Entre volontarisme et découragement, la Troisième Commission débat du contrôle des drogues et de la prévention du crime
La Troisième Commission en charge des questions sociales, humanitaires et culturelles a débattu, aujourd’hui, du contrôle des drogues, de la prévention du crime et de la justice pénale. Derrière un volontarisme affiché, illustré par les bilans présentés, perçaient néanmoins parfois une forme de découragement face aux résultats, et beaucoup de craintes concernant la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
À l’ouverture de la réunion, le représentant du Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) s’est montré résolument constructif, rappelant que, depuis un an, son organisation avait regroupé et renforcé ses réponses en matière de contrôle des stupéfiants.
L’ONUDC a ainsi aidé les États Membres à mettre en œuvre les recommandations du document de clôture adopté après la session extraordinaire de l’Assemblée générale d’avril 2016. En outre, la Commission des stupéfiants a déjà adopté une résolution dans la perspective de 2019, date cible prévue par la Déclaration politique et le Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue adoptés en 2009.
Mais cette vision optimiste a été contestée par la représentante de la Colombie, pour qui les objectifs fixés ne pourront être atteints car ils partent du postulat d’un monde exempt d’abus de drogue. Elle a rappelé les propos du Président Juan Manuel Santos, pour qui « l’heure est venue d’accepter –avec réalisme– que tant qu’il y a consommation, il y aura une offre, et que la consommation ne va pas finir ». Un avis partagé par Cuba, dont la représentante a insisté sur la grande difficulté d’éliminer la production et le trafic de drogues dans les pays pauvres du Sud sans éliminer la demande dans le Nord développé.
Parmi la soixantaine de délégations qui ont pris la parole, peu ont préconisé la dérégulation ou la dépénalisation des drogues, à l’exception d’Israël, qui envisage de dépénaliser partiellement l’usage du cannabis en limitant à une amende la sanction des primo-consommateurs.
Au contraire, de nombreux pays ont vigoureusement rejeté tout accommodement, à l’image de la Chine, du Bélarus ou du Nicaragua. Quant à l’Union européenne, elle entend simplement veiller que les accords qui seront éventuellement conclus à l’occasion de l’examen en 2019 de la Déclaration politique et du Plan d’action de 2009 ne contreviennent pas à la mise en œuvre adéquate des recommandations issues de la Session spéciale de l’Assemblée générale d’avril 2016.
Confrontés à une crise de santé publique sans précédent due à l’utilisation d’opiacés et de drogues de synthèse, les États-Unis ont pour leur part appuyé fermement les programmes visant à une réduction de la demande de stupéfiants. Ils ont salué à cet égard les efforts de l’ONUDC visant à assurer un contrôle international des précurseurs chimiques utilisés pour produire ces substances.
Reconnaissant que l’apparition de nouvelles substances psychotropes, au nombre de 739 dans 106 États Membres pour la seule année 2016, représente un problème constant, le représentant de l’ONUDC a noté que le rapport de l’Office donnait une idée claire du commerce des drogues illicites et leurs mouvements. Il a aussi fait état d’efforts menés pour aider les agriculteurs concernés à changer de culture dans de nombreux pays, de l’Afghanistan au Myanmar ou en Amérique latine. À cet égard, le Pérou a fait état d’une amélioration du contrôle du marché légal de la feuille de coca ainsi que du renforcement du renseignement sur les drogues illégales.
Parmi les groupes régionaux, l’ASEAN a fait valoir l’adoption d’un plan de travail de 10 ans (2016-2025) pour préserver les communautés des drogues illégales, estimant avoir accompli des progrès notables en vue de rendre la région exempte de drogues, tandis que les États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) plaidaient pour une approche multisectorielle et une bonne coordination de la stratégie établie en 2016 par l’Assemblée générale.
Le Mexique a fait entendre une note discordante en estimant que la vision issue de la Session spéciale de l’Assemblée générale de 2016 impliquait une participation plus importante et une coordination plus étroite de toutes les agences du système des Nations Unies, dans le cadre tant de la réforme de l’ONU que de la réalisation des objectifs de développement durable.
Le représentant de l’ONUDC a répondu que le Programme 2030 reconnaissait des liens entre le développement durable, la criminalité et les stupéfiants. L’Office a également relevé qu’il avait aidé le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à comprendre ces liens et la nécessité de rapprocher la lutte contre le terrorisme et la criminalité des efforts menés pour parvenir à la paix et au développement.
À l’instar de nombreuses autres délégations, la Thaïlande a exprimé ses doutes quant à la mise en œuvre de cette stratégie, observant que le développement durable ne pourrait être pleinement réalisé si la criminalité persistait au sein d’une société sans justice. Soucieuse d’y remédier sur son territoire, elle a assuré qu’elle continuerait de promouvoir l’état de droit aux niveaux national et international en tant que partie fondamentale des efforts tendant à atteindre les objectifs de développement durable.
La plupart des délégations ont par ailleurs insisté sur la nécessité de mener la lutte contre la drogue -et la criminalité organisée qui en tire d’énormes revenus- en respectant les droits de l’homme.
Demain, jeudi 5 octobre, à 10 heures, la Troisième Commission entamera l’examen de la question de la promotion de la femme.
PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE (A/72/125 ET A/72/91)
CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES (A/72/225)
Déclaration liminaire
M. JEAN-LUC LEMAHIEU, qui s’exprimait au nom du Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a indiqué que, depuis un an, son organisme avait regroupé et renforcé ses réponses au défi extraordinaire que représente le trafic des stupéfiants. Nous avons aidé les États Membres à mettre en œuvre les recommandations du document de clôture adopté après la session extraordinaire de l’Assemblée générale d’avril 2016, a-t-il précisé, ajoutant que sept domaines thématiques ont été établis et une résolution a déjà été adoptée par la Commission des stupéfiants dans la perspective de 2019, date cible prévue par la Déclaration politique et le Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.
Depuis la dernière réunion en date, 23 pays ont bénéficié des services de l’ONUDC, lequel travaille étroitement avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur ce programme, a indiqué le représentant. L’Office a ainsi collaboré pour la prévention et les traitements destinés aux personnes atteintes du VIH/sida. Très actif dans le domaine de la lutte contre les approvisionnements en stupéfiants, l’ONUDC collabore également avec l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Un programme commun a été mis en œuvre et fonctionne aujourd’hui dans 60 ports dans le monde, a souligné M. Lemahieu.
L’ONUDC, a poursuivi son représentant, a relevé les liens existant entre les stupéfiants et les autres formes de criminalité, et ce, en coopération avec les États Membres. De nouvelles substances psychotropes et autres stimulants représentent un problème constant et notre programme vise à effectuer des analyses dans ce domaine, a-t-il dit, notant que le rapport de l’Office donne une idée claire du commerce des drogues illicites et leurs mouvements. L’ONUDC fait aussi des efforts pour aider les agriculteurs concernés par ces drogues à changer de culture, notamment en Afghanistan, en Bolivie, en Colombie, République démocratique populaire lao, au Myanmar et au Pérou.
Rappelant que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaît des liens entre le développement durable, la criminalité et les stupéfiants, M. Lemahieu a expliqué que l’ONUDC travaillait avec les États Membres pour comprendre la nature des problèmes auxquels ils sont confrontés en vue de la réalisation des objectifs de développement durable. À cet égard, a-t-il dit, l’ONUDC a aidé le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à comprendre ces liens et la nécessité de rapprocher la lutte contre le terrorisme et la criminalité des efforts menés pour parvenir à la paix et au développement.
La Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants du 19 septembre 2016 ayant reconnu la valeur de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée ainsi que de ses Protocoles, le travail de l’Office vise à permettre la mise en œuvre de ces textes, tout en faisant respecter la loi et la primauté du droit, a poursuivi le représentant. L’ONUDC œuvre également à la prévention du terrorisme et au renforcement des réponses de la justice pénale en aidant par exemple les pays à travailler dans les prisons. Il coopère d’autre part avec le nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme. Il s’agit, a précisé M. Lemahieu, de protéger les droits des accusés tout en prenant en compte les intérêts des victimes et des témoins. L’ONUDC essaie en outre d’aider à la résilience des jeunes afin de leur permettre de quitter la criminalité et la toxicomanie. Enfin, l’Office a entrepris de travailler dans les domaines de la cybercriminalité, de l’extorsion des enfants et de la criminalité environnementale.
Faisant état d’une hausse de 300% du financement extrabudgétaire de l’ONUDC au cours de la dernière décennie, le représentant y a vu une preuve de la confiance accordée par les États Membres aux travaux de l’Office. Toutefois, a-t-il fait valoir, le financement du personnel et des activités ne représente qu’une petite partie du budget de l’ONUDC, et il est en recul. Les contributions prévues à cette fin ont en effet diminué, ce qui met l’Office en difficulté, notamment pour le maintien de certains bureaux essentiels et la mise en œuvre des mandats qui lui sont confiés, a conclu M. Lemahieu.
Débat général
M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a déploré que les discussions sur les drogues soient un exercice abordé une seule fois par an, comme un point thématique, et non un constant travail tout au cours de l’année. Il a demandé au représentant de l’ONUDC s’il pourrait en dire davantage sur les efforts faits par son bureau pour motiver la participation d’autres agences de l’ONU et indiquer ce qui a été fait pour transmettre la nouvelle vision de l’Organisation, adoptée en 2016 par l’Assemblée générale lors de sa session consacrée au problème mondial de la drogue.
Le représentant de l’ONUDC a répondu au Mexique en assurant que son organisation jouait un rôle actif d’aide et de mise en œuvre du plan de lutte contre les stupéfiants. Dans ce cadre, a-t-il expliqué, nous sommes les gardiens de 15 indicateurs destinés à aider les États à obtenir les données nécessaires pour agir. Notre rapport, a-t-il encore rappelé, a établi en 2016 un lien entre la lutte contre les stupéfiants et le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le Secrétaire général s’est intéressé à cette question et a demandé à l’ONUDC d’impliquer toutes les instances de l’ONU dans ses efforts. Nous avons pu voir que les instances onusiennes ont effectivement participé aux réunions intersessions, a-t-il conclu.
