Dixième session extraordinaire d’urgence (reprise),
37e séance – matin
AG/11995

L’Assemblée demande aux États de s’abstenir d’établir des missions diplomatiques à Jérusalem et déclare « nulle et non avenue » toute décision contraire

Trois jours après le veto américain sur la résolution du Conseil de sécurité relative au statut de Jérusalem, l’Assemblée générale a, sous un tonnerre d’applaudissements, adopté aujourd’hui la sienne qui « demande à tous les États de s’abstenir d’établir des missions diplomatiques dans la ville sainte de Jérusalem, en application de la résolution 478 (1980) du Conseil ». *

Adoptée par 128 voix pour, 9 voix contre dont celles des États-Unis et d’Israël, et 35 abstentions, lors d’une « session extraordinaire d’urgence », la résolution « affirme que toute décision ou action qui visent à modifier le caractère, le statut ou la composition démographique de la ville sainte de Jérusalem n’ont aucun effet juridique, sont nulles et non avenues ».  La session extraordinaire, a expliqué le représentant du Yémen qui a présenté la résolution, a été demandée par le Groupe des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique (OCI), conformément à la résolution 8221 de la Ligue des États arabes adoptée à la session extraordinaire le 9 décembre au Caire et à celle de l’OCI adoptée le 13 décembre au Sommet extraordinaire d’Istanbul.  La session a aussi été demandée par le Mouvement des pays non alignés, a indiqué le représentant du Venezuela.  

Confirmant la décision prise par son pays le 6 décembre dernier, d’installer son ambassade à Jérusalem, la représentante américaine a prévenu:  Les États-Unis se souviendront de ce jour où ils ont été la cible des attaques de cette Assemblée générale.  « Nous nous en souviendrons quand on nous demandera de faire la plus grande contribution au budget de l’ONU.  Nous avons l’obligation de demander un meilleur retour sur investissement. »

Penser que les votes et la dignité des États Membres sont à vendre échappe à toute éthique, a commenté le Ministre des affaires étrangères de la Turquie, qui a dénoncé une attitude « inacceptable ».  M. Mevlüt Çavuşoğlu s’est voulu clair: nous ne nous laisserons pas intimider.  Ce n’est pas parce que vous êtes forts que vous avez forcément raison, a-t-il martelé devant « ce moment critique de l’Histoire ».

L’Assemblée générale a le droit d’assumer ses responsabilités face au danger que représente la position américaine, a renchéri le Ministre des affaires étrangères de l’État de Palestine, M. Riad Al-Malki.  Nous sommes ici « non par animosité » mais pour dénoncer une décision qui constitue une agression contre le droit du peuple palestinien et toutes les religions, s’est expliqué le Ministre.  Qui cette décision sert-elle?  Elle sert Israël, a-t-il répondu, en arguant qu’Al-Qods est « le carrefour des religions », qu’elle appartient au monde. 

Jérusalem est le Lieu le plus saint au monde pour le peuple juif, a rectifié le représentant d’Israël.  C’est un fait qui ne peut être contesté: le Roi David avait proclamé Jérusalem capitale du peuple juif, il y a 3 000 ans; la Bible juive mentionne cette ville 600 fois; et le Premier Ministre, David Ben Gourion, avait déclaré que Jérusalem est « une part inséparable de l’histoire d’Israël, de la foi d’Israël ».  En reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, les États-Unis ne font que dire la vérité, a estimé le représentant. 

Dans sa résolution, l’Assemblée générale « appelle à nouveau » à inverser les tendances négatives sur le terrain qui mettent en péril la solution des deux États et à intensifier et accélérer les efforts entrepris et l’appui apporté aux niveaux international et régional en vue de parvenir sans tarder à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, sur la base des résolutions pertinentes des organes de l’ONU, du mandat de la Conférence de Madrid, y compris le principe de l’échange de territoires contre la paix, de l’Initiative de paix arabe et de la Feuille de route du Quatuor, et de mettre fin à l’occupation israélienne qui a commencé en 1967.

Le statut final de Jérusalem ne peut être arrêté qu’après des négociations directes entre les parties et non par une décision unilatérale qui viole le droit international, a argué la majorité des 18 délégations qui ont pris la parole aujourd’hui.  Le processus de paix, qui relève de la responsabilité de la communauté internationale tout entière, ne saurait se limiter à de bonnes intentions, s’est impatienté le Ministre des affaires étrangères de la Palestine.  À quel moment cette catastrophe va-t-elle prendre fin?  À quel moment notre peuple vivra-t-il dans la paix et la dignité sur la terre de ses ancêtres, a-t-il demandé? 

L’Assemblée générale se réunira à nouveau, demain à 15 heures.

*A/ES-10/769

MESURES ILLÉGALES PRISES PAR LES AUTORITÉS ISRAÉLIENNES À JÉRUSALEM-EST OCCUPÉE AINSI QUE DANS LE RESTE DU TERRITOIRE

Présentation du projet de résolution (A-ES-10/L.22)

Au nom du Groupe des États arabes, M. KHALED HUSSEIN MOHAMED ALYEMANY (Yémen) a expliqué que la reprise de la dixième session extraordinaire d’urgence a été sollicitée par son Groupe et l’Organisation de la coopération islamique (OCI), conformément à la résolution 8221 de la Ligue des États arabes adoptée à la session extraordinaire le 9 décembre au Caire et à celle de l’OCI adoptée le 13 décembre au Sommet extraordinaire d’Istanbul.  Ces résolutions font suite aux événements « graves » survenus dans la région arabe qui jettent une ombre sur la paix et la sécurité internationales.

