En cours au Siège de l'ONU

7818e séance – matin       
CS/12598

Le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de faire de l’eau un domaine de coopération internationale plutôt qu’un « vecteur de conflits »

Sous la présidence du Ministre des affaires étrangères du Sénégal, et en présence du Secrétaire général de l’ONU, le Conseil de sécurité a organisé aujourd’hui un débat public sur le thème « Eau, paix et sécurité », alors que l’amenuisement des ressources hydriques exacerbe les tensions à l’heure du changement climatique et de l’expansion démographique.  Les spécialistes préviennent que l’accès inégal à l’eau sera la principale cause des conflits de demain.

Les chiffres fournis par le Chef de la diplomatie sénégalaise, M. Mankeur Ndiaye, parlent d’eux-mêmes: « Bien que la surface du globe soit constituée à 71% d’eau, moins de 3% des réserves sont de l’eau potable, dont 2,2% est renfermée dans les glaciers et nappes phréatiques.  Il ne reste donc qu’à peine 1% de l’eau sur terre pour répondre aux besoins des 7,35 milliards d’êtres humains et à ceux des espèces animales et végétales ». 

« D’ici à 2050, au moins une personne sur quatre vivra dans un pays où le manque d’eau potable est chronique ou récurrent », s’est alarmé M. Ban Ki-moon, la géopolitique de l’eau voulant que neuf pays se partagent 60% des réserves d’eau mondiales, selon la note conceptuelle* préparée par le Sénégal.  Estimant à 28 le nombre de pays qui souffrent de pénuries chroniques d’eau et à 80 celui de pénuries ponctuelles, le Ministre sénégalais des affaires étrangères a déclaré que d’ores et déjà, « 1,5 milliard de personnes dans le monde sont privées d’accès à l’eau potable ».  Le délégué de l’Ukraine a regretté que les avancées technologiques et scientifiques du XXIe siècle n’aient pas encore su étancher « la soif de l’humanité ».

Au Darfour et en Afghanistan, a relevé le Secrétaire général, l’accès à l’eau potable exacerbe déjà la concurrence intercommunautaire, tandis qu’au Pérou, l’impact de l’industrie extractive sur les sources et cours d’eau jette dans les rues les communautés locales.  Mais si l’eau peut être « vecteur de conflit », les conflits armés, dans une dialectique inverse, peuvent faire de la privation de l’accès à cette précieuse ressource « une arme de guerre ».

M. Ban en a voulu pour preuve la destruction délibérée des centrales hydroélectriques, des systèmes d’assainissement et des stations de pompage, de la Syrie à Gaza, attaques dont les conséquences sont souvent démultipliées par les dysfonctionnements de la « gouvernance de l’eau » en temps de guerre.  La Vice-Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mme Christine Beerli, a rappelé que femmes et filles, souvent chargées du réapprovisionnement, sont les premières victimes de cette nouvelle donne.

Face à l’instrumentalisation croissante des ressources et aux violations dont se rendent coupables les parties aux conflits, des propositions se sont fait entendre au cours de ce débat qui a mobilisé pas moins de 70 orateurs, dont beaucoup ont reconnu le rôle du Conseil de sécurité, garant de la paix et de la sécurité internationales.  La France a d’ailleurs rappelé que les ressources naturelles sont en cause dans 40% des conflits au cours des 60 dernières années.  Le Conseil de sécurité peut donc se saisir de cette question « en toute légitimité », a-t-elle tranché.  Le Président du « Strategic Foresight Group », M. Sundeep Waslekar, a ainsi encouragé ses membres à envisager l’adoption d’une « résolution de suivi » à la résolution 2286 (2016), pour « sanctuariser » les ressources en eau et les personnels qui en assurent la gestion et l’acheminement.

Compte tenu de la corrélation entre bonne gouvernance des ressources hydriques et stabilité régionale, le Conseil ne pourrait-il pas proclamer l’eau comme « bien stratégique de l’humanité? » s’est demandé M. Waslekar.  Comme en écho à cet appel, la Slovénie a annoncé que son Assemblée nationale avait, pas plus tard que la semaine dernière, fait de l’accès à l’eau potable un droit constitutionnel.

À l’échelle du système des Nations Unies, le fer de lance est le Groupe mondial de haut niveau sur l’eau et la paix, dont le Président, M. Danilo Türk, a porté à l’attention des États l’existence de pratiques optimales que le Groupe met au service des projets de coopération, qui doivent répondre à un équilibre entre respect de la souveraineté nationale et concessions aux pays riverains. 

Seuls 158 des 263 cours d’eau internationaux étant couverts par un cadre de coopération, plusieurs États ont fait part de leurs initiatives régionales et sous-régionales; la concurrence acharnée pour l’eau potable pouvant être aussi un catalyseur de coopération.  Partisan d’une véritable « hydrodiplomatie », le Soudan a parlé de l’Accord de Khartoum conclu entre les trois pays du bassin du Nil, l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan.  L’Égypte a rappelé que l’Initiative du bassin du Nil, adoptée en 1999, engage les responsabilités des États en amont et en aval du fleuve.  L’Éthiopie a souligné qu’une fois que l’Accord-cadre sur la coopération dans le bassin du Nil sera ratifié par les trois pays riverains qui ne l’ont pas encore fait, une commission permanente sera établie, garantissant une répartition équitable des ressources transfrontalières en eau sur la base d’une coopération « où tout le monde est gagnant ».

La Commission du bassin du lac Tchad a également été citée, notamment par le Nigéria, qui en fait partie, comme un exemple convaincant de gestion durable et équitable de ressources en voie d’amenuisement, dans ce cas précis en raison d’une sécheresse prolongée. 

La France a estimé que les deux piliers du « cadre multilatéral équitable » pour faire du partage de la ressource en eau un outil de coopération sont la Convention d’Helsinki sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux et la Convention des Nations Unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation.  Loin d’être un « sujet technique », l’accès à l’eau est selon la France un enjeu vital, recoupant les problématiques de développement, de droits de l’homme et de sécurité.

À contre-courant de ces idées, la Fédération de Russie a considéré comme relevant de l’« ingérence » la multiplication des expertises techniques relatives à la gestion transfrontalière de l’eau.  Selon elle, introduire des « aspects géopolitiques » dans la coopération internationale en ce domaine ne ferait qu’entraver l’aide au développement et le développement durable.   « Le Conseil de sécurité a pour mandat unique de régler des situations concrètes de conflit.  Il est donc difficile de comprendre quelles mesures pratiques de règlement de conflit pourraient ressortir de nos discussions », a tranché la délégation, soutenue par celle de l’Argentine qui a énuméré les innombrables organismes de l’ONU auxquels revient la question. 

Haïti n’a pas manqué de dénoncer le « déficit d’empathie et de solidarité internationale » que l’on a vu lors de l’épidémie meurtrière de choléra, maladie largement hydrique dont l’ONU vient d’assumer « la responsabilité morale ».  Le pays a tout de même salué le Secrétaire général pour la nouvelle approche récemment mise en œuvre afin de venir en aide aux victimes et de doter le pays d’infrastructures d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement.

*     S/2016/969

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Eau, paix et sécurité 

Lettre datée du 14 novembre 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Sénégal auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/969)

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que, d’ici à 2050, au moins une personne sur quatre vivra dans un pays où le manque d’eau potable est chronique ou récurrent.  Les changements climatiques ne feront qu’aggraver ces difficultés, notamment dans les bassins communs à plusieurs pays.  Il importe particulièrement, a-t-il conseillé, de coordonner la gestion de l’eau des 260 cours d’eau internationaux et des aquifères transfrontières, qui sont au moins aussi nombreux.  L’accès à l’eau peut exacerber les tensions communautaires, a souligné le chef de l’Organisation, qui a cité la concurrence à l’œuvre au Darfour et en Afghanistan.  Au Pérou, l’impact de l’industrie extractive sur l’eau est la principale raison des manifestations et des violences commises par les communautés locales.

Les conflits armés eux-mêmes peuvent également avoir un impact sur l’eau potable, par exemple par la destruction délibérée des infrastructures, les attaques contre les centrales électriques et l’effondrement des systèmes d’assainissement et des stations de pompage.  Ces effets sont souvent aggravés par les dysfonctionnements dans la « gouvernance de l’eau » qui se produisent pendant les conflits, a poursuivi le Secrétaire général.  Les frappes aériennes contre les infrastructures électriques et en eau en Syrie et la contamination des nappes phréatiques à Gaza, sont d’autres exemples de l’impact négatif des conflits armés sur l’accès à l’eau.  « Nous avons également vu des belligérants chercher à prendre le contrôle des barrages et des digues, comme c’est le cas pour le barrage du Tigre et de l’Euphrate, qui est au cœur des opérations militaires menées par Daech en Syrie et en Iraq », a poursuivi le haut fonctionnaire.

En dépit de ces graves défis, nous devons aussi reconnaître, a fait observer le Secrétaire général, le potentiel de coopération autour des ressources en eau.  Ainsi, a-t-il noté, les trois quarts des États Membres de l’ONU partagent des rivières ou des bassins lacustres avec leurs voisins.  Le partage de ces ressources a historiquement, « et de manière parfois improbable », permis à des adversaires de trouver un terrain d’entente, servant de mesure de renforcement de la confiance cruciale entre deux États.  Dans la seconde moitié du XXsiècle, plus de 200 traités sur l’eau ont été négociés avec succès, ramenant la sécurité et la stabilité dans les bassins fluviaux.  M. Ban a notamment cité en exemple le bassin du fleuve Sénégal, où les États riverains du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal ont une longue histoire commune des avantages partagés.

Les Nations Unies, a affirmé le Secrétaire général, ont activement encouragé le potentiel de l’eau pour la coopération.  Les activités d’« hydrodiplomatie » conduites par le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale l’illustrent de manière remarquable.  La Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontaliers et des lacs internationaux de la Commission économique pour l’Europe (CEE) s’efforce de promouvoir la coopération transfrontalière dans le domaine hydrique et la gestion rationnelle de l’eau.  Ce texte, désormais ouvert à signature aux États Membres de l’ONU, offre la possibilité de créer un « cadre global » pertinent.

Plus généralement, l’ONU encourage activement la médiation et le dialogue comme outils de prévention efficaces et pour régler les différends sur l’eau et les ressources naturelles.  Le Département des affaires politiques des Nations Unies et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) ont publié un guide utile sur les pratiques optimales.  Il est également important de reconnaître le rôle important joué par les femmes dans la gestion locale de l’eau. Les décisions relatives à l’attribution peuvent avoir un impact significatif sur leur bien-être et leur sécurité, et sur celle de leurs enfants et de leurs familles.  Pour cette raison, les femmes doivent être parties prenantes des accords de paix, comme par exemple au Darfour.

Pour mobiliser une action diplomatique concertée, le Président du groupe de la Banque mondiale et moi-même, a dit le Secrétaire général, avons lancé le Groupe mondial de haut niveau sur l’eau et la paix.  Cette initiative promeut une mise en valeur et une gestion globales et coopératives des ressources en eau.  La contribution que le Sénégal y a apportée est capitale, a dit le Secrétaire général en attirant l’attention sur le Plan d’action du Groupe qui vient d’être adopté récemment.

En tant que Président du Groupe mondial de haut niveau sur l’eau et la paix, M. DANILO TÜRK a affirmé que la coopération transfrontière pour gérer les ressources en eau constitue un « outil puissant » pour prévenir les conflits armés sur le long terme.  En effet, a-t-il remarqué, les pays qui développent des mécanismes de coopération en matière de gestion de l’eau se retrouvent rarement impliqués dans des conflits armés.

Toutefois, M. Türk a souligné que les mécanismes bien connus de coopération pour gérer les ressources en eau sont rares.  Sur les 263 rivières et bassins partagés entre 145 États dans le monde, a-t-il ajouté, seuls 84 disposent d’institutions de gestion commune, sans compter que certaines d’entre elles sont inefficaces.  Le Président a par conséquent appelé à davantage de coopération dans ce domaine, ajoutant que le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ont un rôle déterminant à jouer pour encourager le renforcement de cette coopération.

Par ailleurs, M. Türk a souligné que la coopération transfrontière pour gérer les ressources en eau doit s’accompagner d’incitations financières.  Il a ainsi estimé que les institutions financières internationales et le secteur privé ont un rôle important à jouer.  Tout en rappelant que la coopération dans ce domaine doit respecter la souveraineté des États, le Président a indiqué que ces derniers doivent néanmoins accepter l’existence des guides et codes de bonne pratique.  Sur ce point, il a mentionné le rôle du Groupe mondial de haut niveau sur l’eau et la paix dans l’analyse des pratiques existantes.

Au niveau du système de l’ONU, M. Türk a relevé de nombreuses carences.  À ses yeux, ONU-Eau se focalise surtout sur des éléments techniques, juridiques et environnementaux, au détriment des volets politique et sécuritaire.  Il a par conséquent appelé l’ONU à se pencher de manière plus directe sur ces questions, soulignant le rôle du Conseil pour y parvenir.

Le Président a en effet rappelé que les questions liées à l’eau figurent parmi les principaux facteurs des conflits armés.  Il a également souligné que garantir le bon fonctionnement des infrastructures d’approvisionnement en eau durant les conflits, en particulier dans les zones urbaines, doit être une priorité.  Dans le cadre de l’assistance aux populations civiles en temps de conflit, M. Türk a estimé que le Conseil doit davantage s’impliquer.

