E/2017/66*, E/HLPF/2017/1, E/HLPF/2017/1/Add.1, E/HLPF/2017/1/Add.2, E/HLPF/2017/1//Add.3, E/HLPF/2017/1/Add.4, E/HLPF/2017/1/Add.5, E/HLPF/2017/2, E/HLPF/2017/3, E/HLPF/2017/4 et E/FFDF/2017/3)

Examen de la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 3: Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge

Les discussions de cette table ronde ont porté sur la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 3 qui consiste à « permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ».  Les investissements dans les systèmes de santé et de bien-être ont été vus comme essentiels au développement durable, la preuve étant que 25% de la croissance des pays à revenu moyen et faible a été dû, ces 10 dernières années, aux investissements dans le secteur de la santé, comme l’a indiqué M. MICHAEL MYERS, Directeur de la Fondation Rockefeller.

Autre résultat encourageant de ces investissements: le nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans est passé de 12,7 millions en 1990 à 6,3 millions en 2013, ce qui correspond à une baisse journalière de 17 000 décès.  La responsable de la Division de statistique de l’ONU-DESA, Mme FRANCESCA PERUCCI, a rappelé que, depuis 2000, les vaccins contre la rougeole avaient permis d’éviter plus de 15,6 millions de décès et que le taux de mortalité maternelle avait diminué de 45% depuis 1990.

Si les intervenants ont salué les progrès notables accomplis dans l’amélioration de l’accès à l’eau salubre et à l’assainissement, ainsi que la réduction du paludisme, de la tuberculose, de la poliomyélite et de la propagation du VIH/sida, ils ont aussi estimé que beaucoup restait à faire pour éradiquer un large éventail de maladies –notamment les quatre principales maladies non transmissibles que sont les maladies cardiovasculaires, les cancers, les diabètes et les maladies respiratoires chroniques- et s’occuper de nombreuses questions de santé persistantes ou nouvelles. 

Pour faire face à ce défi, les intervenants ont défendu le principe incontournable de la « couverture médicale universelle », qu’ils ont présentée comme le meilleur moyen de garantir l’équité et l’égalité en matière d’accès à la santé. 

« La santé d’une nation se mesure au respect qu’elle accorde aux droits fondamentaux de ses citoyens », a estimé à cet égard le représentant du Nigéria dont le pays a mis sur pied un programme d’assurance santé pour les communes rurales.  Ce même représentant a invité le Fonds monétaire international (FMI) et les autres agences spécialisées de l’ONU à lutter contre la fuite des capitaux africains pour s’assurer que les flux financiers illicites qui échappent au continent viennent servir les capacités africaines en matière de santé.

« Il nous faut de la volonté politique, de la cohérence et des investissements », a martelé Mme MARIE HAUERSLEV, Vice-Présidente aux affaires extérieures de la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine (IFMSA).  Parmi les incohérences, elle a regretté que la majorité des investissements se portent sur les maladies transmissibles, alors que les maladies non transmissibles sont responsables de 70% des décès.

Le représentant de l’Azerbaïdjan a souligné que l’investissement dans l’objectif 3 était un moteur de croissance des pays à revenu intermédiaire.  Il a donné l’exemple de son pays qui a tiré les bénéfices de ses investissements dans la santé, qui ont été multipliés par 18 entre 2000 et 2015.  Le délégué de l’Indonésie a présenté ses propres ambitions en matière d’investissements publics, avec pour objectif de permettre, d’ici à 2019, à tous les habitants d’accéder à tous les services de santé sans restriction.

Justifiant l’importance d’investissements publics et expliquant les conséquences désastreuses de la diminution de ceux-ci, la représentante du grand groupe des travailleurs et syndicats a noté qu’il manquerait 14 millions de travailleurs de la santé dans le monde d’ici à 2030 si rien n’est fait pour remédier à ce problème.  Pour un meilleur financement de ce secteur, le représentant de la Malaisie a d’ailleurs estimé qu’il fallait davantage de partenariats public–privé.

Ce qui est également important, comme l’a souligné le représentant des Vanuatu, c’est d’aider les pays en développement à renforcer leurs capacités en matière de services de santé.  En sa qualité de membre du Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Mme LAURA FLORES, Représentante permanente du Panama, a souligné l’importance de disposer de données ventilées qui servent de base à l’amélioration de la qualité de vie.  Elle a précisé au passage que le Panama avait vacciné 63% de la population pour infléchir la courbe épidémiologique de H1N1.   

