Soixante-douzième session,
Réunion de haut niveau, Matin & après-midi
AG/11954

Journée pour l’élimination des armes nucléaires: appels à redynamiser le consensus international sur le désarmement nucléaire

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, de nombreux hauts responsables de l’ONU et représentants des États Membres ont appelé, aujourd’hui, à s’inspirer de l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et de l’urgence engendrée par la crise dans la péninsule coréenne pour redynamiser le consensus international sur le désarmement nucléaire.

« Seul un monde complètement exempt d’armes nucléaires sera à l’abri de leur utilisation », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’entame d’une réunion de haut niveau organisée au Siège des Nations Unies pour célébrer la Journée.  À l’opposé de cette vision, a toutefois regretté M. Guterres, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a récemment mené une série d’essais nucléaires et de missiles balistiques « provocateurs », entraînant un accroissement des risques de prolifération nucléaire.  

Cette crise est venue, selon lui, s’ajouter à une série de revers en matière de désarmement, dont le lancement par les États nucléaires de vastes campagnes de modernisation de leurs arsenaux.  Ces mesures d’amélioration et de création de nouveaux types d’armes nucléaires, a estimé le représentant du Mouvement des pays non alignés, sont une véritable violation des engagements des États nucléaires pris dans le cadre du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

« L’annonce inquiétante par un certain État doté d’armes nucléaires de son intention de renforcer et d’élargir son arsenal nucléaire pour se garantir une place à la tête du peloton est même une invitation explicite à lancer une nouvelle course à l’armement nucléaire », s’est alarmé le représentant de l’Iran.  Dans ce cadre, a-t-il dit, l’adoption, le 7 juillet dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires sonne comme une « dénonciation collective » des puissances nucléaires. 

Renchérissant, son homologue des Philippines a indiqué qu’en s’attaquant à la légitimité même de ces armes et au concept de dissuasion nucléaire, le nouveau Traité « complète et renforce » les structures de désarmement existantes. 

Le représentant de la Fédération de Russie a toutefois estimé que ce Traité va à l’encontre des objectifs du TICE, dont les dispositions ne sont toujours pas mises en œuvre après 10 ans, et risque par ailleurs de susciter des divergences au sein de la communauté internationale. 

Partisan d’un désarmement « progressif » et « vérifiable », davantage centré sur le TNP, le représentant de l’Allemagne a estimé pour sa part qu’il convient surtout de prendre des mesures capables de recevoir l’appui des États nucléaires, car sans leur participation, a-t-il souligné, le désarmement nucléaire est voué à l’échec. 

Le représentant de la Suède a d’ailleurs constaté que les efforts de désarmement et de non-prolifération ont été marqués, ces dernières années, par une perte de vitesse dangereuse, à l’exception de « l’avancée historique » que représente le Plan d’action global commun avec l’Iran. Il a souligné que cet accord, « aussi important pour la sécurité régionale qu’internationale », doit être respecté par toutes les parties.

À l’approche de la Conférence de 2020 des Parties chargées de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le délégué suédois s’est par ailleurs joint aux nombreux appels lancés aujourd’hui, notamment par le représentant de la Turquie, pour ne pas répéter l’échec de 2015.

Pour le représentant de l’Inde, c’est toutefois dans le cadre de la Conférence du désarmement, seul forum multilatéral légitime, selon lui, en matière de désarmement nucléaire, que les négociations doivent avoir lieu.  Il s’est d’ailleurs dit prêt à entamer immédiatement des négociations en vue de parvenir à une convention exhaustive sur les armes nucléaires, comparable à la Convention sur les armes chimiques, « le seul traité international vérifiable à rendre illégale une catégorie complète d’armes de destruction massive, en vue de leur élimination ». 

Plusieurs délégués ont par ailleurs appuyé la tenue de négociations, dans le cadre de la Conférence, pour parvenir à un traité d’interdiction des matières fissiles, ainsi que d’une Conférence internationale de haut niveau de l’ONU sur le désarmement nucléaire, en 2018.  En dépit de ces efforts, le délégué des Maldives a noté qu’il existait toujours 15 000 ogives nucléaires dans le monde.  « C’est un rappel alarmant que nos actions n’ont pas progressé au même rythme que nos négociations », a-t-il regretté.  Pour pallier cette situation, son homologue allemand a appelé les États-Unis et la Russie, détenteurs à eux seuls de plus de 90% des stocks mondiaux d’armes nucléaires, à conclure un accord bilatéral.

« Il ne faut pas renoncer à notre responsabilité partagée de parvenir à un monde plus pacifique », a appelé M. Guterres en conclusion de son discours, avant d’engager les États Membres à prendre appui sur la dynamique engendrée par le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires pour renouveler la coopération internationale en faveur d’un désarmement nucléaire « irréversible, vérifiable et universel », dans le cadre d’un « dialogue ouvert ».

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU EN VUE DE CÉLÉBRER ET DE PROMOUVOIR LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION TOTALE DES ARMES NUCLÉAIRES

Déclarations

« Une chose n’a pas changé: les armes nucléaires font toujours partie de notre réalité, a déclaré d’emblée M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, s’inquiétant « des milliers d’ogives nucléaires » qui sont stockées sur trois continents, ainsi que du fait que plus de la moitié de la population mondiale vit dans des pays dotés de capacités atomiques militaires.  S’il a noté que des normes avaient été adoptées pour limiter leur prolifération et leurs essais, il n’a pas manqué de souligner que la menace de l’usage de ces armes demeurera tant qu’elles existent, « et ce, depuis que l’ONU a été créée ».

M. Lajčák a vivement dénoncé les trois essais nucléaires dont le monde a été témoin, soulignant la volonté des Nations Unies d’arriver à un monde sans armes nucléaires.  Il a également assuré qu’il suivra avec attention les travaux de la Première Commission.  « Nous ne pouvons pas accepter les choses telles qu’elles sont, a déclaré le Président de l’Assemblée générale.  Il faut faire de ce monde sans armes atomiques une réalité. »

« Ces derniers mois, les dangers posés par les armes nucléaires ont fortement augmenté et rendent cet évènement plus que jamais opportun », a déclaré M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Les conséquences humanitaires et environnementales horribles liées à l’utilisation des armes nucléaires dépassent très largement les frontières nationales, a-t-il averti.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il rappelé, le désarmement nucléaire figure depuis plus de 70 ans parmi les principaux objectifs des Nations Unies.  « Seul un monde complètement exempt d’armes nucléaires sera à l’abri de leur utilisation », a déclaré le Secrétaire général.

À l’opposé de cette vision, a regretté M. Guterres, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a récemment mené une série d’essais nucléaires et de missiles balistiques « provocateurs », avec pour conséquence une montée des tensions et un accroissement des risques de prolifération nucléaire.  « Je condamne de nouveau ces actes sans équivoque », a-t-il déclaré, tout en renouvelant sa confiance envers le Conseil de sécurité dans sa gestion de la crise nord-coréenne.

Poursuivant son intervention, le Secrétaire général a reconnu les efforts « significatifs » déployés dans le passé par les puissances nucléaires, « surtout la Fédération de Russie et les États-Unis », pour réduire leurs arsenaux.  Il a cependant averti qu’en raison des vastes campagnes de modernisation, et de l’absence de stratégies de réduction des arsenaux au-delà du nouveau Traité de réduction des armements stratégiques, « il est difficile d’envisager comment faire progresser le désarmement ».

M. Guterres a aussi parlé de l’étendue du fossé qui oppose les États sur la manière de procéder pour réaliser le désarmement nucléaire, indiquant que l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement depuis 20 ans n’avait contribué qu’à exacerber les divisions.  Il a aussi dénoncé la « rhétorique inutile » actuelle quant à l’utilité des armes nucléaires. 

