ENV/DEV/1762

Le succès de la première Conférence mondiale des Nations Unies sur le transport durable a montré que celui-ci est un « objectif mondial partagé »

ACHGABAT, TURKMÉNISTAN, 27 novembre -- Un succès pour une première.  La Conférence mondiale sur le transport durable de l’ONU s’est achevée, ce soir à Achgabat, au Turkménistan, par un bilan satisfaisant aux yeux du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, pour qui elle aura non seulement renforcé l’importance du transport durable, qu’il soit routier, ferroviaire, aérien ou maritime, mais aussi démontré qu’il était un « objectif global partagé ».

« Ici à Achgabat, nous avons témoigné du pouvoir de la politique et des partenariats en vue de promouvoir le transport durable pour tous », a déclaré M. Wu, en conclusion de cette conférence historique, car elle fut la première jamais organisée par les Nations Unies sur ce thème. 

« Les solutions du transport durable, a-t-il expliqué, sont essentielles pour ne laisser personne de côté, assurer la prospérité économique, garantir l’accès aux services et protéger l’environnement. »  C’est une « considération spéciale » qui est nécessaire pour les pays en développement et, en particulier, ceux connaissant des « situations particulières », tels que les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.

« Mais il reste encore beaucoup à faire », a ajouté le Secrétaire général adjoint, en estimant que « les milliards de dollars d’investissements nécessaires sont aussi importants que la solidité des cadres réglementaires et de gouvernance ».

« Nous devons maintenant nous engager en faveur de décisions politiques répondant aux besoins en transport de tous, d’une manière qui garantisse une faible empreinte carbone », a estimé M. Wu.  Les participants de cette Conférence, a-t-il noté, ont identifié les actions concrètes à engager « sur la voie du paradigme du transport durable, qui est aussi nouveau que crucial ».  

« Nous devons promouvoir le transport durable pour tous, en mettant en œuvre nos engagements, en forgeant de nouvelles alliances et en transformant nos politiques », a-t-il déclaré.

Les résultats de la première Conférence mondiale du transport durable seront contenus dans un rapport du Secrétaire général, lequel, assorti de recommandations et d’engagements en faveur des actions à mener, sera publié en tant que document de l’Assemblée générale.

Le Secrétaire général adjoint s’est dit convaincu que les conclusions de cette Conférence alimenteraient les débats du Forum politique de haut niveau sur le développement durable qui doit se tenir l’année prochaine.  Il s’agira là, a-t-il avancé, d’une « occasion de définir la façon de faire du transport durable une partie intégrante de la mise en œuvre des objectifs de développement durable ».

Le Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, M. Rashid Meredov, a, lui, souligné que les recommandations de la Conférence d’Achgabat, que son pays présidait, seraient « dûment prises en compte dans les efforts communs qui seront consentis à l’avenir pour parvenir à un transport durable ».

La Conférence s’était ouverte la veille avec les appels du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et du Président du Turkménistan, M. Gurbanguly Berdimuhamedov, et d’autres responsables gouvernementaux pour que le transport durable, soit un moteur de croissance inclusive, ouvre les marchés et réponde aux besoins des plus démunis tout en préservant l’environnement et en luttant contre le réchauffement climatique.

Pendant deux jours dans la capitale turkmène, au cœur de l’Asie centrale, la Conférence mondiale sur le transport durable a rassemblé des responsables des États Membres, parmi lesquels trois chefs d’État et de gouvernement et une cinquantaine de ministres, ainsi que des représentants du système des Nations Unies et d’autres organisations internationales, du secteur privé et de la société civile pour engager un dialogue mettant l’accent sur la nature intégrée et transversale du transport durable et ses rôles multiples dans la réalisation des objectifs de développement durable.

