En cours au Siège de l'ONU

7962e séance – matin
CS/12862

Conseil de sécurité: le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques décrit la menace de Daech qui s’étend géographiquement et au-delà des zones de conflit

Dans un climat marqué par la multiplication des attaques terroristes partout dans le monde, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, a présenté, ce matin, au Conseil de sécurité, un nouveau rapport* du Secrétaire général sur la menace que représente l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL ou Daech) pour la paix et la sécurité internationales et sur l’action menée par l’ONU pour aider les États Membres à contrer cette menace.

Le Secrétaire général adjoint a constaté que le groupe terroriste Daech continue de résister à Mossoul, en Iraq, ainsi qu’à Raqqa, en Syrie, malgré une pression militaire constante exercée contre lui.  En plus, ce groupe commet de plus en plus d’attentats à l’extérieur des zones de conflit et la menace qu’il représente est aggravée par l’envoi de ses messages à un public international par le biais d’Internet et des médias sociaux.

En Europe, par exemple, Daech a utilisé sa présence en ligne pour encourager ses partisans à organiser des attaques dans leurs pays de résidence.  Certaines de ces attaques ont été perpétrées par ceux qu’on appelle les « combattants terroristes étrangers », lorsqu’ils sont de retour des zones de conflit.  Ces combattants représentent une menace considérable pour la sécurité internationale, a averti M. Feltman.

Pour faire face à ce problème majeur, la représentante de la Suède a conseillé d’adopter une approche au cas par cas, afin de bien évaluer les risques que posent ces combattants rentrés au pays.

En ce qui concerne le financement du groupe terroriste, le Secrétaire général adjoint a estimé que Daech se trouvait à un moment charnière.  Tout en notant que sa situation financière n’a cessé de se dégrader ces 16 derniers mois, le Secrétaire général adjoint a relevé que l’essentiel de ses revenus provient toujours des deux mêmes sources, à savoir les hydrocarbures et l’extorsion/levée d’« impôts ».  Daech tire aussi des recettes de la contrebande d’antiquités.

Il a également présenté l’évolution rapide de la menace que représente Daech en Afrique du Nord, de l’Ouest et de l’Est ou encore en Asie du Sud-Est.  Face à cette situation, l’ONU, ses États Membres et les organisations internationales, régionales et sous-régionales continuent de renforcer les outils existants et d’en mettre au point de nouveaux, a assuré M. Feltman.

Il a rappelé que le Secrétaire général avait recommandé l’établissement d’un nouveau bureau de lutte contre le terrorisme, afin d’aider les États Membres à appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Le Kazakhstan et l’Italie se sont d’ailleurs montrés favorables à cette proposition.

Sur la question de la reddition de comptes, le Royaume-Uni a exigé que justice soit rendue à toutes les victimes de Daech dans le monde en poursuivant les responsables devant les tribunaux.  Il a jugé nécessaire pour cela de recueillir des preuves avant qu’elles ne disparaissent ou soient détruites sur le champ de bataille.

Dans cet esprit, le représentant français a appelé à poursuivre les terroristes de Daech jusque dans leurs repères en Syrie et en Iraq, et à empêcher qu’ils n’étendent leur emprise sur d’autres zones, au Moyen-Orient, en Libye ou encore au Sahel.  Pour la France, cela commence par reprendre la ville de Raqqa, d’où de nombreuses attaques contre la France et l’Europe ont été planifiées.  À l’instar d’autres délégations, il a considéré que la lutte contre le financement du terrorisme devait rester une priorité absolue. 

Attaché à court-circuiter le financement de Daech, le représentant russe s’est alarmé de l’utilisation de l’essentiel de ses ressources pour l’achat d’armes.  Si, comme le dit le rapport du Secrétaire général, les revenus du groupe se réduisent de façon graduelle, cela indiquerait que les mécanismes du Conseil de sécurité fonctionnent pleinement, a-t-il noté en jugeant cependant cette évaluation « trop optimiste ». 

Se basant sur le rapport examiné, le délégué de l’Égypte a posé plusieurs questions au Secrétaire général, notamment pour savoir s’il avait des recommandations spécifiques pour suivre l’utilisation des technologies de l’information par les terroristes.  Il lui a aussi demandé de présenter des recommandations sur les moyens que pourraient prendre les États de transit des combattants terroristes étrangers pour les stopper légalement. 

Son homologue de l’Italie a mis en garde ses collègues en affirmant que « plus le soi-disant califat disparaîtra de la carte, plus il essayera de se rendre visible en perpétrant des attentats dans les pays d’origine ».  Il a également montré son attachement au respect des droits de l’homme dans la lutte contre l’EIIL et, comme son homologue bolivien, fermement condamné la traite des personnes et le trafic des migrants pour financer le terrorisme.