Les données sont cependant insuffisantes en ce qui concerne la santé des peuples autochtones, a regretté le représentant du grand groupe des peuples autochtones.  En outre, a-t-il remarqué, les fournisseurs de santé ne parlent pas souvent la langue de ces peuples.  Il a par ailleurs appelé à valoriser les connaissances traditionnelles autochtones en matière de santé.

D’autres obstacles doivent être levés pour améliorer l’accès à la santé pour les personnes handicapées, a mis en garde le représentant de ce grand groupe.  Il a voulu que les systèmes de santé prennent davantage en compte la réalité des barrières physiques et de communication dont souffrent les personnes handicapées lorsqu’il s’agit d’obtenir des soins de santé.

Toujours sur la question de l’accès à la santé pour les populations vulnérables, la représentante de la Chine a cité la mise en place de jumelages entre des villes et des communes rurales enclavées et défavorisées pour aider leurs populations à accéder aux meilleurs services de santé. 

Modérant ces débats, Mme NATA MENABDE, Directrice du bureau new-yorkais de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a rappelé que 400 millions de personnes n’ont pas les moyens d’accéder aux services de santé de base et que des centaines de millions de personnes font face à des difficultés financières chaque année parce qu’elles n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins de santé.  

Le représentant des Pays-Bas, qui parlait également au nom de 17 autres pays, a regretté que seulement la moitié des femmes prennent leur propre décision concernant les relations sexuelles et la prise de contraceptifs.  Assurer l’égalité des sexes en matière d’accès à la santé est un moyen important de garantir l’autonomisation des femmes, une des conditions du développement, a-t-il fait valoir.  Dans ce contexte, il a appelé à établir des liens entre l’objectif 3 et l’objectif 5 consacré à l’égalité des sexes.

De manière générale, la représentante du grand groupe des jeunes a jugé indispensable de fournir une information de qualité sur les services de santé et de mener une sensibilisation susceptible de favoriser l’élaboration de politiques de santé non discriminatoires.  Soulignant les opportunités qu’offre, à cet égard, la technologie, la représentante du Kenya a cité la mise en place d’un système permettant aux populations des bidonvilles d’avoir des informations en matière de santé via leur téléphone portable. 

La discussion est revenue plusieurs fois sur le problème de financement, ce qui a fait dire au représentant de la Sierra Leone que l’on se trouve face au problème de la « poule et de l’œuf »: des progrès sont nécessaires en termes de développement pour pouvoir financer le secteur de la santé, il est en même temps urgent de financer la santé pour parvenir au développement.  Dans le même ordre d’idées, un représentant des collectivités locales du Brésil a remarqué que si l’utilisation des pesticides avait permis un développement et une croissance sans précédent, cela avait aussi causé de gros problèmes de santé.

Examen de la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 5: Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles

Malgré les efforts déployés par les gouvernements pour atteindre l’égalité entre les sexes et parvenir à l’autonomisation de toutes les femmes et les filles, les inégalités persistent dans ce domaine, partout dans le monde, empêchant les intéressées d’exercer leurs droits fondamentaux et compromettant les perspectives qui s’offrent à elles.  Ce constat, contenu dans le dernier rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a été rappelé par les participants à ce débat relatif à l’objectif de développement durable 5.

« Il faut éliminer toutes les barrières structurelles qui empêchent aux femmes de s’épanouir », a plaidé de manière générale la représentante d’ONU-Femmes, tandis que Mme NALINI SINGH, Directrice exécutive de l’organisation non gouvernementale Fiji Women’s Rights Movement (FWRM), s’exprimant au nom du grand groupe des femmes, a prévenu que les changements structurels nécessaires prendraient du temps à être réalisés.  « Les mesures attendues ne peuvent malheureusement pas être imposées aux États », a-t-elle rappelé.

Les partenaires au développement ont leur rôle à jouer dans ce domaine en exigeant que la question de l’égalité des sexes figure dans les programmes de développement qu’ils financent à travers le monde, ont remarqué à ce propos les délégations de l’Union européenne et de l’Australie.

Il existe en Ouganda un « certificat du respect du genre », a illustré Mme JANE SANYU MPAGI, Directrice du genre et du développement communautaire au Ministère du genre, du travail et du développement social, en expliquant que l’octroi de ce certificat est un sésame pour les opérateurs économiques qui ambitionnent de fournir des prestations de services au Gouvernement.  Elle a ajouté que son pays avait mis au point des indicateurs afin de promouvoir l’objectif de développement durable 5. 