La dernière journée, tout comme la première, s’est poursuivie, en marge du débat général, par des discussions thématiques sur les solutions de transport et de transit durables dans les « pays aux situations particulières », comme les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement; les « solutions multimodales » permettant de « connecter les liaisons ferroviaire, maritime, terrestre et aérienne »; l’ambition d’« atteindre une nouvelle ère en matière de sécurité routière »; le financement du transport durable sur la base de la mobilisation des ressources domestiques, de la coopération internationale et des partenariats publics-privés; et l’énergie et les transports.

CONFÉRENCE MONDIALE SUR LE TRANSPORT DURABLE

Table ronde: « Financement du transport durable: mobilisation des ressources domestiques, coopération internationale et partenariats publics-privés »

Les investissements nécessaires dans le domaine des transports sont estimés, aujourd’hui, à entre 1 et 3 000 milliards de dollars par an, une somme qui devrait s’accroître au cours de la prochaine décennie, compte tenu des prévisions de croissance démographique et de la demande en transport.  Les pays en développement reçoivent moins de 40% des investissements actuels annuels, alors que les besoins sont les plus pressants.  La mobilisation des ressources de financement pour le transport durable revêt donc un caractère crucial.  C’est tout l’enjeu de cette table ronde présidée par M. BAMBANG SUSANTONO, Vice-Président pour la gestion du savoir et le développement durable de la Banque asiatique de développement.

Premier panéliste à s’exprimer, M. WALID ABDELWAHAB, de la Banque islamique de développement, a identifié deux enjeux.  Le premier consiste à savoir si ce sont les ressources financières qui manquent ou si ce sont les projets de qualité et rentables qui font défaut.  Il a indiqué que les deux cas de figure se présentaient, rendant nécessaire une bonne adéquation entre la demande et l’offre dans le domaine du transport.  Le second enjeu concerne le mode de financement des systèmes de transport, que ce soit par subvention du budget de l’État ou par une tarification de l’usager.  Si un pays décide de suivre une tarification de l’usager, cela ménage un espace pour l’apport de capitaux privés, a-t-il expliqué, avant d’insister sur les contraintes budgétaires auxquels font face de nombreux pays.  Il a souligné qu’il était nécessaire d’instaurer un climat favorable à des investissements privés dans le domaine des transports.  Les investisseurs privés, a-t-il assuré, accordent plus d’attention au risque du pays plutôt qu’au risque particulier du projet à financer.

Mme EKATERINA MIROSHNIK, Directrice des infrastructures pour la Fédération de Russie, l’Asie centrale et la Mongolie de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), a indiqué que la Turquie était l’un des pays préférés des investisseurs privés pour le financement de projets de transport dans le cadre de partenariats entre le secteur public et le secteur privé.  La raison tient au fait que les projets en question en Turquie sont bien préparés, avec notamment une bonne couverture des risques, a-t-elle expliqué.  Les projets de qualité manquent souvent, ce qui souligne l’importance des capacités d’un pays, a continué Mme Miroshnik.  Elle a précisé que le facteur le plus important derrière la décision d’investir était la qualité du cadre réglementaire relatif notamment à la couverture des risques et à la possibilité d’une tarification à l’usager.  Les investisseurs basent également leur décision sur la capacité du Gouvernement à garantir un revenu minimum, ce qui n’est pas toujours le cas.  Enfin, Mme Miroshnik a identifié un autre obstacle dans la question de la devise, la plupart des pays souhaitant que le projet soit libellé en devise locale, ce qui peut dissuader les investisseurs privés.  Il est crucial, a-t-elle insisté, de bien préparer et penser un projet.  La question de son financement, a-t-elle dit, se posera ensuite.

Mme JANNAT SALIMOVA-TEKAY, Chef de projet pour l’Asie centrale et le Caucase à Ernst and Young, a indiqué que l’intervention de Mme Miroshnik résumait parfaitement ce que veulent les investisseurs privés s’agissant du financement de projets de transport dans le cadre de partenariats publics privés.  Ils veulent des contrats prévisibles et clairs, prévoyant des tarifs attractifs et un partage des risques s’agissant des prévisions en termes de trafic de passagers.  Elle a également soulevé la question du règlement des litiges qui pourraient subvenir et du partage des risques.  Les investisseurs privés, a-t-elle noté, sont adverses au risque.  Si la capacité d’emprunt auprès des banques de développement est un élément important, il est crucial de renforcer les capacités de prêt des banques locales afin que davantage de projets soient libellés en monnaie locale, a-t-elle dit.