« Il ne faut pas renoncer à notre responsabilité partagée de parvenir à un monde plus pacifique », a appelé M. Guterres, tout en saluant l’adoption récente du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

Le Secrétaire général a appelé à prendre appui sur cette avancée pour renouveler la coopération internationale en faveur du désarmement nucléaire, dans le cadre d’un « dialogue ouvert ».  Il a aussi plaidé pour l’adoption de mesures pratiques permettant un désarmement « irréversible, vérifiable et universel ».

Dans ce cadre, il a notamment appelé les puissances nucléaires à prendre des mesures concrètes pour respecter leurs engagements en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

M. JORGE ARREAZA MONTSERRAT (Venezuela), au nom du Mouvement des pays non alignés, a estimé que la célébration de cette Journée internationale est la meilleure manière de cristalliser les efforts autour de la lutte contre les armes nucléaires.  Il a indiqué que lors du Dix-septième Sommet de l’île de Margarita, qui s’est tenu en septembre 2016 dans son pays, les chefs d’État et de gouvernement avaient réaffirmé leur intention de redoubler d’efforts pour éliminer la menace que représentent les armes de destruction massive, notamment les armes nucléaires. Il a estimé que « l’heure est venue d’amorcer une nouvelle démarche » en matière de désarmement nucléaire, soulignant l’urgence de réaliser des progrès concrets et systématiques en la matière.

Le représentant a souligné que tant que les armes nucléaires perdureront, le risque de la menace de leur utilisation, ainsi que leur prolifération, persistera également.  C’est un fait avéré que toute utilisation de l’arme nucléaire aura des conséquences humanitaires catastrophiques, et la seule garantie absolue contre l’utilisation de ces armes est l’élimination totale des arsenaux nucléaires, a-t-il affirmé.  Tout en notant la récente adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, M. Montserrat a jugé urgent de lancer, dans le cadre de la Conférence du désarmement, des négociations sur l’adoption d’autres mesures pour assurer l’élimination complète des armes nucléaires.  Il a notamment réclamé l’adoption d’une convention sur les armes nucléaires, conformément à l’appel formulé par l’Assemblée générale dans la résolution 71/71.  Le Mouvement des pays non alignés, a-t-il dit, réaffirme donc la nécessité, pour les puissances nucléaires, de prendre des mesures concrètes et urgentes pour atteindre cet objectif, dans le respect des engagements auxquels elles ont souscrit en matière de désarmement nucléaire.

Le représentant s’est également préoccupé des améliorations apportées aux armes nucléaires et de la création de nouveaux types d’armes nucléaires, y voyant une violation des obligations juridiques des puissances nucléaires en matière de désarmement, ainsi que de leur engagement à limiter la place accordée aux engins nucléaires dans leur politique sécuritaire et militaire.  Ces améliorations, a-t-il insisté, sont une violation des engagements pris dans le cadre du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). M. Montserra a ensuite réaffirmé la détermination du Mouvement des non-alignés à promouvoir le multilatéralisme comme principe de base pour la tenue de négociations sur le désarmement et la non-prolifération.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. HECTOR JAIME (El Salvador) a souligné la « portée historique » de cette Journée et l’importance qu’attache sa région au désarmement nucléaire.  Dans ce cadre, le représentant s’est félicité de l’adoption, le 7 juillet dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a appelé tous les États à s’associer à cette initiative en signant le Traité et en prenant les mesures nécessaires pour le ratifier. 

Les États dotés d’armes nucléaires doivent fournir des garanties juridiquement contraignantes et « sans réserve » quant au non-recours à ses armes, a par ailleurs estimé le représentant.  Il a également estimé que tous les États devaient s’abstenir de procéder à tout type d’essais nucléaires, aussi bien les essais explosifs que ceux réalisés par des moyens numériques, qui sont, selon lui, contraires à l’esprit du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

« La seule garantie efficace contre la menace nucléaire est son interdiction complète et son élimination totale », a conclu le représentant.

M. CARL B. GREENIDGE (Guyana) a rappelé que le Guyana avait été le premier pays à avoir signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, « car nous avons la conviction profonde que l’élimination totale de ces armes est la seule garantie sûre ».  Ce point de vue, a-t-il avancé, est partagé par beaucoup de pays dans le monde.

Le représentant a estimé qu’il était pour le moins difficile et paradoxal de combiner la possession d’armes nucléaires avec les obligations solennelles inscrites dans la Charte des Nations Unies: « La possession et la menace d’utilisation de ces armes atomiques vont à l’encontre de nos idéaux » .  Il a constaté que ces armes donnent un sentiment de sécurité illusoire à ceux qui les possèdent, alors même que la peur et l’insécurité que provoque le pouvoir de destruction de ces armes devraient, selon lui, oblitérer ce sentiment de sécurité.

« Comment promouvoir l’amélioration du bien-être social dans le monde tout en menaçant ce bien-être avec ces armes \? », a-t-il lancé.  Notant que le coût de maintien en état de ces armes pourrait être alloué au développement durable, il a appelé tous les États Membres à jouer leur rôle pour parvenir à l’objectif d’un désarmement global.

Mme RETNO MARSUDI (Indonésie) s’est félicitée de l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le 7 juillet dernier.  La situation mondiale actuelle ne doit pas ralentir les efforts visant à réduire et éliminer les armes nucléaires, a-t-elle estimé.

« Le désarmement nucléaire doit être le principal catalyseur de nos efforts d’élimination des armes nucléaires dans le monde », a insisté la représentante, appelant les puissances nucléaires à réduire aussi bien le nombre de leurs ogives nucléaires que l’importance de ces armes au sein de leurs doctrines et stratégies militaires.  Elle a également appelé la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour accélérer l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, dans le but d’aboutir à son universalisation.

M. MOHAMED ASIM (Maldives) a rappelé les conséquences désastreuses, tant humanitaires qu’environnementales, liées à l’utilisation des armes nucléaires.  Face aux risques croissants, non seulement d’exposition nucléaire, « accidentelle ou non », mais également que de telles armes tombent entre les mains de terroristes, le représentant a estimé que l’interdiction complète de tous les essais nucléaires et l’élimination des armes nucléaires étaient plus que jamais nécessaires.

Dans ce cadre, il a condamné les « actes insensés » de la République populaires démocratique de Corée (RPDC), qui a récemment procédé à des essais nucléaires et des tirs de missiles balistiques.  Le représentant a appelé la communauté internationale à trouver une solution « juste et équitable » à cette situation.

En dépit des efforts en faveur du désarmement nucléaire, le représentant a constaté qu’il existait toujours 15 000 ogives nucléaires dans le monde.  « C’est un rappel alarmant que nos actions n’ont pas progressé au même rythme que nos négociations », a-t-il regretté.  Il s’est toutefois félicité de l’adoption, le 7 juillet dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

En tant que pays « qui n’a jamais produit d’armes quelles qu’elles soient », le représentant a lancé un « appel moral » à la communauté internationale pour faire avancer la question du désarmement.  Il a également appelé à l’instauration d’une zone de paix dans l’océan Indien.  Il s’est dit convaincu que le monde a la capacité de parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires.

M. JAVAD ZARIF (Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran) s’est inquiété du fait qu’ « un certain État doté d’armes nucléaires » a récemment fait une « annonce inquiétante » selon laquelle il aurait l’intention de renforcer et d’élargir son arsenal nucléaire pour se garantir une place « à la tête du peloton ».  Une telle déclaration, s’est indigné le ministre, est une invitation explicite à lancer une nouvelle course à l’armement nucléaire. Le ministre s’est aussi inquiété des activités de modernisation des arsenaux nucléaires menées par des États détenteurs, ainsi que de la création, par certaines puissances nucléaires, d’armes nucléaires miniaturisées, y voyant d’autres tendances alarmantes qui indiquent qu’une nouvelle course à la modernisation de l’arme nucléaire a commencé.

