7886e séance – matin  
CS/12724

Inquiétudes au Conseil de sécurité sur la persistance de foyers de conflits en Europe

Les membres du Conseil rendent hommage à leur collègue de la Fédération de Russie Vitaly Churkin, décédé hier

Le Conseil de sécurité a évalué aujourd’hui, dans le cadre d’un débat public au niveau ministériel, les menaces que les conflits en Europe font peser sur la paix et la sécurité régionales et internationales, tout en examinant les moyens de remédier à l’instabilité persistante dans le continent et aux évolutions dangereuses dans les pays sortant d’un conflit ou en proie à un conflit prolongé.

Cette séance a débuté dans l’émotion et le deuil par un vibrant hommage des membres du Conseil de sécurité à leur collègue de la Fédération de Russie, Vitaly Churkin, décédé soudainement hier à New York.  Doyen des ambassadeurs siégeant dans cet organe, il aurait fêté aujourd’hui ses 65 ans.

Après avoir observé une minute de silence, les membres du Conseil ont salué la mémoire de celui que le représentant de la France a dit considérer, « par-delà nos différences », comme un « maître de la diplomatie » et « un négociateur redoutable et redouté ». 

Le Représentant permanent adjoint de la Fédérations de Russie a remercié ses homologues, en rappelant que, « grâce à son talent et à son esprit », Vitaly Churkin avait réussi à résoudre des situations difficiles tout en tenant compte du point de vue de ses partenaires.  Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, s’est joint à cet hommage, évoquant sa « voix distincte [...] qui se faisait entendre au Conseil depuis une dizaine d’années ». 

Le débat, qui a rassemblé une cinquantaine d’orateurs, a permis, pour la première fois au Conseil de sécurité, d’appréhender conjointement les situations de conflits, « gelés » ou non, qui sévissent sur le continent européen, à Chypre, en Bosnie-Herzégovine, en Géorgie et en Ukraine, comme le souligne le document de réflexion de la présidence ukrainienne du Conseil pour le mois de février. 

D’où la proposition faite par le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, M. Pavlo Klimkin, qui présidait la séance, de créer un groupe de travail du Conseil de sécurité sur la prévention et la résolution des conflits en Europe, à l’image de celui qui existe pour l’Afrique.

Pour M. Guterres, le terme de « conflit gelé », souvent utilisé pour décrire ceux qui sévissent en Europe, est « trompeur ».  Jusqu’à la signature des accords de paix et à leur mise en œuvre, le risque de nouvelles violences demeure, « comme nous l’avons vu en avril dernier dans le Nagorno-Karabakh », a-t-il prévenu.  Selon lui, aucun facteur ne peut isolément être imputé à l’émergence et à la poursuite des conflits en Europe.  Le problème qui se pose le plus souvent, c’est que les accords de paix ne sont tout simplement « pas mis en œuvre », a-t-il estimé.

C’est le cas des Accords de Minsk, dont l’application par toutes les parties permettrait de mettre fin au conflit dans l’est de l’Ukraine, a estimé le Secrétaire général, suivi par une majorité d’intervenants.  « Nous avons besoin d’un cessez-le-feu immédiat et complet », a-t-il tranché.  Aussi s’est-il félicité des dernières mesures de cessez-le-feu approuvées hier par le Groupe de contact trilatéral sur l’Ukraine, « y compris le retrait immédiat des armes lourdes » de la ligne de contact.

Ce conflit illustre d’ailleurs les degrés d’implication des organisations régionales concertées, au premier chef desquelles l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Union européenne.  Le Secrétaire général de l’OSCE, M. Lamberto Zannier, a rappelé au Conseil que la Mission spéciale d’observation en Ukraine, « la plus importante de l’histoire de l’OSCE », assumait des fonctions de « quasi-maintien de la paix ».

C’est au manque de volonté politique supposé de l’Ukraine que s’est attaqué le représentant russe pour expliquer le fait que les Accords de Minsk sont restés lettre morte, reprochant au chef de la diplomatie ukrainienne « de ne même pas en avoir fait mention » dans sa déclaration d’aujourd’hui.

« Voir en la Fédération de Russie un médiateur ou un gardien de la paix impartial est un mythe dangereux », a déclaré le Ministre ukrainien.  M. Klimkin a invité le Secrétaire général à élaborer des options pour une « présence politique et sécuritaire des Nations Unies » et à réfléchir aux moyens de coopérer avec l’OSCE pour garantir une pleine mise en œuvre de la résolution 2202 (2015)

La Secrétaire générale du Service européen pour l’action extérieure de l’Union européenne, Mme Helga Schmid, a de son côté déclaré que l’Union européenne ne reconnaîtrait pas l’annexion illégale de la Crimée avant d’affirmer qu’elle soutiendrait les efforts du format Normandie, une configuration diplomatique réunissant l’Allemagne, la Fédération de Russie, l’Ukraine et la France pour résoudre le conflit ukrainien.

Condamnant « la tentative de déstabilisation » de l’Ukraine par la Russie, la représentante des États-Unis a néanmoins aspiré à une amélioration de la relation entre les États-Unis et la Fédération de Russie, qui ne devrait « pas se faire aux dépens de nos alliés européens ».

Au nombre des autres conflits qui ont été abordés aujourd’hui, figure celui du Nagorno-Karabakh, une région que se disputent l’Azerbaïdjan et l’Arménie depuis 26 ans, et où les hostilités ont causé en une année plus de pertes militaires que depuis le cessez-le-feu de mai 1994. 

Le Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, M. Linas Altanas Linkevičius, s’est livré quant à lui à un réquisitoire contre la Fédération de Russie, accusée d’alimenter la « course aux armements » entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, d’appuyer les éléments séparatistes en Transnistrie, en République de Moldova, et d’empêcher l’intégration euro-atlantique des pays des Balkans occidentaux.  Sans compter « l’annexion rampante » de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, a-t-il ajouté.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES: CONFLITS EN EUROPE

Lettre datée du 3 février 2017, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Ukraine auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/108)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a commencé son intervention en rendant un hommage particulier au « regretté » Vitaly Ivanovich Churkin, Représentant permanent de la Fédération de Russie auprès des Nations Unies, qui est décédé « soudainement et tragiquement » le 20 février.  « Le décès de l’Ambassadeur Churkin représente une profonde perte pour nous tous aux Nations Unies, y compris au sein de ce conseil, où sa voix distincte était toujours présente depuis une dizaine d’années. » 

Lorsqu’il a reçu les nouvelles de sa mort, M. Guterres a déclaré que sa première réaction avait été l’incrédulité, soulignant son talent, sa vivacité et son sens de l’humour.

Abordant le thème à l’ordre du jour de la réunion, le Secrétaire général a estimé que celle-ci représentait l’occasion de prolonger le débat du mois dernier sur la prévention des conflits, « de la manière la plus tangible et la plus concrète ».  Les deux guerres mondiales qui ont éclaté en Europe au cours de la première moitié du siècle dernier ont joué un rôle fondateur pour les Nations Unies et le Conseil de sécurité, « nés de la conviction accablante que de tels conflits peuvent et doivent être évités ». 

Au cours des 70 dernières années, a poursuivi le Secrétaire général, les pays d’Europe ont été à l’avant-garde de la prévention des conflits.  Les dirigeants européens, a relevé le Secrétaire général, ont établi un dispositif collectif de paix et de sécurité sophistiqué et sont employés à promouvoir l’ensemble des droits de l’homme, aussi bien les droits civils et politiques que les droits sociaux, économiques et culturels.

Beaucoup de sociétés européennes sont multiculturelles, multiconfessionnelles et multiethniques.  Pour M. Guterres, les pays et collectivités qui ont investi, en matière politique et économique, dans la cohésion et l’inclusion montrent que la diversité est source de créativité et d’innovation.

« Ceci étant, nous ne devrions pas tenir la paix et la prospérité en Europe pour acquises.  La transition vers un monde multipolaire multiplie les incertitudes et les risques.  Nous avons besoin d’institutions multilatérales et d’organisations régionales solides pour maintenir la paix et la stabilité alors que nous affrontons cette nouvelle réalité dangereuse.  À l’heure où de graves conflits perdurent en Europe, de nouveaux problèmes et menaces se font jour.  Le populisme, le nationalisme, la xénophobie et l’extrémisme violent sont à la fois des causes et des répercussions des conflits », a analysé le Chef de l’Organisation. 

Le Conseil, a-t-il noté, est saisi de nombreuses situations de conflit en Europe.  L’ONU travaille de manière complémentaire avec des organisations et des mécanismes régionaux pour faire face à ces défis, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Ainsi, en va-t-il « des négociations en vue de parvenir à un règlement global et durable de la question chypriote », a déclaré M. Guterres. 

En outre, l’ONU coopère avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Union européenne pour coprésider les discussions internationales de Genève relatives à la Géorgie.  Et dans les Balkans, a encore relevé le Secrétaire général, « nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires régionaux pour soutenir la paix durable au Kosovo dans le contexte de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité ». 

Enfin, grâce aux efforts de son envoyé spécial, l’ONU facilite les discussions pour traiter la question du nom de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a dit M. Guterres.  Ailleurs, notre travail complète les efforts des acteurs et mécanismes régionaux, notamment l’OSCE, l’Union européenne et d’autres, pour traiter des situations dans le Caucase du Sud et la République de Moldova, ainsi que le conflit actuel en Ukraine.

Le terme « conflit gelé », souvent utilisé pour les conflits en Europe, est trompeur, a estimé le Secrétaire général.  Jusqu’à ce que les accords de paix soient signés et mis en œuvre, le risque de nouvelles violences demeure, « comme nous l’avons vu en avril dernier dans le Nagorno-Karabakh, dans le Caucase du Sud ». 

