En cours au Siège de l'ONU

Soixante-douzième session,
54e séance plénière – matin
AG/11975

L’optimisme est de mise dans la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale

L’espoir est permis.  C’est ce qui ressort du débat que l’Assemblée générale a achevé aujourd’hui sur la revitalisation* de ses travaux; le Coprésident de son Groupe de travail spécial estimant que les progrès enregistrés jusqu’ici ne peuvent que convaincre de la possibilité d’avancer encore.

La revitalisation des travaux de l’Assemblée porte sur quatre domaines principaux: le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale; ses méthodes de travail; la sélection et la nomination du Secrétaire général et des chefs de secrétariat des organismes de l’ONU; et le renforcement de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée.

L’amélioration des méthodes de travail, les nouveautés apportées à la sélection et à la nomination du Secrétaire général, le renforcement du Cabinet du Président de l’Assemblée ou encore l’amélioration de sa redevabilité prouvent ce qu’on peut faire grâce à un travail constructif, orienté vers la réforme et basé sur le consensus, s’est réjoui le Coprésident du Groupe de travail spécial, en parlant d’une revitalisation qui doit s’inscrire, selon les délégations, dans la réforme globale de l’ONU.

Améliorer la façon dont l’Assemblée générale travaille, rappelait hier son Président, n’est pas seulement de l’intérêt des délégations, mais aussi de l’intérêt des gens chez eux ou dans leur communauté, à des milliers de kilomètres d’ici.  Ce que nous faisons ici, s’expliquait-il, a des répercussions sur la crédibilité et les résultats de l’ONU dans son ensemble.  Cette salle, ajoutait-il, doit être un lieu de dialogue, où l’on entre avec des idées et des propositions et l’on sort avec de nouvelles perspectives et des résultats.  L’Assemblée générale ne peut être le lieu des intérêts personnels.  Elle ne peut être le lieu où l’on ne vient qu’avec des lignes rouges et des positions rigides.

Le Président n’avait pas manqué de souligner que l’Assemblée générale est l’organe le plus représentatif des Nations Unies qui donne aux 193 États Membres une voix et un vote.  Elle traite des trois piliers du travail de l’ONU: la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, et attire tous les acteurs et entités du système des Nations Unies.

Pour la Slovaquie, les discussions sur la revitalisation des travaux doivent viser cette année à un meilleur alignement avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Assemblée, ont estimé les États-Unis, doit maintenant examiner les moyens de consolider et de rationaliser son ordre du jour et envisager de regrouper des points ou d’espacer leur examen, le cas échéant.  L’Assemblée et ses grandes commissions, ont-ils poursuivi, doivent continuer à identifier les résolutions qui pourraient être négociées tous les deux ans voire tous les trois ans.  Les États-Unis ont d’ailleurs conseillé au Groupe de travail de tendre lui-même vers plus d’efficacité et d’envisager de biennaliser la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée. 

On pourrait aussi avancer, a poursuivi la Slovaquie, sur les relations entre l’Assemblée et les autres organes principaux de l’ONU pour garantir une meilleure coordination.  S’il ne sert à rien d’ériger des barrières entre les différents organes, il n’est pas non plus très utile, a renchéri le Bangladesh, de laisser ces organes empiéter sur les prérogatives des uns et des autres.  La Fédération de Russie a d’ailleurs dit comprendre les critiques selon lesquelles le Conseil de sécurité s’approprie les prérogatives des autres organes des Nations Unies.  Le Conseil, a-t-il dit, doit se concentrer sur la situation concrète des pays inscrits à son ordre du jour.

Le Conseil doit aussi, s’agissant de la nomination du Secrétaire général, présenter plusieurs candidats à l’Assemblée générale, a suggéré l’Afrique du Sud, qui est également revenue sur l’idée de limiter les mandats du futur chef de l’ONU et de le nommer par vote.  Il faut maintenant, ont argué les États-Unis, avancer dans l’élaboration d’un « code de conduite pour les futures élections ».

Quant à la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale, la Slovaquie a estimé qu’il faut parler des besoins en ressources financières et humaines, dans le contexte des négociations en cours sur le budget-programme 2018-2019.  L’Afrique du Sud s’est aussi dite favorable à une ponction du budget ordinaire de l’ONU, avant que les États-Unis ne préviennent qu’ils resteront « prudents » devant toute suggestion, au sein du Groupe de travail, qui aurait des incidences financières.  L’amélioration de l’efficacité veut dire aussi travailler dans les limites des ressources existantes, ont-ils tranché.

L’Assemblée générale tiendra une autre plénière vendredi 17 novembre, à partir de 10 heures, pour examiner l’interaction entre l’ONU, les parlements nationaux et l’Union interparlementaire.

