Les appels pour une augmentation de l’aide publique au développement dominent les débats de la deuxième journée de la Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul
ANTALYA, Turquie, 28 mai - Plusieurs délégations ont, au cours de cette deuxième journée de la Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés (PMA), qui se tient jusqu’au 29 mai à Antalya, en Turquie, lancé un appel aux pays développés pour qu’ils s’acquittent de leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD).
« Nos pays partenaires doivent faire nettement mieux », a ainsi affirmé le représentant de la République démocratique du Congo, résumant ainsi le sentiment de l’ensemble des délégations des PMA qui ont pris la parole. Évoquant notamment les engagements pris en vertu du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement adopté en juillet dernier, ces délégations, appuyées par la Chine, le Pakistan ou encore le Brésil, ont demandé aux pays développés d’atteindre l’objectif de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’APD, dont 0,15% à 0,2% en faveur des PMA.
« La spirale négative de la baisse de l’APD doit être enrayée », a appuyé le représentant de Cuba, tandis que la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a indiqué que les flux d’APD en faveur des PMA de la région Asie-Pacifique avaient été divisés par 5 entre 1999 et 2014. Or, comme l’ont fait remarquer les représentants de l’Afghanistan et de la Gambie, cette aide publique au développement est cruciale pour que les PMA puissent réaliser leurs objectifs de développement, telle l’éradication de la pauvreté. Plus de 400 millions d’habitants des PMA vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté.
« Des mesures doivent être prises pour que les PMA ne soient pas profondément affectés par la réduction de l’APD », a estimé le délégué de Myanmar. Pour son homologue du Venezuela, il s’agit même d’une « dette historique » des pays développés. Ces derniers ont, quant à eux, insisté sur les montants déjà engagés au titre de l’APD en faveur des PMA, la représentante de la Finlande assurant que son pays avait maintenu sa contribution à 0,2% de son revenu national brut en faveur de ces pays. D’autres, comme l’Autriche, ont promis une augmentation graduelle de leur aide.
La France, qui a consacré 1,06 milliard d’euros de son aide totale aux PMA, « soit une hausse de 12% par rapport à 2014 », a promis d’accroître le financement de l’adaptation aux conséquences du dérèglement climatique avec l’objectif d’atteindre un milliard d’euros par an en 2020, a assuré son représentant. Mais certains de ces pays ont souhaité une redéfinition du rôle de l’APD. À l’instar du représentant de la Norvège, le représentant des États-Unis a en effet insisté sur la nécessité d’utiliser l’APD « non pas comme un moyen de gérer les effets de la pauvreté, mais au contraire comme un catalyseur ».
« Les efforts doivent porter sur un nouveau type de partenariat parmi les donateurs, la société civile, le secteur privé et les gouvernements afin de relever les défis auxquels sont confrontés les PMA », a-t-il estimé. C’est un point de vue qui a été partagé par le Ministre des affaires étrangères et de la promotion des investissements de la Somalie. « Nos partenaires, a rappelé le Ministre somalien, ne peuvent pas tout faire car c’est à nous qu’il incombe d’accomplir le gros de la tâche. »
Depuis la création de la catégorie des pays les moins avancés en 1971, seulement quatre pays n’en faisaient plus partie, a rappelé le représentant des États-Unis. Objectif du Programme d’action d’Istanbul, la sortie de cette catégorie a par ailleurs été évoquée par certains orateurs, qui ont plaidé pour un accompagnement des pays sortants.
« Il faudra continuer à les aider afin qu’ils franchissent une nouvelle étape sur la voie d’un développement à long terme », a affirmé le représentant de Cuba, se ralliant ainsi à la position exprimée par la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique, pour qui la « sortie de ces critères ne résout pas les difficultés structurelles ». Adopté en 2011, le Programme d’action d’Istanbul prévoit une sortie de la moitié des 48 PMA de cette catégorie d’ici à 2020.
De nombreuses délégations, telles que le Viet Nam ou encore la Malaisie, ont salué l’opérationnalisation de la banque technologique en faveur des PMA, dont le siège sera basé en Turquie dès 2017. Si le représentant de l’Égypte a estimé que les transferts de technologie étaient cruciaux pour assurer le développement durable des PMA, a estimé le représentant de l’Égypte, celui de la Malaisie a demandé que 0,1% de l’APD destinée aux PMA soit allouée à cette Banque.
Parallèlement à ce débat avaient lieu tout au long de la journée plusieurs événements parallèles sur des thèmes aussi variés que les opportunités et risques émergents découlant de la sortie de catégorie des PMA en Afrique dans le contexte des objectifs de développement durable; les perspectives des PMA africains et arabes; le financement du développement dans les PMA; ou bien encore la technologie et l’innovation pour le développement durable en Asie et Pacifique.
La plénière de la Conférence reprendra demain, dimanche 29 mai à 10 heures.
Déclarations
M. WENLIANG YAO (Chine) a insisté sur les nombreux efforts consentis par les PMA ces cinq dernières années. Ils ont encore néanmoins beaucoup à faire, a-t-il dit, avant d’appeler à la pleine mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020. La coopération Nord-Sud est le principal canal de la coopération internationale et les pays développés doivent honorer leurs engagements au titre de l’APD. Il a insisté sur la pertinence du Programme d'action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, avant d’insister sur la nécessité de promouvoir le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui permettra, a-t-il dit, de relever les défis mondiaux. Pays en développement, la Chine comprend les défis rencontrés par les autres pays en développement et appuie les PMA afin qu’ils arrivent à un développement autonome. Il a mentionné la coopération menée avec le Malawi, le Myanmar et Djibouti, avant de détailler les efforts de son pays pour renforcer le potentiel industriel des PMA. Depuis 2009, la Chine appuie cinq projets industriels à grande échelle dans plusieurs pays, a-t-il affirmé. La Chine est le plus grand marché à l’exportation pour les PMA. Nous voulons être un partenaire sincère et fiable pour les PMA, a-t-il assuré avant de conclure.