Les sources d’eau et installations hydriques sont aussi déterminantes pour les activités de maintien et de consolidation de la paix de l’ONU, a-t-il dit.  Il a appelé les États Membres à fournir aux missions de l’ONU les capacités adéquates pour s’acquitter de leur mandat, notamment en faisant du rétablissement de l’accès à l’eau et aux services de base une priorité.

Mme CHRISTINE BEERLI, Vice-Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a souligné que dans les conflits armés, les points d’eau deviennent stratégiques, leur accès devient extrêmement dangereux, en particulier pour les femmes et les filles qui sont chargées de puiser l’eau dans de nombreuses sociétés et pour les enfants qui passent des heures à faire la queue au lieu d’aller à l’école. 

La fourniture d’eau potable est l’une des priorités humanitaires du CICR.  L’an dernier, a indiqué Mme Beerli, le CCIR a répondu aux besoins de 28 millions de personnes dans le monde et a constaté que la gravité de la situation au Moyen-Orient et dans le bassin du Lac Tchad lui pose d’immenses problèmes techniques. 

La Vice-Présidente du CICR a déploré qu’en Syrie, en Iraq, en République démocratique du Congo ou encore en République centrafricaine, le droit international humanitaire, « qui est très clair quant à la nécessité de protéger les installations hydrauliques » était bafoué.  Nous exhortons les parties au conflit à s’abstenir d’employer des armes explosives et pénétrantes dans les zones densément peuplées, a-t-elle poursuivi, en soulignant que ces armes tuent des civils mais endommagent aussi les infrastructures les plus vitales. 

Mme Christine Beerli a insisté sur le fait que les parties aux conflits avaient l’obligation de répondre aux besoins fondamentaux des populations civiles et de s’assurer du respect de leur dignité.  L’eau est essentielle à une vie digne et les belligérants, les gouvernements donateurs et les organisations humanitaires doivent travailler ensemble à la résilience des services urbains pendant les conflits.  À cet égard, elle a demandé au Conseil de sécurité de continuer à reconnaître que le dialogue sur les besoins en eau entre les parties aux conflits est essentiel et doit par conséquent être facilité.

M. SUNDEEP WASLEKAR, Président du « Strategic Foresight Group », a déclaré qu’il y a environ deux milliards de personnes qui vivent dans des bassins partagés, « voilà l’enjeu démographique » de cette séance du Conseil de sécurité.  Au cours des six dernières années, nous avons vu qu’une gestion médiocre des ressources en eau, combinée aux changements climatiques, provoque des déplacements massifs de population, d’où l’importance de remédier à cette situation sous peine de voir les problèmes de régions spécifiques s’internationaliser, a prévenu le Président, qui a souligné l’ampleur mondiale de la pénurie en eau et son impact sur la paix et la sécurité internationales.  Il s’est donc lancé dans un plaidoyer en faveur de la coopération dans le domaine des ressources en eau, dont le partage est source de stabilité.  Ce qui en fait, a estimé M. Waslekar, un sujet tout à fait digne de figurer à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

Étant donné la corrélation entre bonne gouvernance des ressources en eau et stabilité régionale, le Conseil ne pourrait-il pas proclamer l’eau comme « bien stratégique de l’humanité? » s’est-il demandé.  Il a donc encouragé ses membres à envisager l’adoption d’une « résolution de suivi » à la résolution 2286 (2016) pour « sanctuariser » les ressources en eau et les personnels qui en assurent la gestion.  Serait-ce possible, a-t-il demandé, de négocier des cessez-le-feu, le temps que les civils se réapprovisionnent?  Le Président a suggéré la création d’un « fonds bleu », qui ne s’occuperait que du financement et de la rénovation des « infrastructures partagées » en eau.

M. MANKEUR NDIAYE, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a rappelé que l’ONU a érigé l’eau au rang de droit de l’homme.  L’Organisation, a-t-il ajouté, reconnaît également que l’accès à l’eau est essentiel à la réalisation de tous les droits humains.  Mais le Ministre a constaté que les changements climatiques, l’urbanisation, les évolutions démographiques, les pratiques économiques non viables et la hausse de la consommation concourent à une réduction de la qualité et de la quantité de l’eau.  Bien que la surface de la Terre soit constituée de 71% d’eau, a-t-il précisé, moins de 3% de cette eau est potable, dont 2,2% contenue dans les glaciers et les nappes phréatiques.  « Il ne reste donc qu’à peine 1% de l’eau sur terre pour les besoins des 7,35 milliards d’êtres humains et ceux des espèces animales et végétales », a-t-il noté.

Outre la rareté de l’eau, M. Ndiaye a également indiqué que cette ressource vitale est inégalement répartie, dans la mesure où neuf pays se partagent 60% des réserves mondiales, alors que 28 pays souffrent de pénuries chroniques et 80 pays de pénuries ponctuelles.  « En somme, 1,5 milliard d’habitants de la Terre n’ont pas accès à l’eau potable », a-t-il déploré, ajoutant que d’ici à 2050, une personne sur quatre est susceptible de vivre dans un pays affecté par des pénuries d’eau douce.

Dans ce contexte, le Ministre a souligné que la compétition entre États pour l’accès à l’eau semble inévitable.  Il faut, a-t-il alerté, que cette compétition s’exerce dans « un cadre sain » pour éviter les tensions, en particulier dans le cas de ressources en eau partagées entre plusieurs États.  Pour éviter les « malentendus »,  M. Ndiaye a plaidé en faveur d’une coopération accrue.  « Mais, force est de constater qu’il reste encore du chemin à faire dans ce domaine », a-t-il dit, constatant que 158 des 263 cours d’eau internationaux n’ont pas, à ce jour, de cadre de coopération.  C’est d’autant plus préoccupant, a-t-il ajouté, que selon de nombreux spécialistes, l’eau pourrait être la cause principale des conflits de demain. 

Dans ce cadre, le Ministre a appelé la communauté internationale à combattre l’utilisation de l’eau comme arme de guerre ou pour faire pression sur des populations vulnérables.  Il a également appelé à mieux sécuriser les sources et circuits d’approvisionnement en eau pour éviter qu’ils ne tombent entre les mains de groupes criminels et terroristes.

« Entre de possibles conflits et un avenir de paix, le choix du Conseil de sécurité doit couler de source », a déclaré M. Ndiaye, estimant que le Conseil doit mettre l’accent sur la diplomatie préventive et « l’hydrodiplomatie » pour prévenir l’exacerbation des tensions entre États partageant des ressources en eau.  À cette fin, le représentant a proposé la création, à New York, d’un groupe des amis de l’initiative eau-paix-sécurité.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a souligné que l’examen du thème « Eau et paix et sécurité » relève bien de la diplomatie préventive et donc du mandat du Conseil de sécurité.  Il a parlé de la situation « catastrophique » des Palestiniens qui ont perdu le contrôle des eaux du Jourdain.  Le représentant a jugé « inacceptable » la décision d’empêcher Gaza de reconstruire ses infrastructures hydrauliques.  Le représentant s’est alarmé des conséquences des conflits armés sur l’approvisionnement en eau potable et a estimé que la réhabilitation des infrastructures essentielles est « fondamentale » dans le règlement des conflits.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a fait observer que si la lutte pour les ressources naturelles est une cause d’aggravation des conflits armés, ce n’est que l’une des causes.  L’Uruguay, a-t-il dit, condamne catégoriquement l’utilisation de l’eau comme arme de guerre, sans exceptions, et rappelle que l’eau est un droit de l’homme, indispensable à la vie, à la santé et à la dignité, comme le dit sa Constitution.  L’Uruguay est convaincu que la coopération et les politiques centrées sur les droits de l’homme sont des moyens efficaces de combattre le manque d’eau, la pauvreté et les changements climatiques.  Au niveau régional, l’Uruguay, l’Argentine, le Brésil et le Paraguay ont conclu un accord sur l’aquifère guarani, l’un des plus grands réservoirs d’eaux souterraines au monde, afin de garantir les principes de souveraineté, de responsabilité environnementale et d’utilisation viable et rationnelle des ressources.

Pour M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine), l’une des tâches les plus urgentes pour la communauté internationale est de trouver l’équilibre optimal entre les besoins économiques des sociétés, leur développement durable et la protection des ressources en eau, tout en jetant les bases d’un environnement adapté aux besoins futurs.  Compte tenu des ressources limitées en eau potable et de sa répartition géographique inégale dans le monde, la concurrence pour cette ressource rare peut mener aux conflits, a-t-il souligné, regrettant que les avancées technologiques et scientifiques du XXIsiècle n’aient pas encore su étancher « la soif de l’humanité ».  À titre d’exemple, il a rappelé que Daech avait menacé de faire sauter le barrage de Mossoul, ce qui aurait provoqué une grave crise humanitaire.  Il est par conséquent impératif, selon le délégué, d’accorder toute l’attention requise à la protection des infrastructures critiques.  Le représentant a estimé que la problématique de l’eau devrait devenir un élément essentiel des travaux du Conseil de sécurité en matière de prévention des conflits.

Il a salué les efforts du Sénégal pour promouvoir la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest à travers la coopération transfrontière pour le partage des eaux du fleuve Gambie.  En Europe aussi des coopérations de ce type ont été mises en place, a-t-il rappelé, évoquant le cas de celle entre l’Ukraine, 13 autres pays et l’Union européenne, pour la gestion durable et équitable du Danube.  Le représentant a également évoqué les activités du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale qui visent à promouvoir la coopération régionale dans la gestion des ressources en eau, ce qui est, à son avis, un facteur déterminant pour la stabilité de la région. 

Rappelant la résolution adoptée en mai dernier à Nairobi par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, relative à la protection de l’environnement dans les zones touchées par les conflits armés, le délégué a fait état des problèmes environnementaux qui découlent de « l’agression militaire étrangère au Donbass ».  Il a cité la destruction des pipelines, des stations de pompage et des infrastructures d’approvisionnement en eau.  L’Ukraine appelle à une meilleure application de cette résolution et du droit international applicable, a conclu le représentant.

M. LIU JIEYI (Chine) a prévenu que la rareté de l’eau est une question de plus en plus grave qui doit être davantage prise en compte par la communauté internationale.  Il faut à tout prix, a-t-il préconisé, prévenir les conflits causés par la rareté de l’eau et cela suppose de renforcer la coopération et de promouvoir des mesures efficaces de gestion de l’eau, capables d’éviter les frictions et les tensions.  Il faut aussi, a poursuivi le représentant, développer la coopération internationale sur tous les aspects liés à l’eau.  Pour ce faire, il a insisté sur la nécessité de fournir une plus grande assistance aux pays africains, pour les aider à améliorer la gestion des eaux transfrontalières et des infrastructures d’approvisionnement en eau.  Il a estimé que les organes permanents de l’ONU devraient renforcer leur coopération à cet égard.

Enfin, le délégué a souligné qu’il convient de renforcer la coopération transfrontière.  Il a appelé, à cette fin, les agences onusiennes et les organisations régionales et sous-régionales à promouvoir des méthodes de communication pour encourager cette coopération.  La Chine, a-t-il dit, est prête à aider les États africains et elle a d’ores et déjà contribué à la mise en œuvre de dizaines de projets en Afrique visant à renforcer les infrastructures et les capacités des États à mettre en valeur leurs ressources en eau.  La Chine, a-t-il dit, entend apporter sa contribution à une gestion pacifique de l’eau dans le monde.

Mme ISOBEL COLEMAN (États-Unis) s’est attardée sur le cas du bassin du lac Tchad, l’illustration même des problèmes qui se posent lorsque les ressources aquifères sont mal administrées par les États riverains et que des groupes comme Boko Haram peuvent exploiter la situation.  Toutefois, la Commission du bassin du lac Tchad, formée par le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, et à laquelle se sont joints d’autres États depuis, a consacré une coopération interétatique de premier plan, a reconnu la représentante.  La Commission du bassin du lac Tchad, a-t-elle rappelé, a pour mandat la gestion durable et équitable du lac Tchad et des autres ressources en eaux partagées du bassin éponyme, la préservation des écosystèmes, la promotion de l’intégration et la préservation de la paix et de la sécurité transfrontalières.

Évoquant le cas de son propre pays, qui regorge de fleuves, de rivières et de bassins versants, la représentante a cité l’accord bilatéral conclu avec le Mexique, qui permet à ce dernier de stocker de l’eau aux États-Unis contre des investissements américains chez lui.  Washington, a dit la représentante, travaille avec d’autres bailleurs de fonds pour mettre en place un « partenariat de partage des eaux » dans les zones où l’accès disputé à cette ressource peut alimenter des conflits.  Mme Coleman a ensuite plaidé pour la collecte de données pertinentes impartiales, tout en réitérant son appui à des solutions « créatives » pour la gestion transfrontalière des eaux.  

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a accusé certains pays, alors que de plus en plus de régions du monde souffrent de la rareté de l’eau, de gaspiller cette ressource, voire de la transformer en source de profit.  C’est un problème d’autant plus grave, a-t-il dit, que l’accès à l’eau est au cœur du développement durable, de la santé et de la protection de l’environnement.  Le représentant a salué le fait que l’ONU ait reconnu l’eau comme un droit de l’homme.  Il a également salué les travaux du Groupe mondial de haut niveau sur l’eau et la paix.  Il a vu dans la gestion des fleuves Sénégal et Gambie une pratique exemplaire et constaté que malheureusement de telles pratiques sont plutôt l’exception que la règle. 