M. HOGER DALKMANN, Vice-Président du Partenariat pour un transport à faible émission de carbone, a insisté sur l’importance d’orienter les investissements vers de projets de transport propre, bénéficiant de surcroit au plus grand nombre d’usagers.  Il a indiqué que dans la ville de Mexico, 80% des investissements concernaient les infrastructures routières alors que les habitants de la ville ne sont que 20% à utiliser une voiture.  La capacité de réglementation des autorités locales en appui de projets de transport durable est importante, a-t-il souligné, prenant ainsi l’exemple de la ville de Londres où 200 millions de recettes fiscales qui découlent de taxes pour congestion ou de paiement de parking viennent financer des projets de transport durable.

Après ces interventions, le délégué de Népal a pris la parole pour attirer l’attention sur la situation des pays vulnérables, en particulier les pays en développement sans littoral.  Le fait que le Népal n’ait pas de littoral est la raison essentielle des difficultés de développement que notre pays rencontre, a-t-il affirmé.  Il est donc nécessaire, a-t-il souligné, que ces pays reçoivent un soutien renforcé de la communauté internationale.

Faisant la synthèse des débats, M. SUSANTONO a estimé à entre 2,5 et 3 000 milliards de dollars les investissements nécessaires annuels dans le domaine des transports d’ici à 2050, la moitié de cette somme devant bénéficier aux pays non membres de l’OCDE.  Les pays en développement de l’Asie devraient investir 6% de leur PIB dans les secteurs du transport et l’énergie, a-t-il recommandé.  Les investissements s’élèvent aujourd’hui, a-t-il indiqué, à entre 2 et 3% de leur PIB.  Les ressources financières sont disponibles mais, a regretté M. Susantono, les projets bien préparés et rentables, susceptibles d’attirer les investissements sont quasi inexistants.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, les gouvernements, qui sont les premiers financeurs des infrastructures de transport, devraient mieux utiliser leurs ressources financières.  Enfin, il a rappelé qu’un cadre juridique robuste était indispensable pour la création de partenariats entre le secteur public et le secteur privé dans le domaine du transport.

Table ronde: « Solutions de transport et de transit durables dans les pays aux situations particulières »

Le transport durable est un défi pour tous les pays, mais les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement font face à des défis particuliers. 

Lors de cette table ronde, animée par M. GYAN CHANDRA ACHARYA, Secrétaire général adjoint et Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, aux pays en développement sans littoral et aux petits États insulaires en développement, les différents experts et délégués ont mis l’accent sur les coûts de transport élevés, un accès restreint à la mer, un service aérien limité pour les passagers et le fret, et les difficultés à assurer des investissements et des partenariats, autant d’obstacles qui font partie des défis à relever pour parvenir à un développement durable dans ces pays. 

Selon les données disponibles, en effet, une part importante des coûts élevés des transactions commerciales auxquels sont confrontés de nombreux pays est attribuable aux difficultés liées au transit.

Pour relever ces défis, notamment en simplifiant, harmonisant et normalisant les procédures de transport et de transit, la connectivité intermodale contribuera considérablement au développement économique, au tourisme durable et au commerce tout en renforçant les chaînes de valeur régionales et mondiales et en promouvant le développement durable.

M. BRIAN MUSHIMBA, Ministre des transports et des communications de la République de Zambie et Président du Groupe des pays en développement sans littoral, a affirmé que le renforcement de la coopération régionale et bilatérale était important, soulignant ainsi la pertinence du Programme d'action de Vienne pour les pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024.  Si le transport routier est le plus rentable, peu de pays enclavés disposent de systèmes ferroviaires nationaux, alors que le transport aérien, qui offre un accès direct aux marchés internationaux, coûte cher.

