En cours au Siège de l'ONU

8150e séance – après-midi
CS/13140

Le Conseil de sécurité a un rôle clef à jouer pour combler les lacunes dans les opérations de maintien de la paix, souligne la numéro deux du Département

Juste après l’adoption d’une déclaration de son président soulignant la nécessité d’accroître l’efficacité des opérations de maintien de la paix de l’ONU en vue d’assurer une paix durable, le Conseil de sécurité a entendu, cet après-midi, un exposé de la Sous-Secrétaire générale du Département des opérations de maintien de la paix, Mme Bintou Keita, qui a proposé des mesures visant à combler les lacunes existantes en matière de constitution des forces et de capacités. 

La Sous-secrétaire générale et les membres du Conseil ont été invités, par le Président en exercice du Conseil, le Japon, à mettre l’accent sur la formation et le renforcement des capacités. 

« L’année 2018 doit être celle de la traduction en mesures concrètes des discussions tenues en 2017 sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies », écrit le représentant japonais, M. Koro Bessho dans la note de cadrage associée à cette réunion.  « Elle coïncide également avec les discussions approfondies qui doivent avoir lieu sur les réformes du Secrétaire général », fait-il remarquer. 

Mme Keita a salué les actions menées dans ce sens par les membres du Conseil, rappelant qu’à la dernière réunion des ministres de la défense qui s’est tenue le mois dernier à Vancouver, au Canada, 49 annonces ont été faites, en plus de 20 annonces portant sur de nouvelles formations et sessions de renforcement des capacités. 

Elle a indiqué que le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions entendaient continuer à fournir des conseils et un soutien technique pour assister les États Membres dans le choix des sites et des méthodes de formation. 

Pour s’adapter aux nouvelles réalités et menaces, a expliqué la Sous-Secrétaire générale, les modes d’opérations des missions doivent être continuellement évalués, tout en procédant à des ajustements conséquents des troupes et des plans d’opérations.  À cette fin, a-t-elle dit, les pays contributeurs de troupes doivent faire preuve de flexibilité. 

Mais les capacités des opérations de maintien de la paix ne doivent pas seulement se lire à l’aune du type d’équipements ou du nombre de personnels; elles doivent aussi tenir compte de la capacité à fonctionner avec efficacité.  En outre, a plaidé Mme Keita, les projets de « partenariats triangulaires » impliquant le Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs doivent être étendus à d’autres régions et aux pays francophones, ceci afin de renforcer davantage les capacités des missions.

Plusieurs pays se sont retrouvés dans ses analyses, notamment sur la question des lacunes à combler.  Ainsi, de l’avis de la France, il convient d’adopter une « une approche ambitieuse et innovante », comme le fait d’ailleurs le Département des opérations de maintien de la paix, avec la création « historique » du système de préparation des moyens de maintien de la paix.  À ces efforts devraient s’ajouter ceux du Conseil de sécurité lui-même. 

Dans cette optique, l’Ukraine préconise que le Conseil s’assure que chaque opération dispose des forces dont elle a besoin pour remplir le mandat qu’il lui a confié.  Pour sa part, l’Uruguay pense que la disponibilité de personnels militaires et civils suffisamment équipés et formés est un élément clef pour le succès des mandats.  À cette fin, le Kazakhstan s’est dit partisan d’un examen global annuel de la réforme des opérations de maintien de la paix, tel que préconisé par la résolution 2378 (2017), adoptée le 20 septembre dernier.

Les délégations ont également partagé les vues de Mme Keita quant à la nécessité d’une coopération tripartite.  Selon l’Égypte, ce mécanisme peut contribuer à la réalisation de l’objectif d’élaboration et de renouvellement des mandats.  Il peut aussi aider à la mise en place de mandats séquentiels et éviter des prorogations.  Il permet enfin au Conseil d’avoir une « vision globale des choses ».  Mais étant donné que la majorité des opérations de maintien de la paix se trouvent en Afrique, la Chine a estimé que cette coopération tripartite devait inclure les pays africains et tenir compte de leurs points de vue.

À cet égard, le Sénégal a regretté que « l’on peine toujours à atteindre le plafond des troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ».  De façon générale, il a recommandé « une mutualisation des efforts nationaux à travers des coalitions ad hoc entre États et/ou acteurs régionaux ». 