Il a exhorté tous les intéressés à faire preuve d’une plus grande volonté politique, non seulement pour renforcer le régime de cessez-le-feu et mettre en œuvre les engagements précédents, mais pour renouveler un processus de négociation durable et global.  En outre, le conflit en Transnistrie, en République de Moldova, n’est non plus pas résolu. 

« Le processus « 5+2 » mené par l’OSCE a fait quelques progrès, mais il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à un règlement durable au bénéfice des habitants des deux rives du fleuve Dniestr », a indiqué le Secrétaire général. 

Et, dans les Balkans occidentaux, les conflits dévastateurs des années 1990 ont laissé un héritage dommageable, alors que les efforts de réconciliation et de consolidation de la paix sont inachevés.  « Il est essentiel de se prémunir contre l’érosion des progrès au cours des 20 dernières années, en Bosnie-Herzégovine et ailleurs.  Je demande instamment que l’on poursuive les efforts visant à promouvoir la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina. »

Les crises en Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014 montrent que l’Europe reste menacée par de nouveaux conflits, a déploré le Secrétaire général.  « Le conflit tragique en cours en Ukraine illustre le fait que la violence localisée risque de se transformer en affrontements plus graves », avec des conséquences géopolitiques régionales et internationales.  Pour M. Guterres, les défis directs à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale nous rappellent que nous devons travailler ensemble pour préserver et renforcer un ordre international fondé sur des règles afin de maintenir la paix et la sécurité, conformément à la Charte. 

S’agissant de l’Ukraine, a poursuivi le Secrétaire général, l’ONU soutient pleinement les efforts déployés au sein du Groupe de contact trilatéral de Normandie et de la Mission spéciale de surveillance de l’OSCE et appelle à maintes reprises à la pleine application par tous les côtés de tous leurs engagements dans le cadre du Processus de Minsk. 

« Nous avons besoin d’un cessez-le-feu immédiat et complet. »  Aussi s’est-il félicité des dernières mesures de cessez-le-feu approuvées hier par le Groupe de contact trilatéral, « y compris le retrait immédiat des armes lourdes ».

Les conflits en Europe ne sont pas seulement une tragédie pour ceux qui sont directement touchés: « ils renversent aussi les acquis du développement et empêchent les communautés et les sociétés de réaliser leur plein potentiel et de contribuer à la prospérité régionale et mondiale ».

Selon lui, aucun facteur ne peut être imputé à l’émergence et à la poursuite des conflits en Europe.  Dans de nombreux cas, a estimé M. Guterres, les accords de paix ne sont tout simplement « pas mis en œuvre ».

D’autres facteurs incluent les défis à la gouvernance démocratique et l’état de droit, ainsi que la manipulation de tensions ethniques, économiques, religieuses et communales pour des gains personnels ou politiques, alimentées en partie par l’aggravation des rivalités géopolitiques.  Mais quelles qu’en soient les causes, l’incapacité des institutions régionales et internationales, « y compris les nôtres », à prévenir et à résoudre les conflits, « porte gravement atteinte à leur crédibilité et rend plus difficile leur réussite future ».

C’est la raison pour laquelle le Secrétaire général a appelé à une « réflexion honnête sur ce cercle vicieux ».  Il a donc encouragé les États Membres, le Conseil de sécurité, les mécanismes régionaux et toutes les parties prenantes à intensifier leurs efforts pour définir un programme de paix et de sécurité en vue de relever les défis complexes actuels, en s’appuyant sur les outils, normes, programmes, enseignements tirés et pratiques optimales relatifs à la médiation, la promotion du dialogue, l’alerte rapide et l’action précoce, la prévention et la résolution des conflits et la consolidation de la paix.

« À la fin de la guerre froide, la promesse d’un espace de sécurité, commun et indivisible, de Vancouver à Vladivostok, tel qu’esquissé dans les Chartes de Paris et d’Istanbul, semblait à portée de main », a affirmé M. LAMBERTO ZANNIER Secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Il a rappelé que le démembrement violent de l’ex-Yougoslavie et la dissolution de l’Union soviétique avaient battu en brèche ce paradigme sécuritaire émergent.  La confiance entre l’Est et l’Ouest a rapidement diminué, a-t-il noté.

Il a insisté sur le rôle de l’OSCE dans la réponse apportée aux conflits en Europe, notant que ses caractéristiques étaient restées les mêmes.  L’organisation est un pont entre des parties qui peuvent avoir des visions radicalement différentes sur la sécurité, a poursuivi M. Zannier.

Le Secrétaire général a insisté sur le rôle actif de l’OSCE dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, ajoutant que le lien avec les structures onusiennes était, dans certains cas, explicite.  La Mission de l’OSCE au Kosovo a ainsi endossé le rôle de chef de file dans les domaines des droits de l’homme et du renforcement des institutions, en tant que composante constitutive, bien que distincte, de la Mission de l’ONU au Kosovo, a-t-il dit.

M. Zannier a indiqué que l’OSCE avait adapté son rôle en Europe du Sud-Est, région où l’Organisation maintient sa présence la plus importante.  « Nous nous sommes depuis longtemps concentrés sur l’appui à des élections transparentes et la promotion de relations interethniques pacifiques », a affirmé M. Zannier, ajoutant que l’OSCE appuyait les États confrontés aux menaces de l’extrémisme violent et du terrorisme.

« La crise en et autour de l’Ukraine continue d’être une source majeure de tension et d’instabilité en Europe », a déclaré M. Zannier.  Il a déploré le retour de la géopolitique au sein du programme de l’OSCE, mettant au défi son modèle de coopération.  Les relations interétatiques sont plus que jamais gouvernées par une mentalité de gains à somme nulle, dont nous avions espéré qu’elle appartenait au passé, a-t-il noté.

Le Secrétaire général de l’OSCE a insisté sur la réponse rapide et flexible apportée à la situation en Ukraine.  Cette réponse est la preuve la plus tangible de la capacité de l’OSCE d’assumer ses responsabilités dans le cadre du Chapitre VIII et de prendre une action collective pour répondre à une crise, tant sur le plan politique que sur le terrain, a-t-il dit.

Il a fait état de la Mission spéciale d’observation en Ukraine, qui est la mission la plus importante de l’histoire de l’OSCE et assume des fonctions de quasi-maintien de la paix, telles que la vérification du cessez-le-feu et le retrait des armes lourdes.  « En tant que telle, cette mission a ouvert un nouveau champ dans le domaine des opérations de paix », a-t-il dit, en se félicitant des relations de travail productives avec le Conseil.

Le Secrétaire général de l’OSCE a déploré le réel risque d’escalade qui existe en Ukraine, malgré les efforts considérables consentis pour la paix.  La Mission spéciale d’observation dans ce pays, si elle appuie la surveillance du cessez-le-feu et la mise en œuvre des Accords de Minsk, ne peut pas prévenir les violations du cessez-le-feu ou retirer de force les armes lourdes, a-t-il estimé.  « Pour cela, nous avons besoin de l’engagement politique des parties et de la communauté internationale. »

Il a mentionné les autres conflits dans lesquels l’OSCE joue un rôle actif, citant le conflit au Nagorno-Karabakh, qui s’est récemment aggravé.  Les hostilités d’avril 2016 ont abouti au nombre de soldats tués et blessés en une seule année le plus important depuis le cessez-le-feu de mai 1994, a-t-il dit. 

Il a précisé que le Groupe de Minsk de l’OSCE continuait d’œuvrer à un règlement négocié, tout en notant que la paix ne pourrait résulter que de l’action des parties.  Le processus de paix en Transnistrie, s’il est moins lourd de danger, a besoin d’une action résolue pour aller de l’avant, a noté M. Zannier, en appelant à s’appuyer sur le Protocole de Berlin de juin dernier.  Il a indiqué que l’OSCE n’était pas retournée en Géorgie après le conflit de 2008.

M. Zannier a appuyé la « montée en puissance de la diplomatie au service de la paix » prônée par le Secrétaire général de l’ONU et souligné l’importance de prévenir les conflits.  L’OSCE continuera de renforcer sa précieuse relation avec l’ONU en tirant le meilleur profit du Chapitre VIII, qui demeure sous-utilisé, a-t-il dit. 

Il a fait part de son engagement à renforcer la coopération entre les deux organisations dans les domaines de la prévention et de la résolution des conflits mais aussi dans la lutte contre la criminalité transnationale.

En conclusion, M. Zannier a invité le Secrétaire général de l’ONU à poursuivre la pratique de retraite avec les chefs des organisations régionales et plaidé pour la création d’un mécanisme de suivi des échanges de bonnes pratiques  dans le domaine de la prévention et de la résolution des conflits.

Mme HELGA SCHMID, Secrétaire générale du Service européen pour l’action extérieure de l’Union européenne, a présenté la mise en œuvre de l’approche entreprise par l’Union sur le continent européen.  Tout d’abord, promouvoir la stabilité dans les pays les plus proches de l’Union européenne, dans les Balkans occidentaux, est une « priorité stratégique naturelle ».  La perspective d’adhésion à l’Union constitue en effet un moyen de « panser les plaies du passé » et de promouvoir la stabilité régionale, a estimé la haute fonctionnaire. 

En outre, la stabilisation figure au cœur de la « Politique de voisinage européenne », par laquelle l’Union offre une coopération renforcée sur la réforme du secteur de la sécurité civile, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, le démantèlement des réseaux de criminalité organisée, le renforcement de la cybersécurité et de la prévention des conflits.