Le représentant a insisté pour que la communauté internationale appuie plus sérieusement les initiatives régionales et nationales liées au lac Tchad.  Sans cela, a-t-il prévenu, et sans des investissements plus importants, la région risque de vivre une montée des tensions, susceptible de donner lieu à de nouveaux conflits entre États.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a affirmé que, sous peine d’agir, en moins de 10 ans, 2,5 milliards de personnes pourraient se heurter à de graves difficultés pour avoir accès à l’eau potable.  Pour les communautés déjà concernées par ce problème, « c’est une question de vie ou de mort », a prévenu le représentant, évoquant le cas d’un village au Kenya, où des femmes sont contraintes de traverser des territoires contrôlés par les Chabab pour aller se réapprovisionner en eau.  Au cours des quatre prochaines années, a-t-il annoncé, le Gouvernement britannique investira 43 millions de dollars dans des projets de rénovation ou de construction d’infrastructures en eau dans le monde.  En outre, Londres aide la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à développer ses propres infrastructures, a-t-il poursuivi.  M. Rycroft a encouragé la communauté internationale à se mobiliser pour réaliser la « sécurité de l’eau », en mettant l’accent sur la collecte d’informations et les projets de coopération.

M. KORO BESSHO (Japon) a souligné l’importance de ce débat pour son pays, où l’eau a joué un rôle vital tout au long de son histoire; la gestion saine et pacifique des ressources en eau ayant servi de base au développement de la société japonaise moderne.  Le représentant a cependant observé que l’eau reste un sujet de discorde entre États.  Des exemples récents font aussi apparaître que les infrastructures liées à l’eau peuvent être visées à des fins stratégiques par les parties à un conflit, a-t-il dit, évoquant les attaques contre une usine de traitement des eaux usées à Alep et contre un centre de désalinisation et des installations d’épuration d’eau à Gaza. 

Pour le représentant, il est essentiel qu’en cas de conflit, l’eau reste accessible aux populations affectées.  En vertu du droit international humanitaire, a-t-il rappelé, il est interdit d’attaquer, détruire, retirer ou rendre inutilisables des objets indispensables à la survie de la population civile, en particulier les installations d’eau potable.  À cet égard, a-t-il affirmé, le Conseil de sécurité devrait rester vigilant et veiller à ce que les ressources en eau soient une « force unificatrice » plutôt qu’une cause de conflit, ainsi que l’avait noté le Secrétaire général en 2009.  Le Japon, a-t-il poursuivi, est convaincu que l’amélioration de l’accès à l’eau et la bonne gestion de cette ressource ainsi que l’établissement de règles internationales contribueront à stabiliser les sociétés et à réduire les tensions sous-jacentes entre les États.  Le délégué a ajouté qu’à cette fin, son pays, en tant que fournisseur de contingents à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a participé aux efforts visant à élargir l’accès à l’eau et souhaite travailler sur place avec le CICR.  

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a appuyé le projet de résolution que doit présenter le Tadjikistan sur des mesures pratiques de gestion de l’eau, dans le cadre d’une nouvelle Décennie internationale de l’eau et du développement durable.  Les ressources naturelles, y compris l’eau, sont « neutres par essence », a souligné le représentant, estimant par conséquent que leur présence ou leur insuffisance ne peut être considérée comme une cause de conflit.  C’est plutôt la gestion inefficace de ces ressources qui constitue potentiellement un facteur de conflit et en aucun cas les ressources elles-mêmes, a-t-il affirmé. 

Le représentant russe a rejeté les tentatives d’ingérence illustrées par le déploiement et les travaux d’experts techniques pour résoudre les problèmes liés à la gestion transfrontalière de l’eau.  À ses yeux, le fait d’injecter des aspects géopolitiques dans la coopération internationale en matière de gestion de l’eau ne fera qu’entraver l’aide au développement et freiner le développement durable.  Le délégué s’est opposé à l’idée que des agences qui n’ont pas les compétences requises se saisissent de cette question.  Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, a pour mission unique de régler des situations concrètes de conflit.  Il est donc difficile de comprendre, dans ce cadre, quelles mesures pratiques de règlement de conflit pourraient sortir de nos discussions, a tranché le représentant.

La volonté d’imposer des vues globales sur les ressources naturelles tend à faire oublier les particularités locales dans la coopération, a affirmé le représentant, tout en appelant à mettre l’accent sur l’aide financière et technique dont doivent pouvoir bénéficier les pays qui ont des difficultés dans la gestion de l’eau et son approvisionnement.  La gestion transfrontalière des ressources en eau, a-t-il conclu, doit avant tout se faire dans le respect de la souveraineté nationale.  À ce titre, le représentant a regretté que son homologue ukrainien ait une fois de plus « instrumentalisé » pour faire de la « propagande politique ».  Le peuple de Crimée, a-t-il dit, n’oubliera pas que Kiev a ordonné la fermeture des écluses du canal du nord qui alimentait la vaste majorité de la population en eau, et ce, en violation du droit d’accès à cette ressource.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a souligné que son pays est fort chanceux de ne pas avoir à partager ses ressources en eau du fait de son statut d’île.  Il a précisé que même en Nouvelle-Zélande, pays regorgeant d’innombrables sources d’eau fraîche, les activités économiques et l’accroissement de la population mettent la pression sur les ressources en eau, à la fois en termes d’accès et de maintien de la qualité.  La bonne gestion des ressources en eau est importante pour le développement durable mais aussi pour la prévention des conflits.  Le représentant a de ce fait prôné une coopération régionale efficace pour atténuer les risques de conflit, ajoutant que l’ONU pourrait jouer un rôle important à cet effet, citant en exemple son implication dans la gestion transfrontalière des ressources en eau d’Asie centrale par l’intermédiaire du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.  Les obstacles à l’accès à l’eau peuvent être érigés pour servir des intérêts politiques ou comme arme de guerre, a reconnu le représentant, en citant les cas de la Syrie ou du Yémen. 

Mais, a-t-il alerté, la sécurité des ressources en eau n’est pas seulement une question transfrontalière.  Pour les petits États insulaires en développement (PEID), s’est-il expliqué, l’accès à l’eau douce est une question « existentielle », car plus de la moitié de ces pays du Pacifique n’ont pas assez d’eau potable, ce qui représente une menace pour la réalisation du développement durable, la santé, et à terme, pour la viabilité des populations.  À cela, il faut ajouter les effets néfastes des changements climatiques comme la sécheresse ou la contamination des eaux souterraines.  La Nouvelle-Zélande travaille avec ses partenaires du Pacifique à la recherche de solutions, comme en témoignent les systèmes de stockage de l’eau de pluie installés à Kiribati et à Vanuatu, et l’amélioration des systèmes d’adduction dans les îles vulnérables à la sécheresse telles que les Tuvalu, les Tokelau, les îles Cook et les Îles Marshall.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a rappelé que son pays est confronté à des pénuries d’eau, en raison des changements climatiques, mais aussi parce que sa population dépend entièrement du Nil.  Dans un tel contexte, le Gouvernement a lancé en 1999 l’Initiative pour le bassin du Nil, conçue comme un outil de mise en commun des informations scientifiques entre les 10 États riverains du « plus long fleuve de la planète ».  Le représentant s’est dit convaincu du rôle clef que les Nations Unies peuvent jouer pour prévenir l’émergence de conflits liés à l’eau.  Il a insisté sur la nécessité de faire respecter les droits de tous les pays riverains, notamment des États en amont vis-à-vis des États en aval, condamnant les projets hydrauliques, entrepris sans consultation préalable.  Le représentant a insisté sur le strict respect des obligations découlant du droit international.  Quant aux institutions financières, il les a pressées de renoncer à soutenir des projets sans l’accord préalable de tous les États riverains.  L’ONU, a ajouté M. Aboulatta, peut contribuer à l’échange de pratiques optimales.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que les ressources naturelles étaient en cause dans 40% des conflits depuis 60 ans avant d’appeler à un cadre multilatéral équitable pour faire du partage de la ressource en eau un outil de coopération.  Il a dit l’importance de deux outils de droit international que sont la Convention d’Helsinki sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux et la Convention des Nations Unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation, dite Convention de New York.  Il a précisé que la Convention d’Helsinki prévoit un mécanisme de dialogue et d’arbitrage dans le cadre de tensions entre les États riverains d’un même fleuve, lac ou aquifère et est dotés d’un dispositif technique et juridique au service des États parties, mais également non parties.  Le représentant a estimé que ces deux Conventions constituent les instruments privilégiés de mise en œuvre des objectifs 6 (eau et assainissement) et 16 (paix, justice, renforcement des institutions) du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est félicité de l’implication du panel « Eau et paix et sécurité » pour promouvoir ces deux Conventions avant de souligner le rôle du Représentant spécial du Secrétaire général pour inciter les États à devenir parties à ces deux Conventions.

Par ailleurs, M. Delattre a appelé le Conseil de sécurité à veiller à la protection des infrastructures et autres services essentiels, notamment l’eau, mais aussi l’électricité durant les conflits et pendant la phase de sortie de crise.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à veiller au respect humanitaire, dont les services en eau.  En outre, il a dit que le Conseil de sécurité devra étudier et tirer toutes les conséquences des recommandations opérationnelles que le panel Eau et paix et sécurité formulera en 2017 sur ces enjeux.  Enfin, il a jugé urgent de réfléchir à l’architecture mondiale de l’eau en estimant que la gouvernance mondiale de l’eau actuelle n’est plus à la hauteur des enjeux du Programme 2030.  Dans ce contexte, le représentant de la France a dit la nécessité de faciliter le dialogue sur la gestion des ressources en eau « entre les États Membres et les agences onusiennes ».

Notant que l’UNESCO, le PNUE, l’UNICEF et l’OMS travaillent sur certaines problématiques liées à l’eau, il s’est dit favorable à un espace de dialogue dédié à la problématique de l’eau dans sa globalité.  En conclusion, le représentant de la France a insisté sur le fait que l’accès à l’eau n’est pas seulement un sujet technique, mais un sujet vital en matière de développement, de droits de l’homme et de sécurité.  Il a affirmé que le Conseil de sécurité avait « toute légitimité de s’en saisir ».

M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a évoqué le Rapport que l’UNESCO a publié l’année dernière et qui indique que la croissance démographique, l’urbanisation, l’industrialisation et l’augmentation de la production et de la consommation ont généré une demande d’eau douce de plus en plus importante.  Il a ajouté à cela l’impact négatif des changements climatiques et des conflits.  Le Venezuela, a dit le représentant, est convaincu que l’Assemblée générale est l’organe doté du mandat adéquat pour traiter des questions de développement durable en général et d’eau en particulier. Le Programme 2030 indique que le développement économique et social dépend de la gestion durable des ressources naturelles, a rappelé M. Suárez Moreno.  Quant à l’UNESCO, elle travaille de manière permanente sur la gestion durable des ressources hydriques, a-t-il ajouté.  Il est donc nécessaire de rechercher des initiatives intégrées qui contribuent à préserver la vie et les droits des générations présentes et futures pour garantir un ordre mondial juste et prospère, a conclu le représentant.

M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a affirmé que la gestion de l’eau relève de la gestion des risques liés à l’insécurité hydraulique, qui sont en outre exacerbés par les changements climatiques.  Pour prévenir l’émergence de conflits, le représentant a prôné à son tour « l’hydrodiplomatie ».  Il a indiqué que l’Espagne n’a de cesse de faire bénéficier les autres pays de son expérience dans la gestion de l’eau.  Le représentant a prévenu que les attaques contre les systèmes d’adduction d’eau peuvent constituer des crimes de guerre, sans oublier les menaces sanitaires pour toute la population.  Face à de tels agissements, il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour enquêter sur ces attaques mais aussi à faciliter le transfert des technologies et l’échange des pratiques exemplaires dans la gestion de l’eau. 

Reprenant la parole, le représentant de l’Ukraine a demandé à son collègue russe de réécouter la bande et de constater qu’il n’a jamais mentionné la Fédération de Russie ou la Crimée dans son intervention.  Il a toutefois tenu à rappeler que le « territoire autonome de la Crimée » est toujours occupé et qu’à ce titre, c’est à la « puissance occupante » d’administrer les problèmes en eau qui s’y posent.  Le délégué a jugé que la situation sur place démontre l’incapacité de la Fédération de Russie à prendre en considération les besoins de la population locale, reprochant à son collègue russe de soulever cette question à des « fins de propagande ».  Moscou, a-t-il dit, devrait cesser de « détourner les eaux » et d’occuper la Crimée.

Le représentant de la Fédération de Russie a répondu que Kiev est responsable d’une situation « catastrophique » en Crimée, ainsi qu’au Donbass, où le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme a fait état de destructions d’infrastructures essentielles à la suite des combats.

M. AKYLBEK KAMALDINOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé que, d’après des études scientifiques, le nombre des affrontements liés à l’eau a été multiplié par quatre au cours de la dernière décennie.  Il a imputé cette situation à la concurrence accrue, à une gestion mauvaise ou inadaptée de l’eau mais aussi aux conséquences des changements climatiques.  Aujourd’hui, s’est-il alarmé, les ressources en eau sont utilisées à des fins politiques et militaires par les acteurs étatiques et non étatiques.  L’urgence de la situation nécessite un partage d’informations, des mécanismes d’alerte rapide et la mobilisation des principales parties prenantes.  Le Kazakhstan, a dit le Vice-Ministre, félicite le travail du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale sur les questions relatives à l’eau, qui promeut le dialogue et la confiance au sein de la région.  Le Vice-Ministre a d’ailleurs indiqué que depuis novembre 2015, un nouveau format de coopération entre les États-Unis et l’Asie centrale a vu le jour, baptisé « C5+1 ».