Le représentant de l’Éthiopie a annoncé que son pays organiserait le 22 juin prochain, avec l’Italie, une réunion du Conseil de sécurité en formule Arria, consacrée à la lutte contre le terrorisme dans l’est de l’Afrique et au renforcement de la coopération avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Il a rappelé que l’est de l’Afrique était confronté depuis très longtemps au terrorisme, bien avant que le Conseil de sécurité ne s’en préoccupe autant.

Pour sa part, son homologue sénégalais a fait part de son inquiétude face à la situation en Libye et à l’instabilité persistante dans la région du bassin du lac Tchad, ainsi que dans la Corne de l’Afrique.

La représentante des États-Unis a quand même relevé les grands progrès accomplis par la communauté internationale dans le processus d’éradication de l’État islamique, grâce notamment aux efforts des forces locales en Iraq, appuyées par la coalition internationale conduite par les États-Unis, ainsi qu’en Syrie.  Elle a aussi noté que Twitter avait supprimé depuis 2015 plus de 300 000 comptes liés à l’État islamique.

* S/2017/467

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

Cinquième rapport du Secrétaire général sur la menace que représente l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech) pour la paix et la sécurité internationales et sur l’action menée par l’Organisation des Nations Unies pour aider les États Membres à contrer cette menace (S/2017/467)

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a réitéré, au nom du Secrétaire général, sa solidarité avec les peuples et les Gouvernements d’Iraq, d’Afghanistan, du Royaume-Uni, des Philippines, de l’Égypte et de l’Iran qui ont récemment subi des attaques terroristes.

Il a appelé tous les États Membres à redoubler d’efforts pour renforcer la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent et traduire en justice les auteurs de ces actes odieux.

M. Feltman a présenté le cinquième rapport du Secrétaire général sur la menace que représente l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL ou Daech) pour la paix et la sécurité internationales et sur l’action menée par l’ONU pour aider les États Membres à contrer cette menace.

Ce rapport, a-t-il précisé, a été préparé par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) et par l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions créée en application des résolutions 1526 (2004) et 2253 (2015) du Conseil de sécurité concernant l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech), Al-Qaida, les Taliban et les personnes et entités qui leur sont associées du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015), et en étroite collaboration avec l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et d’autres acteurs concernés du système des Nations Unies et des organisations internationales.

Depuis janvier 2016, Daech, malgré une pression militaire constante, continue de résister à Mossoul et à Raqqa et se concentre plus que jamais sur des attaques à l’extérieur des zones de conflit, a expliqué le Secrétaire général adjoint.  La menace que représente l’EIIL a été aggravée par l’utilisation que le groupe fait d’Internet et des médias sociaux pour faire passer des messages à un large public international.   

Malgré la baisse enregistrée au cours des 16 derniers mois dans la production de messages, la propagande se poursuit dans la mesure où les messages sont repris et relayés par les partisans du groupe à l’extérieur de la Syrie et de l’Iraq, a relevé M. Feltman.  

En Europe, Daech a utilisé sa présence en ligne pour encourager ses partisans à organiser des attaques dans leurs pays de résidence.  Certaines de ces attaques ont été perpétrées par des combattants terroristes étrangers de retour des zones de conflit.  Ces combattants terroristes étrangers qui quittent le champ de bataille pour rentrer dans d’autres régions représentent une menace considérable pour la sécurité internationale, a averti le Secrétaire général adjoint.

S’il est vrai que, ces 16 derniers mois, la situation financière de Daech n’a cessé de se dégrader, Daech reste pour l’essentiel tributaire des deux mêmes sources de revenus, hydrocarbures et extorsion/levée d’« impôts », qui peuvent se monter à plusieurs dizaines de millions de dollars de recettes par mois. 

M. Feltman a précisé que Daech tirait aussi des recettes de la contrebande d’antiquités, de produits agricoles, de la vente d’électricité, de l’exploitation de ressources minérales telles que le phosphate et l’acide sulfurique, de dons extérieurs, d’enlèvements contre rançon et de la traite d’êtres humains.  Malgré un manque croissant de liquidités, Daech a continué de financer ses affiliés, tout en leur demandant de devenir plus autonomes en développant activement leurs propres sources de revenus.

