En cours au Siège de l'ONU

8041e séance – matin
CS/12981

Colombie: Le Représentant spécial affiche son optimisme sur le processus de paix qui a fait basculer le pays « du côté de l’espoir »

Avec l’appui de l’ONU, « le processus de paix entre le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP) a, lentement mais sûrement, fait basculer le pays du côté de l’espoir », a affirmé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Colombie, M. Jean Arnault.  Un optimisme partagé par plusieurs délégations, qui ont souligné l’importance du rôle de la future Mission de vérification de l’ONU, dont les activités commenceront, comme prévu, le 26 septembre. 

Le Représentant présentait le rapport* du Secrétaire général sur cette Mission de vérification, prévue par la résolution 2366 (2017), qui doit prendre le relais de l’actuelle Mission des Nations Unies en Colombie et sera chargée de contrôler la réintégration des membres des FARC-EP et le rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire colombien. 

La Mission des Nations Unies était, elle, chargée de vérifier l’application de l’Accord de cessez-le-feu entre le Gouvernement et les FARC-EP. 

« La transformation formelle, après 53 ans de conflit armé, des FARC-EP en parti politique est le point culminant politique du cessez-le-feu, de la cessation des hostilités et du dépôt des armes qui se sont déroulés en Colombie depuis la signature de l’Accord final de paix le 24 novembre 2016 », a indiqué M. Arnault au début de son intervention.  Il a précisé que le Congrès colombien venait d’élire les dirigeants du parti et d’adopter sa plateforme politique. 

Parmi les autres éléments positifs, le Représentant spécial a mentionné la conclusion, le 4 septembre dernier, d’un accord entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN) pour un cessez-le-feu temporaire du 1er octobre au 12 janvier 2018.  Il a également cité le « message puissant en faveur de la paix et de la réconciliation » en Colombie délivré par le pape François lors de sa visite récente dans le pays. 

Cet optimisme a été partagé par les sept délégations qui se sont exprimées, dont celle de la Colombie.  Le représentant du Japon s’est ainsi dit satisfait du « niveau de confiance » entre le Gouvernement et les FARC-EP. 

« Le processus en Colombie est un encouragement pour tous les pays en conflit dans le monde », a, de son côté, estimé son homologue du Kazakhstan. 

Le délégué de l’Uruguay a, lui, loué le « sérieux de l’ONU » sur le dossier colombien et à, l’instar des autres pays, appelé la future Mission de vérification à apporter tout son soutien au processus de paix. 

M. Arnault a assuré, à ce propos, que la Mission de vérification sera en mesure de s’acquitter de ses fonctions au premier jour de son mandat.  Les besoins en personnel de la future mission ont été identifiés et une sélection « minutieuse » des observateurs au sein de la mission actuelle a été conduite afin de garantir une représentation adéquate des pays contributeurs et d’assurer un grand nombre de femmes observatrices, a-t-il dit. 

Le Représentant spécial a, en outre, souligné qu’une bonne coordination avait été recherchée avec l’équipe de pays de l’ONU. 

La déléguée de la Colombie, qui a salué le travail accompli par la première mission de l’ONU, a insisté sur la nature exclusivement onusienne de cette Mission de vérification, qui visera à garantir que les deux parties s’acquittent de leurs engagements.  Le Vice-Président colombien sera le point focal de cette Mission de vérification, a-t-elle dit. 

De son côté, le délégué de la Suède a estimé que la violence à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme et des dirigeants communautaires montrait l’urgente nécessité pour cette seconde mission de vérifier la mise en œuvre des garanties de sécurité.  L’accord donné par le Gouvernement colombien et l’ELN à l’ONU pour qu’elle vérifie la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu est la confirmation du succès de l’actuelle mission et de son leadership, a-t-il dit. 

Enfin, M. Arnault a déclaré que le Secrétariat devrait faire des recommandations sur l’appui apporté par l’ONU à la mise en œuvre de cet accord. 

* S/2017/745

 

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Rapport du Secrétaire général sur la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie (S/2017/745)

Exposé

M. JEAN ARNAULT, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Colombie, a fait état de ce qui constitue le point culminant politique du cessez-le-feu, de la cessation des hostilités et du dépôt des armes en Colombie, à savoir la transformation formelle, après 53 ans de conflit armé, des Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP) en parti politique. 

Le Congrès, qui a élu les dirigeants du parti et adopté sa plateforme politique, a mis un an pour ce faire, après la déclaration d’un cessez-le-feu bilatéral et définitif le 29 août 2016, a-t-il noté. 

Il a rappelé que le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2366 (2017), demande que la mission de l’ONU actuelle entame à titre provisoire les activités de vérification sur la réintégration des combattants des FARC-EP et les garanties de sécurité qui seront celles de la future Mission de vérification. 

