En cours au Siège de l'ONU

8025e séance – matin
CS/12957

Le Kosovo entre dans une « période d’incertitude » et un « vide » de gouvernance, prévient le Chef de la MINUK

Suite aux élections législatives anticipées du 11 juin dernier, qui se sont déroulées sans « irrégularités ou incidents majeurs », le Kosovo est entré dans une « période d’incertitude » marquée par la reconfiguration de son paysage politique et un « vide fonctionnel », a prévenu, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, M. Zahir Tanin.

« La phase de transition s’est avérée être semée d’obstacles.  La principale coalition n’a pas été en mesure de parvenir à une majorité absolue, certaines des parties ont accru leur représentation de manière marginale et l’opposition de longue date a pris un élan significatif », a résumé M. Tanin, venu présenter au Conseil le dernier rapport* en date du Secrétaire général sur la situation au Kosovo, qui couvre la période allant du 16 avril au 15 juillet.

Mais ce scrutin a mis à jour un « changement de mentalités » chez de nombreux votants, en particulier les jeunes, davantage préoccupés des problématiques de l’accès à l’emploi ou à l’éducation que de la « rhétorique ethno-nationaliste », qui a échoué à mobiliser l’électorat comme par le passé. 

Une nouvelle donne qui informe d’ores et déjà la prochaine campagne électorale, celle des municipales prévues en octobre prochain, a relevé le Représentant spécial, qui dirige également la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).

« Aucun parti ni aucune coalition préélectorale n’ayant obtenu une majorité en état de gouverner, aucune alliance postélectorale n’a été constituée afin de former un gouvernement », a constaté le Secrétaire général dans son rapport, une impasse déplorée aujourd’hui par la majorité des membres du Conseil.

Si le rapport conclut qu’au cours de la période considérée, le dialogue entre Belgrade et Pristina mené sous les auspices de l’Union européenne (UE) a peu progressé, le Représentant spécial a toutefois fait état d’un nouveau développement le 24 juillet, après que le Président de la Serbie, M. Aleksandar Vučić, a affirmé que la viabilité des progrès dans son pays passe par le règlement de la situation au Kosovo. 

Le Chef d’État, a poursuivi M. Tanin, a prévenu qu’à moins de résoudre « le conflit historique entre Serbes et Albanais », les deux peuples seraient confrontés à l’« échec ».

Pour le Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, M. Ivica Dačić, la relance du dialogue de haut niveau tiendra à la volonté des deux parties de faire des compromis, volonté qui a selon lui fait défaut jusqu’à présent à l’autre partie, qui préfère les mesures unilatérales. 

À l’inverse, Mme Vlora Çitaku, du Kosovo, a dénoncé l’attitude « très agressive et peu constructive » de la Serbie, qui ne cesserait d’entraver la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade, citant notamment le soutien apporté par la Serbie aux « structures parallèles serbes » au Kosovo.  Soulignant la dangerosité de solutions reposant sur une base ethnique, Mme Çitaku a mis en garde contre le rejet du multiculturalisme. 

La réconciliation politique ne peut, pour le Représentant spécial, faire fi de toutes les divisions et doit s’accompagner d’une réconciliation populaire et sociétale, que la MINUK s’est efforcée de promouvoir par de multiples initiatives au cours des mois écoulés. 

Un des obstacles sur lesquels bute une telle réconciliation, c’est la question des personnes disparues au cours du conflit au Kosovo, le Ministre des affaires étrangères serbe affirmant que les crimes commis au « Kosovo-Metohija » doivent faire, sans exception, l’objet de poursuites judiciaires.

Une tâche improbable à en croire la Fédération de Russie, qui a qualifié de « déplorable » l’état de l’appareil judiciaire au Kosovo.  Il s’est par ailleurs vigoureusement opposé à la proposition des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni de clôturer la MINUK, dont la présence sur place est pour Moscou primordiale.

Le délégué russe a également rejeté les appels lancés par ces mêmes membres du Conseil, rejoints par le Japon, pour changer la périodicité de l’examen de la situation au Kosovo, en la rendant semestrielle.

* S/2017/640

RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2017/640)

Déclarations

M. ZAHIR TANIN, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo et Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a indiqué que la période à l’examen avait été marquée par la tenue, le 11 juin, des élections législatives anticipées, qui ont fait voler en éclats la coalition au pouvoir.  « La phase de transition s’est avérée être semée de défis.  La principale coalition n’a pas été en mesure de parvenir à une majorité absolue, mais certaines des parties ont accru leur représentation de manière marginale, cependant que l’opposition de longue date a pris un élan significatif. »  Par conséquent, a constaté le haut fonctionnaire, le paysage politique du Kosovo a été reconfiguré de la manière la plus visible depuis de nombreuses années.  Un facteur qui, selon lui, a pu contribuer à cette évolution est le changement de mentalités « spectaculaire » chez de nombreux électeurs, en particulier les jeunes, pour lesquels l’emploi, l’accès à l’éducation et les opportunités économiques, la lutte contre la corruption et le renforcement de l’état de droit sont des préoccupations majeures.  La « rhétorique ethno-nationaliste » n’a pas mobilisé la majorité des électeurs comme par le passé, a encore noté M. Tanin, en prenant acte des « repositionnements politiques » touchant toutes les parties à l’approche des élections municipales prévues en octobre.

