Le Conseil de sécurité entend l’appel du Président centrafricain pour la poursuite d’un appui international robuste à son pays
Fort de sa légitimité démocratique, le Président de la République centrafricaine, M. Faustin Archange Touadéra, et le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, ont plaidé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, pour un soutien politique important et le maintien d’une présence « robuste » de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) afin de consolider les acquis tangibles enregistrés au cours de l’année écoulée dans le pays.
« Si la situation continue d’évoluer positivement, la MINUSCA n’a pas vocation à s’éterniser en République centrafricaine », a indiqué M. Ladsous. Louant le « courage » et la « lucidité » de M. Touadéra, « Président de tous les Centrafricains », les membres du Conseil ont répondu favorablement à cet appel, le délégué de la France indiquant qu’il proposerait dans les prochains jours une déclaration présidentielle réaffirmant le soutien du Conseil à la République centrafricaine.
« Nous avons parcouru un long chemin: la période de transition, les élections et la mise en place des autorités nationales légitimes », a affirmé le Président centrafricain. « Notre priorité, a-t-il ajouté, reste la sécurité et la pacification de l’ensemble du territoire national. »
Il s’est à ce propos félicité de la décision du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) et de la faction antibalaka dirigée par Maxime Mokom de rejoindre le processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement (DDRR).
S’il a salué cette avancée, M. Ladsous a rappelé qu’un désarmement fructueux exigeait l’adhésion de tous les groupes armés et la mise en place d’un accord élargi répondant aux doléances des groupes armés et de la population.
Une des pierres d’achoppement pourrait être la question de l’amnistie, dont le Président a rappelé qu’elle ne relevait pas de l’exécutif. « Pourquoi faire pression sur les autorités pour qu’elles accordent l’impunité à ceux qui refusent de rallier en temps voulu le processus DDRR et de renoncer aux pillages des ressources du pays », s’est interrogé M. Touadéra.
Alors que le délégué de la Fédération de Russie a invité à la prudence, son homologue des États-Unis, tout en rejetant une amnistie généralisée, a souligné que les groupes armés ne déposeraient pas les armes s’ils n’étaient pas assurés d’un rôle futur.
Des efforts « éminemment politiques » sont nécessaires, a affirmé le Secrétaire général adjoint. M. Ladsous a par ailleurs averti que les soldats de de la MINUSCA, qui viennent de jouer un rôle crucial dans le retour de la sécurité à Bambari, ne seront pas capables d’assurer la sécurité par la force sur un territoire grand comme la France.
S’agissant du soutien demandé, le Président centrafricain a souligné la nécessité « d’un nombre élevé de forces de défense et de sécurité formées, dotées de moyens adéquats et mobilisées sur le terrain aux côtés des forces des Nations Unies qui agissent pour l’instant seules ».
M. Touadéra s’est en effet dit préoccupé par la lenteur de la formation assurée par la mission militaire de formation PSDC de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM RCA) aux forces de sécurité nationales.
À l’instar du Président de la formation République centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Omar Hilale, du Maroc, le Secrétaire général adjoint a demandé que les promesses de dons de 2,2 milliards de dollars formulées lors de la Conférence de Bruxelles de novembre soient honorées.
La situation humanitaire demeure en effet critique, plus de la moitié de la population centrafricaine, soit 2,2 millions de personnes, ayant besoin d’une assistance alimentaire.
Le délégué de la France a précisé que son pays engagerait 85 millions d’euros sur trois ans, tandis que son homologue du Royaume-Uni a indiqué que l’appui britannique s’élevait à 54 millions de dollars.
Enfin, toujours au titre de l’appui international « fort et convaincu » demandé par le délégué de l’Italie, les délégations ont soutenu l’Initiative africaine pour un accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et tous les groupes armés.
« Le succès de cette initiative dépendra de la bonne coopération avec l’ONU et le Gouvernement », a affirmé le représentant de l’Italie, appuyé par son homologue du Sénégal, tandis que le délégué de la Suède a demandé que les femmes y soient pleinement associées.
LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Déclarations
« Nous avons parcouru un long chemin: la période de transition, les élections et la mise en place des autorités nationales légitimes », a résumé M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADÉRA, Président de la République centrafricaine. « Notre priorité, a-t-il ajouté, reste la sécurité et la pacification de l’ensemble du territoire national. »
À cet égard, il a cité la mise en place du « Comité désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR)/réforme du secteur de sécurité/réconciliation nationale ». Il a aussi salué la décision du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) et des antibalaka, aile Mokom, de rejoindre finalement le processus, en procédant à la désignation de leurs représentants au sein du Comité consultatif et de suivi du DDRR.
À sa prochaine réunion, le 23 mars, le Comité accueillera d’ailleurs tous les 14 groupes armés, s’est félicité le Président. Il a néanmoins déploré que, malgré les efforts de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), certains groupes armés refusent de déposer les armes, poursuivant leurs offensives.
Dans ce contexte, le Président s’est dit préoccupé par la lenteur de la formation assurée par la mission militaire de formation PSDC de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM RCA) aux forces de sécurité nationales. Il a demandé au Conseil de sécurité d’aider son pays à trouver un moyen plus rapide « car le défi de la sécurité est très grand ».
Il a aussi soulevé la question de la dotation des forces armées en équipements et autres moyens logistiques. Le besoin de sécurité, a-t-il insisté, exige un nombre élevé de forces de défense et de sécurité formées, dotées de moyens adéquats et mobilisées sur le terrain aux côtés des forces des Nations Unies qui agissent pour l’instant seules.
Le Président, qui s’est dit ouvert à un dialogue constructif, a apporté son appui à l’initiative africaine de paix et de réconciliation, dans le strict respect des recommandations du Forum de Bangui sur l’impunité et la justice. « On nous demande, s’est-il plaint, d’appliquer l’amnistie aux auteurs de crimes graves et autres atteintes aux droits, en oubliant que l’amnistie est une mesure législative qui ne relève pas de l’exécutif. »
Pourquoi, s’est interrogé le Président, l’on continue de faire pression sur les autorités pour qu’elles accordent un traitement de faveur, c’est-à-dire l’impunité, à ceux qui refusent de reconnaître la légitimité établie avec le soutien de la communauté internationale, de rallier en temps voulu le processus DDRR et de renoncer aux pillages des ressources du pays.
La nomination du Procureur pénal spécial et l’opérationnalisation de la cour pénale spéciale, avec l’appui des partenaires, « nous permettra, a estimé le Président, de répondre aux attentes de la population qui a trop souffert de cette crise et qui réclame légitimement justice ». Le Président s’est aussi attardé sur la situation humanitaire « critique » et a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle redouble d’efforts et apporte l’appui nécessaire au retour des populations déplacées chez elles.
Se félicitant des visites à Bangui du Vice-Président de la Banque mondiale et de la Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), le Président a souligné que son pays se trouve « à un carrefour de la recherche d’une paix durable, de la reconstruction et du développement ».
« Au cours des 12 derniers mois, beaucoup de progrès ont été réalisés dans le pays grâce au travail sans relâche du Président Faustin Archange Touadéra, de son gouvernement et du peuple centrafricain », a affirmé M. HERVÉ LADSOUS, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix. Parmi ces progrès, M. Ladsous a cité l’amélioration de la sécurité dans la capitale, l’adoption de réformes cruciales et l’accélération des efforts pour faire progresser la réforme du secteur de sécurité, établir l’état de droit et lutter contre l’impunité.
Les défis auxquels le pays est confronté demeurent néanmoins formidables, a-t-il dit, y voyant là la raison pour la communauté internationale de rester « fermement » engagée.
Le Secrétaire général adjoint a rappelé le rôle décisif de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) dans la restauration de l’autorité de l’État dans la ville stratégiquement importante de Bambari.
En utilisant par deux fois ses moyens aériens pour empêcher les avancées du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), qui menaçait la population civile, la Mission a facilité le départ de Bambari du chef de l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC), Ali Darassa, et d’autres commandants de groupes armés, a-t-il noté. Le 26 février, la Mission a également arrêté trois chefs de la coalition emmenée par le FPRC, qui ont depuis été inculpés pour plusieurs chefs d’accusation.
M. Ladsous a expliqué que la Mission assumait le plein contrôle de la sécurité à Bambari pour empêcher une prise de la ville par les groupes armés. La présence de la Mission vise également à stabiliser la situation et à restaurer progressivement l’autorité de l’État, a-t-il argué, ajoutant qu’un premier contingent de 31 gendarmes était arrivé à Bambari le 9 mars.
