Le Conseil de sécurité se dit déterminé à resserrer davantage son partenariat stratégique avec l’Union africaine en matière de maintien de la paix
À l’issue d’un débat présidé par le Ministre des affaires étrangères du Sénégal, M. Mankeur Ndiaye, le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, réaffirmé, par la résolution 2320 (2016) adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, sa détermination à resserrer encore les relations entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité.
Le Conseil de sécurité insiste également sur la nécessité de rendre « plus prévisible, durable et souple » le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par lui en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. La Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour ont toutes deux été déployées en 2007.
La résolution 2320 (2016), qui réaffirme qu’il incombe aux organisations régionales de mobiliser les ressources humaines, financières, et logistiques dont elles ont besoin, prend note de l’engagement de l’Union africaine de « financer 25% du coût des opérations de soutien à la paix qu’elle mène d’ici à 2020 ». Aux termes de la résolution, l’organisation régionale est invitée à lui présenter, dans un délai de six mois, un compte rendu détaillé « sur la définition des opérations africaines de soutien à la paix autorisées par le Conseil ».
De son côté, le Secrétaire général est prié de continuer à travailler en étroite collaboration avec l’Union africaine afin d’affiner les options pour la poursuite de la coopération avec l’ONU, notamment en ce qui concerne « la planification conjointe et la procédure d’établissement du mandat des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine ». Il devra, également dans un délai de six mois, présenter au Conseil de sécurité un rapport détaillé à ce sujet.
Tout en ayant voté en faveur de la résolution, la Fédération de Russie et l’Égypte ont regretté l’absence de référence aux principes fondamentaux du maintien de la paix, le représentant russe se demandant « si cette omission ne cachait pas l’intention de déployer des opérations sans le consentement des pays hôtes ». De manière plus générale, les deux délégations ont regretté que les coauteurs du texte –Sénégal et États-Unis– n’aient pas accordé suffisamment de temps aux consultations pour permettre aux autres membres du Conseil de contribuer à la rédaction du texte. Les propositions d’amendement faites par ces derniers n’ont pas été retenues, ont-elles soutenu.
L’Observateur permanent de l’Union africaine, M. Téte António, avait encouragé les membres du Conseil de sécurité à appuyer cette résolution. « L’expérience montre que le manque de soutien financier aux missions de l’Union africaine a des conséquences sur leurs chances de succès, puisque cette organisation se voit contrainte de transférer prématurément ses tâches à des missions de l’ONU », a-t-il précisé.
Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. El-Ghassim Wane, a rappelé que 9 des 16 opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont déployées en Afrique et qu’elles concentrent 83% des effectifs en uniforme en tenue et 86% des ressources financières approuvées pour l’ensemble des missions en cours. En outre, au 20 juillet dernier, a-t-il précisé, les États africains représentaient 20 des 30 premiers pays contributeurs de troupes, et presque 50% de tous les Casques bleus sont mis à disposition par des États africains.
Dans un tel contexte, il est temps pour l’ONU et l’Union africaine d’évoluer vers un partenariat stratégique « plus structuré, systématique et prévisible », a rappelé le Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l’Union africaine, M. Haile Menkerios. « On ne devrait pas avoir à réinventer la roue à chaque nouveau conflit sur le continent », a-t-il ajouté, en recommandant d’établir des procédures et mécanismes communs.
« Au moment où l’Union africaine assume plus de responsabilités en matière de paix et de sécurité sur le continent, il est préoccupant de constater que l’absence de financement prévisible et durable obère le potentiel de cette institution », a déploré le Ministre des affaires étrangères du Sénégal, M. Mankeur Ndiaye, en faisant référence à la Mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Guinée-Bissau.
« Les ressources limitées du Fonds de l’Union africaine pour la paix ont été prises de vitesse par les besoins, empêchant l’Union africaine de répondre aux priorités du continent », a plaidé M. Donald Kaberuka, le Haut-Représentant de cet organisme financier. C’est dans ce contexte qu’il a annoncé la mise en place d’une « facilité de réserve pour les crises », pour permettre de répondre à des situations d’urgence.
L’Union européenne a, par la voix du Chef de sa délégation, M. João Vale De Almeida, annoncé son intention de se réengager auprès des opérations de paix sous conduite africaine lors du prochain Sommet Union européenne-Afrique, qui aura lieu en Côte d’Ivoire en 2017. Il a rappelé que l’Union européenne avait déjà débloqué 50 millions d’euros en août dernier, au profit de la Force multinationale mixte contre le groupe terroriste Boko Haram, et 178 millions d’euros au mois de septembre pour l’AMISOM. En outre, a-t-il précisé, 2 milliards d’euros ont été versés par l’Union européenne à l’Union africaine, par l’intermédiaire de la Facilité africaine de paix (FAP).
COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET L’UNION AFRICAINE EN FAVEUR DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ
Rapport du Secrétaire général sur le renforcement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les activités du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (S/2016/780)
Lettres identiques datées du 22 septembre 2016, adressées au Président de l’Assemblée générale et au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2016/809)
Lettre datée du 10 novembre 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Sénégal auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/966)
Texte du projet de résolution S/2016/977
Le Conseil de sécurité,
Rappelant qu’il tient de la Charte des Nations Unies la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,
Rappelant également le Chapitre VIII de la Charte,
Considérant que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales en matière de maintien de la paix et de la sécurité, telle qu’elle est prévue au Chapitre VIII de la Charte, peut améliorer la sécurité collective,
Rappelant toutes ses résolutions antérieures et les déclarations de son président, où est soulignée l’importance d’établir dans le respect de la Charte des partenariats efficaces entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine,
Soulignant l’importance de la collaboration entre organisations pour ce qui est de régler les problèmes de sécurité complexes auxquels la communauté internationale fait face aujourd’hui;
Réaffirmant qu’il est déterminé à ce que les buts et principes consacrés dans la Charte, y compris les principes de l’indépendance politique, de l’égalité souveraine et de l’intégrité territoriale de tous les États, qu’il respecte et auxquels il est attaché, soient observés dans toutes les activités de maintien de la paix, et que les États doivent s’acquitter des obligations que leur fait le droit international,
Résolu à renforcer le rôle central de l’Organisation des Nations Unies en matière de maintien de la paix et à veiller au bon fonctionnement du système de sécurité collective mis en place par la Charte,
Soulignant qu’il est utile d’établir des partenariats efficaces entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales de façon à permettre une intervention rapide en cas de différend ou de crise naissante et à renforcer le rôle de l’Organisation dans la prévention des conflits, et soulignant en outre que la coordination des efforts au niveau régional peut contribuer à l’élaboration d’une stratégie globale propre à garantir que les activités de maintien de la paix permettent d’écarter efficacement les menaces contre la paix et la sécurité internationales,
Saluant les progrès faits dans le cadre du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine et soulignant que ce dernier devrait continuer à évoluer jusqu’à devenir un partenariat systématique et stratégique adapté aux problèmes de sécurité complexes auxquels fait face le continent africain,
Se félicitant du partenariat que l’Organisation des Nations Unies a noué avec l’Union africaine dans le domaine du maintien de la paix, notamment de l’appui que l’Organisation apporte aux efforts que fait l’Union africaine pour arrêter des politiques, des directives et des programmes de formation, en particulier dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité, de la reconstruction après les conflits, de la contribution des femmes à la paix et à la sécurité et de la protection des civils, notamment des enfants, de la prévention de la violence sexuelle et sexiste durant les conflits armés et dans les situations d’après conflit et de l’action menée pour y faire face, accueillant avec satisfaction le cadre de coopération entre la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit et l’Union africaine, signé le 31 janvier 2014, et demandant qu’il soit appliqué,
Saluant les travaux entrepris par Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine pour renforcer le partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine,
Reconnaissant le rôle important que joue l’Union africaine dans la prévention et le règlement des conflits sur le continent africain, ainsi que dans les activités de médiation, et soutenant les efforts qu’elle continue de déployer conformément au Chapitre VIII de la Charte pour dissiper les menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales en Afrique,
Rappelant qu’en janvier 2015, à l’occasion de sa vingt-quatrième session ordinaire, la Conférence de l’Union africaine s’est engagée à financer 25 % du coût total de ses initiatives en matière de paix et de sécurité, y compris les opérations de soutien à la paix, ces dépenses devant être étalées sur une période de cinq ans, comme réaffirmé à la vingt-cinquième session ordinaire de la Conférence, tenue à Johannesburg en juillet 2015,
Réaffirmant qu’il importe de mobiliser des ressources provenant du continent africain afin de financer les activités que l’Union africaine mène en faveur de la paix et de la sécurité. Encourageant les États membres de l’Union africaine à promouvoir la recherche de moyens pratiques et consensuels d’appliquer la décision concernant le Fonds africain pour la paix que la Conférence de l’Union africaine a prise et qu’elle a approuvée à sa 27e session ordinaire tenue à Kigali en juillet 2016,
Rappelant également le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies ainsi que celui du Secrétaire général y donnant suite intitulé « L’avenir des opérations de paix des Nations Unies : application des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix », notamment ce qui concerne le partenariat stratégique avec l’Union africaine, et soulignant à cet égard que ledit partenariat devrait être fondé sur des consultations entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union s’agissant de leurs processus de décision respectifs et sur la mise au point de stratégies communes permettant de répondre de façon globale à un conflit, le cas échéant, en fonction des avantages comparatifs de chacune des deux organisations et en appliquant les principes de partage des obligations, de concertation dans la prise de décision, de la réalisation d’analyses conjointes et de la conduite de missions de planification et de visites d’évaluation conjointes, pour faire face aux problèmes de sécurité en Afrique qui concernent les deux organisations, conformément à la Charte des Nations Unies, notamment à son Chapitre VIII et à ses buts et principes, ainsi que pour déterminer les besoins des opérations régionales de soutien à la paix,
Accueillant favorablement la lettre que le Président du Conseil exécutif de l’Union africaine, le Ministre tchadien des affaires étrangères, a adressée à son président et la demande qu’il a faite d’engager des discussions, comme il est demandé dans la décision AU/Dec.605 (XXVII), sur le financement des opérations de paix dirigées par l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité au moyen des contributions statutaires des États Membres de l’Organisation des Nations Unies,
Prenant note du rapport du Haut-Représentant de l’Union africaine chargé du Fonds africain pour la paix et des propositions de celui-ci concernant le processus de prise de décision visant à obtenir le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine au moyen des contributions statutaires des États Membres de l’Organisation des Nations Unies, ces éléments constituant une bonne base pour l’examen du financement durable de chacune de ces opérations, au cas par cas,
1. Réaffirme sa détermination à prendre des mesures efficaces pour resserrer encore les relations entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies;
2. Note qu’un appui accru est nécessaire pour renforcer les opérations de paix de l’Union africaine et encourage à cette fin la poursuite du dialogue entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine; et prend note avec intérêt du rapport de septembre 2016 sur l’examen conjoint effectué par l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les mécanismes disponibles permettant de financer et d’appuyer les opérations de paix de l’Union africaine autorisées par lui;
3. Insiste sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement des opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par lui en vertu de l’autorité qu’il tient du Chapitre VIII de la Charte;
4. Réaffirme qu’il incombe aux organisations régionales de mobiliser les ressources humaines, financières, logistiques et autres dont elles ont besoin, y compris en sollicitant des contributions auprès de leurs membres et l’appui de leurs partenaires, et constate avec satisfaction à cet égard que lesdits partenaires fournissent une aide financière précieuse, et félicite l’Union africaine des efforts constants qu’elle fait pour être autonome et financer ses activités grâce à des ressources africaines, d’une façon qui satisfasse aux obligations internationales applicables;