Le représentant a dénoncé le fait que les États-Unis viennent d’imposer leur veto à la résolution du Conseil de sécurité contre toute modification du statut juridique de Jérusalem.  Les États-Unis, a-t-il souligné, se sont opposés à tous les autres 14 membres du Conseil qui voulaient protéger le « statut sacré » de la Ville sainte, en vertu du droit international, de la légalité internationale et des décisions pertinentes des Nations Unies.  Le résultat du vote au Conseil de sécurité est la preuve qu’à une majorité écrasante, la communauté internationale estime que la décision de l’Administration américaine constitue une grave violation du droit international, l’occupation « inadmissible » des territoires palestiniens par la force ne faisant qu’aggraver les violations des droits de l’homme et la violence sur le terrain ».

Le représentant a insisté sur le droit de la Palestine à l’autodétermination et a appelé tous les États à rejeter la décision américaine du 6 décembre 2017, une décision « nulle et non avenue » constituant une agression flagrante contre les droits du peuple palestinien, l’Oumma arabe, tous les musulmans et les chrétiens du monde entier.  Cette décision est aussi une violation flagrante et grave de la Charte des Nations Unies.  Jérusalem-Est, a poursuivi le représentant, est une partie intégrante de la terre palestinienne dont l’État revendique sa souveraineté inaliénable sur tous les territoires occupés depuis 1967.  Le représentant a donc invité tous les États, y compris les États-Unis, à rejeter toute décision ou activités contraires au statut de Jérusalem et à se garder d’y établir une représentation diplomatique.  Le représentant n’a pas manqué de condamner les politiques et plans illégaux d’Israël visant à modifier le statut juridique et historique des Lieux saints, y compris la mosquée Al-Aqsa. 

L’occupation des territoires palestiniens et arabes est la source de la déstabilisation de la région, a insisté le représentant qui a prévenu qu’il ne saurait y avoir de paix et de stabilité au Moyen-Orient tant qu’il n’y aura pas un règlement juste et pacifique de la question.

Après avoir passé en revue le projet de résolution, le représentant a exprimé sa profonde gratitude à l’Égypte pour avoir soumis la résolution sur Jérusalem au Conseil de sécurité et exhorté tous les pays épris de paix à rester fermes dans leur appui à l’état de droit et à voter pour le droit, la paix et la stabilité au Moyen-Orient. 

Déclarations

M. RIAD AL-MALKI, Ministre des affaires étrangères de l’État de Palestine, a souligné que cette dixième session extraordinaire vise à faire entendre la voix de la communauté internationale, après que le Conseil de sécurité s’est exprimé à la majorité évidente de 14 membres sur cette résolution qui confirme le statut d’Al-Qods.  L’Assemblée générale, a-t-il rappelé, a le droit d’assumer ses responsabilités selon le principe d’« Unis pour la paix » pour faire face au danger que constitue la position américaine.  Nous sommes ici « non par animosité » mais pour dénoncer une décision qui constitue une agression contre le droit du peuple palestinien et toutes les religions.  La décision des États-Unis ne peut qu’affecter leur statut de médiateur de la paix, a prévenu le Ministre.  

M. Al-Malki a en effet déploré que les mises en garde lancées par le monde entier sur les dangers d’une décision qui heurte les sentiments des uns et des autres et qui compromet l’espoir de paix, n’aient pas été entendues.  Qui cette décision sert-elle?  Elle sert Israël, a répondu le Ministre, ajoutant que la décision n’est soutenue ni par les autorités musulmanes, ni par les autorités chrétiennes, ni par les alliés les plus proches des États-Unis.  Al-Qods est le carrefour des religions.  On ne peut pas falsifier le statut de Jérusalem.  On ne peut la soumettre à aucune domination.  Elle appartient au monde, a asséné le Ministre, qui a invoqué « la clarté » du droit international sur le caractère historique et sacré de la Ville sainte. 

Le Ministre a déploré que les États-Unis aient raté une fois de plus l’occasion de se rallier à la communauté internationale, choisissant de faire fi des répercussions dangereuses de leur décision.  « Le véto ne nous arrêtera pas car nous nous appuyons sur le droit international », a dit le Ministre qui s’est demandé comment Israël, Puissance occupante, n’a toujours pas compris que les peuples qui ont souffert savent reconnaître le colonialisme qu’il se pare ou non d’une justification religieuse.

L’ONU est aujourd’hui soumise à une épreuve sans précédent, a prévenu le Ministre.  En votant pour la résolution, les États s’appuient sur le droit international, lui-même fondé sur une logique alignée avec la civilisation humaine.  « L’Histoire se souvient toujours de ceux qui ont défendu une cause juste », a encore souligné M. Al-Malki, rappelant que malgré toutes ces années, la volonté des Palestiniens de parvenir à la paix reste « infaillible ».  Mais, a-t-il souligné, colonialisme et paix ne vont pas ensemble.  « Ceux qui sont pour le colonialisme sont contre la paix », a-t-il tranché, regrettant que « le médiateur » ait fait le mauvais choix.

Le processus de paix, qui relève de la responsabilité de la communauté internationale tout entière, ne saurait se limiter à de bonnes intentions, s’est impatienté le Ministre.  Les auteurs de violations du droit international doivent être poursuivis, a-t-il argué, dénonçant « la barbarie » de la Puissance occupante qui prive le peuple palestinien de son rêve.  À quel moment cette catastrophe va-t-elle prendre fin?  À quel moment notre peuple vivra-t-il dans la paix et la dignité sur la terre de ses ancêtres?  Le Ministre a appelé les États à voter massivement pour le projet de résolution pour faire valoir le droit international et rejeter « chantage et intimidation ».