M. MOHAMMAD ISMAIL RAHIMI, Vice-Ministre technique de l’économie de l’Afghanistan, a salué le projet de déclaration politique qui est « complet » et « équilibré ». Les efforts de mon pays pour promouvoir la croissance économique et le développement durable, a-t-il regretté, sont entravés par le terrorisme international et l’extrémisme. Il a ainsi appelé la communauté internationale à appuyer les PMA en proie à un conflit ou émergeant d’un conflit afin d’œuvrer à l’instauration de sociétés pacifiques et inclusives. M. Rahimi a souhaité l’inclusion d’une référence à la « Nouvelle Donne du Groupe 7+ » dans la déclaration politique de cette Conférence. La concrétisation des engagements pris à Addis-Abeba est de la plus grande importance, a-t-il dit, en insistant sur l’importance de l’APD pour son pays. Il a également mis l’accent sur l’aspect crucial du renforcement des capacités nationales en vue d’établir des statistiques concernant les PMA pour élaborer des politiques publiques efficaces et assurer leur suivi. M. Rahimi a prévenu que le « fardeau de la pauvreté » continuera de se faire sentir en Afghanistan, à moins que des mesures concrètes ne soient prises pour promouvoir le développement à long terme. Enfin, il a souligné l’importance de la Conférence sur l’Afghanistan qui se tiendra à Bruxelles en octobre prochain en vue de réaffirmer les engagements mutuels de l’Afghanistan et de ses partenaires de développement.
Mme RIITTA RESCH (Finlande) a affirmé l’importance du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et du Programme d’action d’Addis-Abeba. Les pays les moins avancés, a-t-elle dit, représentent un immense potentiel pour la croissance économique et la prospérité mondiales.
Pour la représentante finlandaise, la radiation de la catégorie des pays les moins avancés est un objectif important qu’il convient d’appuyer. Elle a espéré que dans les 15 prochaines années, le principe de ne laisser personne de côté sera avéré pour tous.
Elle a en outre mis l’accent sur l’objectif important de l’égalité entre les hommes et les femmes qu’il est urgent de renforcer dans les PMA, en particulier dans leurs zones rurales. Elle a insisté sur la nécessité d’autonomiser les femmes et les jeunes femmes et d’assurer leur participation à tous les niveaux de prise de décisions. Enfin, la représentante a indiqué que la Finlande avait réussi à maintenir sa contribution de 0,2% de revenu national brut au titre de l’aide en faveur des PMA.
M. RAYMOND TSHIBANDA N'TUNGAMULONGO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République démocratique du Congo, a dit noter avec un relatif soulagement le fait qu’après une tendance à la baisse au cours des dernières années, le volume de l’aide publique au développement (APD) en faveur des PMA avait repris une courbe ascendante. La RDC encourage ainsi les pays partenaires à faire nettement mieux en affectant aux PMA 50% de leur APD.
Le représentant a assuré que son pays était bien engagé sur la trajectoire de sortie de la catégorie des PMA pour accéder au rang de pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2020, une étape dans la stratégie visant à faire accéder la RDC au rang de pays émergent d’ici à 2030 et de pays développé à l’horizon 2050.
Il a en outre jugé nécessaire de renforcer la synergie entre le Programme d’action d’Istanbul, l’Agenda 2063 de l’Union africaine, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur le climat, le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et le Programme d’action d’Addis-Abeba.
M. OLIVIER BROCHENIN (France) a affirmé que les pays les moins avancés, qui sont les plus touchés par les changements climatiques, seraient plus que jamais prioritaires dans les années à venir pour la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat.
Le représentant a souligné que la France avait consacré 1,06 milliard d’euros de son aide totale aux PMA, soit une hausse de 12% par rapport à 2014. La France, a-t-il dit, a identifié 16 pays pauvres prioritaires, dont 15 sont des PMA, envers qui elle alloue en priorité des subventions d’aide publique au développement. Il a déclaré que la France s’était engagée à accroître le financement de l’adaptation aux conséquences du dérèglement climatique avec l’objectif d’atteindre un milliard d’euros par an en 2020.
Il a rappelé, à cet égard, que la France avait lancé lors de la COP21, à Paris, en décembre dernier, l’initiative « risques climatiques et systèmes d’alerte précoce », son objectif étant de mobiliser 100 millions de dollars afin de combler les insuffisances de financement dans les programmes de coopération bilatérale et multilatérale existants.
M. ABDOULIE JOBE, Ministre du commerce, de l’industrie, de l’intégration régionale et de l’emploi du Gambie, a insisté sur les progrès accomplis par certains PMA lors des cinq dernières années, « ce qui montre bien ce que les PMA peuvent accomplir lorsqu’ils bénéficient de la solidarité internationale ». Il a insisté sur les avancées enregistrées dans son pays, avec notamment une réduction, en 2013, du taux de mortalité infantile à 34 pour1000. Les infrastructures routières ont été notablement renforcées, a-t-il assuré. Tout en signalant que le taux de croissance de l’économie gambienne avait atteint 5,5% en 2014, le Ministre a cependant a insisté sur le choc qu’a représenté l’épidémie à virus Ebola qui a frappé l’Afrique de l’Ouest, ainsi que sur les conséquences négatives des changements climatiques, notamment des pluies plus tardives. « Notre perspective de croissance est aujourd’hui de 2% », a-t-il assuré. Les coûts découlant de la concrétisation des objectifs de développement durable ne pourront être assumés que par une augmentation de l’APD et d’autres sources de financement. « J’appelle en conséquence nos partenaires de développement à honorer leurs engagements au titre de l’APD, à faciliter l’accès à leur marché et à faciliter les transferts de technologie en faveur des PMA », a dit M. Jobe en conclusion.
M. WILLIAMS NKURUNZIZA (Rwanda) a souligné la contradiction entre le potentiel considérable des pays les moins avancés qui disposent d’immenses ressources naturelles et la pauvreté terrible qu’ils subissent. Le représentant du Rwanda a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les partenariats mondiaux pour aider les PMA à réaliser des progrès dans tous les domaines prioritaires du Programme d’action d’Istanbul.
Le représentant a également indiqué que son pays était sur la bonne voie pour sortir de la catégorie des PMA et accéder à partir de 2020 au rang de pays à revenu intermédiaire. Il a mis l’accent sur l’importance de l’appropriation nationale, la coopération Sud-Sud et le soutien des partenaires en développement.
M. ASHRAF IBRAHIM (Égypte) a rappelé que les pays les moins avancés, où vivent 12% de la population mondiale, ne représentent qu’1% des échanges mondiaux et 3% des investissements directs étrangers. Il a critiqué l’absence d’une aide publique au développement qui soit adéquate et souligné les faiblesses structurelles des économies des PMA, dont une faible compétitivité et un développement technologique insuffisant. L’Égypte a renforcé son appui à la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, a-t-il dit, en citant la création d’une agence égyptienne pour le partenariat et le développement. Le représentant a demandé que les pays développés s’acquittent de leur engagement de consacrer 0,2% de leur revenu national brut à l’APD en faveur des PMA. Il a ensuite souligné l’importance de transferts de technologies, lesquels doivent être intensifiés, notamment dans le domaine du « développement vert ». La mise en œuvre des objectifs de développement durable doit aller de pair avec l’application du Programme d’action d’Istanbul et ne pas se faire à son détriment, a-t-il prévenu. « Toutes les parties doivent honorer leurs engagements et renforcer leur coopération afin que personne ne soit laissé de côté», a-t-il tenu à rappeler.