M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes - (CARICOM) a déclaré que les pays membres de ce groupe régional affrontaient des défis qui, en plus d’empiéter sur leur développement économique, constituent de véritables menaces. Parmi ces défis figure le crime transnational organisé. Le trafic de drogue, le commerce illicite d’armes légères et de petit calibre, le trafic des êtres humains ou encore le blanchiment d’argent sont autant de fléaux que doivent affronter ces États, à tel point qu’ils ont dû développer des stratégies locales de lutte. Parmi celles-ci figurent le Système de renseignements préalables concernant les voyageurs (APIS) et le Système d’information avancée sur les marchandises (ACIS). La CARICOM vient en outre de finaliser sa stratégie de lutte contre le terrorisme et continue de travailler à un accord sur la sécurité aérienne et maritime. Les succès escomptés de ces initiatives seront de nature à améliorer la sécurité et à réduire les conséquences néfastes de ces activités criminelles et illégales dans les pays de la région, a assuré le représentant.
M. Rattray a également déclaré que le problème de la drogue, vu sa dimension mondiale et les menaces qu’il pose, était une responsabilité commune, qui nécessite de fait une approche multisectorielle. En ce qui les concerne, les pays de la CARICOM sont disposés à appliquer de façon intégrée, équilibrée et effective la stratégie de contrôle des drogues, telle que reflétée dans le document final de la trentième Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue, tenue en avril 2016. Ils réitèrent en outre que ce n’est que par le biais d’une bonne coordination que la stratégie sera à même de venir à bout de la menace posée par ces phénomènes. Si la Déclaration politique de 2009 et son plan d’action, qui arrivent à échéance en 2019, ont guidé les actions collectives, il faut que les prochaines stratégies prévues après cette date tiennent compte des spécificités des pays de la CARICOM, a demandé leur représentant.
M. JOSEPH TEO CHOON HENG (Singapour), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que la onzième Réunion ministérielle sur la criminalité transnationale de cette organisation, tenue il y a un mois, avait permis de consolider et de renouveler l’engagement de l’ASEAN dans la lutte contre ce phénomène. Cette année, les discussions ont été élargies au trafic de la faune, la flore et du bois, a expliqué le représentant. L’ASEAN a également tenu, à Singapour, sa trente-septième conférence ASEANAPOL, qui a contribué au renforcement de la coopération des agences policières et au lancement du système de données qui permettra une connexion accrue et un meilleur flux d’information entre les différentes agences.
D’autre part, la menace du terrorisme exige une adaptation aux défis posés par les combattants terroristes étrangers et par le terrorisme transfrontalier. Le Plan d’action antiterroriste détaillé de l’ASEAN et la Déclaration de Manille, destinés à lutter contre la montée du radicalisme et de l’extrémisme violent, ont été adoptés le mois dernier. Par la Déclaration de Manille, les États membres de l’ASEAN sont tombés d’accord sur une approche intégrée, fondée sur des éléments de preuve, incluant le dialogue, l’engagement des communautés et l’autonomisation des jeunes. L’ASEAN a également resserré sa coopération dans la lutte contre la traite des personnes; et la Convention régionale contre la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, est entrée en vigueur cette année.
Avec les progrès de l’alphabétisme numérique, M. Teo a souligné que les menaces posées par la cybercriminalité s’étaient intensifiées, raison pour laquelle l’ASEAN avait établi, en 2014, le Groupe de travail sur la criminalité et tenu deux réunions de la Conférence ministérielle de l’ASEAN sur la cybersécurité. Ces efforts ont, d’ores et déjà, porté leur fruit avec l’organisation d’une opération conjointe de grande envergure régionale, qui a abouti à l’identification de 9 000 serveurs abritant des malwares et des centaines de sites électroniques affectés. L’ASEAN demeure également unie dans la lutte contre les stupéfiants, notamment par l’adoption d’un plan de travail de 10 ans (2016-2025) pour préserver les communautés des drogues illégales, et a accompli des progrès notables vers l’objectif de rendre la région exempte de drogues. M. Teo a souligné à cet égard le caractère central des trois conventions internationales sur le contrôle des drogues qui doivent demeurer au cœur de la politique mondiale dans ce domaine.
M. CHARLES WHITELEY de l’Union européenne a affirmé que le crime transnational organisé continuait de faire peser des menaces sérieuses sur la sécurité humaine, la gouvernance démocratique, le développement socioéconomique, l’état de droit et sur la paix et la sécurité dans le monde. Ces menaces ne peuvent être anéanties qu’à travers une mise en œuvre des lois et une coopération entre États et organisations régionales. C’est pourquoi, il est plus qu’urgent de développer une coopération plus accrue. En ce qui la concerne, l’Union européenne réaffirme l’importance de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée -Convention de Palerme- et de ses Protocoles additionnels pour combattre les formes actuelles et émergentes de crimes transnationaux organisés. C’est pourquoi elle salue les ratifications de plus en plus nombreuses de cette Convention et lance un appel aux États qui ne l’ont pas encore fait pour qu’ils y adhèrent, et à ceux qui y ont partie, pour qu’ils l’appliquent effectivement.
Alors que le lien entre terrorisme et crime transnational a été établi de longue date, il est vital de lutter contre toutes les sources de financement, les techniques et autres canaux du terrorisme, notamment par la mise en œuvre de la résolution du Conseil de sécurité relative au financement du terrorisme, car cette lutte ne peut plus seulement se reposer sur les moyens traditionnels, a poursuivi le représentant. Pour l’Union européenne, les États doivent harmoniser et définir ensemble les moyens de cette lutte, afin qu’aucun fossé n’existe plus entre la criminalité moderne et les réponses internationales. À son niveau, l’Union européenne et ses pays membres, confrontés aux flux de migrants, continuent leurs opérations en mer de façon à neutraliser les trafiquants d’êtres humains, en conformité avec le droit international, notamment le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, a poursuivi le représentant.
En ce qui concerne le trafic de drogue, un des commerces les plus profitables selon le représentant, l’Union européenne et ses États membres sont convaincus qu’une approche globale et mesurée est la meilleure façon d’avancer. Ils estiment que le document final de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue de 2016, avec sa structure en sept piliers, est un instrument pivot pour la lutte contre les nouveaux défis de cette problématique. Ils s’assureront aussi que l’examen de la Déclaration politique et du Plan d’action 2009 et tout nouvel accord politique prévu en 2019 ne contreviennent pas à la mise en œuvre adéquate des recommandations issues de cette session spéciale, a conclu le représentant.
M JUN SAITO (Japon) a énuméré un certain nombre de progrès réalisés par son pays, notamment en termes de lutte contre les offenses sexuelles. Il a également rappelé que le Japon était devenu partie, cet été, à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et à ses deux premiers Protocoles additionnels, ainsi qu’à la Convention des Nations Unies contre la corruption. Il s’est déclaré fier d’être le pays hôte du quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale à Tokyo en 2020, 50 ans après que le premier Congrès eut été hébergé par le Japon.
« La traite des personnes est une des questions les plus urgentes qui doit être adressée par la communauté internationale » a par ailleurs déclaré M. Saito, qui l’a présentée comme un crime grave et une grave violation des droits de l’homme. Le représentant a insisté sur le fait que la communauté internationale avait la responsabilité d’éliminer cette menace.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), s’exprimant au nom du Groupe des États de l’Afrique, a souligné que l’Afrique continuait d’œuvrer pour réduire le niveau de criminalité sur le continent. La détermination dont font preuve les États de l’Afrique pour régler les conflits au sein de leurs frontières constitue, selon lui, un bon exemple d’un continent travaillant à l’édification d’une société pacifique et harmonieuse.
S’agissant du trafic des personnes et des migrations illégales, deux des principaux problèmes que connaît le continent, l’Union africaine a adopté un cadre juridique très ferme au travers d’instruments comme le Plan d’action de Ouagadougou, le cadre de politiques de migration pour l’Afrique et le nouveau mécanisme de l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL), lesquels donnent l’élan nécessaire pour agir, a indiqué le représentant. Mais, en dépit de ces initiatives, le trafic des êtres humains et les passages clandestins de migrants constituent encore des défis pour le continent.
Rendant hommage au travail effectué par l’ONUDC et saluant les progrès accomplis, M. Aboulatta a néanmoins constaté que le trafic de drogues et les crimes qui y sont associés continuaient de représenter une menace grave pour la sécurité, la santé et la situation socioéconomique en Afrique. La culture et le trafic du cannabis restent un sujet de préoccupation pour les pays de la région africaine, en particulier dans les zones rurales. Dans ce contexte, a-t-il souligné, la cinquième session de la Conférence des ministres de l’Union africaine chargés du contrôle des drogues a adopté un plan d’action sur le contrôle des stupéfiants 2013-2017. Sa mise en œuvre n’a toutefois pas empêché la production, le trafic et la consommation de stupéfiants de rester des sujets d’inquiétude en Afrique. Afin d’y remédier, le continent encourage la coopération nationale et internationale en vue de mettre en œuvre le plan d’action régional, a conclu le représentant.
M. LEE HUAN TING (Singapour) a jugé nécessaire d’agir ensemble dans la lutte contre le trafic de drogue et notamment des amphétamines, afin de réaliser les objectifs de développement durable, et plus particulièrement l’objectif 16 « paix, justice et institutions efficaces ». En tant que pays de transit et de destination de la drogue, Singapour fait office de « triangle d’or » dans la lutte contre les stupéfiants, a expliqué le représentant. « Nous croyions à une société exempte de drogues et c’est pourquoi nous avons adopté une approche d’ensemble complexe, basée sur une éducation préventive, des lois fortes et un cadre de réhabilitation structuré » a-t-il déclaré.
Selon le représentant, cette approche a portée des fruits: le nombre de toxicomanes à Singapour a diminué de 3% en 2016 par rapport à 2015. Le représentant a appelé à un effort mondial afin de tendre vers des sociétés sans drogues et notamment la mise en place de la Déclaration politique de 2009.
Le représentant a par ailleurs mentionné la question de la cybercriminalité, « un nouveau problème de criminalité transnationale qui a coûté 450 milliards de dollars à l’économie mondiale en 2016 ».
Mme FATMAALZAHRAA HASSAN ABDELAZIZ ABDELKAWY (Égypte) a déclaré que son pays avait pris note des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont plusieurs concernent les différents aspects de la lutte contre la criminalité et les stupéfiants. Pour la représentante, les liens entre la criminalité transnationale et le trafic des stupéfiants doivent être pris en compte de manière prioritaire par les États Membres. Face au terrorisme et au pillage de ses ressources, l’Égypte a déjà pris des mesures pour protéger son héritage culturel de façon à prévenir les exactions et prévoir des punitions plus sévères. Elle a aussi revu la composition du comité de protection des antiquités qui risquent de quitter le pays, a indiqué la représentante, précisant que des organisations de la société civile participaient à ces activités. De plus, a-t-elle poursuivi, une nouvelle loi a été adoptée, en 2016, afin de lutter contre le transit illicite de migrants.
