En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité,
7750e séance – matin  
CS/12465

Le Conseil de sécurité réaffirme que le renforcement des institutions au lendemain d’un conflit est l’élément fondamental de la consolidation et de la pérennisation de la paix en Afrique

Le Conseil de sécurité a réaffirmé, dans une déclaration présidentielle adoptée aujourd’hui, qu’il importe de développer l’infrastructure institutionnelle qui apparaît comme l’« élément fondamental de la consolidation et de la pérennisation de la paix en Afrique ».

Il importe, a-t-il réaffirmé, que « les activités de consolidation de la paix soient prises en main par le pays concerné », et que « ces activités doivent être ouvertes à tous de façon à ce que les besoins de tous les groupes de la société soient pris en compte ».

De nombreux pays d’Afrique sont en proie à des conflits et connaissent des problèmes de développement, a souligné la note conceptuelle préparée pour ce débat qui portait sur la consolidation de la paix en Afrique.

Néanmoins, cette image du continent ne représente pas toute l’histoire de l’Afrique, a fait remarquer le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en rappelant qu’il existe une autre histoire, largement inconnue, faite d’économies florissantes, d’amélioration des niveaux de vie de la population et de l’élargissement de l’espace de la démocratie.  « Notre responsabilité commune, a-t-il dit, est de faire germer ces semences de paix et de prospérité. » 

Des délégations africaines, comme celle de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire, du Rwanda ou encore de l’Angola ont, en effet, expliqué comment leur pays avait établi des conditions d’une paix pérenne après des conflits internes.  Le Ministre des relations extérieures de l’Angola, M. Georges Rebelo Chikoti, a ainsi indiqué que son pays avait lancé un processus de réconciliation nationale, en 2002, après 30 ans de conflit.  La Constitution de l’Angola réaffirme désormais l’importance de l’état de droit et la démocratie, garantit les droits de tous les citoyens et assure la participation de tous au processus démocratique, a-t-il assuré. 

« Des institutions inclusives et redevables sont le ciment qui lie États et citoyens », et elles sont « la fondation de la paix et du développement durable », a aussi expliqué le Secrétaire général qui a appelé la communauté internationale à s’investir dans la consolidation de la paix « avec sagesse, engagement et patience », et à fournir les 300 millions de dollars nécessaires au Fonds pour la consolidation de la paix au cours de sa conférence des donateurs en septembre prochain.

Ces fonds devraient permettre une meilleure efficacité de la consolidation de la paix, promouvant ainsi le nouveau concept de « paix durable » introduit par les résolutions identiques adoptées le 27 avril 2016 par le Conseil de sécurité -2282 (2016)- et l’Assemblée générale -70/262-, a expliqué la Secrétaire de cabinet au Ministère des affaires étrangères du Kenya, Mme Amina Chawahir Mohamed.  Elle a également plaidé pour la participation des femmes, « la moitié de la population du continent » aux initiatives de paix en Afrique dont les résultats ne sont pas toujours probants.

En effet, malgré le cadre pour la reconstruction postconflit et le développement adopté par l’Union africaine il y a 10 ans, on note que certains pays africains, qui s’étaient engagés pourtant dans la consolidation de la paix, sombrent à nouveau dans un conflit, a fait observer le Commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité, M. Smail Chergui.  Il a appelé, dans ce contexte, à chercher de nouvelles idées et à appliquer le principe de « l’Afrique qui aide l’Afrique ».

Le Ministre des affaires étrangères du Japon, M. Fumio Kishida, qui a présidé la séance du Conseil d’aujourd’hui, a aussi appelé à renforcer les capacités des institutions africaines en tenant compte des spécificités, traditions et particularités identitaires du continent.  Plusieurs orateurs ont aussi plaidé pour une meilleure collaboration entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, insistant sur la nécessité de l’appropriation nationale des processus de consolidation de la paix.

Mais, « nous ne pouvons pas nous tourner vers des gouvernements dont les actions sapent précisément les efforts de paix et de développement », a objecté la représentante des États-Unis, en citant l’exemple du Soudan du Sud, qui est depuis des semaines au bord du gouffre.

« Toute recette de consolidation de la paix qui est concoctée à New York restera lettre morte si elle ne tient pas compte des réalités sur le terrain », a prévenu, de son côté, le représentant de la Fédération de Russie.  Son homologue de la Chine a tenu, cependant, à rappeler que « l’Afrique appartient aux Africains ».  Ce dernier a également annoncé que la Chine envisageait de consacrer 100 millions de dollars au cours des cinq prochaines années pour aider l’Union africaine à financer la force africaine en attente et la force de réaction rapide de l’Union africaine.

L’Union européenne a consacré 1,6 milliard d’euros aux efforts de paix et de sécurité de l’Union africaine depuis 2004, a renchéri son délégué.  Le Secrétaire d’État au développement et à la francophonie de la France, M. André Vallini, a indiqué, pour sa part, que son pays formait plus de 20 000 soldats africains en France.  Il a aussi annoncé la tenue d’une conférence ministérielle sur le maintien de la paix en milieu francophone à Paris les 26 et 27 octobre prochains.

« N’oublions, pas, a déclaré le représentant de l’Ouganda, que de nombreux conflits en Afrique sont un héritage de la colonisation et de la division arbitraire de l’Afrique qui en a résulté. »  À l’instar de la plupart des délégations, il a invité la communauté internationale à soutenir le renforcement des institutions africaines et à « contribuer à créer des structures étatiques solides en Afrique ». 

CONSOLIDATION ET PÉRENNISATION DE LA PAIX

Consolidation de la paix en Afrique

Lettre datée du 1er juillet 2016, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Japon auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/586)

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé d’emblée que la consolidation de la paix était au cœur des activités des Nations Unies dans des pays touchés par les conflits à travers le monde.  Il a noté que la récente résolution adoptée conjointement par le Conseil de sécurité -2282 (2016)-, et l’Assemblée générale (70/262), souligne que la paix durable est une responsabilité commune aux gouvernements, aux acteurs nationaux et aux Nations Unies.  Le Soudan du Sud est en ce moment au bord de l’abîme, a-t-il fait remarquer, en se disant consterné par l’ampleur de la violence sexuelle signalée par les équipes chargées des droits de l’homme.  Il a demandé que les auteurs de toutes les atrocités répondent de leurs actes, tout en invitant les dirigeants du Soudan du Sud à s’engager en faveur du processus de paix.  Il a également cité la situation en République centrafricaine (RCA), en République démocratique du Congo (RDC), en Libye et au Mali, ainsi que dans d’autres pays en proie à l’instabilité.

Ceci ne représente pas toute l’histoire de l’Afrique, a-t-il précisé, en faisant remarquer qu’il existe une autre histoire, largement inconnue, faite d’économies florissantes, d’amélioration des niveaux de vie de la population et de l’élargissement de l’espace de la démocratie.  « Notre responsabilité commune, a-t-il relevé, est de faire germer ces semences de paix et de prospérité ».  L’une des manières de le faire serait de faire prospérer des institutions inclusives, efficaces et redevables, et d’aider les pays d’Afrique à réaliser les objectifs de développement durable.  « Lorsque les institutions sont faibles, les pays ne peuvent prospérer », a déclaré M. Ban.  Il a ajouté que « des institutions inclusives et redevables étaient le ciment qui lie États et citoyens ».  Ces institutions offrent sécurité, justice, limitent la corruption, réduisent la marginalisation et évitent les tensions ethniques, a—t-il encore expliqué.  Elles promeuvent aussi l’offre des services de base, tels que les services sanitaires, des services de santé ou encore un environnement propice aux affaires.  De telles institutions offrent un cadre pour le règlement des différends et préviennent la survenance de conflits violents.  « De telles institutions sont la fondation de la paix et du développement durable. »

Le Secrétaire général a ensuite noté que l’édification de ces institutions n’était pas chose aisée, mais qu’il faudrait surtout se garder de croire qu’une solution unique pourrait s’appliquer à toutes les situations.  La mise en place des institutions doit s’enraciner dans le contexte historique, politique, social, culturel et économique du pays.  Essayer d’imposer un modèle extérieur dans un pays sortant de conflit peut faire plus de mal que de bien à ce dernier et c’est pourquoi, il est important de s’atteler à cette édification en s’appuyant sur les institutions existantes pour offrir les services dont les gens ont besoin.  La mise en place d’institutions doit s’appuyer sur un accord politique, a-t-il encore suggéré, en se disant convaincu que l’appropriation et le leadership national étaient les éléments clefs de cette réalisation.  Il a expliqué que cela exigeait un dialogue large et inclusif, englobant le gouvernement central, les autorités locales, les communautés, le secteur privé et la société civile, notamment les jeunes, les femmes et les groupes marginalisés.  Ce genre de dialogue renforce la cohésion sociale, ainsi que la légitimité de l’État et la durabilité des réformes, a-t-il affirmé.

Le renforcement des institutions est un processus de long terme qui peut parfois prendre des décennies, a rappelé le Secrétaire général, tout en soulignant que les communautés avaient besoin de voir rapidement des progrès tangibles, et si les espoirs sont élevés, les plaintes risquent d’augmenter, même en présence de progrès.  Il a également noté que l’évaluation des progrès en matière de renforcement des institutions n’était pas facile, car les résultats de ce processus peuvent être évasifs pendant des années.  Il a indiqué que les pressions des donateurs pour des résultats rapides peuvent s’avérer négatives pour les objectifs de développement durable, et à terme, pour la paix.  Le Secrétaire général a ainsi appelé la communauté internationale à agir dans ce contexte avec sagesse, engagement et patience.

Il a par ailleurs cité des projets de renforcement d’institutions nationales menés par des agences onusiennes dans des pays africains, notamment en Somalie, en RDC ou encore en RCA où l’ONU et la Banque mondiale ont déboursé des fonds pour les salaires des fonctionnaires nationaux en 2014.  Les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales ont vu leur rôle en matière de renforcement des institutions croître au cours des dernières années, mais, a—t-il prévenu, ces tâches n’ont pas toujours été accompagnées de délais réalistes et de ressources adéquates.  À ce propos, il s’est félicité du fait que la Cinquième Commission ait alloué des budgets aux opérations de maintien de la paix en tenant compte des activités ciblant le renforcement des institutions.  Néanmoins, a-t-il regretté, le Fonds pour la consolidation de la paix manque toujours de financements suffisants.  Il a appelé les États à fournir les 300 millions de dollars nécessaires au Fonds au cours de sa conférence des donateurs de septembre prochain.