Le vote d’aujourd’hui est important pour rappeler aux Palestiniens qu’ils ne sont pas seuls, a déclaré M. MEVLÜT ÇAVUŞOĞLU, Ministre des affaires étrangères de la Turquie.  Le vote est important pour montrer que la cause palestinienne est toujours « notre cause ».  Donc aujourd’hui, nous défendons la justice et la paix.  Aujourd’hui, nous défendons Al-Qods-Jérusalem, la ville des trois religions révélées.  Nous montrons qu’ethnies et religions différentes peuvent vivre en paix, a ajouté le Ministre. 

Les Palestiniens, a-t-il poursuivi, ont le droit à leur propre État sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.  C’est le paramètre principal et le seul espoir d’une paix juste et durable dans la région, a prévenu le Ministre.  La décision d’un État Membre de l’ONU de reconnaître Jérusalem ou Al-Qods, comme capitale d’Israël, viole le droit international, y compris toutes les résolutions pertinentes de l’ONU.  Cette décision est une attaque « scandaleuse contre toutes les valeurs universelles », a-t-il estimé.

L’Organisation de la coopération islamique (OCI), le deuxième organe intergouvernemental le plus important au monde, a rejeté à l’unanimité la décision comme « nulle et non avenue », conformément à la résolution 476 du Conseil de sécurité qui a « censuré dans les termes les plus forts » la décision similaire qu’avait prise le Parlement israélien en 1980.  L’OCI a aussi déclaré Jérusalem-Est, capitale de l’État de Palestine.

Al-Qods- Jérusalem, est une ville sacrée pour les trois religions monothéistes et il est de la responsabilité de l’humanité tout entière de préserver son statut historique.  Les décisions unilatérales sur ce statut menacent le tissu multiethnique et multiculturel de la ville.  Elles compromettent les perspectives d’une paix juste et durable au Moyen-Orient et assombrissent la vision de la solution des deux États. 

Malheureusement, a constaté le Ministre, le Conseil de sécurité a failli, une nouvelle fois, à ses responsabilités, à cause du droit de veto.  Maintenant, la tâche consistant à rendre justice revient à l’Assemblée générale.  On nous a demandé de voter « non » ou d’assumer les conséquences, a relevé le Ministre.  Certains menacent même de couper l’aide au développement.  Une telle attitude est « inacceptable », s’est-il emporté.  C’est de la tyrannie et cette salle ne cèdera pas.  Penser que les votes et la dignité des États Membres sont à vendre échappe à tout sens de l’éthique.  Soyons clairs: nous ne nous laisserons pas intimider.  Ce n’est pas parce que vous êtes forts que vous avez forcément raison, a martelé le Ministre devant « ce moment critique de l’Histoire ».

Un vote en faveur du peuple palestinien aujourd’hui nous placera du bon côté de l’Histoire, a insisté le Chef de la diplomatie turque.  Nous l’avons déjà fait quand nous avons accordé à la Palestine le statut d’État observateur à l’ONU en 2012 et nous espérons sincèrement que ce vote ouvrira la voie à la paix et à la justice tant attendues au Moyen-Orient.  La Turquie ne lâchera jamais Al-Qods.  Le peuple palestinien ne sera jamais seul », a conclu le Ministre.  « Le monde est plus grand que les cinq ».

À leur grande honte, a déclaré Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) les Nations Unies sont devenues depuis longtemps un endroit hostile à l’État d’Israël.  C’est un tort qui compromet la crédibilité de cette institution, c’est un tort qui fait du mal au monde entier.

Je me suis souvent demandé pourquoi, a confié la représentante, pourquoi devant tant d’hostilités, Israël choisit de rester membre de cet organe.  Je me souviens alors qu’Israël l’a choisi parce qu’il est important de se défendre.  Israël doit se défendre pour sa propre survie, en tant que nation mais aussi pour ses idéaux de liberté et de dignité humaine que les Nations Unies sont censées défendre.

Être là aujourd’hui et être forcée de défendre la souveraineté et l’intégrité de mon pays fait remonter beaucoup de ces sentiments, a avoué la représentante.  Les États-Unis, a-t-elle rappelé, sont de loin le plus grand contributeur de l’ONU et de ses agences.  Nous le faisons, en partie pour défendre nos valeurs et nos intérêts, sachant que notre participation fait beaucoup de bien au monde.  Ensemble, nous nourrissons, nous habillons et nous éduquons des populations désespérées.  Nous protégeons maintenant une paix fragile dans les zones de conflit et nous demandons des comptes aux régimes hors-la-loi.  Nous le faisons parce que c’est ce que nous sommes.  C’est la façon américaine de faire.

Mais pour être tout à fait honnête, a souligné la représentante, lorsque nous faisons des contributions généreuses à l’ONU, nous comptons à juste titre que notre bonne volonté sera reconnue et respectée.  Quand une nation devient la cible d’attaques dans cette Organisation, c’est qu’on lui manque de respect et on lui demande même de payer pour ce « privilège ».  On nous demande de payer plus que les autres pour un privilège « douteux ».  Contrairement à certains membres de l’ONU, le Gouvernement américain est comptable de ses actes devant son peuple et il a l’obligation de savoir quand son capital politique et financier est mal dépensé.

Nous avons l’obligation, s’est expliquée la représentante, de demander un meilleur retour sur investissement et si notre investissement ne donne rien, nous avons l’obligation de dépenser nos ressources de façon plus productive, a prévenu la représentante, c’est ce qui me vient à l’esprit quand je vois la résolution dont est saisie l’Assemblée générale.