Par ailleurs, a poursuivi Mme Schmid, l’ordre sécuritaire européen se fonde sur les principes de souveraineté, d’indépendance et d’intégrité territoriales des États, l’inviolabilité des frontières, la résolution pacifique des différends et le libre choix des nations de décider de leur avenir.  Malheureusement, ces principes clefs entérinés de longue date n’ont pas toujours été respectés.  La crise en Ukraine l’a démontré, a rappelé Mme Schmid, qui a assuré que l’Union ne reconnaîtrait pas l’annexion illégale de la Crimée avant d’affirmer qu’elle soutiendrait les efforts du format Normandie. 

Les conflits irrésolus continuent de faire obstacle à la paix, à la stabilité et au développement régional, une situation qui nécessite un effort concerté.  Après avoir rappelé les efforts engagés par l’Union européenne s’agissant des conflits en Transnistrie, en Abkhazie, en Ossétie du Sud, au Nagorno-Karabakh et à Chypre, la Secrétaire générale a réitéré que l’Union continuerait à être le premier soutien de « l’approche multilatérale et d’une ONU forte ».

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a déclaré que l’Europe avait dû faire face à de nombreux conflits au cours des dernières décennies et que tous les conflits non résolus avaient tous comme point commun l’implication d’un seul pays qui, selon lui, « préfère provoquer des tensions plutôt que de les atténuer ».  Il a dit que ce pays ne cessait de créer de nouvelles menaces et défis à la stabilité et que le problème de l’ONU était que l’architecte de cette stratégie était un membre permanent du Conseil de sécurité. 

Le Ministre des affaires étrangères ukrainien a accusé la Fédération de Russie de violer des textes fondateurs comme la Charte des Nations Unies, l’Acte final d’Helsinki et la Charte de Paris.  Il a ajouté que l’agression russe de la Géorgie en 2008 était un test pour l’Europe et que le manque de réaction de la communauté internationale avait été une invitation à passer à l’acte pour la Russie. 

À la lumière de cet événement, le Ministre ukrainien a regretté que la communauté internationale n’ait pas retenu la leçon des accords de Munich de 1938.  « Depuis 2014, cet État a vigoureusement activé sa stratégie en Ukraine qui fait face à une agression militaire directe », a ajouté M. Klimkin avant de rappeler qu’hier marquait le troisième anniversaire de « l’annexion illégale de la Crimée par la Russie ». 

Par ailleurs, M. Klimkin a dit que son pays n’aurait jamais pu imaginer pire conséquence de sa décision unilatérale de désarmement nucléaire en 1994.  Au Donbass et en Crimée, « devenus des zones grises où se perpétuent la terreur et l’injustice », le conflit a fait 10 000 morts et 22 000 blessés, a-t-il dit.  Le Ministre des affaires étrangères ukrainien a estimé que la Fédération de Russie exploitait toutes les faiblesses institutionnelles internationales « en abusant du droit de veto au Conseil de sécurité et du principe du consensus à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ». 

« Voir en la Fédération de Russie un médiateur ou un gardien de la paix impartial est un mythe dangereux », a insisté le Ministre ukrainien.  Dans ce contexte, il a notamment invité le Secrétaire général à élaborer des options pour une présence politique et sécuritaire des Nations Unies et les moyens de coopérer avec l’OSCE pour garantir une pleine mise en œuvre de la résolution 2202 (2015). 

Il a aussi appelé à la création d’un groupe de travail du Conseil de sécurité sur la prévention et la résolution des conflits en Europe à l’image de celui qui traite des conflits en Afrique.

Mme NIKKI HALEY (États-Unis) a dit qu’il serait tentant de prendre la sécurité de l’Europe pour acquise.  L’Europe fait pourtant face à de graves défis, le plus grave étant la tentative de déstabilisation de l’Ukraine par la Russie, a-t-elle dit.  Elle a déclaré que le soutien de son pays à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) demeurait inébranlable. 

Elle a demandé une plus grande efficacité de cette alliance, y compris en ouvrant la porte à de nouveaux alliés remplissant les critères d’admission et désireux de partager le fardeau.  Elle a également appuyé l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui joue un rôle précieux dans le règlement des conflits en Europe.  Les liens entre les États-Unis, l’OTAN et l’OSCE ont résisté à l’épreuve du temps, a-t-elle souligné.

Mme Haley a ensuite insisté sur le partenariat durable et solide entre son pays et l’Union européenne, lequel repose sur des valeurs communes.  Elle a plaidé pour un approfondissement de ce partenariat tout en notant l’existence de désaccords.  « Cela arrive entre amis », a-t-elle dit. 

Personne ne doit douter de notre engagement en faveur de l’Union européenne, qui demeure total, a-t-elle martelé.  Mme Haley a déclaré que son pays se tenait aux côtés de l’Ukraine, avant de dénoncer l’occupation de la Crimée par la Russie et les armes données aux éléments séparatistes en Ukraine.  Le fait que la Russie distribue des passeports à Louhansk et à Donetsk est un défi aux efforts de paix, a poursuivi la déléguée.

Elle a néanmoins insisté sur la possibilité d’une meilleure relation  entre les États-Unis et la Fédération de Russie, ces deux pays devant relever, après tout, de nombreux défis communs.  « Mais cela ne peut pas se faire aux dépens de nos alliés européens. »  Elle a appelé la Russie à respecter la souveraineté de l’Ukraine.  En attendant, les sanctions resteront en place, a-t-elle dit.

Mme Haley a souligné la nécessité de réaffirmer la souveraineté de la Géorgie, avant d’appeler les dirigeants bosniens à mettre de côté leurs divisions et à s’atteler au retour de la prospérité.  La déléguée a appuyé un règlement global à Chypre et appelé les parties au Nagorno-Karabakh à reprendre les négociations.  La communauté internationale doit reconnaître les efforts du Kosovo, qui devrait devenir membre à part entière de l’ONU, a-t-elle conclu.

Mme ANNIKA SÖDER, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déclaré que l’Union européenne constituait un mécanisme essentiel de prévention des conflits au cours des dernières décennies.  Mais, ce n’est que lorsque les principes de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sont respectés qu’une sécurité véritable peut prévaloir sur le continent, a-t-elle estimé. 

Rappelant que la Suède était un pays non aligné, la Vice-Ministre a affirmé que sa sécurité dépendait donc du respect par les autres nations du respect mutuel de l’intégrité et de la souveraineté territoriales.  Mme Söder a cependant exprimé sa vive préoccupation quant au fait que l’Europe se heurtait toujours à des conflits, comme celui en Ukraine, qui a fait déjà 10 000 victimes.

Elle a estimé qu’une action immédiate était nécessaire dans certains domaines prioritaires pour préserver l’Union européenne comme « continent de paix et de sécurité ».  Selon l’intervenante, il faut mettre fin à l’agression de la Fédération de Russie en Ukraine et mettre en œuvre les Accords de Minsk sur la base du format Normandie. 

Elle a également préconisé de reconnaître l’importance de la paix et de la sécurité à l’est de l’Union européenne et de renforcer les mesures de confiance et de contrôle des armes classiques, tout en impliquant les femmes dans les processus de consolidation de la paix.

M. ROMAN VASSILENKO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a déclaré que la plateforme d’Astana pouvait servir de support pour restaurer la confiance et reconfirmer notre engagement en faveur des principes de base que constituent le droit international et le respect des intérêts nationaux des parties concernées.  Il a estimé que la résolution des conflits en Europe exigeait une action entre les principales puissances régionales et locales. 

Pour ce qui est de l’Ukraine, il a dit l’importance des Accords de Minsk et de la résolution 2202 (2015), en précisant que le Kazakhstan soutenait les activités du Groupe de contact trilatéral et de ses groupes de travail sur la mise en œuvre des mesures de confiance. 

Pour ce qui est de la Géorgie et du Nagorno-Karabakh, il a exhorté l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à redoubler d’efforts pour parvenir à des progrès par le biais de la diplomatie préventive.  Il a, par ailleurs, salué le dialogue en cours à Chypre avant de se féliciter de l’importance de la résolution 2315 (2016) du Conseil de sécurité pour parvenir à une sécurité et stabilité durables en Bosnie-Herzégovine.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a dit que l’annexion de la Crimée et le conflit dans le Donbass illustraient malheureusement le fait que la violation de l’intégrité territoriale d’un État européen restait toujours possible.  Il a cité aussi la persistance de conflits dits « gelés » au Nagorno-Karabakh, en Transnistrie ou en Géorgie, les tensions récentes observées dans les Balkans et l’absence de règlement de la question chypriote. 

Néanmoins, le représentant de la France a estimé que la communauté internationale disposait aujourd’hui des outils nécessaires pour garantir la paix et la sécurité sur le continent européen.  Il a appelé tous les États Membres à prendre leur responsabilité pour permettre au Conseil de sécurité d’exercer en Europe, comme dans le reste du monde, la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a précisé que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait démontré sa capacité à être à la hauteur des enjeux en jouant un rôle central dans la gestion de la crise en Ukraine. 

« En Ukraine, nous continuons inlassablement, en lien avec nos partenaires allemands, nos efforts de médiation au sein du format Normandie en faveur de la mise en œuvre pleine et entière des Accords de Minsk, qui constituent de l’aveu de tous la seule voie pour une résolution pacifique du conflit », a précisé M. Delattre.  

Néanmoins, il s’est inquiété du regain de tensions intervenu ces dernières semaines, en particulier autour de la localité d’Avdiivka, et a regretté la décision des autorités russes de reconnaître des documents officiels émis par des autorités de facto de certaines zones des régions de Donetsk et Lougansk.  