5. Se félicite de la décision de la Conférence de l’Union africaine [AU/Dec.605 (XXVII)], qui a été adoptée à la vingt-septième session ordinaire de la Conférence tenue à Kigali en juillet 2016, et qui a réaffirmé une décision antérieure de la Conférence, adoptée à la vingt-cinquième session ordinaire et relative au financement, à hauteur de 25 %, des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine, les dépenses devant être étalées sur une période de cinq ans;
6. Encourage l’Union africaine à mettre la dernière main aux dispositifs de déontologie et de discipline qui s’appliqueront à ses opérations de soutien à la paix de manière à améliorer l’application du principe de responsabilité, la transparence et le respect des dispositions applicables du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire ainsi que des normes de déontologie et de discipline de l’Organisation des Nations Unies, et souligne que ces engagements sont importants et que lui-même se doit de superviser les opérations qu’il a autorisées en vertu de l’autorité qu’il tient du Chapitre VIII de la Charte;
7. Est disposé à examiner, en vue de les autoriser et de les appuyer, les propositions que l’Union africaine fera concernant les opérations africaines de soutien à la paix qu’il aura autorisées et qui seront menées en vertu de l’autorité qu’il tient Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, notamment les propositions portant sur le financement et l’application du principe de responsabilité, et à cet égard invite l’Union africaine à lui présenter, dans un délai de six mois à compter de l’adoption de la présente résolution, un compte rendu détaillé sur la définition des opérations de paix concernées, sur le déroulement, les objectifs de référence et les échéances fixés pour la mise en œuvre du Fonds africain pour la paix dans le respect des obligations internationales applicables, et sur les principes de responsabilité et de transparence et les dispositifs de contrôle du respect des normes auxquels seront soumises les opérations de soutien à la paix de l’Union africaine;
8. Prie le Secrétaire général de continuer à travailler en étroite collaboration avec l’Union africaine afin d’affiner les options pour la poursuite de la coopération sur les propositions de l’Union africaine concernées, notamment en ce qui concerne la planification conjointe et la procédure d’établissement du mandat des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine, sous réserve d’autorisation délivrée par lui, et de lui présenter un rapport détaillé dans un délai de six mois à compter de l’adoption de la présente résolution;
9. Prend note de l’engagement pris par l’Union africaine de financer 25 % du coût des opérations de soutien à la paix qu’elle mène d’ici à 2020, insiste sur la nécessité d’une collaboration précoce et régulière entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les menaces nouvelles et persistantes en Afrique, souligne qu’il est essentiel que l’analyse et la planification se fassent de manière concertée avec l’Organisation des Nations Unies afin que les deux organisations élaborent des recommandations communes sur l’ampleur des éventuelles opérations de soutien à la paix et sur les implications de ces dernières en termes de ressources, qu’il est essentiel d’évaluer l’action menée et d’effectuer des missions le cas échéant, ainsi que de faire régulièrement rapport sur ces mesures lorsqu’elles existent, et souligne également qu’il importe de respecter rigoureusement les dispositifs et politiques des deux organisations en matière de respect des droits de l’homme, de déontologie et de discipline, et encourage la poursuite du dialogue en vue de mettre en place ces mécanismes;
10. Est conscient également de l’importance du rôle des bons offices du Secrétaire général en Afrique et engage le Secrétaire général à continuer de recourir à la médiation aussi souvent que possible pour aider à régler les conflits de manière pacifique, en travaillant en étroite coordination avec l’Union africaine et d’autres organisations sous-régionales à cet égard, selon que de besoin;
11. Se félicite du rapport du Secrétaire général sur le renforcement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité (S/2016/780) et prend note de la décision de procéder à une analyse de la coopération ONU-Union africaine, ainsi que de la structure et de la dotation en ressources du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine, afin de lui permettre de répondre à l’évolution des exigences du partenariat, et prie le Secrétaire général de lui rendre compte de cette analyse lorsqu’elle aura été menée à bien;
12. Décide de rester saisi de la question.
Déclarations
M. EL-GHASSIM WANE, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a expliqué que la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine n’était pas nouvelle et qu’elle avait pris la forme d’un partenariat stratégique. « Toutefois, un partenariat plus vigoureux fondé sur une interprétation innovante et tournée vers l’avenir du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies reste à concrétiser », a-t-il souligné. Au cœur de ce partenariat stratégique, figure la relation entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui a progressivement été renforcé. Le Secrétariat de l’ONU et la Commission de l’Union africaine ont également renforcé leur coopération, au niveau stratégique, dans le cadre de l’Équipe spéciale conjointe chargée des questions de paix et de sécurité et, au niveau technique, à travers une série de réunions. Le Sous-Secrétaire général a annoncé que, plus tard au cours de ce mois, les experts du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine effectueraient une visite du Secrétariat, à l’invitation du Conseil de sécurité de l’ONU.
M. Wane a ensuite abordé le volet opérationnel du partenariat UA-ONU, marqué par des progrès considérables au cours de la décennie écoulée, en particulier dans le domaine du maintien de la paix sur le continent africain. Il a ainsi cité l’exemple des transitions réussies entre les premières réponses apportées par l’Union africaine à des conflits, comme ce fut le cas au Mali et en République centrafricaine, et les opérations de paix des Nations Unies finalement déployées dans ces pays. De plus, au Darfour, une opération hybride Union africaine-Nations Unies, la MINUAD, est actuellement déployée tandis que l’ONU apporte un soutien logistique à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).
En septembre dernier, a rappelé M. Wane, un rapport de l’Examen conjoint Union africaine-ONU sur les mécanismes de financement et de soutien aux opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité a formulé un certain nombre de recommandations. Deux de ces recommandations visent la nécessité pour les Nations Unies de s’adapter à la complexité nouvelle des défis qui se posent aujourd’hui sur le plan sécuritaire. Le Sous-Secrétaire général a rappelé que 9 des 16 opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont déployées en Afrique et qu’elles concentrent 83% des personnels en tenue et 86% des ressources financières approuvées pour l’ensemble des opérations en cours. En outre, au 20 juillet dernier, les États africains représentaient 20 des 30 premiers pays contributeurs de troupes, et presque 50% de tous les Casques bleus sont mis à disposition par des nations africaines. Enfin, au cours des 10 dernières années, le Conseil de sécurité a consacré davantage de séances à l’examen de questions africaines qu’à n’importe quelle autre situation figurant à son ordre du jour.
Les conflits qui font rage sur le continent africain sont caractérisés par une complexité croissante, a poursuivi M. Wane, en citant le rapport de l’Examen conjoint, qui souligne à quel point il est donc devenu important de renforcer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine sur le plan opérationnel, en visant un maximum d’efficacité. Pour y parvenir, il faut se montrer innovant, en gardant à l’esprit qu’il n’y a pas d’autre alternative, a insisté le haut fonctionnaire. C’est pourquoi, il a encouragé les membres du Conseil à un débat fructueux, dont le partenariat stratégique avec l’Union européenne ressort revitalisé.
M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a souligné qu’un partenariat efficace entre l’ONU et l’Union africaine était de la plus grande importance stratégique pour la sécurité collective. L’Union africaine et les organisations sous-régionales ont démontré un avantage comparatif évident dans deux types de situation, a-t-il indiqué. La première situation concerne le déploiement d’opérations offensives lorsque l’ONU est dans l’incapacité de déployer ses forces dans un délai rapide, tandis que la seconde survient lorsque le Conseil ne parvient pas à forger le consensus politique nécessaire pour agir.