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a appelé le Conseil de sécurité à faire preuve de prudence dans l’examen de relation entre eau, et paix et sécurité.  Si la question de l’eau peut alimenter des conflits ou l’instabilité, elle ne représente pas nécessairement une menace pour la paix et la sécurité, a-t-il prévenu.  Le représentant a estimé, à cet égard, que la résolution 1803 de l’Assemblée générale relative au droit à la souveraineté sur les ressources naturelles et la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement posaient les principes essentiels pour la mise en œuvre universelle des objectifs de développement durable, notamment l’objectif 6 sur l’accès à l’eau et à l’assainissement.  Plaidant pour une logique de coopération plutôt que de coercition, il a salué les actions menées dans ce sens par les agences et programmes spécialisés de l’ONU.  À ses yeux, les chances de coopération dans la gestion de l’eau doivent être cultivées.  Le délégué a cité en exemple l’expérience régionale du Brésil.  Il a conclu son propos en jugeant que la question de l’accès à l’eau devrait davantage être considérée sous l’angle du droit international humanitaire, les installations en eau continuant d’être la cible d’attaques dans les conflits armés, au mépris des Protocoles I et II des Conventions de Genève de 1949.

M. OLOF SKOOG (Suède) a constaté que l’eau a des effets sur tous les aspects de la vie, de l’agriculture à l’énergie en passant par le transport et la santé. Or, a-t-il noté, on assiste à une forte augmentation du nombre des conflits liés à cette ressource.  De surcroît, a poursuivi le représentant, le Forum économique mondial a classé les crises en relation avec l’eau au premier rang des risques mondiaux majeurs pour les 10 prochaines années.  Parmi les facteurs aggravants figurent la forte croissance de la population mondiale et les changements climatiques, qui menacent l’offre et la demande de cette ressource vitale.  En conséquence, les deux tiers de la population mondiale pourraient se retrouver en pénurie d’eau d’ici 2025.

Le représentant a noté que la rareté de la ressource en eau frappe principalement les pays les plus vulnérables et les plus pauvres.  Elle a surtout des conséquences pour la sécurité dans les contextes fragiles où la gouvernance et les capacités de réponse aux crises sont faibles, a-t-il souligné, citant les exemples des régions du Sahel et du lac Tchad, où la sécheresse et la désertification conduisent à une raréfaction de l’eau et à une insécurité alimentaire, générant des risques de concurrence et de conflit.

Face cette menace, la Suède a consenti des efforts en se montrant active dans le domaine de l’« hydrodiplomatie », a-t-il indiqué.  À ce titre, l’Institut international de l’eau de Stockholm (SIWI) gère des partenariats qui facilitent la gestion transfrontalière des ressources en eau.  La Suède accueille aussi le Centre international de l’UNESCO pour la coopération dans le domaine de l’eau, a ajouté le représentant.  À ses yeux, la coopération sur le partage des eaux peut avoir des effets positifs à large échelle et permettre de renforcer la confiance entre les États.  De fait, a-t-il souligné, l’institutionnalisation des mécanismes de coopération en la matière relève d’une stratégie à long terme pour le développement durable. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a indiqué qu’alors que la pénurie en eau augmente avec l’accroissement de la population, on aura de plus en plus besoin de partager les ressources d’eau douce disponibles.  Elle a souligné que les pays asiatiques et africains, notamment d’Afrique sub-saharienne, qui connaissent un accroissement important de leur population et qui sont extrêmement vulnérables aux changements climatiques et à la famine, seront les premiers à faire face au défi du partage des ressources transfrontalières en eau.  Dans ce contexte de pénurie d’eau, a-t-elle estimé, la capacité des pays à coopérer et à partager de manière pacifique les ressources en eau disponibles sera importante pour leur paix, leur sécurité et leur développement.  Elle s’est dite inquiète de constater que les régions les plus affectées par la pénurie d’eau soient également celles en proie à des troubles et des conflits, dont certains se poursuivent depuis des décennies.

Mme Lodhi a invité la communauté internationale à développer et protéger les cadres normatifs, aux niveaux multilatéral et bilatéral, afin de s’assurer que les États demeurent disposés à résoudre les différends liés à l’eau par la voix de la diplomatie.  Elle a souligné que ces cadres, s’ils sont mis en place, ne doivent pas être sapés par des mesures coercitives unilatérales.  Elle a déclaré que le Traité de 1960 sur les eaux de l’Indus, signé par l’Inde et le Pakistan, et avec la Banque mondiale comme garant, est un excellent exemple de ce qui peut être fait sur le plan bilatéral.  Elle a estimé que la volonté de coopération entre États dépend de plusieurs facteurs qui peuvent être d’ordre technique, financier ou politique.  Elle a souligné que plusieurs institutions internationales pourraient gérer ces questions techniques et financières, mais que le seul organe pouvant renforcer la volonté politique des États à coopérer est le Conseil de sécurité.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a souligné qu’aujourd’hui 1,7 milliard de personnes vivent une pénurie d’eau potable et se retrouvent de fait en dessous du seuil de pauvreté établi par les Nations Unies.  Ce chiffre devrait grimper à 2,4 milliards en 2025, a-t-il averti.  Le représentant a également relevé que les questions liées à l’eau peuvent avoir des incidences sur la paix régionale.  À cet égard, il a jugé troublant que pour 158 des 263 cours d’eau internationaux, il n’existe pas de cadre de coopération.  Il y a vu une des raisons de la montée de l’instabilité dans de nombreuses régions du monde.

Avec la croissance sans précédent de la population mondiale, l’émergence de nouvelles économies et les effets des changements climatiques, les pressions exercées sur ces ressources ne cessent de croître, a-t-il observé.  Dans le même temps, les capacités de certains États en matière de gestion de l’eau sont confrontées à d’importants défis et génèrent des tensions.  Or, a fait valoir le délégué, l’eau a un potentiel immense pour la coopération qui devrait être exploité.  Pour l’Iran, l’« hydrodiplomatie » est nécessaire.  Elle implique l’adoption d’une approche novatrice de gestion qui pourrait remplacer les batailles dont personne ne sort gagnant.  Dans cette perspective, la communauté internationale doit faire montre de volonté politique et encourager les États affectés par des problématiques liées à l’eau à coopérer entre eux.  À cette fin, a conclu le délégué, les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales pertinentes peuvent jouer un rôle utile dans le renforcement des capacités et du partage des compétences. 

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a fait observer que son pays dispose d’une richesse hydrique importante, de par sa situation géographique, son relief et sa diversité climatique.  En conséquence, le pays reconnaît non seulement l’importance d’une gestion intégrée de l’eau mais également de la prévention et de la gestion des conflits liés à l’eau.  Le représentant a précisé que la politique nationale englobe six objectifs qui visent à conserver les écosystèmes et les processus hydrologiques dont dépend l’offre en eau; à quantifier et optimiser la demande; à améliorer la qualité et minimiser la pollution; à développer une gestion intégrée des risques associés à l’offre; à favoriser les conditions d’un renforcement des institutions de gestion; et à consolider une gestion intégrée.  En outre, un débat parlementaire est en cours pour inscrire dans la Constitution le droit à l’eau.

Pour la Colombie, la question de l’eau doit être intégrée dans l’agenda de la coopération internationale.  Une telle perspective, a-t-elle ajouté, permettrait d’anticiper les conflits.  Dans ce cadre, la Colombie souligne l’importance qu’il y a à privilégier les approches intégrées au sein du système des Nations Unies afin d’éviter les doublons.  Tout en reconnaissant l’importance du travail du Conseil de sécurité, le représentant a néanmoins estimé que l’Assemblée générale est l’organe le mieux adapté pour les débats sur le thème de l’eau et son rapport intrinsèque avec le développement durable. 

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a rappelé que, dans le contexte de la crise de l’eau, la dépendance mutuelle allait s’accentuer, parce que les secteurs et les régions exposés à la pénurie d’eau dépendent de plus en plus de l’eau contrôlée par d’autres régions, sans compter les conséquences des changements climatiques et de la croissance démographique.  Bien que l’eau soit considérée par certains comme une source de conflit, elle est aussi une source de coopération, a-t-elle nuancé, relevant que 140 traités internationaux avaient été signés au cours de ce siècle alors que, selon les données, sept « escarmouches » ont eu lieu pendant la même période.  « La guerre de l’eau n’est ni rationnelle sur le plan stratégique, ni efficace sur le plan hydrologique et ni viable sur le plan économique », a-t-elle déclaré.

Soulignant que l’eau est la ressource la plus critique au XXIsiècle, la représentante a noté qu’une coopération au-delà des frontières géographiques et politiques était d’une importance capitale pour la stabilité et la survie de l’humanité, dont 40% dépend du partage de l’eau.  Rappelant que la Hongrie s’appuie sur une longue tradition de gestion prudente de l’eau, tout en apportant une assistance technique aux pays en développement, elle a encouragé les États Membres à adhérer aux Conventions de l’ONU.  Le Programme 2030, a-t-elle insisté, confirme que le développement durable et la paix sont interconnectés et sa mise en œuvre universelle réduirait les tensions entre nations.  À ce titre, a-t-elle indiqué, le Sommet sur l’eau de Budapest qui se tiendra du 28 au 30 novembre, vise notamment à diffuser le message selon lequel le soutien à la gestion viable des ressources en eau est un domaine de coopération et une source de paix entre les pays.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a plaidé pour plus de coopération entre États dans la gestion des ressources en eau.  Il a expliqué que les échanges d’expériences et de connaissances pourraient contribuer à éviter les conflits et expliqué que la Faculté des sciences agricoles et forestières de l’Université de Florence contribue à la formation d’agronomes des pays en développement.  Pour illustrer l’importance de l’eau pour le développement, le représentant a rappelé que grâce à l’eau, l’Empire romain a pu s’étendre tout autour de la Méditerranée.  Aujourd’hui, le Programme 2030 constitue le cadre idoine d’une bonne coopération internationale dans le domaine de l’eau.  Les pays, a-t-il conclu, ne devraient pas manquer cette occasion de renforcer leur coopération.

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a indiqué que la concurrence pour l’accès à l’eau douce pourrait devenir une source de conflits dans l’avenir, paraphrasant ainsi l’ancien Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan.  Il a déclaré que l’utilisation arbitraire et illogique des ressources en eau pourrait attiser des conflits, alors qu’au contraire, une bonne gestion conduirait à l’harmonie.  Il a donc appelé à la modification des modes de gestion de l’eau, expliquant que la pénurie mondiale était surtout due à une mauvaise gestion.  Le représentant a condamné l’utilisation de l’eau comme arme de guerre, taxant même cette pratique de crime de guerre.  Il a salué les travaux menés par le Groupe de haut niveau sur l’eau, invitant en outre le Conseil de sécurité à jouer en la matière son rôle de garant de maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a dit qu’il fallait agir vite pour mobiliser la volonté politique nécessaire et protéger les sources d’eau potable.  Il a indiqué que son pays est un des fondateurs du Groupe mondial de haut niveau sur l’eau et la paix présidé par l’ex-Président de la Slovénie, M. Danilo Türk.  Il a aussi indiqué que la Slovénie faisait partie du Groupe d’amis sur l’eau et de la paix à Genève.  Le représentant a reconnu le rôle du Conseil de sécurité mais aussi celui des organisations régionales pour une bonne gestion transfrontalière des ressources en eau.  Il s’est dit persuadé que la question de l’eau pouvait devenir un instrument de coopération plutôt qu’une source de conflit.  Il a cité en exemple l’accord entre les États de l’ex-Yougoslavie sur la gestion commune du Bassin de la Save, « un symbole de coopération régionale ».  Il a aussi indiqué que l’Assemblée nationale de la Slovénie a, la semaine dernière, inscrit dans sa Constitution le droit à l’eau potable.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a estimé que le sujet de l’eau constitue l’un des principaux défis pour la paix et la sécurité.  En tant que membre du Groupe de haut niveau sur l’eau, qu’il copréside avec Maurice, le Mexique est favorable à une revalorisation de cette ressource fondamentale pour l’humanité et à une mobilisation des actions destinées à assurer sa disponibilité et mettre en œuvre l’objectif 6 du Programme de développement durable à l’horizon de 2030, relatif à l’accès à l’eau pour tous. 

Pour le représentant, l’eau doit être au centre de toutes les discussions sur le développement économique et social, la paix et la sécurité, et les changements climatiques.  Dans ce cadre, le Groupe de haut niveau a lancé en septembre dernier, conjointement avec le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Banque mondiale, un plan d’action qui reconnaît le droit à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, a-t-il noté, plaidant pour une approche intégrée et coordonnée des questions liées à l’eau.

Si le monde continue au rythme actuel, a prévenu le délégué, il y aura en 2030 une réduction de 40% des réserves en eau sur la planète.  En appliquant les objectifs du Programme 2030 relatifs à l’eau, la communauté internationale parviendrait à diminuer et éliminer les risques de conflit lié à l’eau, et ce grâce à une approche préventive, a-t-il dit.  Favorable au développement des capacités de coopération, de médiation et de règlement des différends liés à l’eau, le Mexique compte à ce titre sur l’action de l’ONU et de ses agences pertinentes, y compris la Commission de consolidation de la paix.

M. WOUTER HOFMEYR ZAAYMAN (Afrique du Sud) a indiqué que l’impact de l’eau sur les conflits peut se voir en Afrique, notamment dans les pays se trouvant autour du Nil, de même que dans la région du Moyen-Orient.  Il a rappelé qu’un récent rapport de la Banque mondiale a conclu que dans les 35 prochaines années, la sécurité des ressources en eau se trouvera menacée par les changements climatiques, entrainant des migrations forcées et des conflits voire des problèmes financiers pour les gouvernements.  Il a invité la communauté internationale à œuvrer pour la préservation des ressources en eau, y compris en luttant contre les changements climatiques.