Soucieuse de contribuer aux efforts de l’ONU face au problème mondial de la drogue, l’Égypte est favorable à la prorogation de la Déclaration politique et du Plan d’action adoptés en 2009, de façon à éviter qu’il n’y ait un vide dans le système mondial afin de pouvoir traiter le problème des stupéfiants, a encore souligné Mme Abdelkawy. La représentante a rappelé à cet égard que son pays avait eu l’honneur d’accueillir récemment les chefs des instances nationales de contrôle des drogues.
M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a déclaré que la session extraordinaire sur le problème mondial de la drogue avait constitué un tournant clef dans la politique internationale. Avec ses sept axes thématiques, la Déclaration adoptée à l’issue de la session contient une vision équilibrée pour s’attaquer au problème, notamment sous ses aspects de droits de l’homme, santé et plus largement le développement. Cette nouvelle vision implique la participation de toutes les agences du système des Nations Unies, a fait observer le représentant. Dans le cadre de la réforme du système et des efforts tendant à la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030, M. Sandoval Mendiolea a jugé qu’une coordination plus étroite entre des entités comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ONU-Femmes et d’autres devait se fonder sur des mandats clairs. Bien que reconnaissant le dialogue croissant au sein du système, il n’en a pas moins estimé qu’il était encore nécessaire de renforcer cette collaboration.
Le Mexique a annoncé qu’il entendait présenter une « résolution omnibus » qui mettra l’accent sur le lien entre la session extraordinaire d’avril 2016 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’égalité de sexes, les droits de l’homme, la promotion de la collecte de données en vue de statistiques sur les drogues, l’appui à une coopération dans les travaux de la Commission de statistique, l’Organisation mondiale de la Santé et la Commission des stupéfiants ainsi que le renforcement des liens avec la société civile, le milieu universitaire et les organisations régionales.
M. Sandoval Mendiolea a par ailleurs présenté le nouveau système de justice pénale au Mexique, plus axé sur les droits de l’homme et sur le principe pro persona. Fort de sa longue expérience et des enseignements tirés dans la lutte contre la criminalité organisée et la drogue, le Mexique estime que les schémas traditionnels n’ont pas porté fruit, s’avérant parfois même contreproductifs. Le représentant a estimé en conclusion que la nouvelle vision issue de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans le domaine de la drogue et de la criminalité, si elle est réalisée, conduira au plein exercice de la liberté au sein des sociétés.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a mis en exergue la nécessité d’une approche conjointe, assortie d’une stratégie globale et cohérente de la lutte contre tous les aspects de la criminalité transnationale organisée, lesquels constituent des entraves à la réalisation des objectifs de développement durable. Il a souligné l’importance de l’application des instruments internationaux comme la Convention de Palerme, la Convention de Mérida et celles sur les stupéfiants, entres autres, qui sont à la base des discussions et du consensus. Il a également invité à une meilleure utilisation des technologies de l’information et des communications, et à des efforts visant à empêcher les mains criminelles de s’en servir à mauvais escient. Il a recommandé à cet égard de mieux analyser, pour la combattre, leur utilisation criminelle.
Le Pérou a ensuite appelé à une amélioration des mécanismes d’échange d’informations et de coopération aux niveaux bilatéral, régional et multilatéral dans le but d’atteindre les organisations criminelles transnationales. Enfin, il a appelé à l’appui du système des Nations Unies dans son ensemble à apporter une assistance technique proportionnelle à chacune de ses institutions. Il a salué dans ce contexte le travail de l’ONUDC ainsi que celui de la Commission des stupéfiants.
Le Pérou s’est doté d’une stratégie nationale de lutte contre les drogues (2017-2021) qui met l’être humain au centre de sa démarche, promeut une approche intégrale, multidisciplinaire, durable et équilibrée dans toutes les phases de la stratégie, a expliqué M. Meza-Cuadra. S’agissant de la réduction de l’offre, le représentant a fait valoir l’amélioration du contrôle du marché légal de la feuille de coca destinée à l’usage traditionnel et industriel, de même que le renforcement du renseignement sur les drogues illégales, afin de démanteler les organisations illicites et d’interdire et de pénaliser le trafic illégal et les précurseurs chimiques, le blanchiment d’argent et les délits y associés.
Le représentant s’est enfin enorgueilli du « modèle péruvien » de développement alternatif intégral et durable, qui offre selon lui des alternatives socioéconomiques aux populations qui se consacrent à la culture du coca, en prenant en compte le développement territorial, l’interculturalisme, les droits de l’homme et la dimension sexospécifique. Le résultat en a été l’élimination de la coca dans 13 départements du pays au profit de 130 000 familles. Concernant la réduction de la demande, le Pérou a promu les programmes et services différenciés de prévention, tant dans le milieu familial qu’éducatif, notamment par un apport de la société civile. Des efforts ont également été déployés pour élargir la couverture thérapeutique, en particulier aux jeunes délinquants et aux détenus, tout en facilitant leur réadaptation et réinsertion sociale.
Mme AL NUSSAIRY (Iraq) a déclaré qu’il fallait lutter contre les groupes terroristes qui portent atteintes à la sécurité de tous, et notamment contre l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech) qu’elle a accusé d’avoir commis de nombreux crimes contre le peuple iraquien. Nous devons respecter les droits de l’homme et adopter une législation qui permette de lutter contre ces organisations terroristes, a ajouté la représentante. Celle-ci a rappelé les différents textes de loi du pays mis en place pour lutter contre le terrorisme, la traite des personnes et la lutte contre les stupéfiants, ainsi que les instances telles que la Commission pour l’intégrité, chargée de lutter contre la corruption.
Mme Al Nussairy a rappelé que l’Iraq avait adhéré à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et a rendu hommage aux efforts vigoureux des Nations Unies pour lutter contre celle-ci. Elle a également remercié l’ONUDC pour son soutien à l’Iraq en termes d’aide technique et de renforcement des capacités des personnes travaillant dans les instances de justice et de police du pays. La représentante est également revenue sur la Déclaration de Doha contre la criminalité ainsi que sur le système de justice pénale pour promouvoir l’état de droit dans la région.
M. ALJABR (Arabie saoudite) a affirmé le plein accord de son pays avec les recommandations du rapport du Secrétaire général sur la coopération internationale face au problème mondial de la drogue et s’est félicité de la mise en œuvre du mandat de l’ONUDC. Notant que la criminalité empêchait le développement et le maintien de la primauté du droit, le représentant a jugé nécessaire de mettre en place un système de justice pénale qui permette aux pays de faire face à ce fléau. Confronté au caractère transnational de ces activités, l’Arabie saoudite estime urgent d’œuvrer contre la criminalité tout en assurant la réalisation des objectifs de développement durable. À cet égard, a-t-il rappelé, l’Arabie saoudite dispose d’un système d’objectifs particulier. Certains visent la société civile, d’autres le droit et le commerce, a-t-il expliqué, estimant qu’il doit être possible de traiter de ces questions dans le cadre de la justice et du développement.
Dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, l’Arabie saoudite a également décidé de revoir certains principes, notamment d’aide et de réinsertion des délinquants dans la société. Pour mieux lutter contre les extrémismes, le pays a par ailleurs établi un centre de lutte contre le terrorisme politique et intellectuel. S’agissant des drogues, l’Arabie saoudite prévoit des peines graves pour ceux reconnus coupables de pratiquer le trafic des stupéfiants et compte sur la coopération internationale pour faire face à cette forme de criminalité.
Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a rappelé la position du Président colombien devant l’Assemblée générale et lors de la remise du prix Nobel de la paix: « la guerre contre la drogue n’a pas été gagnée et n’est pas gagnée » et « il est urgent de repositionner la Guerre mondiale contre la drogue, une guerre dans laquelle la Colombie a été le pays qui a eu le plus de morts et le plus de sacrifices ». Et d’ajouter que la Colombie avait « l’autorité morale » d’affirmer qu’à l’issue de décennies de lutte contre le narcotrafic, le monde n’avait pas réussi à contrôler ce fléau qui alimente la violence et la corruption au sein de toute la communauté mondiale.
Rappelant la date butoir de 2019 de réalisation de la Déclaration politique et le Plan d’action, Mme Mejía Vélez a remarqué qu’à l’évidence, les objectifs fixés ne seront pas atteints car ils partent du postulat d’un monde exempt d’abus de drogue. Elle a de nouveau cité le Président Santos, pour qui « l’heure est venue d’accepter –avec réalisme– que tant qu’il y a consommation, il y aura une offre, et que la consommation ne va pas finir ».
Constatant également que la « logique de la guerre n’a pas mené à bon port » et qu’il n’est pas raisonnable d’assumer des objectifs impossibles à atteindre, qui du reste sont les mêmes depuis 1961, la représentante a formé le vœu que la réunion ministérielle prévue cette année à Vienne constitue un nouveau départ au lieu d’une « redite » de formulations et d’échéances vaines pour la société. Mme Mejía Vélez a estimé que le document issu de la session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2016 était un bon point de départ pour de nouvelles politiques centrées sur les personnes, leurs libertés et leurs droits, en se concentrant sur ce qui est le but ultime des conventions liées aux drogues, à savoir préserver la santé et le bien-être de l’humanité. Le moment est venu de parler d’une régulation responsable de la part des États; de trouver les voies et moyens « de retirer l’oxygène aux mafias » et d’affronter la consommation avec davantage de ressources pour la prévention, le traitement et la réduction des répercussions néfastes sur la santé et le tissu social, a conclu la représentante.
M. YESOD (Israël) a déclaré, citant un rapport de l’ONUDC, qu’environ 28 millions de vies avaient été prématurément perdues ou handicapées à cause de la consommation de drogues. Cette véritable épidémie mondiale touche particulièrement les jeunes, a poursuivi le représentant, pour qui les États Membres, les communautés, les dirigeants religieux, les familles et amis doivent donc faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que les personnes dépendantes de la drogue retrouvent une vie normale. En ce qui les concerne, les autorités israéliennes s’attaquent au problème de la consommation de drogues de manière globale et équilibrée, conformément aux conventions internationales et au plein respect des droits de l’homme, a affirmé M. YESOD.