Il a déclaré que, si l’Union africaine avait un mandat, l’expérience et la volonté politique de déployer rapidement des missions, elle n’a pas cependant les moyens nécessaires pour garantir leur caractère durable. Il a rappelé que les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine se sont engagés en 2015 à financer à hauteur de 25% le coût des missions de paix dirigées par l’Union africaine. L’Union africaine a toujours plaidé pour un financement durable et prévisible, par le biais de contributions mises en recouvrement de l’ONU, des opérations de paix que l’ONU ne peut accomplir mais qui sont cruciales pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales. En déployant ces missions, l’Union africaine agit au nom du Conseil de sécurité, a-t-il relevé.
Le financement de ces opérations, a-t-il noté, n’est pour l’heure ni prévisible ni durable, en prenant l’exemple de l’AMISOM. C’est dans ce sens qu’il a appuyé la recommandation faite par le Groupe indépendant de haut niveau pour que des contributions mises en recouvrement de l’ONU financent, au cas par cas, des opérations de l’Union africaine mandatées par le Conseil. Ceci permettrait de garantir un financement pérenne et prévisible, a-t-il argué, en soulignant la nécessité de fournir l’appui adéquat à ces opérations pour qu’elles s’acquittent de leur mandat. Le délégué a relevé que cet apport de contributions mises en recouvrement de l’ONU ne constituait pas une nouvelle proposition puisque l’AMISOM en a bénéficié, « bien que de manière ad hoc et partielle ».
M. António a souligné la nécessité de passer d’arrangements financiers ad hoc à un partenariat axé sur une plus grande prévisibilité, une reddition de comptes réciproque et sur les compétences respectives des deux Organisations. Le rapport Kaberuka est un bon point de départ pour une évolution du partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine dans le domaine du maintien de la paix, a-t-il soutenu. Reconnaissant les efforts qu’il reste à consentir pour parvenir à un tel objectif, M. António a souhaité que les deux organisations établissent rapidement un processus commun en vue d’aboutir à un financement prévisible des opérations dirigées par l’Union africaine en 2017.
Il a ensuite encouragé les membres du Conseil à appuyer le projet de résolution à l’examen, en rappelant à ceux qui auraient des réserves que ce sujet est inscrit à l’ordre du jour de l’Union africaine depuis 2007. L’expérience montre que le manque de soutien financier pour les missions de l’Union africaine a des conséquences sur le succès de ces missions et des missions ultérieurement déployées, puisque l’Union africaine se voit contrainte de transmettre prématurément ses tâches à des missions de l’ONU, a-t-il fait remarquer. M. António a estimé qu’une plus grande prévisibilité permettrait à l’Union africaine d’œuvrer pleinement à la stabilisation d’une situation avant le déploiement d’une mission de l’ONU, bénéficiant, ce faisant, tant à l’Union africaine et à l’ONU qu’à la sécurité internationale. Il est vital que nous œuvrions ensemble pour mettre en place l’architecture nécessaire pour faire face aux défis substantiels qui sont les nôtres aujourd’hui, a estimé M. António avant de conclure.
Au nom du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA), M. HAILE MENKERIOS, Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l’Union africaine, a salué l’amélioration de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine au cours des dernières années, en citant notamment les efforts coordonnés des deux organisations pour intervenir au Soudan et au Soudan du Sud, mais également leurs initiatives conjointes de médiation au Burundi. M. Menkerios a en outre réaffirmé le soutien de l’ONU en faveur des opérations d’appui à la paix mandatées par l’Union africaine, avec l’autorisation du Conseil de sécurité.
Le Représentant spécial a toutefois estimé qu’il était temps pour l’ONU et l’Union africaine d’évoluer vers un partenariat stratégique « plus structuré, systématique et prévisible ». « On ne devrait pas avoir à réinventer la roue à chaque nouveau conflit sur le continent », a-t-il dit, en recommandant d’établir des procédures et mécanismes communs pour faire face à ces crises internationales.
Par ailleurs, M. Menkerios a salué les décisions prises par l’Union africaine à Kigali en juillet dernier, concernant le financement de l’organisation et du Fonds africain pour la paix. Ces décisions, a-t-il dit, devraient permettre à l’Union africaine de financer une part plus importante de ses initiatives de médiation et de prévention des conflits. Pour accompagner ces changements, le Représentant spécial a souligné que le BNUUA continuerait d’œuvrer en faveur d’un renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine. Pour ce faire, il a appelé le Conseil de sécurité à faire en sorte que le Bureau dispose des ressources nécessaires à l’accomplissement de son mandat.
M. DONALD KABERUKA, Haut Représentant pour le Fonds de l’Union africaine pour la paix, a souligné qu’en dépit des bonnes intentions, les crises économiques et la prolifération de conflits ces dernières années n’avaient pas permis au Fonds de remplir les objectifs qui étaient les siens au moment de sa création, en 1993. En dépit de la bonne volonté démontrée par les bailleurs de fonds internationaux et les partenaires bilatéraux, « les ressources limitées du Fonds ont été prises de vitesse par les besoins, empêchant l’Union de répondre aux priorités du continent », a constaté M. Kaberuka.
Afin de revitaliser le Fonds, l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine a conclu qu’il était nécessaire de faire porter l’action du Fonds sur quatre priorités, a-t-il précisé. Tout d’abord, la diplomatie préventive, qui est le moyen le plus économe de maintenir la paix. Ensuite, le renforcement de la capacité institutionnelle du Fonds pour combler les fossés existants dans l’opérationnalisation du Fond. En outre, les opérations de paix, lorsqu’elles sont absolument nécessaires. Enfin, la mise en place d’une « facilité de réserve pour les crises », pour permettre à l’Union africaine de répondre à des situations d’urgence. Alors que les membres du Conseil de sécurité réfléchissent aujourd’hui au renforcement du partenariat avec l’Union africaine, le Haut Représentant a espéré qu’ils reconnaîtraient que le Fonds pour la paix revitalisé constitue un outil plus cohérent pour promouvoir la cause de la paix et de la stabilité en Afrique et dans le monde.