Il a dit que la réunion ministérielle en format Normandie tenue samedi dernier à Munich avait permis de s’accorder sur des engagements précis dont l’objectif est de favoriser une amélioration rapide de la situation sur le terrain.  Le représentant de la France a dit son attachement à défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine avant de rappeler que son pays condamnait fermement et ne reconnaissait pas l’annexion illégale de la Crimée et de Sébastopol.   

Pour ce qui est de la Géorgie et de la République de Moldova, M. Delattre a appuyé la recherche de solutions aux conflits gelés, dans le respect de l’intégrité territoriale de ces États.  S’agissant du Nagorno-Karabakh, il a dit que la France était engagée au service de la médiation dont est chargé le Groupe de Minsk de l’OSCE.

Dans les Balkans, il a dit que l’Union européenne jouait un rôle de tout premier plan pour favoriser la normalisation des relations entre pays voisins et la réduction des tensions internes entre les communautés.  « Malgré les récents blocages », le représentant de la France a, en outre, salué des progrès significatifs réalisés au cours de ces derniers mois dans la conduite des négociations à Chypre où les « deux parties n’étaient encore jamais allées aussi loin ». 

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a indiqué que les pays d’Amérique latine vivaient en paix.  La volonté politique est l’ingrédient nécessaire pour régler les conflits, comme le montre le processus suivi en Colombie, a-t-il dit.  Soulignant les dangers posés par les « conflits gelés », il a appuyé les efforts multilatéraux visant à régler les conflits en Europe. 

Le délégué a insisté sur l’importance des efforts des parties chypriotes et espéré que les pourparlers aboutiront à une solution.  Le processus à Chypre, comme celui en Colombie, est un exemple de l’importance pour les parties de prendre la tête des efforts de paix, a-t-il dit.

Le représentant a souligné la nécessité de respecter les droits des populations vivant dans une zone de conflit et demandé la libre circulation des agents du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  La promotion des droits de l’homme doit avancer de concert avec la recherche d’une solution politique, a conclu le délégué de l’Uruguay.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a regretté de constater que le continent européen continuait d’être en proie à des conflits, des conflits soi-disant gelés qui peuvent exploser à tout moment, comme l’a rappelé le Secrétaire général.  S’y ajoutent les dangers nouveaux que font peser le terrorisme, la criminalité organisée, et la montée de la xénophobie et de l’intolérance religieuse, a relevé le représentant, qui s’est donc félicité de l’existence de plusieurs organisations régionales pour préserver la paix et la sécurité européennes, parmi lesquelles l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). 

M. Seck a ensuite estimé que la proposition faite par le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, à savoir la création d’un groupe de travail pour la prévention des conflits en Europe, méritait examen.

M. LUIS MAURICIO ARANCIBIA FERNÁNDEZ (Bolivie) a insisté sur l’importance de respecter les principes de la Charte des Nations Unies et a encouragé les États à rechercher des solutions pacifiques.  Le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État doit être respecté, a-t-il dit.  S’agissant d’un conflit interne à un État, il a invité le Conseil à respecter ledit conflit, pour autant que le conflit ne menace pas la paix et la sécurité internationales.

Le délégué a insisté sur le rôle important joué par les organisations régionales légitimes dans la promotion de la stabilité.  Celles-ci ont en effet une connaissance fine des situations dans leur région et sont toutes désignées à jouer un rôle de médiation, a-t-il affirmé.  S’il a salué le travail de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), il a invité à réfléchir sur le rôle de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dans la survenue des conflits.

L’OTAN est une organisation anachronique, qui ne répond pas aux défis actuels, a-t-il affirmé.  Le délégué a estimé que l’OTAN jouait un rôle indu dans le maintien de la paix, puisqu’elle ne dispose d’aucun mandat délivré par la communauté internationale, sapant ainsi la légitimité du Conseil.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a déclaré que le Conseil de sécurité s’était fixé un ordre du jour « très ambitieux » aujourd’hui.  Il a dénoncé le fait que plusieurs conflits en Europe aient été soumis à des formes d’ingérence de la part de nations occidentales, rappelant qu’aucun conflit ne saurait être résolu par l’option militaire.  Après avoir assuré que la Fédération de Russie avait essayé de promouvoir le concept d’une Europe unie, « de Lisbonne à Vladivostok », il a regretté de devoir dire que ses efforts n’avaient pas rencontré les faveurs de l’Union européenne. 

En lieu et place, a-t-il dit, nous avons assisté à une expansion de l’OTAN, « source de tensions sans précédent » en Europe.  M. Iliichev s’est déclaré convaincu que c’est le refus de la proposition russe d’un « traité de sécurité européenne », il y a quelques années, qui a conduit à l’émergence de conflits, en particulier en Ukraine. 

Rappelant que les Accords de Minsk sont la seule base sur laquelle ce conflit pourra être réglé, le représentant s’est désolé de la mauvaise volonté de Kiev à les mettre en œuvre, face à laquelle l’Allemagne, la Pologne et la France auraient selon lui « fermé les yeux », provoquant un bouleversement pour les populations civiles. 

« Il n’y a pas d’alternative aux Accords de Minsk », a tranché le délégué russe, qui a insisté pour que Kiev les applique, alors que le Ministre des affaires étrangères ukrainien n’en aurait même pas fait mention dans sa déclaration d’aujourd’hui.  

Il s’est ensuite prononcé contre l’entrée du Kosovo à l’ONU, avant de demander la fin du « protectorat » en Bosnie-Herzégovine que représenterait pour la Fédération de Russie le Haut-Représentant de l’Union européenne. 

S’il s’est félicité de la reprise des négociations dans le cadre du format « 5+2 » en Transnistrie, le représentant a en revanche estimé que le conflit en Caucase s’était achevé en 2008, avec la création de « deux jeunes républiques ».  Il a encouragé à la « normalisation » des relations avec celles-ci. 

Considérant enfin que le conflit au Nagorno-Karabakh était le plus « compliqué et destructeur », il a en conclusion appelé ses collègues à rechercher des solutions mutuellement acceptables en Europe. 

Le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine a brièvement repris la parole, après l’intervention du représentant russe, pour indiquer que l’analogie faite par ce dernier entre la situation au Donbass et celles à Chypre et à Taïwan montrait bien les intentions de la Fédération de Russie.  « Nous réagirons plus tard », a-t-il dit.

M. LIU JIEYI (Chine) a souligné la communauté d’intérêts partagée par les pays européens.  Il a appelé ces derniers à privilégier les échanges gagnant-gagnant, en donnant la priorité au développement et à la paix.  Le délégué a défendu un règlement pacifique des différends, conformément à la Charte des Nations Unies, et a demandé des solutions justes.

Les pays de la région doivent participer activement aux efforts de paix et de médiation, a-t-il déclaré.  Il a souligné la nécessité de respecter la diversité des civilisations et appelé les pays européens à promouvoir le dialogue avec d’autres civilisations. 

Le représentant a appelé au renforcement de la coopération entre le Conseil et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Union européenne, ces deux dernières organisations disposant d’une riche expérience dans le domaine du règlement des conflits. 

Enfin, le délégué a mis en garde contre l’imposition unilatérale de volonté d’un pays sur un autre, avant d’insister sur l’importance pour la Chine d’un partenariat fort avec les pays européens.

« Même si nous ne sommes pas experts des questions européennes, a dit M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie), l’histoire nous a montré que la paix et la sécurité en Europe avaient toujours eu un impact majeur sur la paix et la sécurité dans le monde. »  Dans ce contexte, il a exhorté les Nations Unies à travailler étroitement avec l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour construire la confiance nécessaire à la consolidation de la paix sur le continent. 

Néanmoins, il a relevé que l’Europe ne pouvait pas faire face toute seule à des défis comme le ralentissement de l’économie mondiale, la crise des réfugiés, le terrorisme international et la résurgence des populismes.  C’est pourquoi, il a estimé que l’approche multilatérale et la coopération et les partenariats entre les organisations régionales étaient décisifs. 

Il a précisé que les institutions européennes appuyaient de nombreux processus de maintien de la paix et de la sécurité sur le continent africain.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a souligné la détermination de son pays à régler par des moyens légaux et pacifiques les différends en Europe et à appuyer la souveraineté des États et l’inviolabilité des frontières.  Seule une solution politique préservant la souveraineté de l’Ukraine permettra de régler le conflit actuel dans ce pays, a-t-il dit.  Il a défendu un dialogue constructif entre les parties et appuyé les efforts en vue de la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk.

S’agissant du conflit en Transnistrie, M. Cardi s’est prononcé en faveur d’un règlement pacifique, basé sur le respect de la souveraineté de la République de Moldova, et d’un statut spécial pour la Transnistrie.  Le délégué a réitéré l’engagement de l’Italie en faveur de l’intégrité territoriale de la Géorgie et d’une solution pacifique pour le Nagorno-Karabakh.

Il a appelé les dirigeants des Balkans occidentaux à éviter toute rhétorique incendiaire et à promouvoir, avec l’appui ferme de l’Union européenne, la stabilité dans la région.  Estimant qu’un règlement à Chypre était à portée de main, le délégué a exhorté les parties à œuvrer de manière responsable pour que ce règlement devienne réalité.

Enfin, il a appelé tous les membres de ce Conseil à encourager l’instauration d’une paix durable en Europe et estimé que l’Union européenne était le moteur le plus puissant de la paix sur le continent.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déclaré que les progrès attendus avec la création de l’Union européenne n’avaient pas été accomplis, comme en témoignent les situations dans les Balkans occidentaux, en Ukraine, en Transnistrie et ailleurs.  Il a salué les efforts déployés par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour ramener la stabilité dans un certain nombre de « points chauds », en recourant à la diplomatie préventive et aux efforts de médiation. 

