L’Assemblée générale adopte les dernières résolutions de sa soixante et onzième session
L’Assemblée générale a adopté, aujourd’hui, les dernières résolutions de sa soixante et onzième session qu’elle a prévu de clôturer cet après-midi. Les textes détaillés portent sur le rôle des Nations Unies dans la gouvernance économique mondiale, l’action contre le paludisme à l’horizon 2030, la lutte contre le trafic des espèces sauvages, le multilinguisme et la coopération entre l’ONU et la Communauté des Caraïbes (CARICOM)*.
Adoptée par 86 voix pour, l’opposition des États-Unis et d’Israël et 42 abstentions, la résolution sur « les Nations Unies et la gouvernance économique mondiale » rappelle qu’il faut aborder le règlement des problèmes mondiaux de manière « multilatérale, ouverte, transparente et efficace » et réaffirme le rôle central du système des Nations Unies dans les efforts faits actuellement pour apporter des solutions communes à ces problèmes. Dans ce texte, l’Assemblée générale souligne qu’il importe que l’ONU ait des échanges « souples et réguliers » avec les groupes intergouvernementaux qui font des recommandations ou prennent des décisions ayant une portée mondiale, dont le G-20.
Le représentant de l’Équateur, qui a présenté la résolution au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est félicité d’un texte qui reconnaît la valeur du multilatéralisme dans la gestion des affaires économiques mondiales. Cette résolution, a-t-il noté, reconnaît l’importance de contacts soutenus entre les institutions, notamment l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC), le G-20 et d’autres. Son homologue de l’Afrique du Sud s’est particulièrement réjoui que la résolution réaffirme le rôle central de l’Assemblée générale en tant qu’instance représentative de l’ONU et le rôle que lui confère la Charte pour les questions mondiales intéressant la communauté internationale. Il a insisté sur l’espace politique qu’il faut se ménager pour discuter de la gouvernance économique et prévenir les crises financières comme celle de 2008.
Pour le représentant des États-Unis, cette résolution est « un doublon » contraire à l’esprit de la réforme initiée par le Secrétaire général. Toute référence aux processus, règles et traités de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), organisation indépendante, est inacceptable, a martelé le délégué américain, refusant en outre l’idée que les Nations Unies discutent de questions relevant des prérogatives du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Nous nous opposons à tout changement visant à renforcer le rôle des Nations Unies dans la gouvernance économique, a répété le représentant, ajoutant que l’ONU devrait se concentrer sur l’aide.
Au nom de l’Union européenne, la représentante de l’Estonie a regretté que le processus ayant mené à l’adoption de la résolution ait été enclenché si tard ainsi que la réticence chez certaines délégations à refléter, comme de manière adéquate, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Nous regrettons, a précisé la représentante, « qu’une délégation n’ait pu se joindre au consensus ». Nous protestons vivement, a-t-elle poursuivi, contre la présentation d’un texte qui « ne reflète le point de vue que d’un seul groupe » et sur lequel l’Union européenne avait déjà exprimé un certain nombre de préoccupations, dont un libellé non consensuel et la répétition d’autres textes adoptés par l’Assemblée générale et l’ECOSOC. En outre, la résolution a été présentée alors qu’on ne sait rien de ses incidences budgétaires. Si l’Union européenne s’est contentée d’un vote d’abstention, elle se réserve le droit, a prévenu la représentante, de réagir autrement à tout autre texte qui ne recueillerait pas son approbation. Le représentant de Singapour s’est en effet dit déçu que la résolution n’ait pas fait l’objet d’un consensus alors que tous les pays et toutes les institutions se doivent de travailler ensemble pour réaliser les objectifs du Programme 2030.
L’Assemblée générale a aussi adopté une résolution sur l’intensification de l’action menée pour lutter contre le paludisme et l’éliminer dans les pays en développement, particulièrement en Afrique, à l’horizon 2030. Par ce texte, elle engage l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le paludisme à redoubler d’efforts en vue de mobiliser la volonté politique, les partenariats et les fonds requis pour réduire d’au moins 90% d’ici à 2030, le nombre de décès dus au paludisme. L’Assemblée déclare qu’il faut de toute urgence optimiser le financement afin que puisse être atteint l’objectif d’étape de la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030 visant à mobiliser 6,4 milliards de dollars par an.