*A/RES/71/323

APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Débat conjoint

La revitalisation des travaux de l’Assemblée générale est un élément vital de la réforme globale de l’ONU et demeure une des priorités de l’Afrique du Sud à cette soixante-douzième session, a affirmé M. MARTIN ERIC SIPHO NGUNDZE (Afrique du Sud), qui a salué les progrès faits dans un certain nombre de domaines dont le succès de la campagne pour renforcer le rôle de l’Assemblée dans la sélection et la nomination du Secrétaire général.  À ce propos, le représentant a appelé à « institutionnaliser » les réformes adoptées lors des Soixante-dixième et Soixante-onzième sessions et souhaité que le Groupe de travail spécial continue à réfléchir à d’autres réformes, y compris la possibilité d’imposer une limite au mandat et de nommer le prochain secrétaire général par vote, conformément à l’intention des membres fondateurs de l’ONU.  M. Ngundze a également recommandé que le Conseil de sécurité à soumette à l’Assemblée plusieurs candidats-secrétaire général.

S’agissant du renforcement de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale, le représentant a appuyé l’idée de le doter d’un personnel supplémentaire, sur une base permanente.  Le rôle du Président s’est renforcé mais les ressources humaines et financières de son Cabinet n’ont pas changé, s’est inquiété le représentant qui s’est dit favorable à une ponction du budget ordinaire.

Quant au rôle et à l’autorité de l’Assemblée générale, il a salué les progrès faits dans les méthodes de travail des grandes commissions et la coordination accrue entre ces commissions avec le Groupe de travail spécial.  Il a en outre salué l’établissement au sein du Groupe de travail spécial, d’un mécanisme de dialogue entre les missions permanentes et le Secrétariat de l’ONU.  En conclusion, le représentant sud-africain a mis l’accent sur l’importance de la « nature intergouvernementale, inclusive et démocratique » des Nations Unies et de la nécessité d’en consulter les États Membres.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a souligné le fait que la revitalisation des travaux de l’Assemblée s’inscrit dans la réforme globale de l’ONU.  Il a plaidé pour l’allocation de ressources suffisantes à la mise en œuvre de la résolution 71/323 et estimé que face aux énormes défis mondiaux, les Nations Unies doivent miser sur la coordination entre leurs principaux organes.  Il a donc encouragé les efforts déployés dernièrement par le Conseil de sécurité pour interagir avec l’Assemblée.  Le représentant s’est attardé sur le nouveau système de vote à bulletin secret qui, selon lui, contrevient au principe de responsabilité et de transparence voire aux efforts de bonne gouvernance.  Il a dit craindre en effet des manipulations et de la corruption.  Il a conclu en soutenant la vision réformiste du Secrétaire général. 

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a estimé que durant cette session, l’Assemblée devrait viser des progrès pour aligner son travail avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et renforcer la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président, dans le contexte des négociations en cours sur le budget-programme 2018-2019.  L’Assemblée pourrait aussi avancer s’agissant de ses relations avec les autres organes principaux pour garantir une meilleure coordination sur les questions nécessitant une action coordonnée, dans le respect des mandats respectifs.  Des progrès peuvent aussi être attendus en ce qui concerne l’examen des leçons tirées du processus de sélection du Secrétaire général et l’identification des meilleures pratiques.  Enfin, l’Assemblée peut avancer sur la question de l’égalité des sexes.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a réitéré la nécessité de poursuivre le travail sur le renforcement de la fonction, de l’autorité, de l’efficacité et de l’efficience de l’Assemblée dont la valeur est particulièrement précieuse pour placer l’ONU à la hauteur des défis du monde.  Le représentant s’est félicité des progrès faits dans le cadre du Groupe de travail spécial, citant l’amélioration des méthodes de travail des grandes commissions; les relations plus fluides entre l’Assemblée et le Conseil économique et social (ECOSOC); la programmation plus coordonnée des réunions de haut niveau de l’Assemblée; et une interaction accrue entre les missions permanentes et le Secrétariat de l’ONU.  Le représentant a mis en relief le rôle « transcendantal » conféré par la Charte à l’Assemblée générale et a réaffirmé l’autorité de cette dernière qui est habilitée à tenir des débats conduisant à des réformes touchant les trois piliers de l’ONU à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme.  Le représentant n’a pas manqué de rappeler le ferme appui de son pays à l’accent mis par le Secrétaire général sur la prévention.  Investir dans la prévention contribuera à la réduction des conflits sociaux et armés, a-t-il acquiescé.    