Mme AMINA CHAWAHIR MOHAMED, Secrétaire du cabinet des affaires étrangères du Kenya, a indiqué que si l’Afrique continuait d’être aux prises des mêmes défis, une chose avait changé: « l’Afrique est plus déterminée que jamais à les surmonter ».  Elle a passé en revue les mesures prises en Afrique pour répondre à ces défis, en mentionnant tout d’abord le développement d’une architecture africaine de paix et de sécurité au sein de l’Union africaine.  Les pays africains ont également revitalisé leurs initiatives d’intégration régionale économique afin d’instaurer paix et sécurité, a-t-elle poursuivi, avant d’insister sur les partenariats stratégiques établis avec l’ONU et ses institutions dans ce domaine.  Soulignant le rôle important joué par la Commission de consolidation de la paix, Mme Mohamed a rappelé les deux résolutions identiques adoptées plus tôt cette année par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale sur l’examen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU qui ont introduit le concept de « paix durable » et mis l’accent sur les efforts de prévention des conflits.  La pleine mise en œuvre de ces résolutions pourrait diminuer l’importance des solutions militaires pour régler les conflits en Afrique et promouvoir, au contraire, l’engagement politique et les stratégies de développement, a-t-elle dit.

Les efforts de consolidation de la paix ne pourront pas réussir si la moitié de la population africaine est exclue, a rappelé Mme Mohamed.  Le règlement des défis qui entravent la participation des femmes aux efforts pour une paix durable doit être une priorité, a-t-elle souligné.  À cet égard, elle a précisé que la Commission mettait la dernière main à sa stratégie d’égalité entre les sexes qui devrait être adoptée en septembre 2016.  La Commission ne pourra être efficace que si les discussions politiques sont complétées par un soutien financier robuste, a-t-elle dit, en faisant observer que le Fonds pour la paix de l’Union africaine demeurait sous-financé.  Elle a donc appelé les États Membres à contribuer au Fonds pour la consolidation de la paix du Secrétaire général.

S’exprimant en sa capacité nationale, Mme Mohamed a indiqué que la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIV), qui vient de se conclure à Nairobi, avait souligné, entre autres, l’importance de l’accès aux marchés, de l’aide publique au développement et des transferts de technologie.  La consolidation de la paix, a-t-elle souligné, doit contribuer à la maximisation du commerce, des investissements et des opportunités de développement.  Elle a également invité à dépasser la distinction entre consolidation de la paix, assistance humanitaire et développement et à voir ces notions comme formant « un continuum » afin que chaque personne puisse participer à l’instauration de la paix et de la prospérité.  Avant de conclure, Mme Mohamed s’est dite préoccupée par les coupes budgétaires opérées par l’Union européenne dans le financement de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et a espéré que le Conseil se penche sur cette question.

M. SMAIL CHERGUI, Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, a rappelé le cadre pour la reconstruction postconflit et le développement adopté par l’Union africaine il y a 10 ans, qui fixe six éléments pour y parvenir: la sécurité, l’assistance humanitaire et d’urgence, la gouvernance politique et la transition, la reconstruction économique et sociale et le développement, les droits de l’homme, la justice et la réconciliation, et enfin le genre.  Cette politique, a-t-il expliqué, exige de l’Union africaine qu’elle travailler avec les communautés économiques régionales du continent, les agences et institutions onusiennes et les ONG africaines.  La Commission de l’Union africaine a pris toute une série de mesures pour mettre en œuvre ce cadre depuis son adoption, a expliqué M. Chergui, qui a notamment mis l’accent sur l’intégration de la dimension de genre, conformément aux obligations résultant de la résolution 1325.

Dix après l’adoption du cadre, il est nécessaire, a-t-il dit, d’examiner l’évolution mondiale de la consolidation de la paix.  L’Union africaine a pris note de l’examen de l’architecture de consolidation de la paix par les Nations Unies et du rapport du Groupe d’experts indépendants sur les opérations de maintien de la paix.  M. Chergui a ensuite estimé qu’au vu des récentes rechutes enregistrées dans plusieurs pays africains sortis de conflits, il était clairement nécessaire pour l’Afrique de disposer de stratégies cohérentes pour la reconstruction postconflit et le développement.  Il a également demandé que l’Union africaine et l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies partagent davantage leurs expériences.

Le Commissaire a ensuite mis l’accent sur les défis de financement des cadres pour la reconstruction postconflit et le développement rencontrés par l’Union africaine.  Il a notamment rappelé l’Initiative de solidarité africaine lancée en juillet 2013 à l’occasion du Sommet du cinquième anniversaire de l’OUA/UA.  Il a ainsi précisé que l’Initiative met l’accent non seulement sur les promesses financières, mais aussi sur les contributions en nature venant de pays africains, qu’il s’agisse du partage d’expertise, des bonnes pratiques, de la formation ou encore du renforcement des capacités.  Il ne s’agit toutefois pas de remplacer l’appui apporté par les partenaires traditionnels ou nouveaux, mais de chercher de nouvelles idées et d’appliquer le principe selon lequel « l’Afrique aide l’Afrique ».  Il a également souhaité que l’Initiative galvanise le secteur privé comme partenaire de la reconstruction et du développement économique et social.

Afin que la consolidation de la paix et la reconstruction en Afrique aille au-delà de succès partiel, il faut que la Commission de l’Union africaine et l’architecture de consolidation de la paix par les Nations Unies mettent au point une stratégie décennale de mise en œuvre dotée de solide mécanismes de suivi et d’évaluation, a poursuivi M. Chergui, pour qui il faut que l’Union africaine comme les Nations Unies remplissent leur rôle.

M. FUMIO KISHIDA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a estimé qu’il était nécessaire de renforcer les capacités des populations locales, d’améliorer leur qualité de vie par le biais d’un développement économique inclusif qui serve les intérêts de la paix et de promouvoir la tolérance.  De même, il faudrait renforcer les capacités des institutions africaines en tenant compte des spécificités traditions et particularités identitaires du continent.  Le Ministre a cité les initiatives du Japon pour améliorer le rôle des institutions électorales au Tchad et former 20 000 policiers en République démocratique du Congo.  Le Japon, a-t-il ajouté, coopère aussi avec l’Organisation consultative juridique afro-asiatique pour renforcer les capacités des institutions juridiques africaines.  Il faudrait en outre, a souligné le Ministre, rétablir la confiance en Afrique.  Illustrant les efforts de son pays dans ce sens, il a indiqué que le Japon avait appuyé le renforcement des capacités des services administratifs en Côte d’Ivoire dans le souci d’assurer une meilleure intégration sociale et de restaurer la confiance entre l’administration et les populations. 

M. ANIFAH AMAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a parlé de l’expérience de son pays en matière de renforcement des institutions.  Il a rappelé qu’avec une population très diverse et des risques de tensions intercommunautaires permanents, le pays a tout de même pu promouvoir la participation de tous ses citoyens, de manière inclusive, pour bâtir des institutions nationales solides.

Il a noté que dans la perspective du renforcement de leurs institutions, et plus globalement, dans l’optique de leur développement, les pays en développement se tournent le plus souvent vers les pays développés, oubliant que les solutions peuvent également venir du Sud.  Il a ainsi rappelé qu’au cours de ces dernières décennies, la Malaisie a contribué au développement de l’Afrique en apportant sa contribution au renforcement des institutions nationales.  Le programme de coopération de la Malaisie, établi en 1980, a ainsi permis au pays d’apporter son soutien à d’autres pays par le biais de la coopération bilatérale et de la coopération triangulaire.  M. Aman a ensuite rappelé que le concept de « dialogue pour un partenariat intelligent », lancé par la Malaisie en 1995, aura également permis de rendre des sociétés africaines plus résilientes.

M. GEORGES REBELO CHIKOTI, Ministre des relations extérieures de l’Angola, a indiqué que l’Angola avait lancé un processus de réconciliation nationale, en 2002, après près de 30 ans de conflit.  Il a indiqué que ce processus avait permis la mise en place d’un modèle de développement et avait conduit, en 2010, à l’adoption de la Constitution de la République qui réaffirme l’état de droit et la démocratie, garantit les droits de tous les citoyens et assure la participation de tous au processus démocratique.  Il a assuré que ce processus avait permis à l’Angola d’acquérir des gains considérables salués aux niveaux sous-régional, régional et international.  Il a précisé que, dans la recherche de solutions pacifiques aux crises dans la région des Grands Lacs, l’Angola avait promu le lancement de la « Garantie de paix », un mécanisme de coopération pour la sécurité, conduit par l’ONU avec la coopération de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et de la Communauté de développement de l’Afrique australe.  L’Angola a aussi organisé la Conférence sur l’investissement privé dans la région des Grands Lacs et contribué à la décision exhortant les dirigeants et le peuple du Soudan du Sud à oublier leurs différends pour mettre en œuvre l’Accord de paix. 

M. MANKEUR NDIAYE, Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur du Sénégal, a déploré que, malgré l’engagement la Commission de consolidation de la paix en Afrique depuis plus de 10 ans, et les efforts de l’Union africaine et des organisations sous-régionales africaines, plusieurs pays africains en crise ou sortis de crise rencontrent toujours des difficultés pour assurer une stabilité durable et restent fragiles.  Cela remet en cause les stratégies développées depuis déjà plusieurs décennies en faveur de la consolidation de la paix, notamment en Afrique, a-t-il estimé.  Pour le Ministre, il faut investir davantage dans la prévention en s’attaquant également aux causes profondes des conflits en Afrique.

Le Ministre s’est ainsi félicité de l’adoption, ce matin, par le Conseil d’une déclaration présidentielle sur le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.  Le succès de ses activités nous enseigne qu’une diplomatie préventive est à portée de main et qu’elle repose sur la volonté politique réelle des dirigeants de la région avec le soutien constant des Nations Unies, a poursuivi M. Ndiaye.  C’est ce que fait le Sénégal avec la diplomatie de bon voisinage incarnée par le Président Macky Sall, a-t-il précisé.

Par ailleurs, le Ministre a demandé que soit renforcée la coopération avec l’Union africaine et les organisations sous-régionales africaines, lesquelles peuvent jouer un rôle crucial, à l’exemple de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Guinée-Bissau.

Pour mieux gérer la transition vers une paix durable, M. Ndiaye a jugé souhaitable que les opérations de maintien de la paix puissent créer, dès le départ, les conditions nécessaires à une transition harmonieuse, un retrait et une sortie qui ne compromettent pas les efforts de paix à long terme.  Il faudrait donc développer les activités de consolidation de la paix des opérations de maintien de la paix dès le début de leur mandat, en orientant leurs efforts vers le renforcement des capacités nationaux et en s’attaquant aux problèmes structurels tout en favorisant le dialogue politique entre les différentes parties prenantes.  Il a, là encore, cité en exemple la CEDEAO et sa mission en Guinée-Bissau, l’ECOMIB, tout en remerciant l’Union européenne pour l’appui qu’elle apporte à cette dernière.  En conclusion, il a rappelé la nécessité d’une approche globale, coordonnée et cohérente des différents acteurs intervenant dans le processus de consolidation de la paix.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a appelé le Conseil de sécurité à en faire davantage et à prendre des mesures concrètes pour régler les nombreux défis que l’Afrique doit relever.  « Nous ne pouvons pas nous tourner vers des gouvernements dont les actions sapent précisément les efforts de paix et de développement », a-t-elle prévenu, avant de souligner l’importance de la volonté politique tout au long de la mise en œuvre des stratégies de paix.  Mentionnant l’exemple du Soudan du Sud, Mme Power a affirmé que les dirigeants de ce pays, en montrant qu’ils n’étaient pas prêts à instaurer la paix, avaient précipité la grave crise qui secoue actuellement le pays.  La communauté internationale a dépensé des milliards de dollars qui auraient pu, sans ce conflit, profiter aux secteurs de l’éducation et de l’agriculture au Soudan du Sud, a-t-elle rappelé.  « Quel gâchis! »

« Pourquoi les dirigeants du Soudan du Sud ne veulent-ils pas s’asseoir à la même table pour régler les problèmes? » a-t-elle demandé, en citant les mots d’un jeune sud-soudanais.  Elle a ensuite rappelé que la MINUSS avait été conçue dans le respect des pratiques optimales en matière d’efforts de paix.  « Ce sont les dirigeants sud-soudanais qui n’ont pas été à la hauteur », a-t-elle dit, avant de les inviter à appliquer l’accord de paix et à rédiger une constitution.  Elle a affirmé que la consolidation de la paix était une forme de prévention des conflits. 

