En cours au Siège de l'ONU

7947e séance – après-midi 
CS/12834

Le Conseil de sécurité examine avec les commandants de quatre opérations de maintien de la paix de l’ONU les moyens de surmonter les défis sur le terrain

Les commandants des forces de quatre opérations de maintien de la paix de l’ONU ont exposé, cet après-midi, au Conseil de sécurité les difficultés croissantes auxquelles les Casques bleus sont confrontés sur le terrain. 

Cette réunion annuelle consacrée aux opérations de maintien de la paix s’est tenue quelques jours avant la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies, célébrée le 29 mai.  Elle a été suivie d’un débat interactif.

Cette interaction est d’autant plus importante que « nous intensifions nos efforts pour rendre nos opérations plus efficaces et plus économiques, en suivant les directives données par le Secrétaire général », a déclaré à l’ouverture le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix. 

Le général de corps d’armée Derick Mbuyiselo Mgwebi, commandant de la force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a rappelé que la Mission, la plus importante en termes de personnels en uniforme, opérait aussi sur un territoire vaste comme l’Europe occidentale.

Il a souligné que les besoins de stabilisation se faisaient de plus en plus sentir sur l’ensemble du territoire de la RDC, aussi bien dans la capitale Kinshasa, en raison des violences liées aux futures élections générales, censées avoir lieu fin 2017, mais également dans le sud et le centre du pays.

Le général Balla Keïta, commandant de la force de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a souligné que la « robustesse » d’un mandat devrait se traduire au niveau de tous les acteurs, du Conseil de sécurité aux troupes sur le terrain. 

« La MINUSCA a été un exemple quoiqu’imparfait de robustesse mais elle aurait pu faire mieux sans certaines lourdeurs persistantes », a-t-il insisté.

Une mission doit pouvoir se montrer « stratégique, opérationnelle et tactique » et c’est la raison pour laquelle la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) est en train de changer, a expliqué à son tour le général Jai Shanker Menon, commandant de la FNUOD.

La FNUOD doit changer parce que la situation politique, sécuritaire et opérationnelle a changé.  Mais comme toutes les autres missions, elle ne peut opérer sans moyens, étant entendu que le renforcement des capacités va au-delà des simples équipements, a-t-il relevé.

Quant à la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), c’est maintenant une mission en transition qui a transféré ses responsabilités en matière de sécurité au Gouvernement du Libéria en juin 2016 et achevé la réduction des effectifs en février 2017, a précisé le général de division Salihu Zaway Uba, commandant de la force de la MINUL.

Des élections générales se tiendront le 10 octobre 2017 et le pays est dans une phase de grands changements socioéconomiques et politiques.  La liquidation de la Mission, prévue pour juin 2018 selon la résolution 2333 (2016), se déroule conformément au Manuel prévu à cet effet, a assuré le commandant.

Le représentant de la France a estimé que le Conseil de sécurité devait bien comprendre la complexité des environnements et les menaces sécuritaires auxquelles ces missions sont confrontées.  Soucieux de fournir les moyens adéquats aux opérations, il a insisté sur l’importance des conférences régionales sur le maintien de la paix, comme la Conférence de Paris d’octobre 2016 consacrée au maintien de la paix en environnement francophone.

Le représentant de l’Italie, premier pays fournisseur de contingents parmi les pays d’Europe occidentale, a plaidé pour une démarche aussi intégrée que possible dans la gestion de ces missions, en tenant mieux compte de la situation sur le terrain. 

Mener une opération de maintien de la paix de l’ONU présente de sérieuses difficultés, a reconnu la représentante des États-Unis.  « Parfois vous faites face à des dirigeants qui ne sont qu’à moitié engagés et vos mandats sont de plus en plus complexes », a-t-elle lancé aux intervenants.  « Nous comptons sur votre direction pour assurer la reddition de comptes au sein des troupes », a-t-elle ajouté, en demandant des rapports normalisés sur les résultats.

« Ce sont les soldats de la paix qui permettent au Conseil de sécurité d’agir et servent l’ONU dans les conditions les plus difficiles au monde », a déclaré son homologue du Royaume-Uni.  Les Casques bleus sont l’un des plus grands accomplissements de l’Organisation en 72 ans d’existence, mais il faut que le maintien de la paix évolue au fil du temps.