Bien qu'il y ait eu des améliorations dans le développement des infrastructures de transport, il reste beaucoup à faire, a-t-il fait remarquer.  Grâce à des partenariats solides et à un soutien international, des systèmes de transport efficaces pourraient être créés susceptibles de transformer les pays enclavés en pays liés à la terre.  Il a, enfin, plaidé pour une harmonisation des cadres juridiques de façon à favoriser le commerce et à faciliter l’accès aux marchés, et faire ainsi en sorte que les investissements dans les secteurs des transports ne soient pas perdus. 

Pour M. MILTON CLAROS HINOJOSA, Ministre des travaux publics et des services du logement de la Bolivie, la définition de durabilité ne s’applique pas de la meilleure façon qui soit.  Il a souligné qu’il était nécessaire d’être relié à un port maritime, en précisant que la Bolivie n’était pas ainsi sur un pied d’égalité avec les autres pays.  Il a insisté sur l’importance de créer un système qui garantisse la durabilité économique, sociale et environnementale des pays. 

Le Ministre a ainsi appelé à coordonner des projets avec les pays voisins.  Les ressources naturelles dans leur ensemble sont la propriété de tous les pays, tous devant être en mesure de bénéficier ainsi d’un accès maritime.  Le transport, a-t-il soutenu, est synonyme d’intégration régionale, de prospérité, de progrès, d’amélioration du niveau de vie.  L’aide la plus rapide de l’ensemble de la communauté internationale est essentielle pour permettre aux pays sans littoral d’accéder aux ressources naturelles indispensables à leur développement. 

M. SEIULI UELIGITONE, Ministre adjoint des travaux, des transports et des infrastructures du Samoa, a souligné les défis en matière de transports auxquels est confronté son pays, qui dispose d’une superficie de plus de 2 400 kilomètres carrés et compte une population de 200 000 habitants.  Le Gouvernement du Samoa a établi un plan sectoriel de 5 ans pour les transports, en vue de garantir des transports sûrs et écologiques permettant d’assurer des retombées positives sur le plan économique pour améliorer les conditions de vie des habitants de Samoa, notamment en construisant et en entretenant les réseaux routiers et en élargissant le transport aérien. 

Le Ministre a également mis l’accent sur la vulnérabilité du Samoa, petit État insulaire en développement, face aux effets des changements climatiques, en particulier l’élévation du niveau de la mer.  Il a mis l’accent sur le rôle économique important que joue le transport maritime aérien, en appelant à des efforts de coopération de tous les petits États insulaires en développement. 

M. MAHMOUD MOHIELDIN, Vice-Président principal pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les relations avec les Nations Unies et les partenariats de la Banque mondiale, a affirmé que le défi n’était pas  seulement une question géographique; des pays sans littoral ou des petits États insulaires en développement ayant pu, en effet, grâce à un bon leadership et à une bonne gouvernance, ainsi qu’à une amélioration de leurs infrastructures, se relier au reste du monde. 

Les pays en développement sans littoral ont pu bénéficier de la part de la Banque mondiale de prêts de plus de 51 milliards de dollars au cours des 5 dernières années.  La Banque mondiale a également alloué 42 milliards de dollars pour des projets en matière de transport.  La Banque mondiale a financé en outre des projets de transport aérien des petits États insulaires en développement.  Le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030 permet des améliorations, mais un travail d’analyse en amont est nécessaire pour, par exemple, établir des corridors de transport et de transit.

M. TYRELL DUNCAN, Conseiller technique en matière de transport de la Banque asiatique de développement, a fait remarquer que la situation évoluait en matière de coopération régionale, citant les nouvelles initiatives, comme le projet de la « Nouvelle Route de la Soie ».  Les pays se sont engagés à créer une plateforme en matière de transport durable qui puisse bénéficier d’une approche régionale, a-t-il expliqué. 

