Le Conseil de sécurité débat du rôle de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales d’Asie centrale pour maintenir la paix et la stabilité
Le Conseil de sécurité, à l’initiative de la Fédération de Russie, qui en préside les travaux au cours du mois d’octobre, a organisé, aujourd’hui, un débat sur la coopération entre l’ONU et trois organisations régionales et sous-régionales de l’Asie centrale. Couvrant une « vaste zone s’étendant de l’Europe orientale à l’Extrême-Orient », l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), l’Organisation de Shanghai pour la coopération (OSC) et la Communauté d’États indépendants (CEI) ont expliqué les moyens par lesquels elles peuvent contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Face à la complexité accrue des foyers de conflits à travers le monde, a rappelé le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture du débat, l’ONU est convaincue de l’urgente nécessité de faire de la prévention des conflits une priorité collective en s’appuyant sur des partenariats régionaux et mondiaux. « Dans ce contexte, et conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, qui règlemente les accords régionaux, nous avons cherché à intensifier nos interactions avec les organisations régionales et sous-régionales », a expliqué le Secrétaire général.
Les organisations régionales connaissent souvent mieux la situation dans les régions relevant de leur compétence et sont dotées de mécanismes de prévention et de maintien de la paix adaptés aux réalités locales, note le document de réflexion* soumis par la présidence russe aux autres membres du Conseil.
« Je suis particulièrement préoccupé par le fait qu’une grande variété d’acteurs armés profitent des technologies modernes et de la mondialisation pour faire des ravages d’une ampleur terrifiante », a souligné le Secrétaire général. Il a été rejoint par le délégué russe, qui s’est dit alarmé par les risques que fait peser la présence de Daech en Afghanistan où, selon l’Office des Nations Unies pour la drogue et le crime (ONUDC), la production d’opiacés a augmenté de 43% en 2016, un problème aux répercussions régionales et internationales.
C’est la raison pour laquelle M. Ban s’est félicité des échanges entre l’OTSC, la CEI et l’OSC et le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale pour aider leurs États membres à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et à lutter contre l’extrémisme violent et le trafic de stupéfiants.
Le Secrétaire général de l’OTSC, M. Nikolaï Bordiouja, a fait état des efforts déployés de concert avec l’ONUDC pour empêcher l’acheminement de stupéfiants en provenance d’Afghanistan, un pays dont la situation a mobilisé l’attention de plusieurs délégations, de la Nouvelle-Zélande à l’Iran, en passant par la France, le Venezuela et le Kirghizistan.
Son homologue de l’OSC, M. Rashid Alimov, a assuré que la « priorité » de celle-ci est au rétablissement de la paix et la stabilité en Afghanistan, « dans l’intérêt de toute la région », s’enorgueillissant de la saisie récente de 2 725 tonnes de « précurseurs » grâce à une « opération souricière ».
Le Vice-Président du Comité exécutif de la CEI, M. Sergey Ivanov, s’est dit préoccupé par les tensions persistantes dans la région « afghano-pakistanaise », source de menaces directes pour la sécurité des États d’Asie centrale. « Des pays, autrefois stables, ont été plongés dans l’instabilité en raison de changements de régime « artificiels », d’ingérence extérieure et de l’exportation de « révolutions de couleur », a-t-il fait remarquer, en déplorant les situations en Iraq, en Libye et en Syrie.
Tout en se déclarant favorable à l’idée de renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales en Asie centrale, le représentant de l’Ukraine a toutefois accusé l’OTSC et la CEI de partialité et de « complicité ouverte » avec la Fédération de Russie, un de ses membres fondateurs. Ces organisations prétendent qu’il n’y a « pas eu d’agression russe en Ukraine, ni d’occupation de la Crimée, ni même une occupation de facto de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud », a-t-il lancé.
Les agissements de la Fédération de Russie en Géorgie et en Ukraine montrent clairement que l’OTSC a été incapable d’assumer ses responsabilités en matière de paix et de sécurité, a renchéri la déléguée des États-Unis, qui a ensuite rappelé que la sécurisation des frontières, un des domaines de coopération les plus fréquemment évoqués aujourd’hui, ne devrait pas se faire au détriment des droits de l’homme, lesquels servent également de « rempart contre les conflits ».
« Certains partenaires », notamment ici au sein du Conseil de sécurité, tentent de « marginaliser » les organisations invitées en les présentant comme des « institutions concurrentes » de leur agenda politique, a rétorqué le représentant de la Fédération de Russie. L’espace de télécommunications des pays de la CEI, a regretté, de son côté, M. Ivanov, est devenu la cible d’attaques agressives par des États qui usent de leur « position dominante » en matière d’infrastructures pour servir des intérêts économiques, politiques et militaires nationaux.
Encourageant une coopération entre les organisations régionales, la représentante du Pakistan a estimé que l’initiative chinoise « une Ceinture, une route », véritable « corridor économique sino-pakistanais », illustre la façon dont l’OSC, la CEI et l’OTSC peuvent travailler de manière concrète et inclusive dans des domaines qui vont au-delà de la paix et de la sécurité internationales.
COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
L’Organisation du Traité de sécurité collective, l’Organisation de Shanghai pour la coopération et la Communauté d’États indépendants
Lettre datée du 14 octobre 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/867)
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, avant d’aborder le sujet à l’ordre du jour, a tenu à dire qu’il croyait fermement dans la justice internationale, dont la Cour pénale internationale (CPI) représente une « pièce maîtresse ». Conscient que la CPI n’a, à ce jour, condamné que des Africains en dépit de crimes commis dans le reste du monde, il a pris note de l’annonce faite par trois pays africains de se retirer du Statut de Rome qui avait institué la Cour. Il a dit regretter cette décision, « qui pourrait adresser un mauvais message quant à l’engagement de ces mêmes pays en faveur de la justice ». Les défis qui se posent à la Cour ne seront pas relevés en affaiblissant cette juridiction, mais en la renforçant, a-t-il estimé. « Prévenir de futures atrocités, rendre justice aux victimes et défendre les règles d’engagement dans les conflits dans le monde entier sont des priorités bien trop importantes pour risquer un recul à l’heure des redditions de comptes à l’avènement de laquelle nous avons tant œuvré », a ajouté M. Ban.
Le Secrétaire général a ensuite déclaré que l’environnement international en matière de paix et de sécurité avait gagné en complexité au cours de la dernière décennie. Les guerres brutales qui font rage au Moyen-Orient et au-delà continuent de causer des pertes civiles, de provoquer les déplacements de millions de personnes et d’ébranler les économies. Hôpitaux, écoles et convois humanitaires sont pris pour cible au mépris du droit international, a-t-il dénoncé. La résurgence de tensions ethniques et sectaires dans le cadre de ces conflits risque, a-t-il prévenu, de piéger les pays dans le chaos pour de nombreuses années à venir.
« Je suis particulièrement préoccupé par le fait qu’une grande variété d’acteurs armés profitent des technologies modernes et de la mondialisation pour faire des ravages d’une ampleur terrifiante. Parallèlement, les politiques et des sentiments xénophobes et protectionnistes sont une source de grave préoccupation dans d’autres parties du monde », a-t-il dit. Tous ces défis transcendent les frontières nationales et exigent une réponse collective de la part de la communauté internationale. Pour se montrer à la hauteur, l’ONU a conduit à leur terme un certain nombre de réexamens majeurs de ses activités, qui ont tous conclu à l’urgente nécessité de faire de la prévention des conflits une priorité collective en s’appuyant sur des partenariats régionaux et mondiaux, a rappelé le Secrétaire général. Dans ce contexte –et conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies– nous avons cherché à intensifier nos interactions avec les organisations régionales et sous-régionales, a expliqué M. Ban.
L’Asie centrale, a-t-il poursuivi, est la région où nous avons les contacts les plus étroits avec l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), l’Organisation de Shanghai pour la coopération et la Communauté des États indépendants (CEI). Ces trois organisations échangent régulièrement des informations avec le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale sur des questions aussi diverses que le terrorisme, l’extrémisme violent, le trafic de stupéfiants, par exemple. Elles soutiennent activement la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies en Asie centrale. Ainsi, a relevé le Secrétaire général, avant de préciser que le Comité contre le terrorisme des Nations Unies du Conseil de sécurité et sa Direction sont en contact direct avec leurs homologues des trois organisations, de même que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), avec lequel des initiatives opérationnelles conjointes ont été menées en Afghanistan et en Asie centrale. Les experts des trois organisations participent régulièrement aux réunions de l’ONUDC, y compris à l’Initiative du Pacte de Paris, un partenariat établi pour lutter contre le trafic illicite des opiacés en provenance d’Afghanistan.
S’agissant du maintien de la paix, M. Ban s’est dit particulièrement reconnaissant à l’OTSC de la participation, au tout premier Sommet des chefs de police des Nations Unies en juin dernier, de certains de ses hauts fonctionnaires. « Nos organisations, a-t-il ajouté, œuvrent également de concert à renforcer les mesures de confiance et à promouvoir la stabilité en Afghanistan dans le cadre du processus Asie-Istanbul. » Déterminée à renforcer ce partenariat productif, l’ONU est consciente que nos stratégies peuvent parfois nous pousser dans des directions différentes. « Les ressources, les capacités et les mandats varient. Parfois, les organisations régionales peuvent avoir des difficultés particulières qui peuvent limiter leur rôle », a reconnu M. Ban. C’est pourquoi il est si important d’approfondir notre dialogue stratégique, de forger des approches communes aux crises émergentes, et d’améliorer nos réponses collectives aux menaces qui se posent à la paix et à la sécurité. Ainsi, nous pourrons tirer le meilleur parti de nos forces respectives, a-t-il assuré.
M. NIKOLAI BORDIOUJA, Secrétaire général de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a souligné le potentiel politique, diplomatique et militaire de son organisation afin de concourir au maintien de la sécurité internationale. L’OTSC s’est dotée d’une stratégie de sécurité collective jusqu’en 2025, a-t-il dit, avant d’insister sur les liens de l’OTSC avec l’ONU, l’Organisation de Shanghai pour la coopération ou bien encore la Communauté des États indépendants (CEI). Il a mentionné les domaines d’action prioritaires de l’OTSC, tels que la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le trafic des stupéfiants et l’endiguement du retour des combattants en provenance de zones de conflit. L’OTSC a renforcé ses activités antiterroristes, a-t-il assuré en ajoutant que ses États membres travaillaient actuellement à l’établissement d’une liste commune des organisations considérées comme terroristes. M. Bordiouja a ensuite mis l’accent sur les efforts de cette organisation pour remédier à la crise migratoire, notamment en assurant un suivi des flux migratoires depuis des zones de conflit.