M. Zaayman a ensuite indiqué que l’Afrique du Sud partage des ressources en eau avec trois autres États, affirmant que la coopération régionale en la matière est de la plus grande importance.  Il a expliqué que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) est un exemple de cette coopération, gérant ainsi pas moins de 15 bassins dans le sud de l’Afrique.  Il a aussi estimé que l’implication des femmes dans cette gestion régionale des ressources en eau est de la plus grande importance, notamment du fait qu’elles jouent un rôle de premier plan dans l’approvisionnement, la gestion et la sauvegarde de l’eau.

M. HEIKO THOMS (Allemagne) a rappelé que la pénurie d’eau était une problématique transversale qui affectait toutes les sphères de la vie humaine. Selon les estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a-t-il relevé, d’ici à 2050, le monde comptera 200 millions de migrants écologiques, fuyant les inondations, la sécheresse, la désertification ou la montée du niveau de la mer.  « Ces menaces ont un point commun: elles causeront ou accentueront la pénurie d’eau », a déclaré le représentant en arguant toutefois que la « guerre de l’eau » n’est pas inévitable.

Citant les exemples de coopération dans les bassins du Danube et du Rhin pour l’Europe et du bassin Orange-Senqu et les lacs Victoria et Tchad pour l’Afrique, il a souligné l’importance de la coopération transfrontalière comme « une, voire la seule, réponse adaptée » et efficace afin de résoudre les conflits liés à l’eau, appelant au passage au respect des intérêts des pays riverains.

Le représentant s’est dit convaincu que la promotion de la coopération transfrontalière passe par un cadre juridique stable sur les plans régional et international.  Les Conventions sur l’eau de l’ONU sont des outils précieux qui bénéficient à tous les riverains, a-t-il renchéri, en encourageant tous les pays à y adhérer.  Afin d’éviter l’utilisation de l’eau comme arme de guerre, il est également urgent, a poursuivi le représentant, de renforcer la mise en œuvre des dispositions juridiques du droit international humanitaire, plus spécifiquement les protocoles additionnels (1977) aux Conventions de Genève de (1949) ainsi que la Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles (1977). « L’exemple récent de Daech et du barrage de Mossoul a montré l’évidence de telles menaces », a-t-il conclu.

Pour Mgr TOMASZ GRYSA, Observateur du Saint-Siège, les défis posés par l’eau à la paix et à la sécurité et à la vie en général, ne doivent pas être perçus seulement comme des menaces, mais également comme une occasion pour les nations de collaborer étroitement et de trouver des solutions ensemble.  Parmi ces solutions et face à une ressource en eau en constante diminution menant à une concurrence féroce avec son lot de conflits et de guerres, il a proposé de tirer profit des nouvelles technologies qui peuvent donner lieu à des modes de production plus économes en eau et des procédés industriels moins polluants pour les nappes phréatiques et les systèmes hydriques.  L’Archevêque a aussi appelé à la promotion des solutions locales dont les communautés sont plus au fait de leur propre système hydrique et des meilleurs moyens de le conserver et de l’améliorer.  Il a, à cet égard,  plaidé pour un plus grand partenariat public-privé pour soutenir les initiatives.  L’Archevêque a estimé cruciale de sensibiliser les populations à l’importance « fondamentale » de cette ressource et au fait que l’accès à l’eau est un droit universel qui doit pouvoir s’exercer sans distinction ni discrimination.

M. BOGUSŁAW WINID (Pologne) a rappelé que son pays était partie à la plupart des principaux traités internationaux sur les cours d’eau, y compris la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Depuis 2005, a-t-il relevé, le juge polonais Stanislaw Pawlak travaille au Tribunal international du droit de la mer, qui joue un «rôle majeur » dans la mise en place d’une architecture globale pour prévenir et résoudre les conflits liés à l’eau.  Le représentant a souligné le lien fondamental entre sécurité et développement reconnu dans la plupart des initiatives de l’ONU traitant des questions liées à l’eau.  En tant que membre du Groupe des amis des océans et des mers, a-t-il poursuivi, la Pologne a vigoureusement soutenu l’objectif 14 du Programme 2030 sur la conservation, la protection et l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines.  « Cet objectif est crucial pour les pays, y compris les petits États insulaires en développement », a-t-il déclaré, avant de souligner l’importance de l’initiative 10x20, lancée cette année, qui contribue à la réalisation de la cible 5 de l’objectif 14 visant à conserver au moins 10% des zones côtières et marines et leur biodiversité d’ici à 2020.  Le représentant s’est dit impatient de poursuivre, dans le contexte de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, les discussions «critiques» sur les problématiques liées à l’eau, plus précisément sur les conséquences des changements climatiques sur la sécurité.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a relevé que l’importance de l’eau pour la vie humaine va bien au-delà de l’approche du débat.  Il a ainsi souligné que la tradition philosophique de l’Inde est pleine de références au caractère central de l’eau pour l’existence.  Si l’eau donne lieu depuis toujours à différentes utilisations, l’accès à l’eau potable est aujourd’hui devenu un problème planétaire, compte tenu de la forte croissance de la population mondiale, des pratiques non durables, mais aussi des changements climatiques qui modifient la disponibilité de cette ressource, a observé le délégué, saluant le rôle actif joué par l’ONU et ses agences spécialisées dans le traitement de ces questions et le développement de la coopération.

Le représentant s’est, à cet égard, félicité que nombre des accords internationaux en matière environnementale, en particulier la Convention sur la biodiversité de 1992 et la Convention sur la lutte contre la désertification de 1994, facilitent la coopération internationale. Il a par ailleurs noté que, si la Convention sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation de 1997 n’a été ratifiée que par un nombre limité d’États Membres, quelque 200 traités bilatéraux ou régionaux ont été signés sur 60 cours d’eau internationaux au cours des 70 dernières années.

Constatant d’autre part l’influence de l’eau sur tous les aspects de la survie humaine, notamment sur la sécurité, voire parfois sur les conflits, il a jugé encourageant que la communauté internationale se montre capable de trouver des approches novatrices sur les questions transfrontalières.  Dans le monde interconnecté actuel, a-t-il conclu, le but commun devrait être de faire de l’eau un facteur de coopération internationale plutôt qu’une question sécuritaire.

Mme JOANNE ADAMSON, Déléguée de l’Union européenne, a déclaré que l’Union européenne considérait que la prévention des tensions et conflits liés à l’accès à l’eau devait passer par la gestion des effets des changements climatiques, de la croissance démographique et du développement économique, des différents usages des ressources hydriques ainsi que des défis transfrontaliers impliquant l’eau.  Elle a ajouté que l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qui est entré en vigueur le 4 novembre dernier, pouvait avoir un impact positif important sur la sécurité liée à l’approvisionnement et à l’usage de l’eau. 

Mme Adamson a en outre souligné que l’Union consacrait, depuis 2007, des sommes considérables dans des projets d’assainissement dans plus de 62 pays à travers le monde.  Elle a précisé que les programmes de développement de l’Union européenne appuyaient les actions de gestion des eaux transfrontalières dans plusieurs bassins où existent des risques potentiels de conflit.  L’accent est également mis sur le lien entre eau, énergie et nourriture en vue d’atténuer les tensions communautaires autour de l’accès à l’eau salubre rare. 

Elle a assuré que les États membres de l’UE étaient pleinement engagés dans la réalisation de l’objectif 6 de développement durable visant à garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et à assurer une gestion durable des ressources en eau.  Ces États contribuent en effet à la coopération transfrontalière en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud.  Réagissant à la note conceptuelle examinée aujourd’hui par le Conseil de sécurité, elle a insisté sur le fait que la « protection de l’eau » était essentielle au développement durable et à la préservation de la paix. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a attiré l’attention sur le cas de la Commission de consolidation de la paix, estimant que sa fonction devait être mieux valorisée.  La Belgique plaide notamment pour que la fonction consultative de cette Commission soit pleinement utilisée par le Conseil, pour les problématiques liées à l’objet de notre débat.  Le représentant a par ailleurs souligné que les missions de maintien de la paix avaient elles aussi un rôle à jouer, affirmant que le mandat de certaines missions, par exemple celle au Mali, contenait des éléments appelant à veiller à l’impact environnemental de ses activités, ce qui s’est traduit par des directives concernant la gestion de l’eau.

Le représentant a ensuite indiqué que l’action de facilitation du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, en vue d’aider les États de la région à moderniser le cadre juridique existant en matière de gestion régionale des cours d’eau transfrontaliers, était certainement porteuse d’enseignements à partager avec d’autres bureaux des Nations Unies, par exemple celui pour l’Afrique de l’ouest et le Sahel.  Après avoir rappelé que l’utilisation intensive des ressources hydriques contribuait à générer des tensions sécuritaires, des flux migratoires, des problèmes sanitaires et une dégradation des rendements agricoles, le représentant a souligné les exemples encourageants de coopération entre les États de la région.  Ces initiatives, notamment dans les bassins des fleuves Gambie et Sénégal, doivent être saluées et soutenues, a-t-il insisté.

Il a ensuite rappelé que la Belgique développait des projets de gestion de l’eau et d’agriculture durable contre la désertification.  La Belgique estime que le danger menaçant la survie même des petits États insulaires en développement doit être reconnu par la communauté internationale, et que le réchauffement climatique doit être combattu.  À cet égard, dès avant l’Accord de Paris et le récent Sommet de Marrakech, l’engagement de la Belgique à lutter contre le réchauffement climatique s’est accompagné d’une contribution financière aux fonds climatiques spécialisés, a affirmé le représentant.  Au cours des deux dernières années, la Belgique a notamment versé 50 millions d’euros au Fonds vert pour le climat qui vise à aider les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et les pays africains.

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a noté que la pénurie d’eau peut conduire à des conflits au sein et entre les pays.  Il a de ce fait appelé au renforcement de la collaboration entre États pour prévenir ces conflits et s’est félicité des efforts consentis à cette fin, saluant ainsi les quelques 200 traités bilatéraux signés dans le cadre de la gestion des ressources en eau.  Le représentant a rappelé que le Nigéria fait partie de l’Autorité du bassin du Niger, une institution qui travaille à un plan de développement intégré dudit bassin, se focalisant notamment sur des projets transfrontaliers.  Il a aussi relevé que le Nigéria, en collaboration avec le Cameroun, le Niger et le Tchad, a établi la Commission du bassin du lac Tchad.  Cet organisme a pour vocation de gérer durablement et équitablement le Lac Tchad et d’autres ressources en eau du bassin.  Il a aussi appelé au renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales dans le domaine de l’eau, s’agissant en particulier du renforcement des capacités de gestion.  Il a conclu en invitant les États Membres à mettre en place des mesures pour une meilleure protection des ressources en eau durant les conflits armés, notamment en réaffirmant l’obligation de respecter le droit international humanitaire. 

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a salué « l’excellent timing » de ce débat qui intervient quelques jours seulement après la clôture de la COP 22 et l’adoption de la Proclamation de Marrakech.  Durant deux semaines, a-t-il rappelé, les États Membres ont eu l’occasion de discuter de la problématique de l’eau, « l’une des ressources naturelles les plus affectées par les changements climatiques ».  À cette occasion, un consensus international a convenu que l’eau et l’assainissement sont essentiels à la réalisation de nombreux objectifs de développement durable.

Le représentant a relevé que la rareté et le stress hydrique dû aux changements climatiques sont la cause de conflits et de souffrances, particulièrement en Afrique.  Selon l’ONU, en effet, 25 pays devraient souffrir de cette pénurie en 2025.  Cette diminution de la ressource se conjugue avec de très fortes inégalités spatiales à toutes les échelles, et les tensions peuvent s’exacerber quand des fleuves ou des rivières constituent des frontières où des États doivent partager la même ressource, a-t-il noté, appelant à faire de l’eau « un facteur de paix » grâce à l’évolution des techniques, à la volonté de préserver la ressource et à l’institution de juridictions internationales.

Pour le Maroc, a souligné le représentant, un autre défi consiste à s’appuyer sur des actions sur le terrain en innovant dans la recherche de solutions techniques.  D’après lui, l’augmentation de l’offre où la ressource est insuffisante peut notamment se traduire par des transferts d’eau sur les grandes distances, même à des coûts élevés.  Il convient donc d’explorer des techniques alternatives comme celles qui visent à préserver la ressource.

Avant de conclure, le délégué a estimé que l’amélioration d’une coopération internationale dans le règlement des tensions et des conflits concernant le partage de l’eau devait passer nécessairement par le renforcement des capacités de dialogues régionaux.  Ces coopérations interétatiques sur l’eau permettraient, selon lui, d’établir un climat de confiance et de jeter les bases de coopérations dans d’autres domaines.  

Mme MAHJABEEN KHALED (Bangladesh) a déclaré que les ressources en eau et les services qu’elles offrent sont essentielles pour la réduction de la pauvreté.  Elle a relevé à son tour qu’un certain nombre de conflits à travers le monde peuvent être liés, directement ou pas, à des situations de pénurie d’eau ou à des catastrophes naturelles relatives à l’eau.  Elle a noté que la coopération entre États du même bassin hydraulique a permis de prévenir, éviter ou diminuer les risques de conflits.  Elle a également relevé que des investissements dans des technologies et des innovations relatives à l’eau, y compris à travers des partenariats internationaux, ont effectivement permis d’atténuer les risques de conflit.  La représentante a également indiqué que l’eau devrait davantage être considérée comme un facteur essentiel de la paix durable et de la consolidation de la paix dans certains contextes.  Elle a ainsi suggéré à la Commission de consolidation de la paix de considérer le rôle de l’eau dans la promotion d’une approche globale de soutien à la paix.