Lors de la discussion qui a suivi, le délégué du Népal a souligné l’importance des couloirs de transport et de transit pour relier les pays de l’Asie du Sud-Est et de l’Asie centrale.  Les facilités aux points de frontière doivent être plus efficaces dans les cadres bilatéral et multilatéral pour améliorer le trafic du fret, a-t-il précisé. 

Son collègue du Chili a affirmé que son pays suivait les recommandations du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024 et qu’il était engagé en faveur de l’amélioration de la sécurité routière.

Table ronde: « Solutions multimodales de transport et de transit durables: connecter les liaisons ferroviaire, maritime, terrestre et aérienne »

Des systèmes intégrés de transport multimodal et de transit qui optimisent les avantages comparatifs de chaque mode de transport sont essentiels pour assurer un transport durable des passagers et du fret à l’intérieur des pays et entre eux.

Les transports routiers, ferroviaires, maritimes, ferroviaires et aériens, ainsi que les transports non motorisés tels que la marche et le vélo, doivent être pris en compte, tandis que l’accent doit être mis sur les modes de transport énergétiques à faible teneur en carbone et sur une utilisation accrue des transports publics.

Le transport multimodal et des systèmes de transport en commun durables peuvent fournir un éventail d’options pour le transport de passagers et de fret et connecter avec succès les citoyens et les pays, tout en soutenant la croissance économique, le développement social et le commerce mondial.

Transporter des marchandises à travers les frontières nationales jusqu’au dernier kilomètre de leur destination finale de manière sûre et efficace est un défi permanent.  Les solutions nécessiteront une collaboration entre les gouvernements et entre les différents modes de transport, tandis que les initiatives régionales seront importantes pour harmoniser les cadres juridiques et politiques.

Cette discussion thématique, qu’animait Mme FRIDA YOUSSEF, Chef des services des transports, du commerce et de la logistique de la Division de la technologie et de la logistique de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), avait ainsi pour objectif de mettre en relief le rôle du transport multimodal et de donner des exemples d’expérience réussie.

M. DONAT M. BAGULA, Secrétaire exécutif de l’Autorité de coordination du transport de transit du Corridor Nord, est revenu sur les enjeux de cette voie de transport multimodale qui relie le port de Mombasa, sur l’océan Indien, au Kenya, aux pays de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique centrale dépourvus de littoral à savoir l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la République démocratique du Congo (RDC).  Il relie également le port de Mombasa au Soudan du Sud, à l’Éthiopie et au Nord de la République-Unie de Tanzanie.  Il comprend un réseau routier qui va de Mombasa à Kampala en Ouganda, Kigali au Rwanda, Bujumbura au Burundi ainsi qu’à Goma et Kisangani en RDC.

À cela, s’ajoute un réseau ferroviaire qui va de Mombasa à Kampala, un oléoduc de Mombasa à Nairobi et un système des voies navigables intérieures sur le lac Victoria. 

Le secrétariat du l’Autorité a établi un plan stratégique portant sur 5 ans.  Un programme de stations routières a été mis en place pour considérer les aspects de la sécurité routière, comme des aires de repos, en intégrant l’arrière-pays à ce corridor. 

Un travail a été également engagé en étroite collaboration avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour développer une stratégie d’ici à 2030.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’avoir un cadre juridique en vue de développer des partenariats.

M. PABLO ORTIZ, Directeur des relations internationales du Ministère des transports et des télécommunications du Chili, a rappelé que son pays contribuait au Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024.  Il a fait état des chantiers entrepris par le Chili dont la vocation, a-t-il affirmé, est de devenir une plateforme logistique en matière de transport et de transit durables.