M. STEPHEN O’DOWD (États-Unis) a affirmé que son pays prenait toute sa part dans l’appui aux pays les moins avancés. Entre 2011 et 2014, a-t-il précisé, les États-Unis ont fourni plus d’un tiers des décaissements bilatéraux de l’ensemble de l’aide publique au développement à cette catégorie de pays. De même, en 2015, les États-Unis ont contribué à hauteur de plus de 9,3 milliards de dollars dans l’aide bilatérale au développement aux PMA, soit une augmentation de 8% par rapport à l’année précédente et le montant le plus important de toute aide bilatérale.
Le représentant américain a mis l’accent sur la nécessité d’utiliser l’APD non comme un moyen de gérer les effets de la pauvreté, mais comme un catalyseur, les efforts devant porter sur un nouveau type de partenariat parmi les donateurs, la société civile, le secteur privé et les gouvernements afin de relever les défis auxquels sont confrontés les PMA. Depuis la création de la catégorie des pays les moins avancés en 1971, a rappelé le représentant, seulement quatre pays n’en font plus partie. Il a salué les efforts de ceux qui ont déjà pris des mesures pour créer des feuilles de route de sortie et exprimé l’appui des États-Unis à d’autres initiatives des PMA visant à remplir les critères de radiation.
M. MOHAMED ABBOU (Maroc) a souhaité que cette Conférence donne un nouvel élan aux efforts de développement durable dans les pays les moins avancés. La communauté internationale doit accroître son appui à ces pays, en renforçant notamment leurs capacités productives, a-t-il dit. Il a souhaité que les pays développés honorent leurs engagements au titre de l’aide publique au développement (APD). Il a ensuite détaillé la coopération Sud-Sud menée par le Maroc et les PMA. Le représentant a indiqué qu’à ce jour, 500 accords à dimension économique avaient été conclus avec les pays africains, la dette des pays africains avait été effacée et le marché marocain avait été ouvert à leurs produits. Les échanges commerciaux entre le Maroc et les pays de l’Afrique subsaharienne ont été multipliés par 3 au cours de cette dernière décennie, s’est-il félicité. Le Maroc apporte également un appui technique aux PMA pour la gestion de l’eau et des forêts. Enfin, le représentant a assuré que son pays veillera à défendre les intérêts des PMA lors de la vingt-deuxième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques que le Maroc accueillera prochainement.
Mme AUXILIA PONGA (Zambie) a affirmé que la Conférence d’examen à mi-parcours du Plan d’action d’Istanbul intervenait au moment où le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur le climat, le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et le Programme d’action d’Addis-Abeba viennent d’être adoptés. En vertu de ces textes, a-t-elle précisé, les États se sont engagés à ne laisser personne de côté. La représentante a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’intégrer ces différentes initiatives de développement dans les programmes nationaux de développement.
L’avenir de la planète dépendra de la manière dont seront gérées les ressources de l’Afrique, a souligné Mme Ponga. Des progrès importants ont été réalisés par la Zambie sur la voie de sortie de la catégorie des PMA, mais il reste beaucoup à faire. Les effets des changements climatiques, notamment, aggravent leur situation, a-t-elle par ailleurs fait observer. De même, la Zambie accuse un retard sur le plan technologique et doit s’adapter de façon constante à l’évolution des technologies de l’information et des communications. Un accès renforcé à la technologie jouerait un grand rôle pour accélérer le processus de développement, a-t-elle considéré.
M. KLAUS WOLFER (Autriche) a indiqué que la coopération internationale avait atteint des niveaux sans précédent et que les nouvelles technologies avaient permis aux PMA de profiter de nouveaux débouchés économiques, avec des frais de transaction réduits. Soulignant l’acuité de la crise actuelle des réfugiés, il a insisté sur les efforts considérables que la Turquie et les pays de l’Union européenne, dont l’Autriche, ont consentis pour l’accueil des réfugiés. L’Autriche a d’ores et déjà commencé à mettre en œuvre les accords fondamentaux conclus l’année dernière, a-t-il dit, en ajoutant que la stratégie de développement national de 2016 à 2018 intégrait les objectifs du Programme de développement à l’horizon 2030. Le représentant a indiqué que les efforts de coopération de l’Autriche en appui des PMA veilleront à remédier aux besoins des plus pauvres, au développement de leurs capacités et à la promotion de stratégies de développement respectueuses de l’environnement. L’Autriche continuera d’apporter son aide aux PMA à travers l’Union européenne, première contributrice mondiale au titre de l’aide publique au développement. Réaffirmant l’engagement de son pays de consacrer 0,7% de son revenu national brut à la coopération pour le développement, il a annoncé que l’aide bilatérale au développement doublera de manière progressive d’ici à 2021.
M. MODIBO TRAORÉ (Mali) a rappelé que la crise politico-sécuritaire que son pays avait connue en 2012 avait été sans nul doute la plus grave de son histoire récente. Si l’on y ajoute l’impact des effets des changements climatiques sur les activités agropastorales, l’on comprend aisément les faibles performances enregistrées dans nombre de secteurs sensibles, a-t-il dit.
Le représentant a ensuite fait part des efforts entrepris par son pays dans les domaines agricole et des produits de base, du commerce, de l’éducation, de la santé, de l’eau et de l’assainissement, de l’emploi et de la promotion de la jeunesse, de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes, de la protection sociale.
Par ailleurs, M. Traoré a souligné qu’après une chute drastique en 2012, l’aide publique au développement (APD) reçue par le Mali avait bénéficié d’un rebond en 2013 et 2015 à la faveur des engagements de la communauté internationale, représentant en moyenne 12% du PIB. Enfin, tirant les leçons de cette crise sans précédent, le Gouvernement du Mali a pris plusieurs mesures, au nombre desquelles la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation qui jette les bases d’une meilleure gouvernance et d’une refondation de l’État malien, a-t-il conclu.
M. U TUN TUN NAING, Secrétaire permanent au sein du Ministère de la planification et des finances du Myanmar, a insisté sur les progrès récemment accomplis par son pays, avec l’instauration d’une meilleure entente entre les communautés ethniques du pays et une croissance plus équilibrée. Le Myanmar, a-t-il assuré, accorde une attention particulière à la promotion de l’état de droit et à la lutte contre la corruption. Soulignant les vulnérabilités des pays les moins avancés aux changements climatiques, il a indiqué que son pays avait souffert de graves inondations en 2015, avec des conséquences négatives pour l’économie. Le représentant a plaidé pour une approche visant à renforcer la résilience des économies des PMA en promouvant la bonne gouvernance et en développant les ressources humaines. Des partenariats globaux efficaces et soutenus et des efforts nationaux robustes sont essentiels pour aider les PMA à surmonter leurs défis, a-t-il souligné. Il est nécessaire que des mesures soient prises pour que les PMA ne soient pas profondément affectés par la réduction de l’aide au développement.