La décision de l’Administration américaine remonte à 1995 et n’a cessé depuis lors d’être appuyée par le peuple américain.  La décision ne préjuge en rien des questions liées au statut, y compris les frontières de Jérusalem.  La décision ne fait pas barrage à la solution des deux États, si les parties l’acceptent.  La décision ne compromet en rien les efforts de paix, bien au contraire, elle reflète la volonté du peuple américain et son droit, en tant que nation, à choisir l’emplacement de son ambassade.

Les États-Unis, a prévenu la représentante, se souviendront du jour où ils ont été pris pour cible des attaques dans cette Assemblée générale pour la simple raison d’avoir exercé leur droit de nation souveraine.  Nous nous en souviendrons quand on nous demandera de faire la plus grande contribution à l’ONU et nous nous en souviendrons quand les pays qui le font toujours, viendront nous voir pour que l’on paye toujours plus et qu’on exerce notre influence en leur nom.

L’Amérique, a conclu la représentante, installera son ambassade à Jérusalem.  C’est ce que le peuple américain veut et c’est la bonne chose à faire.  Aucun vote aux Nations Unies ne fera la différence mais il fera la différence dans la manière dont les Américains voient l’ONU et les États qui manquent de respect à leur pays.  Ce vote restera gravé dans les mémoires, a promis la représentante.

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a jugé « honteux » pour les Nations Unies qu’il doive se tenir devant elles aujourd’hui.  Il est tout aussi « honteux » que cette réunion ait lieu.  Jérusalem est le lieu le plus saint au monde pour le peuple juif, la capitale de l’État d’Israël.  C’est un fait qui ne peut être contesté, a-t-il affirmé, ajoutant que le roi David avait proclamé Jérusalem capitale du peuple juif, il y a 3 000 ans; et que la Bible juive mentionne cette ville 600 fois; et que par ailleurs, le tout premier Premier Ministre d’Israël, David Ben Gourion, avait déclaré que Jérusalem est « une part inséparable de l’histoire d’Israël, de la foi d’Israël ».

M. Danon a également redit que le lien entre Israël et Jérusalem est indestructible, et cela, depuis la nuit des temps.  Que ce soit les déclarations de l’UNESCO, les discours « creux » dans les commissions spécialisées ou les résolutions de l’Assemblée générale, aucun vote des Nations Unies ne poussera Israël hors de Jérusalem, a-t-il promis, estimant que ce sont des faits que l’Assemblée générale refuse pourtant de reconnaître, en raison de son « hypocrisie » et de sa politique de « deux poids, deux mesures » dès qu’il s’agit d’Israël.

Le représentant a aussi affirmé que cette session sur Israël, la seule session d’urgence que tient l’Assemblée générale depuis 1997 est tout simplement « absurde ».  Combien de fois depuis 1997, Israël a tendu la main, au nom de la paix?  Combien de fois a-t-il proposé aux Palestiniens de dialoguer?  Combien de fois ses appels ont-ils été rejetés, a-t-il demandé, affirmant qu’il avait cessé de compter.  Mais lorsqu’en 2000, le Premier Ministre de l’époque, Ehud Barack, avait proposé un État aux Palestiniens, ils ont répondu par des attentats-suicides à la bombe contre des bus israéliens et des tirs contre des civils dans la rue.  En 2005, le Premier Ministre Ariel Sharon s’est désengagé de Gaza et Israël a été attaqué encore et encore, devenant la cible des roquettes et de missiles contre les civils, a-t-il poursuivi.

En reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, les États-Unis ne font que dire la vérité, a tranché le représentant.  Le vote d’aujourd’hui n’est qu’une « désillusion » et une « distraction », tant que les Palestiniens savent parfaitement qu’il ne change rien à leur vie, qu’il ne créera pas d’emplois, qu’il ne fournira pas des services de santé aux populations de Ramallah ou de Gaza, mais qu’il fera perdre du temps à tout le monde.  Tout ce que le vote fait, c’est encourager les Palestiniens à rejeter la paix.  Voter pour ce texte revient à conforter cette vue, a affirmé le représentant, avant de remercier les « États courageux » qui n’appuient pas cette résolution.  Ce sont des défenseurs de la paix, qui savent que les résolutions des Nations Unies ne peuvent réécrire l’Histoire.

Le représentant a aussi regretté que, parmi les pays qui soutiennent la résolution et accusent les États-Unis et Israël de violer le droit international, on trouve le Yémen, un pays qui offre un terreau fertile aux groupes terroristes comme Al-Qaida et Daech.  L’ironie continue avec la pratique de « deux poids, deux mesures » dès qu’il s’agit d’Israël.  Cet organe ignore les souffrances et la terreur dans laquelle la population civile israélienne vit.  Rien que ces deux dernières semaines, 23 roquettes ont été lancées par le Hamas depuis Gaza, sans que les Nations Unies ne disent mot, ni ne condamnent.  Si l’Assemblée générale est véritablement soucieuse de la paix, elle devrait également adopter une résolution condamnant la violence des Palestiniens, a-t-il dit, affirmant qu’avec la résolution qui sera votée, on leur donne au contraire la permission de poursuivre la violence au nom de la ville de Jérusalem.