Mme Khaled a ensuite souhaité que « le fardeau de l’eau » que portent les femmes et les enfants à travers le monde leur soit retiré, afin d’ouvrir la voie à leur autonomisation par l’éducation.  L’eau doit faire partie de l’architecture du développement international, avec un accent sur l’objectif 6 de développement durable, lequel demande de garantir l’accès de tous à des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement et d’assurer une gestion durable des ressources en eau.  Elle a rappelé qu’au cours de la COP 22 de Marrakech, le Premier Ministre du Bangladesh avait appelé à la mise sur pied d’un « Fonds sur l’objectif 6 » afin de soutenir, entre autres, la recherche, l’innovation et le transfert des technologies.  Elle a également invité la communauté internationale à accorder la priorité à la protection des infrastructures essentielles de l’eau au cours des conflits armés.  La représentante a expliqué que les Protocoles additionnels de 1977 aux Conventions de Genève devraient offrir des garanties contre ces attaques.  Elle a souhaité que la communauté internationale établisse les responsabilités quand de tels actes étaient posés, notamment à la lumière du Statut de Rome et d’autres dispositions du droit international.  Elle a invité le Groupe de haut niveau sur l’eau à tabler sur cette question.  

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a appelé au renforcement de la coopération transfrontalière afin de restaurer et prévenir la dégradation des écosystèmes hydriques endommagés.  Il a affirmé qu’au cours des deux dernières décennies, la Géorgie a conclu un certain nombre d’accords avec ses voisins dans le cadre de la régulation de la gestion des ressources en eau et pour participer à de nombreux projets régionaux visant à élaborer des politiques de gestion de l’eau écologiquement viables.

Le représentant a indiqué que de nombreux villages situés sur la ligne d’occupation en Géorgie ont souffert de pénurie d’eau depuis l’intervention militaire russe de 2008.  Les forces d’occupation ont coupé l’approvisionnement en eau courante et bloqué les canaux d’irrigation agricole dans la région occupée de Tskhinvali, a-t-il expliqué.  Les autorités géorgiennes ont résolu le problème en construisant des canaux alternatifs et des infrastructures nécessaires.  Avec le soutien de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le pays a également rétabli l’approvisionnement en eau potable et les systèmes d’irrigation dans des villages affectés par les conflits.  Le Gouvernement géorgien a aussi renforcé la résilience dans les régions fortement exposées aux menaces hydrométéorologiques.

M. NICHOLAS EMILIOU (Chypre) a déclaré que les changements climatiques, la croissance démographique mondiale et l’urbanisation ont fortement contribué à la raréfaction des ressources en eau potable.  De plus, les conflits entravent l’accès à l’eau et la bonne gestion des infrastructures d’approvisionnement en eau, a-t-il ajouté, soulignant, en outre, que les efforts actuels pour prendre le contrôle des ressources hydriques risquent d’être source de conflits dans le futur.

En tant que pays entouré d’eau qui a connu la sécheresse et souffert de pénuries d’eau par le passé, Chypre a utilisé avec succès la technologie et l’innovation pour faire face à ces situations, a déclaré le représentant.  Il s’est dit prêt à contribuer à la coopération internationale pour améliorer la gestion de l’eau, en partageant l’expertise acquise par Chypre avec d’autres États.

La pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris aura un impact significatif sur la résolution des problèmes actuels liés à la rareté de l’eau, a-t-il par ailleurs ajouté.  Afin de régler ces questions, le représentant a appelé la communauté internationale à tenter de mieux les comprendre, notamment en intégrant ces problématiques dans la prévention des conflits.  Dans ce cadre, le représentant a ainsi appelé à lancer des études sur les liens existant entre les conflits, l’accès à l’eau  et les violations du droit international humanitaire.  « L’eau peut devenir une source de stabilité et de paix », a enfin déclaré le représentant, à condition que sa gestion fasse l’objet d’une coopération transfrontalière. 

M. CALEB OTTO (Palaos) a rappelé qu’en mars dernier, son pays avait déclaré l’état d’urgence en raison de la sécheresse provoquée par le phénomène climatique El Niño qui a eu des répercussions sur l’ensemble de la population.  À ce titre, M. Otto a développé cinq idées pour faire avancer la réflexion sur la problématique de l’eau, notamment son impact sur la paix et la sécurité.  Il a ainsi appelé à évaluer cet impact, en se fondant sur des informations fiables dont l’actualisation des rapports du Secrétaire général car, a-t-il dit, « l’information est la clef d’une bonne décision ».  Pour M. Otto, il faut considérer l’accès à l’eau comme un droit de l’homme et donc admettre que cette ressource ne « peut, ni ne devrait être privatisée ».  Il a également suggéré un alignement des actions du Conseil de sécurité avec l’Assemblée générale.  Étant conscient de l’impact des changements climatiques sur l’eau, le représentant a appelé, en outre, à la désignation d’un représentant spécial du Secrétaire général chargé des changements climatiques et de la sécurité.  Pour conclure, il a souligné l’urgence de prendre des actions décisives car le délai imparti pour transformer le monde dans le cadre du Programme 2030 est limité.  C’est pourquoi, il a proposé d’agir ensemble, à cette soixante et onzième session, pour élaborer deux résolutions relatives à l’impact de l’eau et des changements climatiques sur la paix et la sécurité qui seront soumises parallèlement à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité.

Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas réussi à empêcher les nouvelles tensions et les nouveaux conflits liés à l’accès aux ressources hydriques.  Rappelant que le lien entre ressources naturelles, développement social et paix avait été établi pour la première fois dans la Déclaration de Stockholm de 1972, elle a noté que les objectifs de développement durable appelaient aujourd’hui « très clairement » les États à permettre l’exercice par tous du droit à l’eau potable et à l’assainissement.  Le respect de ce droit, a estimé la représentante, implique de renforcer la coopération internationale et de nouer des partenariats interétatiques sur la base d’intérêts communs, ce qui, a-t-elle dit, « contribue à la paix et la sécurité internationales ».  La représentante a également souligné la nécessité de gérer durablement les ressources hydriques au profit du plus grand nombre, cette gestion devant être fondée sur l’échange des bonnes pratiques, les projets sur le renforcement de la sécurité hydrique et l’aide à la résilience économique des communautés marginalisées. 

Mme SIMA SAMI BAHOUS (Jordanie) a déclaré que la pénurie d’eau constitue une menace pour la vie humaine, la santé et le développement économique et social.  C’est aussi, a-t-elle ajouté, un motif actuel d’instabilité politique et une source potentielle d’instabilité future, à moins que les États ne soient en mesure de relever collectivement le défi.

S’agissant spécifiquement de la Jordanie, la pénurie des ressources hydriques a des conséquences graves sur la sécurité et la souveraineté, a déclaré la déléguée, ajoutant que la Jordanie est le troisième pays le plus pauvre au monde en termes de ressources en eau potable.  La représentante a ajouté que la crise des réfugiés syriens a profondément appauvri les réserves jordaniennes en eaux potables, qui auraient dues être préservées pour les générations futures.  Cette crise a également appauvri les nappes phréatiques du pays, a-t-elle ajouté, rappelant que la Jordanie accueille le plus grand nombre de réfugiés dans le monde « en chiffre réel ».

En conséquence, la représentante a estimé que les dangers liés à l’amenuisement des ressources hydriques dans le monde, les changements climatiques et les déplacements de population appellent à davantage de coopération technique au niveau international.  Elle a pour cela salué les travaux entrepris par le Groupe mondial de haut niveau sur l’eau et la paix.

Elle a par ailleurs jugé « inacceptable » l’utilisation de l’eau comme arme de guerre, entraînant la dégradation des conditions humanitaires des populations ciblées.  Le problème de l’eau est également lié à une nouvelle crainte, celle de voir des groupes terroristes polluer les sources d’eau, a-t-elle ajouté, appelant la communauté internationale à encourager la coopération entre États pour protéger les ressources hydriques.  

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a déclaré qu’il était temps de se saisir politiquement de la question de l’eau en tant que cause potentielle de conflits, de catastrophes et de son caractère premier pour le développement. Cela est d’autant plus urgent que 90% du continent africain est couvert de 64 bassins fluviaux transfrontières, dont la gestion ne fait l’objet d’aucun accord alors même qu’il y a une reconnaissance de plus en plus grande du besoin de coopération pour la gestion des aquifère transfrontières, a-t-il encore déclaré.

Au plan régional, les pays membres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), dont Djibouti fait partie, ont consacré beaucoup de temps et d’attention à l’élaboration d’une politique régionale et d’un cadre juridique en matière de gestion de ressources hydriques.  En 2015, leurs ministres en charge de l’eau ont manifesté une volonté politique forte pour relever de manière coordonnée et concertée les multiples défis liés à la gestion commune de l’eau.  Ils ont ainsi convenu de promouvoir une coopération plus étroite pour un usage, une protection et une gestion équitables et durables des ressources en eau transfrontières au sein de l’IGAD. 

Ils ont également décidé d’encourager la recherche, le développement technologique et le renforcement des capacités dans la gestion des ressources transfrontières.  Enfin, ils se sont engagés à promouvoir et faciliter la mise en place d’accords et d’arrangements institutionnels pour la gestion des ressources en eau, a expliqué le représentant.  L’IGAD et les Nations Unies ont par ailleurs décidé de développer un cadre de coopération et d’échange de bonnes pratiques, dans le but de prévenir les conflits et de gérer les ressources naturelles, dont l’eau fait partie, a-t-il conclu. 

Mme CAITLIN WILSON (Australie) a rappelé que la crise de l’eau était classée parmi les 10 menaces mondiales les plus importantes par le Forum économique mondial.  Elle s’est dite particulièrement inquiète du risque que les évènements météorologiques extrêmes font peser sur la paix et la sécurité.  À cet égard, la représentante a indiqué que sa délégation considérait la gouvernance de l’eau comme un élément clef de l’adaptation aux changements climatiques, parallèlement à la planification de la croissance démographique et au développement économique.

Elle a relevé que la Déclaration commune du Groupe de haut niveau sur l’eau et la paix, le 21 septembre dernier, appelait à un changement fondamental du regard que le monde porte sur l’eau, grâce à son agenda transformatif qui encourage, notamment, les investissements à l’échelle globale afin d’édifier des économies et des sociétés plus résilientes.  Une politique de gestion efficace de l’eau, a-t-elle fait remarquer, a permis à l’Australie de parvenir à une utilisation efficace de ses faibles ressources en eau et de répondre aux besoins économiques de l’agriculture, de l’industrie et des communautés urbaines tout en garantissant suffisamment d’eau pour l’environnement.

À ce titre, la représentante a indiqué que l’Australie préparait un guide sur l’amélioration de la gestion de l’eau, basé sur sa propre expérience, afin d’aider d’autres pays à mieux répartir leurs ressources en eau, estimant que cela aura des effets positifs sur la production agricole, la santé et le développement économique.  La mise en œuvre de l’objectif 6 du Programme 2030 nécessite également que l’on accorde une attention particulière à l’égalité entre les sexes et à l’intégration sociale, a-t-elle souligné, rappelant que les femmes et les populations vulnérables font face à un risque de violence accru là où les ressources en eau et les services sanitaires ne sont disponibles qu’en-dehors des habitations.

Le Conseil de sécurité en tant que garant de la paix et la sécurité internationales peut jouer un rôle d’avant-garde dans la prévention et la réponse aux conflits issus de la problématique de l’eau, a estimé M. KAI SAUER (Finlande).  Le cri d’alarme poussé aujourd’hui, a-t-il poursuivi, est motivé par une demande en eau qui risque de s’accroître de 50% à l’horizon 2050.  De même, les changements climatiques combinés à la dégradation de l’environnement ne manqueront pas d’accentuer la pression sur les ressources naturelles, en particulier l’eau. Face à cette situation, M. Sauer a dit croire en la médiation, comme un des « moyens les plus efficaces de prévention », et a voulu que l’on s’inspire du guide « Ressources naturelles et conflit: Guide de médiation pratique » publié en 2015 par le Département des affaires politiques de l’ONU et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Un guide, a-t-il dit, qui traduit des décennies d’expériences dans le règlement des conflits liés aux ressources naturelles, notamment à la problématique de l’eau.  Pour le représentant, l’eau peut également servir de point de départ pour la collaboration entre les États.  Il faut pour cela explorer les propositions mutuellement avantageuses, étant donné que près de 40% de la population mondiale vit déjà dans des zones où les ressources en eau sont partagées entre deux à trois pays.  Or, seul un tiers des bassins fluviaux transfrontaliers est couvert par des mécanismes de coopération appropriés.  Il est dès lors de la plus haute importance que le Programme 2030 inclut un nouvel objectif visant la promotion de la coopération dans le domaine des eaux transfrontalières.  Cela nécessite, a-t-il conclu, un « ferme engagement ».

M. DANNY DANON (Israël) a déclaré qu’en dépit des problèmes de sécurité auxquels est confronté son pays, il était parvenu à résoudre « la crise de l’eau ».  Il a ainsi indiqué qu’après des années de pénurie intermittente, Israël pouvait dégager des surplus de ressources hydriques.  Nous avons, a-t-il affirmé, réussi à transformer un pays de marais et de sable en une nation où prolifèrent les start-ups et où le désert fleurit.  Il a assuré que son pays était disposé à partager avec d’autres États les innovations technologiques en matière d’irrigation qui ont transformé Israël.  À cet égard, il a mentionné le récent partenariat associant Israël, l’Italie et le Sénégal et qui, en 2012, a permis de résoudre la crise alimentaire qui sévissait dans ce dernier pays.  M. Danon a également expliqué que la coopération d’Israël dans le domaine de l’eau, notamment depuis la signature de l’Accord de paix avec la Jordanie en 1994, concernait aussi « nos voisins ». 