Par ailleurs, les observateurs de l’Union européenne ont estimé que les élections législatives s’étaient bien déroulées, avec un taux de participation de 41%, comparable à celui de 2014, même si de nombreux nouveaux votants se sont rendus aux urnes partout au Kosovo.  Dans les zones serbes, le taux de participation a été le plus important constaté de mémoire récente, rompant avec la tendance précédente qui consistait à boycotter les élections au Kosovo, a noté le Représentant spécial.  Il a toutefois regretté que l’élection n’ait pas permis d’impulser un élan en faveur de la participation des femmes.  Mais la plus vive préoccupation soulevée par ce processus électoral, a prévenu M. Tanin, c’est qu’il a accaparé toute l’énergie des institutions au cours des trois derniers mois, créant un « vide fonctionnel » qui a entravé les progrès économiques et sociaux et en matière de gouvernance.  Fin juillet, par exemple, le Fonds monétaire international (FMI), en l’absence d’un gouvernement légitime pour mener à bien l’examen, a annulé l’acompte final d’un financement étalé sur deux ans.  Et au cours de la période écoulée, l’investissement étranger a chuté de deux tiers, en raison, à l’évidence, d’un « climat d’incertitude politique ».

Le Chef de la MINUK a ensuite attiré l’attention sur un nouveau développement important dans la région, à savoir l’initiative du Président de la Serbie d’ouvrir un dialogue interne sur le Kosovo, un sujet dont M. Tanin s’est entretenu en personne avec le Chef d’État serbe.  Le Représentant spécial a expliqué que le 24 juillet dernier, le Président Vučić avait déclaré publiquement que la viabilité des progrès de la Serbie passe par le règlement de la situation au Kosovo et prévenu que si le conflit historique entre Serbes et Albanais n’était pas résolu, cela représenterait un échec pour les deux peuples.  M. Tanin a indiqué que ce discours avait été salué par « le Premier Ministre et le Ministre des affaires étrangères du Kosovo ».  « Comme l’histoire le démontre, la recherche d’un compromis juste, difficile et parfois douloureux exige un leadership vigoureux », a ajouté le Représentant spécial, en soulignant que des problèmes régionaux exigent des « solutions régionales ». 

Mais la réconciliation politique ne peut, par définition, faire fi de toutes les divisions, a rappelé M. Tanin.  Elle doit s’accompagner d’une réconciliation populaire et sociétale, qui repose sur la confiance et la coopération à tous les niveaux.  C’est l’un des objectifs de la MINUK, a assuré le haut fonctionnaire en faisant état de plusieurs initiatives prises en ce sens, comme, par exemple, une table ronde de niveau international organisée à Genève, conjointement avec le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, pour sensibiliser à la question des personnes disparues au cours du conflit au Kosovo qui représente « un obstacle de taille à la réconciliation sociétale ».  Par ailleurs, en juin dernier, la Mission a facilité une réunion entre les maires de 10 municipalités au sud-est du Kosovo, au cours de laquelle des questions relatives à la coopération économique et aux risques de radicalisation et d’extrémisme idéologique ont été abordées.

Le Représentant spécial s’est enfin félicité de constater que, le 5 juillet, les Chambres spécialisées pour le Kosovo, situées à La Haye, sont devenues opérationnelles et en mesure de recevoir toute présentation ou tout acte d’accusation émanant du Bureau du Procureur spécialisé.  Les Chambres spécialisées peuvent désormais pleinement exercer leurs activités judiciaires et aucun obstacle juridique ne s’oppose à ce qu’elles soient saisies d’écritures ou d’accusations, a précisé M. Tanin.

M. IVICA DAČIĆ, Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Serbie, a estimé que le renforcement de la MINUK envoyait un message important concernant le rôle des Nations Unies comme élément qui chapeaute la présence internationale au Kosovo-Metohija.  Il a toutefois regretté qu’étant donné l’environnement sensible dans lequel la MINUK travaille, celle-ci s’abstient souvent, selon lui, de critiquer les institutions provisoires d’auto-administration du Kosovo, estimant qu’une telle attitude n’incitait pas lesdites institutions provisoires à adopter une position plus constructive.

