En cours au Siège de l'ONU

7976e séance – matin
CS/12877

Les Présidents en exercice et sortant de la Commission de consolidation de la paix présentent au Conseil de sécurité le bilan annuel des travaux de leur organe

L’accent est mis sur le rôle fédérateur et de passerelle de la CCP, ainsi que sur les conseils qu’elle peut apporter aux organes principaux de l’ONU

La Commission de consolidation de la paix (CCP), de par son rôle fédérateur et sa composition diversifiée, peut apporter des conseils précieux aux organes principaux des Nations Unies et renforcer une approche cohérente du système onusien en faveur de la consolidation et de la pérennisation de la paix, ont expliqué ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Président en exercice de la Commission, M. Cho Tae-Yul (République de Corée), et son prédécesseur, M. Macharia Kamau (Kenya).

M. Kamau a plus spécialement présenté le rapport* de la CCP sur les travaux de sa dixième session, en rappelant que l’année écoulée avait été importante pour la Commission puisqu’elle avait été marquée par l’examen de l’architecture de consolidation de la paix et l’adoption, le 27 avril 2016, de deux résolutions identiques et parallèles par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.

Ces textes, a rappelé M. Kamau, ont mis en avant non seulement le rôle de la CPP en tant qu’organe intergouvernemental de conseil, mais aussi son importance dans la promotion d’une approche intégrée, stratégique et cohérente de la consolidation de la paix.  Ils soulignent en outre son utilité en tant que passerelle entre les principaux organes des Nations Unies, les États Membres et un grand nombre de partenaires pour attirer l’attention sur l’importance de la pérennisation de la paix.

Les résolutions définissaient à cette occasion la pérennisation de la paix comme « un objectif et un processus tendant à la définition d’une vision commune d’une société, compte tenu des besoins de tous les groupes de la population, ce qui suppose des activités permettant de prévenir le déclenchement, l’intensification, la poursuite ou la récurrence des conflits, de s’attaquer à leurs causes profondes, d’aider les parties à mettre fin aux hostilités, de veiller à la réconciliation nationale et de s’engager sur la voie du relèvement, de la reconstruction et du développement ».

L’ancien Président de la CPP a mis l’accent sur la diversification des activités de la Commission en 2016.  Il a rappelé qu’elle avait tenu des réunions pour aborder divers dossiers régionaux, nationaux ou encore thématiques.  La CPP a ainsi servi de plateforme de discussion sur les enjeux et défis de la consolidation de la paix dans les États d’Afrique de l’Ouest affectés par l’épidémie d’Ebola.  À cette occasion, la CCP a bénéficié des informations fournies par le Département des opérations de maintien de la paix, le Département de l’appui aux missions et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

M. Kamau a également rappelé les efforts déployés par la CCP pour faire office de passerelle entre les différents organes du système de l’ONU.

À cet égard, c’est le Président en exercice de la Commission, M. Cho, qui a détaillé les activités les plus récentes de la CCP.  II a particulièrement mis l’accent sur le rôle qu’elle joue, en partenariat avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour obtenir au sein des Nations Unies un plus grand engagement en faveur de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée pour le Sahel.

Insistant sur la fonction de conseil de la CCP auprès des différents organes principaux de l’organisation, M. Cho a précisé que la Commission comptait proposer la tenue d’une réunion conjointe avec l’ECOSOC sur la région du Sahel le 28 juin, se disant prêt à informer le Conseil de ses résultats si ce dernier le demande.

M. Cho a par ailleurs rappelé que le Conseil de sécurité avait demandé à la Commission de le conseiller sur plusieurs questions concernant des pays comme le Libéria, la Guinée-Bissau ou la République centrafricaine.  Il a également mis en avant le rôle de la CCP lors de la crise politique en Gambie, ainsi que dans la perspective du prochain retrait de la mission d’assistance aux Îles Salomon.

Les deux présidents ont également rappelé l’importance de la Commission dans la mise en place de partenariats avec des institutions extérieures, et notamment les institutions financières internationales et les organisations régionales.  M. Kamau a rappelé son engagement personnel auprès de l’Union africaine et de son Conseil de paix et de sécurité, ce que M. Cho a reconnu en annonçant son intention de continuer sur cette voie.  Il a d’ailleurs prévu de se rendre cette année au siège de l’Union africaine.

M. Cho a également jugé essentiel pour la CCP d’examiner les moyens de renforcer les relations avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.  Précisant qu’il s’était déjà rendu, en début de mois, au siège de la première, à Washington, M. Cho a annoncé que Mme Kristalina Georgevia, nouvelle Directrice générale du Groupe de la Banque mondiale, assisterait, le 30 juin, à la session annuelle de la CCP consacrée au partenariat pour le financement de la paix, aux côtés du Secrétaire général António Guterres.

En ce qui concerne le financement de la consolidation de la paix, qui suppose des ressources à la fois prévisibles et à long terme, M. Kamau a rappelé que la CCP avait, l’an passé, continué de renforcer ses synergies avec le Fonds pour la consolidation de la paix.  Il a cité la réunion tenue en octobre dernier au Kazakhstan comme un des nombreux exemples de la manière dont la Commission pouvait fournir un forum de discussions aux bénéficiaires du Fonds pour discuter des effets de l’aide qu’il apporte.

Enfin, les deux présidents ont abordé la question des méthodes de travail de la Commission.  M. Kamau a rappelé que celle-ci avait étudié les moyens de diversifier ses méthodes, comme le demandaient le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  La Commission continuera, a assuré M. Cho, d’étudier les moyens de répondre plus rapidement et plus efficacement aux demandes d’assistance, y compris par la création de nouveaux points focaux thématiques, sur les questions relatives au genre, aux jeunes, au financement ou encore à l’appropriation nationale.

Après ces exposés, la représentante de l’Uruguay, Mme Cristina Carrión, s’est félicitée des efforts nationaux, régionaux et internationaux qui cherchent à répondre aux conflits dans les régions du Sahel et du bassin du lac Tchad.  Elle a cité en exemple la Force multinationale mixte, pour le bassin du lac Tchad, et l’initiative de création d’une force du G5 Sahel, pour illustrer les fruits des efforts régionaux, en soulignant que ceux-ci transcendent les frontières.

Mme Carrión a ensuite salué le travail de la CCP en matière de renforcement de la coopération entre toutes les parties concernées par une question donnée: entités et organes compétents des Nations Unies, organisations régionales et sous-régionales, ainsi que les institutions financières internationales.  La coordination entre tous les acteurs, a-t-elle ajouté, permet de suivre une approche globale et inclusive qui couvre les domaines du maintien de la paix.  Enfin, elle a félicité la CPP pour avoir élaboré une stratégie sur le genre.

À la fin de la réunion publique, les membres de la Commission de consolidation de la paix et ceux du Conseil de sécurité devaient se réunir pour un échange informel.  M. Kamau s’en est félicité par avance, y voyant une occasion de renforcer le rôle de conseil de la première auprès du second.  La représentante de l’Uruguay, qui a jugé prioritaire de renforcer les liens entre la CCP et le Conseil de sécurité, a elle aussi dit apprécier ce type de réunion.

* A/71/68–S/2017/76.

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