En cours au Siège de l'ONU

Soixante et onzième session,
92e séance plénière – matin
AG/11931

Assemblée générale: après 25 ans d’impasse, des États demandent des négociations « publiques » sur la réforme du Conseil de sécurité

L’Assemblée générale a adopté, ce matin, sans vote, quatre résolutions et une décision par laquelle elle invite le Groupe de travail sur la représentation équitable au Conseil de sécurité à poursuive ses travaux au cours de la prochaine session.

Cette décision a conduit à des réactions diverses, certains États se disant favorables à ce que le processus suive son cours, d’autres estimant qu’après 25 ans de discussions à huis clos, il serait temps de discuter publiquement de la question, selon les principes de démocratie et de transparence et au vu et au su de la communauté internationale.

Celui qui ne va nulle part n’arrive nulle part, a prophétisé le représentant de l’Allemagne nom du G4, constitué de son pays, du Brésil, de l’Inde et du Japon.  « Il faut que de réelles négociations commencent enfin », s’est-il impatienté, en affirmant que cet avis est partagé par 169 États Membres.

En effet, au nom du Groupe L69, son homologue de Saint-Vincent-et-les Grenadines a dénoncé « l’obstination d’une minorité ».  Dans aucun autre espace démocratique, a-t-elle argué, on ne verrait la volonté de 85% des membres d’une organisation rester vaine.  La représentante a voulu que l’on évalue ce processus entamé il y a 25 ans.  Les principes de démocratie et de transparence, a-t-elle martelé, veulent que les négociations se tiennent en public pour que la communauté internationale et les jeunes puissent voir d’eux-mêmes les obstacles.  « Nous sommes prêts à négocier », a-t-elle conclu, en espérant que la prochaine session va commencer là où la précédente a pris fin, « au lieu d’essayer, une fois encore, de réinventer la roue ».

Au nom du Groupe des États d’Afrique, le représentant de la Sierra Leone a relevé que le dernier rapport des Coprésidents des négociations intergouvernementales ne reflète pas fidèlement la lettre et l’esprit de la position commune du Groupe africain.  L’Afrique, a-t-il répété, aspire à être mieux représentée dans les deux catégories de membres du Conseil de sécurité, permanents et non permanents.  Il est important que les rapports reflètent la position des groupes de négociations, a renchéri son homologue de l’Égypte.

Les coprésidents, à savoir les représentants de la Roumanie et de la Tunisie, se sont défendus.  Il s’agissait, a expliqué le délégué roumain, de privilégier les interconnexions entre les diverses positions, tout en restant ouverts et impartiaux.  « Notre but était de renforcer la confiance entre États et d’essayer de réduire les écarts », a-t-il plaidé, en estimant que les négociations ne sauraient s’apparenter à un simple exercice de collecte de données.  

L’augmentation du nombre des membres du futur Conseil de sécurité est acceptée par tous.  C’est la question du droit de veto qui est la cause des blocages, a expliqué, au nom des 12 États du Groupe « Unis pour le consensus », la représentante du Pakistan.  Celui du Koweït, au nom du Groupe des États arabes, a lancé un appel à l’unité, tout en rappelant que son Groupe réclame « un siège permanent avec droit de veto ».  Que des négociations directes commencent enfin sur la base d’un document consolidé, s’est impatientée la représentante de la Hongrie.

Pour celui de la Chine, la réforme du Conseil de sécurité doit se faire « dans la patience » afin de rapprocher les positions.  Son collègue de la Fédération de Russie a réclamé « une solution acceptable pour tous ».  Les progrès ne sauraient être imposés par un texte.  L’augmentation du nombre des sièges au profit de l’Afrique et de l’Asie serait opportune, a-t-il avancé.

La représentante de la Dominique, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a aussi soutenu la tenue de négociations publiques, lesquelles, selon le Président de l’Assemblée générale, pourraient s’appuyer sur le document de référence produit par les deux coprésidents.  Accélérons la cadence, a encouragé le représentant de Singapour, afin d’aboutir à des réformes rapides qui contribueraient à rendre le Conseil de sécurité plus ouvert et plus efficace.

En outre, l’Assemblée générale a adopté sans vote une résolution* portant sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique.  Par ce texte, elle prend acte du rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations qu’il a formulées dans son rapport et demande aux organismes des Nations Unies et aux États Membres d’appuyer les mécanismes et les processus de consolidation de la paix en Afrique, notamment l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), l’Architecture africaine de gouvernance (AAG) et le Groupe des Sages.

Il s’agit aussi d’appuyer le Cadre d’action de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement postconflit et le système d’alerte rapide à l’échelle du continent, notamment ses composantes sous-régionales, ainsi que le lancement des opérations de la Force africaine en attente afin de contribuer pleinement à la prévention des conflits, aux initiatives de rétablissement de la paix et à la consolidation de la paix et à la reconstruction après les conflits.

L’Assemblée générale a aussi adopté sans vote une résolution** soumise par sa Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, aux termes de laquelle elle accueille avec satisfaction le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix et prie instamment les États Membres, le Secrétariat et les organes compétents de l’Organisation des Nations Unies de prendre toutes les mesures nécessaires à l’application des propositions, recommandations et conclusions du Comité spécial.

C’est le 11 juillet dernier que la Quatrième Commission avait fait siennes les 400 propositions, recommandations et conclusions du Comité spécial qui avait tenu une session de fond du 21 février au 17 mars derniers.

L’Assemblée générale a adopté sans vote une autre résolution*** intitulée « Célébration du cinquantième anniversaire de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est ».  Par ce texte, elle félicite l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et reconnaît le rôle qu’elle joue en tant qu’organisation régionale qui favorise le multilatéralisme ainsi que la paix, la stabilité et la prospérité régionales.  L’Assemblée encourage l’ONU à continuer de coopérer étroitement avec l’ASEAN afin de promouvoir les complémentarités entre la Déclaration de Kuala Lumpur sur « ASEAN 2025: bâtir l’avenir ensemble » et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

L’Assemblée générale a enfin adopté sans vote une résolution**** portant sur la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Forum des îles du Pacifique.  Elle demande ainsi aux organismes des Nations Unies de faire en sorte que leurs programmes de travail et les activités qu’ils mènent dans la région des membres du Forum s’inscrivent dans le prolongement de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies et des textes arrêtés au niveau international.

Après cette adoption, le représentant des États-Unis a indiqué que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et de tous les autres textes arrêtés au niveau international doit se faire dans le respect des obligations propres à chaque État, rappelant par cette occasion que son pays avait annoncé, le 1er juin dernier, son intention de se retirer de l’Accord de Paris sur les changements climatiques pour lequel il appelle à une renégociation.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal officiel des Nations Unies.

*A/71/L.67/Rev.1

**A/71/495/Add.1

***A/71/L.76

****A/71/L.77

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