M. Zarif a ensuite appelé les États non dotés d’armes nucléaires à contribuer, en 2018, aux travaux de la Conférence internationale de haut niveau sur le désarmement nucléaire, ainsi qu’à la Conférence des Parties chargées d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, prévue en 2020.  Il a par ailleurs vu dans l’adoption récente du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires une « dénonciation collective » de la violation des obligations et des engagements des États détenteurs en matière de désarmement nucléaire.  Le ministre s’est également dit convaincu que, contrairement à ceux qui craignent que ce Traité ne sape le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), ce nouveau texte permettra de renforcer le régime de désarmement nucléaire.  Il a en outre souligné que la mise en œuvre de l’article VI n’est pas conditionnelle et ne dépend pas de concepts tels que la « stabilité stratégique » ou « l’environnement sécuritaire international ».  Il a averti que la non-mise en œuvre de cet article continue de miner les fondements du TNP ainsi que sa crédibilité et son efficacité.

Le ministre de l’Iran a ensuite parlé de la participation « de bonne foi » de son pays au Plan d’action global commun, y voyant un succès historique pour la diplomatie et qui, a-t-il souligné, a rempli ses objectifs au cours des deux dernières années, notamment en raison de « l’engagement sans faille de la République islamique d’Iran et tel qu’attesté par huit rapports consécutifs de l’AIEA ».  Il a affirmé que la communauté internationale a la responsabilité collective d’appuyer la mise en œuvre du Plan d’action global commun qui, a-t-il ajouté, a contribué de manière positive au « maintien » du TNP.

M. ENRIQUE A. MANALO (Philippines) a déploré les progrès modestes réalisés dans l’élimination des armes nucléaires, 50 ans après l’adoption du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Il a notamment dénoncé le fait que des États nucléaires « reconnus » continuent de moderniser leurs arsenaux.  Le représentant s’est toutefois dit encouragé par la signature, en juillet de cette année, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires par 122 États Membres, une « démarche audacieuse » appuyée par les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) afin « d’universaliser » les principes du Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est.

Selon M. Manalo, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en s’attaquant à la légitimité même de ces armes ainsi qu’au concept de dissuasion nucléaire, « complète et renforce » les structures de désarmement existantes et comble le « fossé juridique » qui avait permis de rendre illégales les armes chimiques et biologiques, mais pas les armes nucléaires. 

Il s’agit d’un traité « robuste et tourné vers l’avenir » qui offre la possibilité aux États détenteurs de l’arme nucléaire et à ceux qui en abritent sur leur sol de le signer à une date ultérieure, a poursuivi M. Manalo, saluant au passage les dispositions « crédibles » qui prévoient des mécanismes de vérification favorisant, à terme, la destruction « irréversible » des programmes d’armements nucléaires.  Point culminant d’un processus lent et laborieux, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est le point culminant de l’architecture mondiale du désarmement, a-t-il affirmé.

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a rappelé que l’humanité reste menacée par l’existence de quelque 14 935 armes nucléaires.  Il a jugé inacceptable que des millions de dollars soient dépensés en armements alors que les ressources manquent pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a espéré que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires permettra de mobiliser l’opinion publique à ce sujet.

L’année 2017 marque le cinquantième anniversaire de l’adoption du Traité visant l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (Traité de Tlatelolco), a-t-il souligné.  Depuis, la région n’a cessé de promouvoir le désarmement, la paix et la sécurité et a été proclamée « zone de paix » en janvier 2014, s’est félicité le représentant.

M. ABDELKADER MESSAHEL (Algérie) a vu dans l’élimination totale des armes nucléaires la seule garantie réelle de sécurité internationale et a appelé à en faire une priorité.  Il a regretté le fait que malgré les engagements clairs qui ont été pris en la matière, ces armes existent toujours et représentent la plus grande menace pour l’humanité.  Constatant que ces armes forment toujours « la colonne vertébrale des doctrines militaires » des puissances nucléaires, le représentant a formulé trois propositions pour avancer vers leur complète élimination.  Il a notamment appelé à établir un instrument juridiquement contraignant qui garantirait la sécurité des pays non détenteurs d’armes nucléaires, pour ensuite demander l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), rappelant au passage que l’Algérie avait par le passé souffert de ces expériences.  Enfin, il a souhaité l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, considérant qu’une telle initiative soutiendrait la paix aux niveaux régional et national.

M. ISMAIL ALPER COSKUN (Turquie) a rappelé combien son pays était attaché à l’élimination totale des armes nucléaires.  Face à la menace réelle et croissante de leur utilisation, un « volontarisme politique fort » est de rigueur, a estimé le représentant, avant de condamner les essais nucléaires réalisés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Ces derniers, a-t-il dénoncé, vont à l’encontre du droit international et menacent non seulement la région, mais également le monde entier.

Par ailleurs, le représentant a appelé à mieux utiliser le cycle d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Dans ce cadre, il a regretté l’échec, en 2015, de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Il a appelé au renforcement de ce mécanisme, tout en regrettant également le report de la réunion sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, en 2012.  « C’était il y a déjà cinq ans », a-t-il déploré.

Aux yeux du représentant, le TNP doit redevenir un instrument universel respecté.  À cette fin, il a appelé les États dotés de l’arme nucléaire à respecter leurs obligations en matière de désarmement.  « Toutes les initiatives qui n’impliquent pas ces États sont également importantes », a-t-il ajouté.  Tout en reconnaissant l’existence de divergence entre Etats sur la question du désarmement nucléaire, le représentant a appelé la communauté internationale à faire avancer le dialogue sur cette question.

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a rappelé que la volonté de ne « plus jamais vivre » l’horreur liée à l’utilisation des armes nucléaires était à l’origine de la création de l’ONU.  Cette Journée, a-t-il dit, nous donne l’occasion de relancer cet objectif, qui a connu de nombreux obstacles et revers depuis 70 ans.  Il a toutefois souligné qu’un pas important avait été franchi cet été, avec l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

En tant que membre de la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est, le représentant a estimé que ce Traité « historique » rapprochait davantage la communauté internationale du désarmement nucléaire total.  « Cette étape importante doit nous rendre encore plus ambitieux », a-t-il insisté, appelant la communauté internationale à redoubler d’effort pour réaliser le désarmement nucléaire.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a vu, dans l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, un moyen de rendre hommage aux victimes d’Hiroshima et de Nagasaki.  Toutefois, a-t-il regretté, il reste encore des milliers d’ogives nucléaires dans le monde, et aucune d’entre elles n’a été détruite cette année dans le cadre d’un accord de désarmement.

Le représentant a ensuite condamné les agissements de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et l’a appelée à mettre un terme à son programme nucléaire et à coopérer pleinement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Rappelant les conséquences catastrophiques liées à l’utilisation des armes nucléaires, « bien au-delà des frontières nationales », le représentant a estimé que la communauté internationale avait l’obligation morale d’œuvrer à l’élimination de ces armes.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a constaté que, depuis les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, le désarmement nucléaire est l’un des objectifs les plus largement partagés par la communauté internationale, mais que les progrès réalisés ont été extrêmement limités.  Les États possédant des armes nucléaires n’ont cessé de reporter leurs obligations découlant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-il notamment dénoncé.  Tournant ensuite son attention sur les « événements regrettables » dans la péninsule coréenne, il a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à abandonner son programme nucléaire, appelant aussi les autres parties impliquées à faire preuve de retenue et de responsabilité.  M. Vieira a cependant vu un signe d’espoir dans le consensus grandissant sur l’illégitimité de ces armes, citant notamment les travaux de la Conférence sur les incidences humanitaires des armes nucléaires.  Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires représente en outre une avancée historique, qui renforce le régime international de non-prolifération et de désarmement, s’est-il par ailleurs réjoui, notant sa complémentarité avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, les garde-fous mis en place par l’Agence internationale de l’énergie atomique, ainsi que le traité établissant des zones exemptes d’armes nucléaires et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

M.JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a établi un parallèle avec les drames humains que les Amériques viennent de connaître, disant craindre que toute détonation d’une arme nucléaire « créerait une crise humanitaire sans commune mesure ».  Les connaissances concernant les conséquences de ce type de situation sont claires, a-t-il poursuivi, et les dommages seraient sans pareils.