Les représentants de la Chine et de la Fédération de Russie ont rappelé la pertinence des principes de base du maintien de la paix, comme le consentement des États.  « On ne peut pas admettre que les Casques bleus soient attirés dans les conflits en utilisant trop la réponse robuste, ni que soit utilisé le concept de la protection des civils comme prétexte pour qu’ils emploient la force contre l’État hôte », a argué ce dernier.

On attend des missions qu’elles aient une grande capacité de réaction, a relevé, à la fin du débat, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.  Le Secrétaire général de l’ONU a entrepris de réformer les opérations de maintien de la paix pour qu’elles soient mieux à même d’honorer leurs mandats, a-t-il rappelé.  M. Lacroix a notamment estimé qu’il fallait revoir les mémorandums d’accord et les statuts des forces pour que les commandants aient la souplesse nécessaire pour utiliser les ressources là où ils en ont le plus besoin. 

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a souligné l’importance de ce type de réunions « au moment où nous intensifions nos efforts pour rendre nos opérations plus efficaces et plus économiques, en suivant les directives données par le Secrétaire général ».

M. Lacroix a rendu hommage aux soldats tombés au champ d’honneur, le plus récemment au Mali.  Il faut assurer aux Casques bleus « les meilleures conditions possibles pour qu’ils puissent s’acquitter de leur mandat, y compris protéger les populations », a-t-il dit.

Le commandant de la force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) parlera des difficultés à mener des opérations militaires, a annoncé le Secrétaire général adjoint avant de céder la parole aux quatre intervenants.  

Le Chef de la Mission et commandant de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) parlera des difficultés rencontrées par une mission qui relève du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies.

Les commandants de la force de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINISCA) et de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) vont aborder, respectivement, les difficultés qu’il y a à assurer un maintien de la paix robuste et celles liées à la réduction des effectifs et au retrait d’une mission, a-t-il ajouté.  

Le général de corps d’armée DERICK MBUYISELO MGWEBI, commandant de la force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a rappelé que, forte de ses 16 215 soldats de la paix et 1,2 milliard de ressources budgétaires, la MONUSCO était l’opération de maintien de la paix en activité la plus importante en taille. 

Un facteur souvent sous-estimé concernant la Mission, a poursuivi le général Mgwebi, est la surface très étendue de la RDC, selon lui comparable à celle de l’Europe occidentale.  La taille du pays, a-t-il dit, complique fortement le déploiement des troupes sur le théâtre des opérations, à plus forte raison qu’il n’existe pas de routes fiables pour se déplacer d’un bout à l’autre de la RDC. 

La Mission est donc entièrement dépendante des capacités stratégiques de transport aérien, a expliqué le général Mgwebi, ajoutant que cette réalité était source de tensions en raison des capacités de transport aérien limitées.

Si, jusqu’à présent, les troupes de la MONUSCO avaient eu tendance à rester concentrées dans l’est du pays, où les divisions ethniques sont traditionnellement les plus importantes, en particulier le long de la frontière avec les pays voisins, le général Mgwebi a souligné que les besoins de stabilisation se faisaient de plus en plus sentir sur l’ensemble du territoire de la RDC, aussi bien dans la capitale Kinshasa, en raison des violences liées aux futures élections générales, censées avoir lieu fin 2017, mais également dans le sud et le centre du pays.  

Cette évolution, a-t-il estimé, est d’autant plus difficile à gérer qu’il existe des dissonances structurelles entre les intentions du Conseil de sécurité et les actions du Secrétariat, des pays contributeurs de troupes et des missions de maintien de la paix sur le terrain.

Le général JAI SHANKER MENON, commandant de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), a déclaré que le succès d’une opération de maintien de la paix réside d’abord dans une vision claire de l’objectif ultime.  Il ne s’agit pas nécessairement de la stratégie de sortie mais bien d’une idée claire de ce qui constitue un succès.  Une mission doit pouvoir se montrer « stratégique, opérationnelle et tactique » et c’est la raison pour laquelle la FNUOD est en train de changer. 