S’agissant de l’évolution du danger que représente l’EIIL pour le monde, M. Feltman a noté que des groupes affiliés à l’EIIL affichent leur résilience en Afrique du Nord et font peser une menace sérieuse.  Par exemple, bien qu’il ait perdu une partie importante du territoire qu’il contrôlait en Libye et s’en trouve affaibli, la menace qu’il représente, tant pour ce pays que pour ses voisins, subsiste.

En Afrique de l’Ouest, a-t-il fait remarquer, l’expansion de l’EIIL est actuellement contestée par des groupes affiliés à Al-Qaida.  En Afrique de l’Est, de nouveaux groupes affiliés à l’EIIL, qui opèrent dans le Puntland et dans certaines parties du sud de la Somalie, ajoutent à la menace terroriste que pose le groupe des Chabab.  De même, a-t-il continué, l’EIIL accroît son influence dans le nord de l’Afghanistan, tandis que la menace qu’il pose en Asie du Sud-Est s’est amplifiée.

Pour faire face à l’évolution rapide de la menace que représente l’EIIL, et notamment au risque que constitue le retour des combattants terroristes étrangers, l’ONU, ses États Membres et les organisations internationales, régionales et sous-régionales continuent de renforcer les outils existants et d’en mettre au point de nouveaux, a assuré M. Feltman. 

Ainsi, depuis l’adoption de la résolution 2253 (2015) du Conseil de sécurité relative à l’inscription sur la Liste de tout individu ou entité associé à l’EIIL, 11 individus ont été inscrits.  M. Feltman a recommandé que les États redoublent d’efforts pour se conformer aux prescriptions des résolutions du Conseil relatives au gel des avoirs.

Depuis janvier 2016, l’EIIL et les entités qui lui sont associées, soumis à une pression militaire constante, ont connu des revers, a résumé le Secrétaire général adjoint. Il faut néanmoins que les États Membres demeurent vigilants sachant que la menace mouvante que représentent ces groupes terroristes, dont le caractère transnational ne cesse de s’accentuer, continue de compromettre gravement la paix et la sécurité internationales.

C’est pour cette raison, a-t-il précisé, que le Secrétaire général se félicite de l’accent que le Conseil de sécurité a mis sur ce thème, et qu’il enjoint ses membres de renforcer la coopération internationale pour faire face aux menaces et aux difficultés signalées.

Le Secrétaire général, a rappelé M. Feltman, a recommandé l’établissement d’un nouveau bureau de lutte contre le terrorisme dirigé par un secrétaire général adjoint.  

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a rappelé le caractère urgent de la lutte contre le terrorisme, tout en relevant que la communauté internationale avait réellement progressé pour éradiquer l’État islamique grâce notamment aux efforts des forces locales en Iraq, appuyées par la coalition internationale conduite par les États-Unis, ainsi qu’en Syrie.  L’État islamique a perdu beaucoup de terrain et de capacité à se financer, s’est réjouie la représentante. 

L’État islamique n’en reste pas moins une menace dans le monde entier.  Il faut lutter contre son financement, contre la menace des combattants terroristes étrangers et contre la propagande de Daech, a rappelé Mme Sison.  La représentante a présenté les mesures prises par son pays pour empêcher le financement de l’État islamique et a estimé que la liste des personnes et organisations inscrites sur le registre du Comité des sanctions devait être revue constamment.  Il faut adapter en permanence l’approche de la lutte contre le terrorisme aux évolutions de l’État islamique, a-t-elle recommandé.

Mme Sison a jugé essentiel le rôle d’INTERPOL dans la lutte contre le terrorisme, rappelant que l’organisation disposait d’informations sur quelque 15 000 personnes.  Les États-Unis sont toutefois préoccupés par le nombre de combattants terroristes étrangers qui reviennent dans leur pays d’origine ou se rendent dans un pays tiers.  Les États, selon elle, doivent donc coopérer davantage pour identifier ces personnes et leurs mouvements.

La représentante a également conseillé de renforcer la lutte contre la propagande de l’État islamique, se félicitant des efforts de la coalition emmenée par les États-Unis en la matière.  Elle a rappelé que Twitter avait supprimé depuis 2015 plus de 300 000 comptes liés à l’État islamique, en mentionnant aussi les efforts d’autres réseaux sociaux à cet égard.  Les Nations Unies, a-t-elle conclu, doivent aider les États à renforcer leurs capacités et ainsi à faire face à l’évolution de la menace.

Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède) a rappelé que son pays avait également été frappé récemment par une attaque terroriste qui fait l’objet d’une enquête actuellement et dont l’auteur est présumé sympathisant ou membre de Daech.  Elle a affirmé que pour faire face à la menace terroriste, les États devaient faire preuve de solidarité au sein même de leurs pays et entre eux.

