Afghanistan: le Représentant spécial affiche son optimisme, malgré une recrudescence de la violence et un processus de paix dans l’impasse
Le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Nicholas Haysom, a exprimé, cet après-midi, son optimisme sur l’évolution à long terme de la situation en Afghanistan, malgré une nette recrudescence, cette année, de la violence et un processus de paix qui, de son propre aveu, « paraît improbable à court terme ».
Les Afghans ont deux qualités essentielles, « la résilience et un patriotisme panafghan qui transcende les loyautés sectaires », a-t-il affirmé, tout en souhaitant que la communauté internationale leur marquera son soutien lors des réunions qui se tiendront à Varsovie et à Bruxelles courant 2016. M. Nicholas Haysom, dont c’était la dernière présentation devant le Conseil de sécurité en sa qualité de Représentant spécial, sera remplacé par M. Tadamachi Yamamoto.
Cette séance du Conseil, qui se tenait au lendemain d’attaques ayant causé la mort de 10 civils en Afghanistan, a vu, parmi les 28 orateurs qui se sont exprimés, des échanges vifs entre les délégués de l’Afghanistan et du Pakistan. Le premier a ainsi demandé que le Pakistan prenne des actions contre les terroristes « qui ont leur base sur son sol », tandis que la seconde a invité le Gouvernement afghan à ne pas « externaliser le conflit afghan ».
Venu présenter le dernier rapport* sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales, M. Haysom, qui est également Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a tout d’abord insisté sur les développements positifs survenus en Afghanistan, en particulier l’amélioration dans la gestion des finances publiques et une lutte accrue contre la corruption.
Sur le plan sécuritaire, les forces ont retenu les leçons de l’année écoulée et n’ont pas perdu de terrain, a-t-il déclaré. Préoccupé par les conséquences du haut niveau de violence en Afghanistan, M. Haysom a indiqué qu’il n’y avait eu aucun répit en cette période de ramadan. « Il y a un risque que le conflit entre dans une nouvelle phase, avec des actes de représailles et une escalade de la violence », a-t-il averti.
Dans son rapport, le Secrétaire général souligne que les affrontements armés ont augmenté de 14% au cours des quatre premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2015.
Malgré l’échec du Groupe de coordination quadrilatérale en vue de l’établissement d’un processus de paix viable et la mort du chef taliban Mansour, tué par un drone américain, le Représentant spécial s’est dit optimiste quant à l’émergence d’un tel processus de paix. « Nous pensons qu’il y a des éléments importants au sein des Taliban qui se demandent s’ils peuvent l’emporter militairement à court terme et si cet objectif est même souhaitable », a-t-il affirmé.
Ce processus de paix a été au cœur des interventions de toutes les délégations, à commencer par celle du représentant de l’Afghanistan, qui a dit douter de la sincérité des Taliban et de leurs soutiens à vouloir aboutir à une solution pacifique. Il a également appelé le Pakistan à respecter les recommandations du Groupe de coordination quadrilatérale, « notamment en prenant des actions contre les terroristes qui ont leur base sur son sol ».
Il a indiqué que la mort du mollah Mansour avait permis de montrer qu’il voyageait sous un nom d’emprunt grâce à un passeport pakistanais. Le fait que certains dirigeants terroristes comme Osama Bin Laden ou le mollah Omar ont vécu au Pakistan est une preuve claire du fait que ce pays a violé la souveraineté d’autres nations, a-t-il estimé.
« Nous savons tous les sacrifices consentis par le Pakistan dans la lutte contre l’extrémisme », lui a répondu la déléguée du Pakistan, qui a rejeté les remarques « gratuites, fallacieuses et injustifiées » proférées contre son pays. Elle a affirmé que le processus négocié en Afghanistan avait été interrompu par le tir américain qui a tué le mollah Mansour, jugeant inacceptable cette violation de la souveraineté pakistanaise. « La communauté veut-elle investir dans la paix ou dans la guerre », a-t-elle demandé.
« La frappe contre le mollah Mansour est le signal clair que nous sommes prêts à frapper ceux qui s’opposent à la paix », a affirmé la représentante des États-Unis, qui a estimé qu’il n’y avait pas de solution militaire possible en Afghanistan.
Un dernier point de vue partagé par plusieurs délégations, dont celle de l’Espagne qui a invité le Gouvernement afghan à adopter une « attitude constructive » dans sa relation avec les pays voisins. « Les intérêts du Pakistan et de l’Afghanistan de long terme sont les mêmes », a ainsi affirmé le représentant du Royaume-Uni.
Les modalités de l’aide internationale à l’Afghanistan, qui seront précisées lors de la Conférence de Varsovie en juillet et la Conférence de Bruxelles en octobre, ont été abordées par de nombreux intervenants. Le Représentant spécial a ainsi demandé au Gouvernement afghan de faire le meilleur usage des ressources allouées, tout en invitant les donateurs à nourrir des « attentes réalistes » vis-à-vis de l’Afghanistan.
Ces Conférences de Varsovie et de Bruxelles seront l’occasion pour la communauté internationale de renouveler son soutien à l’Afghanistan, a estimé le délégué de la Malaisie, tandis que plusieurs délégations, dont celles de l’Union européenne, du Canada ou des Pays-Bas ont promis une aide continue au Gouvernement afghan.
Enfin, s’agissant de la mission « Soutien résolu » de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), le Secrétaire général note dans le rapport précité qu’une prorogation du mandat de la mission au-delà de 2016 a été convenue. La mission de l’OTAN n’a pas atteint ses objectifs, a commenté à cet égard le délégué de la Fédération de Russie, qui a souligné la responsabilité particulière de l’OTAN et les États-Unis dans la formation des forces afghanes.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2016/532)
Déclarations
M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a insisté sur les développements positifs survenus en Afghanistan depuis sa dernière intervention devant ce Conseil. Sur le plan économique, il y a eu des progrès dans la collecte des recettes fiscales, tandis que la gestion des finances publiques a été améliorée, a-t-il dit. Il a salué l’inauguration du barrage hydroélectrique de Salma ainsi que l’accord économique trilatéral signé entre l’Afghanistan, l’Inde et la République islamique d’Iran.