Le représentant a appelé tous les États concernés à faire preuve de volonté politique pour régler pacifiquement leurs différends, en particulier pour trouver une solution en Ukraine en appliquant les Accords de Minsk.  Il a tout particulièrement souligné pour les parties la nécessité de s’engager en faveur d’un cessez-le-feu, de retirer les armes lourdes de la ligne de contact et d’organiser des élections dans le Donbass. 

Enfin, à Chypre, le délégué a estimé qu’il fallait venir à bout des « arrangements sécuritaires obsolètes » qui ne reflétaient plus la situation sur le terrain aujourd’hui.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a déclaré que les frontières en Europe étaient menacées comme jamais depuis la fin de la guerre froide, comme le montre la situation en Ukraine.  La Russie a montré son mépris pour la souveraineté de l’Ukraine, en annexant la Crimée et en appuyant les éléments séparatistes.  La Fédération de Russie continuera d’être frappée de sanctions, tant qu’elle ne respectera pas la souveraineté de l’Ukraine et ne mettra pas en œuvre les Accords de Minsk, a-t-il dit.  « Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à ce conflit », a-t-il déclaré.

Le délégué a souligné que la situation en Géorgie, s’agissant notamment de l’Abkhazie, n’était toujours pas résolue.  Il est plus que temps de trouver un règlement en République de Moldova, basé sur le respect de sa souveraineté, et qui prévoirait l’octroi d’un statut spécial pour la Transnistrie, a-t-il jugé.

Le Royaume-Uni continuera de promouvoir la paix en Europe, par le biais de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du Conseil, a-t-il affirmé. 

Il a insisté sur l’engagement de son pays d’allouer 2% de son budget à la défense et invité les autres pays de l’OTAN à en faire de même.  L’OTAN a réagi de manière globale et mesurée à la provocation de la Russie, a-t-il dit. 

En conclusion, M. Rycroft a affirmé que son pays ne reconnaîtrait jamais l’annexion illégale de la Crimée.

M. KORO BESSHO (Japon) a estimé qu’en dépit de progrès, l’Europe était toujours le théâtre de conflits gelés ou actifs, des conflits alimentés par des tensions interethniques anciennes qui ont pu être précipités par des violations des principes de la Charte des Nations Unies et de l’Acte final d’Helsinki. 

Il s’est dit préoccupé par la récente détérioration de la situation dans l’est de l’Ukraine, un conflit qui a causé la mort de 10 000 personnes jusqu’à présent.  Après avoir demandé la mise en œuvre complète des Accords de Minsk, il a exprimé son opposition à l’annexion de la Crimée et à toute modification des frontières de l’Ukraine illégale ou par la force. 

Face aux menaces qui pèsent sur l’Europe, a ajouté le Japon, les organisations régionales et sous-régionales telles que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Union européenne doivent jouer un rôle significatif dans la résolution des conflits et renforcer leur coopération avec l’ONU. 

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ (Hongrie) a reconnu que ce ne sont pas seulement les Européens qui peuvent résoudre les conflits.  Ces conflits pourraient être résolus, à son avis, si des changements intervenaient dans les relations entre les États-Unis et la Fédération de Russie.  Il n’y aurait pas eu d’accord avec la République islamique d’Iran, a-t-il cité en exemple, si ces deux pays n’avaient pas été du même côté de la table des négociations. 

Il a plaidé en faveur d’une coopération renforcée entre les pays pour prévenir les crises.  Il a dit attendre avec impatience la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk, la seule façon selon lui de mettre un terme au conflit en Ukraine.  Il a souhaité arriver à une stabilité dans la région des Balkans, qui passe par l’intégration européenne des pays de cette région.

« Les conflits gelés en Transnistrie et au Nagorno-Karabakh, l’intervention militaire en Géorgie, l’influence croissante dans les Balkans occidentaux, l’agression contre l’Ukraine, avec l’annexion illégale de la Crimée, ne sont pas des cas isolés mais constituent un mode de comportement de la part de l’un des Membres fondateurs de l’ONU dans son voisinage dans le but de redessiner les frontières européennes », a affirmé M. LINAS ALTANAS LINKEVIČIUS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie.

Le Ministre a accusé la Fédération de Russie de soutenir les éléments séparatistes en Transnistrie, d’alimenter la course aux armements entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au Nagorno-Karabakh, d’empêcher l’intégration euro-atlantique des pays des Balkans occidentaux  et de violer les principes du droit international en Géorgie, avec « l’annexion rampante » de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.  En Ukraine, il a plaidé pour le retrait des troupes russes et le retour du contrôle des autorités ukrainiennes sur les frontières.

Le Ministre a défendu, pour régler les « défis considérables » de l’Europe, un rôle robuste du Conseil.  « En dépit de sa fréquente inaction en raison du veto russe, le Conseil devrait accorder une plus grande attention aux conflits de longue date en Europe parce qu’ils peuvent s’aggraver et menacer la stabilité de toute la région. »

Il a souligné l’importance du rôle des organisations régionales et sous-régionales, telles que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dans le règlement des conflits en Europe, avant d’appeler à une redéfinition du rôle de l’OSCE en Ukraine, avec notamment la création d’une mission de sécurité en lien avec les élections locales.

En conclusion, rappelant les sanctions prises par l’Union européenne contre la Russie, le Ministre lituanien s’est dit en faveur d’un partenariat global entre l’ONU et l’Union européenne.

M. MIKHEIL JANELIDZE, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a dit que l’Europe avait été le témoin et la victime, notamment dans son pays et en Ukraine, du non-respect par un membre permanent du Conseil de sécurité de l’architecture de paix et de sécurité internationales.  Il a rappelé que depuis 2008, le Conseil de sécurité avait adopté 39 résolutions sur le conflit en Géorgie appelant au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays.

Il a jugé indispensable de garantir le droit au retour des personnes déplacées lors de l’intervention militaire russe en Abkhazie et en Ossétie du Sud.  Il a appelé la Fédération de Russie à respecter les accords de cessez-le-feu du 12 août 2008 et à assurer l’accès aux mécanismes de contrôle internationaux.

La Géorgie s’est engagée depuis longtemps dans une politique constructive et pacifique de réconciliation et de confiance, a-t-il dit, soulignant que le pays a respecté son engagement unilatéral de non-recours à la force, lequel n’a jamais été réciproque.

Depuis 2012, le Gouvernement de la Géorgie cherche à améliorer ses relations avec la Fédération de Russie en adoptant des mesures constructives et pratiques.  Il a instauré un dialogue sur les questions liées au commerce, aux transports, aux relations entre les peuples, visant à atténuer les tensions, ce qui a donné des résultats positifs.  De même, la Géorgie œuvre de façon constructive sous la forme de discussions internationales de Genève, ouvertes à des négociations constructives.

Malgré tout cela, la Fédération de Russie poursuit une politique qui vise l’annexion factuelle dite des régions géorgiennes de l’Abkhazie et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud par des accords illégaux d’intégration signés avec les autorités de facto des régions, a-t-il affirmé.

La Géorgie demande donc à la Fédération de Russie de cesser sa politique illégale, de respecter les obligations internationales, y compris l’accord de cessez-le-feu du 12 août 2008 et d’accorder l’accès aux mécanismes internationaux de surveillance, de faciliter la création de dispositifs internationaux de sécurité et de permettre le retour de centaines de milliers de déplacés internes et de réfugiés qui ont été expulsés de force de chez eux.

Mme ZDRAVKA BUŠIĆ, Secrétaire d’État aux affaires politiques de la Croatie, a rappelé que l’Europe du Sud-Est avait été dans les années 90 le théâtre de confits sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale puis le siège des plus importantes opérations de maintien de la paix.  S’appuyant sur cette expérience, elle a dit qu’un mandat clair et précis était la clef du succès d’une opération de maintien de la paix et que le strict respect du droit international était essentiel. 

En outre, la Ministre de la Croatie a dit l’importance de la diplomatie préventive, en notant qu’elle avait lamentablement échoué dans le contexte de la guerre en Yougoslavie.  Ainsi, elle a particulièrement souligné le caractère décisif d’une approche sur mesure des régimes de sanctions.  Citant les massacres de civils perpétrés en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, « que les Casques bleus ont été incapables de prévenir », Mme Bušić a affirmé que l’ONU ne pouvait plus se cantonner à une conception traditionnelle de la protection des civils. 

Mme Bušić, dont le pays est devenu membre de l’Union européenne en 2013, a dit l’importance du renforcement des institutions et de l’état de droit afin que les animosités du passé soient remplacées par la coopération transfrontalière, source de vraie réconciliation. 

Elle a particulièrement salué la coopération de l’Union européenne avec les Nations Unies dans le contexte de la mise en place de la force multinationale de stabilisation de l’Union européenne, EUFOR ALTHEA, qui joue le rôle principal dans la stabilisation de la paix s’agissant des aspects militaires de l’Accord de paix en Bosnie-Herzégovine. 

Par ailleurs, elle a estimé que la communauté internationale disposait des outils et de l’expérience nécessaires pour atténuer la crise en Ukraine et s’assurer que l’histoire et le passé ne s’y répètent pas.     

M. LILIAN DARII, Vice-Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la République de Moldova, a relevé que certains conflits, comme celui qui fait rage depuis 25 ans dans son pays, continuaient de faire des ravages sur le plan économique.  Il a dénoncé les violations de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États Membres en demandant au Conseil de sécurité de faire respecter les normes de droit international. 