Ainsi, le système pénal d’Israël prévoit pour les consommateurs de drogues des mesures alternatives à la prison. C’est le cas notamment des programmes de traitement ou de désintoxication. Le Gouvernement israélien travaille en outre actuellement à dépénaliser la consommation de cannabis. Tout primo-contrevenant se verra infliger une amende au lieu d’une sanction pénale. Le fruit de ces amendes ira au financement de programmes éducatifs et à la prévention. En revanche, au-delà de quatre comparutions devant les tribunaux, tout multirécidiviste devra affronter des peines pénales, a expliqué le représentant.
M. FREDERICO S. DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a invité la communauté internationale à trouver des moyens d’améliorer sa réponse au défi de la criminalité transfrontalière organisée, laquelle ne cesse de trouver de nouvelles stratégies d’adaptation. Pour le Brésil, les politiques préventives sont cruciales, notamment celles visant l’éradication de la pauvreté, l’amélioration de l’éducation, de la santé, l’autonomisation des femmes et filles et la lutte contre toutes les formes de discrimination, tout cela dans le respect des droits de l’homme.
M. Meyer a également estimé que le système onusien devrait intégrer, de manière transversale, les politiques de prévention du crime dans les résolutions pertinentes issues de la Troisième Commission. Au Brésil, la législation s’adapte à cette volonté de lutter contre la criminalité organisée. Une loi a été adoptée contre ce fléau en 2013, et une autre en 2016 pour lutter contre la traite des personnes. Récemment, c’est une loi sur les migrations qu’a adoptée le Congrès. La lutte contre la corruption est aussi une priorité au Brésil, comme en témoigne des enquêtes et inculpations de hauts responsables ces dernières années. « Le sentiment répandu selon lequel la corruption est impunie est désormais relégué dans le passé », a affirmé le représentant.
M. Meyer a en outre plaidé pour des efforts de respect des droits de l’homme dans la lutte mondiale contre la drogue. Il est plus nécessaire que jamais de souligner ce principe, notamment au regard des derniers développements dans le monde, a-t-il relevé. Il a souhaité que cette question soit mise en avant en 2019, au cours de l’examen de la Déclaration politique et du Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.
M. NEBIL SAID IDRIS (Érythrée) a estimé que, dans la Corne de l’Afrique, les conflits, les famines, la pauvreté ainsi que l’effondrement de l’État représentaient des problèmes qui, avec le commerce illicite d’armes légères et de petit calibre, entravaient les progrès économiques et sociaux de la région. Abordant le programme régional 2016-2021 de l’ONUDC pour la Corne de l’Afrique, il a insisté sur l’importance du renforcement de l’état de droit dans la région.
Récemment, le monde a été témoin de mobilités à grande échelle: bon nombre de migrants ont été forcés d’utiliser les services de passeurs et ont été abusés sexuellement, torturés, etc., y compris de nombreux jeunes, a fait observer le représentant. Il a expliqué que le Gouvernement de l’Érythrée avait créé un organisme pour enquêter sur ces pratiques et en découvrir les responsables. Il a également déploré que de nombreux passeurs « criminels » continuent de vivre en Europe, estimant que des efforts internationaux étaient nécessaires pour veiller à ce que les auteurs du trafic des êtres humains soient poursuivis et traduits en justice. M. Idris a également indiqué vouloir des migrations structurées et organisées, ce qui rend nécessaire une collaboration entre pays de destination et de départ, y compris pour traduire les criminels en justice.
M. MADHUKA WICKRAMARACHCHI (Sri Lanka) a rappelé que l’usage des opioïdes et de l’alcool était devenu la principale cause de mortalité dans la tranche de 15 à 49 ans dans le monde. Il a indiqué que Sri Lanka avait ratifié les principaux instruments internationaux dans le domaine de la lutte contre la drogue, ajoutant que le pays avait mis sur pied une commission nationale de contrôle des drogues. Sri Lanka collabore du reste avec l’ONUDC, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) et d’autres institutions pertinentes dans le cadre de la lutte contre la drogue.
Au cours des années récentes, Sri Lanka est devenu un lieu de transit du trafic de drogue, a poursuivi le représentant. Les autorités ont dû renforcer leur vigilance, y compris en mer, avec des résultats que M. Wickramarachchi a jugés encourageants. Des mesures ont également été prises afin de contrôler le blanchiment d’argent issu du trafic de stupéfiants et des crimes y relatifs. Sri Lanka assure le respect des droits de l’homme, des libertés fondamentales, de la dignité des gens et du principe d’égalité devant la loi dans le contexte de la lutte contre la drogue, a encore assuré le représentant.
Mme SUSAN WANGECI MWANGI (Kenya) a mis l’accent sur le fait que le crime transnational organisé et les réseaux criminels constituent des freins à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, créant de l’instabilité et nuisant au développement, à la paix et aux droits de l’homme. Il en résulte un besoin urgent de coopération régionale, interrégionale et internationale, a souligné la représentante. En tant que membre de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), le Kenya attache une grande importance à la coopération régionale et internationale. De plus, le Gouvernement kényan continue à s’assurer que son système de justice pénale répond de manière adéquate aux différentes formes de crime organisé. Mais il doit faire face à l’extrémisme violent et à la menace terroriste des Chabab, auxquels s’ajoutent la prolifération des armes légères et de petit calibre dans la région et le trafic des stupéfiants.
Afin de coordonner sa stratégie de contrôle du crime transnational organisé et de contrôle des stupéfiants, le Kenya a révisé sa loi en matière de drogues et de substances psychotropes, investi dans des mécanismes régionaux destinés à entraver la prolifération des petites armes et établi un système d’échange d’informations avec d’autres agences nationales aux fins des enquêtes sur le blanchiment de l’argent, a encore précisé Mme Mwangi. La représentante a en outre salué l’aide technique fournie par les différents partenaires du Kenya dans le domaine du développement, et notamment l’ONUDC.
Mme ELENA S. MUKHAMETZYANOVA (Fédération de Russie) a apporté le soutien de son pays aux Nations Unies dans leurs efforts de coordination dans la lutte contre les défis criminels. Pour la Fédération de Russie, cette lutte doit avoir un caractère non politisé et renforcer les bases juridiques de lutte contre ces menaces. « Nous sommes d’accord avec l’activité de l’ONUDC, mais nous sommes inquiets de voir que la diminution du budget ordinaire puisse avoir une incidence négative sur son activité et espérons que cette situation changera » a-t-elle déclaré.
La représentante a également déclaré que la Convention des Nations Unies contre la corruption ne devait pas être remplacée par d’autres organes des Nations Unies et qu’elle pouvait être utile, notamment pour la production de rapports. Elle s’est dite inquiète de la menace que représente la culture du pavot en Afghanistan, estimant qu’elle s’aggravait « à cause des liens entre les narcotrafiquants et les terroristes » et a insisté pour un suivi de la culture illégale du pavot dans ce pays. Elle a enfin attiré l’attention sur la conférence intitulée « les parlementaires contre les stupéfiants », qui se tiendra à Moscou en décembre.
Mme OEHRI (Liechtenstein) a souligné que le trafic des êtres humains et la toxicomanie constituaient de véritables esclavages, qui profitent à certaines industries. Pour la représentante, tous les États Membres sont impliqués dans cette lutte et devraient donc avoir ratifié la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, ce qui est loin d’être le cas. Dans ce cadre, a-t-elle fait valoir, le renforcement de la justice pénale est essentiel pour lutter contre ces formes d’esclavage moderne, d’autant que, comme l’a rappelé le Secrétaire général, les principaux responsables de la toxicomanie ne vont que très rarement en prison.
Le Liechtenstein essaie d’être utile et de montrer l’exemple sur certains points, a ajouté la représentante. Il s’emploie ainsi à renforcer les mécanismes de justice pénale et à utiliser les compétences de son unité de renseignement financier, laquelle suit le phénomène du blanchiment de l’argent. Le Liechtenstein souhaite ainsi contribuer à la neutralisation de ces entreprises illégales, qui génèrent des millions de dollars chaque année, et entend apporter son aide dans la lutte contre la corruption. Ce fléau porte atteinte aux institutions qui devraient aider les citoyens face à la criminalité, a dénoncé Mme OEHRI, qui a exhorté les États Membres qui ne l’ont encore fait à ratifier et mettre en œuvre la Convention des Nations Unies contre la corruption, qui demeure le seul instrument international sur ce sujet.
M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) a déclaré que son pays était confronté depuis six ans à des forces qui utilisent le « terrorisme extrémiste comme un nouvel outil de criminalité ». Il a également estimé que ni les résolutions adoptées en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies par le Conseil de sécurité pour lutter contre le terrorisme, ni la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations-Unies ne pourraient être mises en œuvre « à moins que l’on ne fasse pression sur des pays qui ont l’argent et la force et qui ne semblent pas comprendre les effets de ces politiques sur leurs propres peuples ». Il a accusé de tels pays d’utiliser « des mercenaires étrangers pour dessiner de nouvelles frontières entre la Syrie et l’Iraq », ajoutant que, malgré les souffrances de son peuple, la République arabe syrienne avait l’intention de « déraciner le terrorisme » de tout le territoire national.
Le représentant a ensuite dénoncé « les crimes d’Israël » qui « se poursuivent depuis des décennies sans être punis », avant de critiquer la « soi-disant coalition dirigée par les États-Unis » établie, il y a trois ans, pour lutter contre les organisations terroristes telles que l’État islamique d’Iraq et du Levant, qu’il a accusée d’avoir « tué des civils innocents plus qu’elle n’a tué de terroristes » et d’avoir détruit les infrastructures du pays ». Ces « crimes » montrent que les Nations-Unies n’ont pas réussi à mettre en œuvre leur Charte et nous oblige à réfléchir sur la manière de réformer cette Organisation, a conclu le représentant.
M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a déclaré que beaucoup d’événements étaient survenus depuis la Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue de 2016, notamment le renforcement des liens entre le crime transnational organisé et le terrorisme, leur impact croissant sur la paix et la sécurité mondiales, des changements dans la structure onusienne de lutte contre le terrorisme ou encore le lien fait entre la nécessité de lutter contre le crime organisé, le terrorisme et le développement.