Il s’est ensuite félicité de l’élan renouvelé dans la coopération entre l’ONU et l’OTSC depuis la visite du Secrétaire général au siège de l’OTSC en 2011. Le renforcement des liens avec cette organisation universelle est notre priorité, a-t-il souligné, en précisant que l’Assemblée générale avait accordé à l’OTSC le statut d’observateur. Il a espéré qu’avec le prochain Secrétaire général de l’ONU, les deux organisations continueront à développer une telle coopération. Il a cité les contacts réguliers de l’OTSC avec les entités onusiennes telles que le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime(ONUDC) ou encore le Centre régional de l’ONU pour la diplomatie préventive en Asie centrale.
Le Secrétaire général de l’OTSC a souligné en particulier les efforts communs menés avec l’ONUDC dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, visant à empêcher l’acheminement de stupéfiants en provenance d’Afghanistan. L’OTSC coopère également avec les groupes d’experts des Comités des sanctions du Conseil contre Al-Qaida et contre les Taliban. Le Secrétaire général de l’OTSC a appelé de ses vœux un resserrement de la coopération entre l’ONU et l’OTSC sur une base résolument pratique. Il a ainsi souhaité la tenue de réunions régulières des responsables des entités de l’OTSC et de l’ONU engagées dans la lutte contre le terrorisme. Enfin, M. Bordiouja a souligné qu’il était nécessaire de mieux coordonner les efforts de l’OTSC et de l’ONUDC pour mieux combattre le trafic de stupéfiants et lutter contre la marginalisation des toxicomanes.
M. RASHID ALIMOV, Secrétaire général de l’Organisation de Shanghai pour la coopération (OSC), a expliqué que les États membres de cette organisation, qui fête son quinzième anniversaire, partent du principe que l’ONU est la mieux placée pour maintenir la paix et la sécurité internationales. L’objectif de l’OSC est de compléter cette action en renforçant la confiance mutuelle et des relations de bon voisinage entre les États membres; en facilitant la coopération entre ces États dans les domaines d’intérêt commun; en œuvrant à la création d’un nouvel ordre politique et économique international, plus juste et démocratique; et en sauvegardant la paix, la sécurité et la stabilité régionales.
Sur ce dernier point, a-t-il précisé, l’action de l’OSC vise à complémenter celle du Conseil de sécurité à l’échelle de la sous-région, comme l’illustre par exemple la coopération étroite avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et avec le Comité contre le terrorisme, organe subsidiaire du Conseil. M. Alimov s’est enorgueilli de plusieurs réussites à cet égard, dont le fait que l’OSC a fait échouer 20 attentats terroristes dans la région, et procédé à l’arrestation de 2 700 participants ou membres de groupes armés illégaux. En outre, pas moins de 230 individus ont été extradés vers des pays qui souvent imposaient de lourdes peines.
Pour l’OSC, a expliqué M. Alimov, une des priorités est de rétablir la paix et la stabilité en Afghanistan, qui est dans l’intérêt de toute la région. Un des axes du travail de l’Organisation à cet égard, a-t-il dit, ce sont les activités de lutte contre le trafic de stupéfiants en provenance de ce pays, une « opération souricière » ayant permis la saisie de 2 725 tonnes de « précurseurs ». Le Secrétaire général a indiqué, en conclusion, qu’il voyait un potentiel considérable dans le renforcement des liens entre l’ONU et l’OSC.
M. SERGEY IVANOV, Vice-Président du Comité exécutif de la Communauté d’États indépendants (CEI), a rappelé que la coopération entre la CEI et l’ONU avait commencé le 24 mars 1994, en application de la résolution de l’Assemblée générale lui octroyant le statut d’observateur. Il a indiqué que le « potentiel constructif » de la CEI pour le développement de la coopération internationale avait été reconnu dans la résolution du 11 novembre 2014 de l’Assemblée générale sur la coopération entre l’ONU et la CEI. Il a ensuite détaillé les différentes réunions de l’ONU auxquelles la CEI participe, telles que le séminaire régional sur la protection des frontières et la lutte contre le terrorisme qui s’est tenue en mars 2015 à Achgabat, au Turkménistan. Un partenariat durable et productif a été établi entre la CEI et le Centre régional de l’ONU pour la diplomatie préventive en Asie centrale, a-t-il rappelé. M. Ivanov a mentionné les institutions spécialisées de l’ONU avec lesquelles la CEI entretient des contacts, comme le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Le Vice-Président a affirmé que la menace terroriste exigeait une riposte renforcée et collective, y compris de la part des organisations régionales. Il a appelé de ses vœux au renforcement du rôle de coordination de l’ONU dans les efforts antiterroristes internationaux, avant d’apporter l’appui de la CEI à la mise en œuvre et à l’amélioration de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Il s’est dit préoccupé par les tensions persistantes dans la région afghano-pakistanaise qui menacent directement la sécurité des États d’Asie centrale. Des pays, autrefois stables, ont été plongés dans l’instabilité en raison de changements de régime artificiels, d’ingérence extérieure et de l’exportation de « révolutions de couleur », a-t-il fait remarquer, en pointant la situation en Iraq, Libye ou bien encore en Syrie.