Le représentant a fait part de l’engagement de son pays à continuer de s’opposer à tout type d’armes nucléaires, tout en s’inquiétant du contexte délicat dans lequel se trouve la planète.  Les agissements de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui ont récemment exacerbé les tensions internationales nécessitent, selon le représentant, de renouveler l’engagement de la communauté internationale en matière de désarmement nucléaire.  Tout en reconnaissant que des progrès ont été réalisés en matière de désarmement nucléaire, le délégué a appelé les États Membres à faire preuve de volonté politique pour éliminer ces armes définitivement.

M. JAN KICKERT (Autriche) s’est inquiété de « la montée en puissance accélérée » des capacités nucléaires et balistique de la République populaire démocratique de Corée.  Il a estimé que la précarité de la situation dans la péninsule coréenne appelle à renforcer les efforts déployés en matière de non-prolifération.  Constatant que les approches existantes ne suffisent plus, il a appelé à associer la non-prolifération à de plus grands efforts de désarmement.

Se félicitant ensuite de l’ouverture à la signature, la semaine dernière, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le représentant a souligné que la sécurité internationale pouvait et devait être construite sur des fondations plus solides « que la menace d’annihilation mutuelle, autrement appelée dissuasion nucléaire ».  M. Kickert a ensuite appelé les pays à joindre les actes à la parole et à signer et ratifier cet « accord historique ».

Le représentant a par ailleurs affirmé que les détracteurs du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui prétendent que le désarmement nucléaire n’est pas possible dans le contexte international actuel, ignorent la plus grande prise de conscience concernant les risques d’explosion accidentelle, la possibilité que des engins nucléaires se retrouvent entre les mains d’acteurs terroristes ou que les systèmes de contrôle soient piratés.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a appelé à instaurer un « dialogue authentique » entre tous les États dotés de l’arme nucléaire afin de « rétablir la confiance » et de réduire la prépondérance des armes nucléaires dans les affaires internationales. 

Le représentant a estimé que la Conférence du désarmement était le seul forum de négociation multilatéral en matière de désarmement nucléaire au monde.  Dans ce cadre, il a regretté que la Conférence n’ait pas été en mesure d’adopter un programme de travail pour avancer sur la voie du désarmement nucléaire et de la non-prolifération.  Le représentant s’est dit prêt à entamer immédiatement des négociations, sous l’égide de la Conférence, en vue de parvenir à une convention exhaustive sur les armes nucléaires, comparable à la Convention sur les armes chimiques, le seul traité international vérifiable, selon lui, à rendre illégal une catégorie complète d’armes de destruction massive, en vue de leur élimination. 

Le représentant a également appuyé la tenue de négociations, dans le cadre de la Conférence sur le désarmement, pour parvenir à un traité sur les matières fissiles.  Enfin, le représentant a fait part de son enthousiasme face à l’annonce de la Conférence internationale de haut niveau des Nations Unies sur le désarmement nucléaire, qui aura lieu en 2018.

M. JUAN CARLOS MENDOZA GARCÍA (Costa Rica) a réaffirmé l’engagement de son pays envers l’objectif de parvenir, « de façon irréversible », à un « désarmement nucléaire général, complet et vérifiable ».  Le Costa Rica, a-t-il rappelé, a renoncé, il y a près de 70 ans, aux institutions militaires, choisissant plutôt de faire reposer sa sécurité sur les négociations interétatiques et le droit international. 

N’étant impliqué dans aucune alliance militaire ou stratégique, le Costa Rica préconise une approche « pragmatique » dans la recherche d’un désarmement nucléaire « total et vérifiable », a poursuivi le représentant.  Il a salué à cet égard la signature récente, par 50 États, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui, a-t-il espéré, devrait colmater une « brèche juridique internationale ».  Il a rappelé que les armes nucléaires sont les seules armes de destruction massive qui ne sont pas interdites et a affirmé que leur interdiction complète représente une « dette morale » envers les victimes de l’utilisation de ces engins et des essais nucléaires.

Le représentant a dénoncé l’existence, de par le monde, de 15 000 ogives nucléaires, ainsi que les millions de dollars qui sont dépensés pour leur entretien.  Loin de rendre le monde plus sûr, cela ne fait que multiplier les risques de catastrophe, s’est alarmé le représentant, pour qui cette menace est incompatible avec le droit international humanitaire. 

Dénonçant les pays qui, sous le couvert de la souveraineté nationale, rejettent les mécanismes de vérification internationale, il a condamné « fermement » les essais nucléaires menés ces dernières semaines par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Il a en outre appelé le Conseil de sécurité à mettre un frein à « l’escalade belliqueuse » afin d’éviter des « horreurs irréversibles ».

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a souscrit à la déclaration du Venezuela au nom du Mouvement des pays non alignés.  Reconnaissant le rôle de cette Journée internationale pour la concrétisation d’un monde plus sûr sans arme nucléaire, le représentant s’est surtout félicité de la signature récente, par 50 pays, du traité phare qui interdit la possession, l’utilisation et la production d’armes nucléaires.

L’appui de l’Afrique du Sud à ce Traité s’appuie sur sa propre expérience, a rappelé le représentant, qui a notamment expliqué que, pendant les années 90, son pays avait mis au point, puis refusé d’utiliser et de conserver ces armes nucléaires.  Préoccupé par l’impact humanitaire qu’engendrerait l’utilisation d’une arme atomique, le représentant a dénoncé la poursuite de l’amélioration qualitative de ces armes par les puissances nucléaires, y voyant une violation de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires(TNP).  Il a demandé aux puissances nucléaires d’appliquer et d’accélérer leurs engagements en matière de désarmement, pour ensuite exhorter la République populaire démocratique de Corée à cesser son programme nucléaire.

« Ce n’est que par le désarmement et la non-prolifération que nous pourrons garantir la seule utilisation du nucléaire à des fins pacifiques », a-t-il souligné. Il a ensuite indiqué que l’Afrique du Sud, elle, est l’une des premières nations à avoir produit des isotopes pour l’utilisation médicale de l’atome.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que Hiroshima et Nagasaki avaient enseigné à tous une leçon difficile qui exige une élimination complète des armes nucléaires.  Il a estimé qu’à l’heure actuelle, chacun devrait savoir que les armes nucléaires ne permettent pas de créer un monde stable et sûr, ni être un déterminant de la compétitivité, du pouvoir, de l’humanité et du développement.  Il a appelé les États Membres à mettre l’accent sur le développement durable et à investir davantage pour atténuer les problèmes qui entravent la réalisation du développement humain.  Dans cette lutte pour l’élimination totale des armes nucléaires, la coopération entre les États dotés d’armes nucléaires et les autres États est très importante, a souligné le représentant.  Il s’est ensuite félicité de l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, disant espérer que ce texte permette de « stigmatiser » les armes nucléaires.  Il a aussi appelé la République populaire démocratique de Corée à cesser immédiatement son programme nucléaire.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), a déclaré que les armes nucléaires ne devraient pas avoir leur place dans le cadre sécuritaire global, ajoutant que leur usage est en totale contradiction avec l’impératif moral d’empêcher les crimes contre l’humanité. « Ces armes augmentent les probabilités de crises humanitaires, que ce soit par des actes intentionnels, par accident, ou à cause d’un malentendu », a-t-il notamment averti. Le représentant a ensuite mis en évidence l’importance du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, « un ajout important aux instruments de désarmement déjà existants », et a partagé sa hâte de le voir mis en œuvre. La Jamaïque s’est également engagée à participer à toutes les autres rencontres pertinentes, tels que la Conférence internationale de haut-niveau sur le désarmement nucléaire, prévue en 2018, la Conférence du désarmement et les Conférences des états parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.