M. Dačić s’est ensuite félicité du succès obtenu aux élections anticipées par la « Liste serbe », estimant que celle-ci témoignait de l’unité politique des Serbes du Kosovo-Metohija, et y voyant la garantie de la poursuite d’une politique de défense de leurs intérêts.  Il s’est toutefois dit préoccupé de l’impasse actuelle dans laquelle se trouve le dialogue entre Belgrade et Pristina.  Il s’est dit particulièrement inquiet des propos tenus, à son retour de France, par Ramush Haradinaj, « candidat au poste de premier ministre du Kosovo », qui a parlé de « notre ennemi serbe » et affirmé vouloir leur « infliger pire traitement que par le passé ».  Le Ministre serbe a appelé les institutions judiciaires du Kosovo-Metohija et de la communauté internationale à ne pas rester inactives face à de tels discours haineux, ni à ceux formulés par des dirigeants politiques albanais qui appellent à la création d’une « Grande Albanie ».  De tels propos représentent une menace supplémentaire au processus de réconciliation et à la normalisation des relations, a-t-il avertit.

Le Ministre a affirmé que Belgrade continuait, malgré les obstacles, de participer de manière constructive au dialogue avec Pristina, avec pour objectif de résoudre les questions en suspens et contribuer à la création de conditions favorables aux progrès de la région de l’ouest des Balkans dans la perspective d’une adhésion à l’Union européenne.  Il a relevé des progrès dans les aspects techniques du dialogue, notamment les télécommunications, mais a reproché à « l’autre partie » d’être en retard dans la mise en œuvre de l’accord sur l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe.  Il a aussi dénoncé la poursuite des « actions unilatérales » imposées par Pristina, pointant notamment du doigt une directive interdisant l’utilisation des passeports serbes émis par le Directorat de coordination du Ministère de l’intérieur de la Serbie pour entrer et sortir du Kosovo-Metohija.  Pristina ne cherche pas à obtenir de véritables progrès dans la normalisation des relations, a accusé le Ministre, appelant à une plus grande pression internationale.

Poursuivant son intervention, M. Dačić a affirmé qu’il n’y aura pas de réconciliation tant que les crimes commis au Kosovo-Metohija ne feront pas l’objet de poursuites judiciaires.  Il a notamment dénoncé le fait qu’aucun jugement n’avait à ce jour été rendu par la justice kosovare à propos de la mort d’un millier de Serbes depuis la fin du conflit.  Il a notamment qualifié de choquant le récent acquittement de toutes les personnes accusées de crimes de guerre dans l’affaires Kleçka, ainsi que la décision de la Cour constitutionnelle du Kosovo d’acquitter Sami Lushtaku, un ancien membre de l’Armée de libération du Kosovo (ALK) qui avait été condamné à 12 ans de prison pour crime de guerre.  « Ces instances ne font que démontrer qu’il n’y aucune intention de cesser de relativiser les crimes commis par les membres de l’ALK terroriste dans la province sud de Serbie », s’est-il insurgé, dénonçant par ailleurs le fait que 18 ans après les faits, aucun des auteurs du massacre de Staro Gracko n’avait été appréhendé.

M. Dačić a averti que tant que des « dirigeants de clans paramilitaires et de cartels criminels » pourront se déplacer librement au Kosovo, la démocratisation de la société restera lettre morte, soulignant qu’un avenir européen commun ne pourra être bâti que sur la base d’une véritable renonciation de ce « legs criminel ».

Il a également accusé la communauté internationale de s’être montrée incapable de créer au Kosovo-Metohija une société reposant sur la primauté du droit, formulant toutefois l’espoir que les Chambres spécialisées étant maintenant opérationnelles, il sera dorénavant possible d’inculper les personnes accusées d’avoir commis des crimes de guerre à l’encontre des Serbes et des non-Albanais.  

M. Dačić a également longuement mis l’accent sur la faiblesse des retours des membres des communautés minoritaires, fait qu’il a attribué tant à la faible protection apportée par la police face aux pressions qu’à une « discrimination institutionnelle ».  Il a voulu que les prochains rapports du Secrétaire général consacrent davantage de place aux pressions exercées sur les membres des communautés minoritaires.  Il a notamment souligné que, 18 ans après le conflit, seul 1,8% des Serbes déplacés ont pu rentrer.  Il a aussi appelé à intensifier les activités et programmes de rétablissement de la confiance, avant d’exhorter la communauté internationale à redoubler d’efforts pour protéger le patrimoine culturel et religieux serbe.

Enchaînant, le Ministre a déclaré que la reprise du dialogue de haut niveau tiendra à la volonté de part et d’autre de faire des compromis, volonté qui, a accusé M. Dačić, a fait défaut jusqu’à présent à l’autre partie « qui préfère les mesures unilatérales ».  Le Ministre a préconisé une démarche courageuse, réaliste et tournée vers l’avenir, à l’image de l’initiative du Président serbe de lancer à travers le pays une vaste consultation sur l’avenir du Kosovo-Metohija.