M. Arnault a détaillé les aspects opérationnels de la future mission et les actions prises depuis le 10 juillet dernier.  Il a mentionné l’établissement, à tous les niveaux, d’équipes transitoires qui ont déjà entamé les activités de vérification, l’identification des besoins en personnel de la future mission et la sélection minutieuse des observateurs au sein de la mission actuelle afin de garantir une représentation adéquate des pays contributeurs et d’assurer un grand nombre de femmes observatrices. 

Le Représentant spécial a également cité la mise en place de visites de reconnaissance en vue d’identifier notamment des domaines possibles de coopération avec l’équipe de pays de l’ONU, la mise en contact avec de potentiels prestataires pour satisfaire les besoins logistiques de la Mission et l’établissement d’un groupe de travail conjoint entre la Mission et l’équipe de pays pour une bonne coordination. 

La Mission de vérification sera en mesure de s’acquitter de ses fonctions au premier jour de son mandat, a-t-il assuré.  M. Arnault a indiqué que la seule question en suspens était le partage des coûts des arrangements pris par l’ONU et la Colombie relatifs au Mécanisme tripartite de surveillance et de vérification. 

« Le 4 septembre, le Gouvernement de Colombie et l’Armée de libération nationale (ELN) ont conclu un accord pour un cessez-le-feu temporaire du 1er octobre au 12 janvier 2018 », a continué M. Arnault, ajoutant que l’ONU serait chargée d’appuyer la vérification des engagements pris.  Le Secrétariat devrait faire des recommandations à ce sujet dans un futur proche, a-t-il dit. 

Enfin, le Représentant spécial a rappelé que le pape François venait de délivrer en Colombie un message puissant en faveur de la paix et de la réconciliation.  « Heureusement, ces derniers mois, le processus de paix entre le Gouvernement et les FARC-EP a, lentement mais sûrement, fait basculer le pays du côté de l’espoir », a-t-il conclu. 

Déclarations

M. OLOF SKOOG (Suède) a salué l’engagement vigoureux en faveur de la paix dont les deux parties en Colombie ont fait preuve, et leurs efforts pour surmonter les défis qui se posent dans la mise en œuvre de l’Accord.  Un effort résolu et durable est maintenant nécessaire de la part de l’État aux niveaux central, régional et local, ainsi que de la part du système de l’ONU et de la communauté internationale, à l’appui de cet accord. 

« Ceci doit inclure une réforme rurale globale, pour que tous les Colombiens puissent percevoir des dividendes tangibles de la paix », a souligné le représentant, pour lequel la réintégration politique, économique et sociale des anciens combattants doit faire partie intégrante de ce processus. 

La violence à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme et des dirigeants communautaires démontre, selon lui, l’urgente nécessité pour la seconde mission onusienne de vérifier également la mise en œuvre des garanties de sécurité collectives et personnelles, comme le demandent les parties, a encore noté la délégation. 

La Suède s’est, en conclusion, félicitée du cessez-le-feu agréé par l’Armée de libération nationale, considérant l’accord donné par les parties à l’ONU pour qu’elle vérifie sa mise en œuvre comme la confirmation du succès de l’actuelle Mission et de son leadership.

M. KORO BESSHO (Japon) s’est déclaré satisfait par le niveau de confiance mutuelle et de bonne foi démontré par le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP) dans le cadre du processus actuel. 

Il a pris note des recommandations du Secrétaire général sur la Mission de vérification des Nations Unies, se disant prêt à discuter d’un projet de résolution.  En dernière instance, cependant, un succès durable dépendra de la détermination et de l’engagement démontrés par les parties, a dit le représentant. 

Pour le Japon, la réintégration économique et sociale est une phase délicate de ce processus de paix.  Pour garantir une paix durable, les FARC qui ont renoncé aux armes doivent pouvoir prendre part pleinement à la vie sociale et économique en Colombie aussi rapidement que possible, et des ressources et des garanties sécuritaires suffisantes sont déterminantes à cet égard.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a rappelé que le Gouvernement de Colombie et l’Armée de libération nationale (ELN) ont conclu un accord pour un cessez-le-feu temporaire du 1er octobre au 12 janvier 2018.  C’est un espoir pour une paix durable en Colombie, a-t-il dit.  Il a demandé que l’ONU apporte tout son appui à la réintégration des éléments des FARC-EP pour assurer le succès de ce processus. 