Plusieurs orateurs ont vu l’éducation des filles et des femmes comme l’un des moyens les plus efficaces pour atteindre cet objectif.  En effet, une éducation de qualité leur ouvrirait une plus grande porte vers le monde de l’emploi, favorisant ainsi leur essor, ont-ils plaidé. 

Il a d’ailleurs été prouvé que le produit intérieur brut (PIB) mondial pourrait augmenter de 12 000 milliards de dollars si les États promouvaient l’autonomisation économique des femmes, a indiqué la déléguée du grand groupe des ONG en citant une étude récente.

Pour que les femmes puissent aller de l’avant dans le monde professionnel, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) encourage l’esprit d’entreprise des femmes et leur donne une meilleure formation technologique, a indiqué sa représentante.

À l’heure actuelle, les femmes restent sous-représentées aux postes de direction, note le Secrétaire général de l’ONU dans son dernier rapport sur la mise en œuvre du Programme 2030.  Les données de ce rapport étaient reprises aujourd’hui par Mme FRANCESCA PERUCCI, Directrice adjointe de la Division de statistique du Département des affaires économiques et sociales (DAES).  Le rapport souligne que, dans la plupart des 67 pays disposant de données pour la période 2009-2015, moins d’un tiers des postes de cadre supérieur et intermédiaire étaient occupés par des femmes.  De plus, selon une enquête réalisée auprès de 83 pays et régions, les femmes consacrent en moyenne plus de trois fois plus de temps que les hommes aux soins et travaux domestiques non rémunérés.

C’est en tenant compte de ce contexte que les intervenants ont plaidé, la déléguée du grand groupe des travailleurs et syndicats en tête, pour que le travail domestique des femmes soit reconnu et dûment rémunéré.  C’est déjà chose faite en Uruguay car le pays vient d’établir le « droit d’être soigné », afin que les prestataires de soins, en milieu hospitalier ou familial, soient payés.  En apportant cette bonne nouvelle, M. ROBERTO BISSIO, Directeur  exécutif d’Instituto del Tercer Mundo, a expliqué que les inégalités trouvent leur source par la pratique sociale, très répandue, qui veut que ce soient les femmes qui prodiguent les soins. 

Par ailleurs, de nombreux intervenants ont souligné l’importance pour les femmes et filles de recevoir une bonne éducation sexuelle, qui leur permet de faire des choix de vie en connaissance de cause.  À ce propos, la déléguée du grand groupe des enfants et des jeunes a plaidé pour que le droit à la santé sexuelle et reproductive soit reconnu pour toutes les femmes et filles, à l’instar de la déléguée du Danemark qui demandait un accès aux méthodes contraceptives pour les 225 millions de femmes qui en sont privées.  « Il est cruel de voir que 800 femmes et filles meurent chaque jour de causes évitables », s’est-elle désolée.

Ce droit fait l’objet de toutes les attentions en Jordanie, a assuré la Secrétaire générale de la Commission des droits des femmes de ce pays, Mme SALMA NIMS, qui a appelé à établir des partenariats dans la région arabe pour faire face à des problèmes spécifiques tels que les mariages précoces ou forcés.

« Des actions et non plus seulement des mots », c’est ce que les participants ont demandé aux gouvernements pour mettre également fin à la violence dont sont victimes les femmes dans le monde entier.  En Algérie, par exemple, le code pénal prévoit des peines de prison en cas d’acte de violence à l’encontre des femmes.

La Directrice adjointe de la Division de statistique du DAES a donné des chiffres sur ce phénomène, d’après des données recueillies auprès de 87 pays: entre 2005 et 2016, 19% des femmes âgées de 15 à 49 ans affirmaient avoir subi des violences physiques ou sexuelles infligées par un partenaire intime au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête.  Marquant la mobilisation contre cette tendance, certains panélistes et participants, tels que l’animateur du débat, M. CRAIG MOKHIBER, Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à New York, étaient venus habillés en orange.  Cette couleur symbolise l’espoir d’un avenir exempt de violence à l’égard des femmes et des filles, en droite ligne de la « Journée orange » promue par l’agence onusienne ONU-Femmes pour susciter l’éradication de ce fléau.