Anticipant par ailleurs sur la déclaration de Mme Çitaku, du Kosovo, le Ministre a affirmé qu’elle allait parler de « génocide » et se présenter comme une victime.  Mais « les grandes victimes de l’épuration ethnique, ce sont les Serbes », a-t-il lancé.  Il a notamment rappelé qu’à Pristina vivaient avant la guerre 44 835 Serbes et qu’en 2011, selon le recensement des autorités du Kosovo, il en restait environ 200.  M. Dačić a cité de nombreux autres chiffres concernant la population d’autres villes, faisant à chaque fois état de 200 à 400 fois moins de Serbes aujourd’hui qu’avant la guerre.  S’en prenant directement à son interlocutrice, M. Dačić a par ailleurs déclaré que « Mme Çitaku n’est pas Kosovare, elle est Albanaise.  Les Kosovars en tant que peuple n’existent pas. »

« Regardons la réalité en face et fermons les portes de la MINUK », a affirmé Mme VLORA ÇITAKU, du Kosovo, arguant que les temps avaient changé depuis 1999.  Elle a indiqué qu’aucune raison ne justifiait désormais l’existence de la Mission et que les ressources qui lui étaient allouées –400 millions de dollars depuis 2009– pourraient être affectées à meilleur escient.

Elle a exhorté les États Membres à agir en ce sens, ajoutant que le débat de ce jour était sans intérêt au regard des défis pressants auxquels le monde fait face.  Elle a souligné la tenue pacifique des dernières élections au Kosovo, ainsi que le taux de participation élevé constaté au sein de la communauté serbe.

Mme Çitaku a affirmé que tous les partis au Kosovo partageaient l’objectif de l’intégration euro-atlantique et que le Kosovo s’attelait à entamer le partenariat pour la paix avec l’OTAN.  « Nous n’épargnerons aucun effort pour convaincre nos compatriotes serbes que l’armée du Kosovo sera également la leur. » 

Elle a ensuite dénoncé l’attitude « très agressive et peu constructive » de la Serbie, qui ne cesse d’entraver la normalisation des relations, citant notamment le soutien apporté par la Serbie aux « structures parallèles serbes » au Kosovo.  « La normalisation ne peut être unilatérale », a-t-elle affirmé.

Elle a souligné la dangerosité de solutions reposant sur une base ethnique, mis en garde contre le rejet du multiculturalisme et dénoncé le débat surgi il y a quelques jours en Serbie s’agissant d’un « accord historique » entre la Serbie et le Kosovo et appelant au « compromis ».

« Permettez-moi de le dire haut et fort.  Le Kosovo n’est pas un projet provisoire.  Le Kosovo est là pour toujours », a-t-elle dit, ajoutant, en conclusion, que la normalisation et la réconciliation ne pouvaient pas être atteintes par le biais de la « partition et de la subjugation ».

Mme IRINA SCHOULGIN-NYONI (Suède) a affirmé que des progrès clairs et indéniables avaient été réalisés au Kosovo depuis la fin du conflit, il y a maintenant près de deux décennies.  Cependant, construire des sociétés pacifiques et prospères nécessite une vigilance constante et un engagement inébranlable de tous les dirigeants politiques, ainsi que de la communauté internationale, a-t-elle dit.

La représentante a dit espérer l’achèvement de la session constitutive de l’Assemblée et la formation du gouvernement.  Un nouveau gouvernement doit commencer rapidement à mettre en œuvre les réformes nécessaires au Kosovo, a-t-elle ajouté, précisant que la Suède attendait avec intérêt de poursuivre sa coopération bilatérale pour le développement, ainsi que dans les domaines de la démocratie, des droits de l’homme, de l’état de droit et des développements durable et socioéconomique.

Elle a également jugé essentiel que la question du statut n’empêche pas le Kosovo de suivre son chemin européen et d’adhérer à des organisations internationales.  Dans le cadre du processus de normalisation, la participation des femmes est essentielle pour favoriser une paix et une stabilité durables et inclusives, a-t-elle poursuivi.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a rappelé que son pays adhérait aux principes du respect strict de l’intégrité territoriale et de la résolution 1244 (1999), comme fondements du règlement de la situation au Kosovo.  Il a reconnu l’importance de la réunion officieuse de haut niveau organisée le 3juillet par la Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires extérieures et de sécurité, et l’engagement pris par les deux dirigeants en faveur de la relance du dialogue entre Belgrade et Pristina.  Il y a vu un premier pas après la pause imposée par les processus électoraux en Serbie et au Kosovo.  Il a aussi invité les dirigeants kosovars à travailler ensemble et à progresser dans la désignation de leurs autorités.  

M. Bermúdez a condamné une nouvelle fois les discours ultranationalistes, haineux ou qui invitent à la déstabilisation.  Il a dit voir avec intérêt le dialogue interne lancé par le Président Vučić de Serbie sur le Kosovo et a estimé que le travail des dirigeants régionaux en faveur d’accords mutuellement bénéfiques pouvait servir les deux communautés.