Il a relevé que les recommandations du Secrétaire général contenues dans son rapport avaient été arrêtées en coordination avec le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP).  Il a loué le sérieux du travail de l’ONU sur le dossier colombien.  Les engagements pris par les parties et le rôle de la Mission seront déterminants pour restaurer une paix durable dans le pays, a-t-il dit, ajoutant, en conclusion, que ce processus était en bonne voie. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est félicité de la poursuite de la destruction des arsenaux des Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP) par la mission politique de l’ONU.  Il a souhaité que les deux prochaines semaines permettent de mener à bien toutes les opérations restantes, y compris celles en relation avec les caches d’armes. 

Pour le représentant, il est important d’assurer la bonne mise en œuvre de l’accord sous tous ses aspects, y compris la réintégration des anciens combattants, et que les deux parties continuent à honorer leurs engagements.  Sa délégation s’est félicitée que la deuxième mission ait tenu compte des lacunes passées pour surmonter les défis qui se sont posés à la première. 

Elle a, par ailleurs, appuyé entièrement les recommandations formulées par le Secrétaire général quant à la prorogation et aux aménagements du mandat de la deuxième mission.  Pour le Kazakhstan, le processus en Colombie est un encouragement pour tous les pays en conflit dans le monde.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a estimé qu’il restait beaucoup à faire pour atteindre les principaux objectifs de l’accord de paix, rappelant que le but était de transformer le niveau de vie des secteurs les plus vulnérables touchés par le conflit et de combler le fossé entre les zones rurales et les zones urbaines.  Il a salué l’accent mis par le Gouvernement colombien sur la sécurité et l’état de droit.  Il a notamment jugé important de formaliser les titres de propriété foncière dans les zones rurales et d’améliorer la couverture médicale des agriculteurs.

Le représentant bolivien a appelé le Conseil de sécurité à faire preuve d’unité dans l’appui qu’il fournit au processus colombien, saluant le travail du Secrétaire général à cet égard et prenant note des recommandations en ce qui concerne la deuxième mission de l’ONU dans le pays. 

Il a aussi salué le nouveau parti politique formé par les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), la force alternative révolutionnaire, « une étape historique », ainsi que l’accord conclu entre le Gouvernement de la Colombie et l’Armée de libération nationale (ELN) pour le cessez-le-feu bilatéral et temporaire.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a salué les événements positifs qui se sont déroulés en Colombie, en particulier la récente signature d’un accord pour un cessez-le-feu temporaire entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN). 

Le délégué s’est félicité des progrès accomplis en vue de la transformation des Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP) en parti politique. 

En conclusion, le représentant russe a demandé le plein appui de la future Mission de vérification à ce dernier processus. 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a exprimé sa reconnaissance au Secrétaire général et au Conseil de sécurité pour l’efficacité des travaux menés par la première mission politique spéciale.  Concernant la mission qui doit lui succéder, elle a tenu à rappeler qu’elle avait uniquement pour mandat de vérifier la mise en application des engagements des points 3.2 et 3.4 de l’accord de paix.  Il est entendu que cette Mission de vérification sera exclusivement onusienne et visera à garantir que les deux parties s’acquittent de leurs engagements, a-t-elle dit. 

La représentante a souligné les aspects de la mise en œuvre de cet accord que son pays estime les plus importants, comme la formation du « cabinet de l’après-conflit » dirigé par le Président Juan Manuel Santos Calderón, et l’approbation de 87 textes législatifs, dont cinq modifications de la Constitution politique.  Le Vice-Président colombien sera le point focal de la Mission de vérification, a-t-elle dit. 

Elle a aussi mentionné ce qui est fait pour l’adaptation des membres des Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP) à la vie civile, avec le lancement des « espaces territoriaux de formation et de réintégration » et les 44 sessions tenues par le Conseil national de réintégration.  Ce conseil a mené des sondages sur des questions socioéconomiques, éducatives et de santé.

Une base institutionnelle a également été mise en place pour garantir le bien-être psychologique et le versement de pensions, la formation académique, la formation professionnelle, ainsi que pour mener des initiatives artistiques, culturelles et sportives, et des actions communautaires. 

Pour permettre également une inclusion financière, 9 491 comptes d’épargne ont été ouverts pour les anciens combattants, tandis qu’on comptait 3 840 affiliations au régime national de pensions au 30 août.  Mme Mejía Vélez a en outre cité l’appui qu’apporte le Service national d’apprentissage et celui du Programme de réintégration spéciale pour les personnes âgées.

Reconnaissant l’immense défi que représentent l’accomplissement et la coordination de ces tâches pour son gouvernement, la représentante a néanmoins assuré de la volonté de faire avancer ces efforts, rapidement et efficacement. 

Elle a aussi exprimé sa satisfaction après l’annonce récente de son gouvernement et de l’Armée de libération nationale (ELN) de mettre en œuvre un cessez-le-feu bilatéral et temporaire à partir du 1er octobre.

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