Israël est un pays optimiste, a conclu le représentant.  Il y a 42 ans, a dit M. Danon, l’Assemblée générale avait adopté une résolution qui assimilait le sionisme au racisme.  Il lui a fallu 16 ans pour révoquer cette « résolution de haine ».  Il ne fait aucun doute, a confié le représentant, que la résolution actuelle sera, elle aussi, jetée dans les poubelles de l’Histoire et que la communauté internationale finira par reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA ACOSTA (Venezuela) a commencé par exprimer sa profonde préoccupation devant les violations perpétrées par Israël, la Puissance occupante, dans le Territoire palestinien occupé, y compris les tentatives visant à changer le caractère, le statut et la composition démographique de Jérusalem.  Il s’est ensuite déclaré gravement inquiet de l’intention annoncée, le 6 décembre, par le Président des États-Unis de transférer son ambassade à Jérusalem, ce qui reviendrait à consolider le contrôle et l’annexion de facto de la Ville sainte par Israël.  De telles provocations, décidées au mépris des résolutions du Conseil de sécurité, ne peuvent qu’accroître les tensions, avec des répercussions potentiellement importantes, a-t-il averti.

À cet égard, a-t-il poursuivi, le Mouvement des pays non alignés exhorte le Gouvernement des États-Unis à cesser toute violation et provocation et rappelle les principes et les buts de la Charte des Nations Unies, notamment l’interdiction de s’emparer d’un territoire par la force, toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale ainsi que les dispositions applicables du droit international, en particulier la Quatrième Convention de Genève.  

Le Mouvement des pays non alignés, a-t-il souligné, met également en garde contre les actions provocantes, illégales et unilatérales concernant Jérusalem, lesquelles mettent non seulement en péril la possibilité de parvenir à la solution des deux États sur les frontières antérieures à 1967 mais risquent aussi de déstabiliser gravement une situation déjà fragile sur le terrain.  Le délégué a rappelé, sur ce point, l’adoption voilà presque un an de la résolution 2334, qui souligne que le Conseil ne reconnaîtra « aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem ».

En conclusion, M. Moncada a réaffirmé l’engagement du Mouvement des pays non alignés à contribuer à la réalisation d’une solution juste, durable et pacifique à la question de la Palestine sous tous ses aspects et conformément au droit international.  Il a aussi réitéré son soutien à la juste cause de la Palestine et à son « peuple héroïque ».    

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) s’est elle aussi félicitée de la convocation de cette dixième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale consacrée à la question de Jérusalem.  Alors que les actions unilatérales d’un seul pays sont sur le point de défaire des années de travail de la communauté internationale, a-t-elle souligné, ce « Parlement du monde » est la plateforme appropriée pour lancer un message rassurant au peuple opprimé de Palestine, lequel a perdu espoir en la possibilité de créer son propre État indépendant et en l’efficience des Nations Unies.

La représentante a réitéré l’opposition du peuple et du Gouvernement du Pakistan à la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël et d’y installer son ambassade.  Cette claire violation du droit international est contraire aux dispositions de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, a-t-elle insisté, exhortant les États-Unis à reconsidérer leur décision.

Évoquant un « moment décisif de l’Histoire », la déléguée a estimé que les développements extraordinaires des dernières semaines « nécessitent une réponse tout aussi extraordinaire de notre part ».  Elle a ainsi appelé au respect des normes juridiques et morales en vigueur et au rejet de toutes les tentatives de violations des droits inaliénables du peuple palestinien, avec pour objectif ultime la solution des deux États.

À la suite du veto opposé en début de semaine par les États-Unis, qui confirmait une « stratégie dangereusement déplacée » concernant ce qui est peut-être « le point géopolitique le plus sensible au monde », la résolution adoptée aujourd’hui adresse un message sans ambiguïté, à savoir que le reste du monde « ne se rendra pas complice d’un acte illégal », a poursuivi la représentante, exprimant à nouveau la solidarité » de son pays avec le peuple palestinien et ses aspirations.  Elle a rappelé à cet égard que la résolution 2253 adoptée le 4 juillet 1967, la toute première résolution de l’Assemble générale sur Jérusalem, avait été parrainée par le Pakistan.  Elle a conclu en réaffirmant que la seule garantie d’une paix durable au Moyen-Orient consistait en la création d’un État de Palestine viable et indépendant, dans les frontières de 1967 et avec Al-Qods Al-Charif pour capitale.  

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé la position exprimée par son Président lors du récent sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à Istanbul, à savoir que la décision prise par les États-Unis de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël était « inacceptable » et blessait les sentiments de nombreux peuples mais aussi la justice.  Cette décision unilatérale, a-t-il ajouté, n’a pour seul résultat que de nous éloigner de la solution des deux États et de donner l’impression que l’indépendance de la Palestine est devenue impossible.  De plus, a insisté le représentant, elle aggrave une situation déjà vulnérable, ruine les efforts de paix du Conseil de sécurité et doit donc être rejetée.

« Toutes les résolutions concernant le statut de la ville sainte de Jérusalem et le reste du territoire occupé par Israël depuis 1967 doivent être respectées sans exception », a affirmé le délégué, rappelant l’existence d’un consensus international autour du caractère central de Jérusalem dans le processus de paix.  Malheureusement, a-t-il déploré, les déclarations de ces derniers jours méprisent les résolutions du Conseil et plusieurs résolutions de l’Assemblée générale.

Réaffirmant que toute tentative de changement du caractère et du statut du Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, n’a « aucune validité » et doit être considérée comme « nulle et non avenue », il a aussi dénoncé une décision qui constitue une « violation flagrante » du droit international et un « obstacle majeur » à la réalisation de la solution des deux États.  La question du statut final de Jérusalem ne peut être résolue que par la négociation entre les deux parties, a-t-il conclu, appelant toutes les nations attachées à la paix à soutenir la résolution proposée par le Yémen et la Turquie.  