« Sur le seul continent africain, la France participe à la formation de 29 000 militaires africains par an, répartis dans 11 pays et portant sur 57 thématiques différentes », a précisé la représentante de ce pays.  Vantant le rôle du Centre de Brindisi, l’Italie, à son tour, a jugé essentiel de former suffisamment le personnel pour mieux défendre la crédibilité et l’intégrité des opérations de maintien de la paix et des Nations Unies. 

La Fédération de Russie a été d’avis qu’un certain nombre de questions soulevées dans le rapport du Secrétaire général établi en application de la résolution 2378 (2017) doivent être discutées au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34).  Comme d’autres pays contributeurs de troupes, elle a été favorable à une participation accrue des femmes à ces opérations.  À ce titre, 23% des forces de police russes sont présentes dans les 10 opérations de maintien de la paix auxquelles participe le pays. 

S’ils « comptent rester le plus grand contributeur », tant en termes de fourniture de personnels que d’efforts de renforcement des capacités, les États-Unis ont considéré que « cet investissement nécessite de véritables résultats ». 

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Lettre datée du 18 décembre 2017, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Japon auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/1077)

Déclarations

Mme BINTOU KEITA, Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, a souligné que les missions de maintien de la paix des Nations Unies doivent avoir les capacités appropriées, fournies en temps voulu afin de faire face aux défis de notre temps et ceux à venir.  Nous devons continuer de faire des efforts pour assurer une variété de contributeurs offrant les capacités requises, a-t-elle déclaré, précisant néanmoins que l’ONU restait dépendante des capacités que les États Membres voulaient bien lui offrir.  Les organisations régionales et sous-régionales, y compris l’Union africaine et l’Union européenne, peuvent aussi jouer un rôle pour combler les lacunes, notamment au moment de la mise sur pied des missions et quand celles-ci connaissent des pics de tensions. 

Mme Keita a relevé que le Conseil de sécurité a un rôle crucial à jouer dans la définition des capacités des missions et pour combler leurs lacunes actuelles et futures, y compris par le biais de l’assistance à la formation et au renforcement de capacités.  Elle a salué les actions des membres du Conseil dans cette optique, rappelant qu’à la dernière réunion des ministres de la défense de Vancouver le mois dernier, 49 annonces ont été faites, en plus de 20 annonces portant sur de nouvelles formations et sessions de renforcement de capacités.  Elle a promis que le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions entendaient continuer de fournir des conseils et un soutien technique pour assister les États Membres dans le choix des sites et des méthodes de formation.  À cet égard, elle a encouragé les États Membres à s’assurer que leurs formations soient focalisées sur le moyen et long terme.

Pour s’adapter aux nouvelles réalités et menaces, a expliqué la Sous-Secrétaire générale, les modes d’opérations des missions vont être continuellement évalués, tandis qu’il sera procédé à des ajustements conséquents des troupes et des plans d’opérations.  Pour cela, les pays contributeurs de troupes doivent faire preuve de flexibilité.  Elle a précisé que les capacités des opérations de maintien de la paix ne doivent pas seulement se lire en matière de type d’équipements ou de nombre de personnels, mais elles doivent aussi tenir compte de la capacité à fonctionner avec efficacité, en fonction de l’agilité, la formation, les équipements, la technologie, la doctrine, le leadership, la discipline, l’interopérabilité, le bien-être et l’état d’esprit, tout comme l’équilibre entre les sexes et l’absence de réserves. 

Dans ce cadre de renforcement de capacités, les formations cruciales comme les programmes de formation électronique sur la prévention des atteintes et de l’exploitation sexuelles doivent désormais être offertes par les États Membres et être obligatoires avant le déploiement des troupes et du personnel civil.  De même, les équipements ne peuvent être utilisés sans un système approprié de maintenance, de réparation et d’acquisition de pièces de rechange.  C’est pourquoi, les États Membres doivent également investir dans des initiatives de formation durable, tout comme ils doivent parier sur des équipements meilleurs afin de préserver les standards onusiens. 

Mme Keita a expliqué que des partenariats ciblés entre États pourraient par exemple permettre de combler les lacunes des missions.  Les choses vont évoluer à partir des leçons apprises de la conférence de constitution des forces de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  En outre, les projets de partenariats triangulaires doivent être étendus à d’autres régions et aux pays francophones, ceci afin de renforcer davantage les capacités des missions.