Elle invite la communauté internationale, entre autres, à appuyer les travaux du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour lui permettre de faire face à ses obligations financières et se déclare vivement préoccupée par l’apparition de souches de paludisme résistantes aux médicaments et aux insecticides. L’Assemblée exhorte tous les États Membres à interdire la commercialisation et l’usage des monothérapies orales à base d’artémisinine et à les remplacer par des polythérapies.
Elle réaffirme le droit de se prévaloir pleinement des dispositions de l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), de la Déclaration de Doha sur l’Accord sur les ADPIC et la santé publique, de la décision du Conseil général de l’OMC concernant l’application du paragraphe 6 de la Déclaration de Doha et, lorsque les procédures d’acceptation officielle auront abouti, de l’amendement à l’article 31 de l’Accord, prévoyant des assouplissements aux fins de la protection de la santé publique et, en particulier, de l’accès universel aux médicaments et de la fourniture d’une aide aux pays en développement à cet effet.
En présentant la résolution, le représentant du Swaziland a rappelé que l’action concertée, menée ces dernières années, a permis de sauver 6,2 millions de vies rien qu’en Afrique, soit une baisse de 70% du taux de mortalité. Cependant, a-t-il prévenu, 300 000 décès liés au paludisme sont toujours enregistrés annuellement dans le monde alors que la résistance aux médicaments et aux insecticides menace les progrès. La représentante des États-Unis a fait siennes ces inquiétudes, ajoutant qu’il faudra tripler le financement actuel de 6,4 milliards de dollars afin de réaliser les objectifs de la Stratégie technique mondiale. Le secteur privé a un rôle important à jouer, a-t-elle argué, estimant que l’expansion des systèmes de santé ne devrait pas dépendre que des gouvernements.
L’Assemblée générale a également adopté une résolution sur la lutte contre le trafic des espèces sauvages. Par ce texte, elle demande aux États Membres d’ériger en infraction grave le trafic d’espèces de faune et de flore sauvages protégées, de sorte que, dès lors que l’infraction déborde les frontières et qu’y participent des groupes criminels organisés, une coopération internationale efficace puisse être mise en œuvre sous le régime de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, et ce, pour prévenir et combattre la criminalité transnationale organisée.
C’est le représentant du Gabon qui a présenté la résolution, en insistant sur le fait que, dans son pays, le braconnage a déjà causé la perte de près de 25 000 éléphants en 10 ans, ce qui représente près de 80% de la population de pachydermes. Ce trafic, a-t-il poursuivi, génère près de 20 milliards de dollars par an, ce qui contribue, entre autres, à alimenter des groupes extrémistes et des groupes armés qui déstabilisent de nombreux États. La résolution, a estimé le représentant, est une chance de renforcer la mutualisation de nos actions et de mettre en place un mécanisme global qui prendrait en compte toutes les dimensions du problème.
L’Assemblée générale a, par ailleurs, adopté une résolution sur le multilinguisme par laquelle elle souligne que l’égalité des six langues officielles des Nations Unies est d’une importance primordiale et invite par conséquent le Secrétaire général à prendre des mesures afin de mettre en application les politiques relatives au multilinguisme. Au nom des pays du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies, le représentant du Pérou a estimé qu’à travers cette résolution, le Groupe a atteint son objectif d’élargir l’accès aux documents de l’ONU dans toutes les langues officielles.
L’Assemblée a enfin adopté une résolution sur la coopération entre l’ONU et la Communauté des Caraïbes (CARICOM), demandant au système des Nations Unies de renforcer l’assistance qu’il apporte aux États membres de la CARICOM, en tenant compte des vulnérabilités qui leur sont propres.
L’Assemblée a nommé Mme Keiko Kamioka, du Japon, au Corps commun d’inspection pour un mandat de deux ans allant du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2019. Mme Kamioka termine le mandat du Jordanien, M. Rajab Sukayri, démissionnaire**.
*A/71/L.90; A/71/L.89; A/71/L.88; A/71/L.86; A/71/L.87
**A/71/1018