M. GIRMA ASMEROM TESFAY (Érythrée) a rappelé qu’il y a quatre jours, le 24 mai, son pays avait célébré le vingt-cinquième anniversaire de son indépendance. Le représentant a affirmé que l’Érythrée œuvrait avec diligence à sortir de la catégorie des PMA, grâce à la mise en œuvre d’une stratégie de développement inclusive et durable. Le Gouvernement éthiopien, a-t-il ajouté, reste engagé à assurer le développement politique, social, économique et culturel de sa population.
Le premier principe de la politique de développement de l’Érythrée, a déclaré le représentant, est de garantir un accès équitable aux services économiques et sociaux de base et des occasions pour tous, afin qu’aucun Érythréen ne soit laissé de côté. M. Tesfay a mis l’accent sur la paix et la sécurité, un important pilier de la réalisation du développement durable de tous les pays, en particulier les moins avancés. Il faut, a-t-il estimé, reconnaître les défis particuliers qu’affrontent certains PMA, comme le sien, dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul. Avant de conclure, il a dénoncé l’occupation éthiopienne d’une partie du territoire de l’Érythrée.
M. ALBERTO GONZALEZ (Cuba) a souligné l’insuffisance de l’appui international aux PMA. En 2013, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans était encore bien au-dessus du taux dans les pays développés. Alors que la population des PMA représente 12% de la population mondiale, 30% des personnes souffrant de la faim vivent dans des PMA. II a aussi rappelé que la part des PMA dans les échanges commerciaux internationaux n’était que d’un pour cent. Plaidant pour un traitement différencié des PMA, il a appelé les pays développés à tenir leurs engagements en matière d’aide publique au développement. « La spirale négative de la baisse de l’APD doit être enrayée. » La radiation de pays de la liste des PMA ne veut pas dire qu’il faudrait cesser de les aider, a-t-il tenu à faire remarquer. Au contraire, il faudrait continuer à les aider afin qu’ils franchissent une nouvelle étape sur la voie d’un développement à long terme. En conclusion, il a appelé à mettre fin aux dépenses militaires, dont les montants sont gigantesques, et à donner la priorité à une aide au développement plus accrue.
M. IBRAGIM JUNUSOV (Kirghizistan) a souligné l’importance du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, du Programme d’action d’Addis-Abeba, ainsi que du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral.
Le représentant a appelé les pays bailleurs de fonds à rester impliqués autant que possible et à respecter leurs promesses. Cette réunion, a-t-il dit, est une étape importante dans la réalisation des efforts entrepris par la communauté internationale pour appuyer les PMA dans la voie du développement.
M. SOHAIL MAHMOOD (Pakistan) a souligné les progrès inégaux accomplis par les PMA. Plus de la moitié de la population des PMA vit en dessous du seuil de pauvreté, a-t-il dit. Quatre pays seulement ont pu être radiés de la catégorie des PMA depuis la création de cette dernière en 1971. Il a souligné qu’il était essentiel de renforcer les capacités productives des PMA et d’accroître la résilience de la situation économique nationale. Les engagements pris en faveur de l’APD doivent être honorés, a-t-il rappelé. Le représentant a détaillé le soutien apporté par son pays aux PMA, en particulier l’appui technique et l’accès préférentiel de leurs produits au marché pakistanais. Avant de conclure, il a insisté sur les efforts de reconstruction entrepris par son pays en Afghanistan, notamment dans le domaine de la santé.
M. AHMED TIDIANE SAKHO (Guinée) a souligné que le taux de croissance des pays les moins avancés avait été largement en deçà de la cible du développement durable qui est d’au moins 7%. Pour sa délégation, l’aide publique au développement (APD) doit être prévisible, stable et substantielle afin qu’elle soit efficace et qu’elle ait un effet catalyseur sur la mobilisation des ressources domestiques, véritable source du financement durable des PMA.
Le représentant a affirmé que la dynamique des résultats économiques encourageants enregistrés par son pays depuis le début de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul avait été fortement remise en cause par l’irruption en 2014 de l’épidémie à virus Ebola qui, au-delà de ses conséquences humanitaires, a ébranlé tous les secteurs socioéconomiques du pays. Il a indiqué que son gouvernement s’était engagé à promouvoir le développement des infrastructures, la production énergétique, les énergies renouvelables notamment, l’agriculture et l’agro-industrie, et le développement du secteur minier dans le cadre du processus de relèvement post-Ebola.
Pour réaliser ses objectifs de développement durable, le Gouvernement de la Guinée entend nouer des partenariats innovants, intégrant parfaitement le secteur privé national et international, ainsi que toutes les composantes de la société, les femmes et les jeunes notamment, a indiqué M. Sakho en conclusion.
Mme AMIRA ORON (Israël) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur des PMA. L’Agence israélienne pour la coopération s’est fixé comme priorités d’éliminer la pauvreté, d’assurer l’autonomisation des femmes et des filles et de développer le secteur de l’agriculture, a-t-elle indiqué. Cette agence se joindra au projet germano-burundais au Burundi visant à atténuer les conséquences des changements climatiques dans ce pays. Mme Oron a également plaidé pour un échange robuste de bonnes pratiques visant à renforcer les capacités technologiques des PMA. En conclusion, la représentante d’Israël a souligné la détermination de son pays à mettre en place le Programme de développement à horizon 2030 et le Programme d’action d’Istanbul.
Mme BHAGAT (Inde) a exprimé l’attachement de l’Inde au renforcement de ses liens avec les pays les moins avancés. Pour que les objectifs de développement durable soient atteints au niveau mondial, ils doivent, au préalable, être réalisés dans les PMA, a-t-elle expliqué.
La représentante de l’Inde a mis l’accent sur la nécessité de placer les priorités des PMA au cœur des travaux de la communauté internationale. Le partenariat de l’Inde avec ces pays, a-t-elle rappelé, est alimenté par une histoire commune et des besoins communs de développement. L’Inde, a précisé sa représentante, offre des bourses et des formations dans nombre de domaines. Elle est ainsi devenue, en 2008, le premier pays à annoncer un système préférentiel sans droits de douane en faveur des PMA.