M. ELMAHDI S. ELMAJERBI (Libye) a estimé que cette Journée était l’un des moyens les plus efficaces pour sensibiliser l’opinion publique internationale à la menace nucléaire.  Tout en se disant préoccupé par le manque de progrès sur la voie du désarmement nucléaire, du fait, selon lui, des puissances nucléaires, le représentant a salué l’adoption, le 7 juillet dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

Le représentant a toutefois estimé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) doit rester la pierre angulaire du désarmement nucléaire, aux côtés de la création de zones exemptes d’armes nucléaires supplémentaires à travers le monde et du renoncement volontaire des États à détenir l’arme nucléaire. 

Le représentant s’est par ailleurs dit prêt à participer, sur le plan bilatéral ou multilatéral, à tous les efforts internationaux visant à éliminer les armes nucléaires.  Toute utilisation de ces armes, a-t-il estimé, est une violation de la Charte des Nations Unies aux conséquences potentiellement catastrophiques pour l’humanité.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a estimé que l’élimination « complète et vérifiable » des armes nucléaires était la tâche la plus urgente conférée à l’humanité.  Il s’est déclaré profondément préoccupé par les essais nucléaires menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), seul État à mener ce type d’essais au XXIe siècle.  « Cela devrait nous inciter à garantir une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE)», a-t-il déclaré.  Il a aussi appelé tous les Etats concernés par l’annexe 2 du TICE à le ratifier dans les plus brefs délais.

Quoique le Kazakhstan n’ait pas signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires pour des raisons internes, le représentant a affirmé l’intention de son pays de le faire dans les plus brefs délais. 

Environ 16 000 armes nucléaires demeurent dans le monde, a par ailleurs noté le représentant, ajoutant que l’utilisation de seulement 0,5% de ces armes aurait des conséquences catastrophiques, y compris l’aggravation des changements climatiques et une famine mondiale.  Il a par conséquent espéré que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires entrerait en vigueur plus rapidement que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a également appelé à créer davantage de zones exemptes d’armes nucléaires partout dans le monde, dans le but de parvenir, d’ici à 2045, à un monde exempt d’armes nucléaires.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a exprimé sa plus vive inquiétude face au programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée qui, bien que membre des Nations Unies, se permet de violer les résolutions du Conseil de Sécurité.  Il a exhorté chacune des parties impliquées dans cette crise à calmer les tensions et à chercher une solution sur la base du dialogue et de la négociation.

Le représentant s’est ensuite inquiété du manque de progrès réalisés en matière de désarmement et de la tendance, parmi les puissances nucléaires, à augmenter leurs stocks et mettre au point de nouvelles armes.  Le risque de voir tomber l’une de ces têtes nucléaires entre les mains d’un groupe terroriste aggrave un peu plus nos inquiétudes, a-t-il ajouté, estimant par ailleurs que les conséquences environnementales et humanitaires de la détonation accidentelle ou volontaire d’une arme nucléaire ne peuvent, selon lui, pas être ignorées.

Après avoir indiqué que le Bangladesh avait été l’un des premiers pays à signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, M. Uddin a appelé à maintenir les efforts pour donner des garanties juridiques aux États non détenteurs de l’arme atomique contre les risques d’agression par une puissance nucléaire.  Il a aussi appelé à établir des zones exemptes d’armes nucléaires dans certaines parties du monde.

Évoquant le souvenir de Hiroshima et Nagasaki, M. KORO BESSHO (Japon) a indiqué que son pays continuera à témoigner des tragédies qui découlent de l’utilisation de ces armes. Il a affirmé que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) est un danger pour la sécurité internationale, dénonçant une situation « inacceptable ».  Il a rappelé que le Conseil de Sécurité avait renforcé son régime de sanctions à l’encontre de la RPDC et a exhorté ce pays à abandonner « immédiatement » son programme nucléaire.

Le représentant a ensuite regretté les divergences qui persistent en matière de désarmement et a jugé essentiel d’adopter des mesures concrètes pour faire avancer ce dossier.  Il a indiqué que le Japon présentera des recommandations en la matière lors de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2020.

En attendant, M. Bessho a expliqué que son pays se concentrerait sur plusieurs éléments concrets, notamment le renouvèlement de son appui au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ainsi que l’organisation de réunions visant à obtenir l’engagement des États en faveur d’un monde sans armement atomique.  Le Japon souhaite que les souffrances que les armes nucléaires lui ont fait subir soient partagées avec toutes les nations et toutes les générations, a indiqué le représentant.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a appelé à une coopération internationale plus solide afin de renforcer le régime de désarment et de non-prolifération.  Il a rappelé que son pays avait pris des mesures concrètes afin d’éliminer l’utilisation d’uranium enrichi à des fins civiles en éliminant les stocks disponibles sur son territoire national en mars 2012.  Il a expliqué que la décision de l’Ukraine de s’engager sur cette voie s’appuie sur des garanties internationales de sécurité écrites en 1994, notamment le Mémorandum de Budapest que l’Ukraine a signé, ainsi que les États-Unis, le Royaume-Uni et la Fédération de Russie.  Il a déploré le fait que le texte de cet accord ait été violé, puisque l’Ukraine fait, en ce moment, face à une agression par un État doté d’armes nucléaires. 

Le représentant a en outre appelé à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), invitant notamment les huit États concernés par l’annexe 2 du TICE à le ratifier sans délai.  Il a aussi plaidé pour l’établissement de zones exemptes d’arme de destruction massive, notamment dans les zones de tension tel que le Moyen-Orient.

« La réalité à laquelle nous nous heurtons aujourd’hui est bien sombre », a déploré M. CHRISTOPH ANTON (Allemagne), fustigeant le programme nucléaire illicite de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) qui entrave, selon lui, la capacité de la communauté internationale à convaincre les puissances nucléaires de réduire le nombre de leurs ogives.  Il a cependant estimé que les agissements de la RPDC ne devaient pas empêcher la communauté internationale d’œuvrer en faveur du désarmement nucléaire.  Au contraire, a-t-il poursuivi, elle doit redoubler d’efforts pour parvenir à une « réduction courageuse » du nombre de ces armes.

Comment parvenir à des mesures « concrètes et vérifiables » dans le contexte actuel, s’est alors interrogé le délégué allemand.  À ses yeux, il convient, en priorité, de prendre des mesures capables de recevoir l’appui des États nucléaires.  Sans cela, a-t-il averti, le désarmement nucléaire ne pourra qu’être voué à l’échec.  Il a donc plaidé en faveur d’un désarmement « progressif », « vérifiable » et centré sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Une autre solution, a-t-il poursuivi, serait la conclusion d’un nouvel accord bilatéral entre les États-Unis et la Fédération de Russie, sachant que ces deux États détiennent à eux seuls plus de 90% des stocks mondiaux d’armes nucléaires.  Il a aussi réclamé l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et le lancement de négociations en vue de parvenir à un traité d’interdiction des matières fissiles.