Dans cet esprit, la Suède a accueilli la première réunion régionale des services de sécurité des pays nordiques en mars dernier.  Depuis, un projet de loi a vu le jour qui vise spécifiquement les combattants terroristes étrangers et leur retour.  De plus, la coopération interagences nationale a été renforcée.  La Suède a en outre opté pour une approche au cas par cas des combattants qui retournent dans le pays pour évaluer les risques qu’ils posent et le besoin de les suivre, voire les traduire en justice.  Dans le cadre de la prévention, des mécanismes ont été mis en place pour prévenir la radicalisation d’individus vulnérables et favoriser la réhabilitation.

La représentante a ensuite souligné l’importance de la lutte contre l’impunité en cas d’actes terroristes, conformément au droit international.  Elle a également abordé le problème du financement du terrorisme, en encourageant à mettre à jour les législations nationales relatives à cette question.

Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) a souligné que les récents attentats terroristes perpétrés dans le monde montraient que les efforts déployés restaient insuffisants pour protéger les civils innocents contre le terrorisme de Daech, qu’elle a une nouvelle fois condamné.  L’Uruguay salue le travail de prévention et

de lutte contre le terrorisme mené par les Nations Unies et par diverses organisations régionales ou États.  L’Uruguay plaide pour un renforcement de la coopération internationale et, au sein des États, entre les autorités et les différents pans de la société civile.

Les États, a poursuivi la représentante, doivent élaborer des stratégies nationales de lutte contre le terrorisme dans le plein respect de leurs engagements internationaux, y compris dans le domaine du droit international humanitaire ou des droits de l’homme.  L’Uruguay insiste également sur l’assistance aux fins de renforcement des capacités techniques de lutte contre le terrorisme et sur la prévention de la radicalisation qui passe par la promotion de la tolérance et de la coexistence pacifique.

Malgré des revers importants, Daech continue de renforcer son influence dans diverses régions du monde et d’utiliser l’essentiel de ses ressources pour l’achat d’armes, s’est alarmé M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie).  Si, comme le dit le rapport du Secrétaire général, les revenus du groupe se réduisent de façon graduelle, cela indiquerait que les mécanismes du Conseil de sécurité fonctionnent pleinement, a-t-il noté en jugeant cependant cette évaluation « trop optimiste ».  D’après lui, les États ne prennent pas assez au sérieux leurs obligations dans ce domaine.

Il faut endiguer le financement de l’EIIL, a martelé le représentant.  Les sources de financement, notamment les revenus du pétrole, n’ont pas véritablement changé, a-t-il constaté.  À ce sujet, il a salué le rôle des forces aériennes russes dans le contexte des opérations antiterroristes en Syrie.

Le représentant russe s’est dit opposé à une approche « arbitraire » de la situation en Iraq et en Syrie.  « Pourquoi ne pas mentionner la libération de Palmyre?  Pourquoi ne pas parler des décès de civils suite aux opérations menées par la coalition pour libérer Mossoul? »

M. Zagaynov a partagé la conclusion selon laquelle les derniers attentats en Europe sont dus à une propagande plus présente sur Internet.  Il a demandé un renforcement des systèmes de lutte contre l’idéologie terroriste.  Daech renforce également son influence en Afrique et en Asie du Sud-Est, ainsi que dans le nord de l’Afghanistan, a-t-il averti avant de recommander de mettre en place un front antiterroriste unique pour protéger les valeurs consacrées par la Charte des Nations Unies.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a rappelé la détermination dont fait preuve la population de son pays face aux récentes attaques terroristes.  Il a rendu hommage à celles et ceux qui ont fait preuve d’un grand courage dans ces circonstances.  Le Conseil de sécurité a le devoir de montrer un courage comparable, a ajouté le représentant, qui s’est ensuite félicité que Daech ait perdu les deux tiers des territoires qu’il contrôlait en Iraq, ainsi que la moitié en Syrie.  « Nous sommes en train de vaincre Daech sur le terrain », a affirmé M. Rycroft, qui a rendu hommage au courage des forces iraquiennes à Mossoul, avant d’ajouter que la chute de Raqqa n’était qu’une question de temps.

La coalition mondiale appuie en outre le Gouvernement iraquien pour rétablir l’État et parvenir à la réconciliation politique en Iraq, a poursuivi le représentant, qui a aussi estimé qu’il fallait en Syrie une transition politique permettant de mettre en place un gouvernement qui réponde aux attentes de tous.