Le Vice-Ministre a remarqué que certaines entités sécessionnistes poursuivaient des objectifs qui dérivent d’enjeux plus vastes.  Selon certains, a-t-il noté, le conflit en Transnistrie, en République de Moldova, serait le plus facile à régler.  Or, « la solution continue de nous échapper », a-t-il noté. 

M. Darii a salué les efforts des médiateurs, à savoir l’Ukraine et la Russie, ainsi que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), les observateurs et l’Union européenne, pour leurs efforts sans relâche pour tenter de parvenir à une solution politique à ce conflit.

M. ANDRIS PELŠS, Vice-Secrétaire d’État auprès du Ministère des affaires étrangères de la Lettonie, a dit que la persistance de situations conflictuelles au Nagorno-Karabakh, en Transnistrie, en Géorgie, en Ukraine ou encore à Chypre montrait que l’heure n’était pas à l’autosatisfaction en Europe en matière de paix et de sécurité.  Il a dit que la violation flagrante du droit international posait un défi important pour la Charte des Nations Unies. 

Avec l’invasion d’une partie de la Géorgie en 2008 et de l’Ukraine en 2014, il a jugé urgent que la communauté internationale revienne aux règles qui gouvernaient la sécurité en Europe.  « Il faut que les conséquences soient claires pour les agresseurs », a dit M. Pelšs avant de préciser que les titulaires du droit de veto ne disposaient pas seulement d’un privilège mais d’une responsabilité de préserver la paix pour tous.    

M. Pelšs a appelé à soutenir et à poursuivre les efforts de médiation en cours au sein du format Normandie en faveur de la mise en œuvre pleine et entière des Accords de Minsk pour préserver l’est de l’Ukraine de la destruction.

M. ALTAI EFENDIEV, Secrétaire général de l’Organisation pour la démocratie et le développement économique (GUAM), a indiqué que son organisation fêtait cette année son vingt-cinquième anniversaire.  Il a expliqué qu’elle œuvre en faveur de la promotion du développement, du commerce, du transport, de la culture et du tourisme dans la région de la mer Noire et de la mer Caspienne. 

Il a regretté les conflits qui touchent des millions de personnes dans la région (Azerbaïdjan, Géorgie, République de Moldova et Ukraine) et a prôné un règlement pacifique.  Il a souligné le rôle important des mécanismes de médiation internationale pour garantir une sécurité complète et durable en Europe. 

La communauté internationale, a-t-il ajouté, doit se montrer unie pour restaurer l’intégrité territoriale des membres du GUAM, pour arriver à libérer les territoires occupés et assurer les droits fondamentaux des personnes déplacées et des réfugiés. 

M. GERNOT ERLER (Allemagne) a appelé l’ONU et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à s’imposer comme les acteurs majeurs de la paix en Ukraine, en Géorgie, en République de Moldova et au Nagorno-Karabakh.  

Il a précisé  que l’Allemagne, dans le cadre de son rôle de président de l’OSCE pour 2016, avait mis l’accent sur la prévention des conflits en Europe.  Même si l’OSCE est bien équipée pour maintenir la paix et la sécurité, le représentant de l’Allemagne a estimé qu’il fallait donner à cette organisation régionale un statut juridique international pour lui permettre de réaliser son plein potentiel en la matière. 

En 2014, l’expression « conflits en Europe » a pris un nouveau sens avec la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a regretté le représentant de l’Allemagne.  À cet égard, il a estimé que la médiation en cours au sein du format Normandie dirigé par la France et l’Allemagne en faveur de la mise en œuvre pleine et entière des Accords de Minsk était la meilleure feuille de route pour parvenir à la paix en Ukraine.  

M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a déclaré que l’annexion illégale de la Crimée par la Fédération de Russie et le conflit dans l’est de l’Ukraine avaient provoqué une crise majeure en Europe.  Pour la Suisse, une volonté politique accrue est indispensable pour mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre du Groupe de contact trilatéral de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du format Normandie, y compris ceux convenus à Munich le 18 février dernier. 

Après s’être félicité des efforts entrepris par la communauté internationale, notamment l’OSCE, pour mettre fin aux conflits dans le Nagorno-Karabakh, en Transnistrie, et pour atténuer les tensions entre Belgrade et Pristina, le représentant a tenu à souligner quatre éléments que l’ONU peut offrir pour résoudre les conflits en Europe. 

Le premier, c’est la notion de « pérennisation de la paix », qui offre une nouvelle approche complète pour le traitement des conflits, également applicable à l’Europe, la paix durable englobant l’intégralité du cycle des conflits.  Le deuxième élément, a poursuivi le délégué, c’est que l’ONU est la mieux placée pour offrir des expériences globales en matière de pérennisation de la paix, qui pourraient être bénéfiques à l’Europe. 

Dès lors, il faut promouvoir un partenariat entre l’ONU et les organisations régionales dans le domaine du développement de capacités de médiation.  Troisièmement, l’ONU possède une vaste expérience en matière d’aide aux personnes touchées par des conflits armés, a-t-il dit.

Enfin, le délégué a insisté sur l’expérience de l’ONU dans les domaines de l’alerte précoce et du déploiement de missions politiques spéciales.  L’OSCE pourrait bénéficier de cette expérience, a-t-il conclu.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a remarqué que de terribles guerres sur le territoire européen avaient commencé par des conflits mineurs.  Notant que la stabilité dans les Balkans était difficile à atteindre, il a exprimé son ferme engagement en vue de préserver la stabilité en Bosnie-Herzégovine, tout en protégeant les droits de toutes les entités.  Il a demandé d’examiner les tensions récentes dans le contexte de la mise en œuvre de l’accord-cadre pertinent. 

M. Vieira a estimé que la résolution 1244 (1999) était le cadre idoine pour un règlement négocié permettant de réduire les tensions au Kosovo.  À son avis, une solution peut être atteinte sous l’égide du Conseil de sécurité et avec l’appui de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et d’organisations régionales.  Il a donc encouragé la poursuite du dialogue entre Belgrade et Pristina. 

Le représentant a ensuite réitéré son appui aux Accords de Minsk et exhorté les parties à les mettre pleinement en œuvre.  Il a aussi espéré que le conflit en Géorgie serait résolu le plus rapidement possible, tandis qu’il a appuyé le règlement pacifique au conflit du Nagorno-Karabach.

Concernant Chypre, il a apprécié la reprise des négociations diplomatiques entre les parties et a appelé celles-ci à faire preuve de souplesse.

M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a appelé à cesser de s’appuyer sur des mécanismes traditionnels qui ne sont plus à la hauteur des ambitions communes en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a jugé important de revenir à plus d’équité entre les États Membres. 

Il a exhorté les grandes puissances du monde à trouver le courage d’initier un nouveau dialogue entre elles, en estimant que « l’humanité et la compassion » devaient être les bases de la coexistence future des États.  « Nous devons parler des vraies causes des conflits pour les surmonter et nous abstenir de propagande médiatique contreproductive », a insisté le représentant du Bélarus, qui a jugé important de nouvelles règles tenant compte de la réalité du nouveau monde multipolaire.  

« Nous devons trouver une solution au conflit en Ukraine », a martelé M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), en rappelant que « nous sommes témoins d’une modification de frontière par la force pour la première fois en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».  Il a appelé la Fédération de Russie à retirer ses forces de la Crimée afin de permettre à l’Ukraine de restaurer sa souveraineté sur ce territoire.     

« Nous devons également faire face à cette réalité en Europe.  Les conflits permanents et prolongés en Europe posent un risque pour la stabilité et la sécurité dans la région et aussi dans le monde.  Ils entravent le développement socioéconomique des pays et des régions, empêchent la pleine jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales. »

Selon le délégué, des organisations régionales, en particulier l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont également un rôle crucial à jouer.  L’ordre de sécurité en Europe a été endommagé mais pas démantelé.  Le système existant fonctionne, à condition que tous les États participants adhèrent aux principes et aux engagements sur lesquels ils reposent.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, du Saint-Siège, a souhaité que toute initiative de maintien de la paix et de la sécurité internationales soit mue par des considérations humanitaires, à savoir la protection de la vie humaine, la garantie de conditions de vie adéquates, et l’atténuation de la souffrance.  Il faut éviter toute mesure qui peut déstabiliser un pays voisin, a-t-il demandé. 

Il a exprimé ses préoccupations, sachant qu’après les tragédies de deux guerres mondiales et les progrès en matière d’intégration européenne, ce continent continue d’être le terrain de conflits.  Il s’est inquiété de la situation en Ukraine et a demandé de prendre les mesures nécessaires pour mettre en œuvre le cessez-le-feu et les mesures convenues. 

Il a appelé à respecter la légalité internationale en ce qui concerne les frontières et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, avant de mettre l’accent sur la protection des civils et sur une solution négociée. 

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a appelé à rejeter catégoriquement l’usage de la force d’un pays contre un autre en soulignant que l’inviolabilité des frontières était un pilier de la Charte des Nations Unies et de l’Acte final d’Helsinki.  Rappelant que 10 000 personnes avaient été tuées dans l’est de l’Ukraine depuis 2014 où 3,8 millions de personnes avaient besoin d’aide, le représentant de la Pologne a exhorté la Fédération de Russie à utiliser toute son influence sur les séparatistes. 

Il a estimé que le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine était aujourd’hui au cœur des objectifs de paix et de sécurité en Europe.  Il a souligné le rôle important de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en matière de gestion des situations de conflit en estimant qu’une présence internationale accrue dans le Donbass permettrait d’améliorer la situation. 

Par ailleurs, il a dit que le privilège du veto au Conseil de sécurité devait s’accompagner d’une responsabilité particulière en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale. 