C’est compte tenu de toutes ces évolutions qu’il devient crucial de mettre en œuvre la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses Protocoles, a plaidé le représentant. Celle-ci devrait être vue comme un outil de prévention et de sanction judiciaire. Par ailleurs, alors que 130 pays ont appuyé la résolution 71/209 de l’Assemblée générale l’an dernier, et à la lumière des conclusions du débat de juin dernier, l’Italie est convaincue que la contribution de tout un chacun permettra de trouver un consensus sur une question aussi complexe que celle de la drogue, a encore déclaré le représentant.
M. GHULAM SEDDIQ RASULI (Afghanistan) a souligné que, parmi les nombreuses menaces auxquelles est confronté son pays, les plus aiguës étaient le terrorisme, le crime transnational organisé et le trafic illégal de stupéfiants. Ces maux planétaires nuisent à notre développement, à nos activités économiques, à notre état de droit et à notre bonne gouvernance, a-t-il déploré, appelant la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes de ces fléaux auxquels les politiques et stratégies en place ne peuvent répondre efficacement.
Face au problème de la drogue, le Gouvernement afghan s’emploie à mener des actions concrètes, a poursuivi le représentant, évoquant l’éradication en 2017 de « 750 hectares de champs de pavot dans 14 provinces », ce qui représente « une progression de 53% par rapport à l’année précédente ». De plus, 2 138 trafiquants de drogue ont été capturés en 2016, parmi lesquels figurent de nombreux ressortissants étrangers. Dans un contexte mondial où environ 30 millions de personnes souffrent de troubles liés à la consommation de stupéfiants, l’Afghanistan préconise une approche équilibrée entre la réduction de la demande et de la fourniture, a souligné le représentant, jugeant que seule une coopération internationale étroite dans les domaine du commerce, du trafic, de la production et de la consommation permettra d’avancer et de protéger les générations futures de la menace des stupéfiants.
Mme PHAM THI KIM ANH (Viet Nam) s’est félicitée des efforts déployés par l’ONUDC pour fournir une assistance technique aux États Membres et ainsi répondre aux défis de la criminalité et du trafic des stupéfiants. Alors que l’utilisation des drogues illicites demeure la cause principale des maux causés à la santé, de nouvelles substances continuent d’apparaître dans le monde entier, a-t-elle constaté.
Conscient de la complexité de l’action contre l’utilisation des stupéfiants, le Viet Nam met en œuvre une approche complète et sans exclusive, de façon à sensibiliser les personnes et permettre une participation de l’ensemble de la société, a souligné la représentante. Le Viet Nam, qui s’efforce de promouvoir la justice et d’améliorer son système de contrôle contre les drogues, a aussi pris des mesures punitives graves pour lutter contre le trafic et le blanchiment d’argent.
La région de l’Asie du Sud-Est continuant plus que jamais d’être confrontée au problème de la drogue et de ses trafics, comme le prouvent les grandes saisies de méthamphétamines enregistrées ces derniers mois, le Viet Nam intensifie ses partenariats pour y faire face, notamment avec l’ASEAN, INTERPOL et l’Organisation mondiale des douanes (OMD), a encore déclaré la représentante.
Mme STEFANIE AMADEO (États-Unis) a rappelé que le Président des États-Unis avait fait de la lutte contre la criminalité transnationale l’une de ses priorités et avait demandé une intensification des efforts de son administration contre les groupes criminels et une meilleure utilisation des ressources consacrées à cette lutte. La représentante a ensuite détaillé la crise de santé publique sans précédent qui frappe les États-Unis, en raison de l’utilisation d’opiacés et de drogues de synthèse. « En 2015, plus de 52 000 personnes sont mortes d’overdoses aux États-Unis, soit 91 personnes par jour », a-t-elle dit, ajoutant que ce nombre devrait encore avoir augmenté en 2016.
Mme Amadeo a ensuite souligné la nécessité de s’adapter aux nouveaux agissements des trafiquants, lesquels créent rapidement de nouvelles drogues distribuées par le biais de « l’Internet sombre » (dark Web). Elle a salué les efforts de l’ONUDC visant à assurer « un contrôle international de la myriade de substances et de précurseurs chimiques utilisés pour produire des opiacés de synthèse ». Mme Amadeo a en outre plaidé pour une stratégie intégrée et équilibrée, afin de lutter contre le défi global posé par les drogues. Les États-Unis appuient fermement les programmes visant à une réduction de la demande de stupéfiants, lesquels permettent de sauver des vies, a-t-elle insisté.
En conclusion, Mme Amadeo a reconnu que « la plupart des solutions ne seront pas trouvées par les diplomates comme nous à l’ONU, mais par les médecins des urgences confrontés à un très fort afflux de victimes d’overdoses, les officiers de police dépêchés sur les scènes de crime, les enquêteurs faisant les liens entre les trafiquants, les terroristes et ceux qui blanchissent l’argent sale et par les procureurs qui risquent leur vie pour que justice soit rendue aux victimes ».
Mme MARÍA CLARISA GOLDRICK (Nicaragua) a affirmé que ni la dérégulation ni la légalisation des drogues ne représentait une option viable car toutes deux promeuvent la prolifération de la consommation et contreviennent aux dispositions des instruments internationaux en vigueur. Pour le Nicaragua, le problème mondial de la drogue doit être appréhendé dans le respect des priorités et particularismes nationaux et des systèmes juridiques respectifs, dans le plein respect de la Charte des Nations Unies et du droit international.
La représentante a réitéré le principe de la responsabilité commune, partagée et différenciée, des États, soutenant notamment la coopération internationale par l’échange d’expériences et de bonnes pratiques et la mise à disposition de ressources financières et logistiques supplémentaires. Elle a ainsi plaidé pour qu’on aide les pays de transit à mettre en œuvre effectivement le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Mme Goldrick a ensuite brièvement présenté les politiques nationales du Nicaragua en matière de lutte contre le terrorisme, la criminalité, le trafic de drogue, le trafic d’armes et la traite des personnes, en faisant valoir que toutes étaient centrées sur la sécurité citoyenne et humaine.
Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a souhaité que la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée soit dotée d’un mécanisme de suivi. Elle a insisté sur la nature intergouvernementale d’un tel mécanisme, mettant en garde contre la tentation de noter les États. Ce mécanisme, basé sur des procédures d’évaluation entre pairs, devrait être coopératif et non punitif, a expliqué la représentante.
Mme Rodríguez Camejo a ensuite insisté sur la grande difficulté d’éliminer la production et le trafic de drogue dans le Sud pauvre sans éliminer la demande dans le Nord développé. Ce défi ne pourra être réglé ni par la militarisation des pays ou la destruction des fermes de production, ni par la légalisation des drogues, a-t-elle assuré. Elle a ensuite rappelé la politique de tolérance zéro suivie par son pays s’agissant de la production, de la consommation et du trafic de drogues.
Cuba est partie à 16 instruments internationaux de lutte contre le terrorisme, a rappelé la représentante, qui a affirmé que le territoire cubain « n’avait jamais été utilisé et ne serait jamais utilisé pour organiser, financer ou mener des actions terroristes contre un pays ». Enfin, elle a demandé la suppression des sanctions unilatérales infligées contre des États, jugeant cette pratique « inacceptable ».
Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a estimé que, pour tous les pays, la prévention de la criminalité et le renforcement de la justice pénale constituaient les conditions sine qua non du développement socioéconomique. À cette fin, la Zambie a entrepris des réformes institutionnelles destinées à réduire la criminalité sous toutes ses formes, notamment celles qui visent les femmes et les enfants. En tant que membre de l’Organisation de coopération régionale des chefs de police de l’Afrique australe (SARPCCO), la Zambie contribue également à la coordination des efforts menés contre le crime organisé transnational.
La Zambie a également lancé en 2015 une politique nationale pour la jeunesse, qui vise à favoriser l’emploi des jeunes sans qualification et à faciliter la création d’entreprise par des jeunes, a expliqué la représentante. Ces mesures sont aussi destinées à empêcher les jeunes de sombrer dans le trafic, la culture et la consommation de drogues. Soucieux de combattre les liens entre le trafic de stupéfiants et d’autres formes de crime organisé, la Zambie a par ailleurs créé une unité d’enquête sur le blanchiment d’argent ainsi qu’un centre de renseignement financier. Favorable à une approche équilibrée prévoyant des mesures de réduction de la demande comme de l’offre de drogues, la Zambie compte sur ce dispositif pour parvenir à la réalisation des objectifs 5, 11 et 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a expliqué Mme Kalamwina.
Mgr Bernardito Cleopas Auza, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré que les problèmes posés par le crime transnational organisé exigeaient une attention urgente à tous les niveaux, depuis celui de la famille jusqu’à la communauté internationale. C’est pourquoi le Saint-Siège apprécie les efforts actuellement menés au plan international, notamment pour promouvoir la justice, l’état de droit, prévenir le crime et réformer les systèmes judiciaires. Citant le pape François, l’Observateur permanent a déclaré que la drogue infligeait de lourdes souffrances et blessures à nos sociétés. Les victimes perdent leur liberté et se rendent esclaves elles-mêmes.
Toutes ces souffrances ne peuvent être combattues que par un engagement à lutter contre la production et le trafic de drogue, a poursuivi l’Observateur permanent. Sans des cadres nationaux, régionaux et internationaux robustes, sans la ferme volonté de mettre fin aux profits engrangés par cette activité, les personnes continueront de souffrir et de se détruire. Il faut cependant résister à la tentation de répondre à cette question par de simples restrictions sur la consommation de drogues; il faut mettre fin à sa production, a conclu l’Observateur permanent.
M. AL-MANSORI (Qatar) a insisté sur l’importance d’un renforcement de la coopération internationale en matière de prévention du crime, notamment la lutte contre le trafic des personnes et le terrorisme. Il faut renforcer aussi les systèmes de justice pour lutter contre « ces crimes odieux » et parvenir aux objectifs de développement durable d’ici à 2030, a ajouté le représentant.
Le Qatar a adopté de nombreuses mesures pour lutter contre ces fléaux, a affirmé le représentant, qui a précisé que son pays coopérait avec les organisations internationales pour traiter de ces questions. Il a en outre rappelé la Déclaration de Doha des Nations unies sur la justice pénale, estimant qu’elle avait contribué de manière efficace à renforcer les efforts en cours. « Nous nous battons pour l’état de droit et, grâce aux mesures adoptées, le Qatar occupe une place très élevée dans le classement en matière de lutte contre les crimes » a affirmé le représentant.