La représentante a précisé que les trois sommets Inde-Afrique organisés jusqu’à présent avaient démontré ces liens. L’Inde, a-t-elle assuré, est particulièrement sensible au renforcement des capacités des pays africains et s’efforce de répondre à leurs besoins dans ce domaine.
M. CARLOS DUARTE (Brésil) a estimé que la déclaration politique devant être adoptée à l’issue de cette Conférence jetterait les bases d’un nouvel élan en faveur des pays les moins avancés (PMA). Il s’est félicité des mesures prises en vue d’assurer le fonctionnement de la banque technologique des PMA, qui sera basée en Turquie. Il a également salué l’accent qui est mis dans ce document sur l’égalité entre les sexes. Les pays développés doivent s’acquitter de leurs engagements en matière d’APD, a-t-il déclaré. M. Duarte a plaidé pour une lutte vigoureuse contre la fraude fiscale et les flux financiers illicites qui privent les PMA de ressources précieuses. Il s’est, en revanche, dit déçu par l’absence dans le document final de la Conférence de toute mention d’une réforme des échanges agricoles, lesquels sont actuellement faussés par les subventions agricoles. Avant de conclure, le représentant a détaillé les axes de l’appui fourni par son pays aux PMA, en expliquant notamment que 70% des exportations de ces pays vers le Brésil se faisaient en franchise de droits et sans quotas.
Mme DEIRDRE KENT (Canada) a affirmé que la portée ambitieuse du Programme de développement à l’horizon 2030 nécessitait de penser autrement dans la façon d’aider à réaliser les objectifs de développement partagés. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Canada a lancé un examen de son assistance internationale. La priorité du Canada, a-t-elle dit, est d’axer davantage les efforts sur les pays les plus pauvres, les plus vulnérables et les plus fragiles.
L’égalité entre les sexes, la promotion de l’autonomisation des femmes et des filles et la promotion et la protection des droits de l’homme sont hautement prioritaires dans le cadre de l’examen de l’assistance internationale du Canada, a-t-elle précisé à cet égard.
Le Canada fait appel à toutes les parties prenantes pour que l’assistance aide bien ceux qui en ont le plus besoin, a ajouté la représentante.
Mme SHAMSHAD AKHTAR, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a assuré que des progrès sensibles avaient été accomplis par les 12 pays les moins avancés de la région d’Asie et du Pacifique. Sept d’entre eux ont ou sont sur le point de remplir les critères de sortie de la catégorie de PMA, tandis que le Bangladesh, la République démocratique populaire lao et le Myanmar devraient, selon toute probabilité, remplir les critères de sortie pour la première fois lors de l’examen triennal de 2018. Remplir ces critères ne résout pas les difficultés structurelles, a-t-elle prévenu. Insistant sur leur vulnérabilité aux changements climatiques, elle a rappelé que le tremblement de terre intervenu au Népal en avril 2015 avait occasionné des coûts de reconstruction estimés à 7,86 milliards de dollars, soit 45% de son PIB.
La communauté internationale ne doit pas abandonner les pays qui ont quitté la catégorie des PMA et doit être prête à appuyer leur transition vers un développement durable, a souligné la Secrétaire exécutive de la CESAP. Elle a expliqué que la Commission allait intensifier sa coopération technique en faveur des PMA afin de remédier aux lacunes en matière d’infrastructures, encourager la mobilisation des ressources intérieures par le renforcement du cadre fiscal et assurer une meilleure résilience face aux catastrophes naturelles. En conclusion, Mme Akhtar a souligné la nécessité d’enrayer la baisse des flux de l’APD en faveur des pays les moins avancés d’Asie et du Pacifique.
M. ABDUSALAM HADLIYEH OMER, Ministre des affaires étrangères et de la promotion des investissements de la Somalie, a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux inégalités si l’on veut accéder au développement durable. La Somalie progresse grâce au soutien de tout son peuple et de ses partenaires et connait une transition vers la démocratie et son développement.
Le Gouvernement somalien achève son plan de développement national, lequel est très participatif et contient plusieurs points importants figurant dans le Programme d’action d’Istanbul. Les PMA doivent s’approprier leur propre développement et définir leurs propres priorités, comme l’a fait la Somalie, a-t-il déclaré. « Nos partenaires ne peuvent pas tout faire, c’est à nous d’accomplir le gros de la tâche. »
Le Ministre a précisé que son pays avait la plus longue côte d’Afrique, une force de travail jeune et de plus en plus éduquée. La Somalie obtient, aujourd’hui, de meilleurs résultats dans le domaine de l’élevage, a-t-il assuré. Le Ministre s’est dit convaincu que la Somalie pourrait reprendre le rôle qu’elle avait dans le passé en servant de point de passage dans le commerce et la logistique avec l’Orient et l’Extrême-Orient.
M. THAVRAK TOUN (Cambodge) a insisté sur les progrès remarquables accomplis par son pays dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, le taux de croissance économique ayant été en moyenne de 7% par an depuis cinq ans. Le taux de pauvreté a été de réduit de 53% en 2004 à 16% en 2013, tandis que les exportations ont représenté en 2014 jusqu’à 62,3% du PIB. Il a également indiqué que 98% des enfants au Cambodge étaient scolarisés. Il a cependant affirmé que la mise en œuvre du Programme d’action pâtissait de ressources humaines et financières inadéquates. De plus, le Cambodge est vulnérable aux chocs extérieurs et aux conséquences des changements climatiques. En conclusion, il a assuré que la diversification de l’économie, les investissements dans les secteurs de l’éducation et de la santé, l’autonomisation des femmes et des filles et la garantie de leurs droits à la santé reproductive demeuraient les priorités de son gouvernement.
M. JÉRÔME LUDVANE (Vanuatu) a affirmé que son pays, petit État insulaire en développement du Pacifique, l’un des pays les plus vulnérables au monde, était confronté à bien des enjeux, malgré son économie modeste. Le représentant a appelé le système des Nations Unies à envisager un appui particulier aux petits États insulaires en développement.
L’ONU doit reconnaître leur statut et ouvrir la voie à des mesures de soutien international de façon à ce que lorsque ces pays, une fois sortis de la catégorie des PMA, pourront bénéficier d’un traitement spécifique, a-t-il estimé. Il a également plaidé pour la création d’un mécanisme financier en vue d’aider les PMA, en particulier les petits États insulaires en développement pendant leur phase de relèvement d’une catastrophe naturelle. Le Vanuatu, a-t-il ajouté, exhorte les partenaires bilatéraux et multilatéraux à envisager des mesures d’allègement de la dette pour les PMA, lesquels ont été sévèrement affectés par la crise économique mondiale, les catastrophes naturelles et les prêts conditionnels.