Arriver à cette fin nécessitera des changements législatifs, lesquels pourraient arriver si les femmes sont davantage engagées dans la vie publique.  À l’échelle mondiale, la proportion de femmes occupant des sièges dans les parlements nationaux atteignait 23,4% en 2017, soit à peine 10 points de pourcentage de plus qu’en 2000, note encore le rapport du Secrétaire général en parlant de la question de la participation des femmes.

Le représentant du Nigéria a assuré que l’espace politique était désormais accessible aux Nigérianes, tandis que son homologue de la Belgique s’est prévalu d’une moyenne de 42% de femmes dans les parlements.

« Nous voulons bien participer », a affirmé la représentante du grand groupe des personnes handicapées, tout en rappelant que malgré le fait qu’une femme sur cinq est handicapée, l’objectif de développement durable 5 ne mentionne même pas cette catégorie.  « N’oublions pas que les femmes, au même titre que les hommes, ne sont pas un groupe homogène », a renchéri la paneliste de l’Ouganda qui a plaidé pour une participation « dans la diversité ».

Sur le plan des droits, la représentante du grand groupe des peuples autochtones s’est plainte des discriminations dont sont victimes les femmes autochtones qui se voient obligées de lutter pour la reconnaissance de leur droit à la propriété foncière par exemple.  La représentante de Fiji Women’s Rights Movement (FWRM) a, pour sa part, déploré les attaques que subissent les mouvements féministes.

Enfin, la déléguée de la Suède a tenu à rappeler à ses collègues qu’il ne faut surtout pas oublier que l’égalité des sexes, à laquelle le monde aspire, n’est pas un objectif, mais un préalable au développement durable.

Débat sur le thème « Éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation: faire avancer les Orientations de Samoa »

Les Orientations de Samoa, le Document final de la troisième Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement, constituent la base pour comprendre les priorités, besoins et préoccupations de développement des petits États insulaires en développement (PEID).

Parmi ces préoccupations, la déléguée des Maldives, parlant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a cité les populations de petite taille, la vulnérabilité de ces pays aux chocs externes, les changements climatiques, les défis de communication et de connectivité et, en plus, l’« épidémie » des maladies non transmissibles qui a monopolisé les échanges au cours du présent débat.

Le représentant de Nauru, qui s’exprimait au nom des 12 membres du groupe des petits États insulaires du Pacifique, a ainsi dépeint un tableau sombre en expliquant que les maladies non transmissibles ne sont plus seulement une préoccupation médicale, mais plus un problème de développement pour les PEID.

Forte de ce constat, la Commission du Pacifique Sud a lancé un partenariat en matière de santé en 2014, à l’occasion de la Conférence de Samoa.  Le Directeur de la Division santé publique de cette commission, M. PAULA VIVILI, a expliqué qu’un cadre du suivi a ensuite été mis en place, en 2015, permettant aux ministères de la santé des pays concernés de partager les informations relatives aux maladies non transmissibles.  Ce partenariat semble susciter de l’espoir, a-t-il relevé tout en notant que le plus grand obstacle dans cette lutte est la pauvreté ambiante.

Sur le plan économique, le délégué de Cabo Verde a rappelé que son pays venait de passer à la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ce qui aura pour conséquence de mettre un terme à l’aide internationale qui lui était octroyée jusqu’à présent pour lutter contre les maladies non transmissibles.  Le Ministre de la santé de Samoa, M. TUITAMA LEAO TALALELEI TUITAMA, a aussi fait observer que les coûts de prise en charge des malades font ralentir l’essor de l’économie.  C’est pourquoi son gouvernement applique désormais une taxe de 20% sur les produits à forte teneur en sucre, en sel et ceux qui sont trop gras, tandis que le tabac est également visé pas des mesures fiscales similaires.

Encouragé par ces directives, le délégué des Comores a souligné qu’il fallait plutôt agir sur la consommation, afin de prévenir les maladies non transmissibles.  Bien sûr, a acquiescé le Ministre de Samoa qui a expliqué que son gouvernement est engagé dans une vaste campagne contre le tabagisme.  Son homologue, la Ministre du travail et de la sécurité sociale de la Jamaïque, Mme SHAHINE ROBINSON, a aussi parlé de l’initiative « la Jamaïque bouge » qui promeut les activités physiques populaires pour lutter contre le surpoids et les maladies non transmissibles. 