Nous avons beaucoup accompli dans le cadre du Groupe de travail spécial, a affirmé Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) en citant, entre autres, le processus de vote et la question des cadeaux offerts par les États Membres dans le Hall de l’Assemblée générale les jours d’élections.  Il nous faut maintenant avancer dans l’élaboration d’un « code de conduite pour les futures élections », a-t-elle pressé.  Appuyant fermement les efforts de réforme du Secrétaire général, la représentante a rappelé que la résolution 71/323 détaille les moyens d’améliorer et de rationaliser le travail de l’Assemblée et en faire un organe plus efficace.  L’Assemblée, a-t-elle estimé, devrait maintenant examiner les moyens de consolider et de rationaliser son ordre du jour et envisager de regrouper des points ou d’espacer leur examen, le cas échéant.  L’Assemblée et ses grandes commissions devraient continuer à identifier les résolutions qui pourraient être négociées tous les deux ans voire tous les trois ans, comme le demande la résolution 71/323.  Le Groupe de travail lui-même pourrait tendre à plus d’efficacité, en envisageant de biennaliser la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée.  La représentante a estimé qu’un laps de temps plus long entre deux résolutions permettrait une mise en œuvre plus approfondie et nous rapprocherait de ce que nous voulons, à savoir une Assemblée plus efficace.

La représentante a prévenu que sa délégation restera « prudente » devant toute suggestion, au sein du Groupe de travail, qui aurait des incidences financières.  L’amélioration de l’efficacité veut dire aussi travailler dans les limites des ressources existantes, a-t-elle tranché.  Elle a aussi estimé que le Groupe de travail spécial devrait se concentrer sur son principal mandat qui est de revitaliser les travaux de l’Assemblée. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a appelé à la « dépolitisation » du processus d’amélioration des méthodes de travail de l’Assemblée générale.  L’objectif ultime doit être d’améliorer encore ces méthodes et d’alléger un ordre du jour très chargé, quitte à étaler certains points sur deux ou trois ans et à en supprimer d’autres.  Il est important, ce faisant, de prendre en compte les intérêts de tous les États Membres.  Le représentant a dit comprendre les critiques selon lesquelles le Conseil de sécurité s’approprie les prérogatives des autres organes des Nations Unies.  Le Conseil, a-t-il dit, doit se concentrer sur la situation concrète des pays inscrits à son ordre du jour.  Il a conclu sur la sélection du Secrétaire général qui est nommé, a-t-il souligné, sur recommandation du Conseil de sécurité.  Il ne faut pas oublier, a dit le représentant, qu’il s’agit de choisir le meilleur candidat et en l’occurrence, la bureaucratie ne peut être qu’inefficace.

Également au nom de la Représentante permanente de la Colombie, M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a remercié le Président de l’Assemblée générale pour la confiance qu’il lui a accordée en lui permettant de continuer à assumer la coprésidence du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale.  Les résolutions sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée sont un succès collectif qui prouve ce qu’on peut faire grâce à un travail constructif, orienté vers la réforme et basé sur le consensus.  Ces dernières années, nous avons fait beaucoup, a dit le représentant, en citant les nouveautés apportées à la sélection et à la nomination du Secrétaire général, le renforcement du Cabinet du Président de l’Assemblée et l’amélioration de sa redevabilité et plus récemment, celle des méthodes de travail de l’Assemblée.  Tous ces acquis et ceux qu’il n’a pas eu le temps de citer, ont convaincu le représentant de la possibilité d’avancer encore.

S’il ne sert à rien d’ériger des barrières entre les différents organes des Nations Unies, il n’est pas non plus très utile, a estimé M. FAIYAZ MURSHID KAZI (Bangladesh), de laisser ces organes empiéter sur les prérogatives des uns et des autres.  Le représentant s’est dit convaincu que les réunions mensuelles entre les présidents des principaux organes contribueront à faire la différence.  Saluant une nouvelle fois les résolutions adoptées ces trois dernières années sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée, le représentant a appelé à la « souplesse » pour la négociation des questions en suspens.  Après avoir relevé les changements notoires dans le processus de nomination du Secrétaire général; la conduite des élections au sein des différents organes; le renforcement du rôle, de l’efficacité et de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale; et la promotion de la parité aux postes de haut niveau, le représentant a voulu que l’on maintienne cette tendance pour rendre l’ONU plus efficace et pour renforcer le rôle et l’autorité de l’Assemblée générale.  S’agissant des méthodes de travail de l’Assemblée générale, il a insisté sur la « primauté » du débat général annuel de l’Assemblée et demandé que les réunions, conférences, débats thématiques et autres rencontres soient prévus de façon à permettre la participation active des pays les moins avancés (PMA).  Il a réclamé, à cet égard, le maintien du Fonds d’affectation spéciale pour financer cette participation, avant de conclure sur les campagnes électorales et d’estimer qu’il reste encore beaucoup à faire pour assurer des procédures justes et équitables. 

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