De nombreux progrès ont été faits au cours des dernières années, mais il reste beaucoup à faire, a reconnu Mme Keita en évoquant la mise en place d’un mécanisme léger de coordination entre les entités du Secrétariat impliquées dans les formations, le renforcement de capacités et la mise sur pied des forces, et les États Membres, afin de permettre aux pays voulant donner des contributions de le faire.  Cette coordination vise à mieux diriger les ressources vers les pays contributeurs de contingents ou vers les missions. 

Un mécanisme plus flexible et efficace est aussi requis afin de soutenir une variété d’initiatives et donner des réponses à des besoins parfois imprévus au cours des formations.  Parmi ces nouveautés, l’intervenante a parlé d’une subvention spéciale regroupant plusieurs donateurs, dans le cadre du fonds d’affectation spéciale du Département des opérations de maintien de la paix, afin d’augmenter les ressources existantes, et de coordonner et fournir des formations additionnelles aux pays contributeurs de contingents.  Elle a enfin invité le Conseil de sécurité à s’assurer que les ressources arrêtées correspondent aux mandats des missions de maintien de la paix.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a relevé le rôle important que joue le Groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix, présidé par son pays ces deux dernières années.  S’agissant des efforts visant à réduire les lacunes des opérations de maintien de la paix, il s’est félicité des innovations réalisées avec la création de la cellule stratégique de génération de forces et de planification des capacités. 

En outre, le représentant a estimé que les travaux en cours dans le cadre du partenariat avec les organismes régionaux, particulièrement l’Union africaine, permettront de renforcer les capacités opérationnelles des unités africaines appelées à exécuter les missions dans le cadre de l’emploi de la force.  Il a cité la brigade intérimaire de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), la force de protection régionale de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et la force de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

M. Seck a salué les engagements souscrits par plusieurs pays contributeurs de troupes et de police lors du Sommet des dirigeants de septembre 2015 et des rencontres ministérielles de Londres, Paris et Vancouver.  Toutefois, a-t-il constaté, beaucoup reste encore à faire.  Ainsi, a-t-il regretté, « l’on peine toujours à atteindre le plafond des troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ».  De façon générale, le représentant a recommandé « une mutualisation des efforts nationaux à travers des coalitions ad hoc entre États et/ou acteurs régionaux ».  

Mme ANNE GUEGUEN (France) a déclaré partager le diagnostic du Secrétariat et ses efforts pour développer « une approche ambitieuse et innovante de la génération de forces », compte tenu des lacunes clairement identifiées ces dernières années, notamment en termes de capacités aériennes, de soutien médical, d’équipements, de formations prédéploiement.  Face aux contraintes existantes, l’innovation est le meilleur moyen de répondre à ces défis, a poursuivi la représentante, avant de se féliciter de la création « historique » du système de préparation des moyens de maintien de la paix au sein du Département des opérations de maintien de la paix.  Son renforcement doit se poursuivre, notamment en favorisant une meilleure utilisation de ses niveaux 2 et 3.  En parallèle, l’augmentation du nombre de pays accédant au niveau 1 doit faire l’objet d’un effort permanent, fruit de l’interaction avec les pays contributeurs de troupes, a-t-elle dit. 

Mme Gueguen s’est également réjouie du développement de nouveaux mécanismes de génération de forces, comme l’a montré l’étape majeure franchie avec la conférence de génération de forces de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), tenue en mai dernier.  Selon elle, l’application de ce modèle à d’autres opérations de maintien de la paix et à d’autres capacités spécialisées doit se poursuivre pour « coller au mieux » les ressources aux besoins.  Elle a partagé le même sentiment en ce qui concerne le développement des engagements conjoints et des « promesses intelligentes », qui permettent de mettre à disposition des capacités critiques et d’élargir le spectre des formations nécessaires à l’acquisition de nouveaux savoir-faire liés à l’environnement asymétrique, comme la protection contre les engins explosifs improvisés.

La représentante a ensuite assuré que son pays, à travers sa coopération bilatérale et de sécurité de défense, contribue à la formation et à l’équipement de nombreux contingents appelés à être déployés.  « Sur le seul continent africain, la France participe à la formation de 29 000 militaires africains par an, répartis dans 11 pays et portant sur 57 thématiques différentes. »  Elle travaille aussi avec de nombreux pays contributeurs de troupes pour favoriser le développement des capacités de maintien de la paix.  Cependant, la France estime que la formation des contingents relève avant tout de l’État concerné, même si elle pense en même temps qu’il revient aux États Membres d’assurer le plus haut niveau de conduite et de discipline, afin d’assurer le respect des principes onusiens, notamment dans la lutte contre l’exploitation sexuelle, a conclu sa représentante.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a estimé que, comme beaucoup de questions liées au maintien de la paix, la constitution des forces est un enjeu nécessitant des résultats concrets.  Les États-Unis, a-t-elle souligné, ont investi 1,3 milliard de dollars dans le cadre de l’initiative de renforcement des capacités pour le maintien de la paix.  À cet égard, a poursuivi la déléguée, « si les États-Unis comptent rester le plus grand contributeur, tant en termes de fourniture de personnels que d’efforts de renforcement des capacités, ils considèrent que cet investissement nécessite de véritables résultats ».