Un autre dividende des efforts sécuritaires à Bambari a été d’élargir le processus politique, a poursuivi le Secrétaire général adjoint. Il a rappelé que le FPRC et la faction antibalaka dirigée par Maxime Mokom avaient rejoint le Comité consultatif et de suivi sur le désarmement, la démobilisation, la réintégration et le rapatriement dirigé par le Président centrafricain.
M. Ladsous a précisé que cette avancée, pas plus que la force militaire, ne permettrait pas de régler le défi des groupes armés dans le pays. « Un désarmement fructueux requiert que tous les groupes armés acceptent de rejoindre de bonne foi le processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement et qu’un accord plus large répondant aux doléances des groupes armés et de la population soit mis en place. »
M. Ladsous a averti qu’en l’absence d’un tel cadre élargi, ledit processus ne serait pas couronné de succès, même s’il était doté de ressources suffisantes. « Un environnement sûr est une condition préalable au succès de ce processus et les soldats de la paix de la MINUSCA ne seront pas capables d’assurer la sécurité par la force sur un territoire grand comme la France. » À cette aune, le Secrétaire général adjoint a souligné la nécessité du retour de la sécurité et « d’efforts éminemment politiques » pour répondre aux demandes des groupes armés et aux revendications de la population.
Il s’est dit encouragé par la détermination du Président Touadéra de s’engager dans un dialogue approfondi avec les groupes armés, tout en assurant que les voix des Centrafricains et des victimes du conflit soient entendues. La sous-région a un rôle critique à jouer en appui de ces efforts de dialogue, a-t-il estimé, avant d’apporter son soutien à l’Initiative africaine pour un accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et tous les groupes armés.
Le Secrétaire général adjoint a salué l’engagement des membres de cette initiative d’appuyer les efforts du Président, dans le respect des attentes de la population. M. Ladsous a également salué la détermination du Président d’appuyer la création d’une cour pénale spéciale et de remédier au défi de l’impunité.
« La communauté internationale a montré sa solidarité avec la République centrafricaine en promettant lors de la Conférence de Bruxelles de novembre plus de 2,2 milliards de dollars », a continué le Secrétaire général adjoint. Ces promesses doivent désormais être honorées, d’autant que la situation humanitaire demeure critique, plus de la moitié de la population, soit 2,2 millions de personnes, ayant besoin d’une assistance alimentaire.
Soulignant le rare soutien dont bénéficie le pays, M. Ladsous a indiqué qu’il comptait sur les autorités centrafricaines pour mettre en œuvre le Cadre d’engagement mutuel et le Plan de relèvement et consolidation de la paix. « Les gains réalisés au cours des trois dernières années, mais en particulier durant les 12 derniers mois, ont montré que les opérations de maintien de la paix de l’ONU pouvaient faire une réelle différence », a-t-il dit.
M. Ladsous a souligné la nécessité d’un soutien politique important et du maintien d’une MINUSCA robuste, dotée de ressources nécessaires, « pour consolider les acquis et avancer vers la stabilisation du pays ». « Si la situation continue d’évoluer positivement, la MINUSCA n’a pas vocation à s’éterniser en République centrafricaine », a conclu le Secrétaire général adjoint.
M. OMAR HILALE (Maroc), Président de la formation République centrafricaine de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a déclaré que « bien que la situation sécuritaire demeure volatile, nous sommes dans un contexte meilleur, avec le retour de l’ordre constitutionnel, un plan national de relèvement et de consolidation de la paix ambitieux, qui a été fortement soutenu lors de la Conférence des donateurs de Bruxelles, et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) ».
Ce matin, à la réunion de la formation République centrafricaine, les membres ont renouvelé au Chef de l’État leur engagement ferme et constant à poursuivre la collaboration fructueuse avec le Gouvernement centrafricain et à collaborer avec l’ensemble du système des Nations Unies sous le leadership du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Parfait Onanga-Anyanga.
« Nous avons pu recueillir le soutien des membres pour le programme de travail de la formation qui a été récemment présenté au Conseil, et qui consiste principalement à consacrer une réunion à chacun des trois piliers du plan national de relèvement, réunissant toutes les parties prenantes concernées afin de discuter de la meilleure façon de soutenir les efforts du Gouvernement et de ses partenaires », a ajouté M. Hilale.