Le Chili, a-t-il notamment dit, dispose de 10 ports maritimes qui offrent des possibilités de transport maritime de chargement, permettant ainsi aux différents pays de la région d’avoir accès aux marchés de l’Asie-Pacifique.  Il a également souligné les enjeux du tunnel d’Agua Negra à travers la Cordillère des Andes, dont l’objectif est d’améliorer le commerce entre le Chili et l’Argentine.

M. D. ZH. ISKAKOV, Directeur général des chemins de fer nationaux du Kazakhstan, a fait état des ambitions de son pays de développer des investissements dans les corridors le long de la route de la soie.  Il a notamment mis l’accent sur l’autoroute internationale de la Chine jusqu’à l’Europe, dont l’objectif est de diminuer de trois fois et demi les délais de transport des marchandises entre ces deux destinations.  Il a ainsi souligné l’importance du développement des transports rapides, notamment des transports par conteneurs.

M. IGOR ROUNOV, Secrétaire général adjoint de l’Union internationale du transport routier, a rappelé que l’Union était une association regroupant depuis 1948 une centaine d’exploitants d’autocars et d’autobus, de taxis et de camions, détenant aussi bien des flottes importantes qu’agissant comme artisans.  L’objectif de l’Union est notamment d’améliorer la performance des transports routiers vis-à-vis de la sécurité et de l’environnement tout en assurant la mobilité des personnes et des biens. 

M. Rounov a, en particulier, mis l’accent sur la nécessité d’utiliser les conventions existantes des Nations Unies, ce qui aurait pour avantage, a-t-il précisé, de n’occasionner aucun coût supplémentaire.  Il a ainsi cité la Convention douanière relative au transport international de marchandises sous le couvert de carnets TIR (Convention TIR), qui a pour objectif de faciliter le transit international grâce à des procédures de transit douanier simplifiées et à un système de garantie international, et la Convention des Nations Unies sur l’harmonisation des contrôles de marchandises aux frontières qui, a-t-il dit, réduit les temps de transit.

M. MENIO MENIST, Consultant des Pays-Bas pour une approche multimodale développée au Turkménistan, a souligné, en particulier, l’importance d’utiliser de façon optimale les infrastructures existantes.  Il faut tirer parti de chacun des modes de transport, y compris des transports routiers et mettre en place des terminaux multimodaux, a—t-il estimé.  M. Menist a souligné le potentiel du Turkménistan en vue de devenir un corridor extrêmement efficace s’il est multimodal.

Table ronde: « Vision mondiale zéro: atteindre une nouvelle ère en matière de sécurité routière »

Avec 1,3 million de personnes tuées et jusqu’à 50 millions de personnes blessées chaque année dans des accidents de la route, la sécurité routière doit être une priorité absolue pour la communauté mondiale.  

Lors de cette discussion thématique animée par Mme EVA MOLNAR, Directrice de la Division du transport durable à la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe, il a été, en particulier, reconnu que l’établissement de cadres juridiques adéquats, l’expansion de systèmes de transport public sûrs, le transport de marchandises par des modes moins nocifs pour l’homme et la création de stratégies et de plans nationaux de sécurité routière seraient d’une importance cruciale au cours des prochaines décennies.

Ainsi, M. KOICHIRO KAKEE, Vice-Ministre adjoint des relations internationales au Ministère de la terre, des transports, des infrastructures et du tourisme du Japon, a dressé un historique des mesures prises par son pays pour lutter contre l’insécurité routière.  Le nombre d’accidents mortels a diminué d’un quart par rapport au pic enregistré, mais cette réduction n’est pas suffisante a-t-il dit, en mettant l’accent sur la nécessité d’améliorer la sécurité routière en faveur des personnes âgées, les plus touchées par les accidents de la route.

M. ION COTRUTA, Conseiller principal à la Division du transport routier du Ministère des transports et des infrastructures routières de la République de Moldova, a détaillé, lui aussi, les différentes mesures mises en place dans son pays, l’objectif étant de diminuer de moitié, d’ici à 2025, le nombre des victimes de la route. 

