En cours au Siège de l'ONU

7718e séance – matin 
CS/12404

République centrafricaine: le Représentant spécial salue le succès de la transition dans une région traversée de tensions politiques

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale, M. Abdoulaye Bathily, et le Secrétaire général de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), M. Ahmad Allam-Mi, se sont tous deux félicités, ce matin devant le Conseil de sécurité, du bon déroulement des récentes élections présidentielle et législatives en République centrafricaine, permettant ainsi d’achever avec succès la période de transition politique.

« Je suis heureux que le pays ait franchi cette étape importante qui le place de retour sur le chemin de la paix durable, du développement et de la consolidation d’une paix de long terme », a déclaré M. Bathily, qui présentait le dernier rapport* en date du Secrétaire général sur les activités semestrielles du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) qu’il dirige.

Le Représentant spécial a noté que le Président Faustin Archange Touadéra jouissait d’un large soutien et insisté sur la soif de changement de la population centrafricaine.  « Dans le même temps, les défis que le pays doit relever restent immenses », a-t-il dit, mentionnant les besoins humanitaires pressants, la très grande pauvreté et les réformes nécessaires dans le secteur de la sécurité.

Il a rappelé que les groupes armés contrôlaient toujours des zones étendues du pays et a insisté sur le besoin du Gouvernement d’un appui « politique, financier et programmatique » de la communauté internationale pour assurer la restauration de l’autorité de l’État sur tout le territoire.  « Malgré les développements positifs récents, il est crucial que les partenaires de la République centrafricaine restent engagés et redoublent leur assistance. »

M. Bathily a indiqué que des tensions politiques préoccupantes subsistaient dans d’autres pays de l’Afrique centrale en lien avec de récents et futurs processus électoraux.  Ces tensions sapent la consolidation de la stabilité, du développement et de la démocratie dans les pays de la sous-région, ainsi que le processus d’intégration, a-t-il dit.  Il a jugé crucial de redoubler d’efforts de prévention dans les pays où des élections doivent se tenir cette année, y compris par la promotion d’un dialogue politique inclusif.

Le Chef du BRENUAC a expliqué que les efforts collectifs des pays du bassin du lac Tchad avaient entamé la capacité de Boko Haram à lancer des attaques fréquentes, comme il avait pu le faire par le passé.  Cependant, la capacité de conduire des opérations contre-insurrectionnelles est souvent entravée par le fait que des éléments de Boko Haram vivent au sein de la population, a-t-il dit, ajoutant que le groupe terroriste représentait toujours une menace sérieuse pour la stabilité régionale.  Le risque que Boko Haram devienne l’élément catalyseur d’autres menaces terroristes dans la sous-région ne doit pas être écarté, a-t-il estimé.

M. Bathily a jugé essentiel que les partenaires internationaux maintiennent leur appui pour mettre fin à cette menace et promeuvent une approche régionale, comme cela a été souligné lors du second Sommet pour la sécurité régionale d’Abuja le 14 mai.  « J’exhorte la communauté internationale à appuyer la Force multinationale mixte par la mobilisation d’un soutien politique, logistique et financier flexible », a-t-il dit.  Il a également affirmé que l’appui international aux pays touchés par les activités de Boko Haram serait capital pour remporter la lutte contre ce groupe terroriste.

Rappelant la menace représentée par l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), le Représentant spécial a indiqué que celle-ci avait fortement intensifié ses activités en République centrafricaine, s’aventurant dans des zones où elle n’était encore que peu présente.  Des éléments de la LRA ont continué d’attaquer la population civile dans le nord-est de la République démocratique du Congo.  « La LRA paraît s’écarter de sa posture de retrait adoptée ces derniers temps, en lançant des attaques dans des zones plus peuplées et en enlevant un plus grand nombre d’enfants », a-t-il dit.

Il a précisé que le BRENUAC avait continué son engagement actif afin de remédier au déficit de coordination dans la lutte contre la LRA, en lien, en particulier, avec l’Union africaine.  Préoccupé par les conséquences du retrait de l’Ouganda de la Force régionale d’intervention pour la sécurité dans l’est de la République centrafricaine, il a appelé toutes les parties prenantes à faire en sorte que le départ des troupes ougandaises se fasse de manière coordonnée.  Enfin, M. Bathily a indiqué que le principal partenaire de son Bureau était la CEEAC.

Le Secrétaire général de la CEEAC a présenté les activités de cette organisation sous-régionale qui, a-t-il rappelé, constitue un des huit piliers de la construction de l’intégration africaine, alors que les communautés économiques régionales jouent un rôle essentiel dans la prévention et le règlement des conflits ainsi que la consolidation de la paix, de la sécurité et de la gouvernance sur le continent.

Créée en 1983, la CEEAC représente un espace économique de 6,6 millions de kilomètres carrés comptant 160 millions d’habitants, qui a pour but de promouvoir une coopération harmonieuse entre ses États membres, ainsi qu’un développement équilibré et auto-entretenu dans tous les domaines d’activités socioéconomiques.  C’est à ce titre que la communauté a lancé le 13 mai dernier à Kinshasa la Zone de libre échange de la CEEAC.

Non prévues dans le mandat originel de la CEEAC, les questions de paix et de sécurité se sont imposées à l’organisation lorsqu’elle est sortie de sa léthargie, du fait des guerres qu’ont connu 7 de ses 10 États membres entre 1992 et 1998, a expliqué M. Allam-Mi.  L’architecture de paix et de sécurité de la Communauté  fonctionne en harmonie avec celle de l’Union africaine.

M. Allam-Mi a présenté plusieurs des actions ainsi menées par la CEEAC dans ce domaine, en particulier en République centrafricaine où les États Membres ont  consentis depuis plus de deux décennies des efforts importants.  Il a ainsi rappelé que la contribution financière de la CEEAC décidée en novembre 2015 lors d’un sommet extraordinaire avait été déterminante pour tenir les élections et conclure la transition dans les délais.

Aujourd’hui encore, la CEEAC reste saisie de la situation en République centrafricaine, a souligné le Secrétaire général de cette organisation.

M. Allam-Mi a également appelé la communauté internationale à soutenir la Force multinationale mixte dans sa lutte contre Boko Haram, dans laquelle sont engagés deux États de la communauté, le Tchad et le Cameroun.

Il a ensuite mis l’accent sur les conflits électoraux, la crise au Burundi et dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ainsi que les séquelles de la crise en République centrafricaine, qui affectent la situation politique, sécuritaire et humanitaire de la CEEAC.

Tout en se félicitant de l’excellente qualité du rapport du Secrétaire général, il a invité à « nuancer » certains aspects politiques, estimant que les États de la région traversaient une phase de transition durant laquelle le soutien de la communauté internationale ne devait pas leur faire défaut.

Enfin, M. Allam-Mi a exposé les réformes institutionnelles de la CEEAC auxquelles les États Membres se sont attelés et ont sollicité, là encore, l’appui de la communauté internationale et notamment des Nations Unies. 

 

 

* S/2016/482

 

 

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