Israël, a-t-il dit, est prêt à travailler avec l’Autorité palestinienne comme il l’a fait avec l’Afrique et avec la Jordanie pour répondre aux plus urgents des défis hydriques.  Le représentant en a voulu pour preuve la décision prise récemment par les autorités israéliennes de fournir de l’eau à la population palestinienne de Cisjordanie et de Gaza « dans le cadre du Mémorandum d’accord appelé “Red-dead MoU” ».  Il a néanmoins déploré le manque de coopération de la part de l’Autorité palestinienne pour que cet Accord soit pleinement mis en œuvre, au point, a-t-il averti, qu’une grave « crise de l’eau au détriment du peuple palestinien » pourrait avoir lieu dès cet été. 

M. ION JINGA (Roumanie) a déclaré que la question de l’eau doit être vue comme une question transversale, liée aux changements climatiques, à la pauvreté, à l’alimentation, à la santé et à l’énergie.  La Roumanie, qui soutient toutes ces questions au plan international, appuie la résolution présentée par le Tadjikistan devant la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières sur la Décennie internationale d’action pour le développement durable.  La Roumanie salue aussi la Conférence de haut niveau que la Suède et Fidji organisent du 5 au 9 juin 2017 pour soutenir la mise en œuvre de l’objectif 14 du Programme 2030 sur la vie aquatique.  Le représentant a également estimé que le manque de capacités dans la gestion de l’eau peut conduire à de mauvaises perceptions ou à des peurs, qui au final peuvent déstabiliser les relations internationales.  La question du partage de l’eau est une des questions de fond du conflit israélo-palestinien comme le reconnaissent d’ailleurs les Accords d’Oslo, a-t-il déclaré, avant d’encourager la conclusion d’accords de coopération.

Soulignant, par ailleurs, que les Conventions de Genève considèrent l’eau et les installations hydriques comme des infrastructures civiles de base, le représentant a déclaré qu’elles doivent être préservées de toute attaque militaire et placées sous la protection du droit humanitaire international et des droits de l’homme.  Il a enfin brièvement évoqué l’expérience de son pays en matière de coopération et de gestion du bassin du Danube avec les autres pays.  Cette expérience peut être reproduite dans d’autres pays, a-t-il conclu.     

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) s’est dit préoccupé par certaines affirmations figurant dans la note conceptuelle telles que « l’eau a toujours été considérée comme une cause de conflit », arguant du fait qu’il n’existe pas de preuves en ce sens.  L’Argentine veut croire que l’eau est un catalyseur de paix, a souligné le représentant, et c’est sur cette base que doivent reposer les efforts de coopération, de dialogue et d’intégration entre les pays.  L’Argentine soutient le développement du concept de « droit humain à l’eau et à l’assainissement » que chaque État doit assurer à ses citoyens. 

À cet égard, la communauté internationale vient d’adopter le Programme 2030, dont l’un des objectifs vise à « garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau », et de ce fait la question hydrique doit être abordée dans la perspective de l’éradication de la pauvreté et du développement durable, a relevé le délégué.  L’Argentine défend la gestion intégrée de la ressource hydrique, la notion de bassin versant et la nécessité d’une coopération régionale et internationale.

Si le Conseil de sécurité a pour responsabilité essentielle de maintenir la paix et la sécurité internationales, l’Argentine estime qu’il ne doit pas s’engager sur des questions qui dépassent son mandat.  L’Argentine estime surtout qu’on ne saurait lier les questions environnementales aux questions de sécurité, l’eau ne constituant pas en soi une cause de conflit.  Le représentant a insisté sur le fait que la question peut être examinée dans différents organes dont l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), ONU-Habitat, ONU-Eau, le Forum de haut niveau sur le développement durable, les commissions économiques régionales, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et autres agences spécialisés. 

M. EDGAR SISA (Botswana) s’est félicité de la tenue de ce débat, estimant que l’utilisation durable des ressources naturelles est essentielle au développement et au maintien de la paix et de la sécurité internationales, puisque l’eau est une ressource partagée et rare.  En ce sens, le Botswana soutient les initiatives régionales et mondiales en faveur d’un développement durable et résilient.  La rareté de l’eau et sa distribution géographique inéquitable en font une source potentielle de conflit, a souligné M. Sisa.  Il a ajouté qu’il est important que les pays signent des accords bilatéraux et multilatéraux sur les cours d’eau partagés afin de garantir la coopération dans la gestion et le partage de l’eau.  C’est ce qu’ont fait les pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont le Botswana fait partie, a précisé le représentant.  C’est d’autant plus important pour le Botswana qu’il dépend des ressources internationales pour assurer son approvisionnement en eau.

La conservation, la protection, le développement et l’utilisation économique des ressources hydriques devraient être promus pour faire face à la baisse des niveaux d’approvisionnement et à la demande croissante d’eau à usage domestique, agricole, industriel, de navigation et environnemental, a fait remarquer M. Sisa.

M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a fait observer que l’opportunité de débattre de la ressource vitale qu’est l’eau pour les générations présentes et futures au Conseil de sécurité donnait à cette question la priorité politique nécessaire au sein des Nations Unies.  Rappelant que beaucoup prévoient que l’eau motivera les futures guerres, M. Castro Cordoba a estimé que cette ressource peut aussi être une source d’opportunités pour la paix et la prévention des conflits grâce à la coopération et à des synergies stratégiques aux niveaux local, national, régional et mondial.

Si plusieurs conventions internationales visent à protéger les ressources hydriques, a ajouté le représentant, il est néanmoins indispensable d’envisager un instrument international contraignant pour protéger l’eau comme bien stratégique pour la survie de l’espèce humaine et des écosystèmes, de même qu’une architecture institutionnelle adéquate.  M. Castro Cordoba a fait valoir la coopération transfrontalière menée avec les pays voisins et l’expérience de son pays dans la gestion intégrée des ressources hydriques.  Il a souligné la nécessité de mécanismes de gestion et de planification pour protéger les sources d’eau et garantir leur accès aux populations, en particulier la population rurale et les communautés autochtones qui doivent être parties prenantes à la protection de cette ressource afin d’éviter les conflits.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a fait remarquer qu’en dépit des nombreux défis liés à l’accès à l’eau, cette ressource offrait des occasions de coopération à plusieurs niveaux.  Il a, à ce titre, salué les travaux du Groupe de haut niveau sur l’eau, visant à renforcer la coopération internationale et défendant une approche collaborative, inclusive et complète de la gestion de l’eau ainsi qu’une amélioration des services sanitaires.  De même, l’initiative suisso-sénégalaise d’organiser un panel de haut-niveau sur l’eau arrive au moment opportun, a-t-il relevé. Selon lui, l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal illustre aussi clairement comment la planification et la gestion commune d’un bassin de rivière et de son infrastructure peuvent améliorer la coopération régionale et le développement.

S’exprimant sur les problématiques de migration et de climat, le représentant a estimé que la pénurie d’eau et l’insécurité alimentaire étaient connectées à l’instabilité sociale et aux conflits violents potentiels, citant la sécheresse et la pénurie alimentaire en Syrie qui ont, selon lui, « contribué aux troubles ayant propulsé le pays dans la guerre civile ».  À cet égard, il s’est dit heureux de constater que les facteurs liés au climat avaient été reconnus lors du Sommet de l’ONU sur la migration en septembre dernier et a appelé à ce que, à l’avenir, les politiques et les programmes de financement suivent cette tendance.

Le représentant a enfin appelé à l’intensification de l’« hydrodiplomatie » qui doit inclure la sécurité climatique.  Il a rappelé que les Pays-Bas avaient, en mars dernier, organisé un séminaire à Khartoum à l’intention des diplomates des États riverains du bassin du Nil afin de prévenir de futurs conflits.  Mon pays, a-t-il indiqué, est également à l’origine de la « Planetary Security Initiative », une plateforme visant à résoudre les conflits dans le contexte des défis posés par les changements climatiques.

M. LOUAY FALOUH (République arabe syrienne) a déclaré que l’une des priorités que s’est fixée son Gouvernement est l’approvisionnement en eau, qui était réalisé à 99% avant le début du conflit.  Il a blâmé les groupes terroristes et les groupes armés non-terroristes pour les attaques qui ont délibérément pris pour cible les infrastructures, comme à Damas ou à Alep, suite à l’« empoisonnement » des voies d’eau et à la destruction des ressources hydriques.   En outre, a-t-il soutenu, l’imposition de sanctions économiques coercitives par les États-Unis et l’Union européenne ont entravé la bonne marche des projets lancés par la Syrie en coopération avec des partenaires internationaux.  Le Gouvernement syrien s’efforce de mettre en œuvre sa vision stratégique dans le domaine de l’eau, mais pour y parvenir, la levée de ces mesures est indispensable.  Le représentant a par conséquent enjoint les pays qui partagent un cours d’eau à respecter les droits de tous les États riverains.  Il a dénoncé l’exploitation des ressources naturelles, dont l’eau potable, par la puissance occupante dans le Golan syrien, qui fait que seuls les « colons » en profitent.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a indiqué que chaque phase de conflit était liée directement ou indirectement à la question de l’eau, des tensions générées par l’accès à cette ressource vitale ayant toujours existé historiquement, y compris dans le contexte problématique du développement socioéconomique.  Il a ajouté que l’ONU devait continuer de jouer un rôle de médiateur dans les différends liés aux ressources naturelles, comme cela a été souligné à l’occasion du débat que le Conseil de sécurité a tenu le 22 avril 2016 sur le thème de « Eau et paix et sécurité ».  L’ONU doit également renforcer sa capacité institutionnelle pour aider les gouvernements à renforcer leur sécurité hydrique et permettre aux acteurs de la société civile de participer à la gestion des ressources naturelles à tous les niveaux, a déclaré le représentant.  Pour ce qui est du maintien de la paix, il a attiré l’attention sur la nécessité d’améliorer la confiance et la coopération dans le domaine de la gestion transfrontalière de l’eau, en particulier dans les sociétés sortant d’un conflit.

M. CLAUDE STANISLAS BOUAH-KAMON (Côte d’Ivoire) a déclaré que les activités humaines liées à l’utilisation inadéquate ou restrictive de l’eau pouvaient être parfois sources de conflit.  L’histoire, a-t-il dit, montre qu’hélas l’eau a été utilisée à des fins stratégiques, militaires, d’aménagement exclusif et même criminelles.  Parce que le lien entre l’eau, la paix et la sécurité est une question importante, il est déterminant que la communauté internationale et notamment l’ONU, « à travers le Conseil de sécurité », continue d’encourager les États Membres à recourir aux mécanismes et accords en vigueur, a jugé le représentant.  Il a souligné que les États devaient continuer d’être encouragés à intégrer dans leurs législations nationales les instruments juridiques internationaux de prévention et de répression des actes criminels ou des crimes de guerre liés à l’accès ou à l’utilisation de l’eau. 

Le représentant, qui a considéré que la problématique de l’eau devait être prise en compte dans le mandat des opérations de maintien de la paix, a rappelé que dans les pays comme le sien « le stress hydrique est parfois source de tensions et même de conflits ouverts entre les agriculteurs, les éleveurs et les communautés ».  Par conséquent, il a insisté sur l’importance de mieux lutter contre les changements climatiques, cela en facilitant le transfert des technologies pertinentes vers les pays en développement. 

M. DENIS RÉGIS (Haïti) a indiqué que d’ici à 2025 la moitié de la population mondiale résidera dans des régions « sous stress hydrique », comme cela est déjà le cas pour Haïti.  C’est d’autant plus préoccupant, a-t-il ajouté, que l’eau peut être utilisée comme arme de guerre et contribue d’ores et déjà à l’aggravation de nombreux conflits locaux et régionaux.  Dans certains cas, le contrôle des ressources en eau constitue même un enjeu stratégique.  « Dès lors, il y a lieu de craindre que la dialectique de la pénurie d’eau appréhendée et des besoins sans cesse croissants de la population mondiale ne se traduisent par des conflits », a-t-il mis en garde.

Au niveau national, le représentant a souligné la « situation dramatique » d’Haïti, qui a été confrontée ces dernières années à de graves défis liés au manque d’accès à des ressources en eau, ainsi qu’à la carence d’infrastructures d’assainissement adéquates.  En plus de l’exposition aux maladies infectieuses généralement transmises par l’eau, a-t-il rappelé, le pays fait face depuis 2010 à une épidémie de choléra qui a fait plus de 10 000 morts.  Cette situation, a-t-il dit, s’est récemment amplifiée suite au passage de l’ouragan Matthew.

Le représentant a souligné que l’ONU, « après s’être longtemps refusée à admettre l’évidence », vient d’assumer sa « responsabilité morale » dans le déclanchement de cette tragédie sanitaire.  Ce drame, a-t-il dit, a été révélateur des défaillances inattendues que peut connaître une mission de maintien de la paix mandatée par le Conseil, qui a « sans doute trop tardé à adopter les mesures » qui s’imposaient. L’épidémie de choléra a démontré un « déficit d’empathie et de solidarité internationale », a tranché le représentant qui a toutefois salué le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, pour la nouvelle approche visant à venir en aide aux victimes et à doter le pays d’infrastructures d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement.