Le représentant a appelé à travailler de concert pour priver les combattants de Daech de tout refuge dans le monde et pour lutter plus résolument contre leur propagande en ligne.  Soulignant les efforts menés par le Royaume-Uni auprès de l’industrie pour mieux lutter contre cette propagande, il a aussi noté ceux déployés par les grands réseaux sociaux. 

Enfin, « il faut exiger que justice soit rendue à toutes les victimes de Daech dans le monde », a déclaré M. Rycroft.  Le Royaume-Uni, qui est favorable à une poursuite en justice de Daech, juge nécessaire à cette fin de recueillir des preuves avant qu’elles ne disparaissent ou soient détruites sur le champ de bataille.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) s’est félicité des difficultés financières que rencontrent Daech et d’autres groupes terroristes, du fait que le nombre des combattants terroristes étrangers se rendant en Iraq et en Syrie a ralenti et que le nombre des combattants de l’État islamique a diminué de manière importante.  Et pourtant, a-t-il ajouté, depuis le dernier rapport publié en février, le monde a été témoin de nombreuses attaques terroristes dans le monde.

Le représentant a noté que la menace représentée par l’État islamique évolue au plan mondial et, alors que l’organisation subit des revers militaires, ses membres reviennent dans leur pays d’origine ou se déplacent ailleurs.  Ainsi, la menace en Asie du Sud-Est s’est intensifiée, qu’il s’agisse de combattants originaires de la région, qui viennent alors renforcer les capacités des réseaux terroristes locaux, ou de personnes venues d’autres régions, qui sont donc inconnues des services de sécurité locaux.  Le Japon est également inquiet des changements de tactique de Daech, y compris la diversification de ses ressources financières, le recours à la monnaie électronique cryptée, aux drones et aux medias sociaux cryptés.

Pour répondre à ces évolutions, il faut mettre en œuvre toutes les résolutions et renforcer les capacités de la lutte contre le terrorisme, a plaidé le représentant japonais, qui a jugé importantes les résolutions récemment adoptées et a encouragé à les mettre pleinement en œuvre.  Pour sa part, le Japon les a mises en œuvre.  Le Japon a aussi adopté de nouvelles mesures pour faire face aux changements de tactique.  Le représentant a cité en exemple l’adoption récente de lois destinées à empêcher les terroristes d’utiliser les monnaies virtuelles et à interdire le vol de drones au-dessus de sites sensibles.

Rappelant que la menace terroriste est mondiale, M. Kawamura a également souligné que son pays apportait une aide importante à des pays de la région, pour leur permettre d’appliquer les résolutions adoptées.  Il a en même temps rappelé que le plan de mise en œuvre du renforcement des capacités adopté par le Conseil en mai 2015 n’avait reçu de contributions que de huit États et deux organisations, à hauteur de seulement 41% de son budget.  Rappelant que le Japon a, à lui seul, contribué à hauteur de 12% du budget, le représentant a invité tous les États à envisager d’apporter leur propre contribution.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a évoqué la longue liste d’attentats perpétrés dans un laps de temps très bref, ce qui est « la preuve que le niveau de la menace va croissant, notamment du fait d’une propagande odieuse ».  Pour y faire face, il a d’abord appelé à saper l’interprétation erronée de la religion, en particulier sur les réseaux sociaux.  Ensuite, il a proposé de fournir une assistance technique aux pays les plus touchés pour les aider dans leur lutte contre le terrorisme, en soulignant l’importance du secteur privé dans la lutte contre le recrutement et le financement de Daech.

Le représentant a fermement condamné la traite des personnes et le trafic des migrants pour financer le terrorisme.  L’Italie, a-t-il assuré, s’est engagée à venir en aide aux milliers de migrants qui arrivent sur ses côtes.

Selon lui, « la défaite militaire de l’EIIL en Iraq et en Syrie n’est plus qu’une question de temps », mais la communauté internationale doit rester vigilante.  Il faut stabiliser les zones libérées, mener des réformes et entreprendre la réconciliation.  En Syrie, seule une véritable transition politique permettra de créer les conditions nécessaires à l’éradication de Daech, a-t-il ajouté.  Pour ce qui est de la Libye, il a appuyé la mise sur pied d’une force de sécurité unifiée.

« Plus le soi-disant califat disparaîtra de la carte, plus il essayera de se rendre visible en perpétrant des attentats dans les pays d’origine », a mis en garde M. Lambertini.  Il s’est félicité de voir le rapport du Secrétaire général se concentrer sur une réponse juridique à la grave menace posée par le retour des combattants terroristes étrangers dans les pays d’origine.  Il a également salué la mention, fondamentale selon lui, des droits de l’homme dans la lutte contre l’EIIL.  La coopération internationale étant essentielle pour lutter contre le terrorisme, l’ONU doit continuer de jouer le rôle de chef de file, via notamment la création du nouveau bureau antiterroriste, a-t-il conclu. 