Mme MARIA HELENA SEMEDO, Directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a de son côté parlé du soutien à apporter aux systèmes alimentaires locaux pour qu’ils fournissent des vivres sains aux populations des PEID.  Il faut que l’océan soit la base de ces systèmes, a-t-elle proposé en faisant valoir également les effets bénéfiques sur le plan commercial: cela permet aux pays de moins dépendre des aliments importés qui sont le plus souvent responsables des problèmes liés au surpoids.  Elle a également plaidé pour l’autonomisation des femmes, en tant que dépositaires des valeurs culinaires locales, et des communautés locales qui possèdent de nombreux savoirs susceptibles d’aider à résoudre certains défis actuels des PEID.

Parmi ces défis, les changements climatiques apparaissent comme l’un des plus importants, au vu des risques vitaux auxquels les îles sont confrontées.  C’est pourquoi Mme PENELOPE BECKLES, Représentante permanente de Trinité-et-Tobago auprès des Nations Unies, et animatrice du débat, a rappelé que la plupart des ressources de ces pays sont aujourd’hui davantage orientées vers la lutte contre les changements climatiques, au lieu de servir à la cause du développement.  Au vu de l’importance de cette question, il faudrait nommer un représentant spécial du Secrétaire général sur les changements climatiques, a proposé son homologue de Nauru.

La représentante du grand groupe des personnes handicapées a expliqué que cette catégorie est exposée à de nombreux risques en cas de catastrophe naturelle, climatique ou de toute autre nature.  Dans ce cas de figure, les handicapés seront les derniers à accéder aux abris, et encore s’ils le peuvent, car ils perdent généralement leurs moyens de déplacement quand survient une catastrophe.

La plupart des problèmes des PEID pourraient trouver des solutions dans le cadre de partenariats multipartites, a avancé le représentant de Guyana, qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Après avoir rappelé que de tels partenariats sont au cœur même des Orientations de Samoa, il a présenté le Centre pour les énergies renouvelables dans les Caraïbes, créé la semaine dernière, qui est chargé de promouvoir l’efficacité énergétique de ces pays.

Cette table ronde s’inscrivait en droite ligne des dispositions de la résolution 71/225 de l’Assemblée générale des Nations Unies, dans laquelle il est stipulé que l’Assemblée générale « rappelle le paragraphe 14 de sa résolution 70/202, et note que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable doit, à sa réunion de 2017 et à celles qui suivront, consacrer suffisamment de temps pour poursuivre l’examen des problèmes de développement durable auxquels se heurtent les petits États insulaires en développement ainsi que du suivi et de l’application des Orientations de Samoa ».

Débat sur le thème « Éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation: quels sont les effets des pays en situation particulière: PMA et pays en développement sans littoral. Les défis particuliers aux pays à revenu intermédiaire seront aussi examinés »

Le modérateur, M. SWARNIM WAGLE, de la Commission de la planification familiale du Népal, a énuméré, en guise d’introduction, les principaux défis auxquels les pays en développement sans littoral sont confrontés en matière de création d’emplois, de transfert de technologies, de géopolitique, de services, de protection sociale, ainsi que sur le plan de la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles.  Il a en même temps souligné que de nouvelles opportunités se présentent et invité à réfléchir aux moyens de gérer les changements démographiques et de créer des infrastructures durables ainsi que des institutions solides.

La question de la sécurité alimentaire a été traitée par Mme AMIRA GORNASS, Présidente du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), qui a parlé du besoin de cohérence et de coordination dans les pays en développement.  La priorité doit être donnée à un système alimentaire durable et aux zones rurales, a-t-elle dit.  Dans le cas des pays en crise, elle a appelé à développer, avec l’appui de la FAO, un cadre d’action pour la sécurité alimentaire qui donne des directives sur le développement, la mise en œuvre et le suivi des politiques dans ce domaine.  Ce cadre d’action devrait par exemple répondre aux besoins des personnes déplacées, des réfugiés et des migrants.

Malgré de grands progrès accomplis par les PMA depuis 1990, Mme FARAH KABIR, Directrice de pays d’Action Aid (Bangladesh), a averti que ces pays restent très vulnérables.  Le Bangladesh a réussi à faire un développement économique impressionnant en devenant un « pays à revenu intermédiaire inférieur » avec le développement notamment du secteur de l’habillement.  Mais la croissance économique n’a pas toujours été inclusive et a, en fait, accéléré la paupérisation des femmes qui sont obligées d’accepter des emplois sans sécurité.  L’innovation et les réformes sont un « must » pour les PMA et les pays à revenu intermédiaire, a conclu la représentante en soulignant que, jusqu’à présent, la mise en œuvre du Programme 2030 est dominée par les hommes.  Elle a recommandé en particulier de faire bénéficier les femmes du transfert de technologies.