Sur le plan sécuritaire, il a indiqué que les forces de sécurité avaient retenu les leçons de l’année écoulée. Si elles continuent de faire face à des défis immenses, elles n’ont pour l’instant pas perdu de terrain, a-t-il déclaré. Il a salué la confirmation par la Wolesi Jirga, hier, des personnes nommées aux postes de ministre de la défense et de chef du Directoire national pour la sécurité. L’Afghanistan veille à mobiliser les soutiens pour une stratégie antiterroriste régionale, reconnaissant que la paix et la stabilité dans la région exigent des efforts régionaux, a-t-il dit. « Je pense que la région accepte une telle logique. »
Préoccupé par les conséquences du haut niveau de violence en Afghanistan, M. Haysom a indiqué qu’il n’y avait eu aucun répit en cette période de ramadan. Hier, dans le Badakhshan, une attaque a causé la mort de 10 civils, dont plusieurs enfants, a-t-il déploré. Il s’est dit très préoccupé par cette tendance consistant à viser des civils travaillant pour le secteur privé et des journalistes.
« Il y a un risque, à mon sens, que le conflit entre dans une nouvelle phase, avec des actes de représailles et une escalade de la violence », a-t-il affirmé, avant d’appeler toutes les parties à protéger les civils. Il a également jugé crucial que des progrès soient accomplis dans les domaines économique et sécuritaire afin que le Gouvernement gagne la confiance des Afghans, en particulier, au moment où ce Gouvernement veillera à s’assurer un soutien international robuste et durable lors des prochaines Conférences de Varsovie et de Bruxelles.
Il a appuyé le Gouvernement afghan dans sa conviction que l’aide au développement est un moyen plus efficace de relever le défi des migrations que d’intégrer les migrants dans les pays d’accueil. Cependant, l’Afghanistan doit démontrer sa capacité à utiliser les ressources de la manière la plus efficace possible, a-t-il dit, en se félicitant que les efforts contre la corruption aient dépassé le stade des déclarations d’intention. Il a salué en particulier la nomination d’un nouveau procureur.
S’il s’est dit confiant dans le succès de la Conférence de Varsovie, il a indiqué que les préparatifs de la Conférence de Bruxelles se poursuivaient. D’autres pays font concurrence avec l’Afghanistan pour récolter les dollars des donateurs, a-t-il dit, tout en appelant ces derniers à nourrir des attentes réalistes vis-à-vis de l’Afghanistan.
M. Haysom a indiqué, qu’avec l’échec du Groupe de coordination quadrilatérale en vue de l’établissement d’un processus de paix viable et la mort du chef taliban Mansour, un tel processus paraît improbable à court terme. « Nous pensons néanmoins qu’il y a des éléments importants au sein des Taliban qui se demandent s’ils peuvent l’emporter militairement à court terme et si cet objectif est même souhaitable. » Il a indiqué que la MANUA avait joint ses efforts à ceux de l’Organisation de la coopération islamique afin que les Taliban s’engagent dans un processus de paix viable. Les Afghans doivent s’entendre sur les accommodements, par lesquels ils pourront vivre dans la paix et l’harmonie. « Je suis déçu que les efforts de paix n’aient pas avancé mais je reste optimiste quant à l’émergence d’un processus. »
Sur le plan politique, le Représentant spécial a affirmé que l’incertitude entourant le calendrier électoral sapait la légitimité à la fois du Gouvernement d’union nationale et du Parlement. Le chemin à emprunter passe par la mise en œuvre des réformes électorales promises et l’avancement du processus démocratique, a-t-il dit, ajoutant qu’une confrontation politique était la dernière chose dont les Afghans ont besoin.
En conclusion, le Représentant spécial a dit son optimisme concernant la capacité des Afghans à relever les défis auxquels ils font face, parce ce que ces derniers ont deux qualités: leur résilience et un patriotisme panafghan qui transcende les loyautés sectaires.
M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a présenté les condoléances de sa délégation à celle des États-Unis à la suite des événements d’Orlando de la semaine dernière, ainsi qu’aux familles des victimes des attaques de Kaboul et de Badakhshan, hier. Il a indiqué que le printemps afghan qui s’achevait avait été particulièrement meurtrier pour les Taliban qui ont subi de nombreux revers, ainsi que pour d’autres groupes terroristes.
Il a relevé que les pays de la région, ainsi que les partenaires internationaux se mettaient ensemble actuellement afin de donner une réponse plus collective à l’extrémisme violent et au terrorisme. Il a expliqué également qu’un certain nombre de projets de développement à caractère multinational avaient prospéré ou étaient en cours de mise en œuvre, créant de ce fait un nouvel espoir pour la coexistence pacifique dans la région, la connectivité et la prospérité.
Il a déclaré que l’Afghanistan et ses partenaires régionaux et internationaux étaient aujourd’hui, plus que jamais, déterminés à faire en sorte que la poursuite de la violence ne prenne en otage le développement. Il a néanmoins déploré l’augmentation des pertes civiles, les déplacements internes de populations et la tactique des Taliban et de leurs soutiens à vouloir compenser leurs pertes en s’en prenant aux civils.
Le représentant a ensuite rappelé qu’au cours de l’hiver dernier, le Groupe de coordination quadrilatérale sur le processus de paix et de réconciliation afghan avait finalisé une feuille de route pour le processus de paix. Il a dit que le vœu de cette feuille de route était de voir les Taliban se joindre au processus. Néanmoins, a-t-il ajouté, ils ont répondu à cette proposition, le 12 avril dernier, par le lancement de leur « offensive de printemps » à travers des attaques simultanées dans 42 endroits du pays. Face aux pertes qu’ils ont essuyées, les Taliban se sont vengés avec l’attentat meurtrier de Kaboul le 19 avril dernier qui a fait 411 victimes, des civils pour la plupart, a-t-il déploré.
Il a en outre souligné que le 25 avril dernier, le Président afghan, M. Ashraf Ghani, avait appelé le Pakistan à respecter les recommandations du Groupe de coordination quadrilatérale sur le processus de paix et de réconciliation afghan, notamment en prenant des actions contre les terroristes qui ont leur base sur son sol. Il a aussi souligné que le 22 mai dernier, le chef des Taliban, le mollah Mansour, avait été tué par un tir de drone américain dans la province pakistanaise du Baloutchistan. Il a noté que cet événement avait permis de voir qu’il voyageait sous un nom d’emprunt grâce à un passeport pakistanais.
Il a estimé que le fait que certains dirigeants terroristes comme Osama Bin Laden ou le mollah Omar aient vécu au Pakistan était une preuve claire du fait que le pays avait violé la souveraineté d’autres nations. Il a aussi déploré des actions de leur voisin qui procède à des tirs d’artillerie dans les provinces de l’est de l’Afghanistan, causant des victimes civiles et des pertes matérielles.