L’espace de télécommunication des pays de la CEI, a regretté M. Ivanov, est la cible d’attaques agressives de la part d’États qui essaient d’utiliser leur position dominante s’agissant des infrastructures de communication mondiales pour atteindre leurs objectifs économiques, politiques et militaires. Au regard de ces circonstances, les pays de la CEI réitèrent leur volonté de renforcer la coopération internationale afin d’améliorer l’efficacité des systèmes de sécurité régionaux et internationaux, a affirmé le Vice-Président. Il a insisté sur la contribution considérable de la CEI aux efforts visant à garantir la sécurité internationale, avant de souligner la nécessité d’intensifier la coopération entre la CEI et l’ONU et les autres organisations internationales pour répondre aux défis sécuritaires globaux. En conclusion, M. Ivanov a souhaité que des conférences de haut niveau entre l’ONU, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l’Europe soient de nouveau organisées et auxquelles les secrétaires généraux d’autres organisations régionales participeraient.
M. LIU JIEYI (Chine) a déclaré que la coopération entre l’ONU et les organisations sous-régionales en Asie centrale participent au renforcement de la paix et de la sécurité internationales. Toutefois, a-t-il rappelé, cette action doit respecter scrupuleusement les principes de la Charte des Nations Unies, et respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États Membres. Le représentant a également jugé nécessaire de tenir compte des priorités de ces organisations, de renforcer les synergies et de pleinement utiliser leurs atouts spécifiques, notamment en faisant appel à leur intime connaissance de la région. Il s’est félicité ensuite des progrès réalisés dans ce cadre pour lutter contre le trafic illicite de stupéfiants.
Notant que l’Organisation de Shanghai pour la coopération (OSC) a célébré son quinzième anniversaire, le représentant a estimé que les résultats obtenus depuis 2001 étaient exemplaires, notamment la création d’un mécanisme de coopération avec les Nations Unies et les États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Le Président de la Chine, a rappelé le représentant, avait proposé que l’OSC donne la priorité au maintien de la paix et de la sécurité internationales.
M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a estimé que, dans un monde où personne ne peut maintenir seul la paix et la sécurité internationales, le renforcement des liens entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales est indispensable. Le Japon, a-t-il dit, entretient des liens étroits avec les pays d’Asie centrale membres des organisations susmentionnées, et son objectif est de contribuer au renforcement de leurs actions, notamment à travers des dialogues sur des domaines aussi divers que la sécurisation des frontières, en passant par les transports. Le Japon est fier d’être un partenaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a-t-il assuré, en soulignant que son gouvernement avait dépêché auprès d’elle des missions d’observation électorale et avait été par ailleurs le principal bailleur de fonds sur les projets de renforcement des frontières dans la Communauté des États indépendants (CEI).
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a parlé de la tradition de coopération régionale en Amérique latine et dans les Caraïbes. Il a ainsi cité la contribution des organisations régionales telles que la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et l’Organisation des États américains (OEA), avant de rappeler l’importance du Traité de Tlatelolco qui a créé une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine. Le délégué de l’Uruguay a insisté sur la « valeur ajoutée » des organisations régionales dans la prévention des conflits et dans les efforts de consolidation de la paix. Il a ensuite salué les progrès enregistrés dans la coopération entre l’ONU d’un côté, et l’OTSC, l’Organisation de Shanghai pour la coopération et la CEI dans la lutte contre le terrorisme, par le biais notamment, d’une interaction accrue de ces trois organisations régionales avec le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité. Enfin, il a salué la décision du Secrétaire général de renforcer la coopération de l’ONU avec les trois organisations précitées.
M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a indiqué que les trois organisations régionales –OTSC, OSC et CEI- étaient des partenaires importants de l’ONU pour prévenir les conflits et restaurer la paix, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Ces organisations présentent des avantages comparatifs dont il faut tirer profit, a-t-il recommandé, avant de préciser que les efforts déployés par ces organisations complétaient ceux de l’ONU. Le délégué de l’Angola a estimé que les défis actuels demandaient une coopération accrue de l’ONU et des trois organisations régionales précitées en Asie centrale.
Parmi ces défis, il a mentionné la lutte contre le terrorisme ou bien encore la lutte contre le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre. Il a ensuite salué le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OTSC en matière de lutte contre le terrorisme. Il a ensuite souligné l’importance des efforts menés par l’Organisation de Shanghai pour la coopération en Afghanistan en vue de la stabilisation du pays. Avant de conclure, le délégué de l’Angola a salué les contacts étroits établis entre les États membres de la CEI et l’ONU.
M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a considéré que les organisations régionales étaient dotées de mécanismes adaptés aux réalités locales, que ce soit en matière de diplomatie préventive ou de maintien de la paix. La coopération entre les Nations Unies et l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), la Communauté des États indépendants (CEI) et l’Organisation de Shanghai pour la coopération (OSC) trouve à s’illustrer dans l’action du Centre régional de diplomatie préventive en Asie centrale, qui s’acquitte de son mandat de manière fort satisfaisante, a estimé le représentant. En tant que membre de l’Union européenne, l’Espagne s’est félicitée de l’accent mis sur la diplomatie préventive, qui doit devenir une priorité dans toutes les régions du monde.