Pour cela, nous avons besoin de partenariats étroits pour renforcer les capacités et nous acquitter efficacement de nos opérations, a-t-elle plaidé, déplorant que les lacunes en matière de formation et d’équipement hypothèquent trop souvent encore le succès des opérations.  Nous avons également besoin d’un processus de prise de décisions plus objectif, a insisté la représentante.  Selon elle, « il importe que l’ONU sache où les besoins sont les plus importants et où les lacunes sont les plus criantes ».

Saluant le travail accompli par l’Unité de constitution des forces et de renforcement des capacités, elle a assuré que ce processus de rationalisation ne visait pas à sanctionner les États qui fournissent des troupes mais à combiner les meilleures capacités pour renforcer le taux de réussite des opérations.  Elle a enfin affirmé que l’appui constituait un volet essentiel de l’amélioration des capacités, appelant à cette fin à l’intensification de la coopération entre le Conseil, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents.

M. CHENG LIE (Chine) a déclaré que, pour accroître l’efficacité des opérations de maintien de la paix, la communauté internationale doit, non seulement prêter une attention aux pays africains, aux pays contributeurs de troupes, mais aussi assurer la disponibilité des ressources et des matériels.

Il est également nécessaire d’assurer une formation aux personnels et travailler en coopération avec l’Union africaine.  Ces mesures, en plus d’une bonne préparation, d’une formation et protection des personnels déployés sur le terrain, sont les garanties du succès des opérations de maintien de la paix, a assuré le représentant, ajoutant que cette mission revenait au Secrétariat.

Il a également affirmé qu’en tant que pays fournisseur de contingents, la Chine est engagée à assumer ses responsabilités à tous les plans.  La Chine a, par exemple, déjà assuré la formation de 800 Casques bleus en Afrique, en plus d’avoir investi 100 millions de dollars dans la coopération militaire avec l’Union africaine. 

Par ailleurs, les contingents chinois sont d’ores et déjà enregistrés au mécanisme de préparation des forces des Nations Unies.  Ils sont rapidement disponibles et déployables, a affirmé le représentant en conclusion.   

Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) a salué les recommandations du Secrétaire général en vue de combler les lacunes capacitaires des opérations de l’ONU, notamment par une formation efficace des troupes.  Il est crucial que les pays contributeurs se montrent à la hauteur de leur responsabilité dans l’équipement et la formation de leurs troupes en vue d’une bonne exécution des mandats, a-t-elle poursuivi.  Elle a détaillé l’appui fourni par la Suède aux pays contributeurs, notamment à un bataillon d’infanterie de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), avant de souhaiter une augmentation du nombre de pays contributeurs.

En vue d’une meilleure efficacité de ces opérations, la déléguée suédoise a souhaité que le Secrétariat fournisse des avis stratégiques « francs et honnêtes », articulés autour d’objectifs clairs et opérationnels.  Enfin, elle a souligné l’importance de combattre les atteintes et l’exploitation sexuelles et approuvé les initiatives du Secrétaire général visant à augmenter le nombre de femmes dans les rangs des opérations de paix.

Tout le monde sait que l’ONU ne dispose pas d’une armée propre et dépend des contributions des autres États pour fournir des troupes aux opérations de maintien de la paix, a rappelé M. DAWIT YIRGA WOLDEGERIMA (Éthiopie).  Or, a-t-il dit, la lente mobilisation des troupes par les États et les autres défis identifiés dans le rapport ont des conséquences sur l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  À cet égard, il a espéré que les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général permettront de faire des progrès.  Mais tout le monde sait aussi que ces recommandations ne suffiront pas, a-t-il poursuivi, ajoutant que seule une volonté politique est à même de faire faire des progrès. 