Mme NGUYEN PHUONG NGA, Ministre adjointe des affaires étrangères du Viet Nam, a souligné la nécessité pour les pays les moins avancés de prendre en main les efforts nationaux de développement. « Nous devons identifier nos priorités en fonction de la situation particulière de nos pays », a-t-elle dit. Avec la mobilisation des ressources intérieures, une intégration internationale active est cruciale, a-t-elle souligné, avant d’appeler les partenaires de développement des PMA à faciliter l’accès des produits de ces derniers à leur marché. La Ministre adjointe des affaires étrangères a également demandé une augmentation de l’aide publique au développement et de l’assistance technique afin d’appuyer les stratégies de développement des PMA. Elle a salué l’offre de la Turquie d’accueillir la banque technologique pour les PMA sur son territoire. Tout en soulignant la vulnérabilité des PMA aux conséquences des changements climatiques, la Ministre adjointe des affaires étrangères a indiqué que le delta du Mékong était frappé par une sécheresse très sévère, menaçant ainsi la sécurité alimentaire de millions d’habitants. Le Viet Nam attache une grande importance, a-t-elle assuré, à la coopération Sud-Sud, en particulier avec le Mozambique et Haïti.
M. NOBORU SEKIGUCHI (Japon) a souligné qu’un certain nombre de PMA avaient réalisé des progrès considérables au cours de ces cinq dernières années grâce à une appropriation nationale forte, appuyée par un partenariat mondial. Ces progrès, a-t-il estimé, devraient être accélérés pour que les PMA puissent réaliser les objectifs du Programme d’action d’Istanbul d’ici à 2020 dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030. À cet égard, a-t-il précisé, la pleine application du Programme d’action d’Addis-Abeba est nécessaire, que ce soit pour les PMA eux-mêmes ou leurs partenaires.
Le représentant japonais a ensuite énuméré certaines mesures concrètes prises par son pays à cet égard, comme l’adoption, l’an dernier, de la Charte de coopération au développement « en faveur de la paix, de la prospérité et d’un avenir meilleur pour tous », laquelle permet une approche plus intégrée et cohérente de sa politique en matière de développement durable.
De même, l’an dernier, le Japon avait annoncé le déblocage de 110 milliards de dollars pour des investissements dans des infrastructures de qualité en Asie au cours des cinq prochaines années. Le représentant, qui a rappelé les mesures annoncées par son pays lors de la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe, en 2015 à Sendai, a indiqué que les dirigeants du G-7, dont le sommet vient de s’achever à Ise-Shima, avaient réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. RAJA REZA RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) a indiqué que le taux de croissance économique des PMA était passé de 5,1% en 2014 à 4,5% en 2015. Rappelant que plus de 400 millions d’habitants des PMA vivaient en dessous du seuil de pauvreté, il a demandé aux pays développés d’atteindre l’objectif de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement dont 0,15% à 0,2% en faveur des PMA. Saluant l’opérationnalisation de la banque technologique qui sera basée en Turquie, le délégué de la Malaisie a demandé que 0,1% de l’APD destinée aux PMA soit versée pour le fonctionnement de cette banque. Il a ensuite insisté sur l’importance de la coopération Sud-Sud et indiqué que 45 des 48 PMA étaient récipiendaires de l’aide technique apportée par la Malaisie. « L’objectif d’une sortie de la moitié des PMA de cette catégorie d’ici à 2020 pourra être atteint grâce à des efforts concertés », a-t-il conclu.
M. RADY ONOFREI (Roumanie) a estimé que la paix et la sécurité ne pourraient être pleinement promues en l’absence d’une attention particulière dans le domaine du développement. Il a affirmé que les gouvernements des PMA devraient créer un cadre stimulant pour les investissements, y compris les investissements directs étrangers, et mobiliser toutes les parties prenantes nationales pour la promotion du développement à travers la croissance économique, une croissance verte par des mesures d’atténuation et d’adaptation aux effets des changements climatiques.
Pour éliminer la pauvreté, il faudrait axer les efforts sur l’éducation, la santé et l’autonomisation des femmes et des jeunes filles, a estimé le représentant. Il a par ailleurs exprimé l’attachement de son pays à la coopération régionale, laquelle représente, a-t-il dit, un instrument de préparation de l’intégration des pays dans des cadres de coopération sur la base de la valeur ajoutée.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a insisté sur les progrès « impressionnants » accomplis par son pays dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul. Le pays a progressé selon l’indice de vulnérabilité économique, a-t-il fait remarquer, en précisant que l’inflation avait par exemple été jugulée pour atteindre l’année dernier le chiffre de 6,5%. Il a détaillé le plan d’action national pour faire du Bangladesh un pays avancé en matière numérique, avec 5 000 centres devant être construits dans le pays pour offrir un accès gratuit à Internet. Le Bangladesh se heurte à des difficultés dans la réalisation de son objectif d’un taux de croissance de 8% par an, a expliqué le représentant, qui a mis l’accent sur la nécessité pour son pays d’attirer davantage d’investissements directs étrangers. Avant de conclure, il a souligné l’importance de mettre en œuvre le Programme de développement à horizon 2030 afin de parvenir à créer un monde de paix et de prospérité.
M. ZVONKO MUCUNSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) a appelé à modifier les mentalités et à créer des politiques en vue de procéder à changement dans les relations mondiales. Tous les pays doivent s’unir pour partager leurs responsabilités avec tous ces pays confrontés aux conflits, aux crises économiques et financières, aux catastrophes naturelles, aux effets des changements climatiques, à la pauvreté extrême, à une éducation inadaptée, à des systèmes de santé faibles.
Le représentant a exprimé l’engagement de l’ex-République yougoslave de Macédoine à renforcer ses partenariats en vue d’aider les pays les moins avancés (PMA) à faire en sorte que personne ne soit laissé sur le bord de la route.
M. MATEO ESTREME (Argentine) a demandé à tous les acteurs du développement d’unir leurs efforts afin que les PMA puissent atteindre leurs objectifs de développement. Les pays les moins avancés doivent être assistés à renforcer leur secteur productif, a-t-il recommandé, avant de plaider pour un système commercial multilatéral plus favorable à ces pays. Le délégué de l’Argentine a également souhaité qu’un appui soit apporté aux PMA en vue de régler leur crise d’endettement et appelé les pays développés à s’acquitter de leur engagement en matière d’aide publique au développement (APD). La coopération Sud-Sud a également un rôle important à jouer, a-t-il estimé. En conclusion, il a insisté sur la nécessité de mettre pleinement en œuvre les instruments internationaux adoptés l’année dernière tels que le Programme d’action d’Addis-Abeba ou bien encore l’Accord de Paris sur le climat.