L’Uruguay considère en effet comme essentiel d’avancer sur le chemin de la réconciliation dans le respect des minorités et en veillant à leur intégration.  À cet égard, le représentant a fait part de sa préoccupation face aux atteintes à la liberté de circulation des Serbes du Kosovo, notamment par le refus des autorités kosovares de reconnaître la validité des passeports émis par la Serbie et les difficultés qu’elles leur font quand ils demandent des passeports kosovars. 

Il s’est en revanche félicité de la mise en place à Pristina d’un centre de documentation sur les personnes disparues, initiative qui rassemble Serbes et Albanais. Il a souhaité davantage de coopération concernant les retours de personnes déplacées et la protection des édifices religieux ou culturels.

Le représentant a rappelé le travail effectué par les différentes composantes de la présence internationale sur place –la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX), La Force de paix au Kosovo (KFOR), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE)- et s’est félicité des initiatives et mesures prises par les groupes de femmes ou de jeunes.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) s’est félicitée du bon déroulement des élections législatives de juin dernier au Kosovo, preuve selon elle qu’il est désormais en mesure de créer de véritables institutions politiques et d’adhérer à l’Union européenne.  Les États-Unis, a-t-elle souligné, sont prêts à travailler avec le Kosovo sur un programme conjoint, notamment en vue de faciliter le dialogue entre Pristina et Belgrade et de renforcer la croissance économique en promouvant un Kosovo stable et multiethnique.  

« LA MINUK est un succès », a estimé Mme Sison, pour qui la Mission n’a cependant « plus de raison d’être », à la lumière des progrès accomplis ces dernières années. 

Par ailleurs, selon la délégation, le Conseil de sécurité devrait changer la périodicité de l’examen de cette question à son ordre du jour, en s’en saisissant tous les six mois seulement.  De son côté, le Secrétaire général devrait procéder dès à présent à une évaluation budgétaire en vue de réduire les effectifs et éviter tout doublon au sein de la Mission, a préconisé la représentante.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a constaté que les interventions de M. Ivica Dačić, Premier Vice-Premier ministre et Ministre des affaires étrangères de Serbie, et de Mme Vlora Çitaku, du Kosovo, étaient chargées d’émotion, ce qui tient, selon le représentant, à la complexité des problèmes, laquelle témoigne de l’importance de la MINUK. 

L’Éthiopie favorise le dialogue entre Belgrade et Pristina et soutient le processus mené sous l’égide de l’Union européenne, mais elle constate aussi que les progrès sont maigres, notamment en ce qui concerne des éléments clefs comme la mise en place de l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe. 

Le représentant a souhaité que les nouveaux dirigeants de Belgrade et Pristina fassent preuve d’esprit constructif, ce qui suppose qu’ils s’abstiennent de toute mesure ou déclaration susceptible de créer des tensions ou de briser la confiance.

L’Éthiopie estime, avec le Chef de la MINUK, que la coopération doit être aussi sociale et culturelle.  Le respect du patrimoine culturel mutuel est à cet égard un élément clef.  Un autre élément clef est la question démographique, a poursuivi le représentant, qui s’est par ailleurs félicité des efforts pour impliquer la jeunesse et les femmes dans le processus de réconciliation et pour lutter contre tout risque de radicalisation.

L’Éthiopie salue le rôle de la mission « État de droit » de l’Union européenne et celui de la Force de paix au Kosovo (KFOR).  La stabilité au Kosovo et dans toute la région sera tributaire de la volonté de dialogue et de négociations de part et d’autre, a conclu le représentant.  

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) s’est dit convaincu que la régularisation des relations entre Pristina et Belgrade serait de nature à stabiliser l’ensemble des Balkans.  Il a exhorté les deux capitales à mettre en œuvre les accords conclus dans le cadre du dialogue.  Le représentant a en outre salué la tenue sans incidents des élections législatives, exhortant les acteurs politiques à désigner un premier ministre et à créer une dynamique constructive entre l’exécutif et l’opposition. 

La délégation a également attiré l’attention sur l’importance de protéger les minorités.  Apportant son soutien à la MINUK et à la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX), le délégué a rappelé que la Force de paix au Kosovo (KFOR) est dirigée par un Italien.  L’heure est, pour son pays, venue de procéder à une évaluation de la présence des Nations Unies au Kosovo, a préconisé le représentant, qui a réitéré l’importance, en conclusion, de renoncer à toute rhétorique belliqueuse pour les parties en présence.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a salué la bonne tenue des élections législatives du 11 juin au Kosovo mais a regretté la faible représentation des femmes dans la nouvelle Assemblée.  Il a souhaité que les difficultés actuelles à former une nouvelle majorité gouvernementale soient rapidement dépassées.  Le Sénégal encourage les parties au dialogue entre Pristina et Belgrade à redoubler d’efforts et se félicite des efforts en ce sens de l’Union européenne, y compris de la réunion officieuse de haut niveau organisée le 3 juillet.