M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) s’est déclaré convaincu que les organisations régionales et sous-régionales participent pleinement au maintien de la paix et de la sécurité internationales et que la coopération entre elles et l’ONU devait être renforcée. Pour sa part, l’Égypte s’attelle à resserrer ses propres liens avec de nombreuses organisations, y compris l’OSC, auprès de laquelle elle a le statut d’observateur, à des fins d’échange de pratiques optimales. Le délégué a assuré que son pays soutenait également le rôle joué par l’OTSC dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée transfrontalière. S’agissant enfin de la CEI, le représentant a évoqué des projets de coopération dans les domaines du développement durable, des migrations ou encore du transfert des technologies. La délégation a proposé, avant de conclure, que le Secrétariat de l’ONU communique de manière régulière avec ces organisations dans le cadre de consultations techniques.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a souligné l’immensité de la zone géographique couverte par la CEI, l’OTSC et l’Organisation de Shanghai pour la coopération . Ces trois organisations, a-t-il dit, ont un rôle clef à jouer dans le règlement des situations régionales. Le représentant a ensuite souligné l’importance d’élaborer des réponses rénovées aux défis actuels, conjuguant les efforts des organisations régionales et ceux de l’ONU. La Malaisie, a-t-il assuré, a appuyé les projets de résolution visant le renforcement de la coopération entre l’ONU et ces organisations régionales qui seront présentés à l’Assemblée générale, au cours de la présente session. Le représentant a estimé qu’il était important de tirer profit des avantages comparatifs de ces organisations régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Aucun pays, pas plus que l’ONU, n’a la capacité de répondre, seul, aux défis actuels, a estimé le représentant. Ces défis, a-t-il soutenu, ne pourront être réglés que par le biais d’efforts coordonnés.
M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a affirmé que son pays soutenait fermement le principe d’une coopération « active et régulière » entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales pour la prévention et la résolution des conflits. Il s’est félicité du développement, au cours de ces 20 dernières années, de la coopération régionale sur les questions de sécurité en Afrique. La région du Pacifique, a-t-il indiqué, en fait l’expérience depuis quatre décennies, tant pour la sécurité que pour le développement durable.
S’agissant de l’Asie centrale, le représentant a constaté, sur la base du débat de ce jour, qu’une coopération étroite entre les États de la région et de solides partenariats avec la communauté internationale y étaient nécessaires pour relever les défis sécuritaires. Il a noté, à cet égard, que la paix et la stabilité étaient loin d’être instaurées en Afghanistan et c’est pourquoi, il a appelé les acteurs régionaux à poursuivre leurs efforts, à travers les instruments de l’ONU comme le Comité des sanctions créé par la résolution 1988 du Conseil de sécurité qui vise les individus et entités associés aux Taliban.
Le délégué de la Nouvelle-Zélande a également plaidé pour une coopération transfrontalière effective, élément « vital » de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, en rappelant que l’on estimait à 2 000 le nombre des combattants terroristes qui ont rejoint la Syrie et l’Iraq en provenance de l’Asie centrale. Dans ce contexte, a-t-il dit, le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale a un rôle prépondérant à jouer en matière de soutien aux efforts déployés dans la région.
M. ALEXIS LAMEK (France) a affirmé que l’Asie centrale était une région qui continue de faire face à des défis importants, sur les plans économique et politique, mais également sur le plan sécuritaire, comme en témoigne la situation en Afghanistan et les multiples trafics illicites qui prospèrent dans la région. Il a également cité le risque terroriste qui prospère dans un contexte de frustrations sociales des populations, qui rend indispensable la coopération entre tous les acteurs présents dans la région, à savoir États, organisations régionales et organisations internationales.
À l’appui de l’action des organisations régionales, le Centre des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale joue un rôle essentiel, notamment pour aider les États de la sous-région à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a souligné M. Lamek. En outre, a-t-il dit, au-delà de l’action des organisations régionales et sous-régionales, l’Union européenne joue également un rôle central dans cette région du monde, depuis l’adoption par le Conseil européen de la stratégie pour un nouveau partenariat avec l’Asie centrale en juin 2007. De plus, s’est félicité le délégué, un dialogue de haut niveau entre l’Union européenne et les pays d’Asie centrale s’est tenu, le 18 mai dernier à Bruxelles, au terme duquel des mesures concrètes ont été adoptées en matière de sécurité.
M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a salué la contribution des organisations régionales au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Les nombreux défis internationaux, a-t-il souligné, exigent une coopération renforcée de l’ONU et ces organisations. Il a estimé que les organisations régionales avaient une compréhension plus fine des enjeux locaux, dont l’ONU devrait tirer profit. La CEI, l’OTSC et l’Organisation de Shanghai pour la coopération doivent œuvrer avec l’ONU pour garantir la stabilité dans leur zone géographique de compétence qui va de l’Europe de l’Est à l’Extrême-Orient, a-t-il déclaré.
Le représentant a ensuite noté les défis que connaît cette région, citant en particulier le terrorisme, le trafic de stupéfiants ou encore les tensions communautaires. Une solution à ces défis, a-t-il estimé, exige une action concertée. Le représentant s’est ensuite félicité des efforts accrus que ces trois organisations ont déployés pour assurer la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Les progrès de la reconstruction en Afghanistan auront une incidence importante sur la stabilité dans la région, a-t-il poursuivi. Enfin, le représentant du Venezuela a salué les efforts de l’OTSC et l’Organisation de Shanghai pour la coopération dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Tout en se déclarant favorable au renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales en Asie centrale, M. OLEH HERASYMENKO (Ukraine) a accusé l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et la Communauté des États indépendants (CEI) de manquer de volonté politique, voire de faire preuve de « complicité ouverte », lorsqu’il s’agit de prendre des mesures adéquates dans la région. « Tout d’abord, je fais allusion à l’agression russe contre l’Ukraine et la Géorgie. La Fédération de Russie, un des membres fondateurs de ces organisations, continue d’agir en violation des Chartes des Nations Unies, de l’OTSC et de la CEI, ainsi que du droit international et des accords multilatéraux et bilatéraux », a dénoncé le représentant.