« Plus que jamais, notre détermination à lutter contre le terrorisme et contre la barbarie de Daech doit être totale », a affirmé M. FRANÇOIS DELATTRE (France) à la lumière de la multiplication des attaques terroristes depuis deux semaines comme à Manchester, Bagdad, Kaboul, Londres et Téhéran.  Il a appelé à poursuivre les terroristes de Daech jusque dans leurs repères en Syrie et en Iraq, et à empêcher qu’ils n’étendent leur emprise sur d’autres zones, au Moyen-Orient, en Libye ou encore au Sahel.  Pour la France, cela commence par reprendre la ville de Raqqa, d’où de nombreuses attaques contre la France et l’Europe ont été planifiées.

Au-delà des efforts militaires, M. Delattre a souhaité insister sur trois domaines, dans lesquels il est possible, selon lui, de faire mieux.  Tout d’abord la lutte contre le financement du terrorisme qui doit rester une priorité absolue.  « Si Daech rencontre indéniablement des difficultés au plan financier, on ne doit pas sous-estimer la capacité du groupe à s’adapter et diversifier ses sources de revenus », a-t-il averti.  Par conséquent, il faut surveiller les mouvements de fonds, faire reculer l’anonymat, limiter l’usage de l’argent liquide dans l’économie et renforcer la coopération entre tous les services concernés. 

M. Delattre a également attiré l’attention sur l’évolution des flux de combattants étrangers terroristes et la nécessité de constamment adapter les législations et dispositifs nationaux.  Pour prévenir la radicalisation et anticiper les risques posés par le retour de combattants, il faut, selon lui, non seulement améliorer les outils de détection et renforcer le partage d’informations, mais aussi concevoir des réponses adaptées lorsque les combattants et leur entourage cherchent à rentrer dans leur pays.

Enfin, M. Delattre a jugé impératif de poursuivre et intensifier le combat sur le terrain des idées.  « Face à des terroristes qui exploitent la transformation numérique à leur profit, nous devons aussi adapter nos modes de réaction. »  Pour cela, il a envisagé une discussion franche avec les grands groupes Internet sur les moyens de contrer la propagande « meurtrière » de Daech, ainsi qu’une plus forte mobilisation de la société civile.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a pris note des revers sur le terrain de l’EIIL mais s’est dit préoccupé par le fait que les combattants terroristes étrangers continuent de perpétrer des attentats en dehors des zones physiquement contrôlées par Daech.  Le représentant a ensuite rappelé que l’est de l’Afrique était confronté depuis très longtemps au terrorisme, bien avant que le Conseil de sécurité ne s’en préoccupe autant.

Aujourd’hui, il existe des indications de la présence de membres ou d’affiliés à l’EIIL dans la région, notamment en Somalie, pays déjà marqué par la violence des Chabab.  En Libye, l’EIIL a été affaibli mais la menace persiste aussi dans ce pays et dans l’ensemble de la région.  Si l’on ajoute la présence d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) au Sahara et d’autres groupes qui lui sont affiliés, il est difficile de se montrer très optimiste, a poursuivi le représentant éthiopien.  Il faut donc redoubler d’efforts pour garantir une coopération régionale concrète pour contrer l’EIIL et ses associés dans la région, a déclaré M. Alemu, qui a notamment souhaité un renforcement des capacités du G5 Sahel dans la région du lac Tchad.

Le représentant a salué dans ce cadre les efforts de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme pour renforcer les capacités des États.  Il a appelé les Nations Unies et ses États Membres, les organisations internationales et les organisations régionales à coopérer davantage.  À cet égard, M. Alemu a annoncé que l’Éthiopie organiserait le 22 juin prochain, avec l’Italie, une réunion du Conseil de sécurité en formule Arria, consacrée à la lutte contre le terrorisme dans l’est de l’Afrique et au renforcement de la coopération avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a commencé son intervention sur une note positive en soulignant l’impact significatif des efforts internationaux dans la lutte contre Daech.  Il a relevé à cet égard la perte de terrain du groupe en Iraq et en Syrie et la libération de Mossoul, ou encore les difficultés qu’il rencontre pour générer des revenus, ainsi que la baisse du nombre de combattants terroristes étrangers qui cherchent à rejoindre les rangs de l’EIIL en Iraq et en Syrie.  Il a également salué les efforts déployés par de nombreux pays pour revoir leur législation antiterroriste.