M. FRANCISCO ÁLVAREZ SOSA (République dominicaine) a souligné que son pays était confronté à une réalité géographique et économique propice au narcotrafic. Toutefois, a-t-il fait valoir, la République dominicaine n’est pas un pays producteur de drogues illicites et seulement 3% de ses habitants sont concernés par la consommation de stupéfiants. En revanche, le pays est au centre de trafics qui ont des effets sur le taux de criminalité et qui utilisent des ressources économiques importantes du pays. Les consommateurs nationaux sont principalement des jeunes de 15 à 34 ans, a précisé le représentant, qui a dit la préoccupation de son gouvernement face à des enfants et des adolescents souvent non scolarisés qui s’adonnent au vol et à la consommation de crack et de marijuana. M. Álvarez Sosa a affirmé que le respect des droits de l’homme était assuré pour tous les consommateurs et ne pourrait être remis en cause.
La République dominicaine fait de grands efforts pour réduire la pauvreté et le taux de criminalité et de violence sur son territoire, a poursuivi M. Álvarez Sosa, qui a fait observer que la drogue et les armes à feu étaient des facteurs aggravants. Beaucoup de crimes sont en effet commis après consommation de drogues illicites. Face à ces problèmes, les autorités dominicaines travaillent à l’actualisation du système judiciaire national pour avoir des réponses solides, conformément aux normes internationales.
M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a estimé que la lutte contre le trafic illicite de la drogue, l’une des sources de financement du terrorisme, nécessitait des efforts conjoints de la communauté internationale. Le Tadjikistan a établi une coopération efficace avec les agences onusiennes spécialisée dans ce domaine, les organisations régionales et sur le plan bilatéral, dans le cadre de sa stratégie nationale 2013-2020. Le Gouvernement publie chaque année, en collaboration avec l’ONUDC, un journal sur la situation de la drogue au Tadjikistan. Ce document contenant des analyses est largement utilisé par les forces de l’ordre, a fait observer le représentant.
De 1996 à 2016, plus de 115 tonnes de drogue ont été saisies, et pas moins de 2,5 tonnes l’ont été au cours du premier semestre de l’année en cours, a encore précisé M. Mahmadaminov. Les diverses mesures prises par le Gouvernement ont permis de réduire le nombre de crimes liés au trafic de drogue, s’est-il félicité.
M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a mis l’accent sur l’expansion du marché mondial de la drogue, dont la consommation sur les deux plus grands marchés continentaux, l’Amérique du nord et l’Europe, semble inépuisable. En raison de leur emplacement géographique et de la conjoncture actuelle, des pays comme le Guatemala et ceux de sa région sont victimes d’une violence abjecte qui déstabilise leur sécurité, leur fait subir la perte de milliers d’âmes et un risque de décomposition sociale qui menace leur intégrité, les droits, la santé, l’éducation et le développement de leurs habitants.
La menace de la criminalité transnationale organisée et des délits y associés, le trafic des stupéfiants et les formes sophistiquées de violence armée, qui englobent également les tueurs à gages et les « maras », n’ont nullement entamé la volonté de l’État dans sa mise en place de politiques publiques sensibles au respect des droits de l’homme, a affirmé le représentant. Ces politiques renforcent les capacités étatiques d’enquête, de poursuites et de condamnations de délits propres au trafic des stupéfiants et de précurseurs chimiques, ou encore du blanchiment de capitaux, a expliqué M. Skinner-Klée.
Le représentant a toutefois noté qu’il existait une « demande insatiable » qui ampute les ressources, avilit les citoyens et constitue une grave menace à la sécurité démocratique du Guatemala. Mais il a aussi rappelé que, depuis janvier 2016, les saisies de cocaïne avaient doublé, et celles de l’élimination du cannabis, quadruplé, tandis que l’élimination du pavot et la saisie de l’héroïne étaient restées au même niveau par rapport aux deux années précédentes. Au niveau régional, M. Skinner-Klée a rappelé la création des forces de travail interinstitutionnelles, qui mènent des opérations de sécurité conjointes dans les zones frontalières avec le Mexique, El Salvador et le Honduras.
M. MAYANK JOSHI (Inde) a constaté qu’en dépit de l’inflation de conventions et de traités internationaux sur la question de la criminalité transnationale, le défi posé aux États Membres ne cessait de s’aggraver. Les organisations terroristes désignées comme telles par l’ONU, notamment Daech, les Chabab, Boko Haram, Lashkar-e-Toiba et Jaïsh-e-Mohammed, continuent de déstabiliser des régions entières, tandis que les conflits armés entraînent de vastes mouvements de personnes, lesquelles deviennent des proies pour le crime organisé. Pour répondre à ces menaces, une véritable coopération internationale se révèle indispensable, notamment dans le partage d’informations, la coordination des opérations et l’assistance technologique, a insisté le représentant.
Au niveau national, l’Inde accorde une grande importance à la lutte contre le trafic des personnes et adopte pour cela une approche multidimensionnelle visant à impliquer les parties prenantes, a poursuivi M. Joshi. L’Inde a ainsi créé des centres de formation et des laboratoires d’enquête spécialisés dans la cybercriminalité et mis en place des unités de lutte contre le trafic des êtres humains. Enfin, tout en restant un important fournisseur d’opiacés à des fins médicales, l’Inde s’emploie à détecter et identifier l’apparition de nouvelles substances psychoactives.
Mme NORA IMANE BELLOUT (Algérie) a expliqué que son pays avait adopté un programme global de modernisation de son dispositif juridique en intégrant dans son arsenal national des nouveautés qui tiennent compte des avancées internationales enregistrées dans la lutte contre les fléaux mondiaux. Elle a réitéré l’engagement et la détermination de l’Algérie à mettre en œuvre les conventions des Nations Unies relatives à la criminalité transnationale organisée et aux drogues, notamment celles qui condamnent le trafic des biens culturels.
S’agissant de la cybercriminalité, Mlle Bellout a appelé à une action commune et efficace à travers le renforcement de l’arsenal juridique et l’amélioration des capacités nationales. La criminalité organisée et le trafic de drogue ont créé un climat favorable à l’extrémisme violent et au terrorisme, a-t-elle ajouté. La lutte contre cette dernière menace nécessite le tarissement de toutes les sources de financement, en particulier le trafic de drogue. Soucieuse du bien-être de ses voisins, l’Algérie a consacré des moyens colossaux pour faire face à toutes les formes de criminalité, en accueillant sur son territoire le siège de l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL).
Face à la criminalité organisée, le Gouvernement algérien a procédé au renforcement du dispositif de lutte par la mise en place de deux types de cellules, l’une chargée de l’édification de la recherche et de l’investigation et l’autre, tendant à l’orientation analytique, a expliqué Mme Bellout. La prévention, le traitement et la répression sont les trois piliers de lutte contre la drogue, a-t-elle ajouté, avant de préciser que la stratégie nationale mettait l’accent sur la prévention de la toxicomanie à travers l’enquête, la sensibilisation et le renforcement du rôle de la société civile. En termes d’infrastructure, il existe 15 centres de désintoxication, 53 centres intermédiaires et 185 cellules d’accueil et d’orientation.
M. YARKOVICH (Bélarus) a déclaré apprécier le rôle stratégique de l’ONUDC et s’est déclaré disposé à poursuivre sa collaboration avec l’organisation. Il a insisté sur la nécessité de porter attention à la lutte contre la traite des personnes dans le cadre de la lutte contre la criminalité transnationale organisée et a salué la déclaration politique adoptée par la soixante-douzième Assemblée générale. Soulignant la contribution de l’ONUDC, le représentant a proposé que l’Office crée une base de données unifiée des coordonnateurs en la matière, afin de renforcer encore la coordination, et qu’il organise une réunion des directeurs de ces différentes entités.
M. Yarkovich a également souhaité un renforcement du cadre de la Convention des Nations Unies contre la corruption, ainsi que de la coopération entre les États, les entreprises privées, la société civile et les médias sur cette question. Le Bélarus rejette tout appel à légaliser les stupéfiants et appelle au contraire la communauté internationale à unir ses efforts dans la lutte contre ceux-ci. Le représentant a en outre mentionné la réunion de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE à Minsk, qui a adopté une résolution contre les substances psychoactives et a invité la communauté internationale à redoubler d’efforts en ce qui concerne les enfants et adolescents consommateurs.
M. DIONISIO SANTIAGO (Philippines) a affirmé que la question de la drogue était une priorité pour son gouvernement. Sous l’administration du Président Rodrigo R. Duterte, la campagne anti-drogue a été renforcée grâce à la collaboration d’agences gouvernementales, d’organisations non gouvernementales, les confessions religieuses et le secteur privé, a-t-il déclaré.
Les efforts de démantèlement de l’approvisionnement ont permis aux forces de l’ordre de saisir des cargaisons de drogue, d’interpeller des trafiquants et de démanteler des laboratoires clandestins, a poursuivi le représentant, qui a dressé un bilan de ces opérations. Ainsi, de juillet 2016 à septembre 2017, plus de 76 000 opérations de lutte contre la drogue ont été menées, permettant ainsi l’arrestation de près de 114 000 personnes et la saisie de 2 500 kilogrammes de méthamphétamine. En outre, un nombre sans précédent de consommateurs se sont rendus auprès des autorités de manière volontaire. Le Gouvernement a requis le soutien du secteur privé et de partenaires internationaux afin de construire de nouveaux sites de désintoxication à travers le pays, a ajouté le représentant.
Le représentant a assuré que l’objectif de son gouvernement était de veiller à ce que les jeunes vivent dans des communautés sans drogue. Le Gouvernement est conscient qu’il faudrait que cette campagne soit menée de manière à ne pas saper sa légitimé et son intégrité, a assuré M. Santiago. De ce fait, des fonctionnaires veillent au respect des droits de l’homme et aux pratiques internationales propres au secteur. Le représentant a conclu en affirmant que son gouvernement entendait respecter scrupuleusement l’état de droit et ses obligations relatives aux différents traités sur les droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants.
Mme KIPIANI (Géorgie) a déclaré que l’objectif de son gouvernement était de renforcer son cadre juridique et institutionnel pour prévenir et sanctionner pénalement dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue et le trafic des personnes. À cet égard, la Géorgie vient de ratifier la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite aussi Convention d’Istanbul, dans le but de renforcer son cadre pénal pour les violences faites aux femmes, a expliqué la représentante.