Pourtant, a-t-il poursuivi, ces organisations régionales prétendent toujours qu’il n’y a « pas d’agression russe en Ukraine, ni d’occupation de la Crimée ou encore une occupation de facto de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud ». C’est pourquoi, il a appelé les États membres de ces organisations à « prendre collectivement la parole et à faire une différence ». Le représentant s’est déclaré en désaccord avec l’idée selon laquelle l’OTSC et la CEI déployaient des efforts inlassables pour « parvenir à un règlement pacifique des différends », comme le stipule l’Article 52 de la Charte des Nations Unies. Jusqu’à ce que ces États prennent position, nous ne voyons aucune valeur ajoutée à la nécessité de renforcer les interactions avec ces organisations.
Par ailleurs, tout en se félicitant de la condamnation par l’Organisation de Shanghai pour la coopération de l’invasion de la Géorgie en 2008, M. Herasymenko a souhaité que la même approche aurait dû prévaloir pour répondre à l’occupation « temporaire » de la Crimée et l’agression russe contre l’Ukraine. Enfin, le représentant a reproché à la Communauté des États indépendants de manquer de clarté, dans la mesure où cette organisation réaffirme une « alliance politique et militaire établie sur la base de l’Accord de Tachkent de 1992 sur la sécurité collective », qui n’est, a-t-il fait remarquer, contraignante que pour certains États membres de la CEI.
Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a rappelé que les organisations régionales devraient respecter les principes des Nations Unies. Alors que nous envisageons le renforcement des liens entre l’ONU et les « multiplicateurs de force » que sont les organisations régionales et sous-régionales, l’action de celles-ci doit se faire en conformité avec les dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, qui régissent les accords régionaux, a fait observer la représentante. Pour sa délégation, ces organisations seraient plus efficaces si elles respectaient la volonté de l’ensemble de ses États membres plutôt que celle de quelques-uns. Or, les agissements de la Fédération de Russie en Géorgie et en Ukraine montrent clairement que l’OTSC a été incapable d’assumer ses responsabilités en matière de paix et de sécurité, a-t-elle tranché.
Par ailleurs, si la lutte contre l’« exploitation des frontières poreuses » n’est jamais simple, elle ne doit pas se faire au détriment des droits de l’homme, a fait observer la déléguée, en rappelant que la liberté d’information est un rempart contre les conflits, de même que l’épanouissement de la société civile. Pour leur part, les États-Unis, a-t-elle assuré, se sont toujours employés à cultiver des relations étroites avec les organisations régionales. Mais il faut toujours se poser la question de savoir si ces celles-ci cherchent à promouvoir les principes de la Charte des Nations Unies, si elles reflètent bien la volonté de tous leurs États membres et si elles contribuent au maintien de la paix et de la sécurité internationales dans leurs zones d’influence.
M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a estimé que le Conseil de sécurité discutait peu de la situation en Asie centrale, malgré les défis que connaît cette région, citant en particulier les différends frontaliers non réglés et les conséquences des changements climatiques. La région a besoin d’un appui international pour mieux gérer ses ressources naturelles, notamment hydrauliques, a-t-il affirmé. Le délégué a souligné l’importance de la promotion de l’état de droit dans la région. Il a appuyé une coopération accrue de l’ONU et des trois organisations régionales débattues ce jour, dans le respect de la Charte des Nations Unies et des principes essentiels que sont les droits de l’homme et les libertés fondamentales.
Le représentant britannique a ensuite souligné les efforts de l’OSCE visant à lutter contre la radicalisation et l’extrémisme violent dans le respect des droits de l’homme. Le délégué a salué la politique de bon voisinage menée par le Conseil de l’Europe avec le Kazakhstan et le Kirghizistan, ainsi que ses efforts visant à promouvoir la bonne gouvernance. L’Union européenne reste attachée à des relations de bon voisinage avec les pays d’Asie centrale, a assuré le représentant du Royaume-Uni.
L’ONU partage la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales avec les organisations régionales, a déclaré Mme FATOU GAYE DIAGNE (Sénégal), en louant l’expertise locale de ces organisations. Elle a également souligné le rôle de premier plan joué par ces organisations pour régler des situations relevant de leur sphère de compétence. Les organisations régionales sont un trait d’union entre le niveau local et le niveau mondial, a-t-elle affirmé.
La représentante a insisté sur « la cohérence des objectifs » poursuivis par l’ONU et les organisations régionales, tels que la lutte contre le terrorisme, la lutte contre la criminalité transnationale organisée ou encore la lutte contre la traite des êtres humains. Les régions couvertes par les trois organisations régionales débattues aujourd’hui sont en proie à des défis multidimensionnels, dont le règlement exige une action collective robuste, a insisté la déléguée du Sénégal. L’ONU devrait tirer profit d’une coopération pragmatique avec les organisations régionales, a-t-elle conclu, en souhaitant la mise en place de partenariats fructueux.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est félicité du potentiel que représentent les organisations régionales et sous-régionales, en estimant qu’elles permettaient de combler un fossé, dans la mesure où certains membres de la communauté internationale méconnaissent les réalités locales. Il a fustigé « certains partenaires », notamment ici au sein du Conseil de sécurité, qui tentent de « marginaliser » ces organisations, en les considérant comme des « institutions concurrentes » pour leur agenda politique. C’est ainsi qu’un membre de ce Conseil, a fait une déclaration qui « conteste » à la Communauté des États indépendants le droit d’être reconnue comme organisation régionale à part entière, a accusé le représentant.