M. MANKEUR NDIAYE, Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur du Sénégal, a indiqué que l’Union africaine, partenaire stratégique de l’ONU dans le domaine de la paix et de la sécurité, a démontré sa capacité à apporter les premières réponses aux crises qui éclatent sur le continent africain. L’Union africaine est devenue un acteur majeur de la sécurité collective qu’elle s’efforce de consolider en se dotant d’une architecture de paix et de sécurité visant à prévenir, à lutter et à gérer les conflits à l’échelle continentale, a noté le Ministre. Il a fait remarquer que la mise en place de l’architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine était l’expression symbolique de la volonté de l’Union africaine « de prendre à bras le corps » les questions liées à la paix et à la sécurité en Afrique.
Le renforcement du partenariat existant entre l’ONU et l’Union africaine devrait permettre à l’Union africaine de se doter d’outils appropriés pour mener une action efficace dans l’intérêt de tous, a-t-il dit. M. Ndiaye a insisté sur la « lancinante question du financement » qui entrave l’action de l’Union africaine. « Au moment où cette organisation assume plus de responsabilités en matière de paix et de sécurité sur le continent, il est préoccupant de constater que l’absence de financement prévisible et durable obère le potentiel de cette institution », a déploré le Ministre, en faisant référence à la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau.
Il a donc invité l’ONU à accompagner davantage les efforts de l’Union africaine pour s’attaquer au problème crucial du financement des opérations de paix et de l’opérationnalisation de son architecture de paix et de sécurité. Il a plaidé pour un financement plus prévisible avant de rappeler que l’Union africaine s’était engagée à porter à 25% sa contribution au coût des opérations de paix. « J’ose espérer que la résolution que nous adopterons ce matin jettera les bases solides d’un règlement définitif de la question lancinante du financement des opérations de paix de l’Union africaine », a conclu le Ministre.
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a insisté sur le rôle crucial de l’action conjuguée de l’Union africaine et de l’ONU pour remédier aux défis sécuritaires actuels. Saluant le rôle que joue le BNUUA pour resserrer les liens entre les deux organisations, il a souligné qu’il était important d’établir un véritable partenariat stratégique entre l’Union africaine et l’ONU. Le délégué de l’Angola a rappelé l’engagement des États membres de l’Union africaine à participer à des missions de paix ayant des mandats robustes. Cet engagement ne pourra porter ses fruits que si une complémentarité étroite avec ce Conseil est mise en place, a-t-il soutenu.
Le représentant de l’Angola a ensuite rappelé les quatre priorités de la feuille de route 2016-2020 de l’Union africaine dans le domaine de la paix et de la sécurité, à savoir la prévention des conflits, la gestion des conflits, les stratégies de consolidation de la paix et les efforts de relèvement. Il a invité le Conseil à appuyer la mise en œuvre de ces quatre priorités, avant de mettre l’accent sur l’importance que des solutions africaines soient apportées à des défis africains. Il a également insisté sur les retards pris dans l’opérationnalisation de la Force africaine en attente. En conclusion, le délégué a souhaité que les opérations de paix de l’Union africaine soient dotées d’un financement prévisible et réitéré l’appui de sa délégation à la résolution qui sera adoptée aujourd’hui.
M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a déclaré que le rôle de l’Union africaine était essentiel au règlement des conflits sur le continent et qu’il devrait être élargi. Malheureusement, a-t-il noté, le Conseil de sécurité invoque trop souvent le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies plutôt que le Chapitre VI, qui porte sur le règlement des différends. Pour sa délégation, l’« ingérence étrangère permanente » dans les affaires internes des pays africains reste un facteur de déstabilisation pour le continent. Les intérêts de certains États Membres en Afrique continuent de prévaloir, a assuré le représentant, qui a dénoncé par exemple l’empressement avec lequel une offensive a été menée en Libye en 2011, alors qu’une médiation de l’Union africaine y était en cours.
« Aujourd’hui encore, nous subissons les conséquences de cette décision », qui irait de la circulation des armes en Afrique du Nord jusqu’à la crise des migrants. Le Venezuela, a rappelé le représentant, s’est abstenu au moment du vote de la résolution 2240 (2015), en estimant que ce texte ne répondait pas aux préoccupations des pays africains. S’agissant du Sahara occidental, qu’il a qualifié de « dernière colonie africaine », a fait remarquer le représentant du Venezuela, certains membres avaient refusé que l’Union africaine s’adresse au Conseil de sécurité. Le délégué s’est toutefois félicité des progrès accomplis dans le renforcement des liens entre ONU et Union africaine en s’appuyant sur les avantages comparatifs des deux organisations. Il a souhaité que ces efforts se poursuivent.
M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a vu dans l’adoption de la résolution par le Conseil de sécurité un « signal fort » de son soutien politique aux récents travaux de l’Union africaine destinés à renforcer le partenariat avec les Nations Unies en matière de paix et de sécurité. La coopération effective entre l’ONU et l’Union africaine est essentielle pour optimiser les efforts de prévention et de résolution des conflits sur le continent africain mais il est aujourd’hui temps d’adopter une approche davantage « structurée, complémentaire et intégrée », a-t-il estimé.
Relevant que différents modèles de coopération avaient été testés au cours de ces 20 dernières années en Afrique, « avec plus ou moins de succès », le représentant a jugé qu’aucun de ces modèles n’était « suffisant ou durable ». En appui à l’initiative du Sénégal, à l’origine du débat de ce jour, il a tout d’abord suggéré que les défis en matière de sécurité sur le continent africain fassent l’objet d’analyses conjointes entre l’ONU et l’Union africaine. Soulignant l’importance des liens entre les secrétariats des deux organisations, il a appelé au renforcement du rôle du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine mais aussi de la coopération entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU.
Il faudrait également assister l’Union africaine à renforcer ses capacités afin que les deux organisations adoptent des normes et des approches communes concernant les missions déployées sur le terrain. Les efforts doivent porter sur les droits de l’homme, mais aussi sur les règles de conduite et de discipline, les contrôles financiers, la gestion des ressources et les normes environnementales, a-t-il plaidé. Pour la délégation de la Nouvelle-Zélande, il est nécessaire d’examiner la « question fondamentale » du financement des opérations de paix sous commandement africain, en soulignant qu’il serait urgent de concevoir, à cette fin, un mécanisme durable et d’en finir avec les arrangements ad hoc. Sur ce point, a-t-il dit, la Nouvelle-Zélande soutient pleinement la proposition de M. Donald Kaberuka en faveur d’un financement de ces opérations à 25% par les États africains.