M. DANILO VUČETİĆ (Serbie) a appelé à un effort concerté pour aider les PMA à réaliser leurs objectifs relevant du Programme d’action d’Istanbul. Le délégué serbe a regretté l’échec persistant de la communauté internationale dans le domaine de l’aide publique au développement (APD) en faveur des pays les moins avancés (PMA). La pauvreté continue dans nombre de pays les moins avancés doit être combattue, a-t-il estimé, convaincu qu’elle conduit souvent à l’instabilité et au conflit, à la prolifération des réfugiés et des migrants et à l’augmentation d’autres problèmes humanitaires.
Le représentant a expliqué qu’un partenariat mondial revitalisé était nécessaire pour promouvoir une augmentation de la capacité productive des PMA et le développement des infrastructures et de l’énergie, y compris par le biais de partenariats entre les secteurs public et privé, le financement innovant et l’intégration régionale.
M. KARE STORMARK (Norvège) a indiqué que son pays avait consacré 1% de son revenu national brut à l’aide publique au développement. Nous ciblons le secteur de l’éducation, parce qu’il s’agit d’un domaine clef du développement économique et social d’un pays, a-t-il estimé. Dans le cadre de la coopération bilatérale, la Norvège est engagée dans des programmes avec l’Éthiopie, le Malawi, le Népal ou bien encore avec le Soudan du Sud, a indiqué son représentant. L’aide publique au développement est limitée, certains donateurs se montrent généreux, a-t-il poursuivi, en insistant sur le rôle catalyseur que devait jouer l’APD. Cette aide doit permettre de libérer des ressources internes, a-t-il estimé. Avant de conclure, il a souligné le rôle crucial que joue pour la mobilisation des ressources internes un système de collecte fiscale efficace. « En Norvège, nous payons des impôts élevés, tout le monde n’en est pas heureux mais tout le monde est content de bénéficier de la gratuité des soins de santé et de l’éducation. »
M. WARDANA (Indonésie) a plaidé en faveur d’efforts concertés tant à l’échelon national qu’à l’échelon international en vue d’aider les pays les moins avancés (PMA) à réaliser leurs objectifs relevant du Programme d’action d’Istanbul. L’appropriation par les PMA de leur propre développement doit être renforcée, a-t-il estimé, avant d’ajouter que ces pays devraient être à la tête du partenariat mondial. De même, a-t-il estimé, l’accès aux marchés des PMA doit être garanti.
Le représentant a ajouté que la coopération et le commerce Sud-Sud devraient aussi être améliorés. Il a souligné que son pays avait participé à plusieurs programmes de coopération Sud-Sud.
M. JOSE GREGORIO BRACHO REYES (Venezuela) s’est dit préoccupé par le manque de volonté politique des pays donateurs de l’APD. Les pays développés ont le devoir de s’acquitter de leur dette historique, a-t-il dit. Soulignant l’importance de la coopération Sud-Sud, il a expliqué que le programme de coopération de son pays avait permis de couvrir 43% des besoins énergétiques de certains pays, tels qu’Haïti, dernier PMA de la région d’Amérique et des Caraïbes. Il a ensuite dénoncé la guerre économique livrée contre son pays depuis les grands centres capitalistes mondiaux, avec le concours d’une opposition vénézuélienne corrompue. Malgré la baisse des revenus de son pays, il a assuré que le Venezuela était déterminé à continuer d’appuyer les PMA. Il est crucial de renforcer la coopération internationale pour assurer le bonheur des peuples, a-t-il souligné avant de conclure son intervention.
M. SONGELAEL W. SHILLA (République-Unie de Tanzanie) a affirmé que la Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul venait à point nommé après l’adoption, l’an dernier, du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et du Programme d’action d’Addis-Abeba. Le représentant a mis l’accent sur la coopération internationale en vue de garantir un développement efficace et le reclassement des pays les moins avancés. Le représentant tanzanien a appelé les partenaires de développement à honorer leurs promesses. Il a ainsi exhorté les pays développés à respecter leurs engagements visant à accorder 0,20% de leur PIB à l’aide publique au développement aux PMA.
Les pays les moins avancés ne sont pas les grands responsables des changements climatiques, mais en sont les premières victimes et sont également touchés par des crises majeures, a-t-il poursuivi. L’heure est venue pour la communauté internationale, y compris les partenaires de développement et les pays les moins avancés, de travailler à la création d’un mécanisme de renforcement de la résilience des PMA afin de les aider à surmonter les crises auxquelles ils sont confrontés.
La représentante de l’Irlande a indiqué que l’Irlande avait acquis une expérience précieuse en matière de développement grâce à ses partenariats avec des pays ayant émergé d’un conflit, tels que le Timor-Leste. Elle a indiqué que l’Irlande assurait son aide dans les pays où les besoins sont les plus importants et les droits de l’homme les plus menacés. Sachant que la réalisation des objectifs de développement durable exige des milliards de dollars, l’APD telle qu’elle est actuellement conçue ne suffira pas même si elle reste essentielle, a-t-elle fait remarquer. L’Irlande, a-t-elle assuré, continuera de dépenser la moitié de son aide en faveur des PMA. La représentante s’est dite convaincue que la déclaration politique devant être adoptée demain à l’issue de cette Conférence donnera un nouvel élan aux efforts en faveur du développement durable des PMA.
M. DOEYI ABBEKOE DODZI EDGARD (Togo) a indiqué que son pays avait fait des efforts remarquables, notamment en matière d’agriculture et de santé alimentaire, d’éducation pour tous, d’autonomisation des femmes et de leur participation effective au développement, d’emploi des jeunes, de renforcement des capacités des infrastructures productives avec la mise en œuvre de la politique des grands travaux.
Le Togo, a-t-il dit, a entrepris des réformes majeures des finances publiques, avec la création de l’Office togolais des recettes, un instrument qui contribue à une meilleure mobilisation des ressources internes, à la lutte contre la corruption et à l’assainissement des finances publiques. Pour le Togo, sortir de la catégorie des PMA requiert la poursuite d’efforts soutenus dans des domaines spécifiques de développement du capital humain, de renforcement des capacités de production créatrice d’emplois décents pour tous et, surtout pour les jeunes, de modes de vie durables et l’amélioration de la gouvernance économique, politique et administrative, ainsi que celle de la culture de redevabilité à tous les niveaux.