Passant ensuite à la situation en République démocratique du Congo, la représentante des États-Unis a émis la crainte que les élections dans ce pays risquaient de ne pas se dérouler dans le respect de la Constitution.  Alors qu’il faut instaurer un environnement propice au dialogue, le Gouvernement congolais vise, au contraire, à « rétrécir » l’espace politique dévolu à l’opposition, a-t-elle regretté.  Se tournant vers la situation en Somalie, elle a appelé ses dirigeants à développer des institutions fonctionnelles et à se montrer à la hauteur des résultats acquis grâce aux sacrifices des soldats de l’AMISOM.  La victoire militaire ne suffira pas, a déclaré Mme Power.  Enfin, la déléguée a insisté sur le point commun entre ces trois situations très différentes: « les dirigeants doivent faire les bons choix ».

M. ANDRÉ VALLINI, Secrétaire d’État au développement et à la francophonie, a mis l’accent sur la sécurité, la démocratie et le développement humain.  S’agissant de la sécurité, il a estimé que chaque État devrait disposer de forces de police et troupes militaires suffisamment nombreuses, formées et équipées pour garantir la sécurité de ses citoyens.  Pour permettre aux Africains d’assurer leur sécurité eux-mêmes, nous formons plus de 20 000 soldats africains en France, a assuré le Secrétaire d’État en citant aussi un rôle actif de la France pour déployer des missions européennes sur la sécurité en Afrique.  Pour ce qui est de la démocratie, il a souligné l’importance d’élections régulières et transparentes et la promotion d’un État de droit qui garantisse la protection physique des civils, la lutte contre l’impunité et la défense des droits de l’homme dans leur ensemble.  Il a précisé que la France organisera, les 26 et 27 octobre 2016 à Paris, une Conférence ministérielle sur le maintien de la paix en milieu francophone. 

Pour ce qui est du développement humain, M. Vallini a exhorté la communauté internationale à s’invertir de façon beaucoup plus en faveur de la santé reproductive et sexuelle, en appelant à ne pas ignorer les liens entre démographie et stabilité.  Il a annoncé un effort supplémentaire de la France de 10 millions d’euros dans ce domaine dans le cadre du fonds français Muskoka.  Enfin, il a souligné que l’éducation était un socle fondateur du développement en notant qu’aucun pays n’avait pas été en mesure de décoller économiquement avant que 80% de sa population n’aient achevé le cycle primaire. 

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a souligné trois domaines où le Conseil de sécurité « pourrait faire mieux ».  Le Conseil de sécurité, a-t-il d’abord estimé, devrait jouer un rôle plus affirmé et plus actif dans la consolidation de la paix.  Les mandats du Conseil, s’est-il expliqué, contribuent directement à un environnement favorable à la consolidation de la paix et ces efforts, qui se renforcent mutuellement, ne seraient que plus efficaces s’ils étaient planifiés et examinés dès le début d’une opération.  Le Conseil, a-t-il poursuivi, doit aussi faire sa part en ce qui concerne la gouvernance, la sécurité et l’économie dont les institutions, essentielles pour la consolidation de la paix, sont appuyées par un large éventail d’organisations.  Une meilleure coordination avec les contributeurs de la consolidation de la paix est « cruciale ». 

Le représentant s’est d’ailleurs félicité de ce que la dernière résolution sur le mandat de la Mission en République centrafricaine illustre ce point de vue.  Même quand ils sont bien coordonnés, les efforts de consolidation de la paix risquent d’être affaiblis si les activités de maintien de la paix ne se poursuivent pas après le départ d’une mission.  Il a ainsi cité le cas du Soudan du Sud où, lorsque la première crise avait été résolue, l’attention et les ressources avaient été détournées ailleurs.  Le Conseil doit aussi faire en sorte que l’État hôte s’approprie le processus et partage le leadership des activités de consolidation de la paix.  Il a dit compter sur les coordonnateurs résidents pour assurer la continuité des efforts au moment du transfert de toutes les prérogatives à l’État hôte.  Le représentant a conclu en insistant sur le fait qu’il faudrait encore améliorer l’interaction entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix.  Maintenir une cloison à cause d’une « idéologie artificielle » sur le rôle de l’un et de l’autre est un « obstacle majeur » à notre objectif partagé, à savoir une paix durable, a prévenu le représentant.

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que la communauté internationale devrait aider l’Afrique à faire face aux défis que pose le terrorisme.  Il a invité l’ONU à aider, de manière concrète, les pays africains à cette fin.  Il a aussi appelé au respect des choix des pays africains en matière de consolidation de la paix.  « L’Afrique appartient aux Africains », a-t-il clamé en insistant sur le fait que les solutions africaines doivent être respectées, de même que la souveraineté nationale des pays du continent.  Il faut se garder, a-t-il suggéré, d’imposer des solutions extérieures à l’Afrique.  Il a ensuite souhaité que les opérations de maintien de la paix, les efforts de consolidation de la paix et les missions de politiques spéciales agissent dans le strict respect de leur mandat, afin d’éviter des doublons.

Le représentant a ensuite relevé que les organisations régionales jouent un rôle important en matière de maintien et de consolidation de la paix, au vu de leur double avantage géographique et culturel.  Il a ainsi invité l’ONU à renforcer sa coopération avec l’Union africaine, en assurant que son pays s’y est engagé, en appuyant, par exemple, les efforts de reconstruction que l’Union africaine a entrepris dans des pays africains au lendemain d’un conflit.  Il a en outre affirmé que la Chine entendait aider l’Afrique sur la voie du développement durable.  Plus de 2 600 soldats de la paix chinois sont actuellement présents en Afrique, a-t-il rappelé, en promettant que la Chine va, pour les cinq prochaines, consacrer 100 millions de dollars d’aide à l’Union africaine pour financer la Force africaine en attente et la force de réaction rapide de l’Union africaine.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a souligné que son pays entretenait des relations étroites avec l’Afrique.  Il est important que l’Afrique puisse faire face à des défis immenses comme la pauvreté, la criminalité organisée et les conflits qui secouent certains pays, a-t-il dit.  « À quel point le colonialisme pèse-t-il sur l’avenir de l’Afrique? » a-t-il demandé, en pointant la création de frontières artificielles par les puissances coloniales européennes.  Il existe une dernière colonie, le Sahara occidental, a-t-il rappelé, avant de dénoncer les sanctions unilatérales qui frappent certains pays africains.  « Nous devrions, au contraire, promouvoir le dialogue. »

M. Ramírez Carreño a affirmé que l’Union africaine avait jeté la base des efforts de paix sur le continent et demandé qu’un soutien international lui soit apporté.  Il a également insisté sur le rôle important que joue la Commission de consolidation de la paix (CCP) et plaidé pour un renforcement des capacités des pays africains émergeant d’un conflit afin qu’ils laissent derrière eux « l’héritage de la guerre et s’engagent sur la voie de la paix et du développement ».  Il a rappelé les deux résolutions identiques adoptées cette année par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale sur l’examen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU qui ont mis l’accent, a-t-il précisé, sur les efforts de prévention des conflits.  « Espérons que ces résolutions contribueront à tourner la page des solutions militaires en Afrique », a affirmé M. Ramírez Carreño.

Insistant sur les ressources naturelles phénoménales qui existent en Afrique, le délégué a déploré que les Africains ne puissent pas en profiter en raison des pratiques prédatrices de grandes entreprises multinationales.  La gestion souveraine de ces ressources est cruciale pour que l’Afrique parvienne à ses objectifs de développement, a-t-il souligné, en appelant à la négociation de contrats justes entre les États africains et les entreprises multinationales.  En conclusion, M. Ramírez Carreño a préconisé la mise en place d’un système financier international plus juste.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé que toute recette de consolidation de la paix qui est concoctée à New York restera lettre morte si elle ne tient pas compte des réalités sur le terrain.  Pour l’Afrique, a-t-il plaidé, il faudrait des solutions africaines.  Il a, à ce propos, appelé au renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, dont celles d’Afrique.  Il a également noté que les mesures de consolidation de la paix ne sont durables que si elles sont prises avec l’approbation de la population, et qu’il revient à chaque gouvernement d’établir ses priorités, avec la participation des acteurs sociaux, avant de demander le soutien des Nations Unies.

M. Churkin a ensuite indiqué que malgré des cas de succès, les exemples de la République centrafricaine et du Soudan du Sud montrent la fragilité des processus de consolidation de la paix.  Concernant ce dernier pays, il a dénoncé un gaspillage des fonds, des ingérences étrangères, des erreurs militaro-politiques et le manque de redevabilité qui justifient la situation actuelle que le pays connaît.

Le représentant russe a également cité le cas du Burundi, en regrettant que les membres de la formation pays de consolidation de la paix qui se sont penchés sur ce dossier aient plaidé pour la réduction de l’aide aux institutions de sécurité, utilisant ainsi des prérogatives onusiennes dans le but de faire pression sur le Gouvernement, au risque d’aggraver la situation sur le terrain.  Il a donc invité la Commission de consolidation de la paix à coopérer davantage avec les bureaux pays de l’ONU et avec les acteurs nationaux.  M. Churkin a, enfin, déploré les faibles ressources alimentant le Fonds pour la consolidation de la paix.