D’une manière générale, a-t-il ensuite fait observer, l’Asie centrale est épargnée par le terrorisme, même s’il y a lieu de se préoccuper du retour en Russie et dans les pays voisins de combattants étrangers. M. Churkin s’est également dit profondément préoccupé par la présence de Daech en Afghanistan, qui risque d’étendre ses activités terroristes dans la région. Alors que l’ONUDC constate une hausse de 43% de la production des opiacés en Afghanistan, il est très important de renforcer la coopération avec les organisations régionales, comme l’OTSC, qui bénéficie d’une expérience considérable en matière de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants, comme l’atteste une saisie record récente d’opiacés.
Pour le moment, la procédure d’adhésion de l’Inde et du Pakistan à l’OSC est toujours à l’étude, a relevé le délégué russe. Comme le dossier nucléaire iranien a été réglé, il n’y a pas de raison d’empêcher l’Iran, État observateur jusqu’à présent, à rejoindre cette organisation comme État membre à part entière, a estimé M. Churkin. Au-delà de la problématique du terrorisme, la coopération de la Russie avec les trois organisations invitées, a-t-il assuré, s’étend aux domaines économiques, culturels ou encore logistiques. La plus ancienne des trois, c’est la CEI, qui a permis de maintenir les mesures de confiance dans l’intérêt mutuel de tous ses États membres, s’est félicité M. Churkin, avant de conclure.
Au nom des États membres de l’Organisation de Shanghai pour la coopération (OSC), M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a remercié la Fédération de Russie d’avoir pris l’initiative de ce débat sur la coopération entre l’ONU, l’OSC, l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et la Communauté des États indépendants (CEI). Il a rappelé que l’OSC avait marqué, cette année, son quinzième anniversaire et estimé qu’elle faisait désormais partie des organisations régionales et internationales influentes pour le maintien de la sécurité, de la stabilité et du développement durable dans le système moderne des relations internationales.
Dans un monde caractérisé par des tensions géopolitiques croissantes et une montée du terrorisme, du séparatisme et de l’extrémisme, les Nations Unies demeurent la première organisation internationale et universelle pour le maintien de la sécurité globale et la principale plateforme pour le traitement des questions internationales et entre États, a souligné le délégué, en réaffirmant l’engagement de l’OSC à renforcer « le rôle central de coordination » de l’ONU dans les relations internationales. À cet égard, a-t-il ajouté, l’OSC est favorable à un renforcement du rôle du Conseil de sécurité et participe activement aux consultations visant à le réformer afin d’en améliorer « la transparence et l’efficacité ».
Convaincu de la nécessité de développer une « approche politique cohérente » dans le combat contre le terrorisme, le représentant a exprimé la solidarité de l’OSC avec les efforts multilatéraux menés dans ce domaine et plaidé pour une « coordination d’actions conjointes » sous l’égide des Nations Unies. « Nous sommes pour une coopération plus étroite dans la lutte contre le terrorisme et la diffusion de l’idéologie terroriste, en premier lieu parmi les jeunes et sur Internet, et pour une prévention de la xénophobie et de l’intolérance ethnique, raciale et religieuse », a-t-il soutenu avant de conclure.
M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus), au nom des pays de l’OTSC, a affirmé que l’OTSC était un partenaire important pour la communauté internationale, en soulignant les nombreux moyens dont dispose cette organisation pour remédier aux défis tels que la lutte contre le trafic de stupéfiants ou bien encore la prévention des catastrophes naturelles. Il a estimé que la coopération entre l’OTSC et l’ONU reposait sur une base solide, avant d’appeler de ses vœux au renforcement de ladite coopération, notamment dans le domaine du maintien de la paix. Il a souhaité la tenue d’une manifestation réunissant les hauts responsables de l’ONU et de l’OTSC et qui marquerait le resserrement de cette coopération.
S’exprimant en sa capacité nationale, le représentant du Bélarus a détaillé la coopération de son pays au sein de la CEI et de l’Organisation de Shanghai pour la coopération. Depuis sa naissance, la CEI a aidé les États à devenir souverain et contribué au maintien de liens amicaux entre ses membres, a-t-il affirmé. L’un des grands axes de la coopération au sein de la CEI, a-t-il dit, vise le développement du potentiel technologique et industriel des pays membres. Il a rappelé que depuis juillet 2015, le Bélarus avait le statut d’observateur auprès de l’Organisation de Shanghai pour la coopération. Le fait que l’Inde et le Pakistan vont rejoindre cette organisation témoigne du renforcement de son rôle, a estimé le représentant.
M. TANMAYA LAL (Inde) a estimé que les organisations régionales et sous-régionales avaient un rôle important à jouer pour le maintien de la paix et de la sécurité au niveau international et s’est félicité des interactions existant entre les Nations Unies et plusieurs d’entre elles, notamment l’Union africaine sur le continent africain. Il a aussi rappelé que l’Inde soutenait leur coopération avec l’ONU sous le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.
Soutenant que la lutte contre les groupes terroristes ne pouvait être menée qu’à travers une coopération internationale « beaucoup plus étroite », le représentant a souligné le rôle de facilitateur que peuvent jouer, dans ce cadre, les organisations régionales et sous-régionales, et tout particulièrement de l’Organisation de Shanghai pour la coopération (OSC).