Il a particulièrement déploré les « affrontements militaires inutiles » qui ont eu lieu entre les deux pays dans la région frontalière de Torkham. Il a précisé que l’Afghanistan avait déjà soumis 19 notes de protestation au Pakistan et convoqué l’ambassadeur pakistanais à Kaboul trois fois au cours du dernier trimestre.
M. Saikal a noté qu’en plus des Taliban, d’autres groupes terroristes de la région essayaient de se servir de l’Afghanistan comme rampe de lancement d’actions sur l’Asie centrale, en Asie du Sud, en Asie de l’Ouest et en Extrême-Orient. Il a dit douter de la sincérité des Taliban et de leurs soutiens à vouloir aboutir à une solution pacifique et a appelé à un soutien accru en faveur des Forces de sécurité afghanes, disant attendre avec espoir la tenue du Sommet de Varsovie de l’OTAN sur le soutien à apporter à l’Afghanistan, lequel aura lieu dans deux semaines.
Le délégué a poursuivi en citant un certain nombre d’initiatives économiques engagées par l’Afghanistan, en coopération avec des pays de la région. Il a fait part de la volonté de son pays à renforcer la coopération avec ses voisins, dans le but d’une prospérité commune. Le délégué a annoncé que son pays préparait un cadre stratégique de développement qui sera présenté à la communauté internationale au cours de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan en octobre prochain.
Il a assuré que plus de 90% des activités relevant du Cadre de responsabilité mutuelle en vue de l’autonomie du pays avaient été mises en œuvre par les autorités afghanes ou étaient en cours de l’être. Il a assuré que le Gouvernement entendait continuer ses efforts de promotion des droits de l’homme, notamment en révisant le Code pénal, en assurant la professionnalisation de la police afghane, et en soumettant son premier rapport périodique au Comité des Nations Unies contre la torture.
Il a par ailleurs relevé que des unités de protection de l’enfance étaient à pied d’œuvre dans diverses régions du pays afin de prévenir le recrutement d’enfants dans les forces armées.
Sur le plan humanitaire, le représentant a affirmé que la situation demeurait fragile, et que l’on notait une augmentation des déplacements de populations dus au conflit et aux conditions climatiques extrêmes. À ce propos, il a rappelé avoir signé l’Accord de Paris sur le climat, soulignant également que son pays faisait partie des plus vulnérables aux effets des changements climatiques.
Il a aussi expliqué que les attaques terroristes contre les personnels humanitaires avaient contribué à saper l’assistance humanitaire dans le pays, rendant ainsi le programme de relocation des réfugiés plus précaire. Il a néanmoins fait part de l’engagement de son gouvernement à trouver des solutions durables pour le retour des Afghans qui ont émigré.
Il a en outre noté que la part de l’opium dans le produit national brut (PNB) était passée de 13% en 2014 à 7% en 2015, démontrant à souhait l’engagement des autorités à faire baisser la menace que font peser les stupéfiants. Il a conclu en indiquant que la première année de transition, 2015, fut une année de survie pour l’Afghanistan, alors que 2016 avait inauguré une ère de consolidation des gains qui ont été réalisés depuis 15 ans.
M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a demandé que les auteurs des attaques qui ont frappé hier le pays soient traduits en justice. La communauté internationale soutient le processus de paix, a-t-il dit. Il a salué les efforts du Gouvernement dans les domaines économique et sécuritaire. Soulignant l’importance de la coopération de l’Union européenne et de l’Afghanistan, il a souhaité que les mesures visant à mieux défendre les droits de l’homme dans le pays, en particulier les droits des enfants et des femmes, soient mises en œuvre.
Le délégué a insisté sur l’immensité des défis que le pays doit relever, tels que l’insécurité et la dégradation des perspectives économiques. Le processus de paix est lent, a-t-il reconnu. Il a également déploré la lenteur du calendrier électoral qui nuit au bon fonctionnement des institutions publiques. Les acquis des 15 dernières années doivent être consolidés, a—t-il dit, avant de plaider pour un soutien résolu de la communauté internationale.
Mentionnant le prochain Sommet de l’OTAN, le délégué a affirmé que les acteurs de la région devaient jouer un rôle important dans la stabilisation régionale. Le Gouvernement afghan doit collaborer de manière constructive avec ses voisins, a-t-il déclaré. Enfin, il a demandé un moratoire sur la peine de mort.
M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a déclaré qu’une exposition venait d’avoir lieu à Tokyo sur la richesse culturelle de l’Afghanistan. Il a indiqué que la préservation du patrimoine culturel avait toujours été de la plus grande importance pour son pays. Il a justement noté que l’Afghanistan était un pays très riche sur le plan culturel et agricole, même si ces richesses n’étaient pas toujours exploitées du fait des conditions de sécurité précaires qui y prévalent.
Il a plaidé pour un Afghanistan économiquement stable et prospère. Le Japon s’engage à contribuer au succès de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, prévue en octobre prochain, a-t-il encore promis, tout en saluant le rôle qu’a joué le Représentant spécial sortant, M. Nicholas Haysom.
M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK (Égypte) a affirmé que l’Asie centrale et le Moyen-Orient partageaient le même désir de stabilité. Le trafic de drogues menace la stabilité en Afghanistan et en Asie centrale, a-t-il dit, avant de demander une meilleure coordination des efforts internationaux, sous l’égide de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), contre ce trafic.
La sonnette d’alarme a été tirée sur la présence de Daech en Afghanistan, a-t-il poursuivi, comparant cette organisation à une « tumeur cancéreuse » qui devait être extraite à tout prix. Le délégué a déclaré que son pays était disposé à former des policiers afghans à cette fin. Enfin, il a souhaité que les demandes du Gouvernement afghan soient examinées avec soin lors de la prochaine Conférence de Bruxelles. « Nous voulons tous renforcer les capacités de l’Afghanistan et l’aider à relever les défis auxquels il fait face », a conclu le représentant de l’Égypte.
M. GORGUI CISS (Sénégal) a déploré les actes de violence des Taliban, notamment au cours du printemps. Il a relevé que cette situation nationale était exacerbée par les tensions, ainsi que par les échanges de tirs entre l’Afghanistan et le Pakistan. Il a ensuite invité les partenaires et les donateurs à continuer d’appuyer les actions du Gouvernement afghan en vue de parvenir à la paix et au développement. Il a précisé que l’assistance technique était nécessaire en vue de renforcer les capacités de l’armée afghane pour qu’elle soit en mesure de contrer les avancées des Taliban sur le terrain.