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a souhaité que la prévention soit placée au centre de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU afin de prévenir une escalade des tensions vers des conflits armés.  Le Conseil doit être plus actif dans l’attention qu’il porte aux conflits en voie d’émergence ou aux situations fragiles, a-t-il recommandé, avant d’inviter, à cet égard, le Secrétaire général à apporter sa contribution.  Il a ensuite évoqué la bonne transition en Côte d’Ivoire, à laquelle son pays a contribué, et souligné l’importance de la phase de transition entre le retrait d’une mission de l’ONU et une présence onusienne sous une autre forme.  Il est crucial que la communauté internationale soit attentive à cette phase et élabore des stratégies de retrait des missions qui soient de nature à consolider les gains enregistrés, a-t-il insisté.  Enfin, le délégué de l’Ukraine s’est dit préoccupé par la situation en République démocratique du Congo, en estimant que ce pays ne connaissait toujours pas de paix durable malgré 17 années d’efforts de maintien de la paix.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a déclaré que, contrairement aux idées reçues, de très nombreux pays africains vivent dans la paix, tandis que d’autres, tels que la Sierra Leone, ont tourné la page des conflits.  « Notre appui doit être fourni en coopération avec les gouvernements et les peuples », a-t-il dit, avant de plaider pour un renforcement des capacités des pays africains.  Le délégué a également plaidé pour des médiations africaines.  Les mandats des missions de l’ONU, a-t-il suggéré, doivent être séquencés et adaptés aux spécificités des pays.  M. Rycroft a ensuite souligné l’importance de la promotion de la transparence et de la lutte contre la corruption pour instaurer une paix durable.  Les femmes ont, à cet égard, un rôle crucial, a-t-il souligné, en demandant la levée des obstacles qui entravent leur participation aux efforts de paix.  Le potentiel du grand nombre de jeunes africains devrait être mieux utilisé grâce, notamment, à des politiques d’emploi adéquates, a-t-il recommandé.  Avant de conclure, le délégué du Royaume-Uni a demandé la mise en place de mécanismes d’alerte rapide.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a noté que la « nature intra-étatique » des conflits actuels dans le monde impose une nouvelle attitude de la part de la communauté internationale.  Il a ainsi souligné le besoin pour les pays d’avoir des institutions nationales solides.  Il est nécessaire de prendre des mesures pour stimuler la croissance économique, la promotion des droits de l’homme et établir une confiance solide entre le gouvernement et le peuple.  Le représentant a souhaité que les jeunes et les femmes jouent un rôle de premier plan et, pour que cela soit possible, il faudrait créer des espaces permettant leur pleine participation.  Il a également noté que l’inclusion sociale était le seul moyen de s’assurer que les besoins de tous les groupes sociaux sont pris en compte.  Les modèles de développement sont divers et c’est pourquoi, a-t-il souligné, il faudrait tenir compte des réalités nationales et non pas imposer des solutions émanant de l’étranger.  Le délégué de l’Uruguay a également proposé de promouvoir davantage le rôle des institutions régionales en matière de consolidation de la paix.  Il a aussi insisté sur le fait que la consolidation de la paix reposait, en premier lieu, sur le gouvernement du pays concerné et que l’ONU ne pouvait intervenir qu’en deuxième ressort.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a souligné l’échec du Conseil dans l’instauration d’une paix durable au Burundi.  Aujourd’hui, le Conseil n’est pas uni sur ce dossier, a-t-il dit, avant de souligner la situation préoccupante qui prévaut actuellement au Soudan du Sud.  Il a ensuite mis l’accent sur les enseignements tirés d’exemples positifs comme le Burkina Faso, en estimant tout d’abord que l’instauration de la paix était un processus cyclique qui commence avec la prévention.  La deuxième leçon, a-t-il dit, est l’importance de la flexibilité des efforts de paix.  Le représentant a ainsi plaidé pour la création d’un mécanisme automatique de transition pour combler le vide de pouvoir après le retrait d’une mission onusienne, évoquant ainsi l’exemple de la République centrafricaine.  « Il ne faut pas rendre les pays orphelins dès lors qu’ils ont été retirés de l’ordre du jour du Conseil ».  Le rôle principal dans les efforts de reconstruction, a estimé le délégué de l’Espagne, incombe aux dirigeants des pays concernés, appuyés par la communauté internationale.  « La population doit participer pleinement à ces efforts, ce qui veut dire que les femmes doivent jouer un rôle éminent », a conclu le délégué de l’Espagne.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a souhaité que le règlement des conflits en Afrique tienne davantage compte des causes profondes de ces conflits.  Il a souligné que pour avoir des efforts de consolidation de la paix efficaces, il faudrait que ceux-ci tiennent dûment compte de la réforme du secteur de la sécurité, du processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et de la nécessité du développement économique et social des populations.  La justice sociale, l’impartialité de la justice et la primauté du droit sont aussi importants, a-t-il fait remarquer.  Rappelant que la consolidation de la paix doit s’inscrire dans un processus global, il a estimé que l’on ne peut parler de consolidation de la paix en Afrique sans faire le lien avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Pour sa délégation, la consolidation de la paix doit être menée par les acteurs nationaux qui doivent définir les priorités de leur pays.  Le représentant a ensuite plaidé pour que la fragmentation et les doublons soient réduits au minimum dans le travail de consolidation de la paix de l’ONU en Afrique.  Il a également appelé à donner plus de poids au rôle que les femmes et les jeunes pourraient y jouer.  Il a enfin annoncé que l’Égypte entend créer un centre pour la reconstruction postconflit et le développement.

Mme JUDITH MARCIA ARRIETA MUNGUIA (Mexique) a jugé impérieux, aujourd’hui plus que jamais, de lier un dialogue efficace entre la Commission de consolidation de la paix et les différents organes des Nations Unies.  Elle s’est félicitée, à cet égard, des nouvelles orientations données par l’Assemblée générale dans sa résolution et par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2282 (2016).  Il y a là un nouveau discours qui vise à catalyser les efforts dans le cadre d’une démarche tournée vers l’avenir, a estimé la représentante, qui a insisté sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des conflits.  Elle a ainsi rappelé l’importance de l’état de droit et d’institutions redevables, ainsi que l’objectif 16 des ODD sur l’édification de sociétés pacifiques, tout en estimant que la question de l’état de droit allait au-delà et entrait en synergie parfaite avec l’ensemble du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La représentante a lancé un appel pour investir dans les communautés et préserver le tissu social.

La communauté internationale a pu constater que la stabilité d’un pays tenait aussi au respect des droits de l’homme et au développement, a poursuivi la représentante du Mexique, qui a rappelé l’importance d’une transition réussie de la consolidation de la paix vers la démocratie.  C’est pourquoi, depuis 2009 le Mexique apporte une assistance électorale aux pays africains qui en font la demande.  Il est prêt à continuer dans cette voie, a-t-elle assuré, tout en recommandant d’aller au-delà des processus électoraux, a averti Mme Arrieta Munguia. .

Pour le Mexique, la Commission de consolidation de la paix, avec sa perspective à long terme, doit être utilisée par les pays africains.  Le Conseil de sécurité doit, pour sa part, utiliser les conseils stratégiques fournis par la Commission.  Il faut trouver des solutions plus créatives dans tous les processus liés à l’Architecture de consolidation de la paix.  Ainsi, le Mexique et Cuba ont, à travers l’Organisation mondiale de la Santé, apporté une assistance aux  trois pays les plus touchés par l’épidémie d’Ebola, a ajouté la représentante.  

M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a, au lendemain de la Journée Nelson Mandela, voulu rappeler que le grand leader sud-africain « rêvait d’une Afrique en paix avec elle-même ».  En attendant que ce rêve se réalise, a conseillé le représentant, cessons de regarder l’Afrique comme un continent à problèmes.  Elle a aussi de la sagesse, de la créativité et un avenir radieux.  Pour illustrer son optimisme, le représentant s’est attardé sur le travail des organisations régionales et sous-régionales, sur la coopération que l’Union africaine a établie avec l’ONU ou encore sur le rôle décisif de la CEDEAO dans des pays comme la Guinée-Bissau.  Il a insisté sur le succès des transitions au Libéria et en Côte d’Ivoire et sur celui de la lutte contre Ebola.  Il a souligné, à cet égard, la pertinence du travail de la Commission de consolidation de la paix et en l’occurrence, souligne le caractère « crucial » de l’interdépendance entre sécurité, développement et droits de l’homme. 

Le représentant a reconnu les défis du continent: les flux financiers illicites, l’exploitation illégale des ressources naturelles comme dans la région des Grands Lacs, les tensions au Burundi, la crise au Soudan du Sud et les conséquences d’une intervention mal pensée en Libye, qui a alimenté le trafic d’armes et le terrorisme.  Cette tragédie, a-t-il estimé, devrait nous servir de leçons lorsque nous voulons faire du recours à la force le premier moyen de résoudre les conflits.  Il est regrettable, a fait remarquer le représentant, que ces situations auraient pu être moins traumatisantes, voire évitées si la communauté internationale avait privilégié une autre approche.  Le représentant a estimé que les examens des opérations de maintien de la paix, de l’architecture de consolidation de la paix et de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité vont dans le bon sens puisqu’ils mettent tous l’accent sur la prévention et les solutions politiques à travers le dialogue et la diplomatie, en Afrique ou ailleurs.

M. ANDREA BIAGINI (Italie) a rappelé que son pays, membre de la Commission de consolidation de la paix, soutenait pleinement le nouveau concept de paix durable et la nécessité d’investir dans le travail de la Commission pour assurer un financement durable.  L’Italie a repris, cette année, son financement au Fonds pour la consolidation de la paix.  Elle s’est engagée à augmenter son aide au développement.  Elle a également proposé à l’Afrique un « contrat durable » qui prévoit la sécurité et une paix durables pour éviter avant tout les conflits et les rechutes, une durabilité socioéconomique afin de saisir les immenses opportunités offertes par le continent et assurer une gestion durable des migrations.

Futur membre du Conseil de sécurité, l’Italie veillera, en coordination étroite avec les Pays-Bas avec qui sera partagé son mandat, pour poursuivre dans la voie de la déclaration présidentielle qui vient d’être adoptée, a assuré M. Biagini.  Il a ensuite mis l’accent sur les concepts d’appropriation de la consolidation de la paix, sur les partenariats et le rôle des Nations Unies comme facilitateur de la paix, et sur la promotion d’une culture de prévention.  Il a également insisté sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et son alignement avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine, afin d’assurer un meilleur développement économique, social et environnemental qui sera, a-t-il dit, le meilleur moyen de traiter des causes profondes des conflits sur le continent.  Il faudrait aussi renforcer le lien entre la paix durable et le développement en promouvant l’objectif 16 de développement durable, qui appelle à l’édification de sociétés pacifiques et ouvertes.  C’est la manière dont travaille en Afrique la coopération italienne, a précisé le représentant.  M. Biagini a, enfin, rappelé l’importance du renforcement des institutions et des capacités, élément clef d’une paix durable.  À cet égard, il a fait mention du rôle que jouent, dans plusieurs pays africains, les douanes et la police des frontières italiennes.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a noté qu’un des messages clefs du Groupe consultatif d’experts était que la consolidation de la paix doit inclure un fort accent sur la prévention des conflits avec des partenariats larges et inclusifs.  Il a ajouté que le rapport du Groupe consultatif d’experts ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale ont identifié ce printemps les défis et instruments nécessaires à une consolidation de la paix efficace.  Les besoins postconflit de l’Afrique, a-t-il souligné, vont du renforcement des institutions et de la reconstruction économique à la réforme des institutions judiciaires et sécuritaires.

