En cours au Siège de l'ONU

8109e séance – matin
CS/13078

Burundi: l’ONU et la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) doivent maintenir leur appui en vue d’une « sortie de crise », affirme l’Envoyé spécial

Quelles que soient les difficultés persistantes au Burundi, l’ONU doit poursuivre sa mission de bons offices, aux côtés de la sous-région, pour aider ce pays à sortir de la crise, a déclaré, ce matin, au Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi, M. Michel Kafando. 

Venu faire le bilan de sa mission au cours des trois derniers mois, le haut fonctionnaire a expliqué aux membres du Conseil avoir convenu, avec le Médiateur et le Facilitateur de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) pour le dialogue interburundais, le Président de l’Ouganda, M. Yoweri Kaguta Museveni, et l’ex-Président de la République-Unie de Tanzanie, M. Benjamin Mkapa, de la nécessité de convoquer un minisommet régional, « aux fins d’évaluer les avancées des négociations ».

La résolution 2303 (2016) avait souligné l’urgence d’un dialogue interburundais « véritable et inclusif », lequel est, avec l’évolution de la situation sécuritaire et le respect des droits de l’homme, l’un des trois critères pour adapter « la taille, la composition et le mandat de la composante de police » dont le Conseil de sécurité avait autorisé le déploiement, le 29 juillet 2016, au Burundi.

Ce dialogue, a rappelé aujourd’hui l’Envoyé spécial, doit associer l’opposition burundaise en exil, dont le Conseil national pour le respect de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi et la restauration de l’état de droit (CNARED), avec lequel M. Kafando s’est entretenu le 14 octobre dernier.

À l’approche du cycle électoral de 2020, le Président de la formation Burundi de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Jürg Lauber (Suisse), a préconisé d’élaborer, une « feuille de route » pour définir les conditions préalables à la tenue d’un scrutin « libre, juste, pacifique et démocratique ».  Or, les autorités burundaises s’attèlent déjà à la préparation des prochaines élections, malgré l’absence de « juste solution » à la question du dialogue inclusif, a relevé l’Envoyé spécial.

Considérant pour sa part que le dialogue interburundais se poursuit « normalement », avec des « consultations fructueuses » de part et d’autre, le représentant du Burundi, M. Albert Shingiro, a cependant estimé que pour maintenir « cette dynamique régionale vivace », il serait souhaitable d’éviter des mécanismes parallèles de nature à fausser « la trajectoire actuelle du dialogue ».  Pour son gouvernement, toute tentative d’accès au pouvoir par des raccourcis anticonstitutionnels serait « inacceptable ».

Convaincu que la « culture démocratique » est en cours de consolidation dans son pays depuis 2005, M. Shingiro a rappelé qu’amender la Constitution est un « exercice » qui relève « exclusivement » de la souveraineté nationale, et auquel les « acteurs exogènes » doivent se garder de participer.  Il a évoqué des « dispositions périmées, inadaptées au contexte post-transition » et au Traité de la Communauté d’Afrique de l’Est ratifié par Bujumbura.

Le 2 novembre dernier, l’Ombudsman burundais, M. Edouard Nduwimana, a assuré l’Envoyé spécial qu’en dehors de la « non-limitation relative et la durée de sept ans du mandat présidentiel », le Gouvernement de son pays avait respecté toutes les dispositions de l’Accord d’Arusha, y compris celle qui demandait l’établissement d’une commission vérité et réconciliation.

Selon M. Kafando, « tout était apparemment calme » lorsqu’il s’est rendu à Bujumbura il y a deux semaines, en dehors de manifestations « de colère » contre la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir des enquêtes sur les crimes contre l’humanité commis depuis 2015 au Burundi. 

Des manifestations qui dénonçaient également les informations faisant état d’allégations de violation des droits de l’homme dans le pays, dont des « arrestations ou emprisonnements arbitraires, tortures, disparitions forcées, traitements inhumains et dégradants ou restrictions de liberté d’association, intimidation, et discours de haine ».

Pour le délégué burundais, le « calme règne » et ses compatriotes « jouissent de leurs droits politiques et civiques sans entrave », un « retour à la normalité » dont le septième Sommet des chefs d’État de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs aurait pris acte. 

M. Shingiro a ainsi regretté une « tendance de plus en plus manifeste » à la « politisation des droits de l’homme » en vue de satisfaire les « intérêts politiques de certains États », qui, à l’en croire, sont en train de faire « dévier » le Conseil des droits de l’homme de ses objectifs et veulent promouvoir des « agendas cachés ». 

Le Gouvernement, a fait cependant observer M. Kafando, n’a pas encore concrètement satisfait à sa décision de coopérer pleinement avec le Conseil des droits de l’homme et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), cependant que les négociations se poursuivent avec le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  L’Uruguay a regretté que le Gouvernement n’ait pas encore repris sa coopération avec le Bureau, suspendue depuis le 11 octobre 2016.

Pour M. Shingiro, qui a estimé que la situation de son pays devrait être retirée de l’ordre du jour du Conseil de sécurité, le retour volontaire des réfugiés est un gage supplémentaire de retour à la normalité et de stabilité sous-régionale, même s’il a affirmé que certains de ces réfugiés avaient été enrôlés dans des « mouvements de rébellion » anti-Burundi.  « Depuis 2016, plus de 175 149 Burundais seraient déjà rentrés volontairement dans leur pays », s’est-il félicité.

Il est cependant urgent d’améliorer la situation sur les plans socioéconomique et des droits de l’homme au Burundi pour veiller à la bonne marche des retours à la réinsertion des réfugiés et des personnes déplacées dans leur communauté d’origine, a noté quant à lui le Président de la CCP, pour qui il faut redoubler d’efforts pour répondre aux besoins de la population.

Considérant que la situation sécuritaire s’est améliorée au Burundi, la Bolivie a appelé les autorités à « continuer d’édifier un environnement pacifique » et les États concernés à envisager la levée des sanctions qui ont un impact négatif sur le développement durable du pays.

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