Toutefois, la nouvelle tendance alarmante qui consiste à « inciter des combattants, plutôt qu’à les envoyer, à commettre des attaques terroristes dans leur propre pays au nom de l’EIIL », est difficile à prévenir, a reconnu le représentant.  Pour lui, il faut s’attaquer à ce type de menaces en éliminant les facteurs de radicalisation et en favorisant la cohésion sociale.  Il faut également contrecarrer le discours des recruteurs terroristes sur toutes les plateformes et promouvoir des contacts étroits avec les communautés locales en vue d’identifier les éléments radicalisés.

Pour ce qui est du financement du terrorisme, il a souligné que la contrebande d’hydrocarbures se poursuivait.  Il a aussi noté qu’on manquait de données sur l’efficacité des pays voisins des pays touchés en termes d’arrestation des contrebandiers et d’identification des acheteurs.  L’Ukraine souhaiterait que le prochain rapport du Secrétaire général se penche davantage sur ce point. 

Enfin, il a plaidé en faveur de poursuites pénales plus sévères pour les combattants terroristes étrangers et souhaité voir plus d’échanges de preuves relatives à leurs actes.  Il a estimé en effet crucial d’échanger le plus rapidement possible les informations biométriques concernant ces combattants et de faire meilleur usage des bases de données respectives d’Interpol, soulignant que les terroristes abusent souvent des systèmes d’asile.

M. WU HAITAO (Chine) a condamné les derniers attentats terroristes en date.  Le terrorisme, a-t-il rappelé, est « un ennemi qui fait fi des frontières », ce qui fait qu’aucun État n’est en mesure de faire face à cette menace de façon isolée.  Il a par conséquent préconisé une coopération internationale accrue.  

« Nous avons besoin d’un consensus international sur la lutte contre le terrorisme » et d’une approche harmonisée et déterminée de « tolérance zéro », a précisé le représentant.  Il a rappelé que les efforts en matière de lutte contre le terrorisme doivent respecter la souveraineté des États concernés et les principes consacrés par la Charte des Nations Unies, ajoutant que le terrorisme ne saurait être associé à une ethnie ou à une religion.

D’après M. Wu, il faut éliminer le terreau fertile du terrorisme qui se nourrit des conflits et des troubles dans les régions, au-delà des zones de conflit.  Il a appelé les parties belligérantes, notamment en Syrie, à se lancer de toute urgence dans un processus politique.  Ensuite, il faut empêcher les combattants terroristes étrangers de rentrer dans leur pays d’origine, en renforçant les contrôles aux frontières et le partage des renseignements; il faut endiguer le financement du terrorisme en mettant en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité; il faut empêcher l’utilisation d’Internet par les terroristes, l’ONU devant jouer un rôle de coordination à cet égard.

La Chine, a-t-il assuré, fait partie des forces qui luttent contre le terrorisme, notamment en contribuant au renforcement des capacités des pays en développement pour combattre l’extrémisme violent.  

M. IHAB AWAD (Égypte) a noté que le rapport du Secrétaire général faisait état d’un ralentissement du flot des combattants terroristes étrangers vers la Syrie et l’Iraq et demandé comment ces combattants pouvaient encore gagner ces deux pays ou en sortir.  Il a également demandé au Secrétaire général de présenter des recommandations au Conseil de sécurité concernant les moyens que pourraient prendre les États de transit des combattants terroristes étrangers pour les stopper légalement. 

Poursuivant ses questions, le représentant a demandé si, au-delà des recommandations générales sur la nécessité de suivre l’utilisation par les terroristes des technologies de l’information, il existait des recommandations spécifiques.  Constatant que les ventes d’hydrocarbures représentent toujours une des deux principales sources de financement de l’EIIL, il a demandé à qui cette organisation vendait son pétrole et comment ce dernier était transféré d’Iraq ou de Syrie vers les acheteurs.  Il a également demandé des précisions sur les transactions financières.

M. Awad a ensuite déclaré qu’il était de notoriété publique que, malgré les résolutions du Conseil de sécurité qui obligent les États Membres à empêcher le versement de rançons ou des concessions politiques à des terroristes, le Qatar avait payé jusqu’à un milliard de dollars à un groupe terroriste en Iraq pour la libération de membres de la famille royale enlevés alors qu’ils se trouvaient dans ce pays pour une partie de chasse.  Cette violation évidente d’une résolution a un impact évident sur le terrain, a constaté le représentant, qui a demandé au Secrétariat d’évaluer ces conséquences et interrogé le Conseil de sécurité sur ce qu’il pourrait faire.  Il a suggéré une enquête et demandé que le prochain rapport du Secrétaire général sur l’EIIL fasse mention de cet incident et d’autres incidents similaires.