Au plan international, le représentant a appelé à mettre en place des mécanismes appropriés permettant de minimiser les conséquences des catastrophes naturelles sur les ressources en eau.  Il a en outre appelé au raffermissement des principes du droit international de l’eau, à la prévention et au règlement en amont des conflits liés aux ressources en eau, au renforcement des capacités nationales de gestion durable de l’eau, et à une meilleure protection des ressources hydriques.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a indiqué que la concurrence pour l’eau pouvait résulter en de graves tensions transfrontalières.  Conscient de ce risque, le Gouvernement soudanais a développé ces dernières années une véritable « hydrodiplomatie » au plan régional, comme en témoigne, entre autres, l’Accord de Khartoum entre trois pays du bassin du Nil –l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan-.  La communauté internationale doit continuer de nous aider pour résoudre les conflits au Soudan pour qu’« enfin » toutes les ressources nécessaires soient consacrées au renforcement de cette « hydrodiplomatie » dont les accords et arrangements régionaux doivent bénéficier au plus grand nombre, a plaidé le représentant. 

Il a en outre insisté sur l’importance d’une pleine mise en œuvre du Programme 2030 et voulu que la coopération dans le domaine de la gestion des ressources hydriques soit au centre des relations interétatiques.  L’eau doit devenir un domaine de coopération, ce qui renforcera la diplomatie préventive des conflits, a-t-il dit, estimant qu’à cette fin l’ONU doit assumer un rôle renforcé de médiateur et de facilitateur auprès des acteurs régionaux, en particulier ceux des pays en développement. 

M. AHMED SAREER (Maldives) a exposé les principales difficultés et la vulnérabilité des petits États insulaires en développement (PEID) face aux enjeux de l’eau.  Si de tradition, les besoins en eau ont été comblés par les pluies et les puits, la croissance démographique et les défis de l’urbanisation ont accentué la demande en eau dont une grande partie provient désormais de la désalinisation, a-t-il dit.  Ce procédé est d’autant plus coûteux qu’il est exposé à la pollution et aux déchets, sans compter les coûts inhérents à l’éloignement des atolls des centres de traitement des eaux.  De cette situation, les Maldives ont retenu plusieurs enseignements et d’abord la mise en place d’un mécanisme solide d’approvisionnement en eau.  Les Maldives ont aussi privilégié la coopération internationale et l’échange de pratiques exemplaires, sans oublier la sensibilisation du public à la problématique de l’eau.  Aujourd’hui, a conclu le représentant, c’est une approche intégrée, coordonnée et holistique qui est requise pour relever les défis de notre temps.

M. SIMON MARC-EMMANUEL COLLARD-WEXLER (Canada) a félicité le Sénégal pour le leadership dont il a fait preuve au sein du Groupe de réflexion mixte de haut niveau Nations Unies–Banque mondiale sur la question de l’eau et du Groupe mondial de haut niveau sur l’eau et la paix.  Il a noté que les questions liées à l’eau étaient de plus en plus reconnues comme un défi majeur du XXIsiècle, notamment dans le contexte des changements climatiques.  Le représentant a insisté sur le fait que l’eau était au cœur du développement durable, et parce qu’elle est une ressource vitale pour l’agriculture, l’énergie et la santé, l’eau peut-être une source de conflit et un instrument de guerre.  M. Collard-Wexler a appelé à une gouvernance efficace et inclusive de l’eau pour renforcer la paix.  Il a prévenu que les changements climatiques risquent d’amplifier les tensions et les défis liés à l’eau avant d’appeler les diplomates à promouvoir les accords sur la gestion transfrontalière des ressources en eau.  Il les a aussi exhortés à tout mettre en œuvre pour que la question de l’eau ne puisse être utilisée comme un instrument de guerre.  Il a incité les États à collaborer avec le CICR pour, d’une part, prévenir les conséquences humanitaires d’une mauvaise gestion de l’eau et, d’autre part, intégrer la question de l’eau dans les initiatives de rétablissement de la paix et de médiation. 

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a affirmé que, du fait des disparités entre les ressources disponibles en eau et les besoins, les pénuries d’eau pourraient toucher la moitié de la population mondiale d’ici à 2050.  L’Asie est l’illustration de ce phénomène, avec 61% de la population mondiale et seulement 36% des ressources en eau.  L’Asie est désormais le continent le plus aride si l’on rapporte les chiffres au nombre d’habitants.  La représentante a souligné que l’eau pouvait également jouer un rôle de catalyseur pour favoriser la coopération transfrontière qui est une bonne manière de répondre aux défis liés à l’eau, en ce qu’elle favorise la prospérité économique et la résilience, rétablit la confiance et renforce la sécurité. 

Le Viet Nam appelle le Conseil de sécurité à jouer un rôle actif dans la prévention des conflits liés à l’eau ainsi que dans le respect du droit international et des structures qui favorisent la protection de l’eau et des infrastructures hydrauliques, en particulier la Convention des Nations Unies sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation de 1997.  Le Viet Nam estime aussi que les pays développés doivent soutenir les pays en développement par le transfert de technologie, le renforcement des capacités en gestion des ressources en eau et la solution aux conséquences des changements climatiques.  À cet égard, le Viet Nam soutient la gouvernance mondiale de l’eau, a ajouté le représentant, indiquant notamment que son pays attend avec intérêt le Sommet de l’eau qui doit se tenir à Budapest, ce mois-ci.

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) s’est félicité que la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, manifeste un intérêt croissant pour la protection des ressources naturelles dans le cadre de la prévention et du règlement  des conflits ainsi que du maintien de la paix.  Constatant que les attaques contre des installations liées à l’eau et le manque d’accès à cette ressource sont régulièrement utilisés comme des « méthodes de guerre », il a rappelé que le droit international humanitaire interdit de telles pratiques et reconnaît le droit à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit de l’homme.

Soulignant la nécessité d’une mise en œuvre par tous du droit international applicable à la protection de l’environnement dans les zones affectées par des conflits armés, le représentant a indiqué que « l’agression » à laquelle continue de se livrer l’Arménie à l’encontre de l’Azerbaïdjan a, outre son coût humain, des effets dévastateurs sur l’environnement, avec notamment une pollution des ressources hydriques.  Le délégué a accusé les Forces armées arméniennes de provoquer sciemment de graves dommages environnementaux en Azerbaïdjan et de priver ainsi d’eau des centaines de milliers de personnes.  De plus, a-t-il renchéri, le réservoir de Sarsang, qui fournissait de l’eau potable à plus de 500 000 personnes dans le Haut et le Bas-Karabakh, se trouve depuis 1993 en territoire occupé.  Il a ajouté que l’état technique du barrage de Sarsang constituait aujourd’hui une menace pour 400 000 Azerbaïdjanais vivant en aval. 

Face à ce que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a qualifié en janvier dernier d’ « agression environnementale », appelant au retrait de la force occupante et à l’arrêt de l’utilisation des ressources en eau comme moyens de pression, le délégué a plaidé pour que la responsabilité de l’Arménie soit reconnue et qu’il soit mis fin à son impunité.  « Il ne peut y avoir de paix durable si l’environnement qui permet la vie est détruit, pollué et exploité de manière barbare », a-t-il martelé, jugeant fondamental que la communauté internationale coopère dans la lutte contre les crimes environnementaux et l’exploitation illégale des ressources naturelles.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a estimé que la mise en œuvre du Programme 2030 était essentielle pour garantir l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement, et améliorer la qualité de l’eau tout en protégeant les écosystèmes.  Il a rappelé qu’à l’heure actuelle les ressources en eau limitées, inégalement réparties et mal gérées, subissaient la pression croissante de divers secteurs, sans oublier que les changements climatiques augmentent la fréquence des événements hydrologiques extrêmes comme les inondations et les sécheresses.  Le représentant a prévenu qu’à la prochaine décennie, plus de la moitié de la population mondiale pourrait être exposée à une pénurie d’eau et donc être totalement dépendante de ressources en eau transfrontalières. 

Bien que l’eau soit parfois considérée comme source de tension, historiquement, a-t-il assuré, les pays ont plutôt tendance à coopérer.  La Turquie, a-t-il affirmé, soutient l’utilisation efficace, raisonnable et équitable des ressources en eau transfrontalières grâce à la coopération entre pays riverains.  Notant que chaque cours d’eau transfrontalier avait ses caractéristiques et reflétait des aspects historiques, sociaux et économiques propres à chaque région, le représentant a dit privilégier l’approche bilatérale axée sur les intérêts des riverains.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a noté qu’en raison des changements climatiques, de la multiplication des catastrophes naturelles, de l’augmentation de la population mondiale, des pénuries alimentaires et des différends sur l’eau, les questions liées à la propriété et à l’utilisation de la ressource hydrique devraient gagner en importance.  Il n’en reste pas moins que l’eau n’est pas nécessairement une source de conflit si elle est gérée avec prudence, a fait valoir le délégué.  Il a en outre estimé que les trois accords jalons signés l’an dernier, à savoir le Programme 2030, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques, auraient pour effet de réduire les risques de conflit liés à l’eau.

Le représentant a indiqué que son pays était en accord avec la Note conceptuelle qui condamne toutes les parties à un conflit qui s’en prendraient aux réservoirs d’eau ou aux infrastructures afférentes.  Pour l’Indonésie, a-t-il insisté, l’utilisation de l’eau comme instrument de guerre est répréhensible et inacceptable.  On ne peut, a-t-il insisté, accepter que des installations aussi essentielles pour la population civile soient prises pour cibles, volontairement ou non.  À cet égard, a-t-il dit, il est du ressort du Conseil de sécurité de faire appliquer clairement le droit international humanitaire.

Précisant que l’Indonésie a fait de l’eau, de l’alimentation, de l’énergie et des ressources maritimes les priorités de son Plan de développement 2015-2019, le délégué a indiqué que son pays serait heureux de partager son expertise sur la gestion des ressources hydriques avec d’autres pays.  Il a conclu son propos en souhaitant que les agences spécialisées des Nations Unies, et en particulier ONU-Eau, jouent un rôle plus significatif pour aider les pays en développement à faire face aux questions multiples liées à l’eau.  

M. LEULSEGED TADESSE (Éthiopie) a considéré que l’utilisation des ressources hydriques partagées n’est pas nécessairement vectrice de conflits, et qu’« aucun pays ne s’est lancé dans une guerre spécifiquement pour obtenir un accès à l’eau ».  Pour sa délégation, l’eau peut aussi donner lieu à des exemples concluants de coopération interétatique.  Fort de cette conviction, son pays a pris part à l’Initiative pour le bassin du Nil et à l’Accord-cadre sur la coopération négociés il y a plus d’une décennie et désormais signé par six États riverains et ratifié par trois d’entre eux.  « Une fois que les trois autres l’auront ratifié à leur tour, une Commission permanente du bassin sera établie », a expliqué M. Tadesse.  Ce type de mécanismes régionaux est en effet déterminant non seulement pour réduire le nombre de conflits potentiels, mais aussi pour faire en sorte que les ressources en eau transfrontalières soient équitablement réparties entre États riverains sur la base d’une coopération « où tout le monde trouve son compte ».  Le représentant a jugé que les échanges au sujet de la sécurité de l’eau sont dominés par une « rhétorique incendiaire », cherchant inutilement à politiser la question et s’écartant d’un dialogue constructif.

Après avoir blâmé les changements climatiques pour la raréfaction des ressources en eau, M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a vanté les mérites de la coopération entre États dans un contexte d’interdépendance accrue, à l’appui de la mise en œuvre du Programme 2030.  Les États Membres devraient être encouragés à prendre part à des initiatives conjointes en vue de rétablir l’équilibre en faveur de la coopération, a ajouté le représentant, qui a toutefois souligné l’importance de tenir compte du contexte spécifique à chaque projet et à chaque région.  Il a assuré en conclusion que son pays était engagé dans de tels projets à l’échelle régionale et sous-régionale. 

Le représentant n’a pas manqué de rejeter les propos de son homologue de l’Azerbaïdjan, convenant toutefois que le réservoir d’eau de Sarsang est bel et bien situé dans le Haut-Karabakh où il joue un rôle important auprès de la population.  Il a assuré que les autorités locales ont toujours proposé à l’Azerbaïdjan des mesures équitables de partage des ressources hydriques.

M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a déclaré qu’alors que la communauté internationale reconnait le lien fondamental entre l’eau et le développement, elle ne reconnait pas encore celui entre l’eau et le pilier paix et sécurité des Nations Unies.  La Suisse considère que ce lien doit être davantage approfondi, d’autant que la compétition pour l’accès à l’eau peut causer ou alimenter des conflits, que les changements climatiques exacerbent les défis liés à l’eau ou encore que la privatisation de l’approvisionnement en eau est aussi devenue un instrument de guerre, a-t-il expliqué.  Il s’est alors félicité des efforts déployés aux niveaux régional et global pour renforcer ce lien, notamment la résolution « Eau et paix et sécurité » actuellement négociée au sein des instances de l’Organisation internationale de la Francophone (OIF) sur proposition du Sénégal et de la Suisse.  Il a aussi cité la manifestation de haut niveau qui s’est tenue en marge de l’ouverture de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale et qui a permis de mieux faire connaître le Groupe mondial de haut niveau sur l’eau et la paix.  Genève héberge aussi plusieurs acteurs travaillant activement sur le lien entre l’eau et la paix, notamment le Pôle de Genève et le Groupe des amis de ce pôle, qui lui fournissent d’importantes contributions.  Dans ce contexte, la Suisse estime que la question « eau et paix et sécurité » doit être inscrite à l’agenda politique des Nations Unies, car, a-t-il conclu, il est de l’intérêt du Conseil de sécurité de se pencher sur cette question de façon préventive.    

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