Pour le représentant, la question des personnes disparues doit être prioritaire.  Le Sénégal salue par ailleurs les efforts déployés, notamment dans le cadre de la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX), pour lutter contre l’extrémisme violent, le terrorisme ou la criminalité organisée.  Il se félicite également des efforts de la Mission en faveur de la justice de transition, des droits de l’homme, du processus de normalisation entre Belgrade et Pristina et en faveur des jeunes.

Il appelle au plein respect des engagements déjà pris, y compris dans le domaine de la protection du patrimoine culturel.  Le représentant a enfin salué les travaux de la MINUK, de l’Union européenne et de sa mission EULEX, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de la Force de paix au Kosovo (KFOR).

M. WU HAITAO (Chine) a salué les efforts consentis de part et d’autre pour trouver une solution aux problèmes du Kosovo, se félicitant des efforts déployés par Belgrade et Pristina pour relancer le dialogue sur de nouvelles bases.

La réconciliation et la coexistence pacifique de toutes les communautés est un élément déterminant du règlement des questions en suspens, a encore noté le représentant, qui a considéré par ailleurs que le Conseil devrait rester saisi de la situation au Kosovo.

M. VOLODYMYR MIALKOVSKYI (Ukraine) a souligné que la situation politique au Kosovo restait préoccupante en raison de l’incapacité des groupes politiques à parvenir à un accord sur la répartition des postes, lequel constitue une condition préalable nécessaire à une administration efficace.  Cette impasse crée des tensions inutiles et pourrait compromettre les efforts visant à préserver la paix et la stabilité dans la région, a-t-il dit.

L’Ukraine, a-t-il ajouté, demande aux dirigeants du Kosovo de faire preuve d’unité et de prouver leur volonté de relever les défis immédiats et à long terme, y compris le développement économique, la situation énergétique, le renforcement de l’état de droit, les relations avec la Serbie.  L’Ukraine espère également que les nouvelles autorités accorderont la priorité à la mise en œuvre des accords conclus dans le cadre du dialogue mené par l’Union européenne entre Belgrade et Pristina, y compris sur la création de l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe, l’intégration judiciaire, la protection des droits fondamentaux ou les libertés.

De même, le délégué ukrainien a dit partager pleinement les appels en vue de commencer une discussion ciblée sur la reconfiguration de la MINUK et de reconsidérer la régularité des séances d’information du Conseil sur le Kosovo.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a appelé de ses vœux le plein respect de la résolution 1244 (1999), y compris celui de l’intégrité territoriale de la Serbie.  Pour la Bolivie, les parties doivent respecter les engagements pris dans le cadre des négociations menées sous les auspices de l’Union européenne et œuvrer en faveur d’un règlement pacifique par le dialogue.

La Bolivie invite notamment les parties à mettre en place les dispositions de l’Accord de Bruxelles conclu il y a quatre ans pour mettre en place l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe.  Les parties doivent en outre s’abstenir de toute rhétorique belliqueuse susceptible d’échauffer les esprits.

La Bolivie salue le travail de la MINUK pour protéger les droits des communautés et promouvoir la réconciliation, permettre le retour des personnes déplacées et organiser la première assemblée des jeunes du Kosovo.  Elle souhaite la poursuite des bons offices de la Mission. 

Le représentant a pris note de la décision du Secrétaire général de créer un fonds d’affection spéciale en faveur de victimes d’intoxication au plomb pendant leur déplacement dans des camps dans le nord du Kosovo.

Enfin, la Bolivie estime que la mise en place de chambres judiciaires spécialisées au Kosovo est un pas vers la réconciliation.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a affirmé que les défis relatifs à la situation au Kosovo ne justifiaient pas que le Conseil s’en saisisse tous les trois mois.  « Le Conseil s’est exprimé à de nombreuses reprises sur la nécessité d’adapter les mandats aux situations sur le terrain et la MINUK est un bon exemple », a—t-il dit, rappelant que le risque de violence au Kosovo était bien moins élevé qu’au Moyen-Orient et en Afrique.

Il a plaidé pour un examen de la Mission afin de déterminer les fonctions que celle-ci peut, seule, assumer et considérer une réduction de son personnel.  Le représentant du Japon a ensuite pris bonne note des récentes remarques du Président serbe sur « un règlement définitif du conflit » et souligné l’importance de parvenir à un compromis. 