Il a en outre fait part de sa préoccupation face à la situation humanitaire désastreuse dans le pays, notamment le sort des déplacés afghans dans et hors des frontières nationales. Sur le plan des droits de l’homme, le délégué a appelé les autorités nationales à assurer la protection des journalistes et des médias. Il a enfin salué les actions prises par le Gouvernement pour lutter contre la corruption.
Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a loué la résilience des Afghans et a souligné la nécessité de préserver les gains enregistrés. Elle a noté que des violences, cette année, avaient causé un nombre record de victimes civiles en Afghanistan. Elle s’est dite préoccupée par les activités d’Al-Qaida et de Daech, avant d’insister sur le courage des forces afghanes. Ces dernières ont fait la preuve de leur capacité à reprendre des territoires, a-t-elle dit. Elle a précisé que 9 800 soldats américains étaient présents dans le pays. Ils seront 5 500 à la fin de l’année, a-t-elle dit, ajoutant que son pays continuera d’apporter un soutien financier.
Elle a encouragé les donateurs à en faire de même. La frappe contre le mollah Mansour est le signal clair que nous sommes prêts à frapper ceux qui s’opposent à la paix, a-t-elle dit, ajoutant que cela n’augurait en rien d’une nouvelle intervention militaire. Il n’y a pas de solution militaire possible en Afghanistan, a-t-elle dit, avant de plaider pour un processus de paix négocié. Elle a ensuite affirmé que le Gouvernement avait redoublé d’efforts dans sa lutte contre la corruption, ajoutant qu’il s’agissait d’un combat à long terme. La MANUA est un symbole de l’engagement de la communauté internationale en faveur de l’Afghanistan, a-t-elle dit.
M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a regretté que l’Afghanistan continue de faire face à l’insécurité depuis des décennies. Il a indiqué qu’il y avait encore de nombreux jalons à franchir par le Gouvernement national, affirmant que le pays avait besoin du soutien de la communauté internationale, et souhaitant que la Conférence de Bruxelles soit l’occasion de démontrer cet engagement envers le développement du pays.
Il a déclaré que le Gouvernement afghan avait également besoin de faire montre d’un leadership nécessaire pour guider le peuple hors de l’insécurité et l’instabilité. Le représentant a établi qu’un Afghanistan stable, de manière durable, dépendrait de la réconciliation entre les autorités nationales et les forces armées d’opposition. Il a aussi appelé à la mise en œuvre effective du régime de sanctions portant sur l’Afghanistan, et regrettant que le nom du nouveau chef des Taliban n’y figure pas.
M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a insisté sur le grand nombre de victimes civiles en Afghanistan depuis le lancement de la MANUA. « Cinquante-neuf mille personnes, c’est un chiffre colossal », a-t-il dit, avant d’exprimer ses condoléances au Gouvernement afghan après les attaques d’hier. Il a loué la capacité des Forces armées afghanes à ne pas perdre du terrain. Il a dit l’intention de son pays, en prévision du Sommet de l’OTAN, de fournir 100 millions de dollars par an à l’Afghanistan et de contribuer à l’opération « Soutien résolu » de l’OTAN.
Il a exhorté les autres États Membres à s’engager financièrement en Afghanistan. L’assistance au développement sera cruciale pour l’avenir du pays, a-t-il dit. Il a ensuite appuyé l’action du Gouvernement d’union nationale. Le Pakistan et l’Afghanistan doivent travailler ensemble pour faire face à la menace commune de l’extrémisme violent, a-t-il dit, ajoutant que les intérêts de long terme de ces deux pays étaient les mêmes. « 2016 doit être un tournant pour l’Afghanistan en étant non pas une année de survie mais de consolidation des gains », a conclu le délégué.
M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a déploré les attaques terroristes perpétrées par les Taliban, et qui ont fait de nombreuses victimes civiles. Il a aussi souligné que les problèmes économiques du pays ne faisaient qu’aggraver la situation humanitaire qui prévaut, poussant de nombreux Afghans à migrer vers l’Europe.
Il a invité les autorités afghanes à mettre l’accent sur la sécurité et l’économie, et à mettre en place une stratégie globale de lutte contre le terrorisme. Le délégué a salué les efforts consentis par le Groupe de coordination quadrilatérale sur le processus de paix et de réconciliation afghan, souhaitant enfin qu’une solution politique permettra de mettre fin au conflit.
M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a indiqué que la situation en Afghanistan évoluait « vers le pire plutôt que vers le meilleur ». Les Taliban ont mené des offensives spectaculaires dans le pays, a-t-il dit, avant d’exprimer sa solidarité après les attaques perpétrées hier. Il a dit sa préoccupation devant l’influence grandissante de Daech dans le pays, en particulier dans le nord. Il a appuyé le processus de négociation en prônant une approche souple concernant l’allégement des sanctions, « si cela n’est pas contradictoire avec les intérêts de l’Afghanistan ».
Il a encouragé les mesures visant à l’avancement du processus de paix qui ne pourra réussir, a-t-il poursuivi, que s’il est « panafghan ». Il a insisté sur l’importance du rôle des acteurs régionaux pour une solution en Afghanistan, en particulier l’Organisation de coopération de Shanghai, que l’Afghanistan a demandé à rejoindre.
La nouvelle mission de l’OTAN « Soutien résolu » n’a pas atteint ses objectifs, a-t-il dit. Il a noté la décision des États-Unis de cesser le retrait de leurs forces, ce qui montre que les défis sécuritaires sont loin d’être réglés. Rappelant que son pays avait voté en faveur de la résolution 2189 (2014) relative à cette mission, il a indiqué que l’OTAN et les États-Unis avaient une responsabilité particulière s’agissant de la formation des forces afghanes.
Il a insisté sur l’acuité du défi posé par le trafic des stupéfiants, qui alimente le terrorisme dans la région. Jugeant cruciale l’harmonisation des efforts des pays de la région, il a affirmé que les luttes d’influence devaient cesser pour que les efforts de réconciliation prévalent et que l’extrémisme soit défait en Afghanistan.
M. LIU JIEYI (Chine) a fermement condamné les attentats terroristes qui ont eu lieu en Afghanistan récemment. L’amélioration des conditions de sécurité est de la plus grande importance pour le pays, a-t-il noté, invitant la communauté internationale à contribuer à améliorer la sécurité du pays, et à soutenir les pays de la région dans leur lutte contre le terrorisme.
Il a ensuite déclaré que la promotion de la réconciliation nationale permettrait de parvenir à une paix durable, et il a invité les dirigeants nationaux à privilégier les intérêts nationaux. Il a aussi précisé que le pays devait être géré par ses propres ressortissants, et que la communauté internationale doit appuyer ces derniers. Il a en outre rappelé que le Président afghan était récemment en Chine où il a signé de nombreux accords de coopération, et il a assuré que la Chine était engagée au développement de l’Afghanistan.