Au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a souligné l’importance de l’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix, des partenariats internationaux et d’un appui durable et prévisible aux efforts de consolidation de la paix.  Il a estimé que les efforts de consolidation de la paix devraient commencer par un dialogue avec tous les acteurs concernés dont les femmes et les jeunes.  Il a considéré que cette étape était une condition sine qua non pour l’appropriation nationale et pour garantir la légitimité du processus de consolidation de la paix.  S’agissant des partenariats, il a appelé à l’intensification des échanges entre l’Union africaine et le Conseil de sécurité et les autres organismes de l’ONU impliqués dans la consolidation de la paix.  Pour ce qui est du financement de la consolidation de la paix, il a appelé à explorer les opportunités que représentent le secteur privé, les institutions financières internationales et les banques régionales de développement. 

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a souligné que pour assurer la consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest, l’appropriation nationale, la cohérence entre les acteurs internationaux, régionaux et nationaux et le rôle de l’architecture onusienne de la consolidation de la paix étaient essentiels.  S’agissant de l’appropriation nationale, il a prévenu que la consolidation de la paix ne pouvait réussir si elle était perçue comme le fruit d’une intervention extérieure.  Il a fait remarquer qu’une société ne pouvait atteindre l’objectif d’une paix durable sans une volonté correspondante du gouvernement et des acteurs nationaux clefs.  Pour ce qui est de la cohérence, il a salué l’accord innovant entre l’Union africaine et le Fonds pour la consolidation de la paix de l’ONU concernant le financement des observateurs de l’Union africaine au Burundi.  Le représentant a souligné la nécessité de tirer profit de cette expérience en termes de substance, mais aussi en termes de coopération administrative.  Enfin, pour ce qui est de l’architecture, il a estimé qu’il était important de renforcer les relations entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix (CCP) et de prêter plus d’attention à la corrélation entre droits de l’homme et la paix..  

M. JOSÉ ALBERTO ANTONIO SANDOVAL COJULÚN (Guatemala) s’est dit d’accord avec les remarques figurant dans le document de réflexion sur la nécessité d’inclure pleinement les différents éléments de la société dans tous les processus consolidation de la paix.  Il existe en Afrique des exemples de bonnes pratiques en ce domaine, mais malheureusement aussi des cas d’aggravation de la situation. Le Guatemala condamne les attaques contre les membres des missions des Nations Unies et se félicite du rôle de ces missions dans la protection des civils, a dit son représentant, tout en rappelant que la responsabilité première en la matière revient aux États concernés.  Le Guatemala, qui a connu un long conflit, est conscient de la nécessité pour assurer une paix durable d’un développement durable et de la justice sociale, ainsi que de la participation efficace de tous les citoyens.  En outre, la mise en place de « commissions vérité » contribue à la réconciliation nationale.  Le représentant a également mis l’accent sur l’importance des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).

L’ONU dispose aujourd’hui de nombreux rapports et de résolutions du Conseil de sécurité comme de l’Assemblée générale qui permettent à ses États Membres de prendre des mesures en matière de consolidation de la paix avant, pendant et après un conflit, a ajouté le délégué.  Il a conclu en rappelant que les échecs des Nations Unies résultaient souvent du non-respect de leurs propres décisions.

M. REINHARD JOSEF KRAPP (Allemagne) a indiqué que son pays avait développé, en coopération avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) une « Facilité de stabilisation de la Libye » dont l’objet est la réhabilitation rapide des infrastructures critiques et le renforcement des capacités des municipalités de soutenir les efforts des collectivités locales en matière de consolidation de la paix.  Au Mali, l’Allemagne aide le Gouvernement à mettre en œuvre l’accord de paix en axant les efforts sur la décentralisation, a précisé M. Braun.  Le processus de paix ne pourra se traduire en réalité que si la décentralisation devient visible sur le terrain et si les populations ne constateront aucun réel changement dans leur vie quotidienne.  Le représentant de l’Allemagne a appelé à la mise en œuvre du concept de « stabilisation civile » dans le cadre des missions des Nations Unies.  Il a précisé que l’Allemagne avait consacré, cette année, 11 millions de dollars au Fonds pour la consolidation de la paix.

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a estimé que la tenue d’élections crédibles était un défi majeur dans le contexte de transition après un conflit ou une crise.  Ceci implique, en amont et en aval, le maintien d’un espace politique où règnent les libertés d’opinion et de rassemblement pour tous les acteurs politiques et pour toutes les composantes de la société civile, a-t-elle précisé.  Les périodes électorales, a-t-elle suggéré, doivent mériter un regain d’attention pour éviter que l’on revienne sur les progrès démocratiques accomplis et pour pérenniser les avancées en matière de consolidation de la paix.  Par ailleurs, elle a rappelé que les objectifs de développement durable reflétaient le caractère crucial de la mise en place d’institutions responsables et efficaces dans les pays sortant de conflit.  « Cela est vrai pour le secteur de la justice, le secteur de la sécurité, mais également le secteur des finances publiques, avec les partenaires pertinents comme les institutions financières internationales et régionales », a-t-elle expliqué.  Mettant l’accent sur l’importance de la bonne gouvernance et la transparence, la représentante de la Belgique a salué l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) qui est, a-t-elle souligné, un instrument de nature à encourager les pays dotés de ressources naturelles à en mobiliser les revenus au bénéfice de leur développement durable. 

M. CARL HALLERGARD, Union européenne, a rappelé que l’Union européenne soutenait financièrement le renforcement des capacités de plusieurs organisations régionales africaines.  Tout en saluant les progrès de l’Union africaine, de la CEDEAO et de l’IGAD dans le domaine de la paix et de la sécurité, le représentant de l’Union européenne a estimé qu’il faudrait encore progresser dans le domaine de l’intégration.  Plusieurs organisations, a-t-il noté, font souvent la même chose.  Il a indiqué que la Facilité de soutien à la paix pour l'Afrique de l’Union européenne avait, depuis 2004, consacré 1,6 milliard d’euros aux efforts de paix et de sécurité de l’Union africaine.  L’Union africaine, a-t-il dit, dispose aujourd’hui d’un cadre de gestion des conflits avec l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA).  Il a ajouté que le soutien de l’Union africaine aux efforts de consolidation de la paix africains allait au-delà de l’APSA.  Outre les initiatives bilatérales, l’Union européenne recourt à des instruments de politique étrangère comme l’Instrument contribuant à la stabilité et à la paix, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne ou encore les missions de conseil militaire PSDC (politique de sécurité et de défense commune) en République centrafricaine et au Mali. 

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a estimé que la Commission de consolidation de la paix (CCP) devrait servir de pont entre les divers départements du Secrétariat, les organismes des Nations Unies et les opérations de terrain.  Il a souligné l’importance de la médiation, des négociations et de la réconciliation entre les parties par le biais de la coordination des efforts du Secrétaire général, de ses envoyés spéciaux en conjonction avec les organisations régionales et sous-régionales concernées.  Le représentant a exhorté la communauté internationale à élaborer une stratégie d’aide cohérente pour le développement et la consolidation de la paix dans les pays d’Afrique.  Il a souligné la pertinence de l’Agenda 2063 dont la mise en œuvre est essentielle pour faire de l’Afrique une région exempte de conflits. 

Mgr SIMON KASSAS, Observateur du Saint-Siège, a indiqué que l’Église catholique en Afrique contribuait directement à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix grâce à la présence capillaire de ses dizaines de milliers d’institutions, comme les hôpitaux, les dispensaires, les écoles et autres centres de formation.  « Des agences humanitaires et caritatives catholiques travaillent dans tous les pays d’Afrique, promouvant le dialogue dans les villages, fournissant une assistance d’urgence et renforçant les capacités des petites entreprises, a-t-il assuré.  Il a expliqué que le Saint-Siège supervisait ce vaste réseau de programmes à impact rapide, à moyen et long termes, pour favoriser les meilleurs niveaux possibles d’éducation et de santé et poursuivre les efforts visant à prévenir les conflits et à consolider la paix par le dialogue et le développement intégral humain.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a d’abord estimé que la prévention des conflits et la consolidation de la paix entraient bien dans le mandat du Conseil de sécurité de maintien de la paix et la sécurité internationales.  Pour l’Afrique du Sud, la clef d’une consolidation de la paix viable réside dans le renforcement des approches politiques, y compris par le biais de la diplomatie préventive, de la prévention et de la gestion des conflits, de la médiation et de la consolidation de la paix.  Cela permettrait de s’assurer que les pays non seulement évitent les conflits mais également traitent des défis de manière à empêcher que les pays qui sortent d’une crise n’y sombrent à nouveau.  L’Afrique du Sud est donc d’accord avec les conclusions du Groupe d’experts indépendants présentées lors de l’examen entrepris en 2015 de l’architecture de paix et de sécurité: la consolidation de la paix doit être le principe de base des engagements des Nations Unies avant, pendant et après une crise.

La majorité des États Membres des Nations Unies ont été d’une manière ou d’une autre, à un moment ou un autre, affectés par un conflit, a affirmé M. Matjila.  Le fait que certains de ces conflits n’ont pas eu un impact disproportionné dans les pays où ils ont éclaté tient à la capacité des États, à leur économie et à la résilience de leur société à y faire face, a-t-il estimé.  La consolidation de la paix doit donc assurer un développement durable et une bonne gouvernance pour éviter toute rechute.  La communauté internationale doit suivre avec attention la situation des pays qui sortent d’un conflit et assurer une contribution à leur stabilité, leur croissance économique et leur développement.  À cette fin, l’Afrique a mis en place son cadre pour la reconstruction postconflit et le développement.  Elle a aussi lancé en 2014 l’Initiative de solidarité africaine qui doit mobiliser les soutiens à l’intérieur du continent en faveur des mesures de consolidation de la paix.  Toutes ces mesures contribuent à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et de son objectif visant à ce qu’en 2020, « tous les fusils soient devenus silencieux » sur le continent.

Pour le représentant, il faut assurer le financement du renforcement des capacités nationales après un conflit et ce financement doit être adapté, prévisible et cohérent.  L’Afrique du Sud est consciente des défis à rencontrer, à cet égard, par le Fonds pour la consolidation de la paix.  Le Conseil de sécurité devrait donc se féliciter de l’annonce faite par l’Union africaine de mettre en place un fonds pour la paix de l’Union africaine.  Le représentant a rappelé que l’ensemble des pays figurant à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix (CCP) étaient africains et que ces pays avaient également reçu environ 80% des financements du Fonds entre 2007 et 2014.  Le Fonds appuie également les efforts de l’Union africaine pour consolider la paix au Burundi, ce qui constitue un bon exemple de coopération.

La consolidation de la paix est solidement fondée sur le principe que la paix ne peut exister sans le développement et réciproquement.  Ce sont là les éléments qui doivent sous-tendre l’action des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité, lequel dépend fortement d’une Afrique prospère et pacifique, a conclu le représentant.