En conclusion, M. Kawamura a appelé toutes les parties à s’abstenir de toute rhétorique incendiaire et exhorté le nouveau Gouvernement kosovar à mettre en place l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a constaté que les dernières élections législatives en date avaient modifié en profondeur l’horizon politique au Kosovo.  Il s’est félicité de voir que les dirigeants serbes et kosovars se sont récemment accordés sur la marche à suivre dans le cadre du dialogue entre Pristina et Belgrade, affirmant qu’il faut se concentrer sur la réconciliation communautaire et le respect des droits de l’homme. 

Le représentant a ensuite plaidé pour engager les jeunes dans un tel processus, soulignant également le rôle que la société civile peut jouer dans la stabilisation du Kosovo, avec le soutien des partenaires internationaux. 

En conclusion, le Kazakhstan a encouragé toutes les parties à surmonter leurs différends politiques.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a estimé que la situation au Kosovo était calme et s’est félicité de la tenue d’élections « justes et libres » le 11 juin.  Il a souhaité que soit désormais formé un gouvernement qui relance la marche du pays vers l’intégration européenne, y compris par l’indispensable dialogue avec la Serbie, sous les auspices de l’Union européenne.

Le représentant a souhaité que le Kosovo puisse devenir rapidement membre de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL), afin de pouvoir mieux lutter contre la criminalité organisée.  Les frontières sur la carte sont consacrées, elles ne seront plus modifiées, a également affirmé le représentant, pour qui cette question ne devrait pas revenir tous les trois mois au Conseil de sécurité. 

Alors que 600 millions de dollars d’économie ont été faits cette année pour les opérations de maintien de la paix, le budget de la MINUK, au contraire, augmente, a dénoncé le représentant, qui s’est dit « déçu » de cette orientation.  Quel message envoyons-nous sur les activités du Conseil de sécurité lorsque nous finançons des panneaux solaires au Kosovo alors que nous devons faire des économies au Darfour ou au Soudan du Sud, a-t-il demandé. 

Il n’y a pas de problème important de sécurité au Kosovo, a rappelé le représentant, qui a cité en ce sens le rapport de la Force de paix au Kosovo (KFOR).  Pour le Royaume-Uni, l’heure est venue pour le Conseil de sécurité de se réunir moins fréquemment sur la question du Kosovo.

« Le Conseil doit se concentrer sur des situations qui menacent réellement la paix et la sécurité internationales, ce qui n’est pas le cas du Kosovo », ce dont chacun dans cette salle devrait se réjouir, a-t-il conclu.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a exprimé, une nouvelle fois, le souhait de son pays d’une révision du rythme d’examen de la situation au Kosovo par le Conseil.  « Alors que le Conseil fait face à une charge de travail en constante augmentation, plus rien ne justifie le maintien de briefings trimestriels sur la question du Kosovo, dont la situation n’est pas comparable à celle des crises pour lesquelles l’engagement intensif du Conseil est essentiel. »

Elle a plaidé pour la poursuite du recentrage des actions de la MINUK et leur coordination avec les autres acteurs présents au Kosovo, jugeant que « l’immobilisme actuel » n’était pas satisfaisant.

La tenue dans le calme des récentes élections au Kosovo est un nouveau succès dans la construction d’une culture démocratique apaisée dans ce pays, a poursuivi Mme Gueguen.  La déléguée a toutefois déploré le climat d’intimidation et de violences contre certains candidats et électeurs dans les municipalités serbes du Kosovo.

Elle s’est ensuite déclarée convaincue que l’avenir du Kosovo ne se jouait plus au sein de ce Conseil mais bien dans le cadre du dialogue politique entre Pristina et Belgrade mené sous l’égide de l’Union européenne. 

La représentante française a demandé la mise en œuvre dans les meilleurs délais des accords de 2013 et 2015, y compris s’agissant de la création de l’Association/communauté des municipalités à majorité serbe. 

« Enfin, la poursuite des efforts engagés pour la consolidation de l’état de droit au Kosovo doit demeurer une priorité », a conclu Mme Gueguen.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est rangé du côté du Premier Vice-Premier Ministre de la Serbie.  Il a n’a pas souscrit au « bilan positif » dressé par plusieurs membres du Conseil, faisant état pour sa part de « dysfonctionnements » politiques majeurs au Kosovo. 

Ainsi, les partis qui ont remporté les élections ne parviennent pas à former un gouvernement, donnant le sentiment que Pristina manque à ses engagements dans le cadre du dialogue qui est le sien avec Belgrade.  Le représentant a demandé que des garanties soient fournies pour le respect des droits des Serbes, accusant le Kosovo de « continuer » de s’en prendre aux Serbes, d’incendier leurs propriétés et d’empêcher le retour des réfugiés. 

Le délégué a affirmé que l’agence anticorruption du Kosovo, dont les bureaux sont installés dans des locaux appartenant à l’Église orthodoxe serbe, refuse de s’acquitter d’un arriéré de 400 000 euros de loyer.  L’Église a donc l’intention de se tourner vers la justice, sans savoir s’il sera donné suite à sa plainte, compte tenu de l’état « déplorable » de l’appareil judiciaire. 