M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a indiqué que la barbarie des Taliban perdurait en Afghanistan. Il a souligné la nécessité d’appuyer les efforts de paix, avant de déplorer l’intransigeance des Taliban qui a rendu impossible la tenue de pourparlers. Tout progrès en Afghanistan ne sera possible que si le processus de paix arrive à son terme, a-t-il dit. Il a ajouté que les Conférences de Varsovie et de Bruxelles seraient l’occasion pour la communauté internationale de renouveler son soutien à l’Afghanistan.
Notant le nombre élevé de victimes civiles cette année, il a déploré le grand nombre d’enfants parmi elles. Il a demandé le renforcement de la coopération entre l’Afghanistan et l’ONU. En conclusion, le représentant de la Malaisie a appuyé les efforts de réconciliation menés par le Gouvernement d’union nationale afghan.
M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a noté quelques progrès de la part du Gouvernement dans la stabilisation de la situation politique mais s’est dit préoccupé par les désaccords sur le processus électoral et par les ambiguïtés dans les nominations à la tête des processus électoraux. Si l’impasse politique actuelle et les menaces en matière de sécurité posées par les groupes terroristes devaient être utilisées comme excuse pour reporter les élections prévues en octobre, il ne pourrait en résulter qu’une nouvelle fragmentation de l’élite politique du pays, qui viendrait ternir la légitimité de la législature.
Le représentant a également regretté que les efforts du Groupe de coordination quadripartite n’aient pas permis de faire avancer le processus de réconciliation nationale ni d’organiser des négociations directes entre les représentants du Gouvernement afghan et les factions talibanes. Il a constaté que l’offensive annuelle de printemps des Taliban avait choqué le monde par le nombre des victimes et a salué le courage de la nation afghane face au terrorisme. Il a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir l’Afghanistan, y compris en renforçant les capacités du pays en matière de lutte contre le terrorisme.
Le représentant s’est également félicité des efforts des partenaires internationaux du Gouvernement afghan pour combattre les terroristes et notamment de l’élimination, le 21 mai, du mollah Mansour, leur chef. Mais il a noté le remplacement rapide de ce dernier et a jugé alarmant que le nom de son successeur, Haybatullah Akhundzada, ne soit jamais apparu sur la liste des personnes soumises aux sanctions des Nations Unies. Il a souhaité que cette omission soit rapidement réparée.
Le représentant s’est également inquiété de ce que, selon le rapport de la MANUA, les agences humanitaires et sanitaires des Nations Unies et des organisations non gouvernementales continuent d’être l’objet de menaces, de fouilles injustifiées et arbitraires, de pillages et d’enlèvements de la part des deux parties au conflit, en violation flagrante du droit international humanitaire. Les autorités afghanes doivent enquêter systématiquement sur ces violations avec le soutien de la MANUA.
M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a noté que le processus de dialogue avait été gravement affecté par le refus des Taliban de participer aux négociations de paix et du fait d’ingérences étrangères. Il est essentiel de renforcer la confiance mutuelle entre toutes les parties afin d’obtenir le concours de toutes les composantes de la société afghane et sans intervention étrangère. Le représentant s’est dit intéressé par les accords de paix conclus entre les autorités afghanes et le groupe Hezb–i-Islami et a appelé les Taliban à se joindre aux négociations de paix. Le Venezuela se réjouit en outre du rôle positif joué par le Groupe de coordination quadrilatérale.
Mais M. Ramirez Carreño s’est dit préoccupé par l’aggravation des affrontements armés, surtout dans l’est et le sud du pays, et par la présence de cellules de Daech. Cette menace doit être combattue dans le cadre de la coopération internationale.
Le Venezuela reconnaît les récents progrès du Gouvernement dans la consolidation des institutions. Il se félicite de l’engagement du Président Ghani pour organiser les élections de district en octobre avec l’appui de la MANUA, dont il salue le rôle essentiel pour promouvoir la paix, la réconciliation nationale, ainsi que la coopération régionale et le développement économique et social. Le Venezuela souligne en outre l’interaction entre la MANUA et le Ministère de la femme en Afghanistan et se félicite de l’engagement du Gouvernement afghan dans ce domaine et l’encourage à poursuivre ses efforts.
Pour le Venezuela, les désaccords entre l’Afghanistan et le Pakistan doivent être surmontés, pour le bien des deux peuples. Le Venezuela se félicite du renforcement de la coopération de l’Afghanistan avec les autres pays voisins et notamment l’Iran et l’Inde. En outre, la Conférence internationale de Bruxelles aura également une grande importance pour le relèvement, la stabilité et le développement du pays. Le Venezuela invite donc la communauté internationale à continuer de soutenir le peuple et le Gouvernement afghans. Il estime en outre qu’une amélioration de la sécurité aura une influence positive sur le développement politique et social du pays.
Enfin, le représentant s’est inquiété du trafic de drogues, qui menace la paix et la sécurité de l’Afghanistan. Le Venezuela reconnaît les efforts du Gouvernement afghan pour lutter contre le fléau avec le soutien de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et rappelle que cette lutte requiert en effet le soutien de la communauté internationale, y compris celle des États voisins.
Il s’est aussi dit préoccupé des conséquences du conflit pour la population civile et notamment de la détention et de l’utilisation d’enfants par différents groupes armés. En conclusion, M. Ramirez a appelé le Gouvernement à poursuivre ses efforts en faveur d’un processus politique inclusif qui permette de parvenir à une paix ferme et durable. Il faudra pour cela le soutien de tous les secteurs de la société afghane et l’assistance de la communauté internationale, en particulier des Nations Unies et notamment de la MANUA, a-t-il dit.
M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay), qui a condamné les attentats terroristes commis hier en Afghanistan, s’est dit préoccupé par la situation dans le pays, estimant qu’il connaissait des difficultés croissantes du fait d’une insécurité grandissante, du ralentissement de la croissance économique et l’augmentation des tensions politiques internes. L’Uruguay réaffirme son soutien à la MANUA et souhaite que le Gouvernement d’unité nationale et la Mission renforcent leur coopération dans un esprit d’appropriation nationale, tout en étant conscient des nombreux défis encore à relever pour la reconstruction et la stabilisation du pays.