L’Inde, a-t-il ajouté, a aujourd’hui adhéré à l’OSC, après avoir assumé le statut d’observateur au cours de ces 10 dernières années. Grâce à son adhésion, les frontières de l’OSC s’étendent désormais du Pacifique à l’Europe et de l’Arctique à l’océan Indien, soit un territoire abritant 40% de la population mondiale, a relevé le délégué. Il a souhaité que la Déclaration conjointe sur la coopération entre l’ONU et l’OSC soit adaptée en conséquence.
Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a affirmé que les pays de la CEI respectaient les valeurs de la Charte des Nations Unies et luttaient contre l’extrémisme violent. Elle a mentionné la série de mesures antiterroristes prises durant la présidence kirghize de la CEI. Elle s’est dite très préoccupée par les activités des groupes terroristes et extrémistes. Les jeunes des pays de la CEI sont des cibles des efforts de recrutement de ces groupes terroristes, a-t-elle fait remarquer. La menace terroriste, a-t-elle noté, ne diminue pas en Afghanistan. Rappelant qu’il ne saurait y avoir de solution militaire à la situation dans ce pays, elle a souligné qu’il était nécessaire que le processus politique soit mené par les Afghans eux-mêmes, sans conditions préalables, au sein duquel l’ONU aurait un rôle central.
La déléguée a ensuite insisté sur les contacts étroits établis entre les pays de la CEI et les différentes entités du système des Nations Unies, notamment l’ONUDC et le Comité 1540 du Conseil de sécurité. Elle a assuré que tous les pays membres de la CEI étaient attachés aux normes les plus rigoureuses en matière de sécurité nucléaire et participaient à l’Initiative globale de lutte contre le terrorisme nucléaire. Rappelant qu’un projet de résolution sur le renforcement de la coopération entre la CEI et l’ONU serait présenté à l’Assemblée générale pour adoption en novembre, elle s’est dite convaincue des avantages qu’une coopération accrue entre l’ONU et la CEI offrirait aux deux organisations.
M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a estimé, lui aussi, que les organisations régionales étaient mieux positionnées pour prendre la mesure des réalités de terrain, et souvent dotées de mécanismes de prévention pertinents. Il a rappelé que l’Assemblée générale des Nations Unies, chaque année, approuvait, par le biais d’une résolution, la coopération entre les Nations Unies et l’OTSC, qui contribue activement au maintien de la paix et de la sécurité internationales en Asie centrale. L’OSC a également soutenu les efforts de la communauté internationale en matière de prévention et de résolution des conflits, de lutte antiterroriste et de non-prolifération des armes de destruction massive, et appuie la paix et la stabilité de l’Afghanistan, a-t-il assuré. Le représentant a ensuite souhaité que ce débat du Conseil de sécurité participe du renforcement des liens entre l’ONU et les organisations régionales.
« Agissant en conformité avec les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies, les organisations régionales jouent un rôle positif dans la réponse à apporter à de nombreux défis, en particulier économiques et sociaux », a affirmé Mme MALEEHA LODHI (Pakistan). Elle a souligné la contribution importante de l’Organisation de Shanghai pour la coopération dans la lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme dans la région eurasienne. En juin dernier, le Pakistan avait signé un mémorandum avec cette organisation, en vue de devenir un membre à part entière, a-t-elle affirmé, avant d’insister sur l’importance d’élaborer des solutions régionales par le biais d’une coopération régionale.
La représentante a souhaité une coopération accrue entre l’ONU et l’Organisation de Shanghai pour la coopération, ces deux organisations partageant les mêmes principes et objectifs. Elle a également appelé de ses vœux une coopération renforcée entre l’Organisation de Shanghai pour la coopération, la CEI et l’OTSC. Mme Lodhi a estimé que l’initiative chinoise « une ceinture, une route » était un bon exemple d’une coopération régionale pratique et inclusive. Le corridor économique sino-pakistanais est un élément essentiel de ce projet « ambitieux et visionnaire », a assuré la déléguée du Pakistan, avant de conclure.
M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a déclaré qu’il est évident que les États Membres de l’ONU ne pouvaient que tirer des avantages des contributions des organisations régionales aux travaux des Nations Unies. Membre de plusieurs d’entre elles, le représentant a déclaré qu’en tant que pays fournisseur de contingents depuis 12 ans, l’Arménie s’était engagée dans diverses opérations de maintien de la paix, notamment au Liban, et avait partagé cette expérience militaire avec les membres de l’OTSC, que son pays a présidé au cours de l’année écoulée. Le représentant s’est ensuite félicité du format établi pour les négociations autour du conflit au Haut-Karabakh. Il a cependant déploré qu’en avril dernier, l’Azerbaïdjan, en violation du cessez-le-feu, ait lancé une agression dans ce territoire au cours de laquelle des enfants et des personnes âgées auraient été prises pour cible. Il faut contrer toute tentative dangereuse de remettre en cause les mesures de confiance préalablement agréées, a souligné le représentant, pour qui il est impératif que la communauté internationale exige de l’Azerbaïdjan le respect des accords conclus en 1994 et 1995.
Réagissant à ces propos, M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de prendre la parole lors de cette réunion mais qu’il y avait été contraint à la suite de la déclaration faite par son homologue arménien. Il faut faire en sorte, a-t-il dit, que les instruments régionaux de sécurité collective ne soient pas détournés par certains États membres. Le représentant a reproché à l’Arménie de chercher à nier sa responsabilité face au crime perpétré contre l’Azerbaïdjan. Ce pays, a-t-il prévenu, continuera de prendre des mesures afin de consolider les gains obtenus grâce à sa politique d’épuration ethnique.