Pour M. NIKHIL SETH, Directeur exécutif de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), il faut compter sur les niveaux national, local et communautaire pour trouver des solutions aux problèmes des pays en situation particulière.  Comme les objectifs de développement sont interconnectés, les approches compartimentées ne permettront pas leur mise en œuvre, a-t-il prévenu en invitant à mieux comprendre les avantages qui peuvent être engrangés par les différents objectifs.  Il a conseillé d’adopter des politiques qui mettent en avant les avantages croisés.  Au niveau national, il faut adopter un plan visionnaire qui intègre le Programme 2030 et les autres documents internationaux comme l’Agenda 2063 de l’Afrique.  Les plans nationaux doivent aussi être clairs en ce qui concerne l’affectation des ressources et des moyens financiers.  Ils doivent en outre se fonder sur des données statistiques fiables, ce qui exige souvent d’adopter de nouvelles méthodes de recensement.  La mise en œuvre de ces plans doit impliquer toutes les parties prenantes et utiliser les technologies disponibles. 

M. MASU BIN MOMEN (Bangladesh) a souligné l’importance du renforcement de la résilience des PMA face aux risques de catastrophes, ce qui implique d’adopter des politiques d’adaptation.  Le but est la conservation des forêts, des zones humides et des aires protégées, afin de sécuriser les régions de production alimentaire.  Ces pays ont besoin pour cela des supports techniques et d’aide financière.  Le représentant a aussi plaidé en faveur de migrations sûres et régulières.  Pour la bonne mise en œuvre de Programme 2030, il a invité l’ONU et les autres partenaires à créer une plateforme internationale de transfert de technologies pour les PMA.  La Banque de technologies doit être opérationnalisée, a-t-il demandé.

Mme LARYSA BELSKAYA, Directrice générale de la diplomatie multilatérale du Ministère des affaires étrangères de Bélarus, a regretté que les pays à revenu intermédiaire n’appartiennent à aucune catégorie d’États aux Nations Unies et ne bénéficient pas de mécanisme d’aide adapté à leur statut.  Il en résulte que ces pays n’ont pas la possibilité de recevoir l’aide nécessaire à leur développement.  La représentante a donc suggéré d’utiliser d’autres critères qui permettraient aux Nations Unies de prendre en compte les particularités de ces pays qui souffrent d’un niveau inégal de développement en leur sein et sont souvent confrontés au problème de la dette souveraine.  Comme 71% de la population mondiale vivent dans les pays à revenu intermédiaire, les stratégies mondiales de développement doivent prendre en compte ces pays, a-t-elle insisté en exprimant le souhait de voir adoptée une stratégie qui corresponde à leur situation. 

Le représentant du Honduras a soutenu l’idée de changer les critères actuels pour classer les pays à revenu intermédiaire.  Les conséquences de l’inaction seront universelles, à la mesure du Programme 2030, a-t-il averti.

Le représentant de la Belgique s’est inquiété de constater que les indicateurs concernant les PMA sont plutôt rouges que verts, « contrairement à nos espérances ».  Il a donc appelé à concentrer tous les efforts sur ces pays, comme le fait la Belgique qui focalise son aide publique au développement sur les PMA.

Le plus grand défi pour ces pays est le chômage, a expliqué M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) avant de souligner la relation à faire entre la technologie et l’emploi, dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a pris l’exemple de l’impression en trois dimensions et des drones, en expliquant leur impact sur la création d’emplois.

Au cours de la discussion interactive, les délégations ont continué leur énumération des défis et des opportunités.  La représentante de la Colombie a dit que le conflit interne avait scindé en deux son pays: la Colombie rurale qui a souffert du conflit et l’autre qui en a été plus ou moins épargnée.  Nous allons utiliser les dividendes de la paix pour répondre à nos besoins de développement, a-t-elle annoncé, espérant surtout que cela bénéficie à la « Colombie rurale ».

Un exemple similaire a été présenté par le représentant de Sri Lanka, pays qui a prévu deux scenarios: le premier concerne les régions qui sont victimes des catastrophes naturelles et le second est destiné au reste du pays. 

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