À cet effet, « nous allons intensifier notre coordination et collaboration avec les trois principaux partenaires en charge de la mise en œuvre du plan de relèvement, sous le leadership des autorités centrafricaines: l’ONU, pour le premier pilier, à savoir le soutien à la paix, à la sécurité et à la réconciliation; l’Union européenne, pour le deuxième pilier, le renouvellement du contrat social entre la population et le Gouvernement; ainsi que la Banque mondiale, pour le troisième pilier consacré à la promotion de la reprise économique et l’appui au secteur productif », a encore indiqué M. Hilale.
En proposant ce programme de travail pour les mois à venir, la formation a un objectif ambitieux pour le moyen et le long terme. Il consiste à faire de la République centrafricaine un des modèles du succès pour l’ONU et la consolidation de la paix de manière générale, et en particulier du concept de pérennisation de la paix, consacré l’année dernière par la résolution 2282 (2016) du Conseil de sécurité et 70/282 de l’Assemblée générale.
Les principaux éléments nécessaires à la pérennisation de la paix sont les suivants, a énuméré M. Hilale: la responsabilité des autorités nationales dans l’identification et la traduction des priorités nationales en stratégie, ce qui se traduit par le plan national de relèvement et de consolidation de la paix, et le rôle de la CCP en termes de plaidoyer, de coordination des efforts et de plateforme rassemblant les différents acteurs de la consolidation de la paix.
« Nous sommes confiants que les mécanismes de coordination existants ou sur le point d’être finalisés, permettront de faciliter la coordination entre les partenaires clefs et donc la mise en œuvre du plan national de relèvement », a dit M. Hilale, qui a rappelé que la CCP demeurait engagée à faciliter la coordination des différents acteurs à New York et de s’assurer de la complémentarité des efforts.
Il a aussi fait part de son intention de se rendre prochainement en République centrafricaine « afin de pouvoir échanger avec les principaux partenaires nationaux et internationaux présents dans le pays, sur les principaux défis rencontrés dans la mise en œuvre du plan national de relèvement, et sur les voies et moyens d’optimiser le soutien au Gouvernement en vue de dépasser ces défis ».
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a félicité le Président Faustin Archange Touadéra pour avoir été élu démocratiquement dans d’excellentes conditions, par une large majorité de citoyens centrafricains, et ce sur l’ensemble du territoire. Il a salué la mise en place d’une plateforme de dialogue et de désarmement supervisée par le Président et la proposition de ce dernier de créer une compagnie des Forces armées centrafricaines (FACA) mixte, intégrant des anciens combattants démobilisés. « Vous vous engagez dans une dynamique de reconstruction durable de votre pays en veillant à traiter les causes profondes de la crise, en particulier l’impunité des responsables de crimes », a-t-il encore dit.
Par ailleurs, le représentant de la France a salué l’action de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et de son chef, M. Parfait Onanga-Anyanga. Il a ajouté que la MINUSCA avait un mandat robuste et complet centré sur l’objectif stratégique de réduction de la présence des groupes armés et de la menace qu’ils représentent en République centrafricaine.
M. Delattre a insisté sur le fait que c’est en agissant avec fermeté, y compris en utilisant la force pour défendre son mandat, que la MINUSCA établit sa crédibilité et démontre aux groupes armés que seule la voie politique existe. Au titre de l’accompagnement international de la République centrafricaine (RCA), le représentant de la France a salué les premiers résultats de la Mission militaire de formation PSDC de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM RCA) qui a achevé la réforme et l’entrainement d’une première compagnie FACA, en notant qu’un premier bataillon aura été entièrement constitué d’ici au mois de mai.
En outre, M. Delattre a insisté sur la nécessité de travailler de façon coordonnée dans la même direction en estimant que la mobilisation générale de la communauté internationale ne sera bénéfique à la RCA que si elle est parfaitement coordonnée et si nous évitons la concurrence et les duplications.