Mme ISOBEL COLEMAN (États-Unis) a indiqué que cette réunion marquait un tournant dans les discussions relatives au partenariat entre l’Union africaine et l’ONU. Comme les opérations de paix dirigées par l’Union africaine ont peu de chance de disparaître à l’avenir, elles doivent bénéficier d’un financement adéquat, a-t-elle insisté. Les arrangements financiers ad hoc actuels, a-t-elle reconnu, ne sont pas satisfaisants. La représentante a salué la décision historique prise par les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Union africaine de porter à 25% leurs contributions au coût de ces opérations de paix. L’Union africaine n’a pas les capacités suffisantes pour garantir le caractère durable de ces missions car le soutien international n’est pas suffisant, a-t-elle dit, avant de défendre un partenariat renforcé entre l’Union africaine et l’ONU qui puiserait dans les avantages comparatifs de ces deux organisations.
La déléguée a avancé trois facteurs qui pourraient contribuer au succès du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU, le premier d’entre eux concernant la planification des missions. Le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine doivent travailler en étroite collaboration au stade de la planification, y compris s’agissant des incidences financières, a-t-elle soutenu. Elle a proposé que les experts de l’ONU sur ces questions soient associés à ces efforts de planification. Un deuxième facteur de succès serait la mise en œuvre de procédures rigoureuses pour garantir le respect des droits de l’homme et empêcher les abus au sein de ces missions, a-t-elle continué. Au titre du troisième élément, elle a souhaité une évaluation suivie des opérations de paix dirigées par l’Union africaine, avec la remise de rapports réguliers de mise en œuvre auprès des deux Conseils. Cette évaluation pourrait conduire à des ajustements de mandat si nécessaire et favoriserait la reddition de comptes, a-t-elle déclaré en conclusion.
M. LIU JIEYI (Chine) a réaffirmé l’appui de sa délégation au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine. Il a rappelé qu’en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, ce renforcement contribue au maintien de la paix et de la sécurité sur le continent. Dans un monde interdépendant, nous devrions encourager la promotion de la sécurité collective, a estimé le représentant, qui a vanté les avantages comparatifs de l’Union africaine en matière de règlements politiques, de médiation et de prévention des conflits. La Chine a rappelé qu’elle accordait une grande importance au maintien de la paix en Afrique, où 2 600 de ses Casques bleus sont actuellement déployés. Tout récemment encore, a souligné M. Liu, elle s’est engagée à nouveau en faveur de projets de coopération dans de nombreux domaines, y compris de développement.
Mme ANNE GUEGUEN MOHSEN (France) s’est félicitée que les organisations africaines, dont les actions s’intègrent dans l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), prennent de plus en plus leurs responsabilités dans la gestion des crises sur le continent africain. Simultanément, le partenariat Nations Unies-Union africaine en matière de sécurité devient « incontournable », dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, a-t-elle observé, en assurant que cette évolution constituera « un fait marquant » du mandat du prochain Secrétaire général.
La France encourage cette évolution et y prend une part active, a souligné la représentante, en notant qu’à titre bilatéral, son pays était un des premiers partenaires dans le renforcement des capacités africaines de paix. Ces partenariats, a-t-elle précisé, prévoient la formation de 20 000 soldats africains d’ici à 2020. À ce titre, la France salue le rôle joué par l’Union africaine et les organisations régionales africaines, à la fois au niveau politique et au niveau militaire, dans le cadre d’une complémentarité avec les opérations de maintien de la paix de l’ONU. Elle a ainsi estimé que la prise en compte des vues des organisations africaines devrait devenir « un réflexe » pour le Conseil de sécurité, aux fins de forger un consensus lorsqu’existe une position « forte et consensuelle » de l’Union africaine ou d’une organisation sous-régionale.
Pour la déléguée, ce partenariat a vocation à être approfondi pour répondre à plusieurs défis, à commencer par l’accroissement de la concertation et de la coordination. La dimension régionale est en effet incontournable lorsque l’ONU intervient en succession d’une opération de l’Union africaine et à l’appui d’un accord de paix négocié dans la région, a-t-elle fait valoir. Un autre défi consiste, selon elle, à identifier les situations où l’une ou l’autre organisation a « la plus grande valeur ajoutée », comme l’illustre le mandat rempli par la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).
La représentante a estimé qu’un troisième défi serait d’assurer une prédictibilité et une soutenabilité financière suffisante aux opérations africaines de paix, comme le préconise le rapport de M. Donald Kaberuka, entériné lors du Sommet de l’Union africaine à Kigali. Parmi les propositions contenues dans ce rapport figure celle d’un financement du coût des opérations africaines à 25% par l’Union africaine et ses États membres et à 75% par l’ONU sur contributions obligatoires. Le dernier défi, a-t-elle ajouté, viserait à inscrire cette hypothèse de financement dans un cadre de partenariat « solide et complet », avec notamment « une capacité de planification et de contrôle conjoint » du Conseil de sécurité et de l’Union africaine, ce qui suppose d’inventer des mécanismes qui n’existent pas encore. Ces enjeux sont clairement identifiés dans la résolution adoptée par le Conseil, laquelle fixe le cadre du partenariat ONU-Union africaine en matière de paix et de sécurité et rappelle qu’il ne s’agit « pas seulement » d’une question financière, a conclu Mme Gueguen.
M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne), intervenant également au nom du Royaume-Uni, a souligné la nécessité de puiser dans les avantages comparatifs des deux organisations en vue du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Nous devons passer d’une coopération parfois improvisée à un partenariat qui offre des certitudes et favorise les synergies, a-t-il affirmé. Cette coopération ne devrait pas se limiter au déploiement de missions mais concerner toutes les étapes d’un conflit.
Le délégué a ensuite insisté sur l’importance de la prévention des conflits, en rappelant que la grande majorité des conflits exigeait une solution politique. La situation au Burkina Faso a pu être réglée grâce aux efforts communs de l’ONU et de l’Union africaine, a-t-il fait remarquer. Le représentant de l’Espagne a salué le rôle vital joué par le Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (BNUUA) dans ce domaine, avant d’inviter le Conseil à mieux analyser les situations de crise potentielles. Il a estimé que la médiation était le domaine dans lequel les avantages comparatifs des deux organisations pouvaient le mieux s’exprimer. Le représentant de l’Espagne s’est félicité de la tenue, par l’Union africaine, d’un registre de femmes médiatrices pour le continent africain, lequel est à la disposition de l’ONU. Enfin, il a déclaré que le Soudan du Sud sera un test pour le partenariat renouvelé Union africaine-ONU. C’est l’unité d’action de l’Union africaine, de l’ONU et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) qui a permis d’aboutir à l’Accord de paix en 2015, a-t-il conclu.