Le représentant a également appelé à créer un instrument multilatéral sur les garanties de sécurité, et ce, afin de répondre aux questions de confiance soulevées par les États non dotés de l’arme nucléaire ayant renoncé à leur programme nucléaire militaire au profit d’une utilisation pacifique de la technologie.  Il a enfin appelé à œuvrer pour renforcer le TNP, lutter contre la prolifération et faire avancer le désarmement. 

M. FERNANDO LUQUE MÁRQUEZ (Équateur) a salué l’adoption récente du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  « Finalement, ces armes dont nous connaissons les conséquences graves pour l’humanité sont interdites par un instrument universel », s’est-il félicité.  L’Équateur, qui a toujours milité en faveur du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, en a été le cinquantième pays signataire, a-t-il fait savoir.

Le Gouvernement équatorien, a poursuivi le représentant, a condamné les derniers essais nucléaires et dénonce clairement la possession par qui que ce soit d’armes nucléaires.  Selon lui, il n’existe pas de « bons » ou de « mauvais » détenteurs de telles armes.  Il y a quelques jours à l’Assemblée générale, a-t-il déploré, « il nous a fallu entendre des menaces de détruire totalement des pays entiers, implicitement avec des armes nucléaires ».  Il a souligné que de telles déclarations sont contraires à la Charte des Nations Unies qui demande aux États de s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force.  Les armes nucléaires ne sont pas des armes de légitime défense, a-t-il insisté, en appelant à l’élimination des doctrines militaires fondées sur la dissuasion nucléaire.

M.BASSEM HASSAN (Égypte) a souligné que l’élimination totale, vérifiable et irréversible de ces armes représente la garantie ultime contre leur prolifération et leur utilisation par les acteurs étatiques ou non étatiques.  Il a indiqué que l’atteinte de cet objectif dépend, en grande partie, de la mise en œuvre, par les États dotés de l’arme nucléaire, de leurs obligations en vertu de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et des efforts déployés en faveur d’une adhésion universelle au Traité.

Il a constaté que la question du désarmement nucléaire continue d’être prise en otage par des conceptions erronées liées à la stabilité stratégique.  Il a appelé les États Membres à tenir une discussion « honnête et inclusive » sur la validité de cet argument selon lequel la dissuasion nucléaire contribue à la sécurité et la stabilité internationales.

Le représentant a ensuite vu dans l’adoption de l’« Engagement humanitaire » et du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires la manifestation évidente des États non détenteurs d’armes nucléaires au sujet de la nécessité de répondre avec sérieux aux manquements du régime de non-prolifération actuel.  Il a par ailleurs fait part du niveau de frustration, sans précédent, ressenti par les pays arabes suite aux échecs répétés à créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. KHALIL HASHMI (Pakistan) a attribué l’absence de progrès sur la voie du désarmement nucléaire au refus des États nucléaires de se plier à leurs obligations en matière de désarmement.  Une telle attitude, a dénoncé le représentant, ne fait qu’éroder le consensus international sur le désarmement, comme en témoigne, selon lui, l’échec récent des négociations dans le cadre de la Conférence du désarmement.  Il a appelé à relancer le consensus international en faveur d’un désarmement nucléaire « complet et vérifiable », autour d’objectifs communs. 

M. Hashmi s’est ensuite préoccupé de la situation sécuritaire dans la péninsule coréenne, appelant notamment la République populaire démocratique de Corée (RPDC) aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à mettre un terme à son programme nucléaire.

Rappelant par ailleurs qu’en 1974, a eu lieu le premier essai nucléaire en Asie du Sud-Est, le représentant a regretté l’échec, « malgré les efforts déployés par le Pakistan », des efforts visant à créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la région.  Il a appelé à mettre en place des critères additionnels en matière de non-prolifération et à accélérer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

M. SUN LEI (Chine) a rappelé que la Chine avait toujours appuyé un monde sans armes nucléaires.  Il a déclaré que « les armes nucléaires sont comme une épée de Damoclès » qu’il faut détruire et a appelé tous les pays à suivre cette démarche pour créer un contexte de sécurité.

Le représentant a noté que le monde connaît actuellement des turbulences avec « de plus en plus de risques et de défis », et que conformément au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Chine s’est toujours engagée à ne pas utiliser ces armes envers un pays sans capacité nucléaire militaire.  Le représentant a toutefois souligné que les efforts déployés en faveur du désarmement ne doivent pas réduire la sécurité des États.  D’après le représentant, il faut donc rechercher un consensus sur la question et inscrire les efforts dans le cadre de la non-prolifération.

« Nous comprenons les attentes des États non dotés d’armes nucléaires et sommes prêts à dialoguer », a concédé M. Lei, assurant pour finir que la Chine allait promouvoir le processus de désarmement et « ne pas ménager nos efforts pour parvenir à un monde sans armes’.

M. OMAR HILALE (Maroc) a estimé que « le spectre d’une guerre nucléaire » est aujourd’hui plus menaçant que jamais.  Alors que l’horreur des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki est encore dans tous les esprits, a-t-il poursuivi, la construction des armes de destruction massive n’a pas cessé.

Dans ce contexte, le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée fait, selon lui, peser une menace globale sur la planète. Il s’est également inquiété du fait que différents groupes terroristes cherchent actuellement à acquérir de telles armes.

Pour le représentant du Maroc, c’est aux puissances nucléaires qu’il appartient de faire les efforts nécessaires pour désarmer et in fine débarrasser la planète de cette menace, avertissant que « tant que la fabrication continue et que la modernisation du matériel se poursuit, les conditions de l’apocalypse restent présentes ».

Il a également constaté que tous les efforts déployés en faveur du développement durable et de la réduction de la pauvreté ne serviront à rien si la planète est « réduite en cendres », exhortant les puissances dominantes à comprendre que le nucléaire n’est en rien une garantie de paix et de sécurité.

M. MOHAMMED SAHIB MEJID MARZOOQ (Iraq) a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer complètement les armes de destruction massive.  Il a rappelé que son pays avait voté en faveur de la résolution de l’Assemblée générale 71/258 (2016), portant sur les négociations du désarmement nucléaire multilatéral.  « Éliminer les armes nucléaires est la seule garantie contre la menace de leur emploi », a-t-il affirmé.

Le représentant a par ailleurs vu dans la Conférence du désarmement, le seul forum multilatéral portant sur le désarmement.  Il a regretté que les négociations de la Conférence sur les objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération aient à nouveau échoué.

Le délégué a par ailleurs rappelé l’importance du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et a appelé les huit pays visés par l’annexe 2 à le ratifier.  Condamnant la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le représentant a appelé les pays à respecter le moratoire actuel sur les explosions d’armes nucléaires. 

Mme VIVIANE OKEKE (Nigéria) a rappelé qu’il y a sept décennies, le monde a été témoin de la première utilisation de l’arme nucléaire lors d’un conflit, ajoutant que les effets continuent de se faire sentir aujourd’hui, tant pour les victimes que sur l’environnement.

Les menaces de détonation des armes nucléaires se poursuivent aujourd’hui, tout comme le fléau du terrorisme, a continué la représentante, ajoutant qu’ensemble ils constituent de graves menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Elle a souligné que l’interdiction complète des armes nucléaires demeure la seule façon sûre de protéger le monde du danger que représente leur utilisation par des groupes terroristes.  

La crise dans la péninsule coréenne souligne à quel point il est important pour tous les États Membres des Nations Unies de ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, a conclu Mme Okeke, pour qui il s’agit de la seule façon d’assurer la survie même de l’humanité.  