Mme LYNE CALDER (Suisse) a souhaité que l’égalité des sexes serve de principe directeur pour tous les efforts de développement, l’autonomisation des femmes et des filles profitant à toute la société. Elle a ensuite indiqué que l’aide publique au développement permettait, mieux que d’autres sources de financement externe, de cibler les populations les plus pauvres. La Suisse soutient des mesures visant à mieux cibler l’APD là où les besoins sont les plus grands, notamment pour les pays les moins avancés, a-t-elle assuré, avant d’ajouter que son pays s’efforçait d’accroître progressivement la part de l’APD suisse aux PMA. Elle a indiqué que la prochaine stratégie pour la coopération internationale de la Suisse viserait à un engagement renforcé en Afrique subsaharienne. Enfin, la déléguée de la Suisse a appelé de ses vœux à des synergies fortes entre les rapports sur le Programme d’action d’Istanbul et les rapports sur la mise en œuvre du Programme de développement à horizon 2030 afin de réduire la charge de travail pour les PMA.
M. FAIG BAGHIROV (Azerbaïdjan) a affirmé que l’Azerbaïdjan était un pays bailleur de fonds émergent qui a plaidé pour des projets de développement humanitaire à la fois dans les pays les moins avancés et les pays en développement. Le représentant a souligné que son pays, depuis le tout début de son indépendance, avait été l’objet d’une agression de la part de l’Arménie, dont l’occupation d’une partie de son territoire, a-t-il dit, a engendré une politique de purification ethnique.
En dépit de cette situation qui a sapé le développement du pays, l’Azerbaïdjan a réalisé des progrès importants en matière de réduction de la pauvreté et d’amélioration des indicateurs économiques. Il a indiqué que son pays avait lancé son « Concept de développement » intitulé « Azerbaïdjan: Vision 2020 », qui vise à assurer au pays une transition d’une économie traditionnelle vers une économie basée sur la connaissance.
Mme KHAN, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a insisté sur les atouts qu’offrent les pays les moins avancés tels que les ressources naturelles ou une population jeune. Elle a rappelé que les taux de croissance de ces pays avaient augmenté au cours des dernières années, même si la persistance de la pauvreté entrave toujours leurs efforts de développement. Les PMA doivent se concentrer sur la promotion d’une croissance productive, qui est essentielle pour éradiquer la pauvreté, a-t-elle souligné, en précisant que l’industrialisation était un élément clef pour une telle croissance. Elle a détaillé la contribution de l’ONUDI pour renforcer le potentiel industriel des PMA et développer des chaînes de valeur dans le monde entier. L’ONUDI a veillé à diversifier ses services techniques aux PMA, en proposant notamment des modes de production plus propres, a assuré sa représentante.
M. SEAN NOLAN, du Fonds monétaire international (FMI), a affirmé que les conflits nationaux expliquaient certaines mauvaises performances économiques et constituaient des obstacles au développement. La fragilité et l’absence de développement sont des éléments étroitement liés et forment un cercle vicieux. Le FMI, a-t-il dit, souligne que des gouvernements qui mettent l’accent sur la croissance économique, tels que ceux du Rwanda ou de l’Éthiopie, peuvent obtenir des résultats durables.
Le représentant du FMI a fait observer que l’environnement économique à venir n’était guère encourageant, la croissance mondiale était décevante et le relèvement de la crise devait prendre plusieurs années. Les pressions dans les pays riches sont telles qu’une augmentation de l’aide publique au développement (APD) n’est pas envisageable, a-t-il expliqué.
Dans ce contexte, il faut réduire la pauvreté, a soutenu le représentant du FMI. Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de maintenir la stabilité macroéconomique, notamment le taux de la dette, et de procéder à un renforcement des capacités des autorités publiques, en particulier celles des autorités fiscales. De plus, convient-il, le FMI recommande de combler, de façon peu onéreuse, les lacunes en matière d’infrastructures, et d’améliorer les institutions de gestion publique.
Le FMI, pour sa part, s’efforce de renforcer son appui aux États qui tentent d’améliorer leurs systèmes fiscaux, d’appuyer les investissements dans les PMA et de promouvoir des mesures susceptibles de garantir le développement à moyen et à long termes. Il cherche à aider les pays fragiles et en situation de conflit, les pays sujets à des catastrophes naturelles ou aux effets des changements climatiques en renforçant la résilience et à faciliter la délivrance de prêts à taux zéro.
M. TAUFIQUR RAHMAN, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a souligné que l’OMC poursuivait son objectif de longue date visant à soutenir les éléments des programmes d’action des pays les moins avancés liés au commerce. L’accès aux marchés a été amélioré, a-t-il dit, faisant également état d’un meilleur accès des PMA aux échanges des services. Des efforts ont par ailleurs été entrepris pour faciliter l’adhésion des pays les moins avancés à l’Organisation mondiale du commerce. Depuis l’adoption du Programme d’action à Istanbul en 2011, six PMA sont ainsi parvenus à adhérer à l’OMC, a-t-il précisé.
M. FEDERICO BONAGLIA, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a indiqué qu’aucune source de financement ne suffira, à elle seule, pour atteindre les objectifs de développement durable. Il a donc plaidé pour la mobilisation de différentes sources de financement, en particulier les ressources intérieures, dont la bonne collecte passe par une amélioration de l’efficacité de l’administration fiscale. Il a détaillé l’appui apporté par l’OCDE aux pays les moins avancés pour améliorer leurs capacités de collecte du produit de l’impôt, grâce notamment à des réseaux régionaux mis en place par l’OCDE. Il a également indiqué que les pays seront désormais traités sur un pied d’égalité au sein du Comité pour les affaires fiscales de son organisation. En 2015, l’aide publique au développement a atteint 25 milliards de dollars, a-t-il indiqué. Avant de terminer son intervention, il a fait part de la détermination de l’OCDE à travailler aux côtés des pays les moins avancés pour réaliser les promesses du Programme de développement à l’horizon 2030.
Mme DOROTHY TEMBO, Directrice executive adjointe du Centre du commerce international (CCI), a dressé un tableau contrasté de la situation économique des pays les moins avancés (PMA), marquée par une diminution globale de leur taux de croissance mais aussi une amélioration de certains indicateurs sociaux. Elle a ensuite souligné la nécessité d’améliorer la compétitivité des petites et moyennes entreprises (PME) au sein des PMA, en particulier celles dirigées par des femmes. Les PME doivent améliorer leur compréhension des normes juridiques, a-t-elle recommandé, avant d’ajouter que le Centre du commerce international les assistait. Elle a invité les pays les moins avancés à intensifier leurs échanges commerciaux et plaidé pour la suppression des barrières tarifaires en vigueur pour les échanges commerciaux. L’industrialisation du secteur agricole est un élément vital pour les pays les moins avancés, a-t-elle souligné. Dans ce domaine également, le Centre du commerce international assure un appui technique. Avant de conclure, elle a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération Sud-Sud.