M. MURAT UĞURLUOĞLU (Turquie) a estimé que la criminalité transnationale organisée demeurait l’une des menaces les plus importantes en matière de sécurité et de développement, autant que pour la jouissance des droits de l’homme. Le trafic des êtres humains, en tant que violation claire des droits de l’homme, est pour sa part une atteinte à la dignité et à l’intégrité de la personne humaine. Ces défis globaux requièrent des réponses globales, à tel point que les gouvernements seuls ne peuvent agir efficacement. Il faut dans ce contexte recalibrer la coordination des efforts en cours au plan international, a déclaré le représentant.
M. Uğurluoğlu a aussi fait observer que le trafic des êtres humains se révélait un des « commerces » les plus fructueux, y compris pour les groupes terroristes comme Daech, Fetö, Al-Qaida ou le PKK. En tant que pays d’accueil de plus de trois millions de migrants syriens, la Turquie a pris des mesures pour combattre ce phénomène à travers la prévention, les poursuites pénales et la coopération, a assuré le représentant. La destruction de biens culturels et leurs transferts étant également devenus des menaces croissantes à part entière, la Turquie, à la fois pays d’origine, de transit et de destination, a renforcé son cadre existant dans le but de prévenir le transfert illégal de biens historiques, a encore déclaré M. Uğurluoğlu.
M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a déclaré qu’une approche intégrée de la prévention du crime et de la violence incluant le renforcement des institutions de justice criminelle renforcerait l’état de droit et la sécurité. Présentant l’état des lieux de son pays, le représentant a mentionné l’ajustement de la législation nationale avec l’article 44 de la Convention des Nations Unies contre la corruption afin de lutter à la fois contre la corruption et la criminalité transnationale organisée, que ce soit le trafic de drogue, la traite des personnes, le financement du terrorisme, les flux financiers illégaux ou encore le blanchiment d’argent.
Le Nigéria réalise l’importance et le potentiel des réseaux sociaux pour atteindre les populations les plus vulnérables et continue d’utiliser des plateformes telles que Facebook et Twitter pour disséminer des messages de prévention, a fait valoir M. Itegboje. Et pourtant, a reconnu le représentant, le Nigéria fait toujours face au défi de l’augmentation de la culture du cannabis. Ce dernier est la drogue qui a été la plus saisie en 2016, avec 180 000 kilogrammes, tandis que plus de 700 hectares de production de cannabis étaient détruits. En conclusion, le représentant a salué le résultat de la réunion des directeurs des services de détection et de répression des infractions liées à la drogue, qui s’est tenue récemment en Égypte.
Mme THIRANAT SUCHARIKUL (Thaïlande) a déclaré que le développement durable ne pourrait être pleinement réalisé si la criminalité persiste au sein d’une société sans justice. La Thaïlande continue de promouvoir l’état de droit aux niveaux national et international en tant que partie fondamentale des efforts tendant à atteindre les objectifs de développement durable. À titre d’exemple, la Princesse Bajrakitiyabha, Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUDC pour l’état de droit et la justice pénale en Asie du Sud-Est, plaide pour une justice pour les prisonniers en Thaïlande, notamment pour les détenues, les prisonnières enceintes et leurs enfants. Au niveau international, le travail inlassable de la Princesse en vue de l’application des Règles des Nations Unies concernant le traitement des détenues et l’imposition de mesures non privatives de liberté aux délinquantes (Règles de Bangkok) a également contribué à ancrer les normes d’une criminologie féministe. Par ailleurs, un projet pilote a été lancé le 18 juillet dernier dans la prison de Thonburi Remand, où l’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus (« Règles Nelson Mandela ») sont strictement appliquées, afin que les mêmes normes soient étendues à toutes les prisons et institutions correctionnelles du pays.
Saluant l’adoption, la semaine dernière, de la Déclaration politique de mise œuvre du Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes, Mme Sucharikul a appelé à établir une corrélation entre la traite, la criminalité et le développement. Le Plan d’action vient réaffirmer la nécessité d’intégrer l’état de droit, la prévention du crime et la justice pénale dans les efforts visant à la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-elle souligné. La Thaïlande est d’ailleurs dotée d’une « politique à tolérance zéro » pour la traite qui repose sur les « 5 P »: politique, poursuite, protection, prévention et partenariat. En outre, une approche axée sur les victimes a été adoptée pour apporter une assistance et une protection appropriée.
S’agissant des drogues, la représentante a estimé que la Déclaration de Doha fournissait une nouvelle approche de la justice pénale, notamment la promotion et l’encouragement d’alternatives à la détention à travers des programmes de réhabilitation et de réinsertion au sein de la société, ce que s’efforce de faire la Commission de réhabilitation des toxicomanes.
M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a rappelé que, lors de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue l’an dernier, les États avaient réaffirmé leur engagement à combattre les formes émergentes et les défis persistants. Alors qu’il n’y avait plus au Pakistan de pavot depuis 2001, la production de cette plante est repartie à la hausse, causant de nombreux défis dans le pays, a reconnu le représentant.
M. Munir a toutefois assuré que les autorités de son pays restaient pleinement engagées à lutter contre ce phénomène, comme le montre la saisie de plus de 342 tonnes de drogues illicites rien que l’an dernier. Le Pakistan estime en outre qu’une approche holistique est le meilleur moyen de combattre les causes profondes dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. La corruption ou le blanchiment d’argent restant d’importants défis, le Pakistan a ratifié la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, a ajouté le représentant.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a plaidé en faveur d’efforts conjoints de la communauté internationale. En tant que partie très active aux Nations Unies, le Bangladesh soutient le Groupe de coordination et le Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes, en plus de participer au Processus de Bali sur le trafic de migrants, la traite des personnes et la criminalité transnationale qui y est associée.
Au plan national, la politique robuste et les mesures ciblées portent sur la prévention, la protection et le suivi des mesures adoptées, a affirmé le représentant. Le Bangladesh a également mis sur pied des comités de suivi et de collecte des données. Il souhaite enfin que la question de la traite des personnes soit prise en compte dans le cadre du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.
M. MARISELA EUGENIA GONZALEZ TOLOSA (Venezuela) a déclaré que son pays avait travaillé à renforcer son cadre normatif et institutionnel pour lutter contre le problème de la drogue. Le Plan national 2015-2019 a notamment permis l’équipement et l’actualisation technologique des agences spécialisée chargées de lutter contre ce phénomène, afin de les doter de moyens d’intervention et pour contrecarrer les groupes délictueux qui utilisent le Venezuela à des fins de fabrication, de vente ou de transit de drogues. Par ailleurs, conscient de la responsabilité commune d’aider à combattre contre ces phénomènes, le Venezuela a mis en œuvre les recommandations de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2016 sur le problème de la drogue, notamment en coopérant avec les pays voisins dans le cadre d’opérations conjointes, a assuré le représentant.
M. RUSLAN BULTRIKOV (Kazakhstan) a insisté sur l’importance d’une coopération internationale étroite pour lutter contre la criminalité transnationale organisée, le trafic de drogue et la traite des êtres humains. L’être humain doit être placé au centre de nos efforts, a-t-il affirmé. Il a ensuite rappelé que son pays était partie à toutes les principales conventions de lutte contre la criminalité et le trafic de stupéfiants. Le Kazakhstan participe en outre à la mise en œuvre régionale et internationale des programmes de l’ONUDC. Le représentant a également mentionné l’intérêt spécial de son pays pour le Centre régional d’information et de coordination pour l’Asie centrale (CARICC), qui regroupe cinq pays d’Asie centrale en plus de la Fédération de Russie et de l’Azerbaïdjan. Ce Centre, qui est basé à Almaty au Kazakhstan et vise à lutter contre le trafic de stupéfiants et la criminalité transnationale organisée, a joué un rôle crucial dans l’amélioration de la coopération nationale et régionale entre les agences chargées du maintien de l’ordre, a estimé le représentant.
Mme HORBACHEVA (Ukraine) a souligné les relations entre le trafic de drogue, la traite des personnes et le blanchiment d’argent en lien avec le terrorisme, qui « nécessitent une coopération au niveau international ainsi qu’avec le système des Nations Unies ». La représentante a salué la tenue de réunions conjointes de la Commission des stupéfiants et celle pour la prévention du crime et la justice pénale. Elle s’est ensuite déclarée attachée aux programmes de réduction de la demande de drogue et à la réinsertion sociale des individus « conformément aux grandes conventions sur les drogues, tout en respectant les droits de l’homme ».
Mme Horbacheva a estimé que la situation de l’Ukraine était aggravée par les flux migratoires internes exacerbés par la Russie et son « occupation illégale de la Crimée ». Compte tenu du fait que « la situation peut encore s’aggraver », la représentante a appelé à une intervention internationale. Elle a enfin invité l’ONUDC à étudier la nature des nouveaux problèmes liés à la criminalité.
M. WANG ZHAO XUE (Chine) a jugé nécessaire de renforcer les mécanismes internationaux en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée, y compris la cybercriminalité. Il faut, parallèlement, faire en sorte que la coopération aboutisse à ce que ces criminels ne puissent trouver asile nulle part, a-t-il insisté. La Chine est également d’avis que le cadre international actuel doit être appliqué, notamment la Déclaration politique de 2009, le document final de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2016 et son Plan d’action. En conséquence, la Chine est opposée à toute tentative de régulariser la consommation de drogues et d’affaiblir les normes existantes en la matière. Elle considère aussi qu’il ne faut pas lier la question de la peine de mort à celle de la drogue.
M. LESETLA ANDREAS TEFFO (Afrique du Sud) a jugé très important de consacrer des ressources suffisantes à la lutte contre la criminalité transnationale organisée, qui sape le développement et mine les gouvernements légitimes. Nous respectons le droit souverain des pays face aux drogues licites et à leurs utilisations mais nous affirmons que les États doivent également assurer leurs obligations conclues dans le cadre d’instances internationales » a-t-il ajouté.
Revenant sur la question des femmes et fillettes victimes de violences, le représentant a demandé que les États reçoivent une aide suffisante pour être en mesure d’offrir un meilleur accès à toute une série de services de qualité pour les victimes. Le représentant a par ailleurs rappelé que l’Afrique du Sud était signataire de la Déclaration de Beijing et était « consciente de l’impératif de tenir compte de l’égalité des sexes dans les objectifs de développement durable ». Le représentant a en outre rappelé que l’Afrique du Sud était à la fois un pays d’origine, de transit et de destination pour les personnes victimes de la traite, avant de saluer les contributions des États Membres au Fonds de contribution volontaire en faveur des victimes de la traite.