M. MATEJ ZAKONJSEK, Chef de cabinet du Commissaire aux transports de l’Union européenne, a souligné que 26 000 personnes avaient perdu la vie l’an dernier dans l’ensemble des pays de l’Union, soit 5 400 de moins qu’en 2010, une baisse, certes, significative mais insuffisante.  Il a affirmé que la vision zéro était efficace et de plus en plus appliquée au sein de l’Union européenne. 

M. JEAN TODT, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la sécurité routière, a indiqué qu’appliquer la vision zéro revenait à éviter qu’un 1,2 million de personnes dans le monde soient sacrifiées chaque année sur la route et de mettre en place une culture de sécurité dans les pays.  En septembre 2015, une décision historique a été prise par les gouvernements de faire de la sécurité routière l’un des objectifs de développement durable.  Depuis sa nomination par le Secrétaire général, il a souligné avoir fait le tour de la planète pour faire la promotion de cet objectif et, en particulier, des options multimodales.

L’Union européenne a montré qu’il était possible de parvenir à des résultats positifs.  Il a dit espérer que l’on puisse arriver au chiffre de zéro accident.  La sécurité routière doit faire partie intégrante du transport durable, a-t-il estimé.

Mme BAHTYGUL KARRYIEVA, Chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Turkménistan, a souligné la nécessité de ne pas ignorer la prise en charge médicale d’urgence car, a-t-elle dit, elle est essentielle, notamment pour les handicaps résultant de blessures.  Elle a estimé qu’il était crucial de disposer d’un système de soins d’urgence.  Il faut, a-t-elle dit, établir une législation concernant une prise en charge médicale gratuite.

M. CHRISTIAN FRIIS BACH, Secrétaire général adjoint et Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CENUE), a mis l’accent sur la nécessité d’assurer une inspection régulière des voitures afin qu’elles soient maintenues en bon état.  Il a estimé qu’il était nécessaire d’assurer, à travers l’établissement d’un fonds, un financement international accru de la sécurité routière mondiale, dont les besoins sont estimés à 262 milliards de dollars. 

M. MICHAEL GSCHITZER, de Global Head of Sales, Kapsch Trafic Com. AG, a expliqué combien la technologie était nécessaire pour aider les pays en développement à mettre en œuvre la vision zéro en matière de sécurité routière.  Il a souligné les bénéfices communs de la technique pour la sécurité et la fluidité du trafic et réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Table ronde: « Énergie et transport »

Il est aujourd’hui convenu que le meilleur moyen de parvenir à des réductions d’ampleur des émissions de gaz à effet de serre est le développement de véhicules à haute efficacité énergétique, en particulier équipés de batterie électrique.  Cet objectif ne sera néanmoins pas atteint si l’électricité est produite à partie d’énergies fossiles.  Une autre piste à explorer est la construction de véhicules plus légers, sur le modèle de ce qui a été fait dans le secteur de l’aviation où le poids des appareils a été réduit.  Ce sont quelques-uns des enjeux abordés lors de cette table ronde animée par M. PRADEEP MONGA, Directeur du département de l’énergie de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Avant de présenter les panélistes, que la création d’un mode d’alimentation à base d’énergie renouvelable pour les véhicules pourrait ouvrir la voie à une troisième révolution industrielle.

M. KAMEL BEN NACEUR, Agence internationale de l’énergie, a averti que, si la tendance actuelle se poursuit, la cible d’une limitation de 2 oC de la température mondiale ne sera pas atteinte.  Il faudrait, a-t-il recommandé, une « décarbonisation » substantielle du secteur des transports.  Soulignant l’ampleur de ce défi, il a indiqué que quatre pays seulement disposaient de normes pour la mise en circulation de camions « verts ».  Il a ainsi plaidé pour une véritable révolution dans le domaine des transports, en faisant remarquer que des transports publics durables ne sont pas plus coûteux.  L’Agence internationale de l’énergie, a-t-il assuré, coopère étroitement avec les acteurs du secteur des transports en vue de trouver des solutions durables.