En effet, a poursuivi M. Nebenzia, les juges albanais du Kosovo remplacent peu à peu les fonctionnaires internationaux et sont soumis à des pressions.  Et les autorités refuseraient de mettre en œuvre l’accord de 2011 sur la liberté de circulation. 

Le délégué russe s’est également élevé contre la « diffusion » du radicalisme au Kosovo, un territoire utilisé selon lui pour recruter des combattants terroristes qui partent ensuite à l’étranger.  Il a en outre rejeté les accusations selon lesquelles la Fédération de Russie chercherait à modifier les frontières des Balkans occidentaux.

Pourtant, en 1992, a-t-il rappelé, « les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN » ont déclenché une guerre dans la région sans se soucier de conséquences.  Mais il est aujourd’hui « à la mode » d’accuser la Russie de maux dont elle n’est pas responsable, parlant de « diffamation ».  « Arrêtez de dénigrer la Russie, qui a toujours respecté ses partenaires », a tranché le représentant. 

Enfin, M. Nebenzia a jugé « inadéquat » de parler de réduction de la présence de l’ONU au Kosovo, dans la mesure où cette organisation joue un rôle primordial sur place.  Il s’est donc vigoureusement opposé à la clôture de la MINUK, ajoutant qu’il n’est pas possible de supprimer une structure qui permet d’avoir une vision objective de la situation au Kosovo. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a estimé que ce qui se passe au Kosovo affecte de manière directe la paix et la sécurité dans toute la région.  C’est pourquoi l’Égypte se félicite de la bonne tenue des élections du 11 juin et appelle les parties à s’entendre pour former un gouvernement. 

Par ailleurs, l’Égypte est préoccupée par les difficultés que rencontre le dialogue entre Belgrade et Pristina, mené sous les auspices de l’Union européenne, qui est pourtant le cadre approprié pour œuvrer en faveur du rapprochement.  Le représentant s’est donc félicité de la tenue de la réunion officieuse de haut niveau du 3 juillet.  En revanche, l’Égypte appelle toutes les parties à s’abstenir de toute rhétorique agressive.

Enfin, le représentant a estimé que la communauté internationale devait continuer d’inciter Belgrade et Pristina à discuter et à trouver des solutions de compromis, tout en accélérant l’intégration régionale dans les institutions européennes, ce qui serait de nature à améliorer la situation dans l’ensemble des Balkans occidentaux.

Reprenant la parole, M. Dačić, Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a rejeté les propos tenus par Mme Vlora Çitaku, du Kosovo, l’accusant de faire acte de « propagande ».  Selon lui, elle aurait insulté le Conseil de sécurité et la Serbie.  Il s’est également dit en désaccord avec la position des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France, qui s’aligneraient sur celle du Kosovo selon laquelle la MINUK doit être retirée.  « Est-ce que quelqu’un va parler de ces 200 000 Serbes persécutés, dont 1% à peine a pu rentrer chez lui? » a-t-il demandé.

Reprenant à son tour la parole, Mme Çitaku, du Kosovo, s’est dite fière « de ne pas avoir de descendants de Milošević dans son paysage politique », ajoutant: « Nous sommes fiers du passé de nos dirigeants. »  Elle a estimé qu’il n’était pas le moment ni le lieu de discuter de qui est venu en premier dans les Balkans, avant de préciser: « Je suis d’origine ethnique albanaise, fière citoyenne du Kosovo et ces identités coexistent en parfaite harmonie en moi. »

Mme Çitaku a rappelé que le Kosovo avait des frontières délimitées au sein de la Yougoslavie bien avant que celle-ci disparaisse.  Par ailleurs, l’indépendance du Kosovo n’est pas le fruit d’une sécession mais celui de l’éclatement des composantes de la Yougoslavie, a-t-elle ajouté.  Elle a également rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait été saisie d’une demande d’avis consultatif sur la déclaration unilatérale d’indépendance et qu’elle avait jugé qu’elle était légitime.

« Le Kosovo n’est pas le paradis sur terre et il reste beaucoup à faire pour améliorer le niveau de vie de nos concitoyens, lutter contre la corruption ou la criminalité », a reconnu Mme Çitaku, mais c’est le cas de nombreux pays, y compris dans les Balkans occidentaux, a-t-elle ajouté.  

Mme Çitaku a ensuite cité le nombre des électeurs qui s’étaient prononcés dans les municipalités à majorité serbe lors du scrutin du 11 juin, soit 123 077 votes.  Sachant que seules les personnes majeures votent, combien de citoyens serbes cela représente-t-il, a-t-elle demandé, avant d’inviter M. Ivica Dačić, Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Serbie, « à venir au Kosovo » pour se rendre compte de la réalité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.