M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a déclaré qu’une « planification conjointe claire » devrait être à l’œuvre entre les deux organisations s’agissant du déploiement des opérations de maintien de la paix. Revenant sur les avantages comparatifs uniques de l’Union africaine en matière de conflits, il a estimé qu’un partenariat renforcé avec l’ONU s’imposait. Pour sa délégation, le renforcement de l’analyse conjointe et la nécessité de respecter les droits de l’homme et droit international humanitaire figurent au nombre des défis à relever dans le cadre de ce partenariat. Le représentant s’est ensuite félicité des engagements pris par les États Membres d’augmenter leurs contributions financières au Fonds pour la paix de l’Union africaine.
Tout en plaidant en faveur d’un renforcement du partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine, M. KORO BESSHO (Japon) a salué les engagements pris par cette dernière pour renforcer son autosuffisance, y compris via le financement des opérations d’appui à la paix par le Fonds africain pour la paix. Pour accompagner cette avancée, le délégué a appelé le Secrétariat de l’ONU et les États Membres à en engager des discussions avec l’Union africaine sur les questions de financement.
Toutefois, M. Bessho a rappelé que le véritable objectif de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine demeurait l’instauration d’une paix durable. Dans cette perspective, a-t-il dit, le renforcement des opérations d’appui à la paix « n’est pas une fin en soi ». Attirant l’attention sur l’avantage comparatif dont dispose l’Union africaine de par sa connaissance du terrain et ses capacités de médiation en Afrique, le délégué a notamment appelé à mettre l’accent, dans le cadre de la coopération entre les deux organisations, sur les questions de prévention et de gestion des conflits, mais aussi de consolidation de la paix.
En définitive, a estimé le délégué, la paix durable sur le continent et l’autosuffisance de l’Union africaine dépendent du développement économique et social des pays africains. C’est pourquoi, M. Bessho a appelé, dans le cadre de la réflexion sur le renforcement des relations entre les Nations Unies et l’Union africaine, à se focaliser sur les trois axes de l’Agenda 2063 que sont le développement économique et humain, la prévention des conflits et le renforcement des institutions.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a mis en garde contre l’imposition de solutions en Afrique sans l’aval des Africains. Les exemples du Burundi et du Soudan du Sud ont montré les effets nuisibles de telles solutions, a-t-il déclaré. Il a estimé que les Africains connaissent le mieux les défis sur le continent et sont dotés des mécanismes pour y remédier. Le délégué s’est prononcé en faveur d’un renforcement du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU, avant de souligner qu’il était nécessaire de prendre dûment en compte les vues exprimées par l’Union africaine. Il a fait remarquer que les puissances non régionales avaient affiché un certain mépris pour les solutions avancées par l’Union africaine visant à régler la situation en Libye en 2011.
Le représentant de la Fédération de Russie a plaidé pour une interaction accrue entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, ainsi que pour un renforcement des efforts des deux organisations dans les domaines de la lutte contre le terrorisme et de la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Il a demandé que les opérations de paix de l’Union africaine mandatées par le Conseil soient dotées d’un financement pérenne, prévisible et plus souple. Cette question du financement relève de la compétence de la Cinquième Commission et non pas du Conseil de sécurité, a-t-il tenu à rappeler. L’ingérence du Conseil était nuisible et fait obstacle à une répartition des tâches entérinée de longue date au sein de l’ONU, a-t-il estimé. Le délégué a, avant de conclure, détaillé l’action de son pays en faveur de l’Afrique. La Russie, a-t-il notamment souligné, a annulé la dette de pays africains pour un montant total de 20 milliards de dollars.
Constatant que la plupart des opérations de maintien de la paix des Nations Unies étaient déployées en Afrique et que près de 50% des soldats participant à ces missions étaient fournis par les États africains, M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a plaidé pour une coopération synchronisée entre l’ONU et l’Union africaine en la matière. À cette fin, il a jugé prioritaire d’assurer la prédictibilité, la soutenabilité et la flexibilité du financement des opérations africaines de paix et s’est dit en accord avec la proposition de l’Union africaine visant à porter à 25% d’ici à 2020 la contribution du continent africain au coût de ces opérations.
Pour le représentant, il est également impératif d’intensifier la coopération entre les deux organisations afin de renforcer les capacités des unités de l’Union africaine avant leur déploiement, ce qui pourrait inclure un échange des meilleures pratiques et l’organisation de formations spécifiques. Pour lui, le Système de préparation des moyens de maintien de la paix, qui a prouvé son utilité pour les opérations de l’ONU, pourrait servir de modèle à l’Union africaine.
Le délégué s’est par ailleurs félicité que l’ONU fasse bénéficier l’Union africaine de ses avis et de son expertise dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, alors que beaucoup considèrent que ce rôle échoit aux gouvernements et aux organisations régionales pertinentes. Soucieux de faire de la protection des civils une priorité partagée, l’Ukraine plaide aussi pour qu’une procédure équitable en matière de droits de l’homme soit intégrée dans les opérations de paix africaines approuvées par le Conseil de sécurité, a-t-il dit.
Avant de conclure, il a souligné qu’il était important de mettre effectivement en pratique le Communiqué conjoint ONU-Union africaine de 2015, qui prévoyait la tenue de missions communes sur le terrain dans des zones de conflit en Afrique. Il a souhaité, à cet égard, que le Conseil de sécurité participe activement à de telles missions, en plus de celles qu’il organise lui-même.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déclaré que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales était plus que jamais importante à l’heure de la complexité accrue des conflits et des menaces. Il s’est dit convaincu qu’un partenariat tirant le meilleur parti des avantages respectifs de l’Union africaine et de l’ONU est la seule voie à suivre, en particulier dans le domaine du maintien de la paix. Le représentant a rappelé que la mise en place d’une architecture africaine de paix et de sécurité était liée à une démarche d’appropriation par les pays du continent.