Le représentant de la France a particulièrement salué la mobilisation financière observée à Bruxelles en novembre 2016 en précisant que la France s’était engagée à hauteur de 85 millions d’euros sur trois ans. Il a rappelé que ce soutien international visait à appuyer les initiatives du Gouvernement et le cadre énoncé par les Centrafricains au Forum de Bangui, repris dans le pacte républicain et, par le Président, dans son programme.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a considéré comme étapes importantes la préservation de l’intégrité et de la souveraineté territoriales de la République centrafricaine, ainsi que le bon déroulement des élections. La réconciliation nationale est la principale priorité du pays selon le représentant, qui a réaffirmé l’importance pour tous les partenaires internationaux et régionaux de se rallier à cet effort, en particulier la médiation de l’Union africaine.
Le représentant a également attiré l’attention sur l’importance de mettre fin à la violence perpétrée par les groupes armés, ce qui suppose de donner à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) les moyens de s’acquitter pleinement de son mandat.
Dans ce contexte, il a insisté sur l’engagement volontaire auquel doivent répondre les groupes armés aux processus de désarmement, démobilisation et réintégration. Pour l’Égypte, la communauté internationale doit maintenant mobiliser les ressources nécessaires à l’appui d’une réforme du secteur de la sécurité qui doit se faire sur la base du pluralisme et de la discipline.
Il faut en outre, pour la délégation, reconstruire les bases de la reprise économique et sociale, en appuyant le plan national de relèvement et de pérennisation de la paix pour les cinq prochaines années. M. Aboulatta a, en conclusion, fait référence au rôle important joué par la Commission de consolidation de la paix en République centrafricaine.
Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a indiqué que son pays se tenait aux côtés des Centrafricains pour rebâtir leur pays. Les promesses formulées lors de la Conférence de Bruxelles de novembre dernier doivent être maintenant honorées, a-t-elle dit. Elle a mentionné l’appui de son pays aux efforts visant à professionnaliser l’armée et la police centrafricaines, avant d’insister sur la nécessité de la réforme du secteur de la sécurité.
La déléguée a rejeté l’idée d’accorder une amnistie généralisée en République centrafricaine, tout en soulignant que les groupes armés ne déposeraient pas les armes s’ils ne sont pas assurés d’un rôle futur. Elle a formé l’espoir de voir un jour une armée composée de Centrafricains de toutes obédiences. La violence récente à Bambari montre néanmoins que le chemin est encore long, a-t-elle déclaré.
Enfin, la représentante a salué les mesures prises par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) pour lutter contre les abus et l’exploitation sexuels au cours de l’année écoulée.
M. WU HAITAO (Chine) s’est félicité des progrès accomplis par la République centrafricaine sous la houlette du Président Faustin Archange Touadéra depuis un an, même s’il a identifié de nombreux obstacles sur la voie de la paix et de la stabilisation à long terme.
La réconciliation nationale ne pourra se faire, pour la Chine, que par le biais du dialogue mené à l’initiative du Chef d’État. De leur côté, les Nations Unies devraient accroître leur coordination avec le Gouvernement centrafricain dans le respect de l’appropriation nationale de ses priorités, a préconisé le représentant, qui a également encouragé la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) à continuer de s’acquitter pleinement de son mandat.
La Chine a enfin assuré qu’elle avait l’intention de contribuer à la recherche de la paix durable et de la stabilisation à long terme dans le pays.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a indiqué que la situation sécuritaire en République centrafricaine demeurait précaire, comme l’ont montré les récents affrontements sanglants entre groupes armés. Les Casques bleus en sont réduits à intervenir en urgence, a-t-il dit. Le délégué a déploré le manque de fonds pour subvenir aux importants besoins humanitaires dans le pays.
Il a indiqué que la création de la cour pénale spéciale n’était pas la panacée dans la lutte contre l’impunité. Les tribunaux ayant une composante internationale sont coûteux et ne sont pas toujours efficaces, a-t-il noté. Le délégué russe a en outre invité à la prudence sur la question de l’amnistie.
En conclusion, le représentant a jugé indispensable de donner un élan au processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, avant d’apporter son soutien à l’Initiative africaine pour un accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et tous les groupes armés.
M. KORO BESSHO (Japon) s’est félicité de la détermination du gouvernement du Président Faustin Archange Touadéra et du peuple centrafricain à reconstruire leur pays, un engagement redoublé par la mobilisation des partenaires régionaux et internationaux, dont le Japon.