M. AHMED MOHAMMED SALEM AL-FUTAISI, Ministre des transports et de la communication d’Oman, a souligné la nécessité de réfléchir aux structures organisationnelles du secteur des transports.  Le secteur des transports est ainsi divisé entre rails, avion, bateau et il serait important de mieux intégrer ces différentes composantes pour avoir une vision globale des transports, a-t-il déclaré.  Le Ministre a soutenu que les pays de la région ne devraient plus se concentrer uniquement sur le pétrole et le gaz mais se pencher sur leurs substituts.  L’énergie éolienne, l’énergie solaire et l’électricité, a-t-il assuré, sont des sources d’énergie pour l’avenir qui devraient être davantage utilisées.  Avant de conclure, il a plaidé pour des efforts accrus en vue d’optimiser l’efficience énergétique, concédant que beaucoup restait encore à faire.

M. JEAN-PIERRE LOUBINOUX, Directeur général, Union internationale des chemins de fer, a affirmé que le train était l’un des modes de transport les plus efficients d’un point de vue énergétique.  Le secteur ferroviaire est en bonne voie pour atteindre son objectif visant à réduire davantage ses besoins en énergie, en misant notamment sur l’électrification des réseaux, a-t-il indiqué.  M. Loubinoux a admis que les efforts devraient néanmoins être intensifiés dans certains pays en développement comme l’Inde, où le secteur ferroviaire est le plus grand consommateur en énergie.  Le coût des énergies renouvelables, a-t-il dit,  baissera à l’avenir, ouvrant ainsi la voie à un « nouveau paradigme énergétique ».  Il n’y pas de mobilité sans infrastructures et pas d’infrastructures sans investissements, a-t-il conclu.

M. HOLGER DALKMANN, Institut mondial des ressources, a souligné la nécessité de mettre en place des flottes de véhicules énergétiquement efficients pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Il a ajouté qu’une autre piste à explorer était la diminution des raisons de se déplacer.  La manière dont nous construisons les villes a une influence sur la manière dont nous nous déplaçons, a-t-il affirmé.  M. Dalkmann a pris l’exemple d’Atlanta et de Barcelone -deux villes de taille équivalente– en précisant que la première était responsable de sept fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que Barcelone.  Cette dernière est beaucoup plus dense.  Il a encouragé l’usage des transports publics, lesquels sont responsables de 2% des émissions de gaz à effet de serre.  Les pays pourraient utiliser les 700 milliards de dollars de subventions qu’ils accordent par an au secteur des énergies fossiles pour développer les transports publics, a-t-il affirmé.  L’Accord de Paris sur les changements climatiques, a estimé M. Dalkmann, offre une immense opportunité pour le développement de modes de transport plus propres.

Mme BRANISLAVA BALAC, Consultante internationale sur les questions de transport urbain, a appuyé les recommandations du Groupe consultatif de haut niveau sur le transport, en soulignant la difficulté de parvenir à un équilibre entre l’accès de la présente génération aux transports et la nécessité de préserver la planète pour la génération suivante.  Elle s’est dite convaincue que l’une des pistes les plus prometteuses à suivre était la construction de véhicules électriques ou à hydrogène, qui n’émettent aucun gaz à effet de serre.  Les véhicules devraient également être construits avec des matériaux plus légers, a-t-elle recommandé.  Mme Balac a souligné la nécessité que le secteur ferroviaire investisse davantage dans les énergies renouvelables et l’électrification de la totalité du réseau ferroviaire.  Le transport durable, a-t-elle soutenu, est le moteur du développement durable.

Mme JACINTA BARRINS, Coordonnatrice résidente de l’ONU/Programme des Nations Unies pour le développement au Turkménistan, a brièvement pris la parole pour saluer la ratification par le Turkménistan de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Elle s’est également félicitée des efforts robustes du pays en vue de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.