Notant les recommandations faites par le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix en faveur d’une coopération stratégique accrue, M. Aboulatta a défendu l’idée d’un partenariat basé sur un « partage du fardeau » et une répartition des responsabilités, ce qui suppose une planification soigneuse des opérations de maintien de la paix déployées sur le continent. Avant de conclure, le représentant a assuré que l’Égypte était déterminée à contribuer au renforcement de ce partenariat, qui est le seul moyen, a-t-il dit, de relever les défis qui se posent aujourd’hui.
Tout en saluant les avancées réalisées ces dernières années en matière de coopération entre l’ONU et l’Union africaine, Mme CRISTINA CARRIÓN (Uruguay) a appelé à resserrer encore davantage les liens entre les deux organisations, notamment en augmentant la fréquence de leurs échanges et consultations, de façon à formuler des stratégies communes en cas de conflits sur le continent.
La question du financement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine reste l’une des principales faiblesses du système actuel, a par ailleurs estimé la représentante, en appelant les deux organisations à créer « des mécanismes durables, prévisibles et flexibles », capables de soutenir efficacement les opérations d’appui à la paix de l’Union africaine. Mme Carrión a également appelé l’ONU à soutenir davantage les efforts de consolidation de la paix développés par l’Union africaine, en allouant les ressources « nécessaires et prévisibles » à ses initiatives.
Tout en reconnaissant les progrès réalisés en matière de mécanismes conjoints de prise de décisions, d’analyse, de planification, de suivi et d’évaluation, la représentante a appelé à améliorer leur fonctionnement, afin qu’ils puissent servir d’exemple pour la coopération entre l’ONU et d’autres organisations régionales.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a plaidé pour un renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine et salué le rôle joué par le BNUUA dans le resserrement des liens entre les deux organisations. Il faudrait entreprendre davantage d’efforts dans ce domaine, a-t-il recommandé. Sa délégation, a-t-il poursuivi, souhaite un échange des pratiques optimales entre les deux organisations grâce à un mécanisme ad hoc, ainsi qu’une interaction accrue entre les Secrétariats de l’ONU et de l’Union africaine.
Le délégué de la Malaisie a insisté, dans ce cadre, sur l’importance de la prévention des conflits. Les efforts communs de diplomatie préventive doivent être renforcés afin de désamorcer les crises potentielles, a-t-il recommandé. Le représentant a invité l’ONU à tirer profit des avantages comparatifs des organisations régionales dans ce domaine, celles-ci ayant une compréhension plus approfondie des situations régionales. La situation dans certains pays, notamment en République centrafricaine, a montré les limites des capacités des opérations de l’Union africaine, a-t-il fait observer. Le représentant de la Malaisie a cependant prévenu que le partage des tâches ne doit pas signifier que le rôle de l’ONU doit se substituer à celui de l’Union africaine. Avant de conclure, il a assuré que sa délégation était en faveur d’un financement prévisible, pérenne et plus souple pour les opérations de paix de l’Union africaine afin de cimenter la coopération entre cette organisation et les Nations Unies.
M. JOÃO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a réaffirmé l’attachement de l’Union européenne au renforcement de sa coopération avec l’ONU et l’Union africaine, comme en témoigne, selon lui, la « coopération triangulaire solide » mise en place par l’Union européenne avec ces deux organisations. « La valeur ajoutée de cette coopération est clairement illustrée par les résultats de nos efforts conjoints en Somalie, au Mali et en République centrafricaine », a-t-il indiqué.
M. Vale de Almeida a aussi réaffirmé l’engagement politique et financier de l’Union européenne à soutenir les opérations de paix sous conduite africaine. L’Union européenne, a-t-il indiqué, entend réaffirmer cet engagement lors du prochain Sommet Union européenne-Afrique, qui aura lieu en Côte d’Ivoire en 2017. Le délégué a ainsi rappelé que l’Union européenne avait débloqué 50 millions d’euros en août 2016, au profit de la lutte de la Force multinationale mixte contre le groupe terroriste Boko Haram, et 178 millions d’euros au mois de septembre, pour la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Il a également précisé que 2 milliards d’euros avaient été versés par l’Union européenne à l’Union africaine, par l’intermédiaire de la Facilité africaine de paix (FAP).
Cependant, face à l’augmentation des besoins, le délégué de l’Union européenne s’est félicité de la décision prise par l’Union africaine, en juillet dernier, de financer le Fonds africain pour la paix en créant un prélèvement obligatoire de 0,7% sur certaines importations. M. Vale de Almeida s’est ainsi félicité du lancement officiel du Fonds lors du prochain Sommet de l’Union africaine, en janvier 2017.
Dans cette même veine, il a souligné la volonté de l’Union européenne de recentrer son soutien financier à l’Union africaine vers des éléments davantage liés à la logistique et au déploiement. À ce jour, le gros du financement FAP par l’Union européenne a été utilisé pour indemniser les troupes africaines déployées dans le cadre des opérations d’appui à la paix. À l’avenir, le représentant a souhaité que ces ressources financières soient davantage utilisées pour des activités de prévention et de médiation, ainsi que pour renforcer les capacités opérationnelles.
Le représentant de l’Égypte a déclaré que sa délégation avait appuyé la résolution que le Conseil de sécurité vient d’adopter, pour souligner l’importance de renforcer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine. Il a ensuite appelé à la conclusion rapide des discussions avec l’Union africaine sur les modalités du soutien qu’elle peut apporter aux opérations de maintien de la paix. Il a regretté cependant l’absence d’engagement, dans le texte, en faveur de l’universalité des principes de maintien de la paix, ainsi que le manque de consultations parmi les membres du Conseil au moment de l’élaboration de cette résolution.
Le délégué de la Fédération de Russie a exprimé la désapprobation de sa délégation concernant la méthode suivie par les coauteurs du texte qui ont imposé leurs formules et décidé de ne pas retenir les propositions de plusieurs membres du Conseil. Il a, en particulier, regretté que le texte ne fasse pas référence aux principes fondamentaux du maintien de la paix. Il s’est demandé si cette omission ne cachait pas l’intention de déployer des opérations sans le consentement des pays hôtes. Ces principes régissent les missions mandatées par le Conseil, a rappelé le représentant russe. Il a affirmé que les formules financières contenues dans ce texte relevaient davantage de la compétence de la Cinquième Commission de l’Assemblée générale –chargée des questions administratives et budgétaires- et rappelé que l’Union africaine n’avait pas encore arrêté les modalités de financement de ses missions.