« C’est un jour historique pour mon pays », a annoncé, triomphalement, M. ABDALLAH Y.AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) en expliquant qu’un « décret royal », signé ce jour, donne désormais aux femmes le droit de conduire des voitures en Arabie saoudite.  Une nouvelle qui a suscité des acclamations nourries de l’assistance.  Le représentant a appelé la communauté internationale à adhérer aux instruments internationaux existants afin de créer un monde exempt d’armes nucléaires, y compris au Moyen-Orient.  Il a dénoncé Israël qui « insiste à maintenir un obstacle sur la voie du désir des peuples de la région de vivre sans la menace de la terreur nucléaire ». 

 

Il a par ailleurs appelé l’Iran à respecter les engagements pris dans le cadre de son programme nucléaire, mettre un terme à son soutien au terrorisme et, se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité en ce qui concerne les missiles balistiques. Il l’a aussi engagé à mettre un terme aux violations des droits de l’homme et cesser de s’immiscer dans les affaires internes des États de la région. 

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a rappelé que suite, à une série de négociations avec les États-Unis, son pays avait signé des accords bilatéraux pour progresser sur la voie du désarmement nucléaire.  Outre ces accords bilatéraux, la Fédération de Russie a réduit sensiblement son arsenal nucléaire non stratégique, tout en réduisant la place des armes nucléaires dans sa doctrine militaire, a-t-il ajouté.

Le représentant a ensuite expliqué que son pays n’a pas pris part aux négociations qui ont conduit à l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en raison du fait que les dispositions pertinentes du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne sont pas mises en œuvre depuis 10 ans.  De plus, ce nouveau traité, a-t-il jugé, va à l’encontre des objectifs du TICE et il risque de susciter des divergences au sein de la communauté internationale.  Le cadre des négociations a ignoré le contexte stratégique de l’heure, a également regretté le représentant qui a également signalé que les décisions ont été prises à l’issue d’un vote, alors que la sensibilité du sujet en appelait plutôt à une décision par consensus.   

Poursuivant, M. Safronkov a indiqué que l’AIEA a pu constater que l’Iran respectait ses engagements dans le cadre de l’accord relatif à son programme nucléaire.  Il a déploré les tentatives récentes de saper cet élan, disant espérer que le bon sens l’emportera.  Au sujet de la question du programme nucléaire de la République populaire démocratique Corée (RPDC), le délégué a appelé à éviter la logique des confrontations.  Le programme nucléaire de la RPDC et les exercices militaires qui ont cours dans la péninsule coréenne sont la cause des tensions, a-t-il affirmé en rappelant que l’initiative russo-chinoise représentait, pour l’heure, la voie la plus fiable de la sortie de crise.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a déclaré que la région de l’Asie et du Pacifique et la péninsule coréenne ont été témoins d’une hausse de la menace nucléaire ces derniers mois, en raison d’essais nucléaires qui mettent à mal la sécurité internationale.  Nous sommes au bord d’une nouvelle ère nucléaire, s’est inquiété le représentant, ajoutant que les conséquences d’une détonation seraient une catastrophe pour le monde entier.

Les erreurs potentielles, la vulnérabilité des chaînes de commandement et la rhétorique dangereuse qui ont cours peuvent mener à de mauvais calculs qui auraient des conséquences « impensables », a poursuivi le représentant, soulignant la nature « inhumaine et aveugle » des armes nucléaires.  En outre, les essais nucléaires ont contaminé des sources d’eau et d’aliments, la santé humaine et l’environnement, affectant les personnes les plus vulnérables, a-t-il rappelé, avant de qualifier l’utilisation de ces armes « d’odieuse ».

Pour le représentant, la signature du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires représente la façon la plus sûre de se prémunir du danger que représentent les armes nucléaires.  Il a également affirmé qu’il n’existe pas d’autre solution que la diplomatie pour réaliser des progrès en matière de désarmement, avant d’évoquer la ratification par son pays du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

 

M. CARLOS ARTURO MORALES LOPEZ (Colombie) a mis en garde contre les conséquences catastrophiques d’une déflagration nucléaire, qu’elle soit accidentelle ou volontaire, pour tous les pays du monde.  Il a dénoncé l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations portant sur le désarmement nucléaire, malgré la ratification récente du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires par de nombreux pays.

Saluant le cinquantième anniversaire de la signature du Traité visant l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (Traité de Tlatelolco), « symbole du désarmement nucléaire », le représentant a indiqué que ce Traité avait permis la création d’une zone exempte d’armes nucléaires.  Il a estimé que, tout comme cet accord, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires constitue la pierre angulaire des efforts internationaux en vue de parvenir à l’élimination des armes nucléaires.  Créer un monde sans armes nucléaires est une responsabilité commune à toute l’humanité, a souligné le représentant.

M. CLAUDIO GARRIDO MELO (Chili) a dénoncé l’existence actuelle d’environ 15 000 armes atomiques.  Il a également regretté la paralysie du mécanisme de désarmement, et de l’existence de programmes coûteux de modernisation nucléaire.  C’est dans ce sombre contexte que s’est ajouté le récent essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a déploré le représentant, pour qui ces faits constituent une nouvelle et grave provocation qui menace la paix et la sécurité internationales et une violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a ensuite indiqué que le Président du Chili a signé, le 20 septembre dernier, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

Mme IRMA ROSA (Honduras) a rappelé que, depuis 1975, son pays prenait part aux conférences des États Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Malgré les efforts collectifs en ce sens, il existe des milliers d’armes nucléaires, a-t-il regretté, en appelant à prendre des engagements et à déployer des efforts plus importants pour démanteler les arsenaux nucléaires et parvenir à l’élimination totale de ces armes.  Il s’est enorgueilli de faire partie de la première zone exempte d’armes nucléaires, régie par le Traité de Tlatelolco, vieux de 50 ans.  La tradition pacifique de l’Amérique latine et des Caraïbes a pour conséquence que l’énergie nucléaire n’est utilisée qu’à des fins pacifiques et de développement économique et social.  Enfin il a appelé toutes les nations à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a indiqué que son pays est résolument engagé en faveur du désarmement nucléaire et qu’il exporte la technologie nucléaire à des fins civiles et dans le respect des directives contenues dans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a appelé les États dotés d’armes nucléaires à s’engager en faveur d’un désarmement total, irréversible et complet.  Pour relever ce défi, a-t-il ajouté, la communauté internationale se doit d’adopter une démarche consensuelle et maintenir le dialogue, notamment entre États dotés et ceux non détenteurs d’armes nucléaires.  Il a en outre condamné les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, invitant cet État à se conformer aux normes internationales.  La destruction totale des armes nucléaires est la seule garantie de leur non-utilisation, a-t-il affirmé.

Mme MIRIAMA HERENUI BETHAM-MALIELEGAOI (Samoa) a rappelé combien le problème des armes nucléaires était une préoccupation ancienne pour le Pacifique, en donnant pour exemple la création du Forum des Îles du pacifique au début des années 70. Certaines Îles du Pacifique servaient de sites pour des essais nucléaires, a-t-elle précisé, et cette expérience a laissé des cicatrices physiques et émotionnelles qui ont forgé le point de vue de sa région sur le désarmement nucléaire.  Le Samoa a démontré son engagement vis-à-vis de ce problème en soutenant la création de la zone exempte d’armes nucléaires dans le Pacifique Sud et le Traité de Rarotonga du Forum des Îles du pacifique, entré en vigueur en 1986.  Les événements récents dans la péninsule coréenne ont encore renforcé sa conviction que la simple existence des armes nucléaires ne pourra jamais garantir un monde pacifié.  « Leur possession ne pourra qu’encourager les autres pays à aspirer au même statut », a constaté la représentante, ajoutant que son pays a encore réaffirmé ses aspirations en signant, la semaine dernière, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a indiqué que son pays avait signé, le 20 septembre dernier, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a condamné les actes de provocation et de déstabilisation qui menacent la paix et la sécurité internationales, et sapent le dialogue pacifique pour la dénucléarisation.  Le Traité en question, a-t-il rappelé, résulte d’efforts inlassables et de la volonté politique de la majeure partie des États et de la société civile de la planète ayant décidé de « rompre avec le statu quo ».