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a rappelé que le Conseil de sécurité avait, dans des termes simples et clairs, déclaré que l’occupation israélienne, de même que l’annexion de Jérusalem-Est étaient illégales.  À ce titre, il s’est réjoui que 14 des 15 membres du Conseil de sécurité aient voté, la semaine dernière, pour défendre le statut international de Jérusalem.  Il s’est aussi réjoui que la résolution de l’Assemblée générale tende à démontrer le consensus international sur ce statut.  M. Mohamed a également déclaré qu’Israël doit entendre que le statut final de Jérusalem ne peut être arrêté qu’après des négociations et non par une décision unilatérale qui par ailleurs viole le droit international. 

Les Maldives appellent donc Israël à mettre un terme à l’occupation illégale de la Palestine et à créer des conditions propices à la création d’un État palestinien indépendant.  Les Maldives, a insisté le représentant, demandent à Israël de respecter les résolutions pertinentes des Nations Unies et ses obligations au titre du droit international, pour faire avancer la paix au Moyen-Orient et la solution des deux États.  Car, a-t-il conclu, aucune puissance n’est assez grande pour ignorer que le centre de gravité de la politique internationale penche vers l’état de droit, tel que le rappellent les résolutions des Nations Unies.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a condamné la décision des États-Unis de transférer leur ambassade à Jérusalem occupée et de reconnaître cette ville en tant que capitale de l’occupation israélienne.  Cette décision est une violation flagrante du statut juridique, politique et historique de la ville de Jérusalem, et s’inscrit dans les crimes de spoliation de la Palestine et de déracinement de son peuple pour établir une colonie de peuplement sur ses terres.

Les décisions du Président américain sont aussi contraires aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale exigeant le retrait d’Israël des terres qu’il occupe depuis 1967, y compris Jérusalem.  Pour la Syrie, ces décisions sont donc illégales, nulles et non avenues et n’ont aucune valeur pour le statut juridique de Jérusalem.  Ces décisions sont, au contraire, très dangereuses car à travers elles, l’Administration américaine dit qu’elle ne sera pas une partie neutre ou un médiateur respectable dans les efforts tendant à un règlement du conflit israélo-palestinien.

La Syrie a fermement condamné le veto américain au Conseil de sécurité, estimant qu’il s’agit là d’une nouvelle preuve du peu de cas que les États-Unis font du droit international et des résolutions de la communauté internationale.  Ce veto montre au grand jour l’appui sans limite et inconditionnel à l’entité sioniste au détriment des droits du peuple palestinien.

En dépit de la guerre terroriste et des défis qu’elle doit relever, la Syrie ne reviendra jamais sur sa ferme position en faveur de la cause palestinienne et des droits des palestiniens, des musulmans, des chrétiens dans la ville sainte de Jérusalem, a déclaré avec force le représentant. 

Il a réaffirmé le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’établissement d’un État indépendant sur tous ses territoires nationaux avec Jérusalem pour capitale.  Il a aussi soutenu le droit au retour des réfugiés, conformément à la résolution 194 de 1948.  Il a réclamé que la Palestine devienne membre de plein droit des Nations Unies au lieu de simple État non membre, avant d’interpeler l’ONU sur sa responsabilité dans la mise en œuvre de ses propres résolutions et dans les efforts pour mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et à l’occupation israélienne, par la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale.

À l’évidence, a-t-il conclu, les États-Unis n’ont nullement l’intention d’arriver à un règlement global et juste du conflit arabo-israélien car leur « arrogance » les pousse même à intimider les pays qui se tiennent aux côtés du peuple palestinien et défendent les résolutions sur cette question.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) s’est dit très préoccupé par toute décision ou annonce qui pourrait compromettre le statut final de Jérusalem dans le processus de paix en contribuant à modifier son statut historique et juridique, sa structure démographique et son caractère arabo-islamique historique.  Il s’est également dit inquiet des possibles répercussions graves et des menaces à la paix et à la sécurité de cette décision, qui peut déclencher de nouvelles tensions, de l’hostilité et un extrémisme violent dans un Moyen-Orient déjà explosif et s’étendre dans le monde entier.  Le délégué a appelé toutes les parties concernées à adopter une approche pragmatique dans le processus de paix pour parvenir à la solution des deux États.

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a réitéré la déclaration du Ministère cubain des affaires étrangères, du 6 décembre dernier, exprimant sa grave préoccupation et le rejet de la déclaration unilatérale du Président des États-Unis proclamant Jérusalem, capitale d’Israël, et qui constitue une violation grave et flagrante de la Charte des Nations Unies, du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies.

Cette intention du Gouvernement des États-Unis de changer le statut historique de Jérusalem sape les intérêts légitimes du peuple palestinien et des nations arabes.  Elle aura des conséquences graves sur la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient, elle attisera la tension dans la région et elle empêchera les efforts pour faire reprendre les pourparlers de paix entre les Israéliens et les Palestiniens.

Mme Rodríguez Camejo a appelé le Conseil de sécurité à prendre les décisions nécessaires et demander à Israël d’arrêter immédiatement l’occupation des territoires palestiniens, les politiques agressives et la colonisation, et à respecter les résolutions des Nations Unies sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a rappelé qu’au cours des dernières décennies, le régime israélien a continué à commettre une série de crimes contre le peuple palestinien en occupant ses terres, tuant et déplaçant des Palestiniens, et ce, dans une impunité totale.  Les États-Unis, ce faisant, ont toujours apporté un appui inconditionnel et aidé le régime israélien et n’ont jamais hésité à user, à mauvais escient, de leur droit de veto, en violation de la Charte.  Il y a trois jours, lorsqu’ils ont usé de ce droit pour s’opposer à une résolution sur Jérusalem au Conseil de sécurité, c’était la quarante-troisième fois que les États-Unis opposaient leur veto pour protéger Israël et éviter qu’il ne réponde aux conséquences de ses crimes abominables.  Il s’agissait pour les États-Unis, a encore dénoncé le représentant, de bloquer les efforts de certains membres de la communauté internationale de trouver une solution à la question de la Palestine.  La décision américaine d’installer son ambassade dans la Ville sainte prouve à quel point les États-Unis cherchent à appuyer Israël coûte que coûte.