L’Éthiopie est en faveur d’une coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, a déclaré M. Woldegerima.  Il a salué le mécanisme de coordination proposé par le Secrétaire général dans son rapport, qui devrait permettre d’établir une plateforme pour la coopération et la formation des troupes.  Mais ces efforts doivent aller de pair avec la réalisation des engagements pris, notamment lors de la Conférence de Vancouver, a aussi estimé le représentant, avant de plaider pour le renforcement des capacités des troupes de l’Union africaine, dont l’efficacité et la rapidité de déploiement ont été prouvées, selon lui.  

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a jugé nécessaire d’opérer des changements structurels pour que les opérations de maintien de la paix s’adaptent aux nouvelles menaces asymétriques posées par les groupes terroristes et la criminalité transnationale organisée.  À cet égard, a-t-il dit, les mandats conçus par le Conseil de sécurité doivent reposer sur une analyse technique, logistique, mais avant tout politique, et ils doivent être plus réalistes et précis et mieux ciblés.  Il a vanté les Principes de Vancouver en ce qui concerne la protection des mineurs et la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix. 

L’équipement et la formation des troupes relèvent autant de la responsabilité des pays contributeurs que de celle de l’ONU en général, a souligné le représentant.  Les attaques constantes dont sont victimes les membres des forces de paix montrent combien il est important de renforcer la connaissance du terrain, la capacité de réaction des unités et la protection des camps et des effectifs.  M. Inchauste Jordán a rappelé que le succès des opérations de maintien de la paix dépend aussi de l’appui du pays hôte, tandis que les mandats doivent respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale des États.

M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay) a reconnu que 2017 avait été une année intense en termes de débats sur le futur des opérations de maintien de la paix tant au Conseil de sécurité, à l’Assemblée générale, à la Quatrième Commission, qu’au Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34).  Par ailleurs, une récente réunion des ministres de la défense, organisée avec l’Uruguay, s’est tenue à Vancouver sur ce sujet, avec « des résultats qui permettent d’être optimiste ».  À cela s’ajoute le débat de haut niveau organisé sous la présidence éthiopienne du Conseil de sécurité et qui a abouti à l’adoption, à l’unanimité, de la résolution 2378 (2017) qui souligne, entre autres, la nécessité de continuer de travailler ensemble, notamment pour combler les lacunes observées dans les opérations de maintien de la paix.

En effet, l’Uruguay considère le renforcement des forces stratégiques comme une composante essentielle de l’efficacité de ces opérations.  La disponibilité de personnels militaires et civils suffisamment équipés et formés est un élément clef pour la bonne et pleine mise en œuvre de leurs mandats.  Le représentant a estimé aussi que le Conseil de sécurité peut contribuer de façon significative à ces objectifs, notamment lors des étapes d’analyse, de création, de planification ou de reconfiguration d’une opération.  À ce titre, il a jugé « fondamentale » une coopération triangulaire entre le Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes et de police.

En tant que pays contributeur de troupes, l’Uruguay déplore le nombre croissant d’attaques contre les installations et les personnels des Nations Unies comme on l’a vu en République centrafricaine ou en République démocratique du Congo.  Tous ceux qui s’attaquent aux personnels des Nations Unies doivent être punis et traduits en justice, a fait valoir M. Rosselli Frieri, ajoutant que « ne pas regarder la vérité en face n’est pas le meilleur moyen de répondre aux défis actuels ».  

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a constaté qu’en dépit des efforts consentis par la communauté internationale en matière de maintien de la paix, le monde ne devient pas plus sûr.  Au contraire, les guerres et les agressions se multiplient.  Il a donc estimé essentiel de garantir à chaque opération de maintien de la paix la force dont elle a besoin pour remplir le mandat que lui a confié le Conseil.  Aux yeux de l’Ukraine, cette tâche fait partie intégrante de la réforme globale recommandée par le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix.

Observant que, ces dernières années, le maintien de la paix s’est adapté en termes d’équipement et d’expertise à l’exécution des mandats, le délégué s’est félicité que l’on ait gagné en souplesse et en prévisibilité.  Il a cependant estimé que des progrès restent à réaliser en matière d’exécution, notamment au regard de situations changeant rapidement sur le terrain.  À cette fin, il faut continuer à améliorer le dialogue entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat.  Il a aussi souhaité que les missions se voient confier des mandats clairs, cohérents et réalisables, avec pour objectif de soutenir une solution politique au conflit.  À cet égard, a-t-il relevé, l’impartialité doit être un principe directeur pour les missions et leur personnel.