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a rappelé que les revendications arméniennes sur le Nagaro-Karabakh en Azerbaïdjan en 1991 avaient mené à une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.  Il a précisé que serait marqué cette année le vingt-cinquième anniversaire d’un massacre de civils commis par les Arméniens dans la nuit 25 au 26 février 1992 lors de la prise de la ville de Khodjali. 

Il a dénoncé l’absence de volonté de l’Arménie de dialoguer et de régler le conflit politiquement.  Il a jugé inacceptable la volonté de l’Arménie d’organiser un référendum constitutionnel dans le Nagorno-Karabakh occupé et l’absence de respect par l’Arménie de la toponymie et des noms géographiques convenus aux Nations Unies. 

Il a estimé que le respect du droit international exigeait que les forces arméniennes se retirent sans concession de tous les territoires occupés en Azerbaïdjan. 

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a remarqué que le conflit au Nagorno-Karabach continuait à être le principal obstacle à la stabilité dans le Caucase du Sud.  La situation en Ukraine constitue aussi un défi à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il noté, avant d’appeler à trouver une solution à ce conflit et à l’annexion illégale de la Crimée que la Turquie ne reconnait pas.  Il a accordé une attention particulière à la sécurité des Tatars de Crimée.  La communauté internationale doit rester vigilante quant aux défis potentiels dans la région, a-t-il recommandé.

Le représentant a aussi appuyé le maintien de la sécurité en Géorgie.  Il s’est par ailleurs félicité des progrès accomplis dans le règlement à Chypre, souhaitant une solution négociée pour arriver à une fédération bicommunautaire.  

En tant que membre du mouvement « Unis pour le consensus », il a appelé à la réforme du Conseil de sécurité pour élargir le nombre de membres élus, avant de réclamer aussi l’utilisation restreinte du droit de véto. 

M. GEIR PEDERSEN (Norvège), parlant au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Suède et Norvège), a fait remarquer l’architecture solide dont s’est dotée l’Europe pour la sécurité, avec l’Union européenne, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et le Conseil de l’Europe, souhaitant que l’ONU coopère étroitement avec ces partenaires pour traiter des conflits en cours et en prévenir de futurs. 

Il a souligné le problème majeur auquel l’Europe fait néanmoins face à cause de l’agression de l’Ukraine par la Russie.  Il a appuyé les efforts fournis par le format Normandie pour la mise en œuvre des Accords de Minsk. 

Le représentant a aussi appelé à laisser fonctionner les mécanismes internationaux des droits de l’homme en Géorgie, regrettant, par exemple, que la Mission de l’ONU dans ce pays (MONUG) ait dû se retirer en Abkhazie.  Il a appelé à respecter pleinement les résolutions du Conseil de sécurité sur le Nagorno-Karabach.

Quant à la situation à Chypre, il a félicité le Secrétaire général de la priorité qu’il accorde à la diplomatie pour la paix.  Il a aussi plaidé en faveur de la coopération régionale pour contribuer au règlement des conflits, avant de citer le rôle crucial des femmes dans les discussions sur la paix et la sécurité.

M. GEORG SPARBER (Liechtenstein) a dit que l’Union européenne restait un formidable acteur de la paix et de la stabilité.  Néanmoins, il s’est inquiété de la remise en cause d’arrangements sécuritaires agréés de longue date et de la multiplication des postures dures et des discours nationalistes. 

Il a appelé à un cessez-le-feu renforcé en Ukraine sous la supervision de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Il a espéré que le Conseil de sécurité apporterait un appui politique fort à l’OSCE pour lui permettre de mener à bien la mise en œuvre des Accords de Minsk.

Le représentant du Liechtenstein à exhorter l’Europe à se rappeler de son histoire et à lutter contre l’autoritarisme et l’isolationnisme.     

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a déploré que le Conseil de sécurité n’ait pas pu s’entendre sur une déclaration commune rendant hommage à la mémoire de l’Ambassadeur russe Vitaly Churkin.  Il a regretté la persistance de concepts impérialistes et l’ingérence des États membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). 

Il a fustigé en particulier l’attitude d’un pays qui se livre à des conquêtes de territoires et à l’imposition de modèles culturels qui répondent à ses intérêts propres.  Il a salué l’importance de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui joue un rôle de premier plan en matière de maintien de la paix en Europe grâce  au principe de consensus qui guide ses travaux.   

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a indiqué que le conflit au Nagorno-Karabakh était la lutte du peuple du Nagorno-Karabakh pour la liberté et l’autodétermination et contre une injustice historique commise dans les années 1920 et les discriminations perpétrées par l’Azerbaïdjan.  C’est la lutte pour la survie d’un peuple confronté à une agression grave, la guerre et le nettoyage ethnique, du fait de l’Azerbaïdjan, a-t-il dit.

Il a affirmé que le régime azerbaidjanais violait les droits de l’homme, étouffait les aspirations à la liberté et glorifiait des figures telles que Ramil Safarov qui, en 2004, a tué à coups de hache un officier arménien dans son sommeil.  Il a jugé que l’agression de l’Azerbaïdjan en avril 2016 attestait de l’urgence d’appuyer le processus de paix sous les auspices de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Estimant que les accords de cessez-le-feu de 1994/1995 étaient au fondement de toute cessation des hostilités, le délégué a enjoint l’Azerbaïdjan à mettre en œuvre ces accords afin de promouvoir la paix.  L’Azerbaïdjan devrait cesser de cultiver la haine des Arméniens et promouvoir la paix, a-t-il dit, en exhortant ce pays à mettre en œuvre les principes avancés par le Groupe de Minsk de l’OSCE.

En conclusion, il a rappelé que le Groupe était la seule enceinte de négociation agréée en vue du règlement de la situation au Nagorno-Karabakh.

Mme ILEANA DINCULESCU (Roumanie) a appelé à la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk pour aboutir à une paix durable en Ukraine et appuyé la souveraineté et l’indépendance de ce pays.  Le respect du droit international doit être l’élément essentiel de toute approche visant à régler les conflits de longue date dans la région autour de la mer Noire, que cela soit en République de Moldova, en Géorgie ou ailleurs, a-t-elle affirmé.

Soulignant l’importance pour son pays d’une résolution du conflit en Transnistrie, la déléguée a indiqué que le format « 5+2 » était le seul à même d’aboutir à une solution politique, négociée et durable, tout en respectant la souveraineté de la République de Moldova.

En conclusion, Mme Dinculescu a souligné la détermination de son pays à rechercher des solutions politiques aux conflits en Europe.

Mme BLOKAR DROBIC (Slovénie) a appelé à renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales pour favoriser la résolution des conflits.  À cet égard, elle a notamment souligné l’importance de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur le continent européen. 

Elle a salué l’initiative et le rôle de l’Allemagne et de la France pour favoriser le dialogue et la gestion de la crise ukrainienne.  Elle s’est félicitée de l’organisation de pourparlers directs entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. 

Mme CAITLIN WILSON (Australie) a dit que l’Union européenne avait démontré que la coopération était plus productive que le nationalisme.  Elle a dénoncé l’annexion illégale de la Crimée et une agression qui a déjà fait 10 000 morts dans l’est de l’Ukraine. 

Elle a appelé à traduire en justice les responsables du tir qui a abattu le vol MH17 de la Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine.  Elle a salué la volonté affichée par le nouveau Secrétaire général de renforcer la mise en œuvre de l’Article 99 de la Charte des Nations Unies.  

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a souligné l’importance du partenariat entre le Canada et l’Union européenne et s’est félicité de la récente conclusion des accords commerciaux entre les deux partenaires.  Il a salué les efforts de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour promouvoir la paix en Ukraine, avec le déploiement de la Mission spéciale d’observation dans ce pays.

Le Canada ne reconnaîtra jamais l’annexion illégale de la Crimée par la Fédération de Russie, qui a ravivé les tensions, a-t-il dit.  Il a précisé que les sanctions visant la Russie étaient liées à la pleine mise  en œuvre des Accords de Minsk, avant de souligner l’importance de préserver l’indépendance de la Géorgie.  

Le délégué a estimé qu’un règlement de la situation à Chypre était à portée de main.  La sécurité du Canada est inextricablement liée à la paix en Europe, a conclu M. Blanchard.

M. MICHAEL MAVROS (Chypre) a rappelé que son pays était à l’ordre du jour du Conseil de sécurité depuis 1963, estimant que la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) était un exemple en matière de rapport coût efficacité, mais aussi une mission pionnière en matière de parité entre les sexes.

Il a dit que le processus de négociation avait atteint une étape critique pour la programmation d’une conférence sur Chypre sous les auspices du Secrétaire général destinée à faire face à tous les aspects internationaux du problème.  À ce titre, il a notamment cité la question de la sécurité avec le retrait des troupes étrangères et l’abolition du système « anachronique » des garanties.  Il a espéré que toutes les parties concernées feraient preuve de l’engagement politique nécessaire à des progrès durables.

M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a rappelé qu’en Europe, il avait été possible de prendre la mesure de la contribution significative que les organisations régionales peuvent jouer dans l’atténuation des tensions et la promotion de la paix et de la sécurité.  Il en a voulu pour preuve l’action de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans l’est de l’Ukraine, ainsi que le soutien de l’Union européenne aux négociations en cours à Chypre. 