De son côté, la communauté internationale a systématiquement reconnu les droits des Palestiniens.  La tragédie de la région, qui a connu un tournant ignoble avec l’infâme Déclaration de Balfour, ne cesse d’enfoncer le régime israélien dans une politique criminelle.  Le représentant a fustigé les déclarations américaines qui bafouent toutes les religions, tous les prophètes et la justice.  La dernière séance du Conseil de sécurité sur la question montre que les tentatives américaines ont tout simplement échoué.  La Palestine est dans le cœur et l’esprit de tous les musulmans et de toutes les nations éprises de paix.  Ignorer cette réalité équivaut à être complice de l’occupation israélienne illégale et à ignorer la conscience humaine, a estimé le représentant.  

M. SHEN BO (Chine) a rappelé que la question palestinienne est fondamentale et que celle du statut de Jérusalem est particulièrement complexe et délicate.  Il a demandé à la communauté internationale de demeurer unie dans un effort conjoint pour parvenir à la paix et à la désescalade.  « La solution des deux États est la bonne voie pour le règlement de la question palestinienne », a poursuivi le représentant, estimant que l’ONU doit faciliter les efforts pour la reprise des négociations et parvenir à une paix juste, durable et globale.  Il a indiqué que le Président chinois a proposé récemment un plan en quatre points pour le règlement de la question palestinienne, et a insisté sur le respect de la sécurité, le renforcement de la coordination et une approche holistique.

M. SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie) a dit que « la question d’Al-Qods Al-Sharif est au cœur de la cause palestinienne ».  La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël est une approbation de l’occupation brutale et des politiques répressives israéliennes qui sont la cause de l’immense souffrance du peuple palestinien.  « Nous sommes préoccupés par cette situation désastreuse qui ne fera que nourrir le projet des extrémistes et frustrer nos efforts collectifs de lutter contre le terrorisme et de mettre fin au cercle vicieux de la violence », a ajouté le représentant.

L’impasse du processus de paix au Moyen-Orient appelle des solutions pragmatiques fondées sur le droit international et nous espérons que les États-Unis pourront apporter une contribution utile en annulant leur décision et en assumant leur responsabilité de contribuer à une paix globale et durable sur la base de la solution des deux États.  Cette solution reste la seule solution viable au conflit, a insisté M. Yaakob.

M. JA SONG NAM (République populaire démocratique de Corée) a dit que la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour parvenir à une paix durable au Moyen-Orient et a rappelé que le Conseil de sécurité a adopté, en décembre, une résolution demandant à Israël de cesser la construction de colonies illégales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.  « La décision du Président Trump de reconnaître Al-Qods comme capitale d’Israël et d’y transférer son ambassade mérite d’être condamnée universellement car c’est une insulte à la communauté internationale », a asséné le délégué, rappelant que le statut de Jérusalem doit être déterminé sur la base d’une solution durable à la crise au Moyen-Orient.  Les États-Unis et Israël doivent être tenus pour responsables de l’instabilité et des conséquences de cette décision unilatérale, a-t-il averti.  Les États-Unis et Israël devraient prendre en compte les efforts de la communauté internationale pour parvenir à la paix sur la base du droit international.  Le délégué a saisi l’occasion pour réitérer son appui et ses encouragements au peuple palestinien dans sa lutte pour son indépendance et ses droits.

M. WOUTER HOFMEYR ZAAYMAN (Afrique du Sud) a déclaré que la position de son pays est la même que celle des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, à savoir que le statut final de Jérusalem doit émaner de négociations directes entre les deux parties.  L’Afrique du Sud s’est donc portée coauteur du projet de résolution et votera en sa faveur.  Elle est en effet très préoccupée par l’action unilatérale des États-Unis et estime qu’elle met à mal le processus de paix au Moyen-Orient.  La décision américaine est « regrettable » en plus de ne pas être constructive dans l’avancement d’une solution durable, a-t-il dit.

L’Afrique du Sud, s’appuyant sur les résolutions du Conseil de sécurité est par ailleurs d’avis que la meilleure façon de résoudre le conflit israélo-arabe repose sur le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination, la fin de l’occupation militaire, le droit des deux peuples à vivre côte à côte et en paix, à l’intérieur des frontières internationalement reconnues.  L’Afrique du Sud pense aussi qu’il n’y pas de solution militaire à ce conflit et appelle les États-Unis à réexaminer leur décision de transférer leur ambassade à Jérusalem. 

Mgr TOMASZ GRYSA, Observateur du Saint-Siège, a salué les États Membres pour leur engagement à éviter une nouvelle salve de violence et à promouvoir le dialogue et les négociations entre Israéliens et Palestiniens dans le processus de paix et la question de Jérusalem.  Il a rappelé l’obligation de toutes les nations à respecter le statu quo historique de la Ville sainte, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.

L’identité unique de Jérusalem, d’intérêt universel, réside dans sa nature particulière en tant que Ville sainte et ville la plus sacrée pour les trois religions monothéistes, un symbole pour des millions de croyants partout dans le monde, qui la considère comme leur « capitale spirituelle ».  Cette signification va au-delà de la question des frontières et cette réalité doit être considérée en priorité dans toute négociation d’une solution politique.  Il a appelé à un règlement pacifique du conflit qui respecte le caractère de Jérusalem, sa nature sacrée et sa valeur universelle, réitérant que seul un statut internationalement garanti pourrait préserver ce caractère, le dialogue et la réconciliation pour la paix dans la région. 