L’Uruguay salue aussi le travail du Groupe de coordination quadrilatérale. Il juge fondamental de poursuivre les efforts en vue d’entretiens directs entre le Gouvernement et les Taliban, entretiens qui doivent avoir lieu au plus vite. L’Uruguay se félicite en outre de l’accord conclu entre le Gouvernement et le Hezb-i-islami. Il estime que la ratification rapide de cet accord représenterait un important pas en avant pour réduire la violence et l’instabilité.
L’Uruguay demande en outre des mesures plus fermes pour lutter contre les sources de financement du terrorisme dans la région, particulièrement associées au trafic de drogues.
Le Gouvernement d’unité nationale doit encore renforcer son engagement en matière de réforme électorale pour garantir la tenue cette année des élections des conseils de districts dans la transparence, a poursuivi M. Bermudez. Par ailleurs, l’Uruguay est particulièrement préoccupé par les conséquences de l’instabilité actuelle pour la population civile. Il souligne que la situation humanitaire s’est détériorée et considère comme impératif que toutes les parties respectent leurs obligations aux termes du droit international humanitaire, et du droit des droits de l’homme. Il appelle en particulier au respect des hôpitaux et du personnel médical.
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que l’Afghanistan continuait d’avancer dans sa transition: la poursuite des réformes engagées depuis septembre 2014 par le Gouvernement en atteste. La France réitère son plein soutien au Gouvernement afghan et l’encourage à poursuivre ses efforts. Toutefois, a ajouté le représentant, les circonstances restent très difficiles et les défis nombreux. Outre la poursuite des réformes, la priorité reste la fin des combats et le rétablissement de la sécurité. Les récents et sanglants attentats témoignent de la fragilité de la situation, a poursuivi M. Delattre, qui a salué le courage et la résilience des Forces nationales de défense afghanes qui doivent affronter à la fois les Taliban et les groupes terroristes affiliés à Daech.
Le représentant a rappelé « la déception pour la communauté internationale » que représente le refus des Taliban de répondre à l’offre de discussions directes avec le Gouvernement afghan faite par le Groupe de coordination quadrilatérale. Cela ne peut que prolonger inutilement les souffrances du peuple afghan. La France souhaite que ce dialogue reprenne au plus vite. Elle appelle également tous les pays de la région à soutenir activement la stabilisation de l’Afghanistan et à contribuer positivement à l’établissement d’une paix durable dans le pays. Enfin, il faut combattre activement la corruption, l’économie illicite et la production et le trafic de drogues.
Face à cette fragilité, le soutien de la communauté internationale est d’autant plus important, a insisté le représentant. En particulier, le soutien des Nations Unies reste essentiel pour permettre à la population de bénéficier des services essentiels et de l’assistance internationale. La France est particulièrement attachée aux « bons offices » de la MANUA et la résolution 2274 adoptée en mars dernier qui a permis de renouveler le soutien de la communauté internationale à l’Afghanistan. Il est indispensable que les Nations Unies continuent de disposer des moyens de la mettre en œuvre. Le Sommet de l’OTAN des 8 et 9 juillet prochains, puis la Conférence de Bruxelles pour l’Afghanistan du 5 octobre, devront réaffirmer ce soutien.
Pour Mme ANNIKA SÖDER, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Suède, le Gouvernement d’unité nationale afghan, qui a le plein soutien de son pays, doit continuer d’investir dans une paix durable, ce qui suppose une approche holistique de la paix, de la sécurité, du développement, ainsi que des partenariats forts et une appropriation locale. Mme Söder a rappelé les deux échéances importantes que représentent le prochain Sommet de l’OTAN à Varsovie, début juillet, puis la Conférence des donateurs à Bruxelles, en octobre: l’avenir du soutien de la communauté internationale à l’Afghanistan s’y déterminera, a-t-elle affirmé.
Rappelant qu’un financement durable et prévisible est nécessaire, la Secrétaire d’État a rappelé que son pays avait déjà pris des engagements importants à long terme et comptait contribuer à hauteur d’environ 1,2 milliard de dollars durant la décennie 2015-2024. Elle a encouragé tous les pays à rester engagés envers l’Afghanistan et à se joindre à cette approche à long terme, tout en rappelant que la Suède participait aussi à la Mission « Soutien résolu » d’assistance aux forces militaires afghanes. Mme Söder a également rappelé la nécessité pour le Gouvernement afghan de respecter la Constitution, de rechercher une base politique large et de lutter contre la corruption et l’économie illégale.
La situation humanitaire du pays reste alarmante, a encore déclaré Mme Söder, pour qui toutes les parties doivent veiller à ce que les civils soient protégés conformément au droit international humanitaire. Une solution pacifique au conflit est nécessaire et la Suède salue les efforts produits cette année au sein du Groupe de coordination quadrilatérale et le souhait évident du Président Achraf Ghani et de son gouvernement d’inviter les Taliban à la table des négociations.
La Suède est prête à soutenir ce processus. Elle est particulièrement satisfaite de l’annonce de la formation d’un Haut-Conseil de paix et du fait qu’il compte plusieurs femmes, dont une vice-présidente. La participation des femmes donne davantage de chances de succès. La Suède soutient par ailleurs pleinement la MANUA et notamment son rôle en ce qui concerne l’accès humanitaire, la promotion des droits de l'homme et les bons officies dans le processus de paix. La MANUA reste un élément essentiel pour l’engagement de la communauté internationale dans le pays.
M. VICENZO AMENDOLA, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l’Italie, a rappelé que la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan restaient menacées par les violentes et incessantes attaques des Taliban. L’Italie condamne les actes barbares comme ceux commis hier à Kaboul et dans le Badakhstan. L’Italie juge particulièrement inquiétant que les enfants représentent un tiers des victimes et note que le nombre des personnes déplacées et des migrants afghans a considérablement augmenté, du fait du conflit mais aussi de la situation économique précaire.
L’Italie soutient le Gouvernement d’unité nationale afghan et participe à la mission « Soutien résolu » afin de former et entraîner les Forces nationales afghanes, dont elle salue le courage.
Pour l’Italie, une solution politique est nécessaire pour une paix durable dans le pays, et la collaboration avec les partenaires régionaux est indispensable. L’Italie soutient donc tous les efforts en ce sens et notamment le Groupe de coordination quadrilatérale, qui doit conduire à un processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes.
En même temps, ce processus de paix ne doit pas menacer les gains difficilement acquis au long des ans en matière de droits de l’homme, civils et sociaux, en particulier pour les femmes et les enfants. C’est là un des piliers de la croissance démocratique de l’Afghanistan et de son partenariat avec la communauté internationale, a ajouté M. Amendola. Il a également rappelé que l’Afghanistan était le premier pays bénéficiaire de l’aide au développement de son pays.