Le représentant a exhorté les parties à permettre à l’OSCE d’assumer pleinement ses responsabilités afin d’établir un cessez-le-feu, et à remplir leurs obligations au titre des Accords de Minsk.  Il a enfin réitéré le soutien de son pays à l’intégrité territoriale de la Géorgie et de l’Ukraine. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a dénoncé la banalisation de la guerre opérée par certains acteurs, y voyant là un outrage insupportable aux idéaux de la Charte des Nations Unies et une véritable « mystification ».  « Le recours à la guerre n’apporte pas des solutions durables mais, au contraire, accentue les crises et crée de nouvelles menaces. »

Estimant que renoncer à la guerre signifiait mettre la volonté politique au service de la paix, le délégué a affirmé que l’Union européenne était l’un des succès les plus aboutis du volontarisme politique.  Il a également salué l’importance de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour la promotion de la stabilité en Europe.  

Il a ensuite mentionné la « doctrine Harmel », du nom de l’ancien Ministre des affaires étrangères Pierre Harmel, élaborée il y a 50 ans, qui prônait à la fois le dialogue et la fermeté quant à la nécessité de défendre les valeurs de l’Europe.  Cette doctrine reste pertinente et il importe de dépasser le cadre strict de la défense militaire pour développer également une approche politique dynamique, a-t-il conclu.

Mme MURNI ABDUL HAMID (Malaisie) a rappelé que, si l’Europe n’avait plus été le théâtre de conflits comparables aux deux guerres mondiales, la multiplication de conflits gelés et la récente émergence de crises dans la région n’en étaient pas moins préoccupantes, « en particulier lorsque de grandes puissances sont impliquées ».

Les conflits dans l’est de l’Ukraine et en Crimée, en particulier, posent un défi aux principes mêmes de la Charte des Nations Unies.  « De plus, ce qui a débuté comme un conflit en Europe a connu une escalade et touché des pays éloignés comme la Malaisie, avec la destruction choquante du vol MH17 de la Malaysia Airlines en juillet 2015, une tragique conséquence de la crise ukrainienne », a souligné la représentante. 

La Malaisie estime que ce n’est pas le manque de mécanismes qui est en cause, que ce soit au plan international ou régional, mais la volonté politique des parties au conflit, a ajouté Mme Hamid.

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a indiqué que la priorité de son pays était la recherche d’une solution politique à la question du Kosovo et de Mitrovica.  « Nous bénéficions de l’appui de nombreux pays qui refusent d’accepter la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo qui pose une menace sérieuse à l’ordre juridique international », a-t-il dit.  Il a estimé que le maintien de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), avec un effectif inchangé, était de la plus haute importance pour promouvoir la stabilité et créer les conditions propices à un règlement durable de la question du Kosovo et de Mitrovica.

La Serbie, qui est déterminée à mettre en œuvre les accords conclus avec Pristina, attache la plus haute importance à la création d’une communauté de municipalités serbes, a-t-il dit.  Il a mis en garde contre tout changement de position vis-à-vis de la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo qui pourrait saper le dialogue entre Belgrade et Pristina.

M. Milanović a apporté l’appui de la Serbie à la stabilité de la Bosnie-Herzégovine et promis une coopération accrue avec ce pays et un enrichissement de la « relation spéciale » nouée avec la Republica Srpska.  « Nous pensons que le respect de la mémoire des victimes de Srebrenica, ainsi que les personnes qui ont perdu la vie en Bosnie-Herzégovine et dans la région, est un devoir sacré. »

En conclusion, le délégué a affirmé que son pays n’oubliait pas ses victimes et comptait que celles-ci soient honorées mais tendait « une main amie » pour parvenir à la paix dans la région.

M. ŽELJKO PEROVIĆ (Monténégro) a déclaré que l’un des derniers exemples en date de l’engagement proactif des organisations régionales en Europe était le dialogue facilité par l’Union européenne entre la Serbie et le Kosovo sur la normalisation des relations.  Aussi, a-t-il salué l’initiative de l’Union, qui rejoint la conviction profonde du Monténégro qu’il ne saurait y avoir d’alternative au dialogue dans la recherche des solutions. 

En outre, des Nations Unies plus fortes sont nécessaires pour relever les défis du monde d’aujourd’hui, a—t-il ajouté, avant de dire que l’Organisation doit user de tous les instruments à sa disposition pour travailler à l’émergence d’un monde qui réalisera paix, sécurité et développement. 

« La paix n’est pas l’absence de la guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une disposition pour la bienfaisance, la confiance et la justice », a déclaré M. KAREL J. G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas), faisant siens ces mots de Spinoza.  Il a souligné l’importance de la coopération multilatérale pour la stabilité en Europe et la prévention des conflits.

Il est revenu sur le rôle constructif joué par les missions mandatées par le Conseil à Chypre et au Kosovo, avant d’insister sur l’appui apporté par les organisations régionales telles que l’ONU, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l’Europe.

Le délégué a dénoncé les atteintes portées à la souveraineté de certains pays tels que la Géorgie et l’Ukraine.  L’ONU ne doit pas tolérer de telles atteintes, a-t-il affirmé.

En conclusion, le représentant a déclaré que la « disposition pour la bienfaisance, la confiance et la justice » devait être au cœur de l’état d’esprit de l’ONU, avant d’encourager l’Organisation à se concentrer davantage sur la prévention des conflits.

Mme BESIANA KADARE (Albanie) a déclaré que son pays n’avait jamais cessé de s’efforcer de faciliter la paix, la réconciliation et la coopération en Europe du Sud-Est.  Elle a estimé que le dialogue entre le Kosovo et la Serbie, sous les auspices de l’Union européenne, devait s’accélérer et conduire à la normalisation des relations entre les deux pays et s’achever par leur reconnaissance mutuelle et l’entrée du Kosovo aux Nations Unies. 

Après avoir lancé un appel en faveur de l’intégration des pays des Balkans dans l’Union européenne, sous peine de donner libre cours à des sentiments nationalistes et clivants, Mme Kadare a estimé qu’il fallait « jeter des passerelles, pas dresser des murs ». 

M. MUZAFFAR MADRAHIMOV (Ouzbékistan), au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a indiqué que l’OCI était un partenaire important de l’ONU pour la promotion de la paix et de la sécurité et la coopération dans les domaines des droits de l’homme et du développement.  

Il a rappelé la position de principe des pays de l’Organisation sur le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.  Ces pays réaffirment l’inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la force, demandent le retrait inconditionnel, complet et immédiat des forces armées arméniennes de la région du Nagorno-Karabakh et plaident pour un règlement du conflit sur la base du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, a-t-il dit.

Le délégué a enfin souligné l’importance que ce conflit soit inscrit tout en haut de l’ordre du jour de la communauté internationale afin d’aboutir à un règlement négocié.

M. GEORGI PANAYOTOV (Bulgarie) a estimé que les organisations régionales avaient démontré qu’elles peuvent jouer un rôle constructif dans la résolution des conflits.  Pour sa part, son pays est désireux de voir une issue pacifique au conflit en Ukraine, dans le respect de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale du pays et dans ses frontières internationalement reconnues. 

Le représentant a ensuite apporté son soutien aux négociations dirigées par les Coprésidents du Groupe de Minsk en faveur d’un règlement sans conditions préalables du conflit dans le Nagorno-Karabakh.  Dans ce conflit comme le précédent, la Bulgarie a plaidé en faveur du non-recours à la force et de l’amélioration de la situation sécuritaire et humanitaire des populations affectées. 

S’agissant de Chypre, M. Panayotov s’est félicité de l’alignement des efforts de Conseil de sécurité, de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) et des bons offices du Secrétariat de l’ONU pour faciliter le processus de paix sur l’île.

Reprenant la parole, le délégué de la Fédération de Russie a indiqué qu’il pensait que ce débat fournirait l’occasion de réfléchir aux solutions aux conflits en Europe et notamment à l’absence de volonté politique, dans le droit fil de la note de cadrage distribuée avant son début.  « Nous pensions que ce débat aurait été l’occasion pour Kiev de réfléchir au respect de ses engagements au titre des Accords de Minsk », a-t-il déploré.  Il a affirmé que le salut de l’Ukraine passait par la mise en œuvre desdits engagements.

Le délégué de l’Arménie a souligné la clarté du choix fait par le peuple du Nagorno-Karabakh.  Il a dénoncé les accusations perpétrées contre son pays par certaines délégations.  Il a dénoncé une affirmation de son homologue azerbaïdjanais relative au référendum qui s’est tenu hier dans le Nagorno-Karabakh.  

Il n’est pas étonnant qu’un pays qui méprise les droits de l’homme ne respecte pas les résultats de ce référendum, a-t-il dit.  Il a ajouté que le peuple du Nagorno-Karabakh ne saurait être privé du droit d’organiser un référendum.  Enfin, il a dénoncé la vision particulière de la démocratie de l’Azerbaïdjan.

Le représentant de l’Azerbaïdjan a rejeté les propos de l’Arménie, rappelant que le Conseil de sécurité avait par le passé adopté quatre résolutions demandant le retrait des forces arméniennes du territoire azerbaïdjanais.  « Ses tentatives futiles de réécrire le passé s’effondrent sur la toile de fond des faits, qui dépeignent une toute autre réalité », a estimé la délégation.  Il a également assuré que la position de l’Arménie était un défi à la prévention des conflits.

Le représentant de l’Ukraine a estimé que, depuis le début des années 90, la Fédération de Russie avait créé une « ceinture d’instabilité » qui s’étend de plus en plus à l’Ouest.  Selon lui, Moscou ne connaît pas de frontières.  Il a rappelé que, le 18 février dernier, des militants prorusses avaient pilonné des zones sous le contrôle de Kiev.  « Qui mine les Accords de Minsk? » a-t-il demandé, avant de dire que la délégation russe n’était pas en position de sermonner son pays.  

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