M. OH JOON (République de Corée) s’est félicité que la résolution 2282, adoptée par le Conseil de sécurité le 27 avril 2016, ait défini, pour la première fois, que la prévention est un élément incontournable de nos efforts de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Dans ce contexte, le représentant a jugé indispensable d’accorder la priorité à la mise en place d’institutions pertinentes pour la reconstruction des pays sortant d’un conflit ou d’une crise afin de jeter, notamment, les bases de leur future croissance économique.  L’éducation est un élément clef du cadre de coopération entre la République de Corée et l’Union africaine, a-t-il assuré.  La République de Corée, a-t-il ajouté, appuie le Fonds de paix de l’Union africaine.  Avant de conclure, il a mis l’accent sur l’importance de l’appropriation nationale des efforts de consolidation.

M. IB PETERSEN (Danemark), au nom des pays nordiques, a salué l’adoption par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité de leur résolution respective sur la consolidation de la paix au mois d’avril, y voyant un jalon important.  Il s’est aussi félicité du récent examen des opérations de maintien de la paix et a apporté le plein soutien des pays nordiques à la mise en œuvre des différentes recommandations présentées.

Pour les pays nordiques, la complexité des efforts de consolidation de la paix en Afrique appelle une approche différenciée et globale des Nations Unies comme des gouvernements concernés.  M. Petersen a cité en exemple l’expérience des pays nordiques au Sahel, qui met l’accent sur le lien entre la paix, la sécurité et le développement et cible les causes profondes des conflits.  Malgré les progrès déjà réalisés, il faudrait insister davantage sur la prévention et le règlement des conflits.  À cette fin, il faut un leadership africain puissant et placer la consolidation de la paix au centre de toutes nos actions.

L’Union africaine, les différentes organisations régionales, ainsi que les Nations Unies et l’Union européenne ont un rôle unique à jouer pour faciliter les processus politiques.  Les pays nordiques félicitent ainsi l’Union africaine pour ses efforts tendant à faire progresser la paix et la sécurité sur le continent africain.  Ils saluent aussi la volonté de nombreux pays africains de contribuer par des troupes et autres catégories de personnel aux efforts de paix.  L’Union africaine et les organisations sous régionales sont souvent les premières à répondre aux crises africaines et à envoyer des troupes, souvent dans un environnement dangereux.  Les pays nordiques reconnaissent la nécessité d’étudier des modes de financement prévisibles pour les missions de paix de l’Union africaine et saluent, à cet égard, la décision prise unanimement à Kigali concernant le financement des opérations de paix africaines.  C’est un pas important, a-t-il dit, pour assurer leur mise en œuvre efficace.  Le représentant a également pris note de la nomination du Président Kagamé, du Rwanda, à la tête du processus en cours de réforme institutionnelle de l’Union africaine. 

Pour contrer les menaces émergentes, internes ou externes, des structures de gouvernance solides sont nécessaires.  Alors que l’on travaille à adapter et revitaliser les structures des Nations Unies aux défis actuels, il est important de noter que l’Union africaine a rendu opérationnelle sa propre architecture de paix et de sécurité, a relevé M. Petersen.  Le représentant a également jugé indispensables de réaliser de nouveaux progrès dans la mise en œuvre des résolutions 1325 et 2242 du Conseil de sécurité concernant les femmes, la paix et la sécurité, en estimant que celles-ci représentent la ressource la moins utilisée pour parvenir à une consolidation de la paix efficace.  Enfin, il a rappelé que, pour assurer une paix et un développement à long terme, c’est l’ensemble du pays qui doit être écouté, respecté et impliqué.  Il a cité en exemple le cas du Burkina Faso et sa société civile très active.

M. CLAUDE STANISLAS BOUAH-KAMON (Côte d’Ivoire) a déclaré que les autorités de son pays avaient su remettre le cap sur le progrès après près d’une décennie de troubles en s’appuyant sur la capacité du peuple ivoirien à développer la résilience pour parvenir à la paix.  La cohésion sociale, la réconciliation nationale et la normalisation de la vie politique sont fondamentales pour la consolidation d’un climat de paix durable et favorable à la mise en œuvre du développement.

Le représentant a ensuite expliqué le plan national de consolidation de la paix mis en place par son gouvernement avec l’appui du système des Nations Unies, qui porte sur la restauration de l’autorité de l’État et la sécurité communautaire, l’appui à la réconciliation nationale et le soutien et l’identification des populations vulnérables.  Il a appelé le financement apporté par le Bureau de la Commission de consolidation de la paix à ce plan, qui a permis d’obtenir des résultats probants, dont le parfait déroulement de l’élection présidentielle d’octobre 2015, l’auto-prise en charge de la justice ivoirienne et l’emploi des jeunes.  En outre, a-t-il précisé, une haute autorité de la bonne gouvernance a été créée pour contribuer à la promotion des valeurs de la gestion publique.  L’expérience ivoirienne a vocation à être suivie et renforcée, a déclaré M. Bouah-Kamon, qui a remercié les Nations Unies pour le soutien inestimable qu’elles continuent de jouer en faveur de la Côte d’Ivoire.

M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a jugé essentiel d’appuyer et de promouvoir la prise en charge à l’échelle nationale, conformément aux engagements pris dans ce sens dans le programme 2030 et dans le New Deal pour l’engagement dans les États fragiles.  Il s’est félicité de ce que l’Union africaine et les communautés économiques régionales assument un plus grand rôle pour réagir aux conflits et consolider la paix avec le soutien de l’ONU et ses bureaux régionaux.  Il est important, a-t-il estimé, de renforcer les capacités de ces organisations et les liens entre l’Union africaine et l’ONU.  « Si nous tenons vraiment à créer des institutions inclusives et responsables en mesure de pérenniser la paix, nous devons permettre aux personnes habituellement marginalisées de se faire entendre », a déclaré le représentant du Canada.  « Cela signifie qu’il faut faire participer les femmes, les jeunes et la société civile », a-t-il insisté.

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a estimé que l’inclusion des femmes africaines, de la jeunesse et de la société civile dans les processus de prise de décisions était déterminante pour réaliser des progrès durables en matière de consolidation de la paix.  Il s’est félicité de ce que les dirigeants africains aient reconnu le rôle de la femme des jeunes et de la société civile dans l'Agenda 2063 pour l’Afrique.  Pour sa délégation, le renforcement des capacités militaires et de police ainsi que la mise en œuvre d’un système judiciaire crédible pour lutter contre la corruption devraient figurer parmi les priorités.  

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé que l’Afrique n’était pas le seul continent à subir des conflits et que, comme partout, il était essentiel que les pays concernés soient appuyés dans leurs efforts pour surmonter ces conflits de manière pacifique.  Il est également essentiel que les Nations Unies et autres partenaires aident les pays affectés à renforcer leurs capacités et à consolider la paix, en respectant les priorités nationales.  L’appropriation nationale de la consolidation de la paix et du développement est cruciale.  Compte tenu de sa propre expérience, l’Indonésie connaît bien cette nécessité.

Le représentant a rendu hommage aux efforts de nombreux dirigeants africains en faveur de la paix et la prospérité de leur peuple.  Il s’est félicité également de la coopération entre l’ASEAN et l’Union africaine.  L’Indonésie soutient l’Agenda 2063 de l’Union africaine et appuie la nouvelle feuille de route 2016-2020 en faveur de la paix en Afrique.  Le soutien de l’Indonésie à l’Afrique sera toujours une réalité, a encore affirmé le représentant, qui a rappelé que 1 537 Casques bleus et policiers indonésiens participaient actuellement à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique. 

Après l’adoption de la résolution 2282 du Conseil de sécurité sur l’architecture de paix et de sécurité, l’Indonésie espère un partenariat plus productif entre le Conseil de sécurité, la Commission de consolidation de la paix (CCP) et d’autres organes ou institutions des Nations Unies pour faire progresser une consolidation de la paix efficace en Afrique.  Le représentant a, enfin, rappelé la nécessité d’une approche globale qui incorpore la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme, pour traiter des causes profondes des conflits.  Le système des Nations Unies doit veiller à ce qu’il n’existe pas de cloisons étanches entre ces trois piliers, à ce que sa réponse soit intégrée, durable en en accord avec les besoins exprimés par les autorités nationales légitimes des pays affectés, a conclu le représentant.

M. TANMAYA LAL (Inde) a déclaré que la prévention et la résolution des conflits devrait d’abord être une activité politique.  Dans ce contexte, la paix et la sécurité ne peuvent pas être considérées isolément des questions de développement et c’est pourquoi il faut adopter une approche plus holistique pour prévenir les conflits et bâtir la paix.

La Commission de consolidation de la paix (CCP) n’est pas assez prise au sérieux aux Nations Unies, a déploré M. Lal, qui a rappelé qu’elle manquait de ressources nécessaires, disposant de moins de 1% du budget du maintien de la paix.  Il faut accorder à la Commission des ressources adéquates, des capacités lui permettant de juger les situations sur le terrain et prendre sérieusement en compte les conseils qu’elle donne au Conseil de sécurité, a ajouté le représentant.  Les résolutions adoptées en avril respectivement par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, a-t-il toutefois estimé, marquent une reconnaissance croissante de la communauté internationale des efforts de consolidation de la paix à long terme.  L’Inde soutient chaleureusement l’accent mis sur l’importance du développement durable, de la croissance économique et d’un meilleur financement.

Au cours des 20 dernières années, l’Union africaine et diverses organisations sous-régionales africaines ont pris des initiatives de paix dans quelque 20 conflits en Afrique, a rappelé M. Lal, qui a aussi pris note de l’institutionnalisation des relations entre le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Plusieurs pays africains sont progressivement apparus comme d’importants pays fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix, puisque 6 des 10 principaux pays fournisseurs de contingents actuels sont africains et que 38 États africains fournissent la moitié des Casques bleus et 60% du personnel civil des opérations de maintien de la paix.  L’Inde se félicite de cette évolution, ainsi que de la récente décision de l’Union africaine de mieux assurer l’autonomie financière de son budget consacré à la paix et la sécurité, grâce à son Fonds pour la paix.

M. Lal a par ailleurs estimé que le grand succès du troisième Sommet du Forum Inde-Afrique en octobre dernier avait porté à un niveau encore plus élevé ce déjà ancien partenariat.  La coopération de l’Inde avec l’Afrique se concentre sur le partage de l’expertise, des ressources et le renforcement des capacités, a rappelé le représentant.  Il a conclu en rappelant qu’il faudrait comprendre réellement l’importance du développement durable pour la paix et la sécurité et plus encore l’indivisibilité de la paix et la sécurité par-delà des frontières.  À défaut, les conflits se poursuivront et continueront de s’opposer à un meilleur avenir pour tous. 

M. DANNY DANON (Israël) a souligné la nécessité d’agir sur plusieurs fronts en commençant par prévoir les ressources nécessaires à la mise en place d’institutions qui permettent aux États de devenir des acteurs de la paix durable et de résoudre les tensions avant qu’elles ne mènent à un conflit.  Il est important de promouvoir des mécanismes forts de réconciliation nationale, en abordant les questions de justice et de gouvernance et en mettant l’accent sur l’appropriation nationale et l’inclusivité, a-t-il recommandé.  Notant l’importance de la participation de tous les acteurs de la société civile aux efforts de paix, le représentant d’Israël a indiqué que l’Agence israélienne de coopération internationale pour le développement travaillait avec ONU-Femmes pour promouvoir l’autonomisation politique des femmes africaines.  Il a expliqué que l’objectif de cette démarche était de promouvoir le rôle des femmes dans le domaine de la consolidation de la paix, de la médiation et du règlement des conflits.  Par ailleurs, il a indiqué qu’Israël était le plus important contributeur par habitant au financement de la lutte contre la pandémie du virus Ebola. 