M. BRIAN FLYNN (Irlande) a indiqué que son pays avait signé, la semaine dernière, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  L’impulsion à l’origine de ce Traité innovant, tout comme du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, est la réalisation des risques et conséquences liés à l’utilisation de ce type d’armes, a rappelé le représentant.  Dans le contexte actuel de la situation sécuritaire en République populaire démocratique de Corée (RPDC), ces risques figurent malheureusement de nouveau à l’ordre du jour, a-t-il constaté.

Le représentant a indiqué que l’Irlande avait condamné sans réserve la récente série d’essais nucléaire et de missiles balistiques effectués par la RPDC, estimant que ces développements soulignent l’urgence d’une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a exhorté la communauté internationale à redoubler d’effort pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.

M. DANILO GONÇALVES (Timor-Leste) a déclaré que ce n’est qu’ensemble que nous pourrons préserver l’humanité et les générations à venir du fléau de l’arme nucléaire, soulignant le risque que représente pour le monde entier la possession d’armes nucléaires par des acteurs non étatiques.  En outre, a-t-il ajouté, les armes nucléaires font monter les tensions entre les États, en plus de faire augmenter le risque d’une catastrophe.

Poursuivant son intervention, le représentant a souligné l’importance du dialogue et de la négociation afin de faire baisser les risques de conflits et de se protéger de la force destructrice de ces armes.  Il a assuré, en conclusion, l’engagement de son pays en faveur de l’interdiction des armes nucléaires. 

Mme NUR ASHIKIN MOHD TAIB (Malaisie) a constaté que la question du désarmement nucléaires figure à l’ordre du jour de la communauté internationale depuis la création des Nations Unies, mais que les progrès réalisés en la matière étaient limités, voir négligeables. Évoquant les ravages que provoqueraient les armes nucléaires, elle a affirmé que l’existence même des armes nucléaires est incompatible avec les « considérations élémentaires de l’humanité ».  L’élimination complète des armes nucléaires est la seule garantie qu’elles ne seront jamais utilisées de nouveau, a-t-elle indiqué.  La représentante a ensuite fait savoir que la Malaisie était devenue signataire du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires le 20 septembre.

Mme IRINA SCHOULGIN-NYONI (Suède) a dit être gravement préoccupé par le manque de progrès réalisés en matière de désarmement nucléaire, dénonçant notamment la présence d’environ 15 000 armes nucléaires qui, a-t-elle averti, risquent d’être utilisées par accident, suite à un mauvais calcul ou sciemment.  Elle a dénoncé le fait que les États détenteurs sont en train de moderniser leurs armes, et que « certains parlent même de les utiliser », qualifiant aussi de totalement inacceptable le fait que certains États élargissent leurs arsenaux nucléaires.  Elle a ensuite appelé la République populaire démocratique de Corée à mettre un terme à ses essais nucléaires et à choisir la voie d’un dialogue crédible et de la dénucléarisation.

Poursuivant, la représentante a constaté que, ces dernières années, les efforts de désarmement et de non-prolifération ont été marqués par une perte de vitesse dangereuse, à l’exception de « l’avancée historique » que représente le Plan d’action global commun avec l’Iran.  Cet accord, qui est aussi important pour la sécurité régionale qu’internationale, doit être respecté par toutes les parties, a-t-il souligné.  À l’approche de la Conférence de 2020 des Parties chargées de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, elle a ensuite appelé les États Membres à ne pas répéter l’échec de 2015.  La représentante a par ailleurs appelé les États détenteurs à prendre des mesures pour réduire tout risque d’utilisation accidentelle de leurs armes.  Elle a également espéré que les travaux de la Première Commission réussiront, cette année, à réellement changer les choses.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a indiqué que le Saint-Siège a signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires le 20 septembre dernier, « parce que ce traité donne l’espoir aux êtres vivants et à ceux qui naîtront de voir un jour le monde exempt de toute arme nucléaire ».  Il a affirmé que les États signataires de ce nouveau traité ont rejeté l’idée fallacieuse selon laquelle « la force fait droit » et son corollaire moderne pernicieux selon lequel certaines nations ont le droit de posséder l’arme nucléaire alors que d’autres ne l’ont pas.  Il a estimé que le désarmement nucléaire serait plus efficace s’il était accompagné d’efforts visant un désarmement général complet.  Il a invité les États à réaffecter les ressources financières découlant du désarmement vers le développement des peuples du monde.

Pour M. DENNIS KUCINICH, Représentant du Basel Peace Office, il est temps de prendre de nouvelles mesures diplomatiques et de renforcement de la confiance afin d’éviter « une catastrophe », d’adopter un nouveau traité d’interdiction complète des essais nucléaires et de s’abstenir de précipiter des confrontations nucléaires.  La société civile, a-t-il noté, insiste sur l’importance d’avoir des traités contraignants pour le règlement pacifique des différends.

« L’expression agressive de la souveraineté nucléaire est illégale et suicidaire », a lancé l’intervenant, enjoignant ensuite chacun d’entre nous à désarmer et abolir les forces destructrices dans nos vies, nos maisons et nos communautés qui engendrent la violence domestique, conjugale, liée aux armes à feu, raciale et la maltraitance des enfants.  « Si nous voulons éliminer les armes nucléaires, nous devons aussi éliminer toute rhétorique destructrice », a-t-il insisté.  « Des mots de destruction massive peuvent déclencher des armes de destruction massive. »

Mme MARZAHN NURZHAN, des Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaires, a indiqué que la plupart des jeunes, y compris dans son pays, le Kazakhstan, savent peu de choses sur les armes nucléaires, en dehors de la couverture médiatique de la situation en République populaire démocratique de Corée.  C’est la raison pour laquelle Abolition 2000, le réseau de la société civile visant à éliminer les armes nucléaires, a créé un groupe de travail destiné à sensibiliser la jeunesse à ces questions.  La représentante a espéré que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale répondront à l’appel du Président Nazarbayev pour encourager les États Membres à réduire de 1% leurs dépenses militaires et à consacrer cette fraction du budget au financement des objectifs de développement durable.

M. MAGED A. ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a déclaré que le débat sur l’interdiction des armes nucléaires offre à la communauté internationale l’occasion de faire le bilan des efforts consentis par les Nations Unies afin d’interdire la possession et l’usage des armes nucléaires et des armes de destructions massive.  Plus de cent pays ont récemment signé le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires, s’est félicité M. Abdelaziz, soulignant l’importance pour les États détenteurs de l’arme nucléaire de participer aux discussions sur le désarmement nucléaire et de ratifier le Traité.

C’est dans cet esprit que nous avons travaillé à faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires, a enchainé l’Observateur qui a appelé par ailleurs à consolider le pilier paix et sécurité internationales.  Il a également exhorté Israël à ratifier le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires et de permettre à l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d’inspecter sans entrave tous les sites nucléaires existant dans ce pays.

Droit de réponse

Répondant à l’intervention de l’Arabie saoudite, le représentant de l’Iran a dit être surpris de recevoir des leçons en matière de droits de l’homme d’un régime qui, au XXIsiècle, se félicite d’avoir donné aux femmes le droit de conduire.

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