Le processus de réforme entamé par le pays est essentiel pour la consolidation démocratique du pays et son autonomie, a poursuivi M. Amendola, qui a salué les progrès réalisés par le Gouvernement dans le domaine de l’état de droit, de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption, du respect des droits de l'homme et des droits des femmes ou encore de la réforme électorale.
Il a souhaité que les efforts se poursuivent. Les progrès réalisés et le soutien de la communauté internationale seront essentiels pour assurer une croissance soutenable et la prospérité pour l’Afghanistan et son peuple, a conclu M. Amendola.
M. HEIKO THOMS (Allemagne) a estimé que la mise en œuvre des réformes électorales et économiques, ainsi que la lutte contre la corruption étaient au cœur du cadre de responsabilité mutuelle entre l’Afghanistan et les donateurs. Il a salué la confirmation, faite hier par le Parlement, des nominations de Mohammed Masun Stanekzai, comme chef du système national de contrôle des drogues, et du Ministre de la défense, M. Abdullah Khan Habibi, affirmant que ces décisions étaient un signal fort en faveur de l’unité nationale.
Le représentant a ensuite relevé que les Afghans représentaient le second groupe le plus important de demandeurs d’asile en Allemagne pour l’année écoulée, soit près de 154 000 demandeurs. Il a noté que depuis le début de l’année, près de 38 000 nouveaux Afghans étaient arrivés en Allemagne, et il a plaidé pour des progrès rapides en vue de réduire les flux migratoires.
Il a en outre indiqué qu’un processus de paix inclusif mené par les Afghans était la seule voie pour une solution durable au conflit dans le pays. Il n’y a pas de solution militaire exclusive, a-t-il argué, affirmant que même si les pourparlers avec les Taliban restaient instables, il serait important de ne pas fermer complètement les portes du dialogue.
Il a par ailleurs déploré le grand nombre de victimes civiles du conflit, notamment les enfants. Il a souhaité voir les femmes du pays jouer un plus grand rôle en matière de paix et de sécurité, appelant aussi à la mise en place rapide des unités spéciales chargées de lutter contre la violence contre les femmes et filles dans les 26 provinces du pays. Il a conclu en disant clairement que l’Allemagne n’abandonnerait pas l’Afghanistan en ces moments difficiles.
M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a prié le Conseil de sécurité de réfléchir sérieusement aux moyens de mettre fin à la détérioration de la situation en Afghanistan, au risque de voir s’évaporer les progrès engrangés ces 15 dernières années. Des groupes et des individus qui attaquent leur propre peuple et Gouvernement ne sauraient avoir un quelconque contrôle et une quelconque influence sur une partie du territoire, a dit le représentant, en appelant le Conseil à corriger « les anomalies » des régimes de sanctions contre Al-Qaida et les Taliban.
Il a indiqué que le 4 juin dernier, les Présidents indien et afghan ont inauguré le « Barrage de l’amitié indo-afghan », après avoir signé, un mois plus tôt, l’accord sur le commerce et le transit de Chabahar impliquant également l’Iran. L’Inde se réjouit d’accueillir, au mois de décembre de cette année, la Conférence ministérielle du processus du « Cœur de l’Asie », a conclu le représentant non sans souligner que la relation entre son pays et l’Afghanistan remonte à des temps immémoriaux.
Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rejeté les remarques « gratuites, fallacieuses et injustifiées » proférées contre son pays. Nous savons tous les sacrifices consentis par mon pays dans la lutte contre l’extrémisme, a-t-elle dit. Elle a affirmé que les Conférences de Varsovie et de Bruxelles seront l’occasion pour la communauté internationale de renouveler son soutien à l’Afghanistan. Il appartient en dernière analyse au Gouvernement afghan de s’acquitter des engagements souscrits auprès de son peuple, a-t-elle dit.
Elle a indiqué que seule la conclusion d’un accord politique permettra de tourner la page en Afghanistan et de restaurer une paix durable. C’est la position constante de mon pays, a-t-elle dit. Elle a rappelé que le Pakistan avait organisé les premiers pourparlers en juin 2015 entre le Gouvernement et les Taliban, avant de déplorer l’interruption de la deuxième série des pourparlers.
Estimant qu’un processus négocié était la seule voie possible, elle a affirmé que ce processus avait été interrompu par le tir américain qui a tué le mollah Mansour. « C’est pourquoi le processus est dans l’impasse. » Elle a jugé inacceptable cette violation de la souveraineté pakistanaise. « La communauté veut-elle investir dans la paix ou dans la guerre? » a-t-elle demandé, ajoutant que le recours à la force ne pouvait qu’être préjudiciable.
Elle a souligné les efforts de son pays, impliquant 45 000 officiers, en vue d’éliminer toutes les menaces terroristes, avant d’exhorter la communauté internationale à prendre des mesures contre les terroristes réfugiés en Afghanistan. Le Gouvernement afghan ne doit pas externaliser le conflit et rejeter la faute sur d’autres, a-t-elle conclu.
M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a dit condamner toute attaque violente des Taliban et d’autres groupes terroristes, condamnant aussi toute coopération avec ces groupes. Il a apporté son soutien à tout processus de paix qui serait mené par les Afghans eux-mêmes. Il a relevé que l’émergence de Daech et de son groupe affilié, l’État islamique d’Iraq et du Levant–province du Khorassan, ainsi que d’autres groupes terroristes et extrémistes tels que le Mouvement islamique d'Ouzbékistan du nord et le Mouvement islamique du Turkestan oriental constituaient des signes alarmants présageant de plus de crises dans l’avenir, à moins que la communauté internationale n’agisse maintenant.
Le délégué a estimé que le renforcement de la coopération régionale avec l’Afghanistan était une priorité et une voie privilégiée de consolidation de la paix et de l’essor économique dans la région. Il a rappelé qu’au cours de la dernière décennie, la République islamique d’Iran avait aidé l’Afghanistan à mettre en place près de 300 projets dans des domaines tels que les infrastructures, la formation et le renforcement des capacités, notamment par l’octroi de bourses d’études aux Afghans.
Il a également rappelé que les Présidents afghan, indien et iranien avaient signé un accord de partenariat le 23 mai dernier à Téhéran. Il a expliqué que, par cet accord, l’Afghanistan aurait désormais accès à la haute mer au travers du port iranien de Chabahar. Il a noté que la question des stupéfiants représentait une menace pour la région et au-delà, et méritait une réponse sérieuse et globale de la communauté internationale.