M. TIM MAWE (Irlande) a rappelé qu’on ne pouvait pas promouvoir la paix sans traiter d’abord des facteurs qui la menacent, comme cela est apparu de manière évidente lors de l’adoption, en avril dernier, des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur l’architecture de paix et de sécurité, ou encore l’an passé lors des négociations sur l’objectif 16 du développement durable.  Cette nécessité est encore plus présente pour les pays qui sortent d’une crise.  La paix est alors à ce stade fragile et plus facilement détruite que consolidée, a-t-il fait remarquer.  Pour le représentant toutefois, la direction prise est la bonne.  M. Mawe a ainsi rappelé que le représentant de la République centrafricaine s’était félicité du mandat innovant de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), taillé en fonction des priorités nationales.  De même, l’accent mis sur la Commission de consolidation de la paix dans la phase de transition et un financement par le Fonds pour la consolidation de la paix ont donné des résultats très encourageants, a estimé le représentant.

Pour l’Irlande, la prévention des conflits est une autre priorité, qui a été sous-estimée et sous-financées pendant des années.  La situation au Burundi a rendu plus urgente encore l’investissement dans cette activité, a estimé M. Mawe, qui a rappelé que cette année, les médiateurs dans ce pays avaient dû traiter en moyenne 430 conflits par mois.  Les ressources financières nécessaires pour donner à un médiateur les moyens d’intervenir sont incomparables avec le coût énorme résultant du traitement d’un conflit qui a éclaté.  L’Irlande, a rappelé M. Mawe, a contribué à ces efforts de médiation.

Le représentant a également demandé que la consolidation de la paix inclue les femmes et les jeunes, ce qui n’a pas suffisamment été fait jusqu’à présent.  Enfin, il a insisté sur l’appropriation africaine de la consolidation de la paix  en Afrique: il n’y aura pas de paix en Afrique qui ne soit dirigée par les Africains et, de même, il n’y aura pas de croissance économique sur le continent qui ne soit tirée de l’intérieur.  Il faut donc que tous les engagements pris par les Nations Unies concernant la consolidation de la paix en Afrique soient définis et mis en œuvre en pleine coopération avec les acteurs africains, a recommandé le représentant avant de conclure.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a estimé que la clef de la transition du conflit à la paix et au développement durable était l’établissement d’un système de sécurité efficace et redevable et basé sur l’état de droit.  Il a rappelé que le 21 juin dernier, la Slovaquie, en collaboration avec l’Afrique du Sud avec qui elle préside le Groupe d’amis pour la réforme du secteur de la sécurité, a organisé un dialogue de haut niveau sur le soutien aux priorités de réforme du secteur de la sécurité de la République centrafricaine.  Ce dialogue aura permis de souligner la nécessité de procéder à des réformes institutionnelles afin de promouvoir une paix durable dans le pays, a—t-il relevé.  Pour servir d’outil efficace de consolidation de la paix, la réforme du secteur de la sécurité devrait véritablement découler de la volonté du peuple, a rappelé le représentant.  Il a aussi indiqué que les conclusions de ce dialogue, portant sur la réforme du secteur de la sécurité en RCA, seront présentées au Secrétaire général, à l’Assemblée générale, au Conseil de sécurité et à tous les États Membres.

Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a déclaré que l’examen de l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU était l’occasion pour l’Organisation de repenser ses efforts de paix.  À la lumière de l’expérience du Rwanda, pays autrefois déchiré par un conflit devenu contributeur des missions de l’ONU, elle a affirmé que les efforts de paix jetaient les bases d’une prospérité future.  La paix est un processus à long terme, a-t-elle affirmé.  C’est pourquoi, elle a invité l’ONU à adopter des mesures ciblées pour l’après-conflit en s’attaquant aux causes profondes de la violence et en adaptant ces mesures aux spécificités des pays.

L’état de droit et le développement sont des outils essentiels pour s’attaquer auxdites causes, a-t-elle poursuivi.  Elle a ensuite déploré que le Conseil réagisse davantage aux conflits plutôt qu’il ne prête attention à leurs causes fondamentales et l’a invité à jouer un rôle plus actif.  La pérennisation de la paix n’est pas une tâche périphérique pour l’ONU mais une tâche fondamentale, a-t-elle affirmé.  Enfin, elle a jugé impératif de souligner les progrès accomplis dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP afin d’attirer les investissements et financer les projets qui sont trop souvent abandonnés, faute de ressources.

M. ALVARO MENDONCA E MOURA (Portugal) a appelé au développement de la notion de la consolidation de la paix -« une notion introduite à l’ONU en 1982 »- afin qu’elle englobe toutes les étapes de reconstruction.  La paix est un processus global, a-t-il dit.  S’il a rappelé que les pays africains étaient au cœur des activités de la CCP et du Conseil, il a également affirmé que l’Afrique était un acteur important pour assurer la sécurité en Afrique et dans le monde.  Avec son architecture de paix et de sécurité, l’Union africaine est un acteur de poids, a-t-il dit, avant de qualifier de stratégique le partenariat entre l’Union africaine et l’ONU.  La pérennisation de la paix, a-t-il dit, doit être un effort conjoint entre l’ONU et les pays africains.  Enfin, alors que son pays est membre de la formation Guinée-Bissau de la CCP, le délégué a souligné la responsabilité éminente des pays africains dans les efforts de paix.

M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) a souligné l’importance d’institutions justes et transparentes qui pourraient prévenir la reprise des conflits et assurer une paix durable dans les pays sortant d’un conflit.  Il a rappelé que cette année marquait le quatorzième anniversaire de la fin du conflit en Sierra Leone, et s’est félicité que depuis lors, le pays avait œuvré, en collaboration avec les Nations Unies, au renforcement des institutions du pays.  La Sierra Leone était inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, et maintenant elle est citée en exemple dans le cadre des meilleures pratiques, s’est-il enorgueilli.  Le représentant a indiqué que les autorités de la Sierra Leone avaient promu, depuis cette date, les droits de l’homme et la bonne gouvernance, contribuant ainsi à faire oublier l’image de « nation des diamants du sang » qui leur collait à la peau.  

M. Minah a ensuite invité la communauté internationale à continuer d’investir en Sierra Leone, notamment pendant les périodes de précarité comme celles qui avaient été marquées par l’épidémie d’Ebola et la chute des prix des produits de base.  Le représentant a plaidé pour le soutien de la communauté internationale pour renforcer les processus démocratiques en Sierra Leone, en ajoutant que les femmes doivent être au cœur de ces processus car, a-t-il dit, « une nation qui autonomise ses femmes s’autonomise elle-même ».  Le représentant a également réaffirmé l’engagement de son pays à lutter contre la criminalité transfrontalière, ce qui l’a amené à établir des alliances qui ont été mises en place pour juguler, notamment, le trafic des stupéfiants et le commerce des armes légères et de petit calibre.  Il a, enfin, invité les États Membres à augmenter leurs contributions financières au Fonds pour la consolidation de la paix.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a invité la Commission de consolidation de la paix à construire des liens plus solides avec les institutions africaines.  Elle a, notamment, souhaité que la Commission de consolidation de la paix et la Commission de l’Union africaine établissent une stratégie décennale de consolidation de la paix en Afrique.  Pérenniser la paix exige le respect des droits de l’homme et la mise en place d’institutions crédibles, a-t-elle argué.  Mais, a-t-elle prévenu, quel que soit l’objectif que nous défendons, cela n’aura pas de résultat significatif si des ressources financières adéquates ne sont pas allouées au Fonds pour la consolidation de la paix.  Elle a dit attendre avec impatience le prochain rapport du Secrétaire général sur cette question.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a rappelé que les deux résolutions identiques adoptées, il y a quelques mois, par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale sur l’examen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU « rationalisaient et intensifiaient » les activités de consolidation de la paix de l’ONU en Afrique.  Il a ensuite invité les principaux organes de l’ONU et leurs partenaires à reconnaître l’importance des efforts de prévention, avant de plaider pour une appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix.  Le délégué a salué la coopération accrue entre la Commission de consolidation de la paix (CCP) et les organisations régionales et sous-régionales africaines et dit attendre avec intérêt la stratégie sur le genre de la CCP qui doit être adoptée en septembre.  Le représentant a souhaité que l’accent mis sur la mobilisation de ressources accrues et prévisibles par les résolutions relatives à l’architecture de paix et de sécurité permettra d’abonder le Fonds pour la consolidation de la paix.  « Nous attendons des « idées créatives » du Secrétaire général sur la mobilisation des ressources, a-t-il indiqué, en précisant que les mécanismes sous-financés de l’Union africaine méritaient l’attention de la communauté internationale.

M. RICHARD NDUHUURA (Ouganda) a rappelé que les relations internationales actuelles étaient globalement plus pacifiques qu’auparavant.  Il n’y a pas eu de guerre en Amérique du Nord depuis un siècle, s’est-il félicité, en ajoutant que la création de l’Union européenne avait permis d’instaurer une paix durable en Europe.  Résolument optimiste, le délégué a affirmé que les peuples africains, « à part le peuple du Sahara occidental », étaient parvenus à l’autodétermination.  La plupart des pays africains sont des démocraties, a-t-il dit, avant de louer le dynamisme des organisations régionales africaines.  Le représentant a passé en revue certains projets de développement prometteurs en voie de réalisation en Afrique, tels que la construction de voies ferrées financées par des banques chinoises et le projet d’oléoduc entre l’Ouganda et la Tanzanie.  Il a rappelé le rôle que le colonialisme et la division arbitraire de l’Afrique ont pu jouer dans la survenue des conflits.  Le conflit au Soudan du Sud n’est pas un accident, a-t-il dit, en pointant comme une des causes la « marginalisation coloniale et postcoloniale ».  Le délégué a également souhaité un appui international pour créer des structures étatiques solides en Afrique.  L’Afrique est un marché dynamique et la communauté internationale doit suivre les exemples de la Chine, du Japon et des États-Unis et investir, a-t-il suggéré en concluant sa déclaration.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a rappelé que son pays contribuait à 7 des 9 missions de l’ONU déployées en Afrique et à 5 des 6 formations pays de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  La Turquie a alloué 300 000 dollars en 2015 pour le développement de l’architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine, a-t-il indiqué, en soulignant l’importance d’apporter des « solutions africaines à des problèmes africains ».  Il a également rappelé que son pays avait accueilli, en 2015, la Commission électorale de Somalie pour un échange de bonnes pratiques et formé 570 militaires issus de plusieurs pays africains.  La Turquie a aussi ouvert des hôpitaux au Darfour et à Mogadiscio.  En conclusion, le délégué a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale d’appuyer les pays africains dans les prochains mois qui seront marqués par plusieurs échéances électorales.