Le représentant a également estimé que le Conseil, tout en décidant de la création ou du renouvellement de mandats, devrait soutenir davantage le Secrétariat pour que les opérations de maintien de la paix bénéficient des technologies modernes appropriées.  Il a appelé la communauté internationale à fournir aux personnels engagés dans ces opérations une formation et un équipement adaptés à l’exécution de leur mandat.  Sur ce point, a-t-il conclu, il importe que le Conseil suive attentivement la mise en œuvre de la résolution 2272 et soutienne les efforts du Secrétaire général en vue d’éliminer les violences sexuelles dans le cadre des opérations de maintien de la paix.   

M. DOVGANYUK (Kazakhstan) a observé que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont aujourd’hui confrontées aux incidences de menaces asymétriques et violentes qui nécessitent un plan systématique de réduction de ces risques consistant à adapter les approches existantes ou à créer de nouvelles stratégies.  Dans ce contexte, a-t-il dit, le Kazakhstan est favorable à un examen global annuel de la réforme des opérations de maintien de la paix, tel que préconisé par la résolution 2378.  Il souhaite également que soient renforcés les critères de sélection et de formation des personnels de maintien de la paix ainsi que leur entraînement sur le terrain, particulièrement dans les situations à fort risque d’attaques armées et terroristes.

Le représentant s’est d’autre part prononcé en faveur d’une amélioration des stratégies afin de réagir aux menaces de groupes et de milices ciblant délibérément les troupes de maintien de la paix, les civils et les acteurs humanitaires.  Il a aussi estimé que les Casques bleus devraient se centrer davantage sur la protection des civils, compte tenu des importants déplacements de populations.

Le représentant a en outre appelé à l’établissement d’un dialogue étroit et à la poursuite des consultations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents ou de personnels de police.  À ses yeux, accroître le nombre de pays contributeurs augmenterait la crédibilité des opérations de maintien de la paix dans les zones concernées. 

M. IHAB MOUSTAFA AWAD (Égypte) a noté que la réforme des opérations de maintien de la paix ainsi que les examens de ces dernières années se sont concentrés sur les aspects opérationnels et techniques des opérations.  Il s’est agi d’élargir la base des pays fournisseurs et d’améliorer les processus de constitution des forces, ces questions étant débattues lors de conférences internationales, dont la dernière s’est tenue à Vancouver.  Toutefois, a commenté le délégué, « il est temps que ces efforts se concrétisent sur le terrain ».  À cet égard, a-t-il précisé, l’Égypte considère que le renforcement des capacités et la constitution de forces vont de pair avec le processus tripartite de consultations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents.  Ce mécanisme, a-t-il dit, peut contribuer à la réalisation de l’objectif d’élaboration et de renouvellement des mandats.  Il peut aussi aider à la mise en place de mandats séquentiels et éviter des prorogations sans prévoir de date butoir ou de sortie.  Il permet enfin au Conseil d’avoir une vision globale des choses.

En deuxième lieu, l’Égypte considère que la réforme des opérations de maintien de la paix doit prévoir des efforts en matière de formation et une amélioration de la chaîne de commandement et de contrôle.  Il faut aussi permettre aux forces sur le terrain de prendre des décisions, a souligné le représentant, ajoutant que l’augmentation du nombre de pays contributeurs ne doit pas se faire aux dépens des bonnes performances et du respect des normes en vigueur, notamment en ce qui concerne les abus sexuels. 

Évoquant d’autre part l’augmentation, ce dernier mois, de la fréquence des attaques contre des unités en charge du maintien de la paix, M. Awad a estimé que ces incidents avaient mis en relief les lacunes des opérations, tant pour ce qui est de la formation que de la nature des équipements ou de l’évaluation des risques.  Nous avons besoin de les combler urgemment afin de renforcer la crédibilité de ces opérations et protéger la vie de nos personnels, a-t-il plaidé.  La performance des opérations, a conclu le représentant, doit être évaluée « à l’aune de leur capacité à contribuer à la recherche d’une solution politique ».

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a déclaré que le processus de réforme dans lequel sont engagées les Nations Unies doit aboutir à une meilleure efficacité des opérations de maintien de la paix.  Mais bien que le rapport du Secrétaire général ait été publié avec retard et que les capitales ne s’en soient pas encore pleinement saisies, il a constaté avec satisfaction que l’on y évoque la question d’une coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes.  Il a noté aussi que le rapport traite de la formation linguistique des Casques bleus, dans le contexte où 48% d’entre eux travaillent dans le monde francophone.  Sans dire si cette question relève d’une priorité ou non, la délégation russe estime qu’il faut en discuter avec les fournisseurs de troupes.