M. Dehghani a appelé à renforcer le soutien international en faveur des rapatriements volontaires des réfugiés afghans, et s’est félicité de l’appui que son pays apporte à ces derniers depuis des décennies.
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a appuyé les efforts du Groupe de coordination quadrilatérale en vue d’instaurer un processus de paix en Afghanistan. Il a insisté sur les progrès accomplis par le pays, en particulier la scolarisation accrue des filles afghanes. Le Gouvernement d’union nationale a également avancé dans la lutte contre la corruption, a-t-il affirmé, en saluant la récente création d’une cour spécialisée dans ce domaine.
Il a indiqué que son pays était en train de planifier, en prévision des Conférences de Varsovie et de Bruxelles, son engagement en Afghanistan, qui s’articulera autour des impératifs de défense, de développement et de diplomatie. En conclusion, il a invité le Gouvernement afghan à faire montre d’un engagement clair en vue de la mise en œuvre des réformes nécessaires au pays, tout en appelant la communauté internationale à lui apporter son soutien.
Mme GILIAN BIRD (Australie) a estimé que la sécurité s’était dégradée ces trois derniers mois en Afghanistan et a condamné le ciblage des civils par les Taliban. Pour l’Australie, les Forces armées afghanes ont démontré leur résolution face à des fortes pressions. L’Australie rend également hommage aux efforts de la coalition internationale et des Nations Unies et réaffirme son engagement dans le pays pour la défense du peuple afghan face aux insurgés. Lors du prochain Sommet de Varsovie de l’OTAN, l’Australie se joindra à ses partenaires internationaux pour s’engager à soutenir les Forces nationales de défense afghanes. À Bruxelles, elle apportera un soutien semblable aux efforts de reconstruction et de développement du pays.
Mme Bird a encouragé le Gouvernement afghan à utiliser ces opportunités pour redoubler d’efforts dans ses réformes. Il reste en effet beaucoup à faire, notamment pour lutter contre la corruption a-t-elle ajouté, tout en se félicitant du soutien du Gouvernement à l’égalité des femmes et des mesures prises pour lutter contre les violences à l'égard des femmes. La loi sur cette question doit être une priorité, de même que la mise en œuvre de son plan d’action relatif à l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, a-t-elle estimé.
Mme Bird s’est également félicitée des récents progrès pour lutter contre le recrutement d’enfants dans les forces armées et la police nationale. Elle a demandé des efforts pour éviter le même recrutement d’enfants dans la police locale. Enfin, Mme Bird invite une fois encore le Gouvernement afghan à agir de manière pragmatique pour garantir la tenue des élections des conseils de district au plus vite.
M. IOANNIS VRAILAS, de l’Union européenne, a jugé encourageants les progrès enregistrés en Afghanistan même si beaucoup reste à faire compte tenu du caractère inégal et réversible des avancées. La fragilité de la situation exige une approche « réaliste » à long terme et un appui prévisible de la part de la communauté internationale, a-t-il reconnu. La capacité des institutions afghanes de répondre aux besoins fondamentaux de la population et de combattre la pauvreté sera un facteur déterminant, a prévenu le représentant, tout en félicitant de l’avant-projet du Cadre national pour le développement et la paix.
Il a lié ce document aux nouveaux Programmes prioritaires et au Cadre actualisé de responsabilité mutuelle. La vraie difficulté, a-t-il averti, sera de passer des concepts à une véritable mise en œuvre et en la matière, les mesures anticorruption seront cruciales.
Après avoir insisté sur les droits des femmes et des filles et sur leur autonomisation, le représentant a par ailleurs estimé qu’il faudra une coopération renforcée pour traiter des vastes mouvements de population et de la question de l’émigration clandestine.
Les Afghans formant en 2015 le groupe le plus important des arrivants en Europe, le représentant a attiré l’attention sur le nouveau cadre politique, le « Joint way forward », un mécanisme de coopération sur le retour et la réintégration des migrants dans leur pays d’origine que l’Union européenne espère mettre en œuvre bientôt avec le Gouvernement afghan.
À la veille du Sommet de l’OTAN à Varsovie et de la Conférence de Bruxelles sur l’Afghanistan, il a estimé que ce qu’il faut, c’est promouvoir un processus de négociation orienté vers les résultats qui jetterait les bases de la paix, de la sécurité et de la prospérité en Afghanistan mais aussi dans la région.
M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a condamné les attentats terroristes qui ont eu lieu hier en Afghanistan, y compris celui qui a frappé le bus transportant les membres de l’équipe de sécurité de l’ambassade du Canada à Kaboul. Il a invité la communauté internationale à continuer d’apporter son soutien aux Forces de sécurité afghanes.
Il a souhaité que le processus de paix afghan puisse impliquer davantage de femmes afghanes, indiquant qu’il serait hypocrite que les mesures de paix ne profitent, à terme, qu’à la moitié de la population. Il s’est, dans cette perspective, félicité de l’initiative des autorisés qui entendent promouvoir un programme de renforcement des capacités économiques des Afghanes. Le représentant a relevé que l’égalité entre les sexes est au cœur même des initiatives canadiennes en Afghanistan. Il a aussi fait part de son inquiétude face aux violations constantes des droits de certaines minorités et des hommes de médias dans le pays.
M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie) a affirmé que la visite du Ministre des affaires étrangères turc à Kaboul, le 16 juin dernier, avait permis de noter que des progrès sont en cours en Afghanistan dans tous les domaines. Il a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir l’Afghanistan au cours de la décennie de transformation.
Il a rappelé que son pays avait accueilli une réunion du Groupe de contact international sur l’Afghanistan, le 5 juin dernier à Istanbul. Il a en outre indiqué que le processus de paix et de réconciliation nationale demeurait le défi le plus important du pays et mérite d’être remis sur les rails. Il a ainsi appelé à la poursuite du travail du Groupe de coordination quadrilatérale sur le processus de paix et de réconciliation afghan.
Le délégué a par ailleurs invité l’Afghanistan et le Pakistan à continuer leurs efforts de renforcement de la confiance entre eux, relevant que les récentes tensions à la frontière entre les deux pays, ayant causé des morts, laissent voir la nécessité, pour ces deux pays, d’entretenir des relations de bon voisinage.
Il a enfin jugé adéquat que l’OTAN ait décidé de poursuivre sa mission de « Soutien résolu » en faveur de l’Afghanistan et a dit espérer que le Sommet de l’OTAN de Varsovie et la Conférence de Bruxelles permettent aux partenaires internationaux de maintenir le même niveau d’engagement qu’ils ont vis-à-vis du pays.