M. NICHOLAS EMILIOU (Chypre) a mis l’accent sur l’importance de l’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix et sur l’exclusivité de ces derniers.  Il a jugé indispensable que la communauté internationale soutienne les stratégies nationales et régionales multidimensionnelles en s’attaquant aux aspects politiques, sécuritaires et de développement.  Il est important, a-t-il souligné, de donner la priorité à la dimension régionale de la consolidation de la paix.  Le représentant a recommandé de faire participer activement les femmes africaines et les jeunes à tous les efforts de promotion de la paix. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné que dans le contexte africain et, plus particulièrement dans les pays sortant de conflit, le renforcement des institutions ressemble beaucoup plus à un projet de construction de l’État lui-même qu’à celui de la réforme et de la consolidation de structures étatiques déjà existantes.  Il a indiqué que le renforcement des institutions rendait indispensable la promotion de la bonne gouvernance et des droits de l’homme.  Il a également noté que le renforcement de la représentation politique des femmes dans les institutions et les processus politiques permettrait qu’elles soient en mesure de défendre l’adoption de lois et initiatives les concernant.  Promouvoir la participation politique des communautés autochtones en leur réservant le droit de définir et d’établir leurs propres priorités en matière de politiques publiques serait tout aussi important, a relevé le représentant.  Il a, plus globalement, affirmé que l’amélioration de la gouvernance, de la transparence et de la responsabilisation dans la gestion des ressources tant publiques que privées serait une option de première importance dans le contexte de la consolidation de la paix en Afrique.  Conscient de l’ampleur de la contrainte de la dette sur ces pays, le Maroc a décidé, en 2000, d’annuler la dette des pays africains les moins avancés.

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité, rappelant ses résolutions et les déclarations de son président en matière de consolidation de la paix, notamment les déclarations S/PRST/2010/7, S/PRST/2011/2, S/PRST/2012/29, S/PRST/2015/2 et S/PRST/2016/8, et la résolution S/RES/2282 (2016), réaffirme qu’il importe de développer l’infrastructure institutionnelle, élément fondamental de la consolidation et de la pérennisation de la paix en Afrique, et d’adopter des approches globales tenant compte des stratégies nationales de développement des pays africains.

Le Conseil est conscient que la consolidation de la paix est, par définition, un processus politique visant à prévenir le déclenchement, l’intensification, la poursuite ou la récurrence de conflits, et qu’elle s’appuie sur un vaste éventail de programmes et mécanismes politiques ou liés au développement ou aux droits de l’homme.

Le Conseil réaffirme qu’il importe que les activités de consolidation de la paix soient prises en main par le pays concerné, sachant que la responsabilité de la pérennisation de la paix incombe aussi bien au gouvernement qu’aux autres parties prenantes nationales et, à cet égard, précise que ces activités doivent être ouvertes à tous de façon à ce que les besoins de tous les groupes de la société soient pris en compte.  Il réaffirme en outre que les autorités et les gouvernements nationaux ont la responsabilité première de recenser, déterminer et cibler les priorités, les stratégies et les activités axées sur la pérennisation de la paix.

Le Conseil souligne le rôle crucial de l’Union africaine dans la consolidation et la pérennisation de la paix en Afrique et salue les efforts déployés à cet égard par les pays africains, l’Union africaine et les communautés économiques régionales.  Il réaffirme que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales contribue de façon cruciale à la consolidation et à la pérennisation de la paix, et insiste sur l’importance du partenariat et de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine, conformément aux dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Il encourage le Secrétaire général, par l’intermédiaire du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine et du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, à avoir des échanges réguliers, entreprendre des initiatives communes et partager l’information avec la Commission de l’Union africaine, conformément à sa résolution 2282 (2016).  Il se félicite de l’existence de diverses instances de dialogue entre les gouvernements nationaux, l’Union africaine, la société civile et les autres acteurs concernés, y compris en dehors de l’Organisation des Nations Unies.

Le Conseil considère que les initiatives africaines en matière de consolidation de la paix, notamment la politique de l’Union africaine relative à la reconstruction et au développement après un conflit et l’Initiative africaine de solidarité, pourraient être l’occasion pour l’ONU et l’Union africaine d’accroître les synergies et d’assurer la cohérence et la complémentarité de leurs activités de consolidation de la paix en Afrique.  Il prend note à cet égard de l’adoption de l’Agenda 2063 et du premier plan d’action décennal de l’Union africaine, qui définit les projets phares, les programmes accélérés, les domaines d’action prioritaires, les objectifs, les stratégies et les politiques de l’Afrique à tous les niveaux.

Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer les capacités nationales à long terme par la création d’institutions, la mise en valeur des ressources humaines et le renforcement de la confiance entre les acteurs nationaux, facteurs essentiels pour pérenniser la paix. Il sait que ces objectifs ne seront atteints que si les acteurs compétents en matière de politique, de sécurité et de développement, à l’intérieur et à l’extérieur du système des Nations Unies, adoptent une approche intégrée et cohérente, conformément à leurs mandats respectifs et à la Charte des Nations Unies. Il invite les organismes des Nations Unies et les États Membres à aider les pays d’Afrique sortant d’un conflit, s’ils en font la demande, en vue de réaliser le développement au niveau mondial et d’établir une coopération « gagnant-gagnant ».

Le Conseil réaffirme que le processus de consolidation de la paix doit être l’occasion de s’attaquer aux causes profondes des conflits, veiller à la réconciliation nationale et s’engager sur la voie du relèvement, de la reconstruction et du développement.  En particulier, il souligne que le développement socioéconomique est crucial pour la pérennisation de la paix en Afrique, par le biais d’activités de développement économique, notamment le développement des infrastructures transnationales et transrégionales, l’industrialisation, la création d’emplois, la modernisation de l’agriculture et la promotion de l’esprit d’entreprise.  À cet égard, il répète qu’il importe de garantir l’état de droit pour appuyer le développement socioéconomique.  Il note également que le cadre de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement après un conflit montre bien que les institutions doivent être renforcées pour améliorer la gouvernance économique, en consolidant les institutions chargées de la gestion fiscale et financière afin de faciliter un recouvrement efficace des recettes, et que des mécanismes de suivi et d’évaluation doivent être mis en place ainsi que des structures de lutte contre la corruption afin de garantir la responsabilisation et la transparence.  Par ailleurs, il souligne en outre qu’il importe de renforcer les partenariats public-privé et l’engagement politique à l’appui de ces efforts.

Le Conseil, tout en se félicitant de la déclaration de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), datée du 29 mars 2016, selon laquelle le virus Ebola ne constituait plus une urgence de santé publique de portée internationale en Afrique de l’Ouest, se déclare à nouveau préoccupé par les conséquences économiques, sociales et humanitaires de l’épidémie, et souligne qu’il faut promouvoir le renforcement des capacités humaines et institutionnelles à long terme afin d’avoir des systèmes de prestations sanitaires solides au niveau national.  Il appuie les mesures actuellement prises à cet égard et indique que l’architecture sanitaire mondiale doit être renforcée, notamment en appliquant le Règlement sanitaire international de l’OMS et son programme de gestion des situations d’urgence sanitaire, afin de mieux répondre aux situations d’urgence sanitaire publique et de promouvoir des systèmes de prestations sanitaires solides, durables et adaptés, à l’appui de la préparation et de la prévention.

Le Conseil encourage ceux qui œuvrent en faveur de la consolidation de la paix à faire en sorte que les femmes participent de façon égale au processus de consolidation.  Il affirme que les femmes doivent être davantage représentées à tous les niveaux de prise de décisions dans les institutions locales, nationales, régionales et internationales, ainsi que dans les mécanismes de prévention, de règlement des différends et de médiation, et rappelle qu’il importe de tenir compte des questions d’égalité des sexes dans tous les débats sur la pérennisation de la paix.  Il se félicite également des mesures que prennent les États Membres pour appliquer sa résolution 1325 (2000) ainsi que ses résolutions ultérieures, en particulier sa résolution 2242 (2015).

Le Conseil demande à tous les acteurs concernés de s’impliquer dans le renforcement des capacités à long terme afin de promouvoir une culture de paix, de tolérance et de dialogue interculturel et interreligieux faisant une place aux jeunes et les dissuadant de prendre part à des actes de violence ou de terrorisme.  Il souligne en outre qu’il importe de promouvoir des politiques et des approches adaptées à la jeunesse, à l’appui des activités de consolidation de la paix, notamment du développement économique et social, des projets de développement de l’économie locale et des perspectives d’emploi et de formation technique pour les jeunes, en stimulant l’éducation, l’esprit d’entreprise et l’engagement politique constructif de la jeunesse.  Il considère que ces mesures contribueront à faire en sorte que les jeunes ne se tournent pas vers l’extrémisme violent, propice au terrorisme, favoriseront l’inclusion et la cohésion sociales, et permettront aux sociétés de mieux résister à la radicalisation.

Le Conseil déclare que l’adoption de méthodes novatrices telles que l’utilisation de la science et de la technologie, pourraient avoir des avantages en jouant un rôle clef dans la pérennisation de la paix, la croissance économique, le développement durable et le renforcement des capacités nationales par la création d’institutions en Afrique.  Il apprécie les efforts mis en œuvre pour développer des technologies appropriées et les appliquer à la gestion des élections, au contrôle des frontières ou à la prévention des épidémies. Il souligne la nécessité de renforcer les capacités des institutions pertinentes aux niveaux local, national, régional et international par d’autres innovations, notamment la connectabilité numérique au moyen d’infrastructures informatiques améliorées et un plus grand accès à l’énergie.

Rappelant sa résolution 2282 (2016), le Conseil se félicite du travail des plus utiles entrepris par le Fonds pour la consolidation de la paix.  Il réaffirme l’importance des fonctions consultatives de la Commission de consolidation de la paix et lui demande d’étudier en profondeur les bonnes pratiques en matière de création d’institutions pour la pérennisation de la paix en Afrique et de les partager.  Il réaffirme en outre qu’il importe de renforcer la coordination, la cohérence et la coopération avec la Commission de consolidation de la paix.

Le Conseil déclare qu’un financement prévisible et durable des activités de consolidation de la paix des Nations Unies est nécessaire, notamment grâce à l’augmentation des contributions, de même que le renforcement des partenariats avec les principales parties prenantes.  Il note par ailleurs l’importance que les contributions non pécuniaires peuvent revêtir pour les activités de consolidation de la paix.

Le Conseil rappelle que l’Assemblée générale a demandé au Secrétaire général de lui rendre compte, à sa soixante-douzième session, 60 jours au moins avant la réunion de haut niveau sur la consolidation et la pérennisation de la paix, de ce qui aura été fait pour appliquer sa résolution 2282 (2016).  Le Conseil rappelle en outre la proposition du Secrétaire général de lui présenter un exposé oral en décembre 2016 au plus tard.

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