Le représentant égyptien a enfin exigé qu’on soit précis dans l’utilisation de « certains termes et concepts », citant notamment celui d’« extrémisme islamique ».  Selon lui, « l’extrémisme islamique n’existe pas car l’islam ne connaît pas l’extrémisme ».

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a reconnu que le terrorisme est devenu l’une des principales menaces pour la paix et la sécurité internationales.  La pression militaire a permis de diminuer le nombre de combattants dans certains lieux et d’affaiblir les revenus de Daech, mais le groupe a récemment intensifié ses attaques dans le monde entier, a-t-il constaté.

Tout acte terroriste est criminel et ne peut être justifié, a insisté le représentant, en appelant de ses vœux une action internationale concertée rigoureuse pour briser les réseaux terroristes et traduire en justice les responsables.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par l’interaction entre divers groupes terroristes, par le retour chez eux ou dans d’autres États de combattants terroristes étrangers, et par la radicalisation de « loups solitaires » s’inspirant de la propagande sur Internet et les médias sociaux.  Pour contrer cette menace, M. Sadykov a appuyé l’idée d’une structure unique de lutte antiterroriste placée sous l’égide de l’ONU.

L’Asie centrale, a-t-il rappelé, a été la première région à mettre au point, dès 2006, un plan d’action conjoint sur la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Pour sa part, le Kazakhstan a consacré 300 000 dollars à l’appui des activités menées par le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme dans la région. 

Il a également jugé important de prendre des mesures au niveau mondial pour entraver le transport illicite d’hydrocarbures et la contrebande d’antiquités iraquiennes ou syriennes.  Enfin, il a proposé de travailler de concert avec les parlementaires, les chefs religieux, le secteur privé, les enseignants, la société civile et les médias, ainsi qu’au sein des familles et des prisons, pour contrer la propagande terroriste.  

M. GORGUI CISS (Sénégal) a constaté les importants progrès réalisés dans la lutte contre l’EIIL en Iraq, en Syrie et en Libye, jugeant déterminant le rôle du Secrétariat et de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme.  Toutefois, le défi posé par le terrorisme international reste entier, comme le montrent les différents attentats commis ces derniers jours à travers le monde.  Ces actes sont révélateurs de la capacité de nuisance dont disposent encore leurs auteurs, a ajouté le représentant, qui s’est montré particulièrement préoccupé des liens entre criminalité transnationale et terrorisme.

M. Ciss a également insisté sur la nécessité de renforcer la lutte contre les combattants terroristes étrangers, notamment quand ces deniers rentrent chez eux ou vont s’établir dans des États faibles.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par la situation en Libye et par l’instabilité persistante dans la région du bassin du lac Tchad, ainsi que dans la Corne de l’Afrique.

Le représentant a mis en avant l’importance du renseignement financier dans la lutte contre le terrorisme, afin de réduire les ressources financières dont disposent les groupes terroristes.  Il a prôné la coopération visant notamment à empêcher les groupes terroristes de se doter d’armes de destruction massive.  Il a également insisté sur l’importance des stratégies de réinsertion des anciens combattants terroristes.  Il a enfin rappelé l’engagement du Sénégal dans la cause commune de la lutte contre le terrorisme.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a énuméré les noms des villes récemment frappées par le terrorisme, faisant remarquer que c’est « une menace mondiale qui requiert une action mondiale ».  Il s’est dit préoccupé par la façon dont Daech évolue, notamment en termes de financement et du fait de l’utilisation d’Internet.  Même si le groupe a subi des revers, il a compensé ses pertes financières en prélevant davantage d’impôts et en utilisant la contrebande d’antiquités et d’hydrocarbures. 

Le représentant a invité les membres du Conseil de sécurité à unir leurs forces pour lutter contre le fléau de la traite des êtres humains et contre les violences sexuelles dans les conflits armés.  Il a également plaidé pour que les États fournissent la protection et l’assistance humanitaire nécessaires aux réfugiés et migrants.

S’il a appuyé les initiatives relatives à l’éradication du financement du terrorisme, notamment la lutte contre les paradis fiscaux et la lutte contre la propagande en ligne, il a dit qu’il ne fallait pas oublier les causes structurelles de Daech, telles que les changements de régime et les politiques interventionnistes. 

 

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