Enfin, rappelant que le rapport mondial de l’ONUDC mentionne qu’en 2014, 94% du braconnage en Afrique avait été commis en Afrique du Sud, le représentant a insisté sur l’importance de « protéger notre faune et notre flore ».
M. YE MINN THEIN (Myanmar) a affirmé que la lutte contre le trafic de drogue avait toujours été une priorité pour les gouvernements successifs de son pays. Et pourtant, la culture du pavot existe toujours. Par ailleurs, le flux de précurseurs chimiques utilisés pour fabriquer les drogues narcotiques dans d’autres pays ou les efforts pour éliminer les stimulants de type amphétaminique sont d’autres défis auxquels le Myanmar est confronté. Dans ce contexte, le Gouvernement actuel a adopté une stratégie visant à réduire la demande, notamment par la sensibilisation et par l’application de la loi. À cette fin, le Myanmar coopère activement avec les pays voisins et de sa sous-région. Il coopère aussi avec les autorités des États-Unis et de la Chine car il considère que le problème de la drogue est mondial.
M. LOK BAHADUR POUDEL CHHETRI (Népal) a estimé que la Déclaration sur la traite, adoptée le mois dernier, reflétait une volonté collective de mettre fin au trafic des êtres humains. Il est également important de traduire cette volonté en actes, d’autant que les Nations Unies ont un grand potentiel pour combattre la criminalité transnationale organisée et que le rôle d’INTERPOL est avéré, a poursuivi le représentant. Parmi les potentialités de l’ONU figure la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, dont l’expérience sur la prévention de la criminalité tant au plan national qu’international peut servir, a ajouté M. Poudel Chhetri. Pour le représentant, la Troisième Commission de l’Assemblée générale peut également jouer un rôle pour transcender les frontières internationales.
Mme MAYRA LISSETH SORTO ROSALES (El Salvador) a appelé à des actions coordonnées, afin de parvenir à une vision intégrale de la mise en œuvre des politiques de lutte contre la drogue à partir d’une perspective socioéconomique axée sur le bien-être et le respect des droits. Pour El Salvador, il faudrait accorder la priorité à trois aspects: la recherche et la capture des principaux chefs narcotrafiquants; l’intensification de la lutte contre le blanchiment des capitaux; et la saisie des biens acquis par le narcotrafic, qui devraient être réinvestis dans le développement des pays affectés.
La formation et l’équipement adéquats des services nationaux antidrogues sont également une partie de l’équation, a précisé Mme Sorto Rosales, qui a indiqué que la Stratégie nationale de lutte contre les drogues (2016-2021) intégrait les recommandations de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue de 2016, reconnaissant d’une manière explicite que la dépendance de la drogue est un problème de santé publique. Dans ce contexte, des efforts sont déployés pour la formation du personnel professionnel et non professionnel à la prévention et au traitement des toxicomanes, notamment avec l’assistance de l’Organisation des États américains (OEA) et du Programme COPOLAD de l’Union européenne.
M. ISSA KONFOUROU (Mali) a souligné que son pays faisait de la lutte contre le trafic illicite de drogues un axe prioritaire de sa politique de sécurité intérieure. « La crise interne que le Mali traverse depuis 2012 est essentiellement aggravée et alimentée par le terrorisme, l’extrémisme violent et autres formes de criminalité transnationale organisée, y compris les trafics de drogues, d’armes, de marchandises illicites et de personnes » a-t-il expliqué. Mentionnant la drogue comme source principale de financement des activités terroristes et du crime organisé, il a expliqué que le pays avait modifié, en 2001 une loi portant sur le contrôle des drogues et des précurseurs et créé par ailleurs une mission interministérielle de coordination de la lutte contre la drogue et un bureau central des stupéfiants.
Mentionnant les résultats positifs de ces mesures, le représentant a cependant appelé à l’appui de la communauté internationale pour aider le pays à relever les défis de la lutte contre la drogue. Il a notamment mentionné l’absence d’un système d’information et de base de données pour la collecte et la diffusion d’informations fiables sur le trafic de drogues, le manque d’échange d’informations entre les services opérationnels de lutte contre la drogue aux plans sous-régional et régional, l’absence de structure chargée de la gestion des avoirs issus de la drogue, l’absence de centres spécialisés dans la prise en charge des toxicodépendants ainsi que l’insuffisance de la formation en matière de techniques d’enquête spécialisées.
M. Konfourou a en outre insisté sur l’importance de la coopération régionale et internationale pour une lutte efficace contre ces défis communs qui ne connaissent pas de frontières. C’est cette prise de conscience collective qui est à la base de la création du G5 Sahel par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, a-t-il expliqué, avant de rappeler la décision du G5 Sahel de déployer prochainement une force conjointe pour lutter contre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et le trafic des migrants.
M. GABRIELA MARTINIC (Argentine) a déclaré que, depuis l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités argentines en décembre 2015, le pays s’était doté d’une stratégie globale et équilibrée, qui distribue des compétences spécifiques à divers organes publics, en particulier entre le Secrétariat des politiques intégrales sur les drogues, qui s’occupe de la prévention et de l’assistance matérielle aux drogués, et le Sous-Secrétariat de lutte contre les narcotrafiquants dépendant du Ministère de l’intérieur, à qui revient la tâche de réduire l’offre de stupéfiants. En matière normative, l’Argentine a également fait de grandes avancées durant l’année écoulée. Elle a notamment promulgué des lois sur les précurseurs chimiques, dont une crée un conseil fédéral des précurseurs chimiques, et un décret élargissant la liste des stupéfiants en y incorporant 61 nouvelles substances.
M. AL-TERAIFI (Bahreïn) a déclaré que la lutte contre la drogue devait concerner tous les acteurs, y compris ceux de la société civile. Celle du Bahreïn a été mise à contribution par les autorités. Au Bahreïn, la première loi contre la drogue date de 1948, a expliqué le représentant, qui a cité d’autres mesures, dont un comité de contrôle des drogues et des substances psychotropes, une direction sur la toxicomanie et la coopération avec les États de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). Pour les jeunes, des campagnes de prévention incluant des écoles et 66 centres ont été lancées pour les informer sur l’addiction aux drogues. En outre, un hôpital pour soigner les toxicomanes est en cours de construction, a ajouté le représentant, qui a estimé que les toxicomanes méritaient d’être soignés et non réprimés.
Mme NAILA HAIDOUR (Maroc) a appelé la communauté internationale à investir dans la prévention des personnes dépendantes de la drogue avant de détailler la politique du Maroc en la matière. Cette dernière se déploie sur trois domaines: la réduction de la demande pour atteindre un niveau zéro, la réduction de l’offre et la mise en place de programmes visant à promouvoir la réduction de l’offre. Concernant ce dernier point, la représentante a mentionné la lutte contre la production de cannabis depuis 2003, une « lutte progressive et permanente qui a abouti à une réduction de 65% des surfaces cultivées » ainsi que les campagnes de sensibilisation menées par le Gouvernement.
M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a déclaré que son pays avait fait des progrès significatifs dans la réforme de ses législations en améliorant sa politique pénale, son système pénitentiaire et en modernisant son cadre judiciaire par l’application de diverses innovations technologiques. Au titre de ces changements, il y a désormais le service probatoire du Ministère de la justice, qui a permis à 350 prisonniers d’être graciés par le Président de l’Azerbaïdjan. Un accord signé avec l’UNICEF a pour sa part permis de réformer la justice juvénile, de lancer des campagnes de sensibilisation ou de faire des formations pour les agences et organes chargés d’appliquer la loi. Par ailleurs a été mis en place un comité public, formé de représentants de la société civile, qui contrôle et veille à la transparence du système judiciaire.
Au regard de la traite d’êtres humains, trois plans nationaux ont été adoptés en 2004, 2009 et 2014, a expliqué le représentant. Une police spéciale été créée à cet effet et des échanges d’informations sont désormais possibles grâce à 90 accords bilatéraux et multilatéraux avec des gouvernements de plus de 40 pays. L’Azerbaïdjan lutte également contre la corruption et dispose pour cela d’une agence d’État qui fournit 251 services publics avec pour objectif la tolérance zéro pour tout acte de corruption. Cette agence a reçu en 2015 le Prix des Nations Unies pour le service public, s’est félicité le représentant.
M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran) a déclaré que son pays continuait d’appeler à une stratégie équilibrée sur le problème de la drogue, qui ne serait pas politisée. Hélas, seuls les pays de transit comme la République islamique d’Iran sont en première ligne du combat contre ce fléau mondial, a-t-il déploré, ajoutant que, dans son pays, des tonnes de drogue transitaient chaque jour, dans des camions et non dans des valises. La République islamique d’Iran a investi des millions de dollars et perdu des centaines de soldats dans le cadre de cette lutte, a également déclaré le représentant, ajoutant qu’aux yeux de sa délégation, les trois grandes conventions des Nations Unies pertinentes restent les instruments de base pour élaborer cette stratégie globale que la République islamique d’Iran appelle de ses vœux.
Mme MUKHTAR (Soudan) a fait part du succès de son pays en matière de lutte contre la traite et a mentionné l’organisation, avec l’Union Européenne et l’Union africaine, de la Conférence sur la lutte contre la traite des personnes dans la Corne de l’Afrique, qui a débouché sur ce qui est communément appelé « le processus de Khartoum ». La représentante a ensuite lancé un appel aux bailleurs de fonds pour aider le Soudan à éradiquer ce phénomène « méprisable ».
Mme Mukhtar est revenue sur les stratégies adoptées par le Soudan pour lutter contre la drogue, notamment l’amendement de la loi sur la drogue, destiné à prendre en compte les accords internationaux ou encore le renforcement de la police de proximité, qui a permis la réduction des niveaux de criminalité. La représentante a également insisté sur le fait que les efforts de lutte contre la criminalité transnationale et la lutte contre la drogue et le terrorisme passaient par une nécessaire coopération internationale. Enfin, elle a rappelé qu’il était nécessaire de tenir compte de la dynamique de développement en s’attaquant aux origines du problème de la drogue, notamment la pauvreté, et a déclaré qu’au Darfour des groupes criminels « financent leurs activités par la traite des personnes et le vol ».