M. Iliichev a également été d’avis qu’un certain nombre de questions soulevées dans le rapport doivent être discutées au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34).  En tant que contributeur de troupes, la Fédération de Russie est favorable à une participation accrue des femmes à ces opérations.  À ce titre, 23% des forces de police russes présentes dans les 10 opérations de maintien de la paix auxquelles participe le pays sont des femmes, a précisé le représentant. 

En ce qui concerne la formation, l’un des autres thèmes abordés dans le rapport, le représentant a indiqué que son pays dispose d’un centre de formation spécialisé pour les Casques bleus russes et non russes, y compris des formations linguistiques.  La Fédération de Russie est en outre disposée à mettre à disposition son académie de formation militaire, a assuré le représentant.   

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a souligné le rôle essentiel que jouent les opérations de maintien de la paix pour endiguer et réduire les conflits, comme c’est aujourd’hui le cas au Mali et au Soudan du Sud.  Selon le représentant, les exemples sont nombreux de succès mais aussi de sacrifices de Casques bleus, les dernières pertes onusiennes remontant au mois dernier.  Au-delà des questions de renforcement des capacités et d’équipement des forces, il importe d’en faire davantage pour mieux protéger les civils pris au piège des conflits, a souligné le représentant, appelant à une progression des investissements dans le processus de constitution des forces.

Rappelant les précédentes propositions britanniques au Conseil de sécurité lors des débats sur cette question, notamment en matière d’innovation et de planification, le représentant a rappelé que son pays avait formé plus de 11 000 Casques bleus sur différentes missions.  Nous leur avons fourni une formation au leadership mais aussi à la prévention des abus sexuels, a-t-il précisé, évoquant à cet égard une initiative impliquant le Royaume-Uni, le Canada et le Bangladesh et destinée à informer les contingents sur les relations hommes-femmes.

M. Allen a encore indiqué que son pays avait déployé 700 membres de ses propres forces sur huit théâtres d’opérations.  C’est ainsi que, par le biais de son déploiement auprès de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), le Royaume-Uni travaille avec le Viet Nam et l’Australie à la construction d’un hôpital de campagne pour les Casques bleus.  Il a enfin préconisé un meilleur ciblage pour l’utilisation des ressources limitées de l’ONU.  Pour cela, nous devons nouer plus de partenariats, notamment pour aider les pays qui ont besoin d’experts techniques, a-t-il avancé, souhaitant enfin que tout soit fait pour améliorer les dispositifs d’appui.  « Nous le devons à ces hommes et ces femmes qui effectuent des missions de maintien de la paix au péril de leur vie », a-t-il conclu.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a déclaré que son pays, dans sa région, est l’un des plus importants contributeurs de troupes et d’observateurs internationaux, avec plus de 1 000 personnels déployés dans diverses opérations de maintien de la paix de l’ONU.  L’Italie est aussi d’avis que l’utilisation des nouvelles technologies dans ces opérations peut être un plus, comme le montre l’utilisation de drones par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) pour la collecte d’informations. 

En matière de formation des personnels, le représentant a jugé « essentiel » de les former suffisamment pour mieux défendre la crédibilité et l’intégrité des opérations de maintien de la paix et des Nations Unies.  À cet égard, il a vanté le rôle du centre de Brindisi.

M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré que la formation et le renforcement des capacités sont des outils importants pour combler les lacunes constatées dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment en matière de constitution des forces et de capacités.  Dans ce contexte, il est essentiel de mettre en relation les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les pays donateurs.  Outre le Secrétariat, les missions de maintien de la paix ont un rôle à jouer pour lier la formation, le renforcement des capacités et les déploiements.

De même, a poursuivi le Président en exercice du Conseil, les efforts de réforme des Nations Unies doivent déboucher sur une meilleure relation de travail entre New York et les missions.  Les mesures visant à combler les lacunes existantes requièrent des efforts collectifs de la part des États Membres, dont les contributions et l’assistance sont vitales.  Pour sa part, a-t-il assuré, le Japon est disposé à renforcer son rôle dans la région de l’Asie et du Pacifique et en Afrique. 

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