Adoption du projet de résolution sur le « Statut de Jérusalem » (A/ES-10/L.22)

La résolution, présentée par la Turquie et le Yémen, a été adoptée sous les applaudissements par 128 voix pour, 9 voix contre (États-Unis, Guatemala, Honduras, Îles Marshall, Israël, Micronésie, Nauru, Palaos et Togo) et 35 abstentions

Au nom de plusieurs pays de l’Union européenne, du Monténégro et de la Serbie, l’Estonie, qui a voté pour, a insisté sur le maintien du statu quo, conformément aux accords passés, et appelé les pays à continuer de travailler au lancement d’un processus significatif de négociations sur la base de la solution des deux États, « seule façon réaliste de réaliser une paix durable ».

S’étant abstenue, l’Australie a appuyé beaucoup d’éléments de la résolution et a annoncé qu’elle maintiendra ses représentations diplomatiques à Tel-Aviv pour Israël et à Ramallah pour la Palestine.  L’Australie rejette toute action unilatérale d’où qu’elle vienne car elle sape le processus de paix.  Mais, a tempéré l’Australie, nous sommes contre toute position qui consisterait à isoler une partie, d’où le vote d’abstention.  Le pays a encouragé Israéliens et Palestiniens à retourner à la table des négociations.

Le Paraguay, qui s’est aussi abstenu, a estimé que cette question est déjà examinée par le Conseil de sécurité, organe chargé par la Charte de la paix et de la sécurité internationales.  Cette question, a-t-il ajouté, doit être résolue par des négociations directes pour arriver à la solution des deux États vivant côte à côte en paix.

El Salvador a estimé que l’utilisation du droit de veto de la part d’un membre permanent du Conseil de sécurité directement impliqué dans une résolution démontre de nouveau la nécessité d’avancer dans la réforme du Conseil et de ses méthodes de travail.  Il a aussi regretté une pratique croissante au sein de l’Assemblée générale consistant à présenter des textes aux délégations sans leur laisser le temps d’en discuter.  Faute de temps imparti à l’examen du projet de résolution et indépendamment de son contenu, El Salvador a décidé de ne pas participer au vote pour montrer son désaccord avec le processus.

L’Argentine, qui s’est abstenue, a estimé que la résolution ne contribue en rien à la recherche d’une solution au conflit.  Le vote d’abstention ne doit pas être interprété comme un changement dans la position argentine qui n’a cessé d’apporter son appui à la solution des deux états et à tous les efforts visant à atteindre la paix et la stabilité, notamment l’Initiative arabe de paix et la Feuille de route du Quatuor.  

S’étant également abstenue, la Roumanie a souligné que la solution des deux États est la seule solution viable.  Jérusalem est un élément capital du processus de paix et son statut doit faire l’objet de négociations directes.  La Roumanie respecte les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale et s’inquiète de leurs répercussions possibles sur la sécurité.  Elle estime qu’un nouvel effort pour relancer le processus de paix est plus que jamais nécessaire.

Le Canada, qui s’est abstenue, s’est dit fermement attaché à une paix juste et durable au Moyen-Orient.  Le statut de Jérusalem, a-t-il dit, ne peut être réglé que dans le cadre d’un accord global.  Le Canada a mis en exergue l’importance de la ville de Jérusalem pour les trois religions du Livre et a jugé qu’il est nécessaire de maintenir le statu quo des Lieux saints de la ville.

Ayant voté pour, le Nicaragua a exprimé sa profonde préoccupation et son rejet du caractère « immoral » de toute tentative visant à modifier le statut de Jérusalem.  Il a renvoyé aux résolutions pertinentes de l’ONU et d’autres instances et regretté que le texte présenté par l’Égypte au Conseil de sécurité n’ait pu être adopté.  Cette situation exige, a-t-il dit, des négociations urgentes sous la houlette des Nations Unies car la décision des États-Unis met en péril la paix, la sécurité et la stabilité dans la région.  La seule solution viable est la solution des deux États vivant côte à côte dans la paix, la sécurité, la pleine jouissance de leurs droits, « car les deux peuples concernés ont les mêmes droits ».  Le Nicaragua a encouragé toutes les initiatives susceptibles de déboucher sur un règlement de la question de Palestine.

Le Mexique a expliqué qu’il s’est abstenu par peur de l’impact possible de ce processus sur la recherche d’une paix durable entre Israël et la Palestine.  Il a en effet jugé « disproportionné et inutile » de tenir une séance extraordinaire pour rejeter la décision des États-Unis.  Il a lancé un appel au calme à toutes les parties et a rappelé Israël à son obligation de respecter le caractère et le statut particuliers de la ville sainte de Jérusalem.  Le Mexique a annoncé son intention de maintenir son ambassade à Tel-Aviv, « comme c’est le cas de tous les pays qui ont des relations diplomatiques avec Israël ».  Jérusalem est également palestinienne et sa partie orientale doit être la capitale du futur État de Palestine, a conclu le Mexique.

La République tchèque s’est abstenue car elle estime que la résolution ne contribue pas au processus de paix mais au contraire à creuser le fossé entre les deux parties.

L’Arménie, qui a voté pour, a confirmé sa position: le statut de Jérusalem reste le même jusqu’à la solution globale du conflit.

La Hongrie, qui s’est abstenue, a avancé les mêmes arguments.

S’étant également abstenue, la Lettonie a considéré que la paix au Moyen-Orient ne deviendra réalité qu’une fois que la question sera définitivement réglée, Jérusalem étant la capitale des deux États.

 

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