Les dirigeants des groupes rebelles qui n’ont pas encore déposé leurs armes doivent comprendre que la paix leur rapportera plus que la guerre, a-t-il cité. Tokyo, a-t-il assuré, continuera de prêter assistance à Bangui, le représentant annonçant une contribution d’un montant de 15,3 millions de dollars pour financer des projets d’aide aux populations en détresse en République centrafricaine et dans les pays voisins.
S’il a reconnu les difficultés de taille qui demeurent sur la voie de la paix, M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) s’est félicité des progrès accomplis par le Gouvernement centrafricain sous la présidence du Président Touadéra. Dans ce contexte, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), qui joue un rôle considérable, nécessitera un appui sans faille.
L’engagement actif de la Commission de consolidation de la paix (CCP) demeure également d’une importance capitale, a souligné le représentant. Les promesses faites lors de la Conférence de Bruxelles et de la Conférence d’appui de l’Union africaine sont encourageantes, a-t-il relevé, en souhaitant toutefois leur concrétisation rapide. Cependant, les actes de violence ayant secoué récemment certaines régions du pays remettent en mémoire la difficulté à rétablir pleinement la paix et la sécurité dans le pays.
Dans ce contexte, l’objectif de l’Union africaine est d’aider le Président Touadéra dans ses efforts de réconciliation nationale en faisant fond sur le processus de Bangui. Pour l’Éthiopie, il est fondamental d’aider le Chef de l’État alors qu’il s’efforce de contribuer à la réunification du pays et d’y poser les bases de la paix durable.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a estimé que la tenue de cette réunion avec le format d’une séance informative permettait la transparence des travaux du Conseil de sécurité et l’expression des positions de chacun de ses membres. Après avoir noté le retour à l’ordre en République centrafricaine, il a dit soutenir le Gouvernement et l’encourager à poursuivre ses efforts. Néanmoins, le représentant a relevé les nombreux défis qui se posent au pays, notamment les incidents violents dans la capitale et les attaques visant le personnel de maintien de la paix.
Il s’est également inquiété de la détérioration de la situation humanitaire, sachant que 4,6 millions de Centrafricains dépendent de l’aide humanitaire. Il est donc crucial, a-t-il estimé, que la communauté internationale continue d’appuyer les efforts du Gouvernement en vue de parvenir à la stabilité.
Il a souligné le rôle fondamental de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) en matière de protection des civils, de promotion et de protection des droits de l’homme et du droit international humanitaire, ainsi que pour l’appui fourni aux autorités nationales pour le développement des capacités.
Il a également salué la mobilisation de la communauté internationale à la Conférence de Bruxelles, ainsi que le décret présidentiel du 5 novembre 2016 qui fixe la structure institutionnelle du cadre de l’engagement mutuel. Le représentant s’est enfin félicité de l’Initiative africaine pour un accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et tous les groupes armés.
« La République centrafricaine est à la croisée des chemins », a affirmé M. SEBASTIANO CARDI (Italie). Il a insisté sur les liens étroits entre son pays et la République centrafricaine, matérialisés par la présence d’un bureau de coordination à Bangui, qui fournit un appui à de nombreuses organisations, dont beaucoup sont catholiques. Le délégué a demandé un « appui fort et convaincu » de la communauté internationale au Gouvernement centrafricain, en soulignant la nécessité que les promesses formulées lors de la Conférence de Bruxelles soient honorées.
Il a en outre apporté son soutien à l’Initiative africaine pour un accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et tous les groupes armés. Le succès de cette initiative dépendra de la bonne coopération avec l’ONU et le Gouvernement, a-t-il dit. Il a en particulier défendu un rôle actif du Président, dont il a loué la légitimité.
Enfin, le délégué italien a appuyé l’idée de la France d’une déclaration présidentielle dans laquelle le Conseil réaffirmerait son soutien à la République centrafricaine.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a estimé que les élections libres, régulières et démocratiques de mars 2016 avaient permis à la République centrafricaine de tourner une page et d’aboutir à la signature d’un « cadre de responsabilité mutuelle » avec le Secrétariat de l’ONU. Le représentant a cependant exprimé des préoccupations devant les échauffourées opposant un certain nombre de groupes armés, notamment à Bambari, rappelant au besoin la nécessité de poursuivre les efforts de médiation.
En tant que Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2127 (2013), le représentant de l’Ukraine s’est également alarmé des cas de non-respect des interdictions de voyager et des gels des avoirs prévus par ladite résolution. S’il a dit comprendre l’importance de ne pas entraver le dialogue en cours, M. Yelchenko a cependant demandé aux États concernés de suivre les procédures d’exemption prévues à cet effet.
M. FODÉ SECK (Sénégal) a rendu hommage au leadership au Président centrafricain dans la recherche d’une solution politique. Il a espéré que l’ensemble des parties concernées rejoindront le processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement. M. Seck a plaidé pour un soutien actif aux niveaux régional et sous-régional et apporté son soutien à l’Initiative africaine pour un accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et tous les groupes armés.
Cette initiative vient en appui aux efforts déployés avec « courage et lucidité » par le Président centrafricain, a-t-il dit. Il s’est déclaré conscient du fait que le Gouvernement était attendu sur tous les fronts, notamment sécuritaire et humanitaire.
Il s’est fait l’écho de l’appel lancé par le Président pour un renforcement de l’engagement international en soulignant la nécessité que les promesses formulées lors de la Conférence de Bruxelles soient honorées. Sans un appui financier efficace et une logistique conséquente, les efforts de maintien de la paix pourraient être compromis, a déclaré M. Seck.
Enfin, le délégué a rappelé que 420 éléments sénégalais étaient présents en République centrafricaine.
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est félicité de la décision du groupe des « antibalaka » de s’associer au dialogue, demandant à tous les groupes armés de prendre part au programme de démobilisation, réintégration et rapatriement.
Il a exprimé sa préoccupation devant les affrontements dans différentes régions du pays entre le Rassemblement patriotique pour le renouveau de la Centrafrique (RPRC) et l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC), saluant la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) pour ses efforts pour contenir ces hostilités.
Rappelant aux belligérants l’existence de sanctions au niveau international, le représentant a espéré que la nomination d’un procureur à la cour pénale spéciale centrafricaine participerait du rétablissement de l’état de droit dans le pays.
M. Umarov a ensuite salué les efforts déployés par le Président Touadéra pour renforcer la paix et le développement, en vue aussi de permettre le retour volontaire de près de 60 000 personnes déplacées dans le pays.
M. OLOF SKOOG (Suède) a appuyé les efforts « cruciaux » du Président centrafricain pour le désarmement, la démobilisation, la réintégration et le rapatriement des groupes armés. Il a appuyé l’Initiative africaine pour un accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et tous les groupes armés, avant de souligner l’importance d’assurer la participation des femmes à cette initiative.
Jugeant cruciale la lutte contre l’impunité, M. Skoog a demandé l’opérationnalisation de la cour pénale spéciale. Préoccupé par le regain de tension à Bambari, il a souligné l’importance de restaurer l’autorité de l’État et de remédier à une situation humanitaire critique.
Enfin, le délégué suédois a jugé « impératif » d’appuyer les efforts du Président centrafricain.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a « applaudi » aux avancées réalisées par le gouvernement démocratiquement élu du Président Faustin Archange Touadéra et aux activités de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) à l’appui du rétablissement de la paix et de la stabilité en République centrafricaine.
C’est la raison pour laquelle il s’est alarmé des violences sectaires qui continuent de secouer le pays. Le représentant a donc exhorté la communauté internationale à continuer de se montrer engagée auprès de la République centrafricaine, avec le concours de l’Union africaine et des pays voisins, « en trouvant des solutions africaines pour l’Afrique ». Et la seule solution au conflit ne pourra qu’être « négociée et politique », dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République centrafricaine, a ajouté le délégué.
M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a indiqué que l’appui de son pays à la République centrafricaine s’élevait à 54 millions de dollars. Les progrès sont fragiles, a-t-il convenu, estimant que le chaos pouvait revenir dans le pays.
Il a souligné la nécessité de désarmer les groupes armés, ces derniers ne devant pas faire dérailler le processus politique. Le délégué a appuyé les efforts pour le désarmement, la démobilisation, la réintégration et le rapatriement, ainsi que l’Initiative africaine pour un accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et tous les groupes armés. Cette initiative doit être coordonnée avec l’ONU, a-t-il estimé.
Enfin, le délégué a appelé à une réforme du secteur de la sécurité et souligné la nécessité de mettre fin à l’impunité.