La Force doit changer parce que la situation politique, sécuritaire et opérationnelle a changé.  Mais comme toutes les autres missions, la FNUOD ne peut opérer sans moyens, étant entendu que le renforcement des capacités va au-delà des simples équipements.  Le général a en effet dit parler « de bons équipements, au bon endroit, au bon moment, avec des gens qualifiés et capables de les manier ». 

Le succès, s’est résumé le général, exige une ONU souple, agile, capable de changer au même rythme que l’environnement dans lequel est déployée une mission.  L’Organisation doit vouloir et pouvoir apprendre vite et répondre tout aussi vite aux situations changeantes, en augmentant les budgets, s’il le faut. 

Les pays contributeurs de troupes, dont l’appui est « essentiel », doivent tout faire pour faire correspondre les équipements aux besoins plutôt que d’apporter un appui pour servir leurs propres intérêts.  Ne recherchons pas la solution parfaite mais seulement la meilleure solution possible, a conseillé le général, en citant Dag Hammarskjöld: « Les Nations Unies ne sont pas nées pour conduire l’humanité au paradis mais pour la sauver de l’enfer ».

Le général BALLA KEÏTA, commandant de la force de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a souligné que la « robustesse » d’un mandat devrait se traduire au niveau de tous les acteurs, du Conseil de sécurité aux troupes sur le terrain.  Le général a en effet jugé que le concept de mandat robuste a souffert d’une « déficience conceptuelle » étant donné que l’intention de mener une action robuste et agressive voire offensive ne semblait s’exprimer qu’à travers une optique strictement opérationnelle et tactique. 

Or, cette volonté de fermeté aurait dû se décliner avec une force égale dans les dimensions politiques, légales et administratives de l’action des missions. 

Les États Membres pourraient par exemple adopter un état d’esprit résolument déterminé à protéger les populations meurtries et accepter les risques politiques et opérationnels inhérents à l’application des mandats robustes.  Le Conseil de sécurité et les organisations régionales devraient adopter des régimes de sanctions plus adaptés et plus agressifs.  

La structure des missions devrait contribuer à plus de résilience et plus souplesse pour une prise de décision rapide, grâce à un allègement de la bureaucratie.  « Il est tout simplement impossible de mener des opérations efficaces avec les règles administratives actuelles », a prévenu le général.  Les Forces elles-mêmes devraient avoir le nombre, les équipements, la préparation opérationnelle et l’état d’esprit requis. 

« La MINUSCA a été un exemple quoiqu’imparfait de robustesse mais elle aurait pu faire mieux sans certaines lourdeurs persistances », a insisté le général. 

Le général de division SALIHU ZAWAY UBA, commandant de la force de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), a rappelé que la Mission, créée en 2003 avec 15 250 Casques bleus et policiers, avait commencé à être réduite dès 2006, après la tenue des premières élections démocratiques postconflit. 

C’est maintenant une mission en transition qui a transféré ses responsabilités en matière de sécurité au Gouvernement du Libéria en juin 2016 et achevé la réduction des effectifs en février 2017.  Il ne reste qu’une force résiduelle composée de 434 membres, ainsi que 260 membres de la police de l’ONU et 783 membres du personnel civil.  

Des élections générales se tiendront le 10 octobre 2017 et le pays est dans une phase de grands changements socioéconomiques et politiques.

Les phases du retrait de la Mission ont fait l’objet de préparatifs transparents, en collaboration avec le Gouvernement libérien, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine et les autres partenaires internationaux, sans oublier les consultations avec la société civile. 

Sur le plan logistique, les tâches étaient immenses.  Il a fallu par exemple emprunter des experts à une mission sœur pour répertorier les munitions expirées.  La Mission a aussi renforcé les capacités du personnel national, surtout pour l’armée et la police.  La liquidation de la Mission, prévue pour juin 2018 selon la résolution 2333 (2016), se déroule conformément au Manuel prévu à cet effet.  En même temps, tout est fait pour informer les Libériens et la communauté internationale sur le calendrier. 

Le général de division a conclu en faisant des recommandations sur les meilleures conditions du retrait d’une mission, comme des préparatifs clairs et souples, un soutien politique du leadership et du pays hôte, ou encore une évaluation précoce des besoins en personnel pendant la phase de liquidation.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a jugé utile l’interaction entre le Conseil de sécurité et les commandants de la force des opérations de maintien de la paix, car, a-t-il souligné, chaque opération est sui generis.  Après avoir rappelé la présence de Casques bleus sénégalais dans plusieurs opérations, il a noté les défis rencontrés par les commandants présents dans l’accomplissement de leurs missions. 

Saluant le professionnalisme du général de la MINUSCA dans l’exécution de sa mission, il a voulu savoir ce qui l’avait poussé à décider d’utiliser des hélicoptères d’attaque pour la première fois.  Au commandant de la force de la MINUL il a demandé de préciser les dispositions prises pour l’intégration opérationnelle du contingent sénégalais emprunté à une autre mission.  Quelle est votre expérience en matière de planification en perspective du retrait de la mission? lui a-t-il aussi demandé en soulignant la nécessité de ne pas compromettre les objectifs de paix et de sécurité.

M. INIGO LAMBERTINI Italie) a rappelé que l’Italie était le premier pays fournisseur de contingents parmi les pays d’Europe occidentale.  Il a plaidé pour une démarche aussi intégrée que possible dans la gestion de ces missions, en tenant mieux compte de la situation sur le terrain.  Il a partagé l’avis du commandant de la force de la MONUSCO sur le fait que celle-ci devrait être plus mobile pour assurer la protection des civils dans plusieurs provinces, tout en aidant à l’organisation des élections. 

Il a par ailleurs déploré les attaques sur la MINUSCA et salué le rôle important des organisations régionales et sous-régionales.  Il a estimé à cet égard que l’Union européenne pouvait jouer un rôle majeur pour compléter les efforts des acteurs principaux.  Le cadre signé entre l’Union européenne et l’Union africaine est très utile, par exemple, pour permettre aux autorités de mieux s’approprier le processus de stabilisation.  

Concernant la FNUOD, il a noté les risques qui se présentent et a souligné la nécessité de s’inspirer du mécanisme tripartite de la FINUL pour éviter toute escalade.  Enfin, il a reconnu le succès de la MINUL et l’a invitée à mettre la stratégie au cœur des évaluations.

« Ce sont les soldats de la paix qui permettent au Conseil de sécurité d’agir et servent l’ONU dans les conditions les plus difficiles au monde », a déclaré M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni).  Les Casques bleus sont l’un des plus grands accomplissements de l’Organisation en 72 ans d’existence, son « joyau », mais il faut que le maintien de la paix évolue au fil du temps, a-t-il reconnu.  « Il ne s’agit pas de réduire le nombre d’allégations d’abus sexuel à zéro; il faut améliorer d’autres aspects des opérations de maintien de la paix. »

Le représentant a posé des questions en ce qui concerne l’utilisation de la technologie, au sujet des femmes dans le maintien de la paix, et sur le fait de rendre les opérations de maintien de la paix plus efficaces.  Au chef de la MONUSCO, il a demandé comment faire en sorte que tous ceux qui se trouvent sous son commandement aient la même interprétation des principes, notamment en matière d’intervention.

M. CARL SKAU (Suède) a salué les efforts du Secrétaire général pour instituer « une approche plus holistique » dans la recherche d’une paix durable.  L’application réussie des mandats, dans le cadre du concept de « la primauté de la politique », est clef pour garantir des opérations de maintien de la paix efficaces.  Des objectifs clairs et mesurables assortis de repères pour le suivi doivent guider la planification intégrée et le leadership des missions, a-t-il estimé.

Les exposés d’aujourd’hui ont souligné la nécessité d’une approche à l’échelle du système des Nations Unies et spécifique aux contextes, a relevé le représentant.  Il a plaidé en faveur de mandats plus réalistes et flexibles, dans le cadre desquels les tâches sont ordonnées selon les priorités et ajustées au fil du temps, et les capacités renforcées pour interagir avec les communautés locales.

Tous les soldats de maintien de la paix doivent être adéquatement préparés, formés et équipés pour répondre aux défis auxquels ils seront confrontés sur le terrain, a poursuivi le délégué.  La promotion et la protection des droits de l’homme doivent également faire partie de toutes les opérations.

D’après lui, l’ONU doit pouvoir améliorer la façon dont elle gère la réduction des effectifs et la transition.  En particulier, a-t-il demandé, l’ONU est-elle équipée et dotée des ressources nécessaires pour accompagner et appuyer le plan de consolidation de la paix au Libéria après mars 2018?  Pour des opérations de maintien de la paix robustes, a-t-il ajouté, il faut renforcer la coopération triangulaire et le Système de préparation des moyens de maintien de la paix de l’ONU.

Mener une opération de maintien de la paix de l’ONU présente de sérieuses difficultés, a reconnu Mme MICHELE SISON (États-Unis).  « Parfois vous faites face à des dirigeants qui ne sont qu’à moitié engagés et vos mandats sont de plus en plus complexes. »

« Nous comptons sur votre direction pour assurer la reddition de comptes au sein des troupes, notamment dans les cas d’abus sexuels », a-t-elle ajouté.  D’après elle, des rapports normalisés sur les résultats devraient être « monnaie courante ».

Au commandant de la MINUSCA, elle a demandé s’il était prêt à prendre des risques et à agir de façon résolue contre les groupes armés.  Il s’agit d’une mission robuste qui a su réagir, a-t-elle souligné, mais la menace a beaucoup évolué.  « Avez-vous l’impression que vous disposez de suffisamment de souplesse? »

Pour la MONUSCO, il faut voir comment améliorer les résultats en rendant la brigade d’intervention plus souple.  « Que pouvons-nous faire pour que vous puissiez réagir rapidement quand la situation l’exige? »

La représentante a souhaité savoir comment des technologies spécifiques pourraient aider la FNUOD dans son mandat.  Enfin, elle a demandé comment la MINUL préparait la force qui reste pour assurer la sécurité durant les élections, et s’il y avait des enseignements qui pourraient être utiles à d’autres missions sur le départ.

M. WU HAITAO (Chine) a estimé que les principes de base du maintien de la paix sont très pertinents, même quand la situation change.  Il a invité le Conseil de sécurité à s’aligner sur les points de vue des pays concernés pour adapter les mandats en conséquence.  Dans certaines régions, il n’y a pas de paix à maintenir, a-t-il observé en souhaitant des solutions politiques à ces situations difficiles. 

Il a plaidé pour que les mandats de maintien de la paix soient « réalisables et réalistes » et pour une appropriation par le pays hôte.  Il a aussi souhaité renforcer la coopération entre les différents acteurs, en tenant compte des besoins du pays hôte. 

Notant que les principaux fournisseurs de contingents sont des pays africains et que la majorité des missions sont sur leur continent, il a suggéré de demander l’avis des pays africains dans le domaine du maintien de la paix.  La Chine contribue largement aux opérations de maintien de la paix en termes financiers et de personnel, a-t-il fait remarquer.

M. SEIF ALLA YOUSSEF KANDEEL (Égypte) a souhaité une réforme du maintien de la paix et demandé de fournir aux missions les capacités de faire face aux nouveaux défis en présence.  Aucune mission de maintien de la paix ne devrait avoir une charge irréaliste par rapport à ses capacités, ou un mandat qui ne tienne pas compte des réalités et de la sécurité sur le terrain. 

Il faut aussi une stratégie de sortie claire avec un calendrier précis.  Le représentant a aussi recommandé un partenariat stratégique avec les pays hôtes.  En outre, il faut se concentrer sur le renforcement des capacités nationales en vue d’une bonne protection des civils.  Le représentant a également souhaité que l’on suive une approche multidimensionnelle intégrée dans le maintien de la paix des Nations Unies.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a souligné l’importance pour le Conseil de sécurité de bien comprendre la complexité des environnements et les menaces sécuritaires auxquelles ces missions sont confrontées, grâce à la réunion d’aujourd’hui et aux dialogues réguliers organisés avec les pays contributeurs de troupes.  Il a jugé important de bien planifier les phases d’avant, pendant et après le déploiement, ainsi que celle du désengagement des opérations de maintien de la paix, en faisant participer tous les acteurs au Secrétariat de l’ONU, les pays contributeurs et le pays hôte. 

Soucieux de fournir les moyens adéquats aux opérations, il a insisté sur l’importance des conférences régionales sur le maintien de la paix, comme la Conférence de Paris d’octobre 2016 consacrée au maintien de la paix en environnement francophone.  L’unicité de la chaîne de commandement est également critique, a-t-il ajouté, en faisant référence aux capacités d’évacuation médicale 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, et à la protection contre les engins explosifs improvisés. 

Enfin, il a souligné le devoir moral de doter les missions de mandats robustes avec le soutien politique nécessaire et les capacités adéquates.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a misé sur les technologies sophistiquées pour aider les Nations Unies à mener ses opérations de paix, faute de quoi on peut rater des occasions de restaurer la paix.  Il a vu cela comme une priorité pour la FNUOD, se félicitant de l’intention du Secrétariat d’explorer les possibilités pour déployer des technologies de détection et d’avertissement dans cette mission. 

En ce qui concerne la MINUSCA, il a estimé que cette mission était « plus que vitale » dans le soutien qu’elle apporte aux dirigeants du pays sur la voie de la paix et de la stabilité.  Il s’est inquiété à cet égard des informations reçues sur l’entrée d’armes et de combattants en République centrafricaine provenant de pays voisins. 

Enfin, le représentant a rappelé que son pays avait contribué aux troupes de la MINUL et de la MONUSCO, espérant une bonne transition pour le retrait de la première mission et une priorité pour la protection des civils dans la deuxième.

Selon M. YASUHISA KAWAMURA (Japon), il est essentiel de renforcer les capacités des pays fournisseurs de contingents.

Préoccupé par la situation dans les Kasaï en République démocratique du Congo (RDC), il a demandé comment les capacités de la MONUSCO ont été améliorées pour faire face à l’augmentation de la violence et comment se déroulent ses relations avec les autorités.  De même, face à la violence dans le sud-est de la République centrafricaine (RCA), il a soutenu la position robuste de la MINUSCA.

En ce qui concerne la MINUL, le représentant a estimé que les élections et le transfert de pouvoir représenteront « le couronnement » des efforts de la Mission, qui doit collaborer étroitement avec l’équipe de pays avant son départ.

M. DAWIT YIRGA WOLDEGERIMA (Éthiopie) a, en tant que l’un des principaux pays fournisseurs de contingents, partagé les préoccupations exprimées par ses collègues et par les commandants des forces.  Il a proposé une interprétation pragmatique et flexible des principes du maintien de la paix, en apportant des nuances au maintien de la paix dans son format classique. 

Il faut aussi doter les missions de mandats robustes pour qu’elles puissent se défendre et mieux protéger les civils.  Le représentant a donc plaidé pour que les soldats de la paix puissent vraiment décourager ceux qui menacent la paix, afin qu’ils puissent agir dans des environnements asymétriques.  Cela nécessite aussi une bonne formation avant le déploiement, a-t-il ajouté.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a rappelé toutes les missions auxquelles participent des soldats de son pays depuis 1995, en soulignant la bonne formation qu’ils reçoivent avant leur déploiement.  Il a déploré les menaces provenant de l’extrémisme violent et de l’influence des groupes terroristes qui ont causé des pertes tragiques dans les effectifs des missions. 

Il a salué les efforts menés par le Conseil de sécurité pour atteindre les objectifs inhérents à chaque mandat, soulignant l’importance de l’unité des acteurs pour renforcer sur le terrain les aspects financier, tactique, opérationnel et stratégique des mandats, dans le strict respect des principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’indépendance des États. 

Il a jugé nécessaire d’améliorer les moyens matériels à la disposition des missions pour qu’elles puissent contrôler les régions où fomentent les crises, aux fins de remplir leur mandat.  Cela nécessite aussi des échanges d’informations entre les missions et les autorités locales.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a reconnu que le caractère et la nature des problèmes auxquels sont confrontées les opérations de maintien de la paix  évoluent sans cesse.  Ainsi les Casques bleus font-ils face à des attaques terroristes dirigées contre les civils et contre eux, ou à la criminalité organisée.  

En outre, les opérations de maintien de la paix opèrent de plus en plus souvent dans des situations où au moins une des parties belligérantes n’est pas un État.  Des groupes terroristes et armés illégaux règnent maintenant sur les hauteurs du Golan.  Le représentant s’est aussi inquiété des affrontements intercommunautaires en République démocratique du Congo (RDC).

Il est plus important que jamais de respecter les principes de base des opérations de maintien de la paix, dont le consentement des États, a-t-il insisté.  « On ne peut pas admettre que les Casques bleus soient attirés dans les conflits en utilisant trop la réponse robuste ni que soit utilisé le concept de la protection des civils comme prétexte pour qu’ils emploient la force contre l’État hôte », a-t-il ajouté.

« Il convient d’être extrêmement prudent dans ce genre de contexte », a jugé le représentant.  Ainsi, en République démocratique du Congo (RDC), au lieu de politiser à outrance la question électorale et des violations des droits de l’homme, il faudrait selon lui aider les congolais à lutter contre les groupes armés illégaux. 

« N’oublions pas que c’est aux gouvernements que revient la responsabilité première d’assurer le maintien de la paix », a-t-il poursuivi.  L’aide internationale doit appuyer les efforts locaux et régionaux et ne pas les remplacer.

Il est très important de planifier comme il se doit les missions, de les remodeler en temps voulu et d’élaborer des stratégies de sortie, a fait valoir le représentant.  « Les Casques bleus doivent être déployés ou peuvent être efficaces tout en restant neutres. » 

Enfin, les efforts de médiation doivent être la priorité, sinon les crises risquent de refaire surface, a-t-il averti.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a cité le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, dit « rapport HIPPO », selon lequel les opérations de maintien de la paix ne sont pas équipées pour lutter contre le terrorisme.  Pourtant, a-t-il observé, la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) a pu combattre avec succès les Chabab.  

Pour plus d’efficacité, il a conseillé de répartir les tâches et de travailler en lien avec les organisations régionales.  Il a aussi misé sur la flexibilité, souhaitant que les missions puissent mieux s’adapter aux situations changeantes.  La Mission au Libéria est considérée comme une réussite, a-t-il souligné en mettant cela sur le compte d’une forte volonté politique des parties prenantes et d’une bonne collaboration des parties prenantes avec la mission.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a regretté que la plupart des opérations de maintien de la paix en cours rencontrent des difficultés opérationnelles pour remplir pleinement leur mandat, comme c’est le cas au Soudan du Sud ou au Mali.

D’après lui, les mandats élaborés par le Conseil de sécurité ne sont pas suffisamment clairs et/ou réalisables et les ressources humaines et matérielles ne correspondent pas aux tâches assignées ou à la réalité sur le terrain.  De plus, les États ou les parties qui contrôlent les territoires où les opérations de maintien de la paix sont déployées restreignent leurs mouvements ou dressent des obstacles bureaucratiques.  L’absence d’un processus politique les prive également d’une marge de manœuvre, a constaté le représentant. 

Quatre acteurs principaux partagent une responsabilité pour résoudre ces difficultés, a estimé M. Rosselli: le Conseil de sécurité, les États ou les parties qui contrôlent les territoires où les opérations de maintien de la paix sont déployées, les pays contributeurs de troupes et de forces de police, et le Secrétariat.  Ainsi les stratégies politiques qui sous-tendent ces opérations doivent-elles pouvoir compter sur l’appui d’un Conseil uni.

Il a salué les efforts réalisés ces derniers mois pour améliorer les mandats, notamment en République démocratique du Congo (RDC) et en République centrafricaine (RCA).  Selon lui, le Conseil de sécurité doit exiger et obtenir des pays hôtes qu’ils respectent pleinement les accords sur le statut des forces.  Quant aux pays contributeurs de troupes, ils doivent former correctement leurs contingents.

Reprenant la parole, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a relevé que l’on attend des missions qu’elles aient une grande capacité de réaction.  Le Secrétaire général a entrepris de réformer les opérations de maintien de la paix pour qu’elles soient mieux à même d’honorer leurs mandats, a-t-il souligné à cet égard.  Il a estimé qu’il fallait revoir les mémorandums d’accord et les statuts des forces pour que les commandants aient la souplesse nécessaire pour utiliser les ressources là où ils en ont le plus besoin. 

En terme d’état d’esprit, il a appelé à faire preuve d’une volonté suffisante pour mettre en œuvre complètement les mandats et pour les interpréter de la même façon.

En soulignant les problèmes de capacités, il a recommandé d’améliorer les formations avant le déploiement et les moyens techniques.  Il a insisté sur la coopération bilatérale, avant de commenter les attentes en ce qui concerne des mandats « robustes ».  Cela ne suffit pas toujours car il faut aussi des efforts politiques et un soutien robuste de la part du Conseil de sécurité, a-t-il expliqué. 

Il a enfin reconnu la nécessité de mener de bonnes évaluations et souligné combien il est important d’impliquer toutes les parties prenantes aux processus de transition.  Il a aussi réaffirmé l’engagement total du Département des opérations de maintien de la paix à lutter contre les abus sexuels.

Le commandant de la force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a répondu à la question du Royaume-Uni sur les principes de maintien de la paix.  Le recours à la force pour défendre le mandat d’une opération est un concept difficile, a-t-il relevé, notamment lorsqu’on parle d’« opération ciblée » dans le mandat de la MONUSCO. 

La coexistence avec les groupes armés est un vrai problème, a-t-il expliqué, tout en voyant une solution avec la force d’intervention.  Sur la question du « renseignement », il a trouvé que les technologies telles que les drones aident à communiquer.

En ce qui concerne le déplacement des troupes, il a jugé utile de ne pas avoir à demander d’autorisation aux Nations Unies.  Répondant au Japon, il a dit que s’il n’y avait pas de force auparavant dans le Kasaï, deux compagnies pakistanaises ont récemment pu s’y rendre. 

Enfin, réagissant à l’Uruguay, il a souhaité une plus grande souplesse dans les mandats pour pouvoir mieux s’adapter aux contraintes.

La FNUOD est en train de renforcer sa capacité technologique, a assuré le commandant de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD).  La FNUOD a déjà acheminé toute une série d’appareils, dont des caméras de surveillance équipées pour fonctionner la nuit, a-t-il expliqué.  Les radars permettront aussi de combler certaines lacunes, en tenant compte des sensibilités des populations locales. 

La FNUOD coopère étroitement avec la Syrie et avec Israël.  Le modus operandi a changé.  Pour ce qui est des mesures de protection, la Force, qui fut une force d’infanterie légère, utilise maintenant des véhicules blindés et tout mouvement est réalisé en coopération avec les deux parties.  Les bunkers sont en bon état.  La FNUOD est à la hauteur du défi à relever dans la région, a conclu le commandant.

Le commandant de la force de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a justifié l’utilisation des hélicoptères à Bambari en invoquant le besoin de maintenir la crédibilité de la Mission et la nécessité d’éviter la division de la République centrafricaine.  Cette initiative a permis de bloquer l’avancée de la coalition sur Bambari, a-t-il témoigné.

Dans 90% des opérations de maintien de la paix il n’y a pas de paix à maintenir, mais il faut protéger les civils, ce qui exige d’être prêts à se battre.  Or, les contingents sont confrontés à des démarches bureaucratiques lorsqu’ils sont sur le terrain, a-t-il regretté.

Il a par ailleurs apprécié les propos de la représentante des États-Unis, avouant qu’il craignait que ce pays plaide pour une réduction des effectifs et des ressources alloués aux opérations.  Il a rappelé qu’après le départ de l’Union africaine et des Ougandais du sud-est de la République centrafricaine, où sont présents des éléments de l’Armée de libération du Seigneur (LRA), un vide s’était créé, ce qui a obligé la Mission à passer à l’action pour protéger les civils.

Le commandant de la force de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) a indiqué que la force de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), opération qui est achevée, était prête à être redéployée à la MINUSMA.  Il faut que cette force soit suffisamment adaptable, a-t-il relevé.  Il a rappelé à cet égard que la force était venue au Libéria en 2015 pour mener un exercice qui s’était très bien déroulé.  Une fois qu’elle sera déployée à la MINUSMA, elle pourra mener des exercices avec la force de réaction rapide pour apprendre à se connaitre.

Pour ce qui est de l’assistance électorale fournie par la MINUL, il a expliqué qu’elle ne portait que sur la logistique, pour combler des lacunes.  Il a estimé que la préparation à la consolidation de la paix aurait pu se faire bien avant, souhaitant que cette phase soit préparée dès les premières étapes du maintien de la paix.  Il a prôné des contacts étroits entre la Mission et les autorités nationales.  Il a aussi parlé du programme de transition qui doit impliquer le gouvernement du pays hôte et les partenaires.

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