Les conflits en Europe, la pérennisation de la paix et les méthodes de travail au menu de la séance du Conseil consacrée au bilan du mois écoulé
Les conflits en Europe, le concept de la pérennisation de la paix et les méthodes de travail du Conseil de sécurité ont été au cœur de la séance que la présidence ukrainienne a organisée ce matin pour dresser le bilan du mois de février, marqué par un travail intense, « bien qu’étant le mois le plus court » de l’année, comme l’ont souligné les délégations.
Certains États membres ont tenu à rendre un nouvel hommage au Représentant permanent de la Fédération de Russie, Vitaly Churkin, dont la disparition tragique la semaine dernière a représenté « un terrible choc » pour le Conseil, selon l’expression du délégué uruguayen.
Le Représentant permanent de l’Ukraine a tout d’abord remercié les États membres pour l’appui apporté à sa présidence et souligné le bien-fondé de cette séance récapitulative pour la transparence des travaux du Conseil.
Alors que deux réunions se sont tenues les 21 et 22 février, respectivement, sur les conflits en Europe et sur la présentation des priorités de la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), il a déclaré que « la très sérieuse détérioration de la situation sécuritaire en Europe » demandait une attention urgente.
« Le monde ne peut pas se permettre de cultiver une ignorance béate en espérant que, d’une façon ou d’une autre, les défis en question disparaîtront. Ils ne disparaîtront pas », a averti le représentant. Il a estimé que ces défis continueront d’empoisonner les relations entre États, mettant en danger la paix et la sécurité internationales.
Ces mots ont fait écho à la séance que le Conseil a consacrée la veille à la situation au Kosovo, où un regain de tensions a été constaté. Le représentant ukrainien a indiqué que son pays avait commencé à mettre en œuvre la résolution 2341 (2017), adoptée le 13 février, qui vise à répondre aux menaces d’attaques terroristes contre des infrastructures essentielles.
De son côté, le délégué de la France a redit l’engagement de son pays en faveur d’une résolution de la crise ukrainienne, « qui passe in fine par le rétablissement du contrôle de l’Ukraine sur l’ensemble de ses frontières internationalement reconnues, y compris la Crimée ».
Notant la reprise des combats ces derniers jours et les incidents ayant visé la Mission de l’OSCE déployée en Ukraine, il a invité le Conseil à continuer de suivre ce dossier de près. Même son de cloche du côté des États-Unis, qui ont appelé à la mise en œuvre des Accords de Minsk et exhorté la Fédération de Russie à retirer ses armes lourdes.
Le représentant de ce dernier pays a confié qu’il avait espéré que la réunion du 21 février aurait permis de convaincre Kiev de mettre en œuvre les Accords de Minsk. « Nos espoirs ont été déçus », a-t-il affirmé. Il a également appelé à la mise en place d’une grande coalition internationale contre le terrorisme, jugeant que la séance du 13 février sur les menaces d’attaques contre les infrastructures essentielles était, par comparaison, « inutile ».
De son côté, la Chine a exhorté les pays européens à développer de nouvelles relations basées sur la coopération et sur une logique « gagnant-gagnant ».
S’exprimant au nom des deux autres États membres africains du Conseil, l’Éthiopie et le Sénégal, le délégué de l’Égypte a jugé opportun, « d’un point de vue africain », que le Conseil entérine le concept de pérennisation de la paix en tant qu’objectif mais aussi processus. « Nous pensons que le Conseil est loin d’atteindre cet objectif », a-t-il déploré.
À l’instar du représentant de la Suède, il a souligné la nécessité « d’un changement de paradigme », en passant d’une gestion des conflits à l’élaboration d’une réponse visant à répondre aux causes profondes et à promouvoir la réconciliation, le relèvement et le développement.
Un vœu entendu par le délégué du Royaume-Uni qui a indiqué que la prévention des conflits en Afrique serait le grand thème des travaux du Conseil en mars, dont son pays assumera la présidence. Il a remarqué qu’il s’agissait également d’un thème prioritaire du Secrétaire général, avant de souligner l’importance, à ce titre, de la visite que le Conseil doit effectuer au début du mois prochain dans les pays du bassin du lac Tchad.
Le délégué britannique a indiqué qu’il veillerait à ce que sa présidence soit autant axée sur l’obtention des résultats que ne l’a été la présidence ukrainienne.
Enfin, la question des méthodes de travail a été abondamment discutée, notamment par le délégué de l’Italie, qui, en tant que nouveau membre, « a trouvé le Conseil plus efficace et plus uni que ce que l’on m’avait dit ». Il a jugé les séances de consultations « constructives » tandis que son homologue ukrainien a invité le Conseil à trouver un équilibre entre la « confidentialité des consultations » et la nécessité de maintenir « un degré d’ouverture maximal ». « Nous encourageons les prochaines présidences à s’adresser aux médias et au public après des consultations », a-t-il dit.
Si les délégués ont salué l’initiative du Secrétaire général de détailler, lors de consultations en date du 3 février, sa participation au Sommet de l’Union africaine, d’autres, en revanche, n’ont pas ménagé leurs critiques. « Il est inacceptable que le Secrétariat refuse l’accès à des documents qui sont pourtant indispensables aux membres du Conseil pour décider de leur position », a regretté le délégué de l’Uruguay, appuyé par son homologue de la Bolivie.
Ce dernier a par ailleurs rappelé qu’aucun État ne pouvait porter atteinte à la